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ABBAYE NOTRE-DAME DE BUZAY

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Abbaye Notre-Dame de BUZAY - Rouans

Le 17 juin 1135, le duc de Bretagne, Conan III, sur la demande de sa mère la duchesse Ermengarde, fonde cette maison pour six religieux, dans la paroisse de Rouans (diocèse de Nantes), en faveur des moines de Cîteaux. Veuve d'Alain Fergent, Ermengarde reçoit le voile de religieuse des mains de Saint-Bernard dans le prieuré de Saint-Germain-de-Larray, non loin de Dijon. Désireuse de voir s'établir près de Nantes une maison de religieux cisterciens, Ermengarde prie Saint-Bernard de lui donner quelques-uns de ses moines. Bernard envoie alors son plus jeune frère Nivard, maître des novices du monastère de Vaucelle en Cambrésis avec quelques autres religieux de Clairvaux pour commencer l'établissement de la maison projetée dans l'île de Caberon. Les moines sont accueillis solennellement à Nantes le 28 juin 1135. L'existence de la nouvelle abbaye doit être assurée par les revenus mis à sa disposition par le duc Conan. Mais, soit par négligence, soit par mauvais conseils, le duc n'exécute point ses promesses, et retire même aux religieux une partie des fonds qu'il leur avait donnés. Saint-Bernard, faisant la visite de ses monastères, trouve celui de Buzay si pauvre et si incommode, qu'il ordonne à ses religieux de retourner à Clairvaux. Avant de sortir de Bretagne, il va voir le duc et lui fait des reproches très vifs sur sa conduite à l'égard des religieux de Buzay. Ce prince reconnaît alors sa faute et rend à ces religieux tout ce qu'il leur avait ôté. Il leur donne même de nouveaux fonds. La charte de ce prince n'est point datée (entre 1144 et 1147), mais elle a été souscrite par plusieurs évêques, entre autres Alain de Rennes, Iterius de Nantes (décédé en 1147 à Nantes), Rotandus de Vannes et Jean de Saint-Malo (il s'agit de saint Jean de La Grille, alors abbé de Sainte-Croix de Guingamp et fait ensuite évêque de Saint-Malo en 1144). Cette seconde fondation étant faite, l'abbaye de Buzay va prospérer rapidement. Elle voit augmenter ses revenus par les donations des seigneurs de Machecoul et du comte de Nantes. En 1197, Constance, duchesse de Bretagne, veuve de Geoffroy II fonde deux anniversaires à Buzay, l'un pour Conan III son père et l'autre pour son mari. Cette princesse donne aux moines l'île de Bremen. L'abbaye reçoit aussi de nombreux privilèges au point de vue spirituel de la Papauté. L'abbé de Buzay (ou Buzai) jouit d'un revenu annuel de trente à quarante mille Francs. L'accroissement du nombre de religieux favorise quelques années plus tard la fondation de trois nouvelles abbayes. En effet "le 25 mars 1201, un premier essaim de moines de Buzay sort de cette maison pour se rendre à Villeneuve, sur la paroisse de Bignon, occuper le monastère, que venait de faire construire à la "grange de Cormaria", dans la forêt de Touffou, la duchesse de Constance. La même année, une nouvelle famille de moines se rend au couvent que Pierre de la Garnache venait de fonder à l'île d'Yeu. Cinq ans plus tard, pour plus de commodité, cette communauté est transférée à l'île de Noirmoutier. Enfin en 1252, Gilles, abbé de Buzay, envoie un nombre important de moines habiter l'abbaye de Prières, à l'embouchure de la Vilaine, que venait de faire édifier le duc Jean" (Chanoine Jarnoux). Pierre est choisi par saint Bernard pour gouverner le nouveau monastère de Buzay : son nom se trouve dans la charte du duc Conan III. Guillaume est abbé en 1150 et fait affranchir en 1152 toutes les terres de son monastère sises en Retz, et souscrit une donation faite en 1153 à l'abbaye de Fontevrault, par Hoël, comte de Nantes. Adam est gratifié en 1153 par Hoël, comte de Nantes, d'une terre nommée La Villeneuve, qui devient ensuite une abbaye. David est abbé en 1157 et il est un des arbitres choisis en 1161 pour juger le différend que les chanoines de Saint-Pierre de Nantes ont avec les religieux de Quimperlé pour la propriété de l'église de Notre-Dame de Nantes. Suivant une charte de Saint-Florent de Saumur, il vit encore en 1166. Pierre est contemporain de Robert, évêque de Nantes, qui meurt en 1183. Pierre est élu en 1170 et est élu peu de temps abbé. Geoffroi transige en 1175 avec Olivier de Begon pour une portion de l'île de Kyriole en présence de Robert, évêque de Nantes. Richard est gratifié en 1177 de La Haye-Durand et d'un quartier de terre contiguë par Silvestre, fils de Rolland, seigneur de Begon. Il vit encore en 1179. L'abbé Mai reçoit en 1187 une donation faite à son monastère par Raoul de Cheméré, se démet vers l'an 1199 et vit encore en 1204. Guillaume Robert est élu vers l'an 1199, assiste à la fondation de l'abbaye de Villeneuve en 1201, et vit encore en 1203. Gautier succède à Guillaume en 1203, donne quelques vignes à Etienne de Villedieu en 1204, et vit encore en 1205, selon un acte de son abbaye. Richard reçoit en 1207 une saline donnée à son monastère par A. , seigneur de Retz, transige en 1214 avec Aimeri, chapelain de Saint-Nicolas, sur la moitié d'une métairie, et vit encore en 1232. Mathieu tient le siège abbatial en 1236, selon une charte de son abbaye. Barthélemy afferme en 1237 la maison de Moire et ses dépendances à Geoffroi de La Vallée, chevalier, et admet en 1240 Geoffroi de Penecé, chevalier, à la participation des prières de sa communauté, en reconnaissance des biens qu'il avait faits à sa maison. Gilles est indiqué comme abbé dans un acte daté de 1246. Ce dernier fait ratifier en 1252 les bulles qu'il avait obtenues du pape Innocent IV pour la fondation de l'abbaye de Prières, et établit un abbé et des religieux dans ce nouveau monastère. En 1262, il transige avec Jacques de Guerrande, évêque de Nantes, pour un pré qui avait été donné à son abbaye par Etienne, évêque de Nantes. Robert succède à Gilles, et vit en 1268, suivant le catalogue des abbés de son monastère. Daniel tient le siège abbatial en 1276, selon un acte de son abbaye. Jean est abbé en 1317 et se démet en 1324. Jean de Metz implore en 1328 la protection du duc contre les violences de Girard, seigneur de Machecoul, et il vit encore en 1331. Henri approuve en 1359 un bail emphytéotique fait par Guillaume, abbé de Prières. Denis est abbé en 1366, suivant un acte de son monastère. Louis succède à Denis, selon l'auteur du catalogue des abbés de Buzay, et vit encore en 1377. Guillaume Maréchal tient le siège en 1385, suivant un acte de son abbaye. Jean Gendron est gratifié en 1417 de quelques terres par Rolland de Severac. Il assiste au concile de Bâle en qualité de procureur général de son ordre, commission dont il avait été chargé par le chapitre tenu à Cîteaux en 1430. Le duc de Bretagne le met aussi au nombre des ambassadeurs qu'il envoie à cette assemblée. Jean accepte le 5 avril 1431 la fondation de la fête solennelle de la Présentation de la sainte Vierge dans son église. Il prend possession de quelques terres de Gui de Carné, fils de Payen, seigneur de Lestier. Imbert Boulay, natif de Châteaubriand, est abbé de Buzay et de Prières en 1457. Un titre de La Roche-Bernard prouve que cet abbé vit encore en 1471. En 1474, est nommé comme premier commendataire, Odet de Rivière, abbé du monastère Saint-Sauveur de Redon. Le Pape écrit au duc à ce sujet une lettre datée du 19 juillet 1474. Odet meurt au début de l'année 1492. Pierre Gigan est élu en 1492 ou se met en possession de l'abbaye sans aucune nomination. Le roi informé, de ce qui se passe, donne commission, le 28 mars 1492, à son procureur général de procéder contre cet usurpateur. Jean Bohier, archidiacre de Nantes et abbé commendataire de Saint-Gildas-des-Bois, obtient aussi celle de Buzay, dont il est encore possesseur en 1494. Il meurt en 1508. Frère Jean, abbé régulier de Buzay, rend, en 1519, aveu à Christophe de Sévigné, seigneur de Vigneu et de Tréal, pour les terres de son abbaye sises dans la paroisse de Montluc, diocèse de Nantes. Léon Tissart, chanoine de Nantes, obtient en commende l'abbaye de Buzay en 1524. Le placet qu'il présente à la chancellerie pour avoir permission de mettre ses bulles en exécution est du 4 mars 1523, avant Pâques. Il fait serment de fidélité au roi en 1536 et en 1539, et vit encore en 1543. Frère Henri Clausse fait serment de fidélité au roi dans la chambre des comptes de Nantes en 1564 pour l'abbaye de Buzay. Henri de Gondy, archevêque de Paris, fait le même serment en 1600, et meurt le 3 août 1622. Jean François Paul de Gondy, dit le cardinal de Retz, succède à son oncle, et meurt en 1679. Jean François Paul Le Fèvre de Caumartin est pourvu de l'abbaye de Buzay suite à la démission du cardinal de Retz, son oncle, et meurt évêque de Blois le 5 août 1733. Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, est nommé en 1733, et se démet en 1737 pour avoir l'abbaye de Saint-Germain-des-Près, vacante suite à la mort du cardinal de Bissy. Pierre Augustin Bernardin de Rosset de Fleury est nommé au mois de juillet 1737 à l'abbaye de Buzay. Il meurt le 13 janvier 1780. Jean George Le Franc de Pompignan, évêque du Puy, ensuite archevêque de Vienne, obtient en 1789 l'abbaye de Buzay. Il meurt le 30 décembre 1790. Le monastère est aujourd'hui entièrement détruit, ainsi que son église, reconstruite en 1755, et dont il ne reste plus que la tour haute de 20 à 25 mètres et qui a servi un moment de point de repère aux navires. L'autel principal avec son tabernacle et ses médaillons ornés de têtes d'anges, le tout en marbre précieux, a été acheté pour 610 livres au début de 1793 par la commune de Paimboeuf. Les stalles de Buzay se trouvent dans l'église de Couëron. Une grille située devant la porte principale de la chapelle du monastère de Melleray provient également de Buzay. 

 

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Notes descriptives sur l'abbaye de Buzay à l'époque de la Révolution

L'abbaye de Buzay fut fondée en 1135 par le duc de Bretagne, Conan III, et sa mère Ermengarde, en faveur des moines de l'ordre de Cîteaux. Saint Bernard, fondateur et premier abbé de la maison-fille de Clairvaux, ayant accepté les offres du duc, y envoya l'année suivante quelques religieux et pour prieur son frère Nivard. Il vint voir ses frères quelques années après. Mécontent de ne pas trouver les bâtiments du monastère dans l'état où Conan avait promis de les mettre et même que celui-ci avait retiré une partie des fondations accordées à la nouvelle abbaye, il commanda à ses religieux d'abandonner les lieux pour retourner à Clairvaux. Conan, confus des reproches de saint Bernard, s'empressa de faire amende honorable et fit une deuxième charte de fondation, laquelle donne beaucoup plus que la première. Dans cette charte, se rapportant à 1143 ou 1144, suivant Travers, Conan rappelle les remontrances et les menaces qu'il reçut de saint Bernard, à cause de ses promesses non tenues et celles de sa mère Ermengarde pour les biens qu'ils avaient consenti d'abandonner à l'abbaye, entre autres : l'île de Cabéron ; une rente de 500 sous à prendre sur les foires de Nantes ; l'île de Buzay, emplacement de l'abbaye (Note : Buzay était jadis dans une île de la Loire. Les travaux exécutés pour le dessèchement des marais et les alluvions du fleuve ont eu pour effet de réunir cette île au continent) ; le droit exclusif de pêche à la senne dans le lac de Grand-Lieu ; la partie de ses bois comprise entre Paulx et Port-Saint-Père ; droit d'usage dans la forêt du Gâvre ; franchise de tous impôts personnels. L'abandon de ces biens avait été fait à la prière d'Ermengarde, mère du donateur, en présence des évêques de Vannes, de Rennes, de Nantes et de Saint-Malo. 

Albert de Morlaix, tout en attribuant la fondation de Buzay à Ermengarde d'Anjou, femme d'Alain Fergent, en actions de grâces de l'heureux succès des armées chrétiennes en Terre Sainte et du retour de son mari de la Croisade, ne parle de Conan III que comme ayant ratifié la donation de sa mère. Il ne dit rien non plus de Nivard et cite seulement saint Jean de la Grille, depuis évêque de Saint-Malo, que saint Bernard fit venir de Bégard où il était abbé, pour aller administrer l'abbaye de Buzay. 

Ermengarde, d'après Albert de Morlaix, fit un séjour à Buzay, où elle se livra à l'exercice de la piété sous la direction du saint abbé Jean. 

Par la suite, les concessions primitives furent confirmées par les ducs et les rois ; de plus, elles s'accrurent considérablement soit de dons, soit d'acquisitions faites des deniers de la Communauté. De sorte que l'abbaye de Buzay devint la plus riche de Bretagne. Une déclaration de 1681 fait connaître que les possessions de l'abbaye, très nombreuses, s'étendaient sur les paroisses de Rouans, Bouaye, Cheix, Le Pellerin, Chémeré, Les Moustiers, Bouguenais, Frossay, Arthon, Corsept, Pornic, Vue, Saint-Gilles et Sainte-Marie de Pornic, Saint-Léger, Saint-Viaud, Saint-Brevin, Saint-Père et Sainte-Opportune-en-Retz, Bouin, Beauvoir, Saint-Gervais, Saint-Hilaire-de-Chaléons, Saint-Etienne-de-Mont-Luc, Cordemais, Nantes, etc... 

La maison conventuelle, les terres et l'enclos contenaient 40 journaux d'alors (environ 19 hectares), le tout entouré de murs, sauf du côté nord, limité par une large douve. 

Dans les paroisses de Rouans et de Vue, les religieux possédaient d'un seul tenant 2.000 journaux (972 hectares) en prairies provenant de dessèchements effectués aux frais particuliers, dit la déclaration, de M. de Caumartin, évêque de Blois, abbé commendataire, et des deniers du monastère. 

Dans les paroisses de Saint-Etienne-de-Mont-Luc et de Cordemais, un seul tenant leur donnait une étendue de prairies de 1.350 journaux (656 hectares). Suivant cette même déclaration, les religieux disent avoir concédé, pour le bien général du pays, en favorisant le dessèchement, 8.000 journaux (3.890 hectares) de marais, c'est-à-dire l'abandon d'une partie d'un terrain improductif pour faire mettre le surplus en rapport. 

L'abbaye de Buzay était vaste et bien construite, mais, dans les dernières années de son existence, beaucoup de réparations s'imposaient, aussi bien à l'abbaye elle-même qu'à ses dépendances. Cette constatation résulte, d'ailleurs, d'une procédure soutenue par les religieux, de 1780 à 1784, contre les héritiers de Monseigneur Rosset de Fleury, évêque de Chartres, dernier abbé commendataire de Buzay, mort le 13 janvier 1780, et contre le fermier général pour parvenir au règlement du partage des frais de réparations. C'est dans ce temps que l'abbaye de Buzay fut réunie aux Economats sous la main du Roi. 

Des lettres patentes de l'année 1782 autorisèrent André Hercule de Rosset, duc de Fleury, et le marquis de Castries, héritiers de l'évêque, à faire détruire l'ancienne abbatiale, située au nord dans la cour d'entrée de l'abbaye, attendu « que cette maison n'était plus qu'un amas de ruines couvert de ronces »

Un procès-verbal des réparations à faire à l'abbaye constate également le mauvais état d'une chapelle sous l'invocation de saint Marc, très ancienne et éloignée des lieux claustraux. Le Prieur dit que sa construction remonte à quatre ou cinq siècles ; qu'elle est abandonnée depuis un temps immémorial et que des réparations y seraient faites en pure perte, puisqu'elle ne sert plus au culte (Archives départementales de la Loire-Inférieure, H 65).

Dom Caignart, prieur de Buzay, dans sa déclaration de 1790, faisant la description de son abbaye, montre que « la maison conventuelle est belle et artistement bâtie, mais qu'il n'y a plus de palais abbatial ». L'église, reconstruite en 1755 sur un nouveau plan, est aussi un monument remarquable par sa structure et sa noble simplicité ; son clocher avec quatre cloches pour les offices ; une grande horloge et trois timbres pour les heures (Note : En 1792, la commune de Clion avait demandé que cette horloge, pour laquelle aucun acquéreur ne s'était présenté lors de la mise en vente des biens de l'abbaye, lui fût attribuée moyennant paiement. La proposition ne fut pas prise en considération). 

Il observe que « les habitants de tous les environs désirent la conservation de cette église pour devenir le centre d'une nouvelle paroisse »

Le grand autel était construit tout en marbres étrangers. Le tabernacle, les consoles de chaque côté et le médaillon du milieu du tombeau étaient ornés de groupes de têtes de chérubins en « marbre statuaire » (Note : C'est au début de 1793 que la commune de Paimboeuf fit l'acquisition, pour 610 livres, de l'autel de Buzay et en dota son église. Le transport et la mise en place coûtèrent 900 livres). 

La porte du tabernacle était en cuivre doré « d'or moulu »

Une lampe de cuivre ciselé était suspendue au milieu du sanctuaire ; deux tables de marbre blanc veiné, avec leurs supports en fer, servaient de crédences recouvertes d'ornements dorés. 

Une grande grille à deux battants, surmontée de son couronnement avec ornements dorés, était placée au-devant du grand autel. 

Deux petits autels en marbre s'élevaient en arrière des stalles, avec les tableaux de la Sainte Vierge et de saint Bernard, enclavés dans la boiserie. Deux bras en cuivre, couleur d'or, s'avançaient de chaque côté de ces autels. 

Une seconde grille en fer cintré séparait les petits autels de la nef. Trois bénitiers de « marbre blanc statuaire, travaillés en coquilles et enchâssés dans les murs », étaient à la disposition des fidèles. 

Deux balcons en fer régnaient sur les deux tribunes dont les ornements étaient dorés. On voyait sur la grande tribune un petit buffet d'orgue avec ses deux soufflets. 

Dans une chapelle en avant de la sacristie, on remarquait un autel de marbre, un tableau de la naissance de Notre-Seigneur en cadre doré, deux chandeliers en bois doré et une petite croix en marqueterie, incrustée d'ivoire. 

La sacristie était voûtée en arcs de cloître. Un tableau représentant la Foi était encadré dans la boiserie du buffet au-dessus du « chapier ». Tout son pourtour était revêtu d'une boiserie exécutée « d'un bon goût par mains de maître très habiles dont il est rare d'en trouver de semblables »

Les ornements sacrés, brodés en or et relevés en bosse, étaient rangés dans cinq tiroirs du chapier ; plusieurs étaient très anciens, notamment un devant d'autel en drap d'or sur fond blanc et vert ; la garniture du baldaquin était brodée en soie de couleur, sur fond blanc également, avec franges d'or. 

La bibliothèque de l'abbaye se composait de 1.612 volumes, tant in-folio que grands et petits in-quarto, in-douze et brochés, sans aucun manuscrit ; un atlas et un grand livre d'estampes ; une mappemonde et deux sphères. 

L'appartement de dom Caignart, prieur, comprenait une antichambre, une chambre et un cabinet. L'antichambre, boisée à hauteur d'appui, était tapissée en toile de coton lamée en dessins chinois ; la chambre à coucher toute boisée en plein, le lit en alcôve. Dans le cabinet, un bureau en bois d'acajou moucheté ; un trictrac en marqueterie et dix estampes en cadres dorés. 

La chambre du sous-prieur, boisée de la même façon, était tapissée en grands personnages représentant les Vertus et les Vices

Les autres chambres étaient aussi boisées et tapissées en papier verdure collé sur toile. 

Une chambre de réserve, à l'usage des religieux en visite, était boisée et tapissée en grands personnages, suite des Vertus et des Vices

La salle de billard, au rez-de-chaussée, était décorée des portraits des cardinaux de Gondy (Note : Henri de Gondy, archevêque de Paris, abbé de Buzay, en 1600, mort le 3 août 1622. Jean-François-Paul de Gondy, dit le Cardinal de Retz, succéda à son oncle et décéda en 1679). 

La salle à manger était boisée dans son entier ; une glace en long encadrée dans la boiserie, surmontait la cheminée de marbre ; un grand buffet sculpté et deux petites fontaines de chaque côté, figurant deux dauphins, en plomb peint, avec leurs coquilles et supports. L'argenterie de table se composait de 42 couverts, 24 cuillères à café, 4 petites cuillères à sel, 8 cuillères à ragoût, 6 flambeaux de table, etc... (Note : Dans sa déclaration, le Prieur observe que, le 9 octobre 1789, les religieux de Buzay ont fait hommage à la Nation du surplus de leur argenterie, tant d'église que de table, consistant en 188 marcs 1 once 7 gros (46 kilogrammes 70 grammes), laquelle a été délivrée à la Monnaie de Nantes, en présence de deux députés de MM. du Comité de la Municipalité de Nantes). 

Le salon de compagnie, très vaste, était boisé et tapissé en grands personnages reproduisant la fable d'Astrée et du berger Athis, la tapisserie dite de Flandre en soie et laine. Il était décoré, en outre, de deux attiques sur les portes, l'un montrant un naufrage et l'autre un port hollandais ; d'un portrait de M. de Caumartin, évêque de Blois, abbé commendataire, avec une glace au-dessous ; d'une grande cheminée de marbre ; d'un sofa, dix fauteuils de tapisserie en soie et laine à petits points et dix chaises de paille ; d'une table de marbre à pieds dorés ; d'un grand trumeau à cadre doré ; d'un trictrac avec ses dames et cornets ; d'un plateau garni de tasses à café ; de trois boîtes de jeux complétées de leurs corbeilles et bourses de jetons en os ; d'un écran pour le feu en petits points, semblable aux fauteuils. Des rideaux de coton, garnis de mousseline, étaient posés aux fenêtres. 

Les chambres des hôtes de passage, au nombre de six, avec chacune un cabinet de domestique, étaient séparées de la Communauté par un corridor et par l'église. Quelques-unes possédaient des cheminées de marbre blanc de Gênes et étaient tapissées de grands personnages représentant les batailles d'Alexandre. La cinquième chambre, la mieux décorée, comprenait un grand lit en damas jonquille brodé en soie de couleur, avec le médaillon de Judith, brodé au dossier. Une courte-pointe de même étoffe, brodée aussi, recouvrait ce lit. 

Les procès-verbaux d'estimation des biens nationaux, conservés aux Archives départementales de la Loire-Inférieure, constatent l'importance des bâtiments de l'abbaye, qui étaient propres à loger une trentaine de moines. 

Un arrêté du district de Paimbœuf, fixant la valeur des constructions à 150.000 livres, en fait cette description sommaire : « Un grand bâtiment pour les hôtes, une très belle église, trois vastes cours, un superbe cloître, un grand jardin avec plusieurs petits jardins, un grand emplacement planté en charmille et un bois de haute-futaie d'environ un journal (48 ares 60 centiares). Un rez-de-chaussée, un premier étage et les greniers en mansardes ; de grandes écuries et leurs greniers au-dessus, petites écuries, boulangerie, etc... »

En 1790, lors de la suppression par l'Assemblée Nationale des Communautés religieuses, un habitant du Pellerin, le sieur Saint, Commandant de la Garde Nationale de cette localité (Note : Saint, Jean-François, né à Auray, le 2 juin 1745. Son père était trésorier du Roi à Auray. De 1758 à 1776, il voyagea dans les quatre parties du monde. En 1778, il obtint une place dans les gardes de la Prévôté du Roi, mais étant borgne il dut se retirer. En 1780, il partit en Amérique défendre la cause de la Liberté, servit dans la province de Maryland jusqu'en 1783 et vint se fixer à Nantes à la fin de 1788. En 1789, Commandant de la Garde Nationale du Pellerin et élu député de cette paroisse. Au mois de mai 1792, il est nommé par le général divisionnaire Verteuil, inspecteur des batteries de la côte depuis la rivière de la Vilaine jusqu'aux Sables d'Olonne. En 1793, il est membre du Conseil du Département et, à la fin de cette année, lors de la suppression de la Constitution de l'an III, Commissaire provisoire aux armées contre les rebelles. Elu en 1797 au Corps électoral par l'Assemblée primaire du canton du Pellerin. En 1799, il est Commissaire du Directoire exécutif, près de l'Administration municipale du Pellerin. Saint, qui s'était marié à Nantes le 1er février 1785, décéda vers 1804 ou 1805, sans laisser d'enfant) conçut le projet d'établir une Manufacture de doublage en cuivre pour les navires dans les bâtiments de l'abbaye de Buzay. A cet effet, il adressa, le 19 juillet de cette année, au Directoire du département de la Loire-Inférieure, un mémoire dont la copie se trouve aux Archives de la Chambre de Commerce de Nantes. En voici quelques extraits : 

« La Maison de Buzay, vaste et solidement bâtie, peut fournir, sans aucune dépense de conséquence, tout le logement nécessaire à l'établissement des fourneaux, magasins, habitations des ouvriers principaux et Direction de cette Manufacture. Sa position sur la rivière de Loire, à quatre lieues de Nantes, même distance de Paimbœuf et une lieue du Pellerin, rend peu dispendieux le transport de la matière première et celle fabriquée.  Cette même situation offre le secours de l'eau pour le service du rouage et la force hydraulique qui ne trouverait aucune part un terrain plus avantageux. La proximité de la brique dans la paroisse de Vue, celle des forêts de Machecoul et de Prince, par le lac de Grand-Lieu, pour le charbon de bois, la facilité de se procurer de Nantes le charbon de terre sont des avantages réels pour la fabrique et l'usage des fourneaux. Le commerce de Nantes, dont une grande partie des navires est doublée en cuivre, présentera sans cesse du vieux doublage à refondre et promet l'emploi de la Manufacture. Les ports de Brest et Rochefort, de la Marine Royale, et les autres places de Commerce du Golfe de Gascogne offrent la même perspective à cet établissement... Des fondeurs verront que l'église de Buzay, neuve et solidement bâtie, est propre à l'établissement des fourneaux... Tout le bien de l'abbaye de Buzay, affermé 147.000 livres, existe en prairies qui peuvent et seront mieux vendues en détail. La maison peut être séparée sans nuire à la vente de son bien... »

Dans sa séance du 24 juillet 1790, le Directoire arrêta qu'il serait écrit au sieur Saint afin de le remercier de son zèle pour la chose publique, et que MM. les Juges-Consuls, représentant le Commerce de Nantes, seraient priés de donner leur avis sur l'utilité dont pourrait être susceptible l'établissement en question, sur sa possibilité et les moyens de l'exécuter (Archives départementales de la Loire-Inférieure, L 42)

Malgré les vues sages et bienfaisantes du Commerce, l'établissement réclamé par Saint ne put avoir lieu. Deux années plus tard, le 11 mai 1792, le Directoire du Département ordonna de faire constater si les ruines de l'abbaye de Buzay et de ses dépendances pouvaient être conservées comme maison d'hospice pour tous les orphelins du Département. 

Le lendemain, MM. Dufrexou, administrateur du Département, et Recommencé, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, se rendirent à Buzay faire les constatations demandées. Ayant trouvé les bâtiments en très bon état, ils consignèrent le résultat de leur visite dans un procès-verbal duquel nous extrayons ce qui suit, montrant bien quelle était l'importance de cette abbaye, considérée comme la plus belle de l'ordre des Bernardins en France : 

« L'église, de 28 toises (54 mètres 60 centimètres) de longueur sur 9 toises (17 mètres 50 centimètres) de largeur, était située au milieu de la masse des bâtiments ; sur son côté, vers le septentrion, est un cloître de forme carrée et percé de huit arcades dont chaque face a 17 toises environ (33 mètres) de longueur, lequel cloître est entouré par trois corps de bâtiments : celui du nord a 28 toises de longueur de face donnant sur la basse-cour ; celui vers le levant 25 toises (48 mètres 75 centimètres) de longueur donnant sur le jardin, et celui vers l'occident 24 toises (46 mètres 80 centimètres) de longueur donnant sur la grande cour. Sur ladite cour, et au joignant le portique de ladite église, est aussi un grand corps de bâtiments, appelé le Bâtiment Neuf, parce qu'il est le dernier bâti, lequel a aussi 24 toises de longueur de face, et, au retour, vers l'est, 9 toises (17 mètres 50 centimètres) aussi de face. Au derrière de ce corps, vers le levant, et dans toute la longueur de ladite église, le terrain est enclos de murs qui renferment une très petite cour avec son puits, un jardin à l'anglaise terminé par une galerie voûtée en liais, et de petits jardins avec de petits cabinets, ainsi que la tour qui est adossée à ladite église. Tous les dits bâtiments sont composés d'un rez-de-chaussée d'environ 18 pieds de hauteur, d'un premier étage de 14 pieds et de greniers dont ceux lambrissés ont 11 pieds de hauteur. Les dits bâtiments sont percés, savoir : le bâtiment neuf, de dix croisées à chaque étage, du côté de la grande cour ; trois du côté du verger et huit sur sa face intérieure, c'est-à-dire du côté du petit jardin. Les trois corps de bâtiments autour du cloître, savoir : celui sur la grande cour, de dix croisées et portes au rez-de-chaussée, dix croisées au premier étage et autant de lucarnes aux greniers. Et sur sa face intérieure, du côté du cloître seulement, huit croisées au premier étage et autant aux greniers ; celui sur la basse-cour douze croisées à chaque étage et huit du côté du cloître, etc... La grande cour, à l'occident de ces bâtiments, et au milieu de laquelle se trouve le portique de l'église, a 57 toises (111 m.) de largeur et seulement 49 toises (95 mètres 50 centimètres) de longueur. Vers le milieu de ladite cour, et, du côté du midi, est un petit corps de bâtiment d'environ 80 pieds (26 mètres) de longueur dont le rez-de-chaussée sert d'écurie à vaches et son étage supérieur de greniers et de lingerie »

Il existait quantité d'autres constructions abritant la basse-cour, les écuries pour les chevaux, les boulangeries, la buanderie, le pigeonnier, etc... 

L'ensemble de toute la propriété de l'abbaye de Buzay avait une contenance de 21 journaux 25 cordes, soit 10 hectares 30 ares. Considérant tous les avantages que possédait la maison de Buzay par sa situation, la grandeur et la solidité des bâtiments, la salubrité de l'eau et de l'air, les Commissaires envoyés par le Directoire exprimèrent l'avis que cette maison était très propre à former un établissement public, mais qu'elle serait beaucoup trop considérable pour les orphelins, puisque les corps de logis, situés au nord de l'église, étaient susceptibles à eux seuls d'en contenir plus de deux mille logés spacieusement. Ils pensaient qu'on pourrait faire un autre établissement compatible avec celui des orphelins en utilisant les cloîtres et les bâtiments neufs par une filature ou des métiers. 

Les événements survenus à cette époque troublée ne permirent pas de donner suite à ces beaux projets. Les bâtiments furent incendiés vers la fin de février 1794. Le Directoire accusa les royalistes, dans sa lettre du 24 août 1795, envoyée à la Commission des Sciences et des Arts, d'avoir été les auteurs de cet acte de vandalisme. 

Quelques années après, alors que les ravages de la guerre civile avaient amené la destruction à peu près complète de l'abbaye, le citoyen Fortin, de Nantes, présenta à l'Administration centrale de la Loire-Inférieure un Mémoire sur l'établissement d'une maison de correction et de détention à Buzay. Cette pétition répondait au voeu du Ministre de l'Intérieur qui, dans une circulaire du 5 fructidor an IV (22 août 1796), adressée aux Administrations centrales de France, sur les moyens de régénérer le commerce, leur demandait compte de l'usage qui avait été fait des maisons religieuses : « Les inutiles monastères, dit-il, occupaient des terrains immenses, des emplacements formidables, perdus alors pour le bien public, nuls pour l'industrie, et dans lesquels on a pu créer des fabriques intéressantes. Il sera nécessaire de connaître le parti qu'on en a tiré... »

D'après le citoyen Fortin, l'établissement qu'il proposait devait être vaste, solide et propre aux opérations des arts et manufactures, à proximité d'une rivière navigable ; dans une position telle que la garde des détenus y fût facile ; dans un pays fertile en subsistances et en combustibles ; où l'activité du commerce et de la navigation pût y procurer un travail abondant. Enfin, « la salubrité de l'air doit en faire le séjour du repentir et non le tombeau des coupables »

« Tous ces avantages se trouvent réunis dans la ci-devant abbaye de Buzai. Quant à la solidité et à l'étendue, on peut en donner une idée juste en peu de mots, en disant que c'était la plus belle maison de l'ordre des Bernardins en France. La façade du bâtiment principal a deux étages et se prolonge sur une étendue de 340 pieds (110 mètres) ; une vaste église, de 160 pieds de long sur près de 60 pieds le large, est réunie à angle droit au milieu de la façade ; deux autres ailes de bâtiments semblables forment, en retour, deux carrés parfaits. L'intérieur de chacun d'eux renferme un préau de 100 pieds de chaque face, bordé de cloîtres dont les arcades répondent à la beauté du reste de l'édifice. Quatre-vingt-deux arpents, fermés de douves et de murailles, composent le pourpris décoré, dans son intérieur, de sept pièces d'eau »

L'incendie avait épargné en partie l'église, mais la charpente, la couverture et la menuiserie en étaient à refaire complètement. Pour y installer les détenus, les travaux eussent exigé 80.000 francs au moins. 

Les femmes auraient été occupées à la filature pour la confection d'étoffes grossières, de toile à voile, de basin de Nantes. Les hommes devaient être astreints à des travaux plus diversifiés et plus avantageux : la fabrication des cordages ; la fonderie de cuivre pour feuilles et clous de doublage de navires ; les pièces des moulins à sucre ; le râpage des bois de Campêche et Fernambouc et autres bois destinés à la teinture ; la pulvérisation des ocres, terres, pierres servant aux préparations usitées dans les arts et manufactures, etc... 

Comme le précédent, ce projet fut vite abandonné et l'abbaye de Buzay, qui était devenue propriété nationale, fut vendue, le 14 brumaire an V (4 novembre 1796), à M. Jacobé, pour la somme de 39.876 livres. La maison, l'église et tous les autres bâtiments avaient été détruits par le feu ; bientôt les murs s'écroulèrent et leurs ruines servirent longtemps de carrière aux propriétaires qui se succédèrent pour les constructions des environs. 

De cette riche abbaye, il reste aujourd'hui quelques fondations anciennes dont on aperçoit encore les vestiges du bel appareil, côté du Levant, et la tour carrée du XVIIIème siècle qui était adossée à l'église et a pu échapper à la destruction. 

Cette tour, de 20 à 25 mètres de hauteur et dont la base a 30 mètres environ de circonférence, se projette poétiquement sur le cours de la Loire à de grandes distances. Dans le mur nord est pratiquée, au ras du sol, une porte carrée ornée de chaque côté de beaux pilastres d'ordre ionique. L'ensemble présente de la majesté, et, autant que l'on en peut juger, les ornements étaient simples et de bon goût. 

Si ce monument est demeuré debout comme un témoignage d'un passé rempli d'enseignements, il faut cependant reconnaître que sa conservation n'est aucunement due à une pensée philosophique ou aux souvenirs historiques dont, en général, on se montra peu soucieux au commencement du 19ème siècle, mais simplement à l'intérêt maritime et commercial. Il est avéré, en effet, que la tour de Buzay fut conservée pour servir de point de repère aux navires naviguant sur la Loire. Depuis longtemps, elle n'a plus de toit et la corniche qui le supportait s'effrite chaque jour. Si l'on n'y prend garde, le temps aura bientôt accompli la tâche qui lui est assignée : celle de tout détruire. 

Léon Delattre

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