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ABBAYE SAINT-MAURICE DE CLOHARS-CARNOET

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Abbaye Saint-Maurice de CLOHARS-CARNOET - Clohars-Carnoët

L'abbaye Saint-Maurice ou l'abbaye de Carnoët (Abbatia Sancti Mauritii Carnoetensis) est fondée au XIIème siècle (vers 1170) par saint Maurice, abbé de Langonnet dès l'âge de 30 ans. Il s'y établit avec douze religieux. Saint-Maurice Duault naît en 1115, au village de Groshaner ou Croixanvec, en Noyal-Pontivy, comté de Porhoët et meurt le 29 septembre 1191. 

Le Bienheureux Maurice naquit vers l'an 1113, au village de Groshaner, aujourd'hui Croixanvec, en Noyal-Pontivy (Voir sa Vie, par dom Plaine). Un monastère de cisterciens s'étant fondé vers 1136 à Langonnet, saint Maurice s'y présenta et en fut nommé abbé vers 1145, charge qu'il remplit pendant trente ans, pour s'en démettre vers 1175. Ce fut pendant qu'il était abbé de Langonnet, que le duc Conan III, par une charte non datée mais qui doit être quelque peu antérieure à l'année 1171, puisqu'il mourut au mois de Février de cette année, donna aux religieux de Langonnet ses terres de la forêt de Carnoët pour y établir un nouveau monastère. Voici la traduction de cette charte (Dom Morice, Pr. I. 644) : « Sachent tous les enfants de l'Eglise, tant présents que futurs, que moi, Conan, duc de Bretagne, comte de Richemond, je donne par pure charité, pour la rédemption de mon âme et de celles de mes parents défunts et de mes successeurs, aux religieux de Langonnet, pour qu'ils y fondent une abbaye, la terre que je possède aux limites de la forêt de Carnoët (in confinio foresti Harnoet), c'est-à-dire Penfeunteun, Kerbadnalen et là où le Frout tombe dans l'Ellé, jusqu'à Staernadret, où est le siège de l'abbaye en suivant le cours du fleuve ; et comme cette terre n'est pas d'une grande étendue, si quelques voisins leur donnent, vendent ou afferment quelque bien dans les limites de Ploe Carnoet, je leur fais abandon de tout mon droit sur ces terres, Ils pourront de la forêt prendre tout le bois nécessaire à leur usage, et nous défendons qu'on s'empare de leurs biens par violence, sous peine d'une condamnation sévère, si appelés à notre Cour les délinquants refusent de satisfaire. Nous leur accordons de plus sur toute notre terre exemption de tout impôt sur leurs achats et leurs ventes. Et pour que cette charte demeure à jamais inviolable nous la confirmons de notre sceau. Les témoins de cette donation sont : Geoffroy, évêque de Quimper (Note : Geoffroy, fut nommé évêque de Quimper en 1167/1168. La charte a dû être, par conséquent, donnée de 1167 à 1170), qui, en nostre présence, a lui-même concédé les droits qui le regardaient ;  Rivallon, archidiacre ; Glegman, doyen ; Alain, connétable ; Les frères jumeaux Alain et Richard ; Henri Bertrans ; Alain et Rivallon, fils d'Elmarch ; Alain de Bolanbor ». Cet acte de fondation du duc Conan ne fut exécuté qu'un peu plus tard, vers 1177, et dom Plaine rapporte, d'après la Vie latine de saint Maurice, qu'il vint au lieu désigné et y jeta les fondements d'une église et d'un monastère sous le vocable de Notre-Dame.

Le revenu annuel de l'abbé de Saint-Maurice était jadis de trois mille francs. Hervé de Cabocel succède à saint Maurice et il est gratifié de plusieurs biens par les seigneurs du pays. Il vit encore en 1220. Guillaume fait confirmer par le pape Honorius II les donations faites à son monastère. La bulle est du 30 août 1225. Bernard est abbé l'an 1249, suivant l'ancien catalogue. Rivallon Posthec lui succède, et vit encore en 1276, suivant le même catalogue. Il est inhumé dans le chapitre. Albéric meurt le 10 octobre 1295, selon l'obituaire de Quimperlé. Le catalogue lui donne pour successeurs : Simon, Henri de Pochaer et Guillaume, auteur de la Vie de saint Maurice, et abbé en 1323. On trouve ensuite Guillaume de Keresper, qui fait le choeur et ses ornements en 1407, puis Guillaume de Keranguen, abbé le 22 avril 1421. Guillaume Derrien ou Derien est abbé en 1458 et en 1464, et rend aveu à Geoffroi de Plusquellec, seigneur de Kerlisien, en 1453. Henri de Coistreu fait faire les chaires du choeur en 1472, rend aveu à Jean, seigneur de Coetqueveren, en 1468, et à Riou de Rosmadec en 1478. Jean Kerdeffrec'h est maintenu en possession de l'abbaye de Saint-Maurice par lettres enregistrées à la chancellerie en 1479. Il assiste, le 14 octobre 1480, à la première entrée de Guy du Bouchet, évêque de Quimper. Bizien de Kerampuil fait faire, en 1506, une croix de vermeil. Il rend aveu à Jean de Malestroit, seigneur de Pontcallec, en 1500. Pierre Corre, bachelier en théologie, tient le siége abbatial au moins depuis 1509 et jusqu'en 1520. Il rend aveu, en 1515, à Olivier de Planc, seigneur de Kerguegant. Louis du Pou succède à Pierre Corre. Mais il a un compétiteur en la personne de frère Yves de Bouteville, qui est maintenu le 1er juin 1521. Frère Louis du Pou obtient un relèvement le 7 juillet 1526, et il semble qu'il gagne son procès, son nom ayant été mis au catalogue des abbés. Il donne procuration, en 1527, pour rendre hommage au seigneur de Quimen. Jean de Kerdeffrec'h suit Louis du Pou dans les catalogues. Michel de Coetlogon dispute à ce dernier la possession de l'abbaye mais il est maintenu en 1529. Il est débouté le 8 mai 1533, Jean de Kerdeffrec'h meurt en 1541 après avoir fait serment de fidélité au roi le 8 juillet. Jean du Staer obtient l'abbaye en commende en 1541, et il y est maintenu contre frère Guimart de Kerastoi, frère Louis du Dresnay, frère Jean du Quellenec et frère Guillaume Sauvage qui aspiraient à cette place. Il n'en jouit pas longtemps, étant mort dès l'an 1543. Michel Jacob fait serment de fidélité au roi en 1543, comme abbé commendataire de Carnoët, et meurt en 1553 ou se démet, car il semble vivre encore en 1554. Toussaint Barrin tient l'abbaye en 1554 par le crédit du connétable de Montmorency dont il était domestique. Jean Eude jouit des revenus de l'abbaye depuis 1557 et jusqu'en 1578, date à laquelle il la cède à son frère. En 1557, Jean Eude du Vivier qui fait serment de fidélité au roi, commence à vendre les terres de l'abbaye et passe au protestantisme. Il s'empare des cloches de l'église pour en faire des canons et laisse la place à son frère, recteur de Moëlan. Richard Eude est pourvu de l'abbaye en 1578, sur la résignation de son frère, et meurt le 22 octobre 1583. Pierre de Vieux-Chastel est pourvu de l'abbaye en 1583, et répare les bâtiments de son abbaye, qui ont été très négligés par ses deux prédécesseurs. Il est tué au mois de septembre 1590 par des paysans armés. Frère Guillaume de Launai ou Launay, religieux dominicain et docteur en théologie, prédicateur et confesseur du duc de Mercoeur, est fait abbé de Saint-Maurice en 1593, et prête serment de fidélité dans la Chambre des Comptes de Nantes en 1595. Ayant été fait prisonnier, il est conduit au sieur de Saint-Luc, lieutenant du roi en Bretagne. Pendant sa captivité, il résigne son abbaye à frère Olivier de Mur, religieux de Bégard (ou Bégar), qui obtient ses provisions en 1599, mais à peine Guillaume de Launay est-il en liberté, qu'il révoque ce qu'il avait fait, et rentre en possession de son abbaye. Il fait serment de fidélité au roi en 1604, et assiste aux Etats de Rennes en 1608. Nicolas Druais succède à Guillaume de Launay, meurt en 1616, et il est inhumé dans le presbytère de son église. Guillaume Riou est nommé en 1616. Il travaille beaucoup à rétablir le temporel de l'abbaye, et meurt le 30 septembre 1641. Il est inhumé devant le maître-autel de son abbaye. Il avait assisté aux Etats de Vannes en 1619. Les bâtiments abbatiaux sont reconstruits au XVIIème (sous le règne de l'abbé Guillaume Riou) ou au XVIIIème siècle, mais on y conserve la salle capitulaire du XIIIème siècle. André Gaudesche, religieux de Fontaine-Daniel, dans le diocèse du Mans, est nommé en 1641, et comme il avait embrasé l'étroite observance, il l'introduit dans son abbaye. Il meurt le 23 septembre 1650. Pierre Cheve ou Chevé, sous-prieur de Saint-Maurice, et auparavant religieux de Prières, est nommé en 1650 et il est le dernier abbé régulier. Pierre-Guillaume de la Vieuville ou Vieuxville-Pourpris, doyen de la cathédrale de Nantes, assiste aux Etats de Nantes en 1681, comme abbé commendataire de Saint-Maurice. Il devient évêque de Saint-Brieuc en 1721 et meurt en 1727. N. de La Bourdonnaye est pourvu de l'abbaye au mois de janvier 1728. N. de Regnon du Page est nommé à Carnoët en 1742. Il était chanoine de l'église de Nantes, archidiacre de La Mée et vicaire général. Il meurt semble-t-il, en 1780. Le dernier abbé du monastère se nomme Jérôme-François de Keroulas, chanoine de Léon, nommé aux fonctions abbatiales, en 1780. Il est dépouillé de ce bénéfice en 1790. En 1790, il ne reste que 3 religieux. L'abbaye Saint-Maurice est vendue comme bien public au chirurgien Lohéac, puis à Léon Lorois qui transforme l'abbaye en château et rétablit le pardon de Saint-Maurice en 1884. Après la Seconde Guerre mondiale, les propriétaires préfèrent abandonner les ruines et les pierres du château sont utilisées par les Ponts et Chaussées à la construction du premier pont sur la Laïta.

Saint Maurice, premier abbé (1177-1191). Les commencements furent pénibles pour les religieux, qui manquèrent plusieurs fois du nécessaire ; une dame charitable de Quimperlé leur vint en aide dans une large mesure, si bien qu'à la mort de saint Maurice, on lui offrit en gage de reconnaissance la ceinture du Saint, par l'attouchement de laquelle plusieurs malades furent guéris. Sa Vie latine rapporte plusieurs miracles opérés par le Saint durant sa vie : il se préparait un jour à dire la messe, lorsqu'on vint lui annoncer que le vin manquait ; plein de douleur, le bienheureux se mit à verser un torrent de larmes ; ses frères, pour n'être pas témoins de sa peine, avaient déjà quitté l'église, lorsque saint Maurice, s'approchant de la crédence, y vit la burette remplie de vin, il rappela aussitôt ses frères et eut la consolation d'offrir le saint sacrifice. Les rats ayant envahi le monastère et n'y trouvant guère de provisions, se mirent à manger le cuir des chaussures, généralement enduites de graisse ; sur la plainte des religieux, qui voulaient que le Saint fulminât contre ces bêtes une malédiction solennelle, celui-ci se contenta de leur conseiller de veiller eux-mêmes sur leur bien et de garder leurs chaussures au lit ; mais cela n'arrêta pas les rongeurs, qui s'en prirent aux souliers du Saint lui-même jusque dans ses pieds et n'y laissèrent que la semelle. Saint Maurice céda alors aux prières de ses religieux, il maudit ces bêtes malfaisantes et, le lendemain, deux corbeaux d'une taille gigantesque s'abattirent sur les rats, les tuèrent tous et eurent même soin d'en emporter tous les cadavres bien loin du monastère. Nous ne citerons pas tous les miracles rapportés dans la Vie latine du Saint, écrite par un contemporain, mais ils justifient la grande réputation de thaumaturge que saint Maurice a laissée dans le pays, et la vénération dont ses reliques sont encore l'objet.

Hervé Cabocel (1192-1221). Peu après la mort de saint Maurice et probablement à l'occasion de l'élection de son successeur, vers 1194, fut confirmée la donation de Conan par sa fille en ces termes (Morice, Pr. I, p. 710) : « Constance, fille du comte Conan, duchesse de Bretagne et comtesse de Richemond, à tous les fidèles chrétiens présents et à venir, salut. Sachez que, pour l'amour de Dieu et de mes chers parents, par cette charte je confirme à Dieu et à l'abbaye de Notre-Dame de Carnoet, le don que mon père, le comte Conan, a fait à l'abbé Maurice et à ses religieux pour l'établissement d'une abbaye. J'ordonne, en conséquence, que la dite abbaye et les religieux qui l'occupent jouissent et possèdent à jamais librement et en paix de tous les biens, honneurs et privilèges contenus dans l'acte de fondation. Donné à Auray, en présence de Guehennoc, évêque de Vannes, Guillaume, évêque de Quimper (Guehennoc, évêque de 1182-1220, et Guillaume, de 1193-1218), Eude, trésorier de Léon, etc... ». Ce fut également sous son successeur immédiat que furent commencées les premières démarches pour obtenir la canonisation de saint Maurice. Son corps ayant été, dès les premiers temps, placé dans l'église du monastère et dans un lieu accessible aux femmes, afin de contenter la dévotion qui éclata dès lors pour ses reliques, les Evêques de Quimper, Vannes, Saint-Brieuc, Léon et Tréguier, et les abbés de Cîteaux demandèrent au pape Honorius III (1216-1227) d'ordonner une enquête sur la vie et miracles du bienheureux. Cette enquête fut confiée, par bref du 4 Septembre 1221, donné à Rieti, à l'évêque de Léon, Jean, et à l'abbé de Sainte-Croix de Quimperlé ; ceux-ci se rendirent à Carnoët, interrogèrent les témoins venus en foule, mais sans observer les règles canoniques qui prescrivent d'interroger chaque témoin isolément et en secret, et une nouvelle commission d'enquête lut confiée, le 1er Septembre 1225, à l'évêque de Quimper, Renaud, à l'évêque de Tréguier et à l'abbé de Quimperlé, et, dans la suite, le culte de saint Maurice demeura comme un fait acquis, sans que l'on soit certain qu'une sentence solennelle de canonisation soit intervenue. En 1220, non loin de l'abbaye, vivait un reclus nommé Gradlon, auquel s'intéressait un seigneur du pays, K., fils d'Aleman, et qui, par ses instances, obtint pour le reclus, d'Alain Comblou et de Gloeguen, femme de Robert Languer, la terre où se trouvait son oratoire, sa cellule, son jardin et, en plus, deux arpents de terre ; cette propriété était sur le fief du seigneur K., fils d'Aleman qui, approuvant fort cette donation, fit abandon au reclus de tous les droits qu'il pouvait avoir ; mais il arriva que le reclus s'affilia comme profès aux religieux de Sainte-Marie de Carnoët et leur céda tout ce qui lui avait été donné ; en revanche, ceux-ci l'autorisèrent à demeurer dans son ermitage tant qu'il voudrait, à moins qu'il consentit à être rappelé au couvent. Cet acte fut passé devant Hervé, abbé de Saint-Maurice (c'est le premier acte qui donne le nom du Saint à l'abbaye), devant les prêtres (ce devaient être les Recteurs) Guillaume de Moëlan, Jedecael de Crothgual, Rivallon de Rioc (Riec), Hervé de Trévou, Roudaud de Ponte Lapidum ; nous ne voyons pas à quelle paroisse pourrait appartenir ce nom, si ce n'est à Pont-Aven, Pont-ar-Vein. Les chevaliers (milites) témoins de l'acte furent Alain de Moelan, Guy fils de Tanguy, Kadoret fils de Guorgar, et Guy fils de Periou, auxquels se joignirent les clercs Olivier fils de Guorgar, Eudes sacriste de Saint-Michel, et les bourgeois de Quimperlé : Eude fils de Borechheir écuyer, et Kerouet fils de Salou. L'acte fut passé le 6 des kalendes de Juillet (24 Juin) 1220, dans l'église de Saint-Michel de Quimperlé.

Guillaume (1225). Sur la demande de cet abbé, le pape Honorius III prit le nouveau monastère sous sa protection et confirma toutes les donations qui lui avaient été faites. Cette bulle du Pape étant, croyons-nous, inédite, nous allons la reproduire d'après un transumpt fait le 4 Novembre 1658 par Julien Le Thiec, procureur de Saint-Maurice, et que possèdent les Archives départementales du Finistère (H. 11) : « Honorius episcopus servus servorum Dei dilectis filiis Guillermo, abbati monasterii Sancte Marie de Carnoet cisterciensis ordinis eiusque fratribus tain presentibus quam futuris. Regularem vitam eligentibus, Apostolicum convenit adesse presidium, ne forte cuiuslibet temeritatis incursus, aut eos a proposito revocet, aut robur, quod absit, sacre religionis infringat. Ea propter, dilecti in Domino filii, vestris iustis postulationibus clementer annuimus et prefatum monasterium Sancte Dei Genitricis et Virginis Marie de Carnoet, en quo divino mancipati estis obsequio, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripto communimus ; inprimis quidem statuentes ut Ordo monasticus, qui secundum Deum et Beati Benedicti regulam atque institutionem Cisterciensium fratrum in eodem monasterio institutus esse dignoscitur, perpetuis ibidem temporibus inviolabiliter observetur... Preterea quascumque possessiones, quecumque bona dem monasterium in presentiarum juste et canonice possidet, aut in futurum concessione pontificum, largione regum vel principum, oblations fidelium seu aliis bastis modis, prestante Domino poterit adipisci, firme nobisque successoribus et illibata parmaneant in quibus hec propriis exprimenda vocabulis Locum ipsum quo prefatum monasterium situm est cum omnibus pertinensis suis, terras, que vulgariter appellantur Penfeunteun et Kerbanadlen, tertiam partem terre Kergongan, duas partes Kerguengant, partem terre Rivaloni filii in Kerambarec eidem monasterio a domino Guillermo eiusdem oci charitative donatam ... Terram de Kerbanadlen cum pertinentiis suis, terras en Letty et Penfeunteun cum omnibus pertinentiis quas onanus Parvus Britannie dux et comes Richemundie ex ono concessit cum usagiis in foresto et piano et ut forestum de Carnoet ducit fluvium Elle et ut fluvius ducit ad Sternanaret (Sternadret) et omne ius quod habet idem monasterium in foresto de Carnoet cum usagiis et pascuis en sylva, cum piscationibus in aquis fluviis et rivis. De possessionibus autem habitis ante concilium generale sive de hortis, virgultis et piscationibus vestris vel de nutrimentis animalium vestrorum, nullus a vobis decimas exigere val extorquere presumat, liceat quoque vobis clericos val laïcos liberos et solutos e seculo fugientes ad conversionem suscipere... Preterea libertates et immunitates a predecessoribus nostris romanis Pontificibus ordini vestro concessas necnon et libertates et exemptiones secularium exactionum a regibus, principibus val allis fidelibus, rationabiliter vobis indultas, auctoritate Apostolica confirmamus et presentis scripti privilegio communimus. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium temere perturbare aut eius possessiones aufferre vel ablatas retinere, minuere seu quibuslibet vexationibus fatigare, sed omnia integra conserveatur eorum pro quorum gubernatione et sustentatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva sedis Apostolice auctoritate. Si que igitur in futuris persona ecclesiastica, secularisve hanc nostre constitutionis paginam sciens contra eam temere venire tentaverit, secundo, tertio ve commonita nisi reatum suum congrua satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui dignitate careat, reamque se divino iudicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, et a sacratissimo corpore et sanguine Dei et Domini Redemptoris nostri J. C. aliena fiat atque in extremo examine districte ultioni subiaceat ; cunctis autem eidem loco sua iura servantibus, sit pax Domini nostri J. C. quatenus et hic, fructum bone actionis percipiant et apud districtuml iudicem premia eterne pacis inveniat. Amen. Et inferius acriptum est : Sanctus Petrus. Sanctus Paulus. Honorius Papa III. Perfice gressus meos in semitis tuis. Honorius Catholice ecclesie episcopus. Ego Stephanus Basilice duodecim Apostolorum presbyter Cardinalis. Ego Nicolaus Tusculanus Episcopus. Ego Oliverius Sabinensis Episcopus. Ego Thomas Sancte Sabine presbyter Cardinalis. Ego Pelagius Albenensis Episcopus. Ego Octavius Sancte Marie in Cosmedin diaconus Cardinalis. Ego Stephanus Sancti Adriani diaconus Cardinalis. Ego Egidius Sanctorum Cosme et Damiani diaconus Cardinalis. Datum Reate per manum Magistri Guidonis Sancte Romane ecclesie notarii, III calendas Septembris, indicione XIII, Incarnationis Dominice anno M CCC XXV Pontificatus vero domini Honorii pape tertio, anno decimo. Transumpté par F. Julien Le Thiec, procureur de St Maurice, le 4 Novembre 1658 ».

Bernard (1249). En 1259, l'Evêque de Quimper, Hervé de Landeleau, vint à Saint-Maurice et visa les donations faites à l'abbaye par le duc Conan.

Rivallon de Poathec (1276). Rivallon succéda à Bernard et vivait encore en 1276. Il fut inhumé dans le chapitre, c'est-à-dire dans la salle capitulaire, qui date du XIIIème siècle.

Albéric alias Cariou (1295). Mourut le 10 Octobre 1295, selon l'obituaire de Quimperlé.

Simon (vers 1300).

Henri de Pochaer (vers 1310).

Guillaume (1323). Auteur d'une Vie de saint Maurice.

Guillot (1382).

Guillaume de Keresper (1407). Construisit et fit orner le choeur de l'église en 1407.

Guillaume de Keranguen. Mentionné comme abbé en 1421 et en 1429 (H. 111).

Guillaume Derrien (1453-1464). Rendit aveu en 1453 à Geoffroy Plusquellec, seignew de Kerlisien.

Henri de Coistren (1468-1478). Rendit aveu à Jean, Sgr. de Coetqueveren en 1468 ; fit faire les stalles du choeur de l'église en 1472 ; rendit aveu au Duc de Bretagne, le 8 Décembre 1473 (H. 111) et à Riou de Rosmadec en 1478.

Jean de Kerdeffrech (1479-1492). Fut maintenu en possession de l'abbaye par lettres enregistrées à la chancellerie en 1479 ; assista le 14 Octobre 1480 à l'entrée de Guy du Bouchet, évêque de Quimper.

Bizien de Kerampuil (1497-1505). Fit faire, en 1505, une croix de vermeil conservée longtemps dans le monastère ; rendit aveu à Jean de Malestroit, Sr. de Pontcallec en 1500. En cette année, l'abbaye comptait sept religieux profès : Guillaume Derrien, Jehan Le Troadec, Jehan Morvan, Loys Lepen, Simon Kerpunce. Anthoine de la Haye et Pierre Goarlot.

Pierre Corre (1509-1520). Bachelier en théologie ; rendit aveu en 1515 à Olivier de Pleuc, Sgr. de Kerguezant : mourut en 1520.

Louis an Pou (1521-1527). Succéda à Pierre Corre, mais il eut un compétiteur dans la personne de frère Yves de Bouteville, qui fut maintenu par sentence du 21 Juin 1521 ; mais frère Louis du Pou obtint un relèvement le 7 Juillet 1526, et il y a apparence qu'il gagna son procès, son nom ayant été mis au catalogue des abbés. En 1527, il donna procuration pour rendre hommage au seigneur de Quimerch.

Jean de Kerdeffrec'h (1529-1541). Suit Louis du Pou dans les catalogues. Michel de Coetlogon lui disputa l'abbaye et fut maintenu en 1529, mais il fut débouté le 8 Mai 1533. Jean de Kerdeffrech mourut en 1541, après avoir fait serment de fidélité au Roi, le 8 Juillet.

Jean du Staër (1541-1543). Obtint l'abbaye en commende en 1541 et y fut maintenu contre frère Guimart de Kerastoi, frère Louis du Dresnai, frère Jean du Quellenec et frère Guillaume Sauvage, qui aspiraient à cette place. Il n'en jouit pas longtemps, étant mort dés l'an 1543.

Michel Jacob (1543-1553). Fit serment de fidélité au Roi en 1543, comme abbé commendataire de Carnoët et mourut en 1553, ou se démit.

Toussain Barrin. Tenait l'abbaye par le crédit du connétable de Montmorency, dont il était domestique (D. Morice).

Jean Eude, Sr. du Vyvier (1557-1578). Fit serment de fidélité au Roy en 1557, comme abbé commendataire de Saint-Maurice, où il ne laissa pas une bonne réputation. Un de ses successeurs, l'abbé Jean Riou, dans un factum de 1631 pour obtenir le retrait de certains biens de l'abbaye indument aliénés, dit « qu'il est véritable et reconnu par la cour en aultres procès que M. Jean Heude, qui est celuy qui a fait les dites ventes en qualité d'abbé, a esté non seulement un dissipateur du bien de son abbaie mais qui plus est, il estoict des religionnaires et a esté informé qu'il avait vendu jusques aux cloches pour envoier à la Rochelle a fondre du canon, c'est pourquoy il ne fault point présumer aucune chose de bien, soubz pretexte de l'antiquité, en ce que l'on trouve avoir esté faict par luy ». Cet abbé était aussi doyen du Folgoët et titulaire de la chapelle de Saint-Jean-du-Doigt, qu'il contribua par ses démarches à faire ériger en bénéfice à son profit (M. Bourde de la Rogerie).

Richard Eude du Vivier (1578-1583). Frère du précédent, succéda à Jehan Eude, qui lui résigna son abbaye en 1578. Richard était en nième temps abbé de Saint-Maurice et recteur de Moëlan ; il mourut le 22 Octobre 1583.

Pierre de Vieux-Chastel (1583-1590). Fut pourvu en 1583 et de l'abbaye et de la paroisse de Moëlan ; il répara les bâtiments de l'abbaye, fort négligés par ses prédécesseurs ; il fut un des rares ecclésiastiques de Bretagne qui suivirent le parti du Roi, et fut tué au siège de Roscanou, en Gouézec, par les paysans révoltés, au mois de Septembre 1590. Ses armes étaient d'argent à six billettes de gueules écartelées : d'argent à deux fasces de gueules surmontées de trois tours de sable.

Guillaume de Launay (1593-1610). Frère Guillaume de Launay, religieux dominicain, probablement du couvent de Morlaix, car sa famille était de l'évêché de Léon, Lanhouarneau, Plouzévédé, Taulé, fut nommé abbé de Saint-Maurice en 1593, par la faveur du duc de Mercœur, dont il était le confesseur, et prêta serment de fidélité à la Chambre des Comptes de Nantes en 1595. Très zélé pour le parti de la Ligue, Henri IV disait de lui qu'il obtenait plus par ses prédications, que le duc de Mercœur par ses canons et ses arquebuses. Ayant été fait prisonnier par les Royaux, il fut conduit au sieur de Saint-Luc, lieutenant du Roi en Bretagne, qui déclara la capture bonne ; « bonne selon Saint-Luc, répliqua l'abbé, mais non selon saint Jean ». Pendant sa captivité, il résigna son abbaye à frère Olivier du Mur, religieux de Bégar, qui obtint ses provisions en 1596 ; mais è peine Guillaume de Launay fut-il mis en liberté, qu'il révoqua son acte et rentra en possession de son abbaye, fit serment de fidélité au Roi en 1604, assista aux Etats de Rennes en 1608, et mourut en 1610 (Dom Morice). Ses armes étaient : d'argent au lion d'azur armé et lampassé de gueules, couronné d'or.

Olivier de Mur (1611). Olivier de Mur, ancien résignataire de l'abbaye pendant la captivité de Guillaume de Launay, réapparaît en qualité d'abbé de Saint-Maurice en 1611, dans un acte des Archives départementales (H. 113).

Nicolas Druays (1611-1616). Natif de Vignens, de la maison de la Baussonière, au diocèse de Nantes ( H. 111), religieux de l'ordre de Cîteaux, fut abbé de Saint-Maurice de 1611 à 1616, époque de sa mort ; il fut inhumé dans le presbytère de son église (D. Morice). Il portait pour armes : d'argent à trois têtes d'aigle arrachées d'or, couronnées de gueules.

Guillaume Ryou (1628-1632). Il assista aux Etats de Vannes en 1619, travailla beaucoup à rétablir le temporel de l'abbaye, mourut le 30 Septembre 1641 et fut inhumé devant le maître-autel de l'église abbatiale. Originaire de Caudan, diocèse de Vannes, il portait pour armes : d'azur au croissant d'argent accompagné de cinq larmes 3, 2.

André Gaudesche (1641-1649). Etait religieux de Fontaine Daniel de l'Ordre de Cîteaux, au diocèse de Langres ; il introduisit la stricte observance à Saint-Maurice et mourut le 23 Septembre 1650.

Pierre Chevé (1650-1678). Etait sous-prieur de l'abbaye de Prières, Ordre de Cîteaux, au diocèse de Vannes ; ce fut le dernier abbé régulier.

Pierre-Guillaume de la Vieuxville (1681-1727). Pierre-Guillaume de la Vieuxville Pourpris, originaire de Saint-Malo, vicaire général et doyen de la cathédrale de Nantes, fut nommé abbé commendataire de Saint-Maurice en 1681, et tout en restant titulaire de l'abbaye devint évêque de Saint-Brieuc, en 1721. Il mourut le 13 Septembre 1727. Ses armes étaient : de gueules au lion d'argent couronné d'or. C'est de son temps que fut fait le reliquaire en bois où se trouvent actuellement encore les reliques de saint Maurice. Dans une déclaration de 1682, faite au nom de l'abbé au Roi, par le procureur dom Jan Estnoury, il est dit que l'abbaye possède à Moëlan la moitié des dîmes qui se lèvent à la 33ème gerbe et les prémices ; il abandonne celles-ci au Recteur et lui paye 250 livres en argent sur les dîmes. A Baye, se lève une petite dîme de 12 gerbes de froment, autant de seigle et d'avoine. Ce fut probablement lors de la nomination de Mgr. de la Vieuxville à l'évêché de Saint-Brieuc, que le prieur de Saint-Maurice, le Père Claude-Bernard Grantin fut créé protonotaire apostolique, pour avoir plus d'autorité dans la direction du monastère ; c'est du moins avec cette dignité qu'il figure dans un procès entre l'abbaye de Saint-Maurice et l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, au sujet du droit de pêcherie dans la rivière de Quimperlé ; le mémoire suivant, présenté par les religieux de Quimperlé, nous donnera un spécimen du genre de polémique soutenu à cette époque par les parties, les mémoires écrits remplaçant les vertes répliques des avocats de nos jours. « Mémoire à l'Amirauté, par les religieux de Sainte-Croix contre ceux de Saint-Maurice, pour le droit de pêche. Les prieur et religieux de Sainte-Croix, appelés par Julien Guellou, Jean-Claude Pignolet et Mathurin Jegat, pêcheurs goretiers de la dite abbaye, en garantie de leur bail de pêche dans les rivières d'Isol et d'Ellé depuis le ruisseau Frost en forest audessous du château ducal de Carnoet, jusqu'à l'emplacement d'un ancien moulin au-dessus de Quimperlé, à l'encontre des RR. PP. Bernardins de Saint-Maurice, qui disent qu'il parait étonnant que les dits goretiers aient appelé tant de personnes pour soutenir les droits de pêche de l'abbaye de Sainte-Croix. Il est aisé de voir que c'est l'effet de la terreur panique qu'ils ont conçue à la vue de la magnifique croix pectorale que le R. P. Grantin, prieur de Saint-Maurice, leur montrait pour les intimider en leur demandant s'ils étaient parties capables pour disputer contre lui qui la portait. J'avoue qu'un protonotaire paré de la croix et de l'anneau est quelque chose de fort grand pour beaucoup de personnes, mais cela n'a pas dû engager les goretiers à faire appeler les religieux de Sainte-Croix en garantie du bail qu'ils ont passé ensemble ..... Mais d'où viendrait aux religieux de Saint-Maurice ce droit de pêche du ruisseau Frost en forest jusqu'au Goretz, audessus de Quimperlé, et de barrer la rivière pour empêcher les saumons de monter aux gorets appartenant à Sainte-Croix, et d'y faire la pêche du saumon pour en faire commerce et trafic ? Ils ne sauraient faire valoir quelque acte pour servir de fondement à leur prétention, car le plus ancien et le plus beau est une bulle du pape Honorius III, de 1225, laquelle ils ont employée pour prouver leur droit de pêche. On aura peine à croire que des Français aient eu recours à un pape pour se faire donner un bien dont le prince seul peut disposer. Rien n'est de si grand que la libéralité de ce pape ; après leur avoir confirmé les usages et passages dans la forêt, il leur donne, de son propre mouvement, la pêche ... cum piscationibus in aquis fluviis et rivis, il n'est point de borne au droit de pêche, ils pourraient, en vertu de cette bulle, venir pêcher dans les étangs des environs, dans les gorets de l'abbaye de Sainte-Croix et jusqu'où leur génie leur plaira mettre des bornes que le saint Pape n'a pas voulu déterminer, crainte de s'y méprendre ... Le pape Honorius n'a pas pu leur confirmer un droit qu'aucun prince ne leur a accordé, et la fondation de Conan le petit ne fait pas mention du droit de pèche ... ».

Olivier-Hippolyte-Louis de la Bourdonaye (1728-1740). Prêtre licencié en Sorbonne, vicaire général, chantre et premier dignitaire du Chapitre de Tréguier, fut nommé abbé commendataire de Saint-Maurice en 1728, dont il fut titulaire jusqu'en 1740. Il devait être frère de l'Evêque de Léon et portait comme lui pour armes : de gueules à trois bourdons d'argent en pal.

Regnon du Page (1742-1780). Originaire du Poitou, chanoine de l'église de Nantes et archidiacre de La Mée, avait pour armes : d'azur à 3 abeilles d'or ; il mourut vers 1780.

Jérôme-François de Keroulas (1780-1790). Il était né à Lesneven le 16 Décembre 1733, et devint chanoine et grand vicaire de Léon, fonctions qu'il n'abandonna pas en devenant abbé commendataire de Saint-Maurice, il accepta le traité fait par son prédécesseur en 1742 avec les religieux, par lequel il leur abandonnait tous les fruits de l'abbaye avec la charge des réparations et l'obligation de verser annuellement à l'abbé une somme de 5.300 livres, sur laquelle l'abbé avait à payer une pension accordée sur l'abbaye à l'abbé Déric, l'auteur, sans doute, de l'Histoire de Bretagne. M. de Kerdanet (A. G., p. 602) nous apprend que l'abbé de Keroulas était fils de Hervé de Keroulas et de Julite-Claudine de Kerguélen ; et à ce sujet, il rapporte l'anecdote suivante : le père de l'abbé, Hervé de Keroulas, et le père de sa mère, Jérôme-Gabriel de Kerguélen, ayant été veufs tous deux après n'avoir eu chacun qu'une fille, voulurent se remarier, et comme ils étaient vieux, ce qui rendait leur choix plus difficile, ils tranchèrent la question en se donnant mutuellement leurs filles ; Hervé de Keroulas épousa Julite-Claudine de Kerguélen, et Jérôme de Kerguélen épousa Marie-Julite de Keroulas. On en fit un portrait de famille représentant les deux vieillards, leurs jeunes femmes ayant chacune un enfant à la main, et l'on y ajouta ces vers : Qui sont ces deux vieillards, mesdames, - En êtes-vous filles ou femmes - Et dites-nous de qui sont nés - Les deux enfants que vous menez ? — Ces vieillards sont nos pères, - Ils sont les maris de nos mères, - Et maintenant sont nos maris - Et les pères de ces petits.

En Septembre 1790, comme il s'agissait d'établir la pension des ecclésiastiques d'après la valeur de leurs bénéfices, l'abbé de Keroulas exposait ainsi sa situation au district de Quimperlé : « Jérôme-François de Keroulas, ci-devant abbé de Saint-Maurice, chanoine et grand vicaire de Léon, a l'honneur de vous exposer qu'ayant plu au Roi de lui accorder la dite abbaye, il avait cru pouvoir traiter avec les religieux pour son tiers à 6.000 livres, qu'il ne traita de fait que pour 5.300 livres, mais à son préjudice, car voici quels sont les revenus de l'abbaye : - Rentes en grains évaluées, de dix années une commune : 4.294 livres 4 sols 4 deniers. - Rentes en argent : 1.207 livres 3 sols 3 deniers. - Les dixmes : 10.463 livres 12 sols. - Les fermes et moulins : 1.982 livres 16 sols. - En constituts : 1.650 livres. Total : 19.557 livres 15 sols 7 deniers. Que serait-ce, si on y ajoutait l'évaluation de deux jardins grands et vastes, deux vergers, un grand pré de plus de 20 journaux dont ils jouissent, d'une très belle ...ille qui se coupe tous les dix ans ; tous ces objets réunis présentent un revenu de plus de 22.000 livres dont le tiers aurait dû être de plus de 7.300 livres ; vous voyez donc, Messieurs, qu'il a perdu en traitant à 5.300 livres. Il s'agit aujourd'hui de régler le traitement du sieur de Keroulas ; quels services a-t-il rendus ?  Il a été pendant dix ans recteur de Saint-Martin de Morlaix, pendant vingt-deux ans grand vicaire de Léon, commissaire des Etats de Bretagne pendant seize ans, voilà les titres de cet ecclésiastique qui va être bientôt sexagénaire. Outre l'abbaye de Saint-Maurice évaluée au moins à 6.000 livres, il possédait en outre une pension sur l'abbaye de la Meilleray : 1.500 livres. La chapellenie de Saint-André le Barbu à la cathédrale de Saint-Pol : 578 livres. L'archidiaconé d'Acre et la paroisse de Porspoder : 407 livres. Un canonicat à Léon, année commune, charges déduites : 2.597 livres. A noter qu'il doit sur le revenu de son abbaye 3.000 livres à M. Déric, chanoine de Saint-Malo ... ». Le district de Quimperlé, après avoir examiné cet état de situation, fut d'avis que l'on accordât à M. de Keroulas, en tout, pour tous ses bénéfices, une pension de 6.000 livres quitte de toute charge (L. 43). 

De son côté, les religieux de l'abbaye établissaient ainsi qu'il suit leur situation, en Juin 1790, devant la Municipalité de Clohars : « Vu les comptes de dom Lallemant, prieur depuis le 29 Novembre 1788, les recettes ordinaires montent à 20.515 livres, les mises à 19.279 livres, parmi lesquelles figurent les charges suivantes : - Pension à M. de Keroulas , abbé commendataire : 5.300 livres. - Pour décimes : 950 livres. - Portion congrue au Recteur de Riec : 700 livres. - Portion congrue au Curé de Riec : 350 livres. - Desserte de la chapelle de Locmaria en Querin : 30 livres. - Pour aumônes quatre tonneaux de grains estimés : 500 livres ». L'inventaire fait à cette époque mentionne un ciboire, une boîte des saintes huiles, cinq calices, un soleil, deux paires de burettes et leur plat, un bras de saint Maurice et un reliquaire. L'argenterie est réduite à peu de chose depuis l'envoi à la monnaye de 96 marcs d'argent, comprenant 8 grands chandeliers, deux croix, une crosse, une aiguière et un bénitier (L. 88). La bibliothèque compte 1.085 volumes mais pas de manuscrits (G. 326). 

Suit un état des religieux de l'abbaye, dont les uns sont dits profès, les autres affiliés, sans que nous comprenions la différence que l'on veut établir entre eux, car les affiliés comme les profès avaient fait profession ; peut-être que par affiliés on voulait dire qu'ils étaient actuellement présents à Saint-Maurice, tandis que les autres y avaient fait profession et en étaient partis. Etats des religieux profès : - Dom Brocas, directeur des Dames religieuses de l'abbaye d'Hyères en Provence. - D. Bodouin, directeur de l'abbaye de Monbuisson. - D. Le Clerc, actuellement en l'abbaye de Bauquin. - D. Richart, actuellement procureur en l'abbaye de Meilleray. Etat des religieux affiliés à la dite abbaye : - Robert Lallemant, prieur actuel, 68 ans. - D. Pierre-Marie Le Veller, procureur, 54 ans. - D. Julien Launay, 53 ans. Ces trois religieux étaient donc les seuls habitant Saint-Maurice au moment de la Révolution. Le 11 Octobre 1790, ils déclarèrent à la Municipalité de Clohars qu'ils avaient l'intention de se retirer et de ne plus continuer la vie commune (L. 45). Ils donnent sur leur compte les renseignements suivants : - Dom Robert Lallemant, prieur, né le 29 Avril 1722, à Epernay en Champagne, a fait profession à l'abbaye de Vauclerc, diocèse de Laon, le 13 Novembre 1739. - Julien-Joachim Launay, né le 8 Septembre 1737, à Plumogat (Plumaugat), diocèse de Saint-Malo, a fait profession à l'abbaye de Prières, le 24 Juin 1757. - D. Pierre Veller, procureur, né le 29 Mai 1737 à Quimper, paroisse Saint-Sauveur, a fait profession le 2 Février 1766 à l'abbaye de Prières. De ces trois religieux, dom Launay demeura seul à l'abbaye pendant la Révolution, avec les acquéreurs de Saint-Maurice. C'est là que, le 21 Nivôse an VII, des mal­, faneurs s'introduisirent chez lui, le garrottèrent et pillèrent la maison. 207 livres 50 lui furent adjugées pour l'indemniser.

Comme toutes les églises de l'Ordre de Cîteaux, celle de l'abbaye de Carnoët fut dédiée à la Mère de Dieu, par son saint fondateur, mais peu de temps après sa mort, ses nombreux miracles et son renom de sainteté firent associer le nom de saint Maurice à celui de Notre-Dame, et c'est ce nom qui a prévalu dans la suite.

Voici ce que dit M. Abgrall au début du XXème siècle (vers 1906) : L'abbaye est maintenant changée en un château appartenant à M. Lorois, ancien député du Finistère. Il ne reste rien des constructions faites par le fondateur, au XIIème siècle. Ce qui existe de plus ancien, c'est la salle capitulaire du XIIIème siècle, avec une large galerie ou vestibule qui y donne accès. C'est absolument la même disposition qu'au Relecq et à Langonnet ; mais au Relecq il ne reste que des ruines, tandis qu'à Langonnet et à Saint-Maurice ces parties d'architecture ancienne sont en excellent état de conservation, ayant été, il y a quelques années, l'objet de bons travaux de restauration et de rappropriement. La façade de la salle capitulaire se compose de deux fenêtres ogivales géminées et d'une porte de même style, ayant leurs ébrasements extérieurs et intérieurs garnis de colonnettes cylindriques couronnées de chapiteaux feuillagés, de la plus grande élégance. L'intérieur est voûté, et les nervures déliées qui se croisent sur la voûte prennent toutes naissance sur les chapiteaux de deux sveltes colonnes centrales et vont retomber le long des parois sur des corbelets richement moulurés. Un plan daté de 1737, dressé par Gannepon et copié par M. Bigot, père, nous indique ce qu'était l'abbaye à cette époque ; elle comprenait quatre ailes formant un carré au milieu duquel était le cloître. L'aile du côté de l'Est est la seule qui existe aujourd'hui. On y voit, à l'extrémité Nord, ce qui sert maintenant de chapelle et qui n'est qu'une branche de transept de l'ancienne église abbatiale, construction datant du XVIIème siècle ou des premières années du XVIIIème ; une petite sacristie de la même époque, la salle capitulaire déjà décrite, avec son vestibule ; une grande salle et deux ou trois autres petites salles formant pavillon en T à l'extrémité Sud. L'église abbatiale, longue d'environ 40 mètres, formait l'aile Nord et se composait d'une nef sans bas-côtés, d'un choeur et d'un large transept à deux arcades dans chaque branche. En dehors d'une de ces branches, conservée comme chapelle actuelle, il ne reste plus de cet édifice que des murs démantelés et la façade principale presque entièrement debout et toute tapissée de lierre laissant voir à peine une porte et une grande fenêtre à plein cintre, avec deux niches à pilastres couronnées de frontons courbes. Sur ce portail se lit ou se lisait autrefois cette inscription prétentieuse, sentant bien son époque : STET . DOMUS . HAEC . DONEC . FLUCTUS . FORMICA MARINOS - EBIBAT . ET . TOTUM . TESTUDO . PERAMBVLET ORBEM ( Dure cette maison jusqu'à ce qu'une fourmi ait bu toute l'eau de la mer ou qu'une tortue ait fait le tour de la terre). On peut voir que ce voeu a été loin d'être réalisé. Cette même inscription se trouve au bas de la chapelle des Ursulines de Quimper, rue Verdelet. Elle porte la date de 1822. Dans la petite chapelle actuelle, se trouve un autel à retable d'un beau travail. On y vénère les ossements précieux et considérables du fondateur saint Maurice, enfermés dans une châsse en bois sculpté et doré, travail très remarquable du temps de Louis XIV. Cette châsse repose sur une table de marbre qui porte une épitaphe en caractères hébraïques (Note : Cette pierre tombale a été transportée du cimetière de Lorient au commencement du XIXème siècle. C'est la tombe d'une jeune fille juive, avec inscription en hébreux du texte de Job : DEUS DEDIT, DEUS ABSTULIT, SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM. Comme elle supporte les reliques de saint Maurice, on fait passer au-dessous les enfants pour les mettre sous sa protection, particulièrement au jour de la fête du Saint, le lundi de la Pentecôte, jour du fameux " pardon des Oiseaux "). Il y a également à signaler un calice en argent et un très beau crucifix en bronze. M. Audran signale, dans le Bulletin de la Société Archéologique (1873, p. 69), une pierre tombale se trouvant dans la sacristie et représentant une dame vêtue d'un manteau de vair ; l'inscription, gravée en caractères du XIIIème siècle, a été lue par M. Le Men, ainsi qu'il suit : HIC. IACET. DNA. MABILIA. QVONDAM. VXOR. DNI. HELGOMARII. CORNVBIE. MILITIS. Les jardins de l'abbaye, bordés d'un côté par l'étang et de face par la chaussée qui les sépare de la rivière, ont ceci de particulier que toutes les encognures des carrés sont ornées d'ifs touffus formant tonnelles et taillés en forme de pièces d'échecs. Dans la grande salle du second étage, donnant sur le jardin et sur l'étang, était la bibliothèque, et cet appartement était aussi appelé la salle du jeu de Siam, sorte de jeu de quilles qui, disposées sur un plan divisé en échiquier, étaient abattues par un disque en bois, lancé par le joueur. Le parquet de cette chambre existe encore avec cette disposition.

Le Cloître de l'ancienne abbaye le Saint-Maurice, en Clohars-Carnoët. "Comme ceux du Relec et de Landévennec, le cloître de Saint-Maurice n'existe plus.... Seul le puits percé dans son enceinte apparaît. Il n'était point placé dans le centre, par exception, mais vers l'un des côtés. Parmi tous les sites délicieux que les moines savaient se choisir pour demeures, on peut citer, comme l'un des plus gracieux, celui de Saint-Maurice. D'un côté on aperçoit de vastes jardins ornés d'ifs séculaires en échiquier, dominant un bras de mer, près duquel est un étang alimentant un moulin. Sur les autres côtés se déroulent des vergers, des prairies, des taillis d'où s'élèvent des arbres de haute futaie. En venant par Quimperlé on arrive à cette ancienne abbaye en traversant la vaste et belle forêt de Carnoët appartenant à l'Etat. Que sont devenus tous les plans primitifs des anciennes abbayes ? Ont-ils été brûlés dans la première Révolution avec les archives des monastères ? Qu'il est regrettable de ne plus les posséder ! actuellement il n'existe plus que des lambeaux d'édifices souvent métamorphosés pour leur nouvelle destination. Cependant un seul plan a pu échapper au ravage, c'est celui de Saint-Maurice. Il date de 1737 et a été relevé par un nommé Gannepon. La date de ce plan parait être celle de la reconstruction des bâtiments claustraux et de la façade actuelle de l'entrée extérieure de l'église. Son échelle est très minime, parce qu'elle n'a été faite que pour le relevé graphique de toute l'étendue de la propriété ; mais elle suffit pour juger de l'importance et de l'emplacement de chacune de ses parties. Je dois à l'obligeance de M. Lorois, qui en est propriétaire, la communication gracieuse de ce plan dont j'ai recollé sur sa vieille toile les parcelles qui tombaient en lambeaux. Je le remercie de l'autorisation qu'il m'a donnée d'en prendre une copie. Préalablement dans les deux visites que j'ai faites à Saint-Maurice, j'avais relevé le plan des édifices encore debout. Le vieux plan d'ensemble m'a permis de compléter les lacunes avec les indications de la destination primitive de chacun des locaux. De tous les édifices antérieurs au XVIIème siècle, il ne reste que des sections de l'église dont la plus reculée, vers l'abside, parait remonter au XIIème siècle. La plus moderne, vers l'entrée extérieure, ne date que du siècle de Louis XIV. Quoique celle-ci soit moins intéressante peur l'archéologue, elle a le mérite de porter le caractère artistique de son époque. On sait que la fondation du monastère date de 1170 et qu'elle est due à la générosité du duc Conan IV. L'église ruinée, à l'exception d'un des bras du transept, n'est pas la seule qui mérite de fixer l'attention de l'antiquaire. Je veux parler de la salle capitulaire du XIIIème siècle, parfaitement conservée, sauf la réfection des croisées de la façade vers la mer à l'époque de la reconstruction des bâtiments d'habitation. Tout en laissant son aspect à la façade extérieure, il serait facile de donner à l'intérieur de cette salle la même physionomie qu'elle avait autrefois. Je ne saurais m'étendre plus longtemps sur la description de tous les locaux, sans sortir de la limite que je me suis proposée touchant les cloîtres principalement ; mais il est difficile de rester toujours dans un cercle étroit, en ne parlant pas un peu d'une partie des monuments qui s'y rattachent. Je reviens donc à mon sujet. On ne saurait préciser le style du cloître puisqu'il n'en reste plus de vestiges. Cependant tout fait supposer qu'il appartenait au XIIIème siècle, parce que la salle capitulaire s'ouvrait sur le cloître et s'y rattachait, ainsi que l'inspection des lieux le fit voir. En y comprenant la largeur de la galerie, le cloître devait avoir 25 mètres sur 23 mètres. Comme il y avait des artistes parmi les moines, ceux-ci n'aimaient pas à copier servilement des exemples produits avant eux, mais ils s'ingéniaient à trouver d'autres modèles. C'est pourquoi si tous les cloîtres du Finistère étaient parvenus jusqu'à nous, combien leur combinaison variée aurait-elle été appréciée par les artistes ! On eût été heureux de faire une collection de leurs plans différents, plus simples que ceux du centre et du midi de la France" (M. Bigot, architecte diocésain).

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