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ABBAYE SAINT-JACQUES DE MONTFORT

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Abbaye Saint-Jacques de MONTFORT - Bédée

Au milieu du XIIème siècle, Guillaume Ier, seigneur de Montfort, et Amice de Porhoët, sa femme, ayant résolu de construire une abbaye aux environs de leur château, ne trouvèrent pas d'endroit plus convenable qu'une plaine située au Nord des buttes de la Harelle, au bord de la rivière du Meu, à une petite distance de Montfort. Mais comme ce terrain faisait partie de la paroisse de Bédée, dépendant de l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, le sire de Montfort demanda tout d'abord à l'abbé de ce couvent, nommé Guillaume, la permission de bâtir en Bédée le monastère qu'il projetait. L'abbé de Saint-Melaine accorda volontiers l'autorisation d'établir en ce lieu un cimetière et d'y construire une abbaye, « cymiterium fieri et abbatiam fundari », à la condition toutefois que les droits de son prieuré de Bédée ne seraient aucunement lésés, et que les moines du nouveau monastère paieraient une rente de 12 écus à l'abbaye de Saint-Melaine (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 613). 

Une fois ce point réglé, Guillaume de Montfort s'occupa de doter le couvent qu'il se proposait d'établir. Il déclara d'abord qu'il le donnerait à l'ordre des chanoines réguliers, et qu'il mettrait à sa tête son propre chapelain, nommé Bernard ; puis il composa la dotation de la nouvelle abbaye de la manière suivante : — la propriété du four de Montfort ; — la dîme d'un nouveau moulin en cette ville ; — la dîme du fromentage, des vignes et des jardins de Montfort ; — la dîme de la forêt de Coulon ; — la moitié des droits de passage à Montfort ; — la vente du pain et du vin en cette ville ; — de nombreuses terres en Gaël et en Illifaut ; — la dîme des revenus en grains et en argent des hôpitaux de Talensac et de Monterfil ; — la terre de Guilhermont avec ses dépendances, en Talensac ; — une autre terre voisine de la forêt de Trémelin ; — un moulin en Romillé ; — la terre d'Orène de la Cour, en Montauban ; — la terre de Geoffroi, en Bédée ; — deux métairies en Breteil ; — enfin, plusieurs terres en Saint-Gilles. De son côté, la dame de Montfort, voulant prendre part à la bonne oeuvre de son mari, donna à la future abbaye : la vente du pain et de la viande en Gaël ; — un moulin en Talensac ; — une terre en Montauban. Enfin, un grand nombre de particuliers complétèrent cette dotation religieuse en donnant également des terres et des rentes dans les paroisses de Talensac, Monterfil, Mauron, Breteil, Gévezé, Irodouer, Bédée, Montfort, Montauban, Gaël, Illifaut, Saint-Léri et Saint-Maugand. C'est ainsi que l'abbaye de Montfort fut fondée et dotée non-seulement par le seigneur et la dame de Montfort, mais encore par de nombreux personnages du pays qui, prêtres ou laïques, voulurent par piété coopérer à son érection et participer aux prières des religieux (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 613, 614). 

Après avoir assuré de la sorte l'existence des chanoines réguliers qu'il appelait près de lui, le sire de Montfort leur fit construire un monastère. Le 1er mai 1152 fut commencée l'église abbatiale de Saint-Jacques : Geoffroy, fils cadet du seigneur de Montfort, posa la première pierre de l'édifice ; Raoul, fils aîné du même seigneur, plaça la seconde ; Guillaume Ier lui-même posa la troisième, et sa femme, Amice de Porhoët, la quatrième. Quatre ans plus tard, cette église se trouvant achevée, saint Jean dit de la Grille, évêque de Saint-Malo, vint visiter le nouveau monastère et il y consacra lui-même le maître-autel du temple. L'année suivante, la veille de la Pentecôte, le pieux fondateur Guillaume, seigneur de Montfort, revêtit l'habit régulier dans le couvent qu'il avait construit, puis il mourut et fut inhumé dans le choeur de l'église abbatiale. Cinq ans s'écoulèrent encore, et en 1162 on vit reparaître à Saint-Jacques de Montfort le bienheureux évêque Jean ; accompagné d'un nombreux cortège, il traça et bénit le cimetière de la nouvelle abbaye, puis il institua premier abbé de Montfort, Bernard, qui jusqu'alors n'avait porté que le titre de prieur. En cette circonstance, Amice, dame de Montfort, fit don aux religieux de la terre d'Isacar Rogel. La même année, Raoul, seigneur de Montfort, sentant approcher sa dernière heure, donna à l'abbaye de Saint-Jacques la terre de Magoir et le fief de Pasquer ; puis il mourut et fut inhumé dans le choeur de l'église abbatiale, auprès du tombeau de son père (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 615). L'abbaye de Montfort était fondée. Il est impossible de rapporter ici les nombreuses donations faites en sa faveur durant les XIIème et XIIIème siècles ; elles témoignèrent de l'intérêt qu'inspirait ce monastère et consolidèrent définitivement son établissement.

La règle suivie par les religieux de la nouvelle abbaye fut empruntée par son premier abbé Bernard à l'abbaye d'Aroaise, en Artois, fondée vers 1090 par Heldemar de Tournay. C'était la plus austère de toutes les règles monastiques de ce temps-là. Les chanoines réguliers qui la suivaient étaient habillés de blanc, ne mangeaient jamais de viande, ne portaient point de linge et gardaient continuellement un étroit silence (Héliot, Histoire des Ordres religieux, II, 107). Dom Martène a donné au public, dit D. Morice, cette observance rigoureuse sous le nom de Coutumes des chanoines réguliers de Saint-Jacques de Montfort. Elle fut exactement suivie pendant plusieurs siècles, mais le relâchement s'introduisit dans le monastère de Montfort avec les commendes. Lorsqu'en 1610 Jean de Tanouarn prit possession de cette abbaye, il vit, en effet, qu'une réforme y était absolument nécessaire, mais il ne trouva point ses religieux disposés à l'accepter. Pendant vingt ans il lutta en vain contre l'esprit mondain qui avait remplacé à Saint-Jacques les grandes austérités des premiers chanoines. Bientôt la maison se trouva « dépourvue de religieux, tant par suite de la mort de ceux qui y étaient que par la retraite et résidence des autres en leurs bénéfices ». Il fallait, en effet, administrer les paroisses relevant de l'abbaye, et l'abbé ne recrutait point de nouveaux sujets, ne voulant pas les laisser suivre les errements des anciens. La pénurie en vint au point que le service divin faillit être interrompu dans l'abbaye, et que Jean de Tanouarn fut contraint d'admettre dans son église abbatiale des prêtres séculiers qui le faisaient « peu décemment » ignorant les usages et règles du monastère. Dans cette extrémité, l'abbé de Montfort s'adressa à des abbayes étrangères, demandant de nouveaux religieux. Mais là encore de nouvelles difficultés : les bâtiments claustraux de Saint-Jacques paraissaient aux étrangers « peu sortables et peu commodes, dans une situation malsaine, et les revenus semblaient trop modiques pour la communauté nécessaire » (Lettres de Jean de Tanouarn à l'évêque de Saint-Malo - Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). Cependant Jean de Tanouarn ne se découragea pas, et, après avoir frappé en vain à plusieurs portes, il finit par être écouté de la Congrégation de Sainte-Geneviève. Le 26 août 1636, l'abbé de Montfort signa un concordat avec Charles Faure, général de la Congrégation des chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin en France et abbé-coadjuteur de l'abbaye de Sainte-Geneviève-du-Mont à Paris ; par suite de cet acte, le couvent de Saint-Jacques de Montfort fut uni à celui de Sainte-Geneviève, et quelques religieux de ce dernier monastère vinrent résider à Montfort et y rétablirent l'observance régulière, selon les statuts de la Congrégation (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). Le 28 mai 1638, l'abbé de Tanouarn obtint d'Achille de Harlay, évêque de Saint-Malo, l'approbation de ce qu'il venait de faire. Ce prélat bénit les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève appelés à Montfort et régla que l'abbé de Saint-Jacques aurait le droit de porter toujours le camail, le rochet, la croix et l'anneau, indépendamment des autres ornements pontificaux accordés aux abbés ses prédécesseurs (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Saint-Malo). Cette réforme salutaire introduite à Saint-Jacques de Montfort y persévéra jusqu'à l'époque de la Révolution.

Voyons maintenant ce qu'était l'abbaye de Montfort au XVIIème siècle, et pour cela analysons les déclarations des seigneurs de Montfort, héritiers de son fondateur, et les aveux des abbés eux-mêmes. « En la paroisse de Bédescq, — dit la déclaration du comté de Montfort en 1682, — est située la maison abbatiale de Montfort, sous le titre et patronage de saint Jacques, avec l'église et enclos de murs, logements et bâtiments de l'abbé (nota : le logis de l'abbé, ou manoir abbatial, fut démoli en 1764) et des chanoines réguliers, jardins, vergers, bois de haute futaie, terres arrables et non arrables, et en général toutes ses appartenances et dépendances ; avec droit de colombier, moulin, fiefs s'extendant tant en ladite paroisse de Bédescq qu'en autres dans l'étendue des bailliages de Montfort, de Montauban et de Gaël ; les appellations desquelles juridictions ressortissent en la juridiction dudit Montfort. Pour raison de quoy les sieurs abbé et prieur sont obligés de célébrer ou faire célébrer deux messes chaque jour et faire autres prières et oraisons à l'intention des seigneurs comtes de Montfort, et de faire les aumosnes aux pauvres qui se présentent aux portes de ladite abbaye ; à charge, en outre, de payer par chacun an, de rente, à ladite seigneurie de Montfort, la somme de 9 livres. Dans laquelle église (de l'abbaye) le seigneur de Montfort a ses tombes et enfeus, bancs et accoudoirs, droit de ceinture et lizière, dedans et dehors, armoiriées de ses armes ainsi que les vitres d'icelle église, et dans la salle de l'ancien Chapitre de ladite abbaye se voient encore les tombes des anciens comtes de Montfort et celle de la reine de Sicile et Jérusalem, fille du seigneur comte de Montfort et de Laval » (Archives départementales de la Loire-Inférieure). Mais si les chanoines réguliers de Montfort tenaient tout, dans l'origine, de la générosité des sires de Montfort, il n'en était pas moins arrivé, par la succession des siècles, que leur abbé devait rendre hommage au roi et reconnaître que de lui relevaient le monastère et ses dépendances ; c'est donc aux aveux rendus directement au roi que nous allons emprunter les détails suivants : Les chanoines réguliers de Montfort possédaient, outre leurs monastère, église, colombier, jardins et pourpris : une ancienne vigne et un pressoir, situés en Breteil ; — un ancien étang, converti en prairie, situé en Bédée ; — plusieurs autres prairies, un petit bois de haute futaie et des viviers, le tout avoisinant le monastère ; — un moulin à vent proche l'abbaye ; — deux moulins à eau sur le Meu, joignant les fossés de la ville de Montfort ; — la chapelle et la métairie de Guilhermont, en Talensac ; — la chapelle de Saint-Barthélemy du Pré-à-l'Aoust, en Iffendic. Les dîmes auxquelles ils avaient droit étaient : le total des grosses dîmes en Romillé ; — la moitié des grosses dîmes en Monterfil ; — un tiers des grosses dîmes en Talensac ; — les deux tiers du trait du Bourg, en Saint-Malon ; — les dîmereaux de Guégallon et de Trégouët, en Gaël ; — les dîmereaux de Launay et de Guilhermont, en Iffendic ; — un dîmereau en Landujan. Diverses rentes étaient dues par plusieurs seigneurs à l'abbaye, savoir : par le seigneur de Montfort, 18 livres 10 sols monnaie, 6 mines de seigle et 3 mines de froment, mesure de Montfort ; — par le seigneur de Combourg, 6 mines de froment, mesure de Combourg, rendues au grenier abbatial ; — par le seigneur de Montauban, 5 mines de froment, mesure de Montauban ; — par le seigneur de Saint-Gilles, 30 boisseaux de froment, mesure de Montfort ; — par le seigneur de Bécherel, une mine de froment, mesure de Bécherel ; — par le seigneur de Plélan, 50 livres monnaie ; — par le seigneur de Martigné-Ferchaud, 10 livres. Venaient ensuite les fiefs sur lesquels s'exerçait la juridiction abbatiale, et qui produisaient aussi quelques rentes en argent et en grains : 1° le Grand Bailliage de Breteil, valant 68 livres tournois, 2 chapons et 27 mines de froment, à 8 boisseaux par mine, mesure de Montfort ; — 2° le bailliage de Montfort, s'étendant dans les trois paroisses de cette ville, et valant 16 livres 19 sols 11 deniers et 39 boisseaux de froment ; — 3° le bailliage de Bédée, s'étendant ès paroisses de Bédée, Pleumeleuc, Irodouer, Montauban, Boisgervilly, Iffendic, Le Lou, la Chapelle-du-Lou, mais ne valant guère que 23 boisseaux de froment, outre quelques deniers incertains et égarés ; — 4° le bailliage de Romillé, ne rapportant que 4 livres 5 sols et 6 boisseaux de froment, 3 mines de seigle et 5 mines d'avoine, mais jouissant des mouvances nobles de Houssine et de Vaunoise : le seigneur de Houssine devait aux religieux 3 boisseaux de froment et 4 sols 6 deniers obole, et le seigneur de Vaunoise 22 sols de rente, « payable le jour de la Nativité de la Vierge, au pied de la croix sise au cimetière de Bédescq, à l'issue de la grand'messe » ; — 5° le bailliage de Langan, valant 6 sols 8 deniers ; — 6° le bailliage de Monterfil, s'étendant en Monterfil, Iffendic et Paimpont, valant 69 sols 2 deniers et 14 boisseaux de froment ; — 7° le bailliage de Talensac, rapportant 12 livres 15 sols et 12 boisseaux et demi de froment ; — 8° le bailliage de la Morlais, en Cintré, valant une mine de froment ; — 9° le bailliage de Saint-Barthélemy, en Iffendic, valant 30 sols ; — 10° le bailliage de la Brientais, en Guipry, rapportant 30 sols 4 deniers et 22 ratices d'avoine ; — 11° le bailliage de Gaël, s'étendant en Gaël, Muel, Concoret, Mauron, Saint-Liry et Illifaut, valant 11 livres et un demi-boisseau d'avoine. « Et à raison desdits fiefs lesdits abbé et chanoines déclarent avoir droit de communs, de justice haute, basse et moyenne, tout ferme droit et exercice de juridiction par juges, sénéchal, alloué et autres officiers que lesdits abbé et Chapitre créent et instituent, laquelle juridiction tient et s'exerce à Montfort au tribunal d'icelle ville, comme aussi à Gaël et à Guipry aux auditoires desdits lieux ». Enfin, les chanoines réguliers de Montfort jouissaient de divers droits et privilèges féodaux dont voici l'énumération : « Droit de bateau, chalannage et pesche en la rivière du Meu, depuis les moulins de Montfort jusques au gué du Magoir ; — droit de bouteillage sur les vins, cidres et autres breuvages qui se vendent en détail en la ville et forsbourgs de Montfort, à raison de trois pintes par chacune pipe ; — droit de coustume appelée la maille-à-l'abbé, qui se lève sur les boulangers vendant pain en la cohue et boulangerie de Montfort ; — droit de trépas ou passage dans le faubourg Saint-Nicolas de Montfort ; — droit de préférence au marché dudit Montfort ; — droit en la ville et cohue de Gaël de prendre et exiger chacun an, aux jours de l'Ascension et de Saint-Symphorien, le premier quartier de mouton qui sera exposé en vente èsdites ville et cohue ». L'abbaye de Montfort avait aussi des droits d'usage fort importants dans la forêt de Brécilien ou de Paimpont et dans celle de Montfort, qui jadis en faisait partie. Dans la forêt de Brécilien, elle avait à l'origine droit de « pasnage, pesson et herbage », d'usage de bois de chauffage et de bois à merrain dans le quartier de la Haute-Forêt, à cause de sa métairie de l'Hermitage, en Campénéac, et dans le quartier de Lohéac, à cause de son prieuré de Saint-Péran, en Paimpont ; — dans la forêt de Montfort, elle jouissait des mêmes droits dans les quartiers de Coulon et de Tremelin, à cause du monastère de Saint-Jacques, et dans le quartier de Coulon seulement à cause de la chapelle de Guilhermont (Usements de la forêt de Brécilien en 1467). Mais les chanoines réguliers perdirent avec le temps une grande partie de ces droits, surtout lorsque les seigneurs de Montfort vendirent leurs forêts ; aussi la déclaration de l'abbé de Montfort en 1683 s'exprime-t-elle comme suit : « Déclarent lesdits abbé et religieux qu'eux et leurs prédécesseurs ont cy-devant eu droit d'usage dans la forêt de Brécilien, appartenant aux seigneurs de Montfort, tant de bois de chauffage et à four que de tout autre bois nécessaire à bastir et réparer les églises, chapelles, métairies, maisons et édifices de leur abbaye et dépendances d'icelle ; lequel droit lesdits religieux ont été contraints d'abandonner lorsque le comte de Montfort a vendu à divers particuliers ladite forêt ; en sa place ils ont reçu pour triage un canton de la même forest situé entre la chapelle de Guilhermont et le village de l'Asnière, contenant ledit canton 178 journaux de terre » (Archives départementales de la Lore-Inférieure). 

Ce que nous venons de voir prouve l'ancienne importance relative de l'abbaye de Montfort, possédant des biens ou des droits dans trente-deux paroisses, mais démontre en même temps les pertes que ce monastère avait subies dans la suite des âges : ses religieux ne possédaient plus en réalité que peu de chose, au XVIIème siècle, dans les nombreuses localités dont les noms rappelaient encore les fondations faites primitivement en leur faveur. Aussi l'abbaye de Saint-Jacques était-elle loin d'être riche. En 1728, le prieur conventuel, frère de la Rhotière, déclara au bureau diocésain de Saint-Malo que tous les revenus de l'abbaye de Montfort, tant ceux de la mense conventuelle que ceux de la mense abbatiale, ne montaient qu'à 6550 livres 1 denier, et que les charges, y compris la pension de 2000 livres due à l'abbé commendataire, s'élevaient à 3865 livres 14 sols 10 deniers. Il ne restait donc que 2684 livres 5 sols 3 deniers pour la subsistance des huit religieux qui composaient l'abbaye (Etat des bénéfices de Saint-Malo). De son côté, l'abbé de Montfort n'avait que 2000 livres de revenu, toutes charges déduites, comme nous venons de le dire ; cependant il payait en cour de Rome 105 florins pour ses lettres de provisions, et l'on supposait qu'il avait au moins 2500 livres de rente (Bibliothèque Nationale, ms. franç., n° 22358). On ne pouvait pas, comme l'on voit, reprocher leurs richesses aux religieux et à l'abbé de Montfort, car la médiocrité de leurs revenus frisait la pauvreté. D'après une note du P. Le Large, avant l'abbé Geoffroy Le Maynard, mort en 1296, l'abbaye de Montfort avait un sceau représentant « le portail de l'église patriarchale de Jérusalem avec l'image de saint Jacques placée au milieu de la principale porte, en habits pontificaux » (Bibliothèque Nationale, ms. franç., n° 22358). Un autre sceau de l'abbaye, en 1303, est appendu à l'acte d'adhésion que donna à cette époque le monastère au procès du pape Boniface VIII. Ce sceau est rond et représente un évêque (vraisemblablement saint Jacques) se tenant debout et bénissant deux personnages agenouillés à ses pieds ; légende : + SIGILLV CAPLI ABBIE M...... (Sigillum capituli abbatie Montisfortis) (Archives départementales de la Loire-Inférieure). Enfin, un sceau de 1453, dont il ne reste plus qu'un débris, représente également deux moines agenouillés devant leur saint patron ; la légende manque. En 1698, l'abbaye de Montfort fit enregistrer les armoiries suivantes : d'azur à une montagne d'or, surmontées de trois coquilles de même rangées en chef (Armorial général ms. de 1698). Fondée en 1152 et détruite par la Révolution en 1790, l'abbaye de Saint-Jacques de Montfort eut donc une existence de 638 ans. Vendus nationalement, ses bâtiments claustraux furent sécularisés ; plus tard, ils furent heureusement rachetés par les anciennes Ursulines de Hédé, qui y fondèrent un établissement existant encore à la fin du XIXème siècle ; depuis 1829, ce monastère fait partie de la paroisse de Montfort. A la fin du XIXème siècle, il ne reste plus guère des anciens bâtiments des chanoines réguliers de Montfort que l'église jadis abbatiale ; ce n'est pas l'édifice primitif consacré par saint Jean-de-la-Grille, et complètement disparu. Reconstruite, comme on l'a vu, par les abbés Jean de Belleville, Raoul Le Molnier et Raoul Dolnoir au XIVème siècle, l'église actuelle ne fut consacrée qu'en 1428, sous l'abbé Harel, par Guillaume de Montfort, évêque de Saint-Malo, mort cardinal de Sainte-Anastasie. C'est un monument de style ogival rayonnant formant une simple croix, dont le portail et le transept surtout rappellent la belle architecture du XIVème siècle. De nombreuses voussures ornent le portail et retombent sur de charmantes colonnettes sculptées dans le granit ; le tympan trilobé est fort élégant, et au-dessus s'ouvrait jadis une jolie fenêtre à meneaux et à quatrefeuilles présentement murée. Inutile, au reste, d'entrer dans cette église : on a coupé la nef par un plafond pour établir des dortoirs, et, par suite de cet acte de vandalisme, le temple du moyen-âge a perdu tout son cachet architectural (Abbé Guillotin de Corson) ;

 

Liste des abbés de l'abbaye de Montfort :

01 — BERNARD, d'abord chapelain du sire de Montfort, puis nommé prieur du monastère naissant, en 1152, et enfin bénit abbé par saint Jean-de-la-Grille en 1162, se rendit recommandable par ses vertus, qui lui valurent l'amitié du bienheureux évêque de Saint-Malo. On ignore l'année de sa mort, mais le Nécrologe de Montfort fixe son décès au 22 septembre. Le P. Le Large dit que Bernard ordonna d'inhumer son corps dans la muraille extérieure de son église abbatiale, ce qui fut exécuté ; il ajoute qu'on voyait encore de son temps le tombeau de cet abbé. 

02 JEAN DE VAUNOISE appartenait à une famille noble qui possédait le manoir de Vaunoise, en Romillé, et qui portait : d'argent à l'aigle de sable armée, membrée et becquée de gueules. Il souscrivit à un traité conclu entre Rolland de Dinan et Guillaume, abbé de Saint-Melaine ; or, il n'est plus question de ce dernier abbé en 1180, ce qui montre que Jean de Vaunoise avait succédé à Bernard avant cette année-là. Son mérite le fit choisir pour arbitre entre l'évêque d'Angers et les moines de Saint-Serge, et entre celui de Saint-Malo et ceux de Marmoutiers ; il fut même élu archevêque de Dol en 1188, mais il mourut deux ans après et fut inhumé au milieu de la nef de l'église abbatiale de Montfort, où l'on voyait encore son tombeau au XVIIème siècle. 

03 BRECEL. Le pape Célestin III nomma successeur de Jean de Vaunoise, sur le siège abbatial de Saint-Jacques, Tual, prieur de Paimpont et religieux bénédictin. Mais les chanoines réguliers de Montfort, craignant que Tual changeât la règle de leur monastère, refusèrent de le recevoir et élurent abbé Brécel, qui ne fit que passer, comme nous allons voir ; peut-être même son élection ne fut-elle pas maintenue ; ce Brécel est seulement nommé dans le Nécrologe de Montfort au 22 avril. 

04 GUILLAUME DE SAINT-MAUGAND reçut d'un Jean, archevêque de Dol, qu'on croit être Jean de Vaunoise, l'église de la Nouaye. Comme Jean de Vaunoise mourut en 1190, cette donation prouve d'abord que Brécel fut peu de temps abbé de Montfort, et, de plus, que le prélat dolois ne reconnaissait point pour son successeur à Montfort le prieur bénédictin Tual, qui prétendait toujours à la dignité abbatiale. C'est encore à l'abbé Guillaume qu'en 1198 Geoffroy, seigneur de Châteaubriant, donna le prieuré de Saint-Michel-des-Monts, qu'il venait de fonder près de son château. Le Nécrologe de Montfort fait mention de cet abbé au 20 janvier. 

05 TUAL. Mis de côté pendant une dizaine d'années par les chanoines de Montfort, Tual finit par être accepté par eux en qualité d'abbé vers 1199, soit parce que, Guillaume de Saint-Maugand étant mort, il promit de ne pas changer la règle de Saint-Jacques, soit parce qu'il embrassa lui-même cette règle, soit enfin parce que, du vivant peut-être même de Guillaume, il ait été imposé d'office par le Saint-Siège. Quoi qu'il en soit, il signa en qualité d'abbé plusieurs actes en 1199 et 1200. C'était bien à tort, au reste, que les religieux craignaient cet abbé étranger, car au lieu d'introduire la règle de saint Benoît à Montfort, comme on le redoutait, il fit au contraire adopter celle de Montfort par les moines de Paimpont ; il était, en effet, resté prieur de cette maison pendant tout le temps qu'on avait refusé de le recevoir à Montfort. Il gagna ainsi l'affection des chanoines réguliers et mourut le 24 février, selon le Nécrologe de Paimpont, ou plutôt le 11 mai, d'après le Nécrologe de Montfort, mais on ignore en quelle année. 

06 R....... , abbé de Saint-Jacques, fut l'un des arbitres du différend que Raoul de Montfort eut en 1210 avec Eudon, son fils ; mais M. Hauréau pense que cet abbé, dont le nom ne figure point dans les anciens Catalogues, est le même que Robert de Saint-Gonlay, qui gouvernait en 1220. 

07 GUILLAUME DE PONTOINT transigea en 1216 avec l'abbé de Saint-Melaine sur les droits de la chapelle de la Bretonnière, en Pacé. Il mourut le 26 mars 1217, selon le Nécrologe de Montfort. 

08 EVEN ordonna en 1217 qu'on célèbrerait désormais tous les ans, le 3 novembre, un anniversaire pour les pères et mères des chanoines de son abbaye. Il mourut le 12 avril 1219, suivant le Nécrologe

09 ROBERT DE SAINT–GONLAY transigea en 1220 avec le sire de Combourg et reçut en 1224 de l'évêque de Rennes l'église paroissiale de Bourg-des-Comptes ; ce don fut l'origine du prieuré de Saint-Moran de Rennes. Robert fit en 1235 une association de prières avec l'abbaye de Toussaints d'Angers. Il mourut le 27 septembre, d'après le Nécrologe de Montfort, mais on ignore en quelle année. 

10 RAOUL DE SAINT–GONLAY, neveu du précédent, lui succéda sur le siège abbatial de Montfort, mais nous ne connaissons ni l'année de son élection ni celle de sa mort. On sait seulement qu'en 1265 il renouvela l'association de prières faites précédemment entre son abbaye et celle de Toussaints d'Angers, et qu'il décéda le 31 octobre. 

11 GEOFFROY LE MAYNARD. On attribue à cet abbé quelques règlements faits pour rétablir l'observance dans son monastère, en conséquence d'une visite qu'y fit en 1293 Renaud, archevêque de Tours. Geoffroy mourut le 21 ou le 22 octobre 1296. Il avait pour armoiries, dit le P. Le Large, trois écussons, deux en chef, un en pointe

12 JEAN DE BELLEVILLE apparaît en qualité d'abbé de Montfort en 1296. Il commença la reconstruction de son église abbatiale, dont il acheva le choeur, ce qui fiat que le Nécrologe de Montfort l'appelle le restaurateur de cette église. Il mourut le 2 janvier, mais on ne sait pas en quelle année. 

13 RAOUL LE MOLNIER, prieur de la Bretonnière, en Pacé, succéda à Jean de Belleville. Nommé exécuteur testamentaire de Raoul, seigneur de Montfort, décédé en 1314, il se démit de cette commission. Il continua les travaux de son église abbatiale et mourut le 13 juin 1332, selon le Nécrologe de son église. 

14 RAOUL DOLNOIR, docteur en décrets, eut l'honneur d'achever l'église de son monastère. Il mourut le 27 juin 1360. 

15 RAOUL QUERNON vel QUINOU, prieur de Baulon, fut nommé abbé de Montfort par lettres apostoliques du 14 octobre 1360 ; il ne tint son abbaye que deux ans et mourut en 1362 (Gallia christ., XIV, 1027). 

16 PIERRE ADELINE fut élu en 1362. Son nom figure honorablement dans plusieurs chartes de l'époque ; il mit d'accord les abbés de Paimpont et du Pont, favorisa l'université d'Angers, et mourut dans cette ville le 12 septembre 1401. Son corps fut inhumé dans l'église des Cordeliers d'Angers, au choeur, du côté de l'évangile. 

17 GUILLAUME GUIHO appartenait à une famille noble de Pipriac, qui possédait en cette paroisse les manoirs de la Pipelaye et de Launay et qui portait : un chevron accompagné de trois annelets. Il était abbé de Paimpont lorsque les chanoines de Montfort le placèrent à leur tête. Il obtint, en 1406, des lettres de sauvegarde pour l'abbaye de Montfort et mourut le 13 novembre 1410, d'après le Nécrologe de Paimpont. 

18 BERTRAND HAREL, sorti d'une famille noble de Landujan, qui possédait en cette paroisse les manoirs de la Bruyère et du Plessix-Coudray, était prieur de Romillé lorsqu'il fut élu abbé en 1410. Le pape Jean XXIII confirma cette élection et recommanda Bertrand à Jean V, duc de Bretagne, par ses lettres du 12 février 1411. Cet abbé fit consacrer l'église de son monastère, en 1428, par Guillaume de Montfort, évêque de Saint-Malo, et fils de Raoul, seigneur de Montfort. Bertrand mourut le 28 janvier 1448. 

19 ROBERT HUBERT appartenait à la famille Hubert de la Hayrie, qui porte : d'argent à trois jumelles de gueules (M. de Courcy, Nobiliaire de Bretagne). Cet abbé rendit aveu au roi en 1453 et obtint, par l'entremise du cardinal breton Alain de Coëtivy, l'usage des vêtements pontificaux, dont ses prédécesseurs ne se servaient point. Il décéda le 23 novembre 1463. 

20 JEAN DE LA DOUESNELIERE était fils de Guillaume de la Douesnelière, seigneur du Fail. On ne sait absolument rien d'autre chose de cet abbé, qui mourut le 13 octobre 1472.

21 BERTRAND DE LA DOUESNELIERE, oncle du précédent abbé, lui succéda, non pas en 1478 seulement, comme le dit D. Morice, mais probablement dès 1472 ; on le voit, en effet, rendre aveu au roi en 1474 et plaider en 1477 la cause de son abbaye devant le sénéchal de Montfort. Il mourut le 26 avril 1484. 

22 BRIENT DE LA DOUESNELIERE, neveu de l'abbé Jean, obtint le 16 août 1485 la permission de mettre en exécution les lettres apostoliques qu'il avait reçues pour l'abbaye de Montfort. Mais les chanoines de ce monastère lui opposèrent Guillaume Piedevache, dont l'élection fut ratifiée par l'évêque de Saint-Malo ; de son côté, le duc de Bretagne François II avait demandé au Pape l'abbaye pour Gilles de Coëtlogon, chanoine régulier. Toutefois cette démarche n'eut pas de suite, parce que le Pape avait déjà expédié les provisions de Brient de la Douesnelière, qui demeura paisible possesseur par la cession de Guillaume Piedevache en 1486. Cependant, un an plus tard, Brient de la Douesnelière abdiqua la dignité d'abbé (1487), et l'on ne sait ce qu'il devint ensuite. Il semble avoir été le premier abbé commendataire de Montfort. 

23 GILLES DE QUEBRIAC, sorti de la noble famille des sires de Québriac, qui portaient : d'azur à trois fleurs de lys d'argent, était protonotaire apostolique et doyen de l'Eglise de Saint-Malo lorsque le pape Innocent VIII le nomma abbé commendataire de Montfort (1487). On ignore les détails de son existence ; il mourut le 16 décembre 1508 et fut inhumé dans le choeur de son église abbatiale. 

24 GUY LE CLERC DE JUIGNE appartenait à la famille des marquis de Juigné, qui portent : d'argent à la croix engreslée de gueules, cantonnée de quatre alérions de sable. Il était chanoine régulier et déjà abbé de la Roë, en Anjou, conseiller et aumônier de la reine Anne de Bretagne, lorsqu'il obtint en commende l'abbaye de Montfort (1509). M. de Courcy ajoute qu'il fut aussi abbé de Saint-Aubin-des-Bois et aumônier de la reine Claude. Nommé évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1514, Guy Le Clerc se démit de cet évêché en 1521 et se retira dans son abbaye de la Roë, où il mourut le 11 mai 1523. 

25 GUILLAUME DE CACE sortit, semble-t-il, des seigneurs de Cacé, en la paroisse de Saint-Gilles, qui portaient : d'argent à une merlette de gueules, au chef d'or chargé de trois croisettes de sable. Chanoine régulier, il fut élu abbé par ses confrères de Montfort en 1523 ; mais le Pape, dit D. Morice, ne voulut lui accorder que des bulles d'abbé commendataire. Sur les entrefaites, François de Laval, fils naturel de Guy XVI, comte de Laval et de Montfort, disputa à Guillaume de Cacé l'abbaye de Montfort, et fut maintenu dans ses prétentions par lettres de la chancellerie en 1525. Nonobstant ce jugement, il paraît, par un ancien compte autrefois conservé aux archives de Montfort, que les deux prétendants s'accommodèrent et partagèrent ensemble les revenus de l'abbaye de Montfort. Au reste, François de Laval ne tarda pas à devenir évêque de Dol et abbé de Paimpont. Guillaume de Cacé mourut à Montfort le 8 juillet 1535, et son successeur, protégé par la famille de Laval, n'eut rien à redouter de l'évêque de Dol. 

26 CHARLES PINEAU descendait, selon M. de Courcy, d'une famille noble du pays de Retz qui portait : d'argent à la fasce de sable, chargée de trois pommes de pin d'argent et accompagnée en pointe d'une pomme de pin de sable. C'était un religieux dominicain, docteur en théologie et célèbre prédicateur. Il fut nommé abbé de Montfort à la recommandation du comte de Laval, seigneur de Montfort, mais le Pape ne lui accorda ses bulles qu'à la condition qu'il embrasserait l'observance de son abbaye. Charles Pineau accepta et fut bénit abbé de Montfort, dans l'église des Dominicains d'Angers, le 28 avril 1538, par Jean, évêque d'Angers, assisté de François, abbé de Toussaints, et de Pierre, abbé de Saint-Crépin de Soissons. Le nouvel abbé prêta serment au roi le 21 mai 1541. François de Laval, évêque de Dol, fut très-favorable à Charles Pineau ; renonçant à toutes prétentions sur Montfort, il fit de cet abbé d'abord un chanoine de Dol et son vicaire général, puis son auxiliaire en lui procurant la dignité épiscopale et le titre d'évêque de Castorie in partibus. Mgr Pineau mourut à Dol au mois de mars 1549 et y fut inhumé. 

27 ROLLAND DE NEUVILLE naquit, en 1530, de Régnault de Neuville, seigneur du Plessix-Bardoul, en Pléchâtel, gouverneur du comté de Montfort, et de Charlotte Ruffier ; sa famille portait : de gueules au sautoir de vair. Il fut pourvu en 1550 de l'abbaye de Montfort, pour laquelle il rendit aveu au roi en 1561. L'année suivante il devint évêque de Saint-Pol-de-Léon, mais il conserva néanmoins son abbaye, qu'il gouverna jusqu'en 1609, époque à laquelle il abdiqua en faveur de son neveu. Mgr de Neuville mourut à Rennes, comme le prouve son épitaphe ainsi conçue : Cy gist Messire Rolland de Neufville, puisné de la maison du Plessix-Bardoul, en son vivant évesque de Léon, lequel décéda en la ville de Rennes, le 5e jour de febvrier 1613, âgé de 83 ans, et fut enterré le 17e jour de mars, ayant possédé l'abbaye de Saint-Jacques de Montfort 61 ans et ledit évesché 51, le laissant par sa vigilance sans hérétiques (Abbé Tresvaux, Eglises de Bretagne). 

28 JEAN DE TANOUARN, neveu du précédent, était fils de Christophe de Tanouarn et de Rollande de Neuville, seigneur et dame du Plessix-Bardoul. Les armoiries de sa famille étaient : d'azur à trois molettes d'or. Il reçut ses bulles d'abbé commendataire en 1609, sur la résignation de son oncle, et prit possession de son monastère le 10 janvier 1610. Cet abbé assista fort exactement aux assemblées des Etats de Bretagne et y présida même l'ordre du clergé en 1640. Nommé coadjuteur de l'évêque de Léon, puis évêque de Dol, il refusa ces dignités, ne voulant pas résigner Montfort et persuadé que la pluralité des bénéfices était illicite. C'est à ce pieux abbé qu'est dû l'honneur d'avoir introduit la réforme de Sainte-Geneviève dans l'abbaye de Montfort en 1638. Jean de Tanouarn mourut, le 17 septembre 1663, au manoir du Plessix-Bardoul, en Pléchâtel ; son corps fut transporté à Montfort et inhumé au pied du sanctuaire de l'église abbatiale. 

29 JEAN D'OBHEIL, né à Moulins, en Bourbonnais, nommé abbé commendataire de Montfort, prit possession le 26 février 1665 et assista en 1669 aux Etats de Dinan. Il fut, en 1674, nommé évêque d'Orange et sacré dans l'église des Célestins de Paris, en 1677. Il rendit aveu au roi pour son abbaye de Montfort le 28 janvier 1682 et mourut au mois d'août 1720. 

30 RENE-AUGUSTE DE MARBOEUF appartenait à une noble famille poitevine établie à Rennes, portant : d'azur à deux épées d'argent garnies d'or et passées en sautoir, les pointes en bas. Il n'était que clerc tonsuré et prieur de Massérac lorsqu'il fut nommé, le 8 janvier 1721, abbé de Montfort ; il prit possession du monastère le 30 juillet suivant. Mais ayant été pourvu en 1724 de l'abbaye de Langonnet, vacante par la mort de son oncle, René de Marboeuf résigna l'abbaye de Montfort. Devenu abbé de Langonnet, aumônier de la reine et vicaire général de Rouen, il fut encore l'un des préposés à l'éducation du Dauphin ; il mourut en 1754. 

31 LOUIS-EMMANUEL DE CHAMPLAIS descendait d'une famille noble portant : d'argent à trois fasces de gueules surmontées de trois aigles de sable. Il était clerc tonsuré du diocèse de Vannes lorsqu'il fut pourvu, le 12 mars 1725, de l'abbaye de Montfort, dont il ne prit possession que deux ans après, le 8 septembre 1727. Il devint en même temps chanoine de la collégiale de Guérande et conserva son abbaye pendant soixante-et-un ans, n'étant mort qu'en 1786 ; il habitait ordinairement son manoir du Plessix-d'Assérac, au diocèse de Nantes. 

32 CLAUDE FAUCHET naquit en Nivernais et fut d'abord précepteur dans la famille de Choiseul, puis prêtre à Saint-Roch de Paris, où l'archevêque le frappa d'interdit. Il n'en devint pas moins prédicateur du roi Louis XVI, vicaire général de Bourges et prieur de Saint-Nicolas de Josselin. Nommé, le 21 avril 1787, abbé de Montfort, il prit possession de ce bénéfice le 8 août suivant. Malheureusement, Claude Fauchet embrassa complètement le parti de la Révolution ; il devint évêque constitutionnel de la Manche et fut député à la Convention. Ayant embrassé le parti des fédéralistes, il déplut aux terroristes, qui le firent condamner à mort et décapiter le 31 novembre 1793. Avant de mourir, il revint à de meilleurs sentiments et témoigna le plus sincère repentir (abbé Guillotin de Corson).  

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