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ABBAYE SAINT-PIERRE DE RILLE

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Abbaye Saint-Pierre de RILLE - Fougères

Auffroy, fils de Méen, seigneur de Fougères, fonde en 1024, suivant Ogée, une collégiale dans l'église de Saint-Pierre de Rillé. Certains historiens prétendent que Henri de Fougères, fils de Raoul, sire de Fougères, et de Havoise de Bienfait, fait de ce collège une abbaye située dans un faubourg de Fougères, diocèse de Rennes, et il la donne aux Chanoines réguliers qu'il appelle d'ailleurs. On ne sait en quelle année il forme cet établissement, ni quel en fut le motif. Ce qui nous paraît certain, c'est que le seigneur, "chassant dans la forêt de Fougères en 1150, fut attaqué de la maladie dont il mourut. Il se fit transporter dans son château de La Foresterie, près du bourg de Landéan, où il appela tous les clercs, ses enfants, ses barons, et une partie de ses sujets pour leur déclarer ses dernières volontés. Il recommanda sur toutes choses à Raoul, son fils aîné, de protéger l'abbaye de Rillé et toutes ses dépendances. Après avoir réglé ses affaires domestiques, il prit l'habit de l'ordre de Cîteaux, avec le consentement de sa femme, et s'engagea dans la communauté de Savigni, où il mourut la même année". Les chanoines de Notre-Dame, restés en possession, après de longue luttes, de la chapelle Notre-Dame située à l'intérieur du château de Fougères construit vers 1024 par Auffroy, adoptent au milieu du XIIème siècle la règle de saint Augustin et se retire du côté du faubourg de Rillé (anciennement dans la paroisse de Lécousse) où ils édifient une abbaye dédiée à saint Pierre. Cette abbaye (abbatia Sancti Petri de Relleyo ou Relejo) est fondée pour huit chanoines réguliers et produit à son abbé un revenu annuel de 3 000 francs. La chapelle Notre-Dame du château devient un prieuré. L'abbaye tombe en commende au XVème siècle. Elle est pillée et incendiée par le prince de Dombes en 1589 pour se venger du zèle des religieux envers la Ligue. Elle est réformée en 1628 (par P. Faure, réformateur des Chanoines réguliers) ou 1634 sous le nom d'abbaye Sainte-Geneviève et reconstruite en partie entre 1724 et 1750. La mense abbatiale est réunie en 1721 à la cure de Lorient, mais il semble que cette réunion ne subsiste pas jusqu'à la Révolution et qu'on nomme un nouvel abbé commendataire, différent du curé de Lorient. L'abbaye est supprimée en 1791. Jean-Marie de Lamennais devient propriétaire de Saint-Pierre de Rillé en 1828. Depuis 1846, une institution de jeuneS sourds s'y est installée ainsi qu'un lycée tenu par des religieuses. Les bâtiments sont reconstruits au XIXème siècle. Gautier d'Alion est le premier abbé de Rillé. Il meurt le 9 janvier 1157. Guillaume est élu en 1157 et meurt le 3 mars 1173. Il fait confirmer par Raoul de Fougères la fondation de son monastère et toutes les donations qui y avaient été faites. Maurice souscrit à l'accord fait en 1174 entre Guillaume, abbé de Saint-Melaine, et Josselin, abbé de Savigni ou Savigny, pour les dîmes de la paroisse de Thorigné. Il est commis en 1184 par le pape pour juger le différend que les religieux de Sainte-Croix de Vitré avaient avec les seigneurs de La Ville-Rolland. On ne sait pas l'année de sa mort : le jour en est marqué dans le nécrologe de son monastère. Pierre souscrit en 1197 à un accord passé entre Herbert, évêque de Rennes, et l'abbé de Marmoutier. Il vit encore en 1200, selon une charte de Savigni (ou Savigny). Sa mort est marquée au 4 janvier dans le nécrologe de son abbaye. Gautier est témoin de la paix faite entre l'abbesse de Saint-Sulpice et Juhel de Mouazé, en présence de Pierre de Dinan, évêque de Rennes, touchant les moulins de Mouazé. Il vit encore en 1210, selon une charte de Marmoutier. Guillaume certifie en 1217 la transaction passée entre l'abbé du Mont-Saint-Michel et Guillaume Le Moine, chevalier, touchant la chapelle de Notre-Dame-de-Malterre. Les actes nous fournissent très peu d'abbés de Rillé jusqu'au XVIème siècle. Rolland meurt le 14 février, selon le nécrologe de son abbaye. Philippe meurt le 19 mars, selon le même nécrologe. Il transige en 1255 avec l'abbesse de Saint-Sulpice pour les dîmes de Saint-Médard. Luc meurt le 13 juin, suivant le même nécrologe. Mathieu meurt le 19 août, selon le même nécrologe. Thomas transige en 1286 avec Hugues Le Brun, comte de La Marche et seigneur de Fougères, sur la haute justice du bourg de Rillé. Il meurt le 10 février, selon le nécrologe de son abbaye. Ragenard meurt le 20 septembre, selon le même nécrologe. Ancelin meurt le 24 octobre, selon le même nécrologe. Geoffroy meurt le 1er novembre, selon le même nécrologe. Hugues Mauveis meurt le 3 mars, selon le même nécrologe. Guillaume gouverne l'abbaye en 1391, selon une charte de son abbaye. Ce peut être le G. dictus abbas Burgensis, dont il est parlé dans le nécrologe, et qui meurt le 18 septembre. Jean de Rennes est abbé en 1406, selon un acte de son abbaye. Il meurt le 29 janvier, selon le nécrologe qui indique également le jour de la mort des abbés suivants. Mathieu Groussin meurt le 11 mars. Geoffroy Piedevache meurt le 19 février. Jean de Laval est abbé en 1431, et meurt le 6 janvier selon l'obituaire de Montfort. Mathieu de Saint-Gilles meurt le 4 avril, suivant le nécrologe de son abbaye. Jean de Vauléon, de Valle Leonis, meurt le 24 juin, selon le même nécrologe. Guillaume de Touffou obtient une sauvegarde pour sa maison en 1460, et confère le prieuré d'Apigné en 1479. Il est le premier professeur de droit canon dans l'université de Nantes, et il travaille beaucoup à l'érection de cette université. Sa mort est dans le nécrologe au 6 décembre. Raphael de Cerva tient l'abbaye en 1496. Il semble être de nationalité italienne et aurait été pourvu par le pape. Maurice Le Bigot, protonotaire du saint Siége, occupe celui de Rillé en 1505, et meurt le 3 juillet 1537. Jean Le Bigot, neveu du précédent, obtient mainlevée des revenus de Rillé le 25 août 1537. Il fait serment de fidélité au roi dans la Chambre des Comptes de Nantes, le 27 mai 1541. Sébastien Thomé, trésorier de l'église de Rennes, et prieur des prieurés de Saint-Sauveur-des-Landes et de Noyal-sur-Vilaine, est encore abbé de Rillé en 1558. Il fait serment de fidélité au roi pour ces bénéfices en 1561, et meurt le 14 janvier 1569, suivant le nécrologe de son abbaye. René de La Haye est nommé en 1569, et meurt le 1er août 1581, selon le même nécrologe. Melchior de Marconnai ou Marconnay, grand vicaire du diocèse de Rennes, est pourvu de l'abbaye de Rillé en 1581, nommé à l'évêché de Saint-Brieuc en 1601, et meurt en 1618. Nicolas de Limagues succède à l'évêque de Saint-Brieuc. Pierre d'Espinose assiste aux Etats de Bretagne en 1655 et 1657, comme abbé de Rillé. N. Cohalan, curé de Lorient, est à ce titre abbé commendataire de Rillé. N. Lolivier de Tronjoly, successeur de M. Cohalan dans la cure de Lorient, est également abbé de Rillé en 1763, mais ayant été nommé ensuite doyen de la cathédrale de Saint-Brieuc, il conserve cette abbaye, et c'est sans doute à cette époque que l'union de Rillé à la cure de Lorient cesse. M. de Tronjoly conserve ce bénéfice jusqu'en 1790. 

Voici ce que dit le Pouillé de Rennes :

Vers l'an 1024, Auffroy, fondateur du château et de la ville de Fougères, construisit dans l'enceinte même de ce château une église dédiée à Notre-Dame. Il confia le service de ce temple à un collège de quatre chanoines, auxquels il abandonna la moitié des revenus de l'église et de la ville de Bazouges-la-Pérouse, consistant principalement dans les droits de marché, de fournage, de pasnage et de cens (M. Maupillé, Histoire ms. de Notre-Dame de Fougères. — Bulletin de l'Association bretonne, III, 191). 

Main, fils d'Auffroy et seigneur de Fougères après lui, affectionnant beaucoup les Bénédictins de Marmoutiers, promit à ces derniers de leur donner son église Notre-Dame de Fougères, si jamais les chanoines qui l'occupaient venaient à en être dépossédés. Raoul Ier, seigneur de Fougères, fils et successeur de Main, renouvela à Barthélemy, abbé de Marmoutiers, l'engagement qu'avait pris son père ; mais quelque temps après, sans qu'on sache pour quelle raison, ce seigneur changea d'idée, et retirant aux chanoines l'église de Notre-Dame il la donna aux moines de Saint-Florent de Saumur. 

Les religieux de Marmoutiers réclamèrent naturellement et rappelèrent les engagements pris envers eux par les seigneurs de Fougères ; mais ils ne tardèrent pas à s'entendre avec leurs confrères de Saint-Florent, qui renoncèrent en leur faveur à la possession de Notre-Dame de Fougères. 

Raoul parut d'abord mécontent de cette transaction et refusa de livrer à Marmoutiers l'église en question, déclarant n'y vouloir plus ni chanoines, ni religieux, mais de simples prêtres séculiers ne dépendant que de lui. Toutefois le besoin d'argent le fit changer encore une fois de résolution, et moyennant la somme de 225 livres qu'ils consentirent à lui prêter à cette condition, les moines de Marmoutiers furent mis par lui en possession de Notre-Dame de Fougères, qu'ils unirent à leur prieuré de la Trinité de cette ville.

A peine les Bénédictins furent-ils installés à Notre-Dame que Raoul leur confirma, en 1092, tous les avantages qui avaient été faits à cette église par son père et son aïeul dans la paroisse de Bazouges-la-Pérouse ; il y ajouta une ouche de terre dans cette paroisse, le moulin d'Arzon avec la mouture de tous les habitants du bourg, et une mesure de terre dans le voisinage. Il y joignit encore le don de la moitié de l'église de Vieuxvy, de la totalité de l'église de Sens, à la réserve de la dîme du blé, du quart de l'église de la Bazouge-du-Désert, de toute l'église Saint-Nicolas de Fougères, et enfin la dîme de tous les droits de passage, pasnage, mouture et fournage qu'il percevait dans toutes ses possessions, tant en Bretagne qu'en Normandie, et même la dîme du pain et du vin consommés à sa table (Bulletin de l'Association bretonne, III, 191). 

Sur les entrefaites, le pape Urbain II ayant frappé d'excommunication tous les simoniaques, le seigneur de Fougères craignit d'avoir encouru cette peine en recevant 225 livres en échange de son église. Sur l'avis de ses barons et d'accord avec les religieux de Marmoutiers, qui redoutaient pour eux-mêmes les conséquences de leur traité avec Raoul, ce dernier remit l'église de Notre-Dame entre les mains de l'Ordinaire. Mais Marbode, alors évêque de Rennes, calma les inquiétudes du seigneur et des moines, et le 26 mai 1096 il remit solennellement l'église Notre-Dame de Fougères entre les mains des religieux de Marmoutiers (Bulletin de l'Association bretonne, III, 192). 

Tout paraissait terminé et les Bénédictins jouissaient paisiblement de leur église, lorsque tout à coup, probablement parce qu'ils réclamaient le remboursement des 225 livres prêtées par eux, ils furent une seconde fois chassés de Notre-Dame par ce même Raoul de Fougères qui les avait naguère comblés de ses largesses. Voyant cela, les religieux s'adressèrent directement au pape Pascal II, qui jeta l'interdit sur les terres du seigneur de Fougères et renvoya la connaissance de l'affaire à Girard, évêque d'Angoulême.

Condamné à rendre aux religieux l'argent qu'ils lui avaient prêté, et l'église de Notre-Dame qu'il leur avait enlevée, Raoul refusa d'abord de se soumettre à la sentence du légat ; mais, craignant les effets d'une excommunication que le même légat fulmina contre lui dans le Concile de Nantes (1108) si, dans le délai de quinze jours, il n'avait pas obéi, il finit par consentir à remettre encore une fois l'église Notre-Dame entre les mains de l'évêque de Rennes pour que ce dernier la restituât à Marmoutiers. Toutefois, sous le prétexte qu'il avait fait serment de ne jamais rétablir les moines de Marmoutiers à Notre-Dame, le seigneur de Fougères eut recours à un ancien chanoine de la collégiale nommé Clamarhoc, auquel il remit cette église. Clamarhoc la confia, à son tour, à Marbode, évêque de Rennes, qui la rendit encore une fois à l'abbaye de Marmoutiers. Le prieur de la Trinité de Fougères fut investi, au moyen d'une corde, de l'église Notre-Dame (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 488, 489). 

Nous venons de voir qu'il restait encore des chanoines ayant administré jadis l'église Notre-Dame de Fougères avant l'arrivée des Bénédictins de Marmoutiers ; ce furent eux qui poursuivirent, à leur tour, ces religieux, — probablement à l'instigation de Raoul, — pour les forcer à abandonner l'ancienne collégiale. Ces chanoines furent plus heureux dans leurs démarches que n'avait été le seigneur de Fougères. Les moines de Marmoutiers, en effet, s'adressèrent en vain, cette fois, à l'évêque de Rennes d'abord, puis au Souverain-Pontife. De même que nous ignorons pourquoi les chanoines avaient été chassés de Notre-Dame de Fougères, de même aussi nous ne savons quelles raisons ils présentèrent pour demander à y rentrer. Mais il est certain qu'en 1116 le pape Pascal II écrivit à l'évêque Marbode pour lui annoncer qu'une commission de cardinaux et d'évêques ayant pris connaissance de la querelle survenue entre les chanoines de Fougères et les moines de Marmoutiers au sujet de l'église Notre-Dame, avait confirmé un jugement rendu précédemment en faveur des chanoines par l'évêque d'Angoulême, légat apostolique (Cartulaire de l'abbaye Saint-Georges, 261).

Les Bénédictins étaient définitivement vaincus. Les chanoines de Notre-Dame, en rentrant dans leur collégiale, prirent cette église dans les conditions d'existence où elle se trouvait alors, c'est-à-dire avec toutes les augmentations de revenus et les accroissements de privilèges qu'elle avait reçus depuis qu'ils en avaient été dépossédés. 

Ils en jouirent ainsi pendant une vingtaine d'années, jusqu'au jour où, cédant aux pressantes sollicitations d'Henri Ier, seigneur de Fougères, fils et successeur de Raoul, ils se formèrent en congrégation régulière et adoptèrent la règle de saint Augustin. 

Mais cette règle monastique ne pouvait s'accommoder du bruit mondain et du tumulte des armes dont retentissait le château de Fougères ; aussi les nouveaux religieux quittèrent-ils alors l'église Notre-Dame pour aller s'établir en dehors de la ville, dans un lieu plus propre au recueillement. Ils choisirent pour fonder leur abbaye le faubourg de Rillé, situé sur une colline qui domine le château de Fougères ; mais ils conservèrent tous leurs droits sur l'église Notre-Dame, dont les revenus furent leurs premières ressources, et ils en firent un prieuré de Rillé, comme nous le verrons plus loin. 

Le faubourg, — ou, comme on disait alors, le bourg de Rillé, — quoique tout voisin de Fougères, dépendait alors, dit M. Maupillé, de la paroisse de Lécousse et de l'abbaye de Pontlevoy. Henri, seigneur de Fougères, s'employa avec empressement à obtenir des religieux de Pontlevoy la cession de ce lieu. Au mois d'août 1143, ces derniers cédèrent au seigneur de Fougères tout le bourg de Rillé et autorisèrent la nouvelle congrégation à y construire une église, à y ouvrir un cimetière et à y créer une paroisse. Cette cession fut faite moyennant une redevance de 5 sols, monnaie d'Angers, que les chanoines réguliers s'obligèrent à payer chaque année, à la fête de saint André, à l'abbaye de Pontlevoy, en reconnaissance des droits de Lécousse, l'église-mère ; de plus, les chanoines réguliers renoncèrent, en faveur de l'abbaye de Pontlevoy, à toutes les prétentions qu'ils pouvaient avoir sur les églises Saint-Léonard et Saint-Nicolas de Fougères, et sur la métairie de la Cour-Pécault (M. Maupillé, Histoire ms. de Notre-Dame de Fougères). 

Le seigneur de Fougères, devenu maître du bourg de Rillé, en abandonna aussitôt aux chanoines réguliers la pleine et entière propriété, ainsi que celle de tous ses privilèges et dépendances, auxquels il adjoignit la pelleterie de Fougères, les moulins et l'étang du Gué-Landry, la moitié du moulin d'Ory, et dans l'Antrenais, la dîme de la part qui revenait à son domaine sur les droits de mouture, de fournage et de tonlieu, de foires, de marchés et de cens (« Totum burgum de Rillé cum omnibus suis pertinenciis et redditibus, libertatibus et cum omni dominio ; molinos et stagnum de Valle Landri, pelleteriam de Filgeriis, dimidium molendinum Orrici coqui ; in Entrenio, de parte domini decimam molinorum, furnorum, telonei et fori et census » - Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne., I, 606.). 

Tout porte à croire, dit M. Maupillé, que les travaux de construction de l'abbaye de Rillé suivirent de près cette cession et que les chanoines purent s'y installer peu d'années après. Les documents contemporains ne font pas connaître l'année de la bénédiction de la nouvelle église abbatiale, mais ils nous apprennent qu'elle fut très-solennellement placée, le 29 juin, sous le vocable et le patronage de saint Pierre, et ils entrent dans les détails suivants : Gaultier d'Allion, l'un des chanoines réguliers, choisi pour gouverner la jeune abbaye, se rendit processionnellement à l'église, où il fut reçu avec grande pompe et célébra la messe. Après la lecture de l'évangile, les deux fils du seigneur de Fougères, Raoul et Frangallon, s'approchèrent de l'autel de saint Pierre et y déposèrent le psaultier de maître Hamon de Saint-Hilaire, l'un des anciens chanoines de Notre-Dame, comme symbole de tous les dons qui avaient été faits à cette église collégiale, tant par eux que par leurs ancêtres, et qu'ils renouvelaient et confirmaient en faveur de l'abbaye de Rillé. Au même instant, Olive, dame de Fougères, leur mère, s'approcha de l'autel et donna aux chanoines réguliers la dîme de son manoir de Bérington, situé en Angleterre (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 606, 607). Henri, seigneur de Fougères, ne parut pas dans cette occasion, étant probablement absent de son château ; mais un peu plus tard, en 1150, il tomba malade à son manoir de la Forestrie, en Landéan, et il fit appeler près de lui tous les clercs de sa seigneurie, ses barons et un grand nombre d'autres personnes ; devant cette nombreuse assemblée, où figuraient Ruellan, archidiacre de Rennes, Gaultier d'Allion, abbé de Ruilé, et Thébaud de Clairvaux, prieur de Savigné, le vieux baron remit sa chère abbaye de Saint-Pierre de Rillé entre les mains de son fils Raoul, qui devait lui succéder. Il lui recommanda, avec les plus grandes instances, de l'avoir tous les jours de sa vie en sa bonne garde et très-grande protection, ne permettant jamais qu'il fût porté la moindre atteinte à ses franchises, droits et privilèges. Raoul, les mains placées dans celles de son père, qui était attendri jusqu'aux larmes, accepta, conjointement avec ses frères Guillaume et Frangallon, le dépôt qui lui était confié, et il s'attacha toute sa vie à prouver, par ses faveurs et ses libéralités envers l'abbaye de Rillé, quel compte il tenait des recommandations paternelles (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 607). « L'abbaye de Rillé conserva la règle de saint Augustin jusqu'en 1628. Cette année-là, elle reçut la visite du R. P. Faure, qui y introduisit la réforme qu'il avait déjà portée dans un grand nombre de maisons. La nouvelle Congrégation fut érigée canoniquement en 1634, sous le nom de Sainte-Geneviève (nota : Le P. Charles Faure, général de la Congrégation des chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin en France, était abbé-coadjuteur de Sainte-Geneviève-du-Mont, à Paris, et ce fut dans cette abbaye qu'il commença sa réforme), d'où les religieux prirent celui de Génovéfains. Sous l'une et l'autre règle, leur nombre, à Rillé, ne fut jamais au-delà de dix » (M. Maupillé, Histoire de Fougères, p. 172). Il est vrai qu'ils desservaient plusieurs paroisses, ce qui obligeait un certain nombre d'entre eux à vivre hors du cloître. 

Les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève portaient une soutane de serge blanche, avec un collet fort large et un rochet de toile ; à la maison, ils avaient en été un bonnet carré, et en hiver un camail noir avec capuchon. Quand ils sortaient du monastère, ils prenaient un manteau noir par dessus leur rochet. Quant à leur habit de choeur, il consistait, en été, dans un surplis et dans une aumusse ou grande fourrure noire, qu'ils portaient sur le bras gauche ; en hiver, ils revêtaient un grand camail et une chape noire (Le P. Hélyot, Histoire des Ordres religieux, II, 389). Leur règle ne manquait pas d'une certaine sévérité : ainsi, ils jeûnaient tous les vendredis, pendant l'Avent et le Carême, et les veilles des nombreuses fêtes de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des Apôtres, etc. Ils pouvaient cependant user de viande certains jours de la semaine. La Congrégation de Sainte-Geneviève avait ses armoiries propres : d'azur à une main tenant un coeur enflammé, avec cette devise : Superemineat charitas (Le P. Hélyot, Histoire des Ordres religieux, II, 389). L'abbaye de Rillé était tombée en commende dès le XVème siècle. En 1790, elle n'était plus occupée que par quatre religieux, les PP. de Launay, prieur, Marie, du Fayel et Beaulieu (M. Maupillé, Histoire de Fougères, 172).

Abbés de Rillé :

01 — GAULTIER D'ALLION, premier abbé de Saint-Pierre de Rillé, assista, comme nous venons de le voir, à l'inauguration de ce monastère et aux recommandations du seigneur de Fougères à son fils, en 1150. Il mourut le 9 janvier 1157. 

02 — GUILLAUME Ier, élu en 1157, fit un accord l'année suivante avec Jean de la Gravelle et ses fils (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 631). Il mourut le 3 mars 1174.

03 — MAURICE souscrivit en 1174 à divers accords entre les moines de Saint-Melaine, les chanoines de Rennes et l'abbé de Savigné. Il fut commis en 1184 par le Pape pour juger le différend survenu entre les religieux de Sainte-Croix de Vitré et le seigneur de la Ville-Rolland. On ne sait pas l'année de sa mort, qui arriva le 4 mai, d'après le Nécrologe de Rillé (Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine et Cartulaire de l'abbaye de Savigné). 

04 — PIERRE figure dans une charte donnée par l'évêque de Rennes Herbert en faveur de l'abbaye de Marmoutiers en 1197 ; il vivait encore en 1200, d'après un titre de Savigné. Sa mort est marquée au 4 janvier dans le Nécrologe de son abbaye (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). 

05 — GAULTIER II, contemporain de Maurice, abbé de la Vieuville, reçut de Guillaume de Montsorel le prieuré de Landal. Le Pape le chargea en 1218 de terminer le différend élevé entre les religieux du Mont Saint-Michel et Guillaume Le Moine. Il prenait à cette époque les titres d'abbé de Rillé et de prieur de la Trinité de Fougères. Le Cartulaire de la Fontaine-Daniel prouve qu'il vivait encore en avril 1219 ; c'est donc de lui et non pas d'un certain Guillaume mentionné par D. Morice qu'il s'agit dans cet accord du Mont Saint-Michel en 1218 ; ce qui a mis Dom Morice dans l'erreur, c'est que l'abbé de Rillé nommé dans cette charte n'y est désigné que par l'initiale de son nom, G, qui convient aussi bien à Gaultier qu'à Guillaume (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 1140). Rien ne prouve d'ailleurs l'existence à cette époque d'un abbé de ce dernier nom. 

06 — JEAN DE VAULEON transigea en février 1246 avec Etienne, abbé de Savigné, au sujet de quelques dîmes (Archives Nationales, L. 1446, 7). Il mourut le 24 juin, d'après le Nécrologe de son abbaye. 

07 — ROLLAND mourut le 14 février, selon le Nécrologe de Rillé (nota : Nous plaçons dans le même ordre que D. Morice cet abbé et quelques autres de ses successeurs qui ne nous sont connus que par le Nécrologe de leur abbaye, sans qu'il y soit fait mention de l'année de leur mort). 

08 — PHILIPPE transigea en 1255 avec l'abbesse de Saint-Sulpice à propos des dîmes de Saint-Médard (Bibliothèque Nationale, Blancs Manteaux, n° 41, p. 215). 

09 — LUC mourut le 13 juin, suivant le Nécrologe de Rillé. 

10 — MATHIEU décéda le 19 août, d'après le même Nécrologe

11 — THOMAS transigea en 1286 avec Hugues, comte de la Marche et seigneur de Fougères, sur la haute justice du bourg de Rillé (Cartulaire de Rillé, p. 17 : nota : Ce Cartulaire, d'assez peu d'importance, est déposé à la Bibliothèque municipale de Rennes et contient surtout les actes des comtes d'Alençon, seigneurs de Fougères). Il mourut le 10 février, selon le Nécrologe de son abbaye. 

12 — RAGENARD mourut le 20 septembre, d'après le Nécrologe de Rillé. 

13 — ANCELIN mourut le 24 octobre, selon le même Nécrologe

14 — GEOFFROY décéda le 1er novembre, selon le même Nécrologe

15 — HUGUES MAUVEIS décéda le 3 mars, d'après le même Nécrologe

16 — MATHIEU GROUSSIN fut le prédécesseur du suivant, comme le prouvent les lettres d'institution de ce dernier. Le Nécrologe de Rillé mentionne son décès au 11 mars. 

17 — GUILLAUME DIE, religieux de Rillé, fut élu par plusieurs de ses confrères après la mort de Mathieu ; mais quelques chanoines de Rillé portèrent leurs voix sur un autre sujet et maintinrent leurs prétentions ; le pape Urbain V les mit tous d'accord en nommant lui-même Guillaume Die abbé de Rillé en décembre 1368 (Gallia christiana, XIV, 792). Guillaume gouvernait encore son abbaye en 1391. 

18 — JEAN DE RENNES était abbé en 1406, d'après une charte de Rillé. Il mourut le 29 janvier, suivant le Nécrologe de cette abbaye. 

19 — GEOFFROY PIEDEVACHE, d'une famille noble de Landujan, mourut le 19 février 1420. La famille Piédevache porte : d'argent à trois pieds de vache de gueules, la corne d'or

20 — JEAN DE LAVAL était abbé de Rillé en 1431 ; il mourut le 6 janvier, selon le Nécrologe de Montfort. Il ne semble pas avoir appartenu à l'illustre famille de Laval. 

21 — MATHIEU DE SAINT-GILLES, issu des seigneurs de Saint-Gilles, près Rennes, mourut le 4 avril 1440. La famille de Saint-Gilles porte : d'azur semé de fleurs de lys d'argent

22 — GUILLAUME DE TOUFFOU, docteur en droit, travailla beaucoup à l'érection de l'Université de Nantes, dont il fut le premier professeur de droit. Il obtint une sauvegarde pour son abbaye de Rillé en 1460 et conféra le prieuré d'Apigné en 1479. Il mourut le 6 décembre, d'après le Nécrologe de son abbaye. 

23 — RAPHAEL DE CERVA alias DE RENA, Italien d'origine et abbé commendataire, tenait Saint-Pierre de Rillé en 1496 et 1499. 

24 — MAURICE LE BIGOT était fils de Jean Le Bigot, seigneur de la Villebougault, en Cesson, près Saint-Brieuc, et frère de Jean Le Bigot, abbé de Beauport. Protonotaire apostolique, il était en même temps abbé commendataire de Rillé en 1521 et 1536. Il mourut le 3 juillet 1537, d'après le Nécrologe de Rillé. Ses armoiries devaient être semblables à celles de son frère, gravées sur le tombeau de ce dernier dans l'église abbatiale de Beauport : écartelé aux 1er et 4ème d'or au lion morné de sable, aux 2ème et 3ème de gueules au croissant d'or (M. de Barthélemy, Mélanges historiques et archéologiques sur la Bretagne). 

25 — JEAN LE BIGOT, neveu du précédent, obtint main-levée des revenus de Rillé le 25 août 1537. Il fit serment de fidélité au roi le 27 mai 1541 et mourut en 1544. D'après M. de Courcy, la branche de la famille Le Bigot à laquelle appartenait Jean portait : d'argent au lion morné de gueules

26 — SEBASTIEN THOME, d'une famille noble de l'évêché de Vannes, chanoine de Rennes dès 1536, trésorier de cette Eglise en 1540, abbé du Relec en 1541, prieur de Saint-Etienne-en-Coglais, de Noyal-sur-Vilaine, de Saint-Cyr et de Saint-Sauveur-des-Landes, obtint encore en commende l'abbaye de Rillé, pour laquelle il prêta serment au roi en 1557. Il était en même temps protonotaire apostolique, comte palatin, vicaire général de Rennes, etc. En 1564 il construisit dans la cathédrale de Rennes une chapelle qu'il dota richement et où il établit sept chapelains, deux chantres et deux enfants de choeur pour y célébrer l'office divin. C'est dans ce sanctuaire, connu sous le nom de chapelle de Rillé, que Sébastien Thomé fut inhumé après sa mort, arrivée le 9 janvier 1569. Armes : d'argent au chevron de gueules abaissé sous un chef d'azur chargé de trois étoiles d'or, accompagné en pointe d'un coeur de gueules surmonté d'une croix de même.

27 — OLIVIER LE CORVAISIER, d'une famille noble de Saint-Malo établie aux environs de Fougères, fut élu abbé de Rillé en 1569 par les religieux de ce monastère ; mais cette élection n'eut pas de suites, le roi se réservant alors la nomination de tous les abbés du royaume (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine). Armes : d'azur au sautoir d'or, accompagné de quatre étoiles de même ; au chef d'argent chargé de trois mouchetures de sable

28 — RENE DE LA HAYE fut nommé par le roi en 1569, d'après D. Morice ; il était dès 1567 abbé de Saint-Aubin-des-Bois et chanoine de Rennes, et il mourut le 1er août 1581, selon le Nécrologe de Rillé. Il appartenait à la noble famille des seigneurs de la Haye Saint-Hilaire. Cette maison, qui a donné plusieurs gouverneurs à Fougères, porte : d'argent au léopard de sable

29 — MELCHIOR DE MARCONNAY, fils de Pierre de Marconnay, premier maître d'hôtel de la reine, et de Louise de Soubsmoulin, était déjà abbé de Septfons, au diocèse de Reims, lorsqu'il accepta l'abbaye de Rillé en 1581. Nommé vicaire général de Rennes, il prit séance aux Etats de Bretagne en 1587 et devint en 1601 évêque de Saint-Brieuc. Il mourut à la suite d'une visite épiscopale dans son diocèse, le 7 mars 1618. Du temps de cet abbé commendataire, les chanoines de Rillé eurent beaucoup à souffrir des guerres de la Ligue ; ils furent momentanément expulsés de leur monastère par le prince de Dombes, et leurs biens furent saisis et confisqués. Heureusement pour eux, cette tourmente ne dura pas, et ils purent rentrer dans leur cloître. Le sceau de Melchior de Marconnay en 1586, de forme ovale, porte un écusson : de gueules à trois pals de vair, au chef d'or ; l'écu est timbré d'une mitre et accompagné de cette devise : DILECTUS. MIHI. ET. EGO. ILLI. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 46). 

30 — ARTHUR D'ESPINAY, fils de François d'Espinay, seigneur de Saint-Luc, et de Jeanne de Cossé, déjà évêque de Marseille et abbé de Redon, prêta serment au roi en qualité d'abbé de Rillé en 1618 et mourut la même année (Gallia christiana, XIV, 793). Armes : d'argent au chevron d'azur chargé de onze besans mal ordonnés d'or

31 — NICOLAS DE LIMAGUES succéda au précédent ; il est fait mention de lui en 1627 et 1650. A cette dernière époque il prenait les titres de conseiller du roi et seigneur de Villers. Son sceau, de forme ovale, renferme un écu portant trois limaçons et un chef chargé d'une fleur de lys. Cet écu, surmonté d'une mitre et d'une crosse tournée en dedans, est entouré de deux branches de laurier ; il n'y a pas de légende (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 18, 46). 

32 — PIERRE D'ESPINOSE, d'une famille noble d'Espagne fixée en Bretagne, était fils de Michel d'Espinose, seigneur des Renaudières, conseiller au Parlement de Bretagne, et de Jeanne Gazet. Abbé de Rillé en 1655, il devint vicaire général et grand-archidiacre de Nantes, rendit aveu au roi en 1678, assista très-régulièrement aux Etats de Bretagne depuis 1655 jusqu'en 1699, et mourut au mois de mars 1713. Le sceau de cet abbé, en 1705, est de forme ronde et de style rocaille ; il renferme un écusson portant : d'argent à l'arbre arraché de sinople, un griffon de gueules passant au pied ; mantelé au 1er : d'azur à la croix fleuronnée d'or ; au 2ème : d'or au coeur de gueules. L'écu est timbré d'une crosse et d'une mitre, mais il n'y a pas de légende (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 46). A la mort de Pierre d'Espinose, la mense abbatiale de Rillé fut unie à la cure de Lorient par lettres du roi datées d'avril 1713 (Mancel, Histoire de Lorient, 53) ; mais le Pape n'approuva cette union que l'année suivante, encore ne dura-t-elle pas, comme nous allons voir. 

33 — JEAN VINCENT, nommé recteur de Lorient en 1713 dut prendre en 1714 possession de l'abbaye de Rillé, mais il fut remplacé dès 1720 par le suivant. 

34 — LOUIS-FRANÇOIS COHOLAN alias DE COHALAN, aumônier de la Compagnie des Indes, fut nommé par le roi, le 21 juin 1720, recteur de Lorient et abbé de Rillé. Il mourut en 1761 (Notes ms. de l'abbé de Pontbriant). 

35 — ALEXANDRE-HYACINTHE DU LAURENT DE LA BARRE, prêtre de Cornouailles, docteur et professeur en théologie de Sorbonne, vicaire général de Quimper, nommé par le roi abbé de Rillé et recteur de Lorient en mars 1761, prit possession en mai et résigna dès le mois de novembre de la même année la cure de Lorient. Il paraît qu'il conserva un peu plus longtemps l'abbaye de Rillé  (M. l'abbé Luco, Les paroisses du diocèse de Vannes). 

36 — THOMAS-ESPRIT L'OLIVIER DE TRONJOLY, d'une famille noble de Cornouailles, était chanoine honoraire de Reims, licencié en Sorbonne et recteur de Lorient, lorsque le roi le nomma abbé de Rillé le 10 avril 1763, à la charge toutefois de payer sur les revenus de son abbaye une pension de 300 livres à Charles du Meny-Farain, prêtre de Lisieux  (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Rennes). Il prit possession de Rillé le 19 août suivant, mais il résigna la cure de Lorient en 1767 et devint doyen de l'Eglise de Saint-Brieuc. En quittant la cure de Lorient, Thomas de Tronjoly conserva l'abbaye de Rillé, grâce à de puissants protecteurs. Le nouveau recteur de Lorient réclama, mais en vain, l'union décrétée en 1714 ; le gouverneur de Bretagne lui répondit qu'il n'avait point à compter sur la mense abbatiale de Rillé (Mancel, Histoire de Lorient, 143). Ainsi se termina cette éphémère union. Thomas L'Olivier de Tronjoly demeura paisiblement, jusqu'en 1790, doyen de Saint-Brieuc et abbé de Rillé. Armes : d'argent à la fasce de gueules grillée d'or, accompagnée de trois quintefeuilles de gueules. — Devise : Nobili pace victor (De Courcy, Nobiliaire de Bretagne). 

En 1163, Raoul II, seigneur de Fougères, confirma solennellement en présence de ses barons, d'Etienne, évêque de Rennes, et de l'archidiacre Raoul, toutes les donations faites à l'abbaye de Rillé, tant par sa famille que par d'autres personnes. Malgré la longueur de la charte qu'il donna, à cette occasion, aux religieux de Rillé, nous croyons utile d'analyser ici ce document, parce qu'il nous montre le rapide développement de la nouvelle abbaye, moins de vingt ans après sa fondation. 

Voici donc ce que possédait, en 1163, le monastère de Saint-Pierre de Rillé (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 650, 651, 652, 653) : 

Tout le bourg de Rillé avec ses dépendances ; — les moulins et l'étang du Gué-Landry ; — la moitié du moulin d'Ory ; — la pelleterie de Fougères ; — la moitié de Montaubert ; — la dîme des cens de Fougères, et des droits de tonlieu et transit, de fours, de ventes, de foires et marchés, excepté la dîme du marché du samedi, le tout à Fougères ; —  la dîme de tous les moulins possédés par le seigneur de Fougères tant en Bretagne qu'en Normandie ; —  deux maisons dans le Vieux-Bourg de Fougères ; —  la dîme des droits de mangers, avoines et tonlieu dans les vaines de Louvigné-du-Désert, du Loerre, du Coglais et du Vendelais, tant au delà qu'en deçà du Nançon (nota : C'étaient les quatre principales circonscriptions de la seigneurie de Fougères à cette époque ; la vairie du Loerre, « Loerrum », prit plus tard le nom de vairie de Fleurigné, selon M. Maupillé) ; —  dans la forêt de Fougères, le droit d'usage pour bois à merrain et bois de chauffage, le droit de pasnage pour les pourceaux, la dîme des terrains vagues et des halliers ; — à Saint-Ouen-des-Alleux (?), une métairie, la moitié de Lesmat et deux portions de dîme ; —  dans l'Antrenois, la dîme des mangers, et à Antrain même la dîme des fours, des moulins, des droits de tonlieu, de cens et de marché ; —  à Bazouges-la-Pérouse, la dîme de ce qu'y possède le seigneur de Fougères, une métairie, la moitié des cens de toute la ville, la moitié du four, du moulin et du marché ; —  dans la forêt de Villecartier, la dîme du pasnage et le pacage pour les pourceaux ; —  à Sens, la dîme des rentes de cens ; — à Vieuxvieil, la moitié de la dîme ; —  à Rimou, la dîme des moulins, des droits de trépas et de cens. 

En Normandie : à Moidrey, la redîme (ou dîme de la dîme) de l'annonerie seigneuriale, la dîme du four, du tonlieu et des cens ; — à Contillé, la dîme du tonlieu et du cens, et toute la dîme, sauf sur le sel ; — à Verdun, la redîme de l'annonerie seigneuriale, du cens et du tonlieu, et deux portions de la dîme des gerbes seigneuriales ; la dîme du moulin du Haut-de-Mesnil et quelques autres dîmes ; — à Brécey, la dîme du marché, du tonlieu et des cens, et la redîme des annoneries du seigneur ; — à la Mancellière, la dîme du moulin et de tous ses revenus, etc. ; — à Romagny, la dîme du moulin et la redîme des annoneries seigneuriales, la dîme du tonlieu et du cens, etc. ; — à Villechien, la dîme de la moitié du moulin ; — à Martigny, la dîme du moulin et la redîme de l'annonerie du seigneur ; — à Savigny, la dîme du transit et du moulin d'Infer, du tonlieu et du cens, etc., et en général la dîme de tous les revenus du seigneur de Fougères en Normandie. 

En Angleterre : les dîmes des revenus de Quincton, — Pleupène, —  Gaununton, —  Hosnudestion, —  Theufort, — Quincester ; — celle des revenus de l'église de Theufort, —  la dîme de Nostête —  et celle de Hasley, — la dîme de Bérington, —  l'église de Quincton. 

Près Fougères, la métairie de Folleville ; — en Montours, la dîme de tous les revenus du bourg de Valaines, savoir : du trépas, du moulin, du four, du marché et du cens ; — la dîme du marché d'Ardennes, en Saint-Georges-de-Reintembault, et le tiers de la dîme de Runot ; — à Marcillé-Raoul, le tiers de la moitié de la grande dîme ; — dans la partie de la forêt de Rennes dépendant du seigneur de Fougères, la dîme du pasnage et des halliers et le pâturage des porcs ; — à Romagné, le droit de prendre sur la dîme 57 quartiers d'avoine, 4 de seigle et un de froment, et la propriété d'une terre proche du cimetière. 

Vient ensuite une très-longue énumération de divers dons faits à l'abbaye de Rillé, dans plusieurs paroisses telles que Saint-Georges-de-Reintembault, Saint-Remy, Lécousse, Le Ferré, Sens, La Fontenelle, Landéan, etc. Les principaux auteurs de ces donations, moins importantes que les précédentes, sont : Philippe et Alain de Poilley, Juhel d'Ardennes, Robert de Tinières, Philippe de Souvigné, Henri du Chastellier, Robert de la Forêt, Guillaume de Saint-Etienne, Hamon des Flégés, Guillaume de la Touche, Payen de Saint-Brice, Juhel du Rocher, Sylvestre Pinel, Geffroy de la Haye, Raoul de Sens, Guillaume Freslon, Georges Chesnel, Raoul de Teillay, Guillaume de Linières, Jean de Dol, Guillaume de la Courbe, etc. On voit, par là, que toute la noblesse des environs de Fougères, imitant son baron dans sa générosité, avait voulu contribuer avec lui à la dotation de l'abbaye de Rillé. 

Un peu plus tard, Raoul d'Orange, Regnault L'Asne, Guillaume d'Igné, Eudon Le Bastard, Philippe de Louvigné, Olivier Le Séneschal, Guillaume d'Estable, Geffroy de Marcillé, Olivier de Bollaude et bien d'autres, firent encore à Rillé d'autres donations que confirma, en 1194, Raoul II, seigneur de Fougères (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 724). 

Voici maintenant ce que possédaient les chanoines réguliers de Rillé en 1678 : « Tout le bourg de Rillé, l'un des fauxbourgs de la ville de Fougères, dans lequel sont compris et situés les maisons abbatiales, cloistres, églises, cimetières et autres maisons conventuelles, jardins, vergers et pourpris, selon le circuit et l'enclos des murailles de ladite abbaye ; — toutes les autres maisons, hébergements, jardins et vergers, sis audit bourg de Rillé, qui sont en grand nombre des deux côtés de la grande rue pavée, entre la Porte de Rillé jusqu'au portail du haut du bourg nommé le Portail-Marie » ; le fief du bourg de l'Eschange et de la Croix-Hamon, à Fougères ; — le fief de la Rue-du-Parc, allant du Portail-Marie à la forêt de Fougères ; — les fiefs de la Rue-des-Prés, de la Rue-du-Colombier et du Bourg-Roger, également à Fougères ; les fiefs de la Ferrière et de la Rochelle, en la Celle et en Cogles ; — le fief Ferrant, au Loroux ; — les fiefs de la Chesnardière, la Flèche, la Touche, la Chaîne et Ville-Guillers, en Saint-Etienne-en-Coglais ; — le fief de Saint-Ouen-des-Alleux ; — les fiefs du Carbay, de la Réauté et du Tertre, en la Chapelle-Saint-Aubert, Saint-Hilaire et Saint-Sauveur-des-Landes ; — les fiefs de Bonne-Fontaine, de la Louvetière et de la Meslais, en Romagné ; les fiefs des Champs-Tual, de la Sourche, de la Couslière, du Rocher-Jacquault, de la Haute-Bressais, de la Berruchère et du Vau-Grémiot, en Saint-Germain-en-Coglais ; — les fiefs de l'Eusche, des Coustards et de la Violette, en Villamée, Le Chastellier et Poilley ; — le fief de la Taburais, en Fleurigné ; — les fiefs de la Bretonnière, de la Godardière et de Louëdron, en Laignelet ; — le fief de la Goupillère, en Saint-Mard-sur-Couasnon ; — le fief de la Duchetière, au bourg Saint-Martin ; — les fiefs de la Dorissaie, de Montaubert, des Rochers, de la Buffetière, de la Beslinaye, du Parc-Lodé, en Lécousse ; — les fiefs des Perrouses et de la Métairie, en Landéan ; — le fief de la Boivre, en Villamée ; le fief de la Herbellerie, en Louvigné ; — les fiefs de l'Estellerie, de la Grande-Ramée et de Bordeaux, en Saint-Georges-de-Reintembault ; — le fief de l'Abbaye, en Sougéal ; — le fief de la Déhollière, en Cendres ; — le fief de la Monnaie, en Vieuxvieil ; — le fief de la Barre, en Bazouges ; — les fiefs de la Métairie et de la Harlais, en Sens (Déclaration faite au roi par l'abbé de Rillé – Il y est dit que les cinq derniers fiefs mentionnés étaient alors aliénés). 

L'abbaye de Rillé dîmait dans les paroisses de Lécousse, — Saint-Germain-en-Coglais, — Saint-Marc-le-Blanc, — Saint-Hilaire-des-Landes, — Vieuxviel, — La Fontenelle, — Bazouges-la-Pérouse, —  Rimou, — Laignelet, — La Bazouge-du-Désert, — et en Normandie dans les paroisses des Courtils, — Moidrey — et Martigny (Déclaration de 1776). 

Le domaine proche de l'abbaye se composait en 1776 des : maisons abbatiale, presbytérale et de Nazareth ; — retenue de Rillé ; — four banal ; — métairies de la Croix-Hamon, de Folleville et de la Pouardière ; — moulins du Gué-Landry et de la Louvetière ; —  ancien prieuré Saint-Denis de Rennes (Déclaration de 1776).

Les rentes foncières consistaient en 1 300 livres environ dues par le seigneur de Fougères, tant sur ses domaines, ses moulins que sa forêt (nota : Ces rentes dues par la seigneurie de Fougères, et payées dans les derniers siècles par le roi comme seigneur de Fougères, consistaient dans les décimes dus à Rillé sur les recettes de la baronnie de Fougères et des châtellenies de Bazouges et d'Antrain), et en quelques autres rentes dues par les seigneurs de Poilley, du Rocher-Portail et de Mortain ; — par les prieurs de Saint-Remy, Saint-Sauveur, Landéan, Fleurigné et Montours ; — par les recteurs du Chastellier, Parigné et Beaucé, — et par les paroissiens de Marcillé-Raoul (Déclaration de 1776). 

Quant aux privilèges et autres droits féodaux dont jouissaient originairement l'abbé et les chanoines de Rillé, nous pouvons les résumer dans ce qui suit (voir Déclarations de 1541 et 1678) : Droit de haute, moyenne et basse justice, avec droit de cep et collier au bourg de Rillé ; — droit de fuie et colombier ; — droit de pêche dans les rivières autour de la ville de Fougères ; — droit de faire les vassaux de Rillé moudre aux moulins du Gué-Landry tant leurs blés que leurs draps ; — droit d'obliger les mêmes hommes à cuire leur pain au four banal de l'abbaye, situé au haut du bourg de Rillé ; — droit de coutume dans le bourg de Rillé, la Rue-d'Eschange et la Rue-du-Parc, sur toutes les choses vendues, excepté le samedi dont la coutume appartenait au seigneur de Fougères ; — droit, dans le même bourg, de bouteillage sur les vendeurs et distribuant vin et cidre ; — droit de tenir quatre foires par an, aux fêtes de la Pentecôte, la Chandeleur, Saint-Pierre-ès-Liens et Saint-Eloi, et d'y recueillir les droits du seigneur de Fougères sur les vendeurs ; — droit d'usage dans la forêt de Fougères, tant pour le chauffage des religieux que pour l'entretien des fours et moulins, consistant en « les sommes d'un cheval et trois ânes, deux fois chaque jour, sauf les festes de Notre-Seigneur et de Notre-Dame, des Apostres, la Nativité de saint Jean, Pasque, Pentecoste et Noël, et à chacune desdites festes solennelles deux jours de féries » ; outre, l'usage de bois à merrain pour les églises et maisons, et le pacage pour les porcs ; — droit d'avoir sénéchal, lieutenant, procureur, greffier, sergent et autres officiers pour exercer la juridiction abbatiale en l'auditoire de la cour de Fougères, immédiatement après l'audience de ladite cour; « mais si le sénéchal de Rillé condamne quelque malfaiteur à subir un châtiment corporel, il est tenu de le livrer, sur le pont du chasteau de Fougères, au sénéchal du seigneur de Fougères, qui exécutera la sentence portée par la cour de Rillé » ; — droit de jouir « des assauts de la forest de Villecartier et du dixiesme des assauts des bestes qui sont accensées en ladite forest, avec droit de pasnage pour leurs bestes porcines » ; — droit de nommer les maîtres d'école des villes de Fougères, Bazouges et Antrain, et des autres lieux de la baronnie de Fougères (nota : en 1680, l'abbé de Rillé fut débouté de ses prétentions à ce dernier droit, quoiqu'il reposât sur une charte ducale de 1473). — Enfin, nous croyons que l'abbé de Rillé jouissait du droit d'user des ornements pontificaux, puisque son sceau portait une crosse et une mitre au-dessus de l'écu. 

Tout le revenu de l'abbaye de Rillé, à l'époque de la Révolution, montait à environ 12 000 livres ; mais de cette somme il fallait défalquer : 3 400 livres de pension payée par les religieux à leur abbé commendataire, — 2 792 livres 6 deniers dus pour décimes, — 1 300 livres pour l'entretien et les réparations des bâtiments, — 800 livres pour aumônes, — 700 livres pour la sacristie, — 650 livres pour le service des messes de fondation, — 926 livres dues aux hôpitaux et à quelques particuliers, etc. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 27). 

L'abbaye de Rillé fit enregistrer pour ses armoiries, en 1697, un écusson « d'hermines plein » (Armorial général ms. de 1696). 

La Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine reçut il y a quelques années communication d'un sceau qu'on lui présenta comme étant celui de l'abbaye de Rillé ; on y voyait, autour d'un saint personnage, cette légende : SIGILLUM. CONVENTUS. RILLE. 1625

« A l'époque de la Révolution, l'abbaye de Rillé fut vendue nationalement. L'acquéreur fit alors démolir une partie des bâtiments et vendit les matériaux. Elle fut rachetée, sous la Restauration, par M. Coëdro, supérieur des missionnaires de Rennes, qui se proposait d'y fixer son principal établissement ; mais les évènements de 1830 ayant changé ses dispositions, il revendit Rillé à l'abbé Taillandier, qui fonda en ce lieu la Congrégation des Soeurs Adoratrices de la Justice Divine, qui l'occupent encore à la fin du XIXème siècle. Aucun des bâtiments actuels de Rillé, dit M. Maupillé, ne remonte à la fondation de l'abbaye. Une partie avait été brûlée en 1558, et ceux qui avaient échappé à l'incendie étaient en 1603 dans un tel état délabrement que l'on fut obligé d'y faire à cette époque des réparations considérables. Nonobstant ces réparations, l'abbaye, menaçant ruine, fut entièrement reconstruite dans le courant du XVIIIème siècle. L'église, qui a été démolie au commencement du XIXème siècle, et la tour, qui en indique encore la place, furent achevées en 1734. Les autres bâtiments ne le furent que vers 1750 » (Histoire de Fougères, p. 174). 

Commencée en 1724 et terminée en 1734, comme on vient de le dire, l'église abbatiale de Saint-Pierre de Rillé ne fut bénite que le 20 novembre 1735, par Jean de Guersans, vicaire général de Rennes. Cette église renfermait un certain nombre de reliques importantes, car on faisait solennellement, au mois de juillet, dans l'abbaye, « la procession des reliques de Rillé ». Parmi ces saints ossements figuraient ceux de saint Adrien et saint Grégoire, martyrs romains, dont la translation en des châsses neuves eut lieu à Rillé le 19 juillet 1729 (Journal d'un bourgeois de Fougères, communiqué par M. Maupillé). 

C'est dans cette église abbatiale de Saint-Pierre que se desservait, à un autel particulier, l'office de la paroisse de Notre-Dame de Rillé, dont nous parlerons ailleurs. 

Nota : Il est bon de rappeler que ces religieux furent les seuls moines conservant dans notre pays l'administration spirituelle de leurs paroisses jusqu'en 1790. Il en résultait qu'un certain nombre d'entre eux résidaient dans ces paroisses, tout en y observant les règles de leur ordre autant qu'il leur était possible de le faire. Par suite de cet état de choses, les prieurés de toutes ces abbayes se divisaient naturellement en deux classes : prieurés-cures avec charge d'âmes — et prieurés simples.

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