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ABBAYE DE SAINT-SULPICE

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Abbaye de Saint-Sulpice - Saint-Sulpice-la-Forêt

L'abbaye Notre-Dame-du-Nid-au-Merle ou de Saint-Sulpice (abbatia Sancti Sulpitii) est fondée au début du XIIème siècle par Raoul de La Fustaye (ou La Fustaie). Ce dernier embrasse d'abord la règle de Saint-Benoît dans l'Abbaye de Saint-Jouin-de-Marne (en Poitou). La réputation de Robert d'Arbrissel le détermine à quitter son monastère pour suivre ce dernier dans le désert. Non seulement, il se rend l'imitateur de sa pénitence, mais encore le compagnon de ses travaux apostoliques. Robert ayant dans la suite fondé l'abbaye de Fontevrault en Anjou, Raoul entreprend un pareil établissement dans la forêt du Nid-de-Merle, au diocèse de Rennes. En effet, Raoul crée à l'endroit appelé le "Nid de Merle" un ordre mixte unique en Bretagne, un monastère de femmes et un monastère de d'hommes (qui disparaît au XVIIème siècle) placé sous la dépendance du couvent de femmes (à cause, semble-t-il, de l'obeïssance de l'apôtre saint Jean envers la Vierge Marie). On ne sait en quelle année il jette les fondements de ces maisons. Les moines appelés "Frères condonats" dépendent alors exclusivement du pouvoir de l'abbesse. L'abbaye est fondée pour 28 religieuses, et l'abbesse a un revenu annuel de 20 000 francs. Raoul décède le 16 août 1129, et le nécrologe marque sa mort en ces termes : Sanctus Rodulphus, monachus Sancti Jovini, puter fratrum et monialium Sancti Sulpitii, obiit 17 kal. septembris anno Domini 1129. L'abbaye ne relève alors que de Rome. L’abbaye possédait jadis un droit de haute justice avec un auditoire et une prison. Marie, fille d'Etienne, roi d'Angleterre, est la première abbesse de cette maison à qui elle procure de grands biens. Les évêques de Quimper, de Rennes et de Poitiers lui soumettent les monastères de Locmaria, de Saint-Malo près d'Ercé, et de la Madeleine de Fougereuse, de sorte que sa maison devient un chef d'ordre dès son vivant. Henri II, roi d'Angleterre, lui donne le manoir de Lilleherche avec toutes ses dépendances. Elle meurt le 6 mai 1159. Nine ou Nive succède à Marie d'Angleterre et fait confirmer en 1162 par le pape Alexandre III, toutes les donations faites à son abbaye. Elle a l'avantage de recevoir dans sa communauté Enoguent, fille d'Alain, comte de Richemont, et de Berthe, duchesse de Bretagne. Le duc Conan IV, à cette considération, donne aux religieuses de Saint-Sulpice le lieu de Merle, où se trouve leur monastère. Nive obtient en 1181 une lettre de Philippe, évêque de Rennes, qui confirme la donation qu'Alain et Etienne ses prédécesseurs avaient faite à Saint-Sulpice de l'église d'Ercé-en-Lamée. On ne sait pas en qu'elle année elle décède. A.... est abbesse de Saint-Sulpice sous le règne de la duchesse Constance. Elle est nommée Aanor dans une donation faite au prieuré de Sainte-Croix par André, seigneur du lieu. Mais, dans un acte daté de l'an 1201, elle est nommée Ameline. Un obituaire marque sa mort en 1210. Olive obtient en 1213 une lettre de Pierre, évêque de Rennes, qui ratifie toutes les donations en dîmes faites à son monastère. Elle meurt le 6 mars 1214. Mabille obtient en 1216 une sentence qui lui adjuge une portion de dîme dans la paroisse de Moulins, diocèse de Rennes, après la mort de Barthélemy, recteur de cette église. Elle retire en 1224 ses religieuses du monastère de la Pierre d'Albéric, et met à leur place deux chapelains. On ne sait à quelle date elle décède, mais elle vit encore en 1228. E... transige en 1239 avec Alain, gendre de Pierre, seigneur de Partenay, sur quelques villages de la paroisse de Mouazé, qui sont cédés. Jeanne de Kaer, abbesse de Saint-Sulpice, visite au mois de mars 1250 le prieuré de Locmaria, près de Quimper. Agnès gouverne l'abbaye en 1258, et vit encore au mois d'août 1285. Guillemette présente le vicariat de Locmaria à frère Alain, oblat de son monastère, selon un acte de 1294, vu par M. Hevin. Eustaise accorde en 1294 au même frère Alain une pension alimentaire de 240 livres par an pour ses honoraires de vicaire perpétuel de Locmaria. Jeanne afféage en 1302 une terre de son abbaye, et transige en 1314 avec Geoffroy, seigneur de Châteaubriand, sur l'usage que ses religieuses de Saint-Malo de Teillay avaient dans la forêt de ce nom. Perrine des Granges succède à Jeanne, et gouverne l'abbaye pendant trente ans. Elle visite le prieuré de Locmaria le 9 avril 1344, et meurt le mardi avant la fête de saint Jacques et de saint Philippe, vers l'an 1345. Marie de Coëtquen est abbesse en 1363, suivant un acte de son monastère. Almote donne le 12 février 1372 l'administration du prieuré de Locmaria, près de Quimper, à frère Guillaume du Breuil. Guibourde d'Orange succède à Almote, et meurt le 1er avril 1391. Jeanne Millon, élue en 1391, permet en 1402 à Raoulette de Coëtquen, prieure de Locmaria en Porhoët, de rendre aveu à la seigneurie de Porhoët, et meurt en 1407. Gillette de Talie gouverne l'abbaye pendant 19 ans, et meurt le 9 juin 1426. Guillemette Millon lui succède, mais on ignore la date de sa mort. Jeanne de Quedillac rend en 1450 aveu à la comtesse de Laval, dame de Vitré, pour les biens de son monastère dépendants de cette dame. Elle meure le 15 avril 1461. Marie est abbesse en 1461, mais on ne sait de quelle maison elle est, ni en quelle année elle décède. Jeanne Millon meurt le 7 mars 1498. Andrée Belloneau est élue en 1498, et meurt le 5 février 1529. Alizon du Pontbellanger est élue en 1529, et donne procuration le 9 juillet 1535 pour recueillir la succession de dame Perronelle Millon, prieure de Locmaria, qui appartient à sa maison. Son décès arrive le 17 juillet 1546. Jacqueline de Harcourt semble succédé à madame du Pontbellanger. Elle fait serment de fidélité au roi en 1556. Elle confère le 7 novembre 1508 (?) le prieuré de Locmaria, près de Quimper, à Gabrielle de Morais, sa nièce, et meurt le 5 décembre 1577. Marguerite de Harcourt est coadjutrice de Jacqueline, sa tante, en 1570, mais on ne sait si elle lui survit. Gabrielle de Morais fait serment de fidélité au roi en 1579, et confère en 1580 le prieuré de la Ville-aux-Nonnains à soeur Michelle de La Haye, sa religieuse. Elle est obligée de quitter son monastère en 1583 pour se préserver de la contagion qui afflige le pays. Après avoir gouverné sagement sa communauté pendant plusieurs années, elle se démet en faveur de dame Antoinette Morais, sa nièce, et meurt le 17 décembre 1614. Antoinette de Morais est pourvue sur la résignation de sa tante, et ne vit pas assez longtemps pour lui fermer les yeux, étant morte le 11 septembre 1608. Elle fait serment de fidélité au roi en 1605, selon Padioleau. Marguerite d'Angennes est nommée en 1608, et fait serment de fidélité au roi en 1610. Elle réforme son monastère, donne l'exemple de toutes les vertus, et meurt saintement le 3 juillet 1662, à l'âge de 82 ans, après avoir gouverné sa maison pendant 54 ans. Marguerite de Morais, abbesse de Saint-Sulpice, plaide en 1688 contre Jeanne de Talhoët, prieure de Locmaria, qui lui disputait la juridiction sur ce prieuré. Elle meurt le 3 juin 1704. Angélique Renée de La Forêt d'Armaillé, grande prieure de l'abbaye, est nommée abbesse le 15 août 1704, et prend possession le 10 novembre de la même année. Elle meurt le 1er mai 1721. Olive Claude Eléonore de Lesquen de La Villemeneust prend possession le 24 juin 1721, donne sa démission en 1727, et se retire chez les religieuses cordelières de Quimper, où elle meurt le 21 septembre 1730. Madeleine Elisabeth de Bouchard de Lussan d'Esparbès d'Aubeterre, grande prieure de Notre-Dame-de-la-Saulsaie, prend possession de l'abbaye de Saint-Sulpice le 17 juillet 1727. N. de La Bourdonnaye (Bourdonnaie) succède en 1755 à madame d'Esparbès, et gouverne l'abbaye jusqu'en 1778. N. Lemaître de La Garlaye est, en 1778, nommée abbesse de Saint-Sulpice. Elle survit à la destruction de sa maison. L'expulsion des religieuses a lieu en 1792.    

L'église abbatiale est vraisemblablement élevée sous le règne du duc Conan IV (1137-1171). On y trouve le sarcophage de saint Raoul (XIIème siècle). La nef date du XIIème siècle. Le portail date de 1423. Le cloître date du XVIIème siècle. L'infirmerie date de 1628-XIX-XXème siècle. Les bâtiments de l'Abbaye sont incendiés en 1556 et en 1651. Les bâtiments abbatiaux sont reconstruits par l'abbesse Marguerite d'Angennes (1609-1662). Le duc Conan III tient à l'Abbaye une session de sa cour ducale en 1146. Une troupe française y campe également en 1491.

 

 

Voici ce que dit le Pouillé de Rennes :

Parmi les disciples de Robert d'Arbrissel, d'abord trésorier de l'Eglise de Rennes (1085-1089), puis abbé de la Roë et fondateur de Fontevrault, figure Raoul de la Fustaye. Ce dernier commença par être moine bénédictin en l'abbaye de Saint-Jouin de Marne, en Poitou ; mais lorsque Robert d'Arbrissel inaugura les merveilleuses prédications qui caractérisèrent sa vie, Raoul s'empressa de se mettre sous sa conduite ; il devint lui-même prédicateur remarquable, mais il finit par se retirer dans la vaste solitude de la forêt de Rennes, connue alors sous le nom de forêt du Nid-de-Merle. 

Une vieille légende, dont le souvenir est perpétué par une statuette antique de la Sainte Vierge, conservée encore de nos jours [nota : Cette statuette en bois, haute de 10 centimètres, se trouvait, à la fin du XIXème siècle, dans la chapelle des Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, rue du Griffon, à Rennes ; elle y a été déposée par les dernières religieuses de Saint-Sulpice réfugiées en ce couvent pendant la Révolution. On lit sous le piédestal de cette statuette l'inscription suivante : « Image de la Sainte Vierge trouvée près la Chapelle-sur-l'Eau, dans la paroisse de Saint-Sulpice, qui donna lieu à la fondation de l'abbaye de Saint-Sulpice, sous le duc Conan ; en 1151 (cette date n'est pas exacte), il donna à sa soeur Marie son château et sa terre qui étaient dans la forêt de Rennes, pour y bâtir l'abbaye connue sous le nom de Notre-Dame-du-Nid-de-Merle »], donne l'explication du nom de cette forêt : Un pâtre, dit-elle, trouva cette petite statue dans un nid de merle, au milieu de la forêt, au bord d'un étang ; elle y brillait merveilleusement et elle y revint à plusieurs reprises quand on voulut la transporter ailleurs. En mémoire de ce fait, une chapelle fut construite en l'honneur de la Sainte Vierge en ce lieu même, et elle est appelée dans un acte de 1146 « capella Sancte Marie que est super stagnum » (D. Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 597. — Voir la légende de la Vierge du Nid-de-Merle dans la Semaine Religieuse de Rennes, IX, 481). 

Raoul de la Fustaye forma donc, vers le commencement du XIIème siècle (en 1112, d'après Albert Le Grand), une maison religieuse dans la forêt du Nid-de-Merle ; en 1117, ce couvent était déjà assez florissant pour recevoir plusieurs églises et fonder les prieurés de la Fougereuse et de la Fontaine-Saint-Martin. Raoul, aidé d'un autre disciple de Robert d'Arbrissel, nommé Aubert, obtint de l'autorité épiscopale l'érection de son établissement en abbaye indépendante, destinée par la suite des temps à devenir chef d'Ordre. Il la dédia à saint Sulpice (« Ad opus sanctimonialium Sancti Sulpitii », en 1117. - D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 390) et lui donna les règles que Robert d'Arbrissel avait faites pour Fontevrault : c'est-à-dire qu'il fit construire deux monastères, l'un de femmes, gouverné par un abbesse, supérieure de tout l'établissement, et l'autre d'hommes, soumis aux religieuses en souvenir de l'obéissance de saint Jean l'Evangéliste à la Sainte Vierge retirée chez lui. 

« La règle qu'il donna aux femmes fut celle de saint Benoît. Il y ajouta des règlements qui portaient, entre autres choses, qu'elles ne rompraient le silence que dans le chapitre, pour s'y accuser de leurs fautes, et dans le choeur, pour chanter les louanges de Dieu ; qu'elles s'abstiendraient même de parler par signes, à moins que la nécessité ne les y obligeât ; qu'elles feraient elles-mêmes la cuisine ; qu'elles ne verraient personne de dehors sans la permission de l'abbesse et sans témoins ; qu'elles ne sortiraient jamais du cloître ; que les prêtres n'entreraient jamais dans la maison, non pas même pour administrer les derniers sacrements aux malades, mais que l'on apporterait les religieuses infirmes dans l'église pour les y recevoir ; qu'elles ne mangeraient point de viande, même dans leurs maladies ; qu'elles entreraient à l'église et en sortiraient toutes ensemble, et qu'elles ne se plaindraient ni de la couleur, ni de la qualité des étoffes dont on les habillerait » (D. Lobineau, Vie de Robert d'Arbrissel). 

Quant aux hommes, ils devaient réciter l'office canonial, n'avoir rien en propre, se contenter de ce que les religieuses leur donneraient et ne point se mêler des affaires du siècle ; ils étaient les directeurs spirituels des religieuses, qui restaient seules maîtresses du temporel. L'abbesse de Saint-Sulpice recevait la profession de foi des moines, et ceux-ci faisaient voeu de lui obéir ; ils étaient obligés d'assister au chapitre général qu'elle tenait tous les ans au mois d'août et d'observer les règlements qu'elle y faisait. Ceux d'entre eux qui avaient des bénéfices rendaient compte des revenus à l'abbesse et lui remettaient, à la fin de l'année, ce qui leur restait, déduction faite de leur subsistance, pour être employé aux besoins de la communauté ; les autres, restant en clôture, reçurent plusieurs fois des Papes défense expresse de sortir de leur monastère, après y avoir fait profession, sans la permission de l'abbesse et de son Chapitre [D. Lobineau, Vie de Robert d'Arbrissel – Notice ms. sur l'abbaye de Saint-Sulpice (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 2) – Hélyot, Histoire des Ordres religieux, VI, 112].

Raoul de la Fustaye mourut en 1129, d'après les Nécrologes de Saint-Sulpice et de Landévennec (« Decimo septimo kalendas septembris obiit Sanctus Radulphus, monachus Sancti Jovini, servus et pater fratrum et monialium abbatiœ Sancti Sulpitii, anno Domini 1129 ». - Necrol. Sancti. Sulpitii). On ignore l'époque de la mort d'Aubert, mais l'on sait que ces deux religieux furent honorés comme saints dans l'abbaye qu'ils avaient fondée ; ils furent inhumés dans l'église abbatiale, sous deux pierres tombales placées à fleur de terre, dans une chapelle basse située au bout du transept méridional. Cette chapelle porte encore leurs noms, et il y avait jadis à Saint-Sulpice une confrérie établie sous le titre des Saints Raoul et Aubert « en l'honneur desdits corps saints ». On montre aussi dans la forêt de Rennes, à une demi-lieue de Saint-Sulpice, la croix et la fontaine Saint-Raoul, où vécut d'abord solitaire, dit-on, ce pieux personnage à son arrivée dans le pays. 

En 1146, Conan III, duc de Bretagne, réunit ses barons à Saint-Sulpice et y fit, dans la chapelle appelée Notre-Dame-sur-l'Eau, une donation aux moines de Saint-Florent. La même année, le pape Eugène III confirma Marie, abbesse du monastère de Notre-Dame-du-Nid-de-Merle, « Mariœ abbatissœ monasterii B. M. quod in sylva Nidi Merli situm est » dans la possession de tous les biens donnés à son abbaye. Ces actes nous prouvent que déjà le monastère fondé par Raoul de la Fustaye portait indifféremment le nom de Saint-Sulpice et de Notre-Dame ; ils nous montrent aussi quelle rapide extension avait prise cette maison, puisque moins de quarante ans après sa fondation elle possédait déjà quinze prieurés : Notre-Dame-des-Couets, Sainte-Radegonde et Sainte-Honorine, au diocèse de Nantes ; — Locmaria, à Quimper ; — Locmaria, au diocèse de Vannes ; — Thélouët et Saint-Germain-des-Prés, au diocèse de Saint-Malo ; — Sainte-Catherine-des-Quatre-Hôtelleries et Saint-Malo de Teillay, au diocèse de Rennes ; — la Fontaine-Saint-Martin, au diocèse du Mans ; — La Fresnaye, au diocèse de Tours ; — Saint-Jacques-du-Lattay et deux autres églises, au diocèse d'Angers, — et la Fougereuse, au diocèse de Poitiers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 1). Seize ans seulement plus tard, ce nombre de prieurés était encore doublé. 

Cette rapide extension de l'abbaye de  Saint-Sulpice ne permet pas de douter que les ducs de Bretagne contribuèrent grandement à sa fondation ; elle se trouvait d'ailleurs dans une forêt qui faisait partie du domaine ducal, et elle s'honora toujours du titre d'abbaye royale lorsque les rois de France eurent remplacé nos ducs. Nous faisons cette remarque, parce que l'acte de fondation de l'abbaye n'existe plus (nota : L'acte de fondation fut, dit-on, remis avec d'autres titres, en 1727, aux commissaires nommés par le roi pour constater l'état de l'abbaye ; on ne sait ce qu'il est devenu). Vers 1160, le duc Conan IV, de concert avec la duchesse Marguerite, sa femme, donna à Ennoguent, sa soeur, religieuse à Saint-Sulpice, « Ennoguent sorori meœ et sanctimonialibus Sancti Sulpicii », sa terre de Merle, « terram de Merle ». Mais, comme l'on voit, ce n'est point là la fondation du monastère, dont l'existence est constatée quarante-trois ans auparavant. 

Des deux monastères de Saint-Sulpice, celui de femmes subsista seul jusqu'à la Révolution ; mais nous ne savons pas au juste à quelle époque disparut celui des hommes. D. Lobineau et le P. Hélyot disent que ces religieux portaient le nom de Frères Condonats, et le premier semble insinuer qu'ils furent supprimés à la fin du XIVème siècle (Histoire de Bretagne, 121) ; mais le P. Hélyot fait remarquer qu'il est encore fait mention des moines de Saint-Sulpice au XVIème siècle, témoin la profession que fit en 1585 Pierre Bertrand, prêtre de Chasné, entre les mains de l'abbesse Gabrielle de Morais (nota : « Ego Petrus Bertrand presbyter parochiœ de Chaneio Rhedon. diœcesis, a longo tempore manens in hoc monasterio Sancti Sulpicii Rhedon. diœcesis, Ordinis S. Benedicti, promitto atque juro Omnipotenti Deo, B. M. et S. Benedicto, necnon venerandœ D. Gabrielœ de Morès humili abbatissœ predicti monasterii et successoribus suis obedientiam, reverentiam, castitatem et paupertatem usque ad mortem, teste meo chirographo hic apposito die 19 mensis februarii, anni Domini 1585 » - Histoire des Ordres religieux, VI, 112.). Nous verrons, au reste, plus tard que la plupart des paroisses dépendant de Saint-Sulpice étaient encore desservies par des religieux bénédictins au commencement du XVIIème siècle. Quoi qu'il en soit, le monastère des Frères Condonats n'existait plus en 1679, mais on en distingue encore l'emplacement à peu de distance de l'abbaye ou monastère des femmes : c'est un vaste carré devant former un cloître intérieur ; il est entouré de douves et porte le nom de Butte-aux-Moines. 

La régularité régna longtemps dans la communauté de Saint-Sulpice, mais les guerres civiles du XVIème siècle obligèrent les religieuses à se retirer dans les villes par crainte du pillage et pour se mettre à couvert des insultes des soldats ; en 1556, un incendie attribué à la malveillance détruisit une partie du couvent et épouvanta tellement les soeurs qu'elles se réfugièrent en grand nombre dans leurs familles. Le relâchement s'introduisit par suite dans l'abbaye, la clôture n'y fut plus observée, et l'on oublia les préceptes du bienheureux Raoul de la Fustaye. Heureusement qu'en cette triste occurrence Dieu suscita une vertueuse réformatrice en la personne de Marguerite d'Angennes, nommée abbesse en 1609. Avec l'aide des Jésuites, elle parvint à faire renaître toutes les vertus religieuses dans le cloître de Saint-Sulpice ; de concert avec des personnes notables par leur piété, elle dressa de nouveaux règlements, qu'approuva Mgr Cornulier, évêque de Rennes. Saint François de Sales, directeur de Mme de Saudrais, soeur de l'abbesse, passe pour n'avoir pas été étranger à cette réforme, au sujet de laquelle Mme d'Angennes implora ses lumières. Elle obtint en même temps du pape Grégoire XV, en 1621, une bulle en vertu de laquelle les religieuses prieures titulaires des prieurés, non conventuelles, reçurent défense de résider dans ces prieurés et durent venir habiter la clôture du monastère de Saint-Sulpice. Les prieures luttèrent longtemps contre cette réforme, mais une bulle de Clément XI confirma ce qu'avait fait Grégoire XV, et le Conseil d'Etat, auquel les prieures récalcitrantes en appelèrent comme d'abus, leur donna tort. 

On peut se faire idée de la salutaire réforme qu'opéra Mme d'Angennes en lisant l'intéressant volume des Constitutions des religieuses bénédictines de l'abbaye de Saint-Sulpice, publié en 1685 par les soins de Mme de Morais, nièce de la réformatrice.

Un nouvel incendie détruisit en 1651 une grande partie du cloître, ainsi que le dortoir, l'infirmerie et une chapelle dédiée à saint Joseph ; Mme d'Angennes releva tous ces bâtiments avec le plus grand soin et compléta ainsi la réforme de ses religieuses par la reconstruction de leur monastère. Lorsque éclata la Révolution, la communauté de Saint-Sulpice se composait de dix-sept religieuses de chœur (nota : C'étaient Mmes Le Maistre de la Garlaye, abbesse ; de Quincé, grande-prieure ; du Feu, sous-prieure ; du Bourg de Boisjourdan, dépositaire ; de la Moussaye, de Goyon, de Rosnyvinen, Gouyon de Beaucorps, de la Ville-Thébault, Le Lay, Le Roux, Hervé, de la Houssaye du Plessix, de la Houssaye, Dalet, Chrestien et Clermellier), d'une novice et de huit soeurs converses ; il s'y trouvait, en outre, deux chapelains, plusieurs pensionnaires, appartenant presque toutes à la noblesse, et un assez grand nombre de domestiques. Chassées de leur pieuse solitude, ces saintes filles se réfugièrent dans leurs familles, et quelques-unes d'entre elles vinrent mourir, comme nous l'avons dit, au couvent des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, à Rennes.  

La seigneurie de l'abbaye de Saint-Sulpice s'étendait dans les paroisses de Saint-Sulpice-des-Bois, Mouazé, Betton, Saint-Aubin-d'Aubigné et Chasné. 1° En Saint-Sulpice, l'abbesse possédait « l'église, monastère, cloître, maisons et fuies ; — les moulins du Cloître, avec leurs attaches ; — les estangs, bois de haulte futaye, vergers, vignes, garennes, prés, métairies et pourpris ; — les prés, terres arrables et non arrables, landes, communs de l'abbaye et bois du Breil ; — et deux maisons avec jardins et prés en ladite ville de Saint-Sulpice ; contenant le tout desdites terres environ 800 journaulx » (Déclaration faite au roi en 1679 – Archives départementales de la Loire-Inférieure, B, 719). Le Grand Fief de Saint-Sulpice, s'étendant en la même paroisse, rapportait de revenu : par deniers, 61 livres 3 sols 9 deniers ; par froment, environ 214 boisseaux mesure de Rennes, plus un oison, un poulet blanc et un millier d'épingles. Le tout relevait directement du roi. 2° En la paroisse de Mouazé : le fief de Mordefroy et de la Vieuville, — le pré du Gahil (5 journaux), — et les moulins à eau de Gahil et de la Ridelaye, situés sur la rivière d'Ille. A cause de ces biens, relevant de la seigneurie de Betton, l'abbesse devait 13 sols 2 deniers obole de rente payable le jour Saint-Melaine au seigneur de Betton. 3° En la paroisse de Betton : « les fiefs et mazures de Rigué, Macheré, le Housset, la Béchère, etc. », valant 7 livres 9 sols 4 deniers, 17 boisseaux d'avoine et 4 gélines ; l'abbesse devait pour ce fief, au seigneur de Betton, 14 sols de rente. 4° En la paroisse de Saint-Aubin-d'Aubigné : le fief du Champ-Aubouin, de peu de valeur. 5° En la paroisse de Chasné : les fiefs de Bois-Guillaume, Belfief et Mont-Bertrand, relevant du seigneur du Bordage, auquel l'abbesse devait chaque année 12 sols de rente payables « la nuit de Noël, audit lieu de Chasné, entre la messe de minuit et celle du matin » (Déclaration faite au roi en 1679 – Archives départementales de la Loire-Inférieure, B, 719). 

Les prieurés de Saint-Sulpice ayant été presque tous réunis à la mense abbatiale, leurs revenus formaient une grande partie des rentes de la maison-mère ; en 1762, ils rapportaient tous ensemble environ 13 000 livres. L'abbaye possédait, en outre, quelques métairies, telles que la Hamonaye, en Saint-Sulpice, et celles du Plessix-Moulin, du Pré-Picquet, de Chantepie, de Landrol, du Feillet, etc., en diverses paroisses. L'abbesse affermait en 1762 toutes ses dîmes comme il suit : en Bais, 920 livres, — en Mouazé, 600 livres, — en Saint-Aubin-d'Aubigné, 1 388 livres, — en Saint-Mard-le-Blanc, 610 livres, — en Saint-Sulpice-des-Bois, 150 livres, — en Moulins, 200 livres, — en Réthiers, 160 livres, — en Beaulieu, 200 livres, — en Plessé, 80 livres, — en la Fontenelle, 75 livres, — en la Bouëxière, 150 livres, — en la Chapelle-Saint-Aubert, 140 livres, — en Saint-Jean-sur-Couasnon, 40 livres, — en Montreuil-le-Gast, 90 livres, — en Chasné, 280   livres — en Nouvoitou, 56 livres, — en Balazé, 120 livres, — en Vendel, 145 livres, — en Gévezé, 195 livres, —   en Betton, 40 livres, — en Vern, 15 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2 H, 2, 64). Enfin, à la fin du XVIIIème siècle, un état des biens de l'abbaye de Saint-Sulpice se résume ainsi :

 

Fermes des prieurés.............

13,036 livres

Fermes des dîmes..................

 8,197 livres

Fermes des métairies..........

 3,422 livres                  

Rentes en argent..................

    250 livres 8 sols 7 deniers

Rentes en grains....................

 4,224 livres

Pensions viagères...................   350 livres  

 Total du revenu............................... 29,479 livres 8 sols 7 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2 H, 2, 64)

Dans cet état n'est pas compris le pourpris de l'abbaye, rapportant à la même époque 42 mines de froment, 56 mines de blé-noir, 12 mines d'avoine et de paumelle, et le cidre nécessaire au couvent.

A côté de ce chiffre des revenus il faut mettre celui des dépenses ; or, l'abbaye de Saint-Sulpice devait payer chaque année :  

- Intérêts de rentes constituées. .......  6,460 livres
- Pensions congrues des recteurs de Saint-Sulpice, Mouazé, Saint-Aubin-d'Aubigné, Chasné, Montreuil-le-Gast, Nouvoitou, Concoret, etc......  1,586 livres
- Rentes foncières et féodales.......  628 livres
- Décimes........  3,455 livres
- Pensions des chapelains. ........   410 livres
- Entretien de vingt-deux prieurés, vingt métairies, vingt-et-une chapelles et bon nombre de moulins.........        3,135 livres
- Entretien des chanceaux d'églises. ........  300 livres
- Entretien de trente-huit religieuses. .........  3,435 livres

Total des dépenses ordinaires  :  19,409 livres (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H, 2, 64).

Mais comme, outre ces dépenses ordinaires, il y avait toujours de nombreuses dépenses extraordinaires, il en résultait que l'abbaye ne jouissait pas d'un revenu aussi considérable qu'eût pu le faire croire la grande étendue de ses dépendances. Il est à remarquer qu'à Saint-Sulpice, comme à Saint-Georges de Rennes, il n'y avait pas de mense abbatiale proprement dite, parce que l'abbesse, toujours religieuse, vivait en communauté avec ses soeurs : il n'y avait, par suite, qu'une seule mense, tout à la fois abbatiale et conventuelle. Enfin, l'abbaye de Saint-Sulpice avait un droit d'usage « ès forêts de Rennes, Saint-Aubin-du-Cormier et Liffré, à prendre bois pour chauffage, édification, réparation et entretiennement des églises, chapelles, cloistre, maisons, chaussées, moulins, puits, four et pressoir, tant en la ville dudit Saint-Sulpice qu'au lieu du Plessix, moulin et village du Tronchay, qui sont dudit monastère ; aussi droit de tenir bestes chevalines, d'aumaille et porchines èsdites forêts pour y paistre à pastys, et droit de faucher litière raisonnablement ». Ces droits d'usage furent confirmés aux religieuses par les ducs de Bretagne Jean III (1335), Charles de Blois (1360), Jean IV (1368 et 1374), par la duchesse Anne (1488), et, enfin, par des lettres patentes de Louis XIV, enregistrées au Parlement de Bretagne le 24 juin 1651. Lorsqu'on régla dans les forêts royales tous les droits d'usage aux derniers siècles, on accorda à l'abbaye de Saint-Sulpice 80 cordes de bois pour son chauffage chaque année, avec le droit de pacage pour tous ses bestiaux dans la forêt. 

L'abbaye jouissait d'une juridiction seigneuriale haute, moyenne et basse ; elle avait, en conséquence, ses officiers, son auditoire, ses prisons, etc. 

Les ducs de Bretagne lui accordèrent le droit de tenir foire et marché au bourg de Saint-Sulpice ; ce marché, fixé d'abord au dimanche, fut, en 1432, transféré au vendredi par le duc Jean V (nota : Cartulaire de Saint-Sulpice - Ce manuscrit du XVIème siècle, conservé à la Bibliothèque de la ville de Rennes, n'offre pas un grand intérêt ; il renferme une trentaine d'actes pour la plupart imprimés ailleurs). 

Au point de vue spirituel, l'abbesse de Saint-Sulpice était exempte de la juridiction de l'évêque de Rennes et relevait directement du Saint-Siège ; elle présentait elle-même aux prieurés, cures et bénéfices dépendant de son monastère ; or, en 1679, vingt-cinq prieurés et douze cures ou vicairies [nota : Nous parlerons à l'instant des prieurés ; les douze cures étaient : Saint-Sulpice, — Saint-Aubin-d'Aubigné, — Bais, — Mouazé, — Ercé-en-la-Mée, — Chesne, — Sérigné, — la Bouëxière, — la Fougereuse, — la Fontaine, — Locmaria — et Lesneven. (Déclaration de 1679)] relevaient de Saint-Sulpice. Elle avait droit de suprématie, juridiction et correction sur les prieures et sur les religieuses, auxquelles elle choisissait des prêtres réguliers ou séculiers pour directeurs ; elle devait visiter ou faire visiter ses prieurés, et lorsqu'elle les visitait elle-même, on devait aller la recevoir solennellement à la porte de l'église et chanter le Te Deum ; dans cette circonstance, on portait la crosse devant elle. 

L'abbesse pouvait seule autoriser les absences de ses religieuses, et elle avait le droit de transférer celles-ci dans les diverses maisons dépendant de Saint-Sulpice. Elle donnait les règles de service aux cellérières, chambrières, infirmières, maîtresses de novices, portières et sacristes de l'abbaye ; enfin, elle devait veiller à l'observation des règlements de Saint-Sulpice et punir toute infraction à la discipline. 

Pour mieux faire voir l'importance d'une abbesse de Saint-Sulpice, nous allons rapporter ici sa première entrée solennelle au monastère (nota : Ce cérémonial est extrait d'un ms. intitulé : Règlement à observer pour l'entrée d'une nouvelle abbesse à Saint-Sulpice. – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine) : « Aussitôt qu'on sera averty de l'entrée de Madame l'abbesse sur les terres de la paroisse, on sonnera toutes les cloches tant de la paroisse que de l'abbaye, et si elle veut entrer dans l'église de la paroisse en passant, le recteur la recevra à la porte de l'église, lui présentera de l'eau bénite et lui fera compliment. Estant arrivée à l'abbaye, elle se rendra directement à l'église du dehors pour rendre ses devoirs au Saint-Sacrement ; un de Messieurs les aumôniers (nota : Il y avait toujours à l'abbaye au moins deux aumôniers ; ils avaient le droit de porter le Saint-Sacrement à la procession du Sacre faite à l'église paroissiale de Saint-Sulpice) la recevra à la porte de l'église, en chape, et, après lui avoir fait son compliment, il lui présentera le crucifix à adorer, et ensuite l'eau bénite, et la conduira devant le grand autel sur un prie-Dieu. Au même temps la grande grille sera ouverte, toutes les religieuses seront dans le choeur et on touchera l'orgue jusqu'à ce que Madame soit à genoux devant le Saint-Sacrement. Pendant qu'elle dira ses prières on chantera en musique, après quoi le chantre entonnera l'antienne de saint Sulpice, celle de saint Benoît et celle de sainte Scholastique, et l'aumônier chantera au pied de l'autel les versets et oraisons convenables. Ces oraisons finies, celui qui est député pour mettre Madame en possession de son abbaye la viendra prendre pour la conduire au couvent. Madame, en sortant de l'église, passera devant la grande grille, toute la communauté la saluera par une inclination profonde et recevra réciproquement d'elle le salut. En même temps que Madame l'abbesse sortira de l'église, la communauté sortira du choeur pour se rendre processionnellement à la grande porte du monastère, Madame la sacristine marchant la première avec la croix. Sous le porche de la grande porte, où l'on aura étendu un tapis avec un carreau, quand Madame l'abbesse entrera, Madame la prieure se présentera, ayant à ses côtés deux religieuses, dont l'une tiendra un crucifix et l'autre un bénitier avec son aspersoir ; Madame la prieure s'avancera et présentera d'abord le crucifix à Madame la nouvelle abbesse, qui se mettra à genoux sur le carreau et l'adorera en lui baisant les pieds. Quand Madame se sera relevée, Madame la prieure lui fera un petit compliment en son nom et au nom de toute la communauté, puis lui faisant une profonde révérence, elle lui présentera l'aspersoir ; Madame prendra de l'eau bénite et en donnera à la communauté, qui la recevra avec humilité, à genoux. Cela fait, les chantres entonneront le Benedictus et le cortège se dirigera vers le choeur de l'église abbatiale. A l'entrée du choeur, celui qui a commission de mettre l'abbesse en possession lui placera la crosse entre les mains et la conduira sur le siège abbatial, où Madame se mettra d'abord à genoux pour adorer le Saint-Sacrement ; quand elle se sera relevée, le prêtre officiant, étant en chape devant l'autel, commencera le Te Deum, qui sera continué par l'orgue et la musique, et à la fin il chantera les versets et oraisons. Puis toutes les religieuses, ayant à leur tête les premières officières du couvent, iront rendre leurs hommages à Madame l'abbesse, qui sera ensuite conduite à la salle du Chapitre et finalement à la chambre abbatiale »

Les sceaux de l'abbaye de Saint-Sulpice, venus à notre connaissance, sont tous particuliers à certaines abbesses, et nous les relatons en parlant de ces dernières ; mais l'Armorial général ms. de 1698 nous fait connaître les armoiries propres au monastère lui-même : d'azur à une crosse d'or accostée des deux lettres S. S. de même

Nous terminerons par la description de ce qui reste à la fin du XIXème siècle de l'abbaye de Saint-Sulpice, ruinée par la Révolution. Saint-Sulpice-des-Bois se trouve à quinze kilomètres de Rennes, sur la lisière de la forêt de ce nom ; l'abbaye avoisinait le bourg. Pour se rendre aux ruines de ce monastère on suit, à la sortie du bourg, un chemin nommé le Pavé, à cause de son ancienne construction, et l'on arrive ainsi sur une chaussée où se trouvent deux édifices dignes d'attention : l'un est une charmante chapelle du XVème siècle, convertie maintenant en maison de ferme ; l'autre est un ancien moulin à eau. La chapelle est ce vieux sanctuaire de Notre-Dame-sur-l'Eau, « Sanctœ Mariœ super stagnum », mentionné en 1146 et reconstruit par l'abbesse Guillemette Milon vers 1447. Nous avons dit que cette chapelle possédait jadis une belle verrière et que l'écusson de la famille Milon s'y trouvait plusieurs fois reproduit sur la pierre et sur le verre. Gaignières ajoute qu'on y voyait aussi les armoiries des abbesses Marguerite d'Angennes et Marguerite de Morais de Brezolles. Ces blasons ont disparu depuis, mais les guirlandes qui courent le long de ses corniches, les clochetons ciselés qui couronnent ses contreforts et les figurines qui peuplent les voussures de la porte recommandent cette chapelle aux regards des archéologues. Le vieux moulin est de même style, et les armes qui occupent le tympan de sa porte ogivale nous apprennent qu'il fut construit par l'abbesse Jeanne Milon vers l'an 1400. Peu après, nous nous trouvons devant le portail principal de l'abbaye : il est construit en pierres blanches et se compose d'une grande arcature ogivale dont les nombreuses voussures reposent sur des colonnettes ; la porte elle-même, en arc surbaissé inscrit dans cette vaste ogive, laisse vide un tympan occupé par l'écusson de l'abbesse Guillemette de Taillis ; une inscription, que nous avons rapportée plus haut, prouve que cette dame fit faire ce portail en 1423. Il est bien fâcheux que les incendies aient détruit totalement le monastère du XIIème siècle, reconstruit au XVème par les abbesses Jeanne et Guillemette Milon, Guillemette de Taillis et Andrée de Belloneau ; ce qui nous reste de ces époques à Saint-Sulpice nous montre, en effet, avec quels soins les travaux furent exécutés. Malheureusement les vieux bâtiments qui avoisinent le grand portail n'appartiennent qu'aux derniers siècles et offrent peu d'intérêt. On y retrouve encore des chambrés boisées et peintes à la mode du XVIIIème siècle, qui passent pour avoir été les appartements de l'abbesse. A côté apparaissent aussi les cloîtres, en partie détruits ; ils avaient été reconstruits par l'abbesse Marguerite d'Angennes, au milieu du XVIIème siècle. C'est à cette même religieuse que l'on doit l'infirmerie, devenue à la fin du XIXème siècle l'habitation du propriétaire de Saint-Sulpice ; ses armoiries, de sable au sautoir d'argent, timbrées d'une crosse et accompagnées de la date 1628, s'y retrouvent encore. Mais la partie la plus antique et la plus intéressante de Saint-Sulpice est l'église abbatiale, dont les ruines présentent un pittoresque aspect. Cet édifice doit remonter au commencement même de l'abbaye : c'est une vaste croix romane terminée par trois absides ; ses énormes pans de murailles, les gigantesques arceaux de son intertransept, l'escalier grossier qui conduisait à la tour centrale, la chapelle sépulcrale (nota : C'est une espèce d'oratoire placé au bout du transept méridional ; la voûte surbaissée est couverte de fleurs de lys et d'étoiles, d'autres peintures en décoraient les murailles. On a dit qu'on y déposait les corps des abbesses, mais cela ne nous parait pas probable, car la première abbesse, ainsi que Mmes d'Angennes et de Morais, furent inhumées dans le chapitre, à côté duquel se trouvait le cimetière ; nous savons, au contraire, par Albert Le Grand, qui en parle de visu, que cette petite chapelle renfermait au XVIIème siècle les deux tombes « à fleur de terre » de Raoul de la Fustaye et d'Aubert, honorés comme saints par les religieuses ; il n'est pas présumable que les abbesses eussent osé violer leurs tombes vénérées pour s'y construire un enfeu à elles-mêmes) des bienheureux Raoul de la Fustaye et Aubert, les immenses blocs de pierres dressés là où fut l'autel et surmontés d'une croix restée seule debout au milieu de ce bouleversement général, les arbres qui s'élèvent dans la nef, formant une voûte de verdure, les débris d'autels et de tombeaux gisant çà et là au milieu des broussailles, forment un ensemble d'incontestable poésie et d'un grand intérêt. On y rêverait volontiers aux vieux souvenirs qu'évoque cette construction hardies des disciples de Robert d'Arbrissel, d'où s'élevèrent tant, de pieuses prières et où la croix surgit encore, sublime expression de toutes les espérances chrétiennes. Mais il faut arrêter l'essor de l'imagination, et après une courte prière pour ceux qui s'agenouillèrent jadis dans ce temple aujourd'hui désert, nous devons terminer la visite de ces ruines. L'ancienne cour du monastère, où prêchait le P. Maunoir lorsqu'il fit la célèbre mission de 1679, n'existe plus, elle a été changée en un jardin anglais ; mais dans les débris du cloître qui l'environnait autrefois, nous avons encore retrouvé plusieurs pierres tombales des deux derniers siècles (Ce sont celles de Mmes Rouvron de Saint-Germain (1691), Ferré de la Villesblancs (1699), Saliou de Chef-du-Bois (1700), Menet (1702), Bertin (1778) et de Quillieu du Plessix (1781), toutes religieuses de Saint-Sulpice). Enfin, aux alentours du monastère on apercevait jadis les halles, l'auditoire seigneurial, la grange aux dîmes, les moulins et colombiers, plusieurs beaux étangs aujourd'hui desséchés, la chapelle Saint-Nicolas, où se réunissaient les domestiques, enfin les hautes murailles du bel enclos abbatial, qui avec ses maisons et ses bois, ses jardins et ses prairies, ne comprenait pas moins de cinquante journaux de terre. De tout cela il ne demeure plus qu'un grand souvenir et quelques débris.

Abbesses de Saint-Sulpice :

01 MARIE DE BRETAGNE. On convient que la première abbesse de Saint-Sulpice portait le nom de Marie, mais on n'est pas d'accord sur son origine. D. Lobineau dit bien qu'elle était fille d'Etienne de Blois, roi d'Angleterre ; toutefois, comme ce roi naquit en 1105 et que Lobineau lui-même assigne 1115 pour date approximative de la fondation de Saint-Sulpice, il est impossible d'admettre Marie de Blois première abbesse d'un monastère déjà florissant en 1117, comme nous l'avons dit. Aussi D. Lobineau avoue-t-il qu'il ne sait pas à quelle époque cette princesse prit les rênes du gouvernement de l'abbaye. Cependant, la constitution même de l'ordre fondé par Raoul, humble serviteur et non point abbé du monastère, s'opposait à ce que Saint-Sulpice s'élevât sans une abbesse. Il faut donc bien admettre une autre Marie antérieure à Marie de Blois. Or, la tradition reposant sur l'Armorial ms. des abbesses de Saint-Sulpice, sur l'inscription de la statuette de Notre-Dame-du-Nid-de-Merle et sur des Notices ms. se trouvant aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine, dit que la première abbesse de Saint-Sulpice fut une princesse de Bretagne du nom de Marie, à laquelle l'Armorial donne pour blason d'hermines plein. Les évêques de Quimper, de Rennes et de Poitiers soumirent à Marie, première abbesse de Saint-Sulpice, les monastères de Locmaria, près Quimper, de Saint-Malo de Teillay et de Sainte-Magdeleine de la Fougereuse, de sorte que sa maison devint chef d'ordre de son vivant même.

02 — MARIE DE BLOIS, fille d'Etienne de Blois, roi d'Angleterre, et petite-fille de Guillaume-le-Conquérant, ne dut devenir abbesse qu'environ l'an 1140. Alain, évêque de Rennes, lui donna en 1145 l'église d'Ercé-en-la-Mée, et l'année suivante le pape Eugène III prit sous sa protection l'abbaye de Saint-Sulpice et toutes ses dépendances. En 1152, l'évêque de Nantes confirma cette abbesse dans la possession des églises de Notre-Dame-des-Couets, de Sainte-Honorine, Sainte-Radegonde, etc. ; en 1156, l'évêque de Rennes lui accorda de semblables lettres de confirmation pour les églises de son diocèse soumises à Saint-Sulpice. Enfin, vers 1159, Henri II, roi d'Angleterre, cousin de Marie, fit don à cette abbesse du manoir de Lilleherche et de ses dépendances, le tout situé dans son royaume d'outre-Manche. L'ancien Nécrologe de Saint-Sulpice dit que Marie mourut le 6 mai 1159.

03 — NIVE vel NINE succéda à Marie de Blois et fit confirmer en 1162, par le pape Alexandre III, toutes les donations faites à son abbaye. Elle eut l'avantage de recevoir dans sa communauté Ennoguent, fille d'Alain Le Noir, comte de Richemont, et de Berthe de Bretagne. Le duc Conan IV, frère de cette princesse, donna en sa considération, vers 1160, à l'abbaye de Saint-Sulpice, sa terre de Merle, dans la forêt de Rennes. Nive obtint en 1181 une lettre de Philippe, évêque de Rennes, lui assurant la possession de l'église d'Ercé. On ne sait quand elle mourut. L'Armorial ms. lui donne : d'hermines au chef de gueules. Eunoguent de Bretagne, soeur du duc Conan IV, reçue au couvent de Saint-Sulpice vers 1160, comme nous venons de le dire, est considérée par les PP. Du Paz et Le Grand, et par une Notice anonyme des siècles derniers, comme ayant succédé à Nine dans le gouvernement de l'abbaye ; D. Morice n'ose pas cependant la placer au nombre des abbesses. Albert Le Grand dit qu'elle mourut en 1187. L'Armorial ms. lui attribue les armes d'Avaugour : d'argent au chef de gueules. Pour nous, nous pensons qu'on a confondu cette princesse avec Marie de Bretagne, et que telle est la raison qui l'a fait placer dans quelques Catalogues au rang des abbesses. Le Nécrologe de Saint-Sulpice, que nous allons citer à l'instant, prouve qu'il n'y eut qu'une princesse de Bretagne à gouverner l'abbaye.

04 — AMELINE D'ECOSSE fit accord avec Simon, recteur de Chasné, du temps de l'évêque Herbert (1184-1198). Elle est appelée Aanor dans une charte du prieuré de Sainte-Croix de Vitré ; mais un autre acte de 1201 la nomme bien Ameline. Cette abbesse mourut eu 1210, laissant la réputation d'une grande piété et d'une immense charité, comme le prouve son épitaphe, ainsi conçue : Anno domini ducentesimo decimo (sic) ab incarnatione Domini, lux pietatis, fons immensa caritatis, Amelina d'Escoce, abbatissa, mater pia, quam ducat ad cœlestia Christi misericordia, nobis mater quarta fuit et feliciter tenuit ideoque sine fine Christi fruatur lumine (Nécrologe de Saint-Sulpice). Remarquons ici le rang donné à Ameline d'Ecosse ; c'est la quatrième abbesse et non pas la troisième, comme le veut D. Morice ; il faut donc nécessairement admettre soit Marie, soit Ennoguent de Bretagne parmi les abbesses ; mais l'on ne peut admettre que l'une ou l'autre. L'Armorial ms. lui attribue le blason royal d'Ecosse : d'or au lion de gueules dans un double trescheur de même.

05 — OLIVE obtint en 1213 de Pierre, évêque de Rennes, la confirmation du don de quelques dîmes fait à son abbaye. Elle mourut le 6 mars 1214, d'après le Nécrologe de Saint-Sulpice. D'après l'Armorial ms., elle portait : de sinople à la fasce d'argent chargée d'un croissant de sable en abîme.

06 — MABILE obtint en 1216 une sentence lui adjugeant une portion de dîmes en la paroisse de Moulins, après la mort de Barthélemy, recteur de cette église. Elle retira en 1224 ses religieuses du monastère de la Pierre-Aubrée, au diocèse d'Angers, et mit en leur place deux chapelains. On ne sait pas quand elle mourut, mais elle vivait encore en 1228. L'Armorial ms. lui attribue : d'hermines au croissant de gueules, au chef de même.

07 — AMICE DE DINAN était fille, selon M. de Barthélemy, de Geffroy III, seigneur de Dinan, et de Muliel, sa femme (Mélanges archéologies bretonnes, III, 13) ; mais les PP. Du Paz et Le Grand la font naître de Rolland de Dinan, seigneur de Montafilan, et la disent nièce de Pierre de Dinan, évêque de Rennes. Il est probable que ce fut elle qui transigea en 1239 avec Alain, gendre de Pierre, seigneur de Parthenay, sur quelques villages en Mouazé qui lui furent cédés. Cette dame mourut le 24 janvier 1240. L'Armorial ms. lui donne les armes de Dinan-Montafilan : de gueules à quatre fusées d'hermines posées en fasce, accompagnées de six besans de même, trois en chef, trois en pointe

08 — JEANNE BONAMY ne fit que passer, car elle mourut le 22 septembre 1240, d'après le Nécrologe de Saint-Sulpice. Suivant l'Armorial ms., elle portait : de gueules à trois croissants d'argent, posés 2, 1

09 — JEANNE DE KERAER visita, le 2 mars 1250, le prieuré de Locmaria, près Quimper. Elle appartenait à une noble famille de Basse-Bretagne, portant : de gueules à la croix d'hermines, ancrée et gringolée d'or

10 — YVETTE est mentionnée dans le Nécrologe de Saint-Sulpice comme ayant été la dixième abbesse de ce monastère. Elle mourut le 29 juin 1254. L'Armorial ms. lui attribue : d'or au sautoir de gueules

11 — AGNES Ier gouvernait l'abbaye en 1258. 

12 — JEANNE SAULNIER était abbesse en 1261. 

13 — AGNES II transigea en 1272 avec les religieuses de Sainte-Marguerite-de-Vinace, au diocèse de Bayeux, et les exempta de toute juridiction. On retrouve son nom en 1277 et 1285 (nota : M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 788 – Les noms de ces trois abbesses ne figurent pas dans l'Armorial ms). 

14 — MARIE HAREL mourut le jour Sainte-Agnès 1289, d'après le Nécrologe de Saint-Sulpice. Elle portait, suivant l'Armorial ms. : fascé d'argent et de gueules de six pièces

15 — GUILLEMETTE présenta le vicariat de Locmaria à frère Alain, Oblat de son monastère, d'après un acte de 1294. 

16 — EUSTAISIE accorda en 1294 au même frère Alain une pension alimentaire de 240 livres par an pour ses honoraires de vicaire perpétuel de Locmaria.

17 — JEANNE afféagea en 1302 une terre de son abbaye et transigea en 1314 avec Geffroy, seigneur de Châteaubriant, sur l'usage que ses religieuses de Saint-Malo de Teillay avaient dans la forêt de ce nom  (nota : L'Armorial ms. et Du Paz ne mentionnent pas ces trois abbesses, que nous fait connaître D. Morice).

18 — PERRINE (ou Peronne) DES GRANGES obtint une lettre du pape Jean XXII, ordonnant aux Frères de Saint-Sulpice d'aider de leurs propres biens l'abbaye, alors dans le besoin (« Jubens ut fratres S. Sulpicii condonati monialesque de propriis bonis pressam œre alieno abbatiam adjuvarent. » (Biliothèque Nationale., Blancs-Manteaux, XLI, 212.). Le même Pape écrivit encore en 1330 au sujet de ces Frères Condonats, qui refusaient de payer à l'abbaye ce qu'ils lui devaient. Perrine des Granges visita le prieuré de Locmaria le 9 avril 1341 et mourut le mardi avant la fête de saint Jacques et saint Philippe, vers l'an 1345, après avoir administré l'abbaye de Saint-Sulpice pendant trente ans. Elle portait, dit l'Armorial ms. : de gueules au lion d'or

abbaye Saint-Sulpice-des-Bois  Une cabale à l'abbaye de Saint-Sulpice (-des-Bois).

19 — MARGUERITE DE COETQUEN, issue d'une noble maison portant : bandé d'argent et de gueules de six pièces, vivait en 1362 et 1363. 

20ALEMOTE donna le 12 février 1372 l'administration du prieuré de Locmaria, près Quimper, à frère Guillaume du Breil ; nous avons aussi une lettre de cette abbesse adressée à la prieure des Couets, en date du 12 octobre 1374 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 17 H, 17). Le nom d'Almote ne figure pas dans l'Armorial ms. de Saint-Sulpice. 

21GUIBOURDE D'ORENGES était abbesse de Saint-Sulpice en 1381 ; elle mourut le 1er avril 1391. Ses armes étaient : pallé d'argent et de gueules de six pièces, à la bordure de sable chargée de huit oranges d'or

22JEANNE MILON appartenait à une famille bretonne qui donna trois abbesses à Saint-Sulpice, et qu'il faut distinguer des Milon, seigneurs de la Touche, en Pacé. Elue en 1391, Jeanne Milon transigea l'année suivante avec Philippe de Saint-Pern au sujet des dîmes de Saint-Aubin ; elle permit en 1402 à Raoulette de Coëtquen, prieure de Locmaria en Porhoët, de rendre aveu au seigneur de Porhoët, et elle mourut le 12 novembre 1407. Albert Le Grand nous dit que cette abbesse fit rebâtir le dortoir et deux côtés du cloître de Saint-Sulpice, et qu'elle fit faire un beau reliquaire d'argent. On doit lui attribuer aussi la reconstruction du moulin, dont la porte ogivale, avec voussures et colonnettes, est ornée de son écusson, timbré d'une crosse : d'azur à trois têtes de lévrier, coupées d'argent, accolées de gueules (alias d'or). 

23GUILLEMETTE DE TAILLIS vel DE TALIE était issue des seigneurs de Taillis, dont elle portait les armes ; elle est souvent appelée, cependant, de Tail, de Talie ou de Taile. Elle gouverna l'abbaye pendant dix-neuf ans et mourut le 9 juin 1426. Cette abbesse continua les restaurations entreprises par Jeanne Milon et construisit, entre autres choses, le beau portail principal de l'abbaye, où l'on voit encore ses armoiries sculptées : un lion à la bordure endentée, accompagnées de cette inscription : L'AN M CCCC XXIII DAE. G. DE. TAILE. FIST. FAIRE. CESTE. PORTE

24 — GUILLEMETTE MILON succéda à Guillemette de Taillis. Elle était fille de Bertrand Milon, seigneur de la Ville-Morel, sénéchal de Rennes, puis président et juge universel de Bretagne, et de Jeanne de Broons. Elle vécut en 1433 et 1435 ; Le Grand dit qu'elle mourut le 7 mars 1437. Gaignières attribue à cette abbesse la reconstruction de la chapelle de Notre-Dame-sur-l'Eau ; il y découvrit, en effet, ses armoiries, timbrées d'une crosse : d'azur à trois têtes de levrier d'argent, dentées, languées et accolées d'or, sculptées au-dessus de la porte. De plus, cette chapelle fut ornée d'une belle verrière, don de la famille Milon ; on y voyait représenté à genoux Bertrand Milon, père de l'abbesse Guillemette, et l'écusson des Milon, avec ses alliances, s'y trouvait huit fois reproduit (nota : L'un de ces écussons, surmonté d'une crosse, était un autre blason de l'abbesse Guillemette ; il portait : mi-parti : d'azur à trois têtes de levrier d'argent, dentées, languées et accolées d'or, qui est Milon ; et d'azur à la croix d'argent frettée de gueules, qui est Broons). Gaignières nous a conservé un débris de l'inscription de ce vitrail, portant ces mots : L'AN M CCCC XL ET VII A LA FIN QUIL EN SOIT.....VITRE......JESUS-CHRIST ...... ET JEHAN MILON SON FRERE MAINT EN SA GLOIRE. AMEN (Bibliothèque Nationale, ms. lat., 17092). 

25JEANNE DE QUEDILLAC sortit de la maison des seigneurs de Quédillac, qui portaient : d'argent à trois bandes de gueules. Elle rendit aveu en 1450 à la comtesse de Laval, dame de Vitré, pour les biens de son monastère qui dépendaient de cette dame. Elle mourut le 15 avril 1461. 

26MARIE DE MORAIS devint abbesse de Saint-Sulpice eu 1461, dit M. Hauréau, et mourut en 1495, d'après le Nécrologe de ce monastère (Gallia christiana, XIV, 789). La famille de Morais était originaire de Normandie et donna quatre abbesses à Saint-Sulpice ; elle portait : d'or à six annelets de sable, posés 3, 2, 1.

27JEANNE MILON était fille, selon Du Paz et Le Grand, de Bertrand Milon, seigneur de la Ville-Morel, et de Jeanne de Broons, et soeur, par conséquent, de Guillemette Milon, précédente abbesse. Elle ne gouverna que peu d'années, étant probablement fort âgée, car elle mourut dès le 7 mars 1498. 

28ANDREE DE BELLONEAU, prieure de Locmaria, près de Quimper, fut élue abbesse en 1498 et prit aussitôt possession de sa dignité. Elle fit, dit Albert Le Grand, rentrer au cloître de l'abbaye les religieuses de Locmaria de Quimper, de Sainte-Radegonde et de la Fontaine-Saint-Martin. Elle fit aussi refaire les stalles du choeur de son église abbatiale et restaura les livres de chant du monastère. Le Nécrologe dit qu'elle mourut le 5 février 1529, après avoir résigné dès 1526 son abbaye en faveur de sa nièce, Alizon du Pontbellanger. La famille de Belloneau porte : d'argent à la fasce de gueules.

29 — ALIZON DU PONTBELLANGER succéda à sa tante Andrée de Belloneau, du consentement des religieuses, et reçut ses bulles le 25 avril 1526. Le 9 juillet 1535, elle donna procuration pour recueillir la succession de Perronelle Milon, prieure de Locmaria, qui appartenait à son abbaye. Alizon du Pontbellanger mourut le 17 juillet 1546. Cette abbesse portait : d'hermines à quatre cotices de gueules. Aussitôt après la mort d'Alizon du Pontbellanger, les religieuses élurent abbesse Marguerite de Harcourt, sa parente (nota : Françoise de Harcourt, sœur de l'abbesse, avait épousé André du Pontbellanger – Voir Dictionnaire historique, de Moreri). Cette dame prit possession le 17 mars 1547, mais elle n'obtint point ses bulles, parce que le roi avait donné l'abbaye à sa soeur, Jacqueline de Harcourt, qui suit. 

30 — JACQUELINE DE HARCOURT, fille de Jean de Harcourt, seigneur de Fontaine-Henry, et de Jeanne de Saint-Germain, prit possession le 17 juillet 1547, en vertu des bulles pontificales datées du 3 août 1546, et elle prêta serment de fidélité au roi en 1556. Elle engagea ses religieuses, en 1564, à élire de nouveau abbesse après elle Marguerite de Harcourt, sa soeur et sa coadjutrice ; mais cette dernière mourut, au contraire, avant elle ; en 1576, elle résigna son abbaye en faveur de sa nièce, Gabrielle de Morais. Jacqueline de Harcourt mourut peu de temps après s'être démise de sa charge, le 5 décembre 1577. La maison de Harcourt, une des plus illustres de Normandie, porte : de gueules à deux fasces d'or

31 GABRIELLE DE MORAIS, fille de Jean de Morais, seigneur de Jodrais, et d'Anne de Harcourt, succéda à sa tante et prit possession de Saint-Sulpice le 16 mai 1576 (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 17). Elle avait fait profession en 1547 et était prieure de Locmaria, près Quimper, depuis 1568. La nouvelle abbesse fit serment de fidélité au roi en 1579. Elle fut obligée de quitter son monastère en 1583 pour se mettre, ainsi que ses religieuses, à l'abri d'une contagion qui affligeait le pays. Elle gouverna sagement son abbaye, dit D. Morice, et résigna sa dignité en 1601 en faveur de sa nièce Antoinette de Morais, se réservant le tiers des revenus pour sa pension. Elle eut la douleur de voir cette abbesse mourir avant elle, car elle ne décéda que le 17 décembre 1614. Nous avons retrouvé le sceau de Gabrielle de Morais, en 1594 ; il renferme l'écu de sa famille : d'or à six annelets de sable, posés 3, 2, 1 ; une crosse est mise en pal derrière l'écusson, et on lit autour : GABRIELLE DE MORES AB. S. SULPICE (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 128). 

32ANTOINETTE DE MORAIS, nièce de la précédente abbesse, lui succéda sur sa résignation, en 1601, et prêta serment au roi en 1605 ; elle ne gouverna que peu d'années et mourut avant sa tante, le 11 septembre 1608. 

33 MARGUERITE D'ANGENNES, fille de Jean d'Angennes, seigneur de Poigny, et de Magdeleine Thierry, dame du Boisorcan et du Pont-Rouaud, fit profession à Saint-Sulpice en 1597 ; elle était nièce du cardinal d'Angennes, évêque du Mans. D'abord prieure de Saint-Germain-des-Prés, puis nommée abbesse de Saint-Sulpice, elle prit possession le 10 avril 1609 et prêta l'année suivante serment de fidélité au roi. Elle réforma son monastère et en fit une des maisons les plus édifiantes de l'époque. Comme le dit le bon P. Albert Le Grand, « elle répara Saint-Sulpice en pierres vives et mortes », reconstruisant en grande partie les bâtiments claustraux, en même temps qu'elle ramenait ses religieuses dans la voie de la perfection. Marguerite d'Angennes mourut le 3 juillet 1662, âgée de quatre-vingt-deux ans, et après avoir gouverné son abbaye pendant cinquante-quatre ans. Son corps fut inhumé dans le tombeau de la fondatrice du monastère, dont elle avait égalé les vertus. D. Lobineau a consacré une notice à cette sainte femme dans ses Vies des Saints de Bretagne. Les armoiries de Marguerite d'Angennes se retrouvent encore à Saint-Sulpice sur les bâtiments qu'elle a fait construire et au haut de son portrait, actuellement au presbytère ; elle portait : de sable au sautoir d'argent. Nous avons plusieurs sceaux de cette abbesse ; le plus beau, de 1627, est ovale et renferme l'écu de sa famille, soutenu de deux palmes et accompagné d'une crosse posée derrière en pal ; la légende porte : MARGU. DANGENNES. ABBESSE. DE. S  SULPICE

34 MARGUERITE DE MORAIS DE BREZOLLES, nièce de la précédente abbesse, était fille de Urbain de Morais, seigneur de Jodrais, et de Françoise d'Angennes. D'abord coadjutrice de sa tante, elle prit ensuite possession de l'abbaye le 22 septembre 1662, mais elle ne fut bénite que le 4 octobre 1663 dans l'église abbatiale de Saint-Georges de Rennes, en même temps que la nouvelle abbesse de ce dernier monastère. Elle continua les bonnes oeuvres de Marguerite d'Angennes et procura à tout le pays les bienfaits d'une grande mission prêchée à Saint-Sulpice même, en 1679, par le vénérable P. Maunoir. Elle soutint aussi avec fermeté les droits de son abbaye, ce qui l'obligea à plaider en 1688 contre Jeanne de Talhouët, prieure de Locmaria. Cette vertueuse abbesse gouverna quarante-deux ans et mourut le 3 juin 1704. Son corps fut inhumé dans le même tombeau que la première abbesse, là où reposait aussi sa tante, dans le chapitre. Le sceau de Marguerite de Morais est ovale ; il renferme un écu portant : d'or à six annelets de sable, 3, 2, 1, surmonté d'une couronne, timbré d'une crosse posée en pal derrière, et soutenu de deux palmes ; on lit autour ces mots : MARGUERITE. DE. MORES . ABB . DE. S. SULPICE. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 116 et 128). 

35ANGELIQUE-RENEE DE LA FOREST D'ARMAILLE DU BOISGESLIN, fille de François, seigneur du Boisgeslin, conseiller au Parlement de Bretagne, et de Françoise Le Chat, fut d'abord grande prieure du monastère de Saint-Sulpice. Nommée abbesse par le roi le 15 août 1704, et confirmée par le Pape le 25 septembre, elle prit possession le 10 novembre de la même année. Elle mourut le 1er mai 1721, âgée de soixante-dix-sept ans, et son corps fut inhumé le 3 mai au chapitre, dans le tombeau des abbesses. Le sceau de Mme d'Armaillé, en 1707 et 1712, est de style rocaille et de forme ovale : l'écu, d'argent au chef de sable, qui est de la Forest, est surmonté d'une couronne de marquise et timbré d'une crosse ; la légende porte : ANG . RE . DE . LA . FO . DARMAILLE . ABB . DE . S . SULPICE. (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 27 H, 127). 

36 — OLIVE-CLAUDE-ELEONORE DE LESQUEN DE LA VILLEMENEUST, issue des seigneurs de Lesquen, en Pluduno, fille de Joseph, seigneur de la Villemeneust, et d'Elisabeth de Fradel, religieuse de l'abbaye de Saint-Georges de Rennes, fut nommée par le roi abbesse de Saint-Sulpice le 8 mai 1721. Elle prit possession le 24 juin suivant, et fit le 3 octobre une profession de foi devant ses religieuses, promettant d'observer les règles de Saint-Sulpice. Cette abbesse donna sa démission en 1727 et seretira chez les religieuses cordelières de Quimper, où elle mourut le 21 septembre 1730. La famille de Lesquen de la Villemeneust, d'après M. de Courcy, porte : de sable à trois jars d'argent, becqués et membrés de gueules (nota : Il semble toutefois que l'abbesse de Saint-Sulpice portait plutôt les armoiries des Lesquen de la Ménardais : de gueules à l'épervier d'argent, la tête contournée, membrée et becquée d'or, accompagné en chef d'un croissant renversé entre deux molettes, et en pointe d'une autre molette, le tout d'or. On voyait, en effet, sur un vitrail de la chapelle priorale de Couëtoux l'écusson de Mme de Lesquen portant, dit une relation de 1786, un oiseau d'argent, dans un écu timbré d'une crosse abbatiale – Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2 H, 2, 64). 

37 — MAGDELEINE-ELISABETH DE BOUCHARD DE LUSSAN D'ESPARBES D'AUBETERRE, grande-prieure de l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Saussaye, au diocèse de Paris, était fille de François de Bouchard, seigneur d'Esparbès de Lussan, et petite-fille du seigneur d'Aubeterre. Elle fut nommée abbesse par le roi et bénite par Mgr de Breteuil, évêque de Rennes, au mois de mai 1727, en l'église des Récollets du Faubourg-Saint-Germain, à Paris ; elle prit possession de l'abbaye de Saint-Sulpice le 17 juillet suivant, en vertu des bulles du Saint-Siège en date du 4 juin. Mme d'Aubeterre donna sa démission d'abbesse en 1755. La maison de Bouchard d'Aubeterre, originaire de Guyenne, porte : écartelé : aux 1er et 4ème, d'argent à la fasce de gueules, accompagnée de trois éperviers de même, qui est d'Esparbès ; au 2ème, de gueules à trois léopards d'or, qui est de Bouchard ; au 3ème, losangé d'or et d'azur, au chef de gueules, qui est d'Aubeterre.

38MAGDELEINE-CLOTILDE DE LA BOURDONNAYE DE CLERMONT, nommée abbesse par le roi le 8 juin 1755, sur la résignation de Mme d'Aubeterre, prit possession de Saint-Sulpice le 4 novembre de la même année. Elle résigna également cette abbaye en 1776 en faveur de l'abbesse qui suit. La maison de la Bourdonnaye porte : de gueules à trois bourdons d'argent en pal

39 MARIE-PERRINE DE VERDIERE, nommée par le roi le 17 novembre 1776 sur la résignation de la précédente abbesse, prit possession de Saint-Sulpice le 28 janvier 1777. Elle mourut l'année suivante (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Rennes).

40 — MARIE-ANGELIQUE-HENRIETTE LE MAISTRE DE LA GARLAYE, religieuse de Saint-Sulpice, fut nommée abbesse de ce monastère par le roi le 15 novembre 1778 et elle prit possession de l'abbaye le 10 février 1779 (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Rennes). Elle eut la douleur de survivre à la ruine de sa communauté, dispersée par la Révolution. La famille Le Maistre de la Garlaye porte : d'azur au lion d'argent, accosté de deux épées de même en pal, garnies d'or, les pointes en haut. Le sceau de l'abbesse de Saint-Sulpice, en 1781, porte ces armoiries dans un écu en losange surmonté d'une couronne de marquise, timbré d'une crosse et entouré d'une patenôtre ; sans légende.  

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