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ABBAYE NOTRE-DAME DE TIMADEUC |
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Abbaye Notre-Dame de TIMADEUC - Bréhan
Labbaye de
Timadeuc
est fondée par l'abbé de l'abbaye de La Trappe le 24 juillet 1841. A l'origine, on écrivait : Timadeuc ; parfois aussi, mais assez
rarement : Tymadeuc. Ce n'est que depuis la seconde moitié du
XVIIIème siècle que l'orthographe Thymadeuc a prévalu.
Il s'agit de l'ancien siège de la seigneurie appartenant aux Tymadeuc et acheté en 1841 par l'abbé dom Joseph Hercelin (ancien directeur au Grand Séminaire de Vannes, et alors abbé de la Grande-Trappe) et les moines cisterciens de labbaye de la Trappe en Normandie ("En 1841, le R. P. Dom Joseph Hercelin, fut vivement sollicité d'envoyer dans son diocèse d'origine un essaim de sa communauté. Mis en rapport avec Mme la comtesse du Bot, qui, déjà d'un âge avancé, commençait à trouver lourde la gestion de ses nombreuses propriétés, il obtint d'elle, pour un prix modique, la cession du manoir de Thymadeuc et de ses métairies").
Mais la Trappe était pauvre en sujets comme en ressources ; et, pour la fondation de la nouvelle communauté, elle ne put envoyer d'abord qu'un religieux de choeur, le P. Théodore, diacre, et un convers, le F. Gérard, sous la conduite du P. Bernard Dugué, comme prieur. Ils furent reçus fort aimablement par Mme la comtesse du Bot et, vu l'état de délabrement du manoir, passèrent la première nuit, à proximité, au château du Quengo où l'on conservait encore récemment un document stipulant : " Le 24 juillet 1841, M. du Quengo donna l'hospitalité à trois religieux venus de la Grande-Trappe pour fonder l'abbaye de Thymadeuc : - le R.P. Bernard, qui fut abbé jusqu'à sa mort en 1859 ; - le P. Théodore, qui décéda (prieur ??) en 1884 ; - Le F. Gérard, qui s'en alla à Dieu en l'an .... Qu'ils prient pour leurs hôtes honorés". On commença alors par convertir en monastère provisoire le petit manoir de Thymadeuc.
Dès 1842, une église et des bâtiments sont édifiés. Le 1er avril 1842, la première pierre de l'église est bénite. Les murs de l'église sont achevés dès le mois de juillet 1842 et l'édifice est entièrement couvert avant la mauvaise saison. C'est des ruines du château de Rohan que l'on extrait une bonne partie des matériaux servant à la construction. A peine l'église est-elle terminée que des âmes généreuses lui offrent deux magnifiques cloches. Ces cloches sont bénites le 25 avril 1843 par M. l'abbé Jean-Marie Minier, curé-doyen de Rohan. La cloche principale est nommée Marie-Armand, et l'autre Thérèse. La première a pour parrain et marraine M. le comte Armand de Montault et demoiselle Marie-Madeleine de Boislevêque, baronne de Boudeville, représentés respectivement par M. Alexis-Joseph-Marie Faucheux, maire de Rohan, et Mlle Félicité Roussin. Les parrain et marraine de la seconde sont M. Edouard Godefroi Brossais Saint-Marc et Mme Rose-Euphrasie Primois Le Mercier, laquelle est représentée par Mlle Modeste-Marie Lanoë. De 1841 à 1845, on construit successivement l'église, le chapitre, la cuisine et le réfectoire. En attendant la fin des travaux, on installe, vers le printemps 1843, des religieux dans les bâtiments attenant à l'église, avec la sacristie comme dortoir et la chapelle la plus voisine comme choeur. Vers la fin de 1844, Timadeuc reçoit la visite du R. P. Dom Maxime, abbé de Melleray. En 1846, on termine le cloître et commence la façade du monastère. Celui-ci se trouve prêt, en ce qui concerne du moins les lieux réguliers, pour le grand jour de la consécration de l'église, fixée à la date du 1er septembre 1846. |
La belle et grande journée du 1er septembre 1846 s'achève et les prélats réunis à Notre-Dame de Timadeuc conviennent alors d'adresser une supplice au souverain Pontife, en vue d'obtenir pour le jeune prieuré son érection en abbaye. Le rescrit pontifical qui accorde cette faveur est signé le 13 juillet 1847 et mis a exécution le 12 septembre suivant par Mgr de la Motte de Broons et de Vauvert, évêque de Vannes. L'hôtellerie, commencée en 1859, est achevée à la fin de 1860. Le moulin de Coët-Moru est reconstruit à neuf en 1860.
Cette Abbaye est ravagée par un incendie vers quatre du matin, le 2 janvier 1863 : "En moins de deux heures les principaux bâtiments de cet établissement ont été entièrement consumés par le feu. L'hôtellerie, les remises, les écuries, n'offrent plus qu'un amas de cendre. On n'a pu rien préserver ; la paille, le foin, le grain, tout est devenu la proie des flammes, de sorte que maintenant ces vénérables religieux, se trouvent dans le dénuement le plus complet. Chose admirable ! au milieu de ce triste spectacle, ces saints moines paraissaient calmes et semblaient accepter avec une grande résignation cette nouvelle épreuve à laquelle la divine Providence a voulu les soumettre. La perte approximative est évaluée à plus de deux cent mille francs. La cause de ce sinistre demeure inconnue". En fait le feu avait été mis par une main criminelle et sacrilège, et le criminel sera condamné à vingt ans de travaux forcés par la Cour d'assises du Morbihan, le 4 mars 1863. Après un tel désastre, il faut rebâtir au plus tôt les édifices indispensables.
Les moines sont expulsés en 1880. En effet, le 6 novembre 1880, il s'agit d'exécuter contre les religieux de Notre-Dame de Thymadeuc, les décrets du 29 mars. Dès cinq heures du matin, arrivaient à Rohan trois compagnies du 116ème d'infanterie de Vannes, deux escadrons du 7ème hussards de Pontivy et plusieurs brigades de gendarmerie, ayant à leur tête un commandant et un capitaine. A leur arrivée, ces troupes occupèrent toutes les voies qui conduisaient à l'abbaye ........ Le héros de la journée est M. Coquantif, le maire de Bréhan, qui prend fait et cause pour les moines "Je viens comme maire de Bréhan-Loudéac, seul vrai représentant de la loi ici, dit-il, pour protester contre l'acte de violence qui va s'accomplir. On s'apprête à violer le domicile de mes administrés ; je requiers la force publique de s'opposer à ce que cet acte s'accomplisse. Je fais en ce qui concerne ma commune toute réserves et décline toutes responsabilités pour les dégâts qui vont être commis". Il sera d'ailleurs suspendu de ses fonctions par le préfet. Les expulsés se réunissent dans la cour de la ferme de La Ville-Ruault, puis ils gagnent le Quengo, où M. de la Horie, par une générosité dont Notre-Dame de Timadeuc ne perdra jamais le souvenir, leur offre l'hospitalité. Là, ils auront un magnifique logement pour la nuit, l'avantage immense d'un enclos, une très jolie chapelle ; enfin, ils ne seront pas éloignés de leur monastère. Peu à peu, cependant, les premières rigueurs s'adoucissent (les scellés sont levés le 1er décembre 1882) et les moines peuvent à nouveau réintéger leurs locaux (la présence des expulsés était tolérée).
Le 28 février 1895, la grand'messe, une messe d'actions de grâces, est chantée pour la dernière fois dans la vieille église. On commence à démolir l'ancien édifice le 25 avril 1895. L'église nouvelle est reconstruite, la même année, en 1895, bénite le 13 avril 1898 (par Mgr Fallières, évêque de Saint-Brieuc, en remplacement de Mgr Bécel, décédé le 6 novembre 1897) et consacrée le 5 juillet 1899 (par Mgr Latieule, évêque de Vannes et successeur de Mgr Bécel). Le 15 mai 1895, en présence du R.P. Dom Bernard Chevalier, est placée au chevet de la nouvelle église, au point central et en contact avec le sol, la première pierre du sanctuaire primitif, sur laquelle on avait gravé le millésime de 1895. Dans la cavité pratiquée dans cette pierre est déposé un coeur de plomb renfermant des médailles de la Sainte-Vierge, de saint Joseph, de saint Benoît, de sainte Anne et de l'Ange Gardien. Le coeur est enveloppé dans une feuille de vélin et la cavité est fermée par une pierre blanche. La première pierre du nouvel édifice est solennellement bénit le 6 septembre 1895. La fin de 1896 voit s'achever la construction de l'église ; l'année suivante, s'élève la sacristie ; en 1898, est réédifiée toute la façade de l'Abbaye.
Après avoir acheté, en 1901, Notre-Dame du Petit Clairvaux (Nouvelle Ecosse, Canada), douze religieux (six choristes et six convers) quittent Timadeuc et se retirent en ce lieu en 1903. Dirigé par le P. Eugène (né à Mérillac, au diocèse de Saint-Brieuc, le 20 février 1843), ces religieux ont pour mission première de faire au local les aménagements nécessaires à la réception de la Communauté entière dans le cas où celle-ci se verrait forcée de prendre la route de l'exil. En 1905, la nouvelle communauté compte vingt-trois membres, et sur demande de Dom Bernard, obtient du Pape Pie X l'érection canonique et la permission de s'adjoindre un noviciat. Son existence, toutefois, n'est pas de longue durée car les Cisterciens de France n'ont pas eu à s'exiler. L'abbaye Notre-Dame du Petit Clairvaux est finalement abandonnée le 25 juillet 1919. Sept religieux qui avaient quitté Timadeuc en 1903, ne reviendront pas : il s'agit du R.P. Dom Eugène et des PP. Noël et Edmond, prêtres ; puis de quatre convers : les FF. Michel, François de Paul, Julien et Maur, tous inhumés dans le cimetière du Petit-Clairvaux. A noter qu'au cours d'un voyage au Canada, le R. P. Dom Dominique, abbé de Notre-Dame de Timadeuc, a fait l'exhumation des restes de tous ces chers défunts et leur a donné une sépulture nouvelle dans le cimetière du monastère de Notre-Dame du Lac à Oka, près de Montréal, le 30 avril 1926.
Nota : En 1895, le Gouvernement français avait fait voter contre les Congrégations religieuses, la loi dite "d'abonnement", dans le but évident de provoquer leur disparition par la ruine. Mais le résultat tardant à se produire, il voulut en finir d'un seul coup. A cet effet, il promulgua, le 1er juillet 1901, la loi sur les Associations qui prononçait leur arrêt de mort et dont l'exécution haineuse provoqua les troubles les plus graves dans toute l'étendue du pays. Religieux et religieuses, dépouillés de leurs biens, furent indignement chassés de leurs demeures et contraints d'aller demander asile à l'étranger. Dom Bernard s'empressa alors de trouver, pour le cas où cette éventualité viendrait à se produire, un lieu de refuge à l'étranger pour sa Communauté. Après avoir fait en Angleterre plusieurs voyages infructueux, il se souvint d'un monastère cistercien nommé le Petit-Clairvaux, situé dans la Nouvelle-Ecosse, au Canada, monastère que sa communauté avait abandonné l'année précédente pour aller s'établir en un lieu plus propice, au diocèse de Providence. Dom Bernard écrivit immédiatement aux RR. PP. Dom Jean-Marie Murphy, ancien supérieur du Petit-Clairvaux, et Dom Antoine, abbé de Notre-Dame du Lac, sous la juridiction duquel se trouvait alors ce monastère, pour leur faire des propositions d'acquisition. Les bâtiments que Dom Bernard venaient d'acquérir pour sa Communauté n'avait rien d'un palais : " Le monastère du Petit Clairvaux, dit-il, est une véritable solitude. Il est situé au fond d'une vallée étroite et longue, profondément encaissée entre deux chaînes de montagnes dont le sommet forme la clôture des terres. Une petite rivière qui prend sa source à un ou deux milles plus haut que la propriété des religieux, traverse cette vallée dans toute sa longueur et vient couler au bas du monastère pour se décharger bientôt dans la mer. ......".
Le monastère définitif de Timadeuc est construit entre 1925 et 1930. L'abbaye de Timadeuc fournit, en 1947, quatorze religieux à l'abbaye de Melleray.
Les abbés successifs de cette abbaye de Timadeuc sont : Bernard Dugué (1847-1859), Cyprien Morel (1859-1887), Bernard Chevalier (1888-1912), Brieuc Boutmy (1912-1922), Dominique Nogues (1922-1946), Gabriel Blourdier (1946-1954), Emmanuel de Miscault (1954-1971), Claude Richard (1971-1993), Paul Houix (1993).
Note :
Claude Dugué (Dom Bernard Dugué) était né à Laigle, au diocèse de Séez, le 1er janvier 1799. Le 1er juin 1822, il était prêtre, successivement vicaire et curé ; enfin, le 24 juin 1833, il réalisait sa plus ardente ambition en recevant à La Trappe le saint habit de l'Ordre avec le nom du grand abbé de Clairvaux. L'année suivante, le 29 juin, il était admis à prononcer ses voeux
. Le 28 novembre 1847, assisté de Dom Joseph-Marie Hercelin (abbé de Maison-Dieu de Notre-Dame de la Grande-Trappe), et de Dom Maxime Mauloin (abbé de Melleray), il était solennellement béni "abbé" dans l'église cathédrale de Vannes par Mgr de la Motte de Broons et de Vauvert. Il décéda le 15 octobre 1859.François Morel (Dom Cyprien Morel) était né le 27 avril 1814 à Saint-Martin-de-Chaulieu, au diocèse de Coutances. Après de brillantes études, il entra au Grand Séminaire de Bayeux, professa avec distinction au Séminaire de Villiers-le-Sec, reçut les ordres. Le 15 août 1841, il se présenta à la Trappe de Mortagne et prit le nom de Cyprien. Le R. P. Cyprien fut béni comme "abbé" à Vannes, dans la chapelle des Soeurs de la Charité de Saint-Louis, par Mgr de la Motte de Broons et de Vauvert, le 6 janvier 1860. Il était alors assisté de Dom Timothée, abbé de Notre-Dame de la Grande-Trappe et de Dom Antonio Bernard, abbé de Melleray.
François-Louis Chevalier (Dom Bernard Chevalier) naquit le 7 août 1850 à Cesson, au diocèse de Saint-Brieuc. Il fréquenta l'école Saint-Charles que Mgr Le Mée venait de fonder à Saint-Brieuc, et il s'y trouvait encore lorsqu'elle fut confiée en 1869 à la direction des fils de saint Dominique. De bonne heure, il fit partie de la Congrégation de Notre-Dame d'Espérance. Ordonné prêtre le 17 décembre 1875, il était immédiatement placé comme précepteur dans la famille de Belleissue, puis dans la famille Perrio. Le 31 juillet 1877, il se présenta à le porte du monastère. Le 6 août 1877, le postulant entra en communauté et revêtit le saint habit. C'est le 26 janvier 1888 que les religieux de Notre-Dame de Timadeuc se réunirent, sous la présidence de Dom Etienne, abbé de la Grande-Trappe, pour procéder à son élection canonique en tant qu'abbé, en remplacement de Dom Cyprien, décédé. Son grand âge et ses infirmités l'obligeront à se démettre de sa charge à la fin de 1924, et il rendit doucement sa belle âme à Dieu le 5 février de l'année suivante.
Pierre-Maurice-Brieuc Boutmy (Dom Brieuc) était né à Saint-Brieuc. Après ses études primaires, il fut mis en apprentissage chez un ébéniste. Il venait d'être élevé à l'ordre sacré du diaconat lorsqu'il fut nommé professeur à Quintin, et, le 26 mai 1877, il recevait la prêtrise des mains de Mgr David. L'année suivante, il était placé comme précepteur dans la famille du Foû de Kerdaniel. On le retrouve, de 1879 à 1884, à l'école Saint-Charles de Saint-Brieuc. Il entra le 20 septembre 1884 au Séminaire des Missions étrangères à Paris, puis partit durant dix ans en Chine. Le 13 février 1893, il vint frapper à la porte du monastère de Notre-Dame de Timadeuc. C'est le 2 octobre 1912 que le R. P. Dom Brieuc reçut de Mgr Gouraud, évêque de Vannes, la bénédiction abbatiale dans l'église de Timadeuc. Il était alors assisté des RR. PP. Dom Edmond Obrecht, abbé de Notre-Dame de Gethsémani, au Kentucky (Etats-Unis), et Dom Robert Lescand, abbé titulaire de Saint-Aubin-des-Bois. Il décéda le 24 avril 1922, à huit heures du soir.
Dominique Nogues (Dom Dominique) est né à Radenac, au diocèse de Vannes, le 14 décembre 1879. Il fit ses études au Petit Séminaire de Ploërmel, et après deux années passées au Grand Séminaire, il entra à Timadeuc le 3 octobre 1901. Il y reçut les saints ordres après sa profession et occupa différentes charges jusqu'à son départ pour l'Amérique en qualité de supérieur du Petit-Clairvaux, le 10 novembre 1912. A son retour du Canada, il fut nommé Prieur, charge qu'il conserva jusqu'au 2 juin 1922, date à laquelle le suffrage de ses frères l'appela à la dignité abbatiale.
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