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ABBAYE NOTRE-DAME DE LA VIEUVILLE

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Abbaye Notre-Dame de la VIEUVILLE - Epiniac

Quelques années s'étaient à peine écoulées depuis la fondation, au diocèse d'Avranches, de l'abbaye de Savigné par Raoul Ier, seigneur de Fougères, lorsque Gilduin, fils d'Hamon, fonda lui-même l'abbaye de la Vieuville, qu'il donna aux moines de Savigné.

D'après Du Paz, ce Gilduin fut la tige des sires de Landal, qui possédèrent longtemps le château de ce nom en la paroisse de La Boussac ; cet auteur dit même que le fondateur de la Vieuville se nommait Gilduin de Montsorel. Ce qui est certain, c'est qu'il n'était pas Gilduin de Dol, puisqu'en fondant la Vieuville il reconnut lui-même la suzeraineté de ce Gilduin de Dol. Il a pu cependant arriver plus tard qu'un abbé de la Vieuville ait reconnu, en 1463, que son monastère avait été fondé par Gilduin de Dol, seigneur de Combourg : il s'agissait pour cet abbé de satisfaire les prétentions de Jean de Derval, sire de Combourg, qui se disait fondateur de l'abbaye ; et d'ailleurs, à un certain point de vue, ce n'était pas complètement faux, puisque Gilduin de Dol avait approuvé volontiers la fondation faite par son vassal Gilduin, fils d'Hamon (« Quam eleemosinam dominus meus Gelduinus de Dolo devote concessit » ce sont les propres paroles du fondateur de la Vieuville. - D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 576), et puisque ses successeurs à Combourg avaient grandement augmenté cette fondation, comme nous le verrons bientôt.

Mû par de grands sentiments de piété, Gilduin, fils d'Hamon, voulant assurer le salut de son âme et celui de sa femme Adelise et de ses fils Jean et Hamon, donna à la Trinité de Savigné et aux moines cisterciens habitant ce monastère sa terre de la Vieuville, « omnem terram de Veteri Villa », consistant en champs, prairies et vergers, bornée au Nord et à l'Est par le ruisseau de Landal, à l'Ouest par le torrent de Travidal et au Midi par les communs d'Epiniac ; il ajouta à ce don celui d'un étang formé par le ruisseau de Landal, s'y réservant toutefois la moitié de la pêche et le droit de faire moudre son grain sans payer dans le moulin attaché à cet étang. De plus, il donna aux moines sa terre de la Bigotière, « terram quœ vocatur Bigoteria » tout entière, sauf la parcelle concédée par lui précédemment aux lépreux ; — la lande de Chateville, « landam de Catavilla », séparée de la Bigotière par un fossé allant jusqu'à une très-ancienne voie aboutissant à la Chapelle, « usque ad antiquissimam viam versus Capellam » (nota : La Chapelle-Cobat est un ancien manoir en Carfantain) et bornée d'un autre côté par le chemin de Dol à Epiniac ; — un droit d'usage dans ses forêts, tant pour le chauffage des moines que pour le pasnage de leurs porcs ; — deux portions de dîmes dans la paroisse de Meillac et deux autres portions dans celle de Thoumen ; et enfin les droits qu'il pouvait avoir sur la terre de  Rouge-Fossé, « terra de Rubeo Fossato » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 575, 576). 

Mais Gilduin ne se montra si généreux envers les religieux de Savigné qu'à la condition expresse qu'ils construiraient immédiatement un monastère à la Vieuville et qu'ils l'érigeraient en abbaye suivant leur règle (« Tali conditione ut in ipsa et de ipsa eleemosina in Veteri Villa cenobiale domcilium construatur et abbatiam secundum ordinem... ibidem fundetur » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 575.). 

Gilduin fit ensuite approuver toute sa donation par ses seigneurs suzerains : tout d'abord par l'archevêque de Dol, de qui il tenait ces terres, et qui voulut lui-même présenter à Geoffroy, abbé de Savigné, la fondation faite en sa faveur ; puis par Gilduin de Dol, qu'il appelle également son seigneur et qui, voulant contribuer aussi à la bonne oeuvre, donna aux religieux le pasnage pour leurs porcs dans ses bois (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 576). 

Peu de temps après, le 8 août 1137, Geoffroy Le Roux, archevêque de Dol, accompagné de plusieurs chanoines et d'un grand nombre de personnages de distinction laïques et religieux, vint solennellement bénir l'enclos du nouveau monastère, le cimetière, comme on disait alors ; une grande multitude assista à cette cérémonie, et le fondateur Gilduin renouvela sa donation devant tout ce peuple, avec l'assentiment de sa femme Adelise et de ses fils Jean et Hamon. Pendant la fête, un nommé Hervé Taun sortit de la foule et se donna lui-même aux religieux, auxquels il abandonna en même temps la terre qu'il tenait de Gilduin dans la paroisse de La Boussac. L'archevêque de Dol termina la cérémonie en confirmant de nouveau tous les dons faits à l'abbaye naissante et en menaçant les prévaricateurs des anathèmes de l'Eglise et de la malédiction divine (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 576). 

Quatre ans plus tard, au mois de septembre 1141, le même prélat Geoffroy Le Roux bénit solennellement dans son église cathédrale de Dol Robert, premier abbé de la Vieuville. A cette cérémonie assistèrent les fondateurs Gilduin et Jean, son fils, Serlon, abbé de Savigné, Jean de Dol, seigneur de Combourg, fils de Gilduin de Dol, et Noga, veuve de ce dernier. Le sire de Combourg et sa mère donnèrent, en cette occasion, au nouveau monastère l'ermitage de leur forêt de Borgoth, « heremitagium nemoris de Borgoth », une partie de cette forêt jusqu'à l'Ille et toute la terre labourable depuis cet ermitage jusqu'au bois d'Aubigné ; ils présentèrent l'acte de cette donation à l'archevêque de Dol, qui le remit lui-même au nouvel abbé (nota : Trois ans plus tard, Jean de Dol et sa mère donnèrent aux religieux de la Vieuville la forêt de Borgoth tout entière. C'est aujourd'hui la forêt de Bourgouët, en Dingé). 

Mais le prélat dolois ne s'en tint pas là ; à sa suggestion, Guillaume Le Roux, son frère, offrit aux moines de la Vieuville une terre appelée le Fief-Ranoulf, « Feodum Ranulfi ». On voit dans l'acte rapportant ces dernières donations qu'à cette époque l'église abbatiale était déjà commencée et dédiée au Sauveur du monde et à la Sainte Vierge, « ecclesia S. Salvatoris et Sanctœ Mariœ de Veteri Villa ». Mais elle ne fut consacrée que beaucoup plus tard, au commencement du siècle suivant, par Jean de Lizannet, évêque de Dol. Ce prélat rappela, en effet, en 1214, qu'il avait donné aux religieux de la Vieuville deux acres de terre dans le Marais proche la Bruyère, le jour de la dédicace de leur église ; or, comme cet évêque fut sacré vers l'an 1200, c'est dans les quatorze premières années du XIIIème siècle qu'il faut placer cette cérémonie (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 582, 596, 597 – Blancs-Manteaux, n° 41, 515, etc. ).

L'abbaye de la Vieuville était fondée ; elle ne tarda pas à devenir relativement riche. C'était alors l'époque des croisades : une foule de seigneurs, voulant assurer le succès de leur voyage en Terre-Sainte, donnèrent généreusement aux religieux avant leur départ ; d'autres firent leurs offrandes, à leur retour de Palestine, en reconnaissance des faveurs divines. C'est ainsi qu'agirent Jean de Dol, Guy de Combourg, Raoul d'Aubigné, Robert de Melesse, Geffroy du Guesclin, Guy de Chobar, Pierre Querloel et bien d'autres chevaliers, qui tinrent à honneur de faire d'abondantes aumônes au monastère de Notre-Dame de la Vieuville ; il nous serait impossible de relater ici toutes les nombreuses donations faites à cette abbaye durant le XIIIème siècle (Voir Cartulaire Veteris Villœ (Vieuville), ms. déposé à la Bibliothèque Nationale).

Une ombre vient cependant obscurcir ce tableau. La guerre avait désolé la Bretagne à la fin du XIIème siècle, et les moines de la Vieuville avaient dû demander une sauvegarde à Guy de Thouars, qui gouvernait le duché au nom d'Alix de Bretagne, sa fille (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 801). Mais, plus tard, les mêmes religieux furent impuissants à se défendre contre le mari de cette princesse, Pierre Mauclerc, duc de Bretagne par sa femme. Ce prince ravagea tout le pays de Dol et n'épargna pas plus l'abbaye de la Vieuville qu'il n'épargna celle de Redon dans une autre circonstance. «  Les moines de la Vieuville, — dit l'enquête faite à ce sujet, — ont souffert de grands dommages et ruines par les gens du comte (nota : on appelait alors comte le duc de Bretagne), et Normand de Québriac, son sénéchal, fit pour le moins deux courses par leurs terres en les pillant ; et envoya trente soldats dans l'abbaye, qui y firent long séjour, et n'en sortirent qu'après avoir extorqué beaucoup d'argent desdits moines ; et prirent plusieurs de leurs hommes prisonniers, lesquels ils furent obligés de racheter » (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 889, 890).

Fille de Savigné, l'abbaye de la Vieuville suivait naturellement la règle de Cîteaux ; mais elle perdit sa ferveur en même temps que ses abbés réguliers, durant le XVIème siècle. Ce furent toutefois ses abbés commendataires François et Sébastien du Cambout qui s'occupèrent d'y établir la réforme vers le milieu du siècle suivant. L'abbaye de Prières, au diocèse de Vannes, venait alors de se remettre en règle ; sa réforme, connue sous le nom d'Etroite Observance, la rendait florissante ; dom Hervé du Tertre, coadjuteur de l'abbé de Prières, devint visiteur des maisons de Cîteaux situées en Bretagne, et ce fut à son zèle que fut due la réforme de l'abbaye de la Vieuville, vers 1664. L'abbé commendataire Sébastien du Cambout donna sa démission en cette occasion et fut remplacé par un abbé régulier, dom Guillaume Cheruel, qui, pourvu en 1666, rendit aveu au roi en 1682 (Revue de Bretagne, 1878, II, 358). Mais l'abbaye de la Vieuville ne tarda pas, hélas ! à retomber en commende, et lorsque arriva la Révolution elle n'était habitée que par cinq religieux : dom Flour, prieur, et les pères Delfosse, Asseré, Manigan et Gilbert (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 V, 29).

 

Liste des abbés de l'abbaye de la Vieuville :

01 — ROBERT Ier, premier abbé de la Vieuville, fut béni dans l'église de Dol, en septembre 1141, par Geoffroy Le Roux, archevêque de cette ville. Il reçut d'abondantes aumônes de Jean de Dol, seigneur de Combourg, qui lui donna l'ermitage et la forêt de Borgoth, une vigne à Dol, une maison à Combourg, la moitié des coutumes qu'il levait sur la pêche en la paroisse de Hirel, etc. (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 596). Ce même seigneur, de concert avec sa mère Noga, confirma en 1147 une donation importante faite à la Vieuville par la famille de Gaultier Trusser, de Meillac ; cette famille avait donné aux moines la chapelle de Nazarie, « capellam Nazariœ », toute la terre en dépendant, et contenant 80 journaux, et les droits d'usage dans ses bois pour le chauffage des religieux, la construction de leurs édifices et le pasnage de leurs pourceaux (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 601). Robert fit confirmer par les papes Luce II et Alexandre III tous les biens et privilèges de son monastère ; dans la bulle de ce dernier pontife, l'abbé de la Vieuville est nommé Osbert, ce qui est une altération de son vrai nom Robert. Vers le même temps, en 1165, Zacharie de Montsorel, seigneur de Landal et fils de Gilduin, fondateur de la Vieuville, donna à ce monastère une métairie appelée Pirieuc et approuva tout ce que ses vassaux avaient donné aux religieux. Enfin, Guillaume de Montsorel, frère de Zacharie, leur fit don d'une partie de sa terre de Ville-Alent pour agrandir leur étang (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 450, 451). 

02 — LUC se plaignit à Jean de Soligné, gouverneur du pays de Dol pour le roi d'Angleterre, des dommages causés en sa forêt de Borgoth par quelques gentilshommes ; Jean de Soligné chargea son frère Adam de Soligné de juger cette affaire, ce que ce dernier fit à Combourg en 1167 ; l'abbé de la Vieuville obtint une sentence favorable qui fit cesser le pillage de ses bois (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 521 – D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 658). Deux ans plus tard, Luc prit place à Rennes parmi les arbitres chargés de concilier le Chapitre de cette ville et les moines de Saint-Melaine. En 1174, il fit une transaction au sujet des dîmes d'Epiniac avec le recteur de cette paroisse et le doyen de Dol. La même année, il fut témoin d'un accord passé entre les abbés de Saint-Melaine et de Savigné. Enfin, Harsculfe de Soligné et Yseult de Dol, sa femme, seigneur et dame de Combourg, firent beaucoup de bien à la Vieuville du temps de l'abbé Luc (Cartulaire de l'abbaye de Saint-Melaine – M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1080 – Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 523 – D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 691, 692, 693). 

03 — GAULTIER souscrivit à une transaction passée entre Josselin, abbé de Savigné, et Guillaume, abbé de Saint-Melaine, touchant les dîmes du prieuré de Vaux. M. Hauréau croit que cet acte est d'environ 1175. 

04 — MOYSE fut élu en 1179 et obtint l'année suivante de Zacharie, fils de Gilduin fondateur de la Vieuville, une charte confirmant toutes les donations faites à l'abbaye par sa famille. Cet acte est daté de 1180, la deuxième année du gouvernement de Moyse, quatrième abbé de la Vieuville. Moyse vit un nommé Guillaume, fils d'Alain, et Etaisse, sa femme, lui disputer la propriété de la Bigotière, qui avait été donnée à son monastère par Gilduin ; le différend fut jugé par Guillaume, évêque du Mans, et l'abbé de Clermont, commis à ce sujet par le Saint-Siège ; Moyse et ses moines donnèrent 100 sols à Guillaume et à sa femme, qui renoncèrent alors à leurs prétentions sur la Bigotière (Du Paz, Histoire généalogique, 450). Le même abbé eut un autre procès avec la famille du Guesclin. Floride de Moustierjean et ses fils, Geffroy du Guesclin, Richard et Guillaume, avaient précédemment donné à la Vieuville une terre en La Fresnaye, avec l'approbation de leur seigneur, le Bouteiller de Dol. Mais Geffroy du Guesclin revint sur ce qui s'était passé, et quoique les moines cultivassent cette terre depuis trente ans, il ne craignit point de s'en emparer par violence. Le Pape nomma l'abbé de Saint-Jacut pour examiner cette affaire, et les moines de la Vieuville, toujours conciliants, offrirent à Geffroy du Guesclin une pension de 10 livres, monnaie d'Angers ; ce seigneur accepta, vint à la Vieuville et jura sur les Saints Evangiles de ne plus vexer les religieux de cette abbaye. Mais il paraît que sa femme et ses enfants, aussi bien que son seigneur, Geffroy Le Bouteiller, n'acceptèrent pas cet accommodement, car nous voyons l'abbé de Saint-Jacut forcé de les excommunier solennellement tous ensemble (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 679, 680, 776). Enfin, Moyse reçut en 1183 quelques faveurs de Rolland, élu archevêque de Dol. 

05 — REGNAUD Ier obtint du pape Clément III une bulle confirmant les privilèges et les biens de son monastère. Il est fait mention de cet abbé en 1190 dans une charte de Juhel de Mayenne en faveur de Savigné. Enfin, le 10 février 1191, Jean, archevêque de Dol, reconnut toutes les possessions dont jouissait alors la Vieuville. 

06 — MAURICE reçut plusieurs donations faites en faveur de son monastère. En 1196, Geoffroy Farsi, de Paluel, lui donna quelques terres pour la grange de Belle-Isle ; Alain, vicomte de Rohan, fonda une pitance annuelle au monastère de la Vieuville, le jour anniversaire de son décès ; Jean de Lanvallay donna aux moines sa terre de la Harelière ; Guillaume de la Machue renonça aux violences qu'il exerçait envers les religieux dans la paroisse de Meillac ; Juhel de Mayenne, seigneur de Dinan, fit plusieurs dons à l'abbaye ; enfin, Jean de Dol, seigneur de Combourg, donna beaucoup de biens à la Vieuville et confirma les religieux dans la possession de tout ce qu'ils tenaient de lui dans les paroisses de Thoumen, Combourg, Trémeheuc, Meillac, Dingé, Cuguen, La Boussac, Pleine-Fougères, Roz-sur-Couasnon et Paluel. D'après une charte de Marmoutiers, l'abbé Maurice vivait encore en 1214 (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 769, 775, 779, 780, 818, 820, 825 – Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 526). 

07 — JEAN ne nous est connu que par des lettres de Jean de Dol, datées de 1219, faisant mention de cet abbé. C'est vers la même époque que Guillaume de Coëtquen et Rolland, son fils, firent des donations à la Vieuville, où ils choisirent leur sépulture. 

08 — G.... vendit en 1232 aux religieux d'Aulnay, en Normandie, une rente qui avait été donnée à la Vieuville par des seigneurs normands sur le tonlieu de Saint-Sauveur, au diocèse de Coutances (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux). 

09 — REGNAUD II fut l'un des témoins que l'évêque de Dol produisit en 1235 dans l'enquête qu'il fit faire contre les exactions commises par le duc Pierre Mauclerc ; nous avons précédemment dit tout ce que l'abbaye de la Vieuville eut alors à souffrir. Il est également fait mention de l'abbé Regnaud à la même époque dans un procès qu'Anquetil, chanoine de Dol, soutint, contre les habitants de Sens. 

10 — HERBERT figure dans un vieux Catalogue des abbés de la Vieuville ; il dut succéder au précédent dès 1235, car cette année-là Gédouin de Dol, fils du sire de Combourg, nomma l'un de ses exécuteurs testamentaires « frère Herbert de la Vieuville » et fonda une chapellenie en l'église abbatiale de ce monastère (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 884). 

11 — ROBERT II est indiqué comme étant abbé de la Vieuville dans un acte de Dol daté du mois de mai 1245 ; il figure aussi en octobre 1253 dans le Cartulaire de Fontaine-Daniel ; enfin, il échangea quelques terres avec Raoul, seigneur d'Aubigné, en 1255. C'est peut-être le même personnage que le précédent abbé. 

12 — THIBAUD, abbé de la Vieuville, donna une procuration en 1263 pour traiter quelques affaires en son nom. 

13 — PHILIPPE transigea avec le Chapitre de Dol le vendredi après le dimanche Reminiscere 1266. 

14 — GEFFROY.

15 — RAOUL

16 — GUILLAUME. Ces trois abbés de la Vieuville (Geffroy, Raoul et Guillaume) ne sont connus que parce qu'ils figurent dans le vieux Catalogue dont nous avons déjà parlé (M. Hauréau, Gallia christiana, XIV, 1081).

17 — RICHARD céda au Chapitre de Dol ses dîmes d'Epiniac pour quelques autres dîmes, le vendredi après la Saint-Martin d'été 1307 (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, n° 45). 

18 — EUDON LE PAULMIER transigea en 1317 avec Hamon d'Engoulvent pour une maison sise sur la place du Champ, à Dinan. Il vivait encore en 1323. 

19 — PIERRE QUEDELAY DE SAINT-LAU succéda au précédent, d'après l'ancien Catalogue des abbés de la Vieuville. 

20 — RAOUL ANGIER fit confirmer le 8 mai 1366 par Guillaume d'Aubigné, seigneur de Landal, toutes les donations faites à la Vieuville par Raoul d'Aubigné, son frère (Cartulaire de Vieuville). Ce même Guillaume d'Aubigné donna aux moines de la Vieuville, le vendredi après la Saint-Marc 1358, « tout son manoir et domaine de la Ville-Alent, ô toutes les terres, appartenances et droits seigneuriaux dudit domaine », à la condition pour les moines de célébrer son service anniversaire en leur église et de fournir chaque année au sire de Landal, à la fête de Saint-Michel du Mont-Gargan, « un cuir de veau bon et suffisant, prêt et appareillé pour faire chaperons à ses faucons » (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 456, 457). 

21 — ROBERT FANCHAL succéda au précédent, d'après l'ancien Catalogue

22 — JEAN BIBARD transigea en 1408 avec le Chapitre de Dol pour quelques traits de dîmes. 

23 — RAOUL DUFOUR ne figure que dans l'ancien Catalogue

24 — GUILLAUME FAISNEL vel PAISNEL fit ratifier le 23 mars 1430 la donation faite à son abbaye par Pierre Bardoul, seigneur de Tréel, de tout ce qu'il possédait en la paroisse d'Epiniac. Guil­laume se démit en faveur du suivant. 

25 — GUILLAUME JOUASSIN, prieur de Savigné, fut élu abbé de la Vieuville vers 1440 ; il était en 1448 auprès d'Alain, abbé de Savigné. 

26 — THEBAUD LE PETIT obtint du Saint-Siège en 1460, par la faveur du sire de Combourg, le droit de porter la mitre et la crosse. Il reconnut en 1463 que Gilduin, seigneur de Combourg, avait fondé le monastère de la Vieuville, et que Jean de Derval, seigneur de Combourg, était son héritier. Nous avons précédemment expliqué cet acte, en rappelant que le sire de Combourg avait en effet approuvé et augmenté la fondation de l'abbaye. 

27 — JACQUES HUX, abbé de la Vieuville, fut chargé par l'abbé de Bégard de gouverner l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, sous prétexte d'incapacité de la part de l'abbé de ce dernier monastère ; mais quelque temps après, l'abbé de Prières, visiteur de Cîteaux en Bretagne, renvoya Jacques Hux à la Vieuville.

28 — BONABES DU CHALONGE est indiqué comme étant abbé de la Vieuville dans des chartes de 1509 et 1511. Il appartenait à une famille noble de l'évêché de Dol. 

29 — GUY DU CHALONGE figure le 7 septembre 1517 ; il siégea par procureur aux Etats de Bretagne de 1524 et en personne à ceux de 1539. Il mourut le 4 février 1540 et fut le dernier abbé régulier de la Vieuville. Son corps fut inhumé dans l'église abbatiale, en la chapelle dite de Requiem. On lui éleva un beau tombeau portant ses armoiries timbrées d'une crosse : de gueules à six molettes d'or, posées 3, 2, 1 (Cartulaire de Vieuville). 

30 — JACQUES PLENGUEN est qualifié abbé de la Vieuville en mai 1549. 

31 — FRANÇOIS THOME, chanoine de Rennes, abbé commendataire de la Vieuville, prêta serment au roi en cette qualité en 1558 ; il devint trésorier de Rennes, puis évêque de Saint-Malo, et mourut le 17 février 1591 à Saint-Malo-de-Beignon, où il fut inhumé. Nous avons retrouvé le sceau de ce prélat, alors qu'il était simplement abbé de la Vieuville. Ce sceau est rond et armorial ; il renferme un écu portant : d'argent au chevron de gueules abaissé sous un chef d'azur chargé de deux étoiles d'or, accompagné en pointe d'un coeur de gueules surmonté d'une croix de même. Une simple crosse est posée en pal derrière l'écu (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 9 G, 47). 

32 — RENE DE BOURSAULT semble avoir été le neveu d'un abbé de Saint-Melaine de même nom. On ne retrouve son nom que dans l'ancien Catalogue des abbés de la Vieuville. Armes : d'azur à trois bourses d'or, 2, 1

33 — AMAURY LE GUIDART prêta serment de fidélité au roi en 1600 ; il reçut des aveux en 1606 et résigna en faveur du suivant. 

34 — GUILLAUME BONHOMME fit serment de fidélité au roi le 7 novembre 1618. 

35 — FRANÇOIS DU CAMBOUT, fils de Charles du Cambout, marquis de Coislin et baron de Pontchâteau, et de Philippe de Beurges, est mis au nombre des abbés de la Vieuville par le vieux Catalogue, quoique D. Morice déclare n'avoir rien trouvé à son sujet. Mais des chartes de la Vieuville disent formellement qu'il était abbé de ce monastère en 1628 et 1634. Destiné à l'Eglise dans sa jeunesse, François du Cambout reçut aussi en commende l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois, mais il renonça à l'état ecclésiastique et devint baron de Pontchâteau ; décédé en 1650. Armes : de gueules à trois fasces échiquetées d'argent et d'azur

36 — SEBASTIEN-JOSEPH DU CAMBOUT DE PONTCHATEAU, frère du précédent, devint abbé de la Vieuville vers 1640 et siégea en cette qualité en 1657 aux Etats de Bretagne. Il fut aussi abbé de Géneston et de Saint-Gildas-des-Bois ; mais, en 1666, il résigna la Vieuville en faveur du suivant et se retira à Port-Royal. Sa mort n'arriva que le 27 juin 1690, après une vie passée presque tout entière dans les intrigues du jansénisme, dont il était un des fauteurs les plus ardents. Son corps fut inhumé dans l'église de Port-Royal. Armes : de gueules à trois fasces échiquetées d'argent et d'azur

37 — GUILLAUME CHERUEL, docteur en théologie, religieux cistercien et prieur de Vruillac, en Brie, devint abbé régulier de la Vieuville lorsque la réforme eut été mise en ce monastère. Il siégea aux Etats de Vannes en 1667, et à ceux de Dinan en 1669 et 1675 ; il reconstruisit les bâtiments de son abbaye et mourut à Paris le 10 janvier 1688. 

38 — JACQUES-VINCENT BIDAL D'ASFELD, fils de Benoît Bidal, baron d'Asfeld, et de Anne Fucelle, d'origine suédoise, docteur en Sorbonne et ambassadeur de France à Hambourg, obtint, dès 1688, en commende l'abbaye de la Vieuville, qui ne jouit pas, longtemps ainsi de l'état régulier dans ses abbés. C'était un ecclésiastique instruit, mais fort attaché au jansénisme. Il résigna la Vieuville en décembre 1706 et mourut à Paris en 1726 ; son corps fut inhumé dans l'église Saint-Roch. 

39 — N... D'ILLIERS D'ENTRAGUES, fils de Léon d'Illiers, marquis d'Entragues, et de Catherine d'Elbène, docteur en Sorbonne, chanoine et comte de Lyon, aumônier du roi, fut pourvu en 1706 de l'abbaye de la Vieuville qu'il résigna l'année suivante. Armes : d'or à six annelets de gueules, trois en chef, deux en fasce et un en pointe

40 — FRANÇOIS FAGON, frère du célèbre médecin de Louis XIV, reçut en 1707 l'abbaye de la Vieuville et la conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1726. Armes : d'azur au lion rampant et contourné d'or, regardant un mouton passant d'argent, accompagné en chef d'un soleil d'or

41 — RENE-FRANÇOIS-ACHILLE GOUYON DU VAUROUAULT, fils de Charles Gouyon, seigneur du Vaurouault, et de Françoise Boschier, prêtre du diocèse de Saint-Brieuc et chanoine de Dol, fut nommé abbé de la Vieuville en mars 1726 ; il prit possession le 15 août 1727 et résigna le 20 avril 1746 (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Dol). On l'a confondu à tort avec son parent, Mgr Gouyon de Vaudurant, évêque de Léon. Armes : d'argent, au lion de gueules, couronné d'or

42 — LOUIS-FRANCOIS THOMAS DE LA VALLEE, prêtre du diocèse de Metz, bachelier en théologie, demeurant à Paris, au collège de Navarre, obtint la Vieuville le 26 avril 1746 et en prit possession le 17 août suivant ; il la conserva jusqu'à sa mort, arrivée dès le 24 avril 1750. D'après M. de Courcy, cet abbé appartenait à une famille bretonne portant : d'or à la bande engreslée d'azur

43 — RAYMOND DE DURFORT, fils de Gilles de Durfort, seigneur de Costerasde, et de Jeanne de Mérully, prêtre du diocèse de Cahors et vicaire général de Tours, fut nommé abbé de la Vieuville le 3 mai 1750 et prit possession le 21 octobre suivant. Il devint successivement aumônier du roi, évêque d'Avranches, puis de Montpellier, et enfin archevêque de Besançon. Jouissant encore de son abbaye en 1780, il la résigna peu après. Chassé de France par la Révolution, il mourut en Suisse le 19 mars 1792 (Registre des insinuations ecclésiastiques de l'évêché de Dol – Dictionnaire de la Noblesse). Armes : d'argent à la bande d'azur

44 — BONAVENTURE-AUGUSTIN DU PLESSIX, prêtre du diocèse de Dol, licencié en théologie, chanoine et vicaire général de Rennes, fut nommé par le roi le 3 août 1781, reçut ses bulles au mois de septembre suivant et prit possession par procureur le 10 octobre de la même année. Il mourut, âgé seulement de trente-quatre ans, le 27 janvier 1784, et fut inhumé dans le caveau du Chapitre en la cathédrale de Rennes. Nous ne savons à quelle famille du Plessix appartenait cet abbé, et par suite quelles étaient ses armes. 

45 — JEAN-BAPTISTE DE LA BINTINAYE, prêtre du diocèse de Rennes, fils de Gilles de la Bintinaye et de Marie-Anne Champion de Cicé, fut d'abord chanoine et vicaire général de Paris ; nommé abbé par le roi le 6 juin 1784, il prit possession le 9 août suivant. Il fit faire des réparations aux bâtiments de son monastère en 1787 et posséda ce bénéfice jusqu'à l'époque de la Révolution. Armes : d'argent à trois bandes de gueules, chargées d'une fasce de même.  

 

L'abbaye de Notre-Dame de la Vieuville se trouvait dans la paroisse d'Epiniac, évêché de Dol, et possédait encore au XVIIIème siècle une grande partie des terres dont elle avait été dotée à son origine. C'est ce que prouvent les déclarations faites en 1692 et 1790 par les abbés Vincent Bidal d'Asfeld et Jean de la Bintinaye.

Le domaine proche de l'abbaye consistait en ce qui suit : l'église abbatiale de Saint-Sauveur et Notre-Dame, les cloîtres, dortoirs, réfectoires et autres lieux réguliers habités par les religieux ; — le manoir abbatial, résidence de l'abbé commendataire ; — les cours, prairies, jardins et vergers ; — les bois de haute futaie de la Vieuville et de la Bigotière ; — le bois taillis du Pin ; — les pièces de terre appelées les Vignes ; — l'étang de la Vieuville avec deux moulins à eau, auxquels les vassaux étant dans la banlieue étaient obligés de venir moudre leurs grains ; — la métairie de la Porte avec ses logements, granges et terres. Tout ce qui précède formait un seul domaine « contenant environ 200 journaux de terre, parties desquels étaient anciennement clos de murailles », borné à l'Est par le ruisseau de Landal, au Midi par le fief de Landal, à l'Ouest par le ruisseau de Travidal et au Nord par les terres de Languenan. 

Mais les moines de la Vieuville possédaient d'autres biens-fonds, dont voici l'énumération : « La métairie de la Bigotière, en Epiniac ; — la métairie de la Ville-Alent, en La Boussac ; — la maison de la Harelière, en Bagner-Pican ; — la métairie de Villenaux, en Combourg ; — des prairies et clos de vignes en Baguer-Pican ; — les prés des Rozières, en Montdol ; — un bois de 31 arpents, en Combourg ; — le moulin à eau du Rouet, en Combourg ; — les landes de la Vieuville, en Epiniac, de Chateville, en Carfantain, des Roziers, en Roz-sur-Couasnon, et du Percletier, en Cherrueix »

Enfin, à ce domaine proche de la Vieuville se rattachaient trois manoirs assez considérables possédés par les religieux, mais dont deux avaient été aliénés avant 1692. Le premier était le manoir seigneurial de Borgoth, ou de Bourgouët, décoré d'une forêt de même nom et situé en la paroisse de Dingé. Le deuxième était la maison de Trémehin, avec sa terre, en la paroisse de Baguer-Pican. Ces deux manoirs n'étaient plus, avons-nous dit, entre les mains des moines de la Vieuville à la fin du XVIIème siècle. Mais le troisième, fort beau morceau, leur appartenait toujours à la fin du XVIIIème siècle : c'était le manoir de Pirieuc, en Meillac, donné à l'abbaye en 1165 par le seigneur de Landal. Il se composait d'une maison d'habitation, d'une chapelle, d'un bois futaie et d'un bois taillis, d'un moulin à vent et d'un colombier ; enfin, de 250 journaux de terre. Les religieux de la Vieuville avaient aussi aliéné un moulin à vent situé à Saint-Broladre, mais ils avaient le droit d'en construire un autre à Baguer-Pican. 

Voici maintenant quelles étaient les dîmes appartenant à l'abbaye de la Vieuville : En Epiniac, la dîme de Pellan ; — en Baguer-Pican, le trait de Trémehin ; — en La Boussac, les traits du Chesnay, de la Motte, de la Villeaume, de Conulay, de la Corheraye et de Pré-Chastel ; — en Carfantain, le trait de Vaulieu ; — en Notre-Dame de Dol, le trait du Pressoir-aux-Moines ; — en La Fresnaye, un trait de dîme ; — en Saint-Ydeuc, un trait de dîme ; — en Bonnemain, la moitié de toutes les grosses dîmes ; — en Cuguen, les traits d'Enhaut et d'Embas, de Milbert et de Plencouët ; — en Meillac, les traits du Petit-Ternault et du Tertre ; — en Pleugueneuc, quelques dîmes ; — en Plesder, également ; — en Combourg, les traits de Saint-Mahé, du Grand-Ternault et du Buac ; — en Dingé, les traits de Malnoë et du Plessix ; — en Saint-Enogat, le trait de Dinart ; — en Saint-Père-Marc-en-Poulet, le dîmereau de Gastines ; — en Québriac, un petit trait de dîme. 

Quant à la juridiction seigneuriale de l'abbaye de la Vieuville, elle consistait « en droit de haute, moyenne et basse justice, fourche patibulaire pour l'exécution des criminels, création d'officiers, etc. ». La seigneurie de la Vieuville s'étendait dans les vingt-quatre paroisses dont voici les noms : Epiniac, La Boussac, Baguer-Pican, Carfantain, Notre-Dame de Dol, La Fresnaye, Cherrueix, Montdol, Baguer-Morvan, Rozlandrieuc, Meillac, Bonnemain, Cuguen, Roz-sur-Couasnon, Saint-Marcan, Saint-Ydeuc, Saint-Méloir-des-Ondes, Cancale, Combourg, Dingé, Saint-Léger et Hirel ; d'autres bailliages en Dinan et Saint-Broladre étaient aliénés en 1692 (Déclaration de 1692). 

L'abbé de la Vieuville reconnaissait tenir sa seigneurie en La Boussac et Baguer-Pican de l'évêque seigneur de Dol, et tout le reste directement du roi lui-même. Il faisait exercer sa juridiction en deux endroits, dans l'auditoire de Dol et dans celui de Combourg, pour la plus grande commodité de ses vassaux (Déclaration de 1692). 

L'abbaye de la Vieuville jouissait de quelques droits féodaux qu'il est intéressant de noter. Ainsi, en 1401, Jeanne de Navarre, mère et tutrice de Jean V, duc de Bretagne, exempta du droit de neûme tous les vassaux de la Vieuville ; c'était une faveur importante, car le neûme était le droit qu'avaient alors les recteurs de prendre la neuvième partie des biens meubles laissés par tout homme de fief, leur paroissien, à l'époque de son décès (Bulletin archéologique d'Ille-et-Vilaine, 1851). 

D'autre part, l'abbé de la Vieuville jouissait du droit « de faire courir la quintaine aux nouveaux mariés des paroisses de La Boussac et Baguer-Pican, ayant couché la première nuit de leurs noces sous le détroit de sa seigneurie ». Cette course de la quintaine se faisait annuellement, au bourg de La Boussac, le mardi de la Pentecôte, devant le poteau dressé à cet effet et armorié des armes de l'abbé (Déclaration de 1692).

L'abbaye de la Vieuville avait aussi « un droit de bouteillage, en la manière accoustumée, sur tous les débitants de breuvages de la paroisse de La Boussac, dans l'étendue de son fief »

Enfin, pour compléter cet aperçu des biens et des droits des religieux de la Vieuville, disons que le seigneur de Bourgneuf, en Meillac, leur devait une rente de 20 mines de seigle, et le prieur de Combourg une autre rente de 300 livres (Déclaration de 1692). 

En 1790, les revenus de l'abbaye de la Vieuville se résumaient comme il suit : domaines, 7 515 livres ; — greffe des deux hautes justices s'exerçant à Dol et à Combourg, 96 livres ; — rentes foncières, 4 827 livres ; — dîmes, 3 057 livres ; — afféagements, 76 livres ; — total des revenus, 15 571 livres. Les charges de l'abbaye montaient alors à 6 885 livres ; il restait donc net 8 686 livres. Mais cette somme devait être partagée entre les religieux et leur abbé commendataire, et ce dernier touchait environ 5 000 livres. 

Quant au mobilier de l'abbaye, il fut estimé valoir 12 000 livres en 1790. On comprenait dans ce chiffre la valeur des meubles, de l'argenterie, des ornements d'église et de la bibliothèque, et même celle des bestiaux des fermes. 

Le 5 septembre 1791, l'abbaye de la Vieuville fut vendue nationalement, après la dispersion de ses religieux ; le couvent, l'abbatiale, le moulin et les fermes de la Porte, de la Ville-Alent et de la Bigotière furent achetés en bloc 200 500 livres (Notes de M. Charil des Mazures). 

Les armoiries de l'abbaye de la Vieuville, enregistrées en 1697, étaient : d'argent écartelé par un filet de sable, à une tour de gueules en chaque quartier (sic) (Armorial général ms.). 

Depuis la Révolution, la Vieuville est une propriété particulière qui n'offre guère d'intérêt que par ses souvenirs. Située au fond d'une sorte de marais, au bord d'un ancien étang, tout près de cette très-antique voie gallo-romaine dont il est parlé en 1137, l'ancienne abbaye des Cisterciens est aujourd'hui complètement transformée. De l'église il ne reste pas pierre sur pierre ; du cloître on ne voit plus de trace ; un grand corps de logis du XVIIIème siècle, évidemment construit par les derniers abbés, sert de demeure à leurs propriétaires à la fin du XIXème siècle.

Au commencement du XVIIIème siècle, l'église et les bâtiments claustraux de la Vieuville menaçaient en effet ruine. Les religieux firent faire le devis d'une restauration, et ce devis monta à plus de 25 000 livres ; ils s'adressèrent alors au roi, qui, par arrêt du Conseil d'Etat daté du 25 avril 1735, les autorisa à vendre dans les bois de l'abbaye 1 841 pieds d'arbres aux officiers de la marine de Brest, et à employer le montant de cette vente à la réédification du monastère de la Vieuville (Archives du Parlement de Bretagne). 

Un seul débris antique existe encore à la fin du XIXème siècle, mais tellement caché qu'on a peine à le retrouver : c'est une vieille salle voûtée en plein cintre et en arête, formant deux nefs parallèles séparées par cinq colonnes trapues dont les chapiteaux sont ornés de simples volutes. Cette intéressante construction remonte évidemment à l'époque de la fondation du monastère, c'est-à-dire au XIIème siècle. Dernier type d'une architecture fort rare dans notre pays, cette salle est convertie aujourd'hui en cellier, et l'on a construit au-dessus des appartements relativement modernes. 

Il paraît que l'église abbatiale de Notre-Dame de la Vieuville, bénite une première fois en 1141, avait été reconstruite en grande partie aux siècles derniers. En 1611, le pape Paul V accorda une indulgence plénière à tous ceux qui visiteraient cette église le lundi de la Pentecôte. On y voyait encore au XVIIIème siècle briller dans les verrières de ses fenêtres les écussons des bienfaiteurs des religieux, les sires de Landal, de Combourg et de Montbourcher. Ce pieux édifice a complètement disparu. Un jardin anglais le remplace à la fin du XIXème siècle : des bosquets s'élèvent et des fleurs s'épanouissent dans l'enceinte sacrée ; plus d'apparence du sanctuaire, des autels ni des tombeaux. Et cependant c'est là que voulurent reposer plusieurs nobles chevaliers bretons : les seigneurs de Landal, de Coëtquen, de Cobatz, de l'Espine, de la Chesnaye-au-Bouteiller, etc., y avaient choisi leur sépulture. 

« Dans la croisée de l'église, au costé de l'évangile », étaient trois tombes, portant toutes, avec l'épée des guerriers, les blasons des familles de Montsorel et d'Aubigné, longtemps maîtresses de la seigneurie de Landal. — « Devant le marchepied du maistre autel » s'élevaient deux tombeaux proche l'un de l'autre ; sur celui du côté de l'Evangile était l'écusson d'un seigneur de Combourg, et sur celui du côté de l'épître se trouvaient les armoiries de la maison seigneuriale de Derval. — « Au milieu du choeur des religieux » apparaissait une autre dalle présentant les armoiries des sires de Dol, seigneurs de Combourg, écartelé d'argent et de gueules. — Enfin, ces derniers barons s'étaient en outre construit dans cette église un magnifique tombeau, que nous allons décrire d'après une Notice ms. de la Bibliothèque Nationale qui nous a déjà fourni les détails précédents. Puisqu'il ne reste plus rien de Notre-Dame de la Vieuville, citons au moins ce dernier témoignage de la beauté de son ancienne ornementation : « Dans l'église abbatiale de la Vieuville, du côté de l'évangile, il y a une arcade dans laquelle est à demi-enfoncé le tombeau de Jehan de Derval et d'Hélène de Laval, sa femme, lequel était autrefois au milieu du presbytère. Ce tombeau est de trois pieds un quart de haut ; la table de dessus semble de marbre noir ; le corps du tombeau est orné de petites arcades avec diverses figures en demi-relief, représentant une procession bien faite pour le temps. Au-dessus de la pierre, autour de laquelle est l'épitaphe, sont deux figures desdits seigneur et dame : lui vestu de cotte de mailles jusqu'aux genoux et d'une surcotte à ses armes écartelées de Bretagne ; il a les mains jointes, les yeux ouverts et la tête couronnée d'un cercle orné de pierreries figurées, les cheveux flottants sur les épaules, le tout de marbre ; les cuisses, genouillères et jambes garnies de pièces d'armes aussi bien que les bras ; à la tête, deux anges à demi-agenouillés portent un casque, couronné de fleurons et ayant pour cimier un buste de More. — La dame est coëffée et vestue à la mode de ce temps, avec un cercle sur la tête, les mains jointes, les manches larges et retroussées, le sein découvert et son corset fort carré et ouvert sur l'estomac ; à la tête deux anges tenant l'escu de ses armes. L'une et l'autre figures sont d'environ trois pieds et trop courtes pour la pierre du tombeau. On lit autour de la pierre ces mots : Cy gisent hauts et puissants Monseigneur Jehan sire de Derval, de Combour, de Chasteaugiron, de Rougé et de Foulgerè, qui décéda le 10e jour du mois de may, l'an de grâce mil quatre cens quatre-vingt-deux, et Madame Hélène, sa compagne, fille du comte de Laval et de Montfort et de haute et puissante princesse Isabeau aisnée et seule fille de Jehan par la grâce de Dieu duc de Bretagne, et de Jeanne fille de Charles par la grâce de Dieu roi de France, sixiesme de ce nom ; laquelle trespassa le tiers jour du mois de décembre, l'an de grâce mil cinq cens » (Bibliothèque Nationale, ms. lat., n° 5476 - Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 173) (abbé Guillotin de Corson). 

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