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SIÈGE ABBATIAL DE SAINT-SAUVEUR-DE-REDON

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Compétition de Guillaume de Trébiguet et de Guillaume le Roux au siège abbatial de Saint-Sauveur-de-Redon.

(1393-1397).

En quelle année mourut l'abbé de Redon Mathieu ou Macé le Bart ? Quand Guillaume de Trébiguet lui succéda-t-il ? Ces deux questions n'ont pas encore reçu jusqu'ici de réponses satisfaisantes.

Trompés par le fait que Mathieu le Bart résigna ses fonctions de chancelier de Bretagne en 1380, cette année même Dom Taillandier (Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. II, p. CIV), Dom le Duc (Histoire de l'abbaye de Quimperlé, éd. Le Men, 1863, p. 304 et 305), Pol de Courcy (Nobiliaire et armorial de Bretagne. Rennes, 1890. t. I, p. 46, et t. II, p. 173 et 318), Jausions (Histoire de la ville et de l'abbaye de Redon. Redon, 1864, Appendice, p. XII), Aurélien de Courson (Cartulaire de l'abbaye de Redon en Bretagne. Paris, 1863, p. CCCXCIII et 433) et le compilateur du catalogne des abbés de Redon inséré dans le manuscrit latin 12695 (F. 27 r°) de la Bibliothèque nationale s'accordent pour placer sa mort et pour faire entrer dans le parti du roi de France Guillaume de Trébiguet, en tant qu'abbé de Redon. Seul, peut-être, l'auteur des additions à la vie de saint Convoyon dans le recueil d'Albert le Grand (Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique par Albert le Grand, éd. Thomas, Abgrall et Peyron. Quimper, 1901, p. 9) relate que le décès de Mathieu eut lieu en 1381. D'autre part, inconséquent avec lui-même, Dom Taillandier admet que Guillaume de Trébiguet fut nommé abbé de Sainte-Croix de Quimperlé après la mort d'Yves le Quillihouch qui survint le 10 juillet 1381 (Op. cit., p. CIX).

Sans autrement préciser la date du décès de Mathieu le Bart, il faut la reporter avec certitude après le 14 juin 1381 (Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, t. II, col. 280), puisque ce jour-là et non le 23, comme le répète avec le Gallia (T. XIV, col. 955) le chanoine de Courson (Pouillé..., t. II, p. 173), il ratifie le traité de Guérande.

On peut encore la reculer de plus d'une année. En effet, par un acte passé à Rennes le 22 octobre 1382, le duc de Bretagne « confesse avoir reçu de l'abbé de Redon la somme de 500 francs d'or, scavoir par la main de feu Guillaume Ruffier 200 francs d'or et de son escuyer Guillaume du Brosc 300 pour l'accord fait avec ledit abbé pour un fouage » (Bibliothèque nationale, mss. français 22330, f. 536 v°). De même, en 1382, Jean V accorde des lettres d'abolition à l'abbé de Redon (De Courson, op. cit., p. 404 et 433).

Cet abbé dont les textes ne révèlent pas le nom n'est autre que Mathieu le Bart, car il est invraisemblable que Guillaume de Trébiguet, qui mérita les faveurs de Jean V, fut son garde-robier et lui emprunta 500 livres tournois (B. Blanchard, Lettres et Mandements de Jean V (VI). Nantes, 1890, t. II, p. 64), se soit rattaché au parti du roi de France et ait obtenu ensuite les lettres de pardon de 1382. Au surplus, à cette date Guillaume n'était pas abbé de Redon, puisque le 9 mai 1384 (Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, t. II, col. 449, analyse, et Archives de la Loire-Inférieure E, 77), seulement, les religieux et le chapitre de l'abbaye adressent au duc de Bretagne une lettre dans laquelle ils déclarent avoir pour agréable la nomination faite par lui « de Guillaume, abbé de Kimperlé, pour estre pourvu de l'abbaye de Redon ». Le 26 mai, le pape ratifie ce choix (Gallia Christiana, t. XIV. col. 955) et un fragment de livre de comptes de Clément VII, relié fortuitement dans le registre 279 (F. 158 v°) de la série d'Avignon aux Archives vaticanes, renferme à la date du 26 août le serment par lequel Guillaume de Trébiguet s'oblige à payer 500 florins d'or pour son service commun et cinq menus services.

Il est à peine besoin de mentionner l'hypothèse qui consisterait à placer un abbé entre Mathieu le Bart et Guillaume de Trébiguet. Les bulles de Clément VII qui ont trait à la nomination de celui-ci s'opposent à cette supposition tout gratuite, et un témoin, au cours d'une enquête instruite en juillet 1408 au sujet des droits et devoirs des moines de Redon sur la Vilaine, affirme que « depuis le décès dudit abbé Macé il vit l'abbé appellé l'abbé de Trébiguet » (Bibliothèque nationale, mss. français 22330, f. 558 v°).

Ainsi donc, du rapprochement des textes il ressort que Mathieu le Bart dut mourir peu avant la nomination de Guillaume de Trébiguet et qu'en tout cas ce dernier ne lui succéda qu'en 1384.

Guillaume de Trébiguet eut une vie quelque peu agitée : profès du monastère cistercien de Lanvaux au diocèse de Vannes, il sortit du cloître avec la permission de l'abbé Jean et, entraîné par la vogue qui portait les gens d'église à entrer dans un ordre qui permettait de briguer les hautes dignités et les riches bénéfices, il entra comme moine à l'abbaye bénédictine de Saint-Gildas-des-Bois, au diocèse de Nantes, sans toutefois se prémunir de l'autorisation du Saint-Siège [Note : Reg. Avin. 258, f. 473 v° ; bulle du 13 septembre 1389, expédiée le 6 octobre et délivrée le 8 octobre 1389, par laquelle on le relève des irrégularités qu'il a encourues et lui laisse la jouissance des revenus de l'abbaye de Redon indûment perçus]. Devenu abbé de Sainte-Croix-de-Quimperlé en 1381, avant le 26 mai 1384 [Note : A cette date Clément VII recommandait au duc de Bretagne le nouvel élu de Quimperlé (Gallia Christiana, t. XIV, Instrum., col. 205, doc. XIII)] il avait pour successeur Robert Pépin, précédemment abbé du Tronchet. On suit sa trace en 1385, 1386, 1387 et 1389 ; avant le 9 juin 1393 [Note : Référence égarée ; bulle du 9 juin 1393, expédiée le 2 janvier et délivrée le 3 janvier 1394. — Le 13 juin 1393 l'évêque d'Angers reçoit la faculté de pourvoir Raoul Tournevache de l'abbaye du Tronchet, bien que Guillaume le Roux ne soit pas entré en possession de celle de Redon (Reg. Vat. 305, f. 161 r°)], à une date que les documents ne précisent pas davantage, sur l'offre d'une pension viagère de 500 livres tournois et moyennant certaines autres conditions, Guillaume de Trébiguet consentit à se démettre de sa charge d'abbé de Redon en faveur de Guillaume le Roux ou Ruffier, abbé du Tronchet, au diocèse de Dol, depuis le 1er septembre 1384 [Note : Cfr. la bulle de nomination (Reg. Avin. 235, f. 189 v°). — MM. A. de Blois et Fr. Audran (Notice historique sur la ville de Quimperlé, 1881, p. 142) font donc erreur quand ils écrivent « on ne doit pas compter au nombre des nôtres Guillaume, abbé claustral de Kemperlé, qui fut élu abbé de Redon en 1384 »]. Avec l'autorisation du Saint-Siège, son procureur, Mathieu de la Ville-Arnould, clerc du diocèse de Saint-Malo, effectua d'une façon régulière la cession de l'abbaye entre les mains d'Hardouin de Bueil, évêque d'Angers. Mais, redevenu simple moine dans le monastère où il avait tenu le premier rang, il regretta bientôt son ancienne dignité et prétendit la recouvrer.

Guillaume le Roux, qui avait été pourvu de l'abbaye de Redon par l'évêque d'Angers et qui déjà avait été remplacé à celle du Tronchet, porta plainte à la cour d'Avignon. Malgré cela, Guillaume de Trébiguet protesta qu'il n'avait jamais eu l'intention de démissionner aux conditions indiquées par son adversaire. Il affirma hautement que s'il venait à céder ses dignités, ce serait par la voie canonique. Après avoir fait attendre sa réponse, le Saint-Siège releva Guillaume le Roux des irrégularités qu'il avait encourues et, sans lui donner raison, lui permit d'accepter les fonctions d'abbé si elles lui étaient offertes régulièrement.

La cause introduite par Guillaume le Roux fut confiée au cardinal Guillaume d'Aigrefeuille, puis elle passa au cardinal Martin de Salva. En plein consistoire celui-ci exposa le résultat de son information. A l'aide des preuves produites par les deux parties il établit facilement que la nomination du demandeur et la résignation du défendeur étaient entachées de simonie et qu'elles avaient été obtenues au moyen de pactes illicites, garantis par des serments solennels. Après délibération des cardinaux et de Benoît XIII, en présence des procureurs des deux adversaires, une sentence définitive fut prononcée : Guillaume le Roux était débouté de sa demande et silence perpétuel lui était imposé. « Nous déclarons, ajoutait le pape, que ni l'une ni l'autre des parties en litige n'a de droit sur l'abbaye et, s'il convient d'y pourvoir, nous voulons que toutes deux en soient privées ; nous considérons le monastère même comme vacant, réservant au Saint-Siège le soin d'y nommer » [Note : Aux pieds de Benoît XIII un référendaire libelle ainsi la sentence : « Benedictus... in causa que pendet in curia inter fratrem Gulielmum Ruffier, agentem, ex une parte, et fratrem Guilelmum de Trebiguet, defendentem, ex altera, super abbatia monasterii Sancti Salvatoris de Rotono, ordinis sancti Benedicti, Venetensis diocesis, ad Romanam Ecclesiam nullo medio pertinente, que commissa fuerat dilecto filio Martino, Sancti Laurentii in Lucina presbytero cardinali, auditaque plene una cum venerabilibus fratribus nostris existentibus in consistorio relatione processus ac informationum receptarum, prout idem cardinal habuerat in mandatis, ac habita cum eisdem fratribus nostris deliberatione matura, procuratoribus utriusque partis in nostra presentia constitutis et ad hoc specialiter et peremptorie vocatis, per hanc nostram deffinitivam sententiam prefatum fratrem Guilermum de Trebiguet ab impetitione prefati actoris super abbatia et petitis per eum absolvimus, eidem Guilelmo Ruffier agenti super abbatia dicti monasterii et petitis occasione provisionis ejusdem perpetuum silentium imponentes : et cum per producta per procuratores ambarum partium et alia acta cause et alias liquide constet neutrum eorum in dicta abbatia, de qua litigabant, jus habere, eo quia constat eos inter se tractasse, pacta inisse, juramento firmasse, que simoniacam manifeste continent pravitatem, nos hujusmodi morbum cancerosum, ut debemus, erradicare et exterminare ab Ecclesia cupientes... declaramus neutri dictorum litigantium in dicta abbatia jus competere seu, ad eam etiam si expediat providendum, ad cauthelam volumus utrumque eadem manere privatum, ac monasterium ipsum vacare censsemus, intendentes de illo per providentiam Sedis Apostolice ordinari » (Collectoria 394, f. 37 r°)].

Cette sentence, prononcée le 17 novembre 1395, ne fut signifiée aux intéressés que le 5 janvier 1396 (Voir pièce justificative). Aux mêmes dates, Raoul de Pontbriant fut transféré de l'abbaye de Saint-Méen à celle de Redon devenue vacante (Reg. Vat. 321, f. 45 v°) ; pour s'éviter les frais d'un voyage en Avignon, il obtint de prêter le serment habituel de fidélité au Saint-Siège entre les mains des évêques de Saint-Brieuc et de Rennes (Reg. Avinion. 299, f. 222 r°).

Cependant, lorsque le nouvel abbé voulut s'installer dans son monastère, Guillaume Trébiguet lui opposa de la résistance [Note : « Verum, sicut ejusdem Radulphi abbatis conquestione percepimus, dilectus filius Guillelmus de Trebiguet, qui se gerit pro monacho dicti monasterii, in dicto monasterio se intrusit ipsumque occupavit et detinuit, prout detinet indebite occupatum ». Bulle du 23 mars 1396, expédiée le 7 avril et délivrée le 11 avril 1396 (Reg. Avinion. 300, f. 74 r°)] si bien qu'il n'était pas encore entré en possession en avril 1396 et qu'il dut recourir à Benoit XIII. Le pape chargea les évêques de Nantes, Angers et Vannes de s'interposer et d'obliger Guillaume à quitter l'abbaye et les moines à jurer obéissance à Raoul de Pontbriant, sous peine d'excommunication. Les choses s'arrangèrent, sans doute, à l'amiable, car Guillaume devint prieur du prieuré de Massérac, au diocèse de Nantes, qui dépendait de Redon, et son successeur solda les arriérés de son service commun non encore complètement acquitté à la Chambre Apostolique (Reg. Avinion. 308, f. 108, r°).

Quant à Guillaume le Roux, après avoir été réhabilité, il fut promu à l'abbaye de Saint-Méen en 1397 et le souvenir de ses fautes semble si bien perdu que la bulle de nomination vante les mérites de ses vertus [Note : Bulle du 19 novembre 1397, expédiée le 22 janvier et délivrée le 23 janvier 1398 (Reg. Avinion. 304, f. 142 r°). — Raoul Tournevache, qui n'avait pu prendre possession de l'abbaye du Tronchet par suite de l'opposition des moines de Tyron, en fut pourvu à nouveau le 19 novembre 1397 (Reg. Avinion. 304, f. 157 r°)].

  Abbaye de Redon : Compétition entre Trébiguet et Le Roux

Abbaye de Redon : Compétition entre Trébiguet et Le Roux

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