Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LES ORIGINES PAROISSIALES D'AMANLIS

  Retour page d'accueil       Retour "Ville d'Amanlis

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les chartes du prieuré de la Sainte-Trinité de Fougères renferment d'intéressants détails sur les commencements de la paroisse d'Amanlis.

Comme la plupart de nos églises de campagne au XIème siècle, celle d'Amanlis appartenait en partie à cette époque à des seigneurs laïques qui la détenaient malgré les défenses des papes et des évêques. L'un de ces seigneurs nommé Rivallon le Normand, ne possédant toutefois qu'un quart de l'église d'Amanlis et de ses revenus, résolut de se défaire de cette propriété pesant sur sa conscience, et vers le milieu du XIème siècle il vendit ce quart « quartam partem ecclesiae Amanliarum » à Jonas, religieux de l'abbaye de Marmoutiers, qui se trouvait alors en Bretagne.

Pour entrer en possession ce moine paya 44 sols (environ un millier de francs de notre monnaie) à Rivallon et l'admit en même temps à la participation des prières et bonnes œuvres de son monastère. Comme Rivallon avait un frère, nommé Hervé, dont l'autorisation était nécessaire pour que la vente fut valable, Jonas offrit à ce dernier seigneur 4 sols et l'associa également aux prières de Marmoutiers. Enfin Rivallon tenant l'église d'Amanlis en fief de Main Sgr de Fougères, Jonas alla trouver ce baron et lui demanda de confirmer l'acquisition qu'il venait de faire ; ce à quoi consentit très volontiers Main de Fougères en son propre nom et au nom d'Adelaïde sa femme. (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 3) Cette charte n'est pas datée, mais comme l'on sait qu'Adelaïde était veuve lorsqu'elle fonda le prieuré de la Trinité de Fougères vers 1070 il faut placer plus haut la donation d'Amanlis à Marmoutiers.

Les religieux de cette abbaye, ayant reçu de la dame de Fougères ce nouveau prieuré de la Trinité y unirent naturellement ce qu'ils possédaient en Amanlis, cette paroisse faisant alors partie de la juridiction de Fougères [Note : Le fief d'Amanlis ne fut détaché de la sénéchaussée de Fougères qu'en 1565. (V. M. Maupillé, Histoire de Fougères, 68].

Il paraît que les trois autres quarts de l'église d'Amanlis avaient déjà été vendus à l'évêque de Rennes ou qu'ils lui furent restitués vers le même temps. Nous voyons en effet, peu d'années après, Marbode, évêque de 1096 à 1123, confier cette église à un prêtre nommé Raignier. Mais Hamelin, son successeur sur le siège de Rennes (1127-1141), étant venu visiter Marmoutiers, fut si content du bon accueil que lui firent les moines de ce monastère qu'en reconnaissance il leur donna l'église d'Amanlis, l'unissant toute entière au prieuré de la Trinité de Fougères (D. Martène, Histoire de Marmoutiers, 76) ; il en laissa toutefois la jouissance à Raignier, mais à sa vie durant seulement.

Après la mort de ce prêtre, l'évêque Etienne qui ignorait, paraît-il, la donation d'Hamelin, investit de la cure d'Amanlis un autre prêtre nommé Guillaume. Robert, abbé de Marmoutiers, fit alors observer au prélat qu'il avait pourvu à cette église au préjudice de son monastère, et étant venu à Rennes avec Josse, archevêque de Tours (1157-1174) il montra à Etienne le titre de la donation qu'en avait fait à Marmoutiers l'évêque Hamelin. « Etienne ne l'eut pas plutôt vue qu'il reconnut et corrigea sa faute. Il fit venir en sa présence le prêtre Guillaume dans le cloître des infirmes de Saint-Melaine, et devant l'archevêque de Tours l'obligea à lui remettre l'église d'Amanlis dont il avait été mal pourvu, et la remit ensuite entre les mains de Nicolas, prieur de Fougères, qui la reçut au nom de son abbé qui, ce jour-là, étoit parti de Rennes. L'évêque, ayant ainsi réparé le tort qu'il avoit fait à Marmoutiers sans y penser, et l'ayant rétabli dans tous ses droits, il pria le prieur Nicolas de résigner la cure au prêtre Guillaume pour en jouir durant sa vie. Il le fit aussitôt, tant en considération de l'évêque de Rennes et de l'archevêque de Tours qui l'en prioit, que parce qu'il l'en jugeoit digne, et qu'il crut que Dieu demandoit cela de lui. Il le présenta donc au doyen, le doyen le présenta à l'archidiacre et l'archidiacre à l'évêque, qui l'en mit en possession. Ensuite de quoi Guillaume jura sur les saints Evangiles qu'il conserveroit fidèlement le revenu des religieux de Marmoutiers à Amanlis ». Guillaume, abbé de Saint-Melaine fut l'un des témoins de cette prestation de serment (D. Martène, Histoire de Marmoutiers, 120. — D. Le Michel, Hist. ms. Maj. Mon. 239).

Un peu plus tard, Herbert, évêque de Rennes, approuvant ce qu'avaient fait ses prédécesseurs, confirma l'abbaye de Marmoutiers, en 1197, dans la possession de l'église d'Amanlis et de ses dépendances « ecclesiam de Amanliis cum pertinenciis suis ».

Douze ans après, André, recteur d'Amanlis, prit à ferme en 1209 tout ce que le prieur de la Trinité de Fougères possédait dans sa paroisse ; il fit à cette occasion constater par l'évêque Pierre de Dinan tous les droits et revenus des religieux de Marmoutiers à Amanlis.

Voici en quoi ils consistaient :

Le tiers des oblations faites à l'église le Vendredi Saint, le jour de Pâques, à la Toussaint et à Noël, le tiers des amendes de dîmes pour les dîmes d'agneaux, laines, lins et chanvres le tiers de toutes les prémices et de tous les dons faits pour le repos des âmes trépassées ; le tiers des pains dûs aux êtes de Noël ; le tiers de la grande dîme d'Amanlis et de la dîme de Néron ; le 12ème de dîme que Pierre de Veneffles donna à Marmoutiers quand son fils G. y reçut l'habit religieux ; dans les moissons la même quantité de pailles que de grains, et le droit d'avoir une clef de la grange dîmeresse et un gardien dans l'aire pendant tout le temps de la récolte ; la 6ème et la 12ème partie de la dîme des fruits de la Val ; dans la dîme de Ville-Tyul le recteur a un tiers et les moines le tiers de ce qui reste ; dans les moulins à blé construits sur les bords de la Seiche, les moines ont toute la dîme de ce qu'y possède le seigneur d'Amanlis et le tiers de ce qui appartient à Guérin Garnier (Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 3).

Telle était au XIIème siècle la situation respective des recteurs d'Amanlis et des religieux de Marmoutiers. Mais aux siècles derniers les choses avaient bien changé : les moines ne présentaient plus le recteur d'Amanlis et se contentaient d'être gros décimateurs dans la paroisse [Note : Les autres décimateurs d'Amanlis étaient en 1691 les abbés de Saint-Melaine et de Melleray, le prieur de Ste-Croix de Châteaugiron et le Sgr de la Jaroussaye]. En 1691, Pierre Le Roy, recteur d'Amanlis nommé par l'évêque de Rennes, avoua tenir directement du roi de France son presbytère, son jardin et sa vigne. En 1790 son successeur Noël Daën du Cosquer déclara que la cure d'Amanlis valait 5,830 l. de rente, toutes charges déduites ; ce beau bénéfice consistait en « presbytère, jardins, pourpris et dîmes ». Toutefois la fabrique de son église n'avait alors que 69 l. de revenu [Note : Archives dép. d'Ille-et-Vilaine, IV. 29. — La déclaration faite à la même époque par la municipalité d'Amanlis est un peu différente ; elle donne au recteur 6,000 l. sans déduire ses charges consistant en la pension de deux vicaires, en 360 l. de décimes et 110 l. d'entretien du chanceau et du presbytère ; elle attribue aussi 241 l. 3 s. à la fabrique et 87 l. 4 s. à la bourse des défunts, mais le tout charges comprises (Ibidem)].

Comme l'on voit, il n'est plus alors question des religieux de Marmoutiers dont le rôle était depuis longtemps fini. Dieu avait suscité ces moines Bénédictins au moyen-âge pour rétablir nos paroisses ravagées par la simonie, pour reconstruire nos églises ruinées par les barbares, pour édifier notre clergé en lui donnant l'exemple de toutes les vertus ; mais quand cette grande œuvre, qui dura du XIème au XIIIème siècle surtout, eut été accomplie, ces humbles religieux rentrèrent dans leurs cloîtres et laissèrent le clergé séculier poursuivre dignement l'œuvre commencée par eux ; c'est ce que nous prouve, entre mille autres, cette page de l'histoire d'Amanlis.

(abbé Guillotin de Corson).

© Copyright - Tous droits réservés.