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ETABLISSEMENT DE L'EGLISE ET SES PROGRES

Jésus-Christ étant monté au ciel, les apôtres et les disciples se retirèrent dans le cénacle avec la très sainte Vierge. Ils étaient environ cent vingt. C'est pendant cette pieuse retraite que saint Matthias fut élu pour remplacer le perfide Judas.

Le jour de la Pentecôte, c'est-à-dire le cinquantième jour après Pâques ou le dixième après l'Ascension, pendant que les disciples étaient en prière, ils entendirent, vers les neuf heures du matin, un grand bruit comme celui d'un vent impétueux ; ils virent en même temps descendre des langues de feu, qui s'arrêtèrent sur chacun d'eux, et ils furent remplis du Saint-Esprit.

Les apôtres, ayant reçu le Saint-Esprit, devinrent des hommes nouveaux, pleins de courage, de science et de zèle pour la gloire de Dieu. Ils sortirent du cénacle et commencèrent à prêcher la résurrection de Jésus-Christ.

Il y avait alors à Jérusalem un grand nombre de Juifs qui s'étaient rassemblés de toutes les parties du monde pour la fête de la Pentecôte. Ils accoururent à la prédication des Apôtres, et furent extrêmement surpris de les entendre parler les langues de leurs divers pays.

Saint Pierre en prit occasion de leur dire : "La merveille qui vous étonne est l'accomplissement de cette prédiction : Il viendra un temps où je répandrai mon Esprit … Alors je ferai paraître des prodiges dans le ciel et sur la terre, et vos enfants prophétiseront. Israélites, ce Jésus de Nazareth, que vous avez fait mourir par les mains des méchants, Dieu l'a ressuscité, et nous sommes tous témoins de sa résurrection…".

Après plusieurs autres discours, Pierre exhorta ses auditeurs à se faire baptiser au nom de Jésus-Christ, pour recevoir la rémission de leurs péchés et le don du Saint-Esprit. Trois mille se convertirent et se rangèrent au nombre des disciples.

Les apôtres accompagnaient leurs paroles de nombreux miracles. Pierre et Jean étant montés au temple à l'heure du sacrifice, trouvèrent un homme âgé de 40 ans qui était boiteux dès sa naissance.

Cet homme leur demanda l'aumône, Pierre lui répondit : "Je n'ai ni or ni argent, mais ce que j'ai-je te le donne : au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche". Le boiteux fut guéri sur-le-champ : il commença à marcher, et entra dans le temple, transporté de joie, et louant Dieu. Le peuple accourut à l'annonce de ce miracle, et Pierre fit un second discours qui convertit cinq mille personnes.

Les sacrificateurs et le capitaine des gardes du temple, irrités du succès extraordinaire de la prédication des apôtres et de leurs miracles, les firent mettre en prison. Le lendemain, le sanhédrin, ou conseil souverain de la nation, s'assembla, et fit aux apôtres cette question : "Par quelle vertu, et au nom de qui avez-vous fait cette guérison ?". Pierre répondit avec assurance : "Celui que vous voyez devant vous guéri, l'a été au nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité".

Tous ceux qui composaient le conseil étaient frappés d'étonnement en voyant la fermeté des apôtres. Ils se contentèrent de leur défendre d'enseigner au nom de Jésus. Les apôtres leur répondirent avec une sainte intrépidité : "Jugez vous-mêmes s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu, car nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et entendu, quand Dieu nous ordonne de le publier". Après cette réponse, les magistrats les laissèrent aller dans la crainte du peuple.

Le nombre des fidèles augmentait de jour en jour ; les apôtres, ne pouvant plus suffire à la prédication et à la distribution des aumônes, choisirent parmi les disciples sept hommes, qu'ils nommèrent diacres ; ils leur confièrent le soin des pauvres, des veuves et des orphelins. Le principal de ces diacres fut saint Etienne, homme puissant en œuvres et en paroles.

Les Juifs, témoins des prodiges et des merveilles qu'opérait Etienne, s'élevèrent contre lui ; mais, ne pouvant résister au Saint-Esprit qui parlait par sa bouche, ils gagnèrent de faux témoins, qui l'accusèrent d'avoir blasphémé contre le temple et contre la loi.

Le saint diacre se défendit avec une grande énergie et reprocha aux Juifs leur impiété. Ces reproches les mirent en fureur, ils se jetèrent sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent. Pendant son martyre, Etienne priait pour ses persécuteurs. Il eut la gloire de mourir le premier pour le nom de Jésus-Christ.

Une violente persécution s'éleva alors contre les disciples de Jésus, et les apôtres furent obligés de sortir de Jérusalem pour se soustraire aux poursuites des pharisiens et des docteurs de la loi.

Les apôtres, avant de se séparer pour aller annoncer l'Evangile dans toute la terre, formulèrent un abrégé de doctrine pour servir de règle de foi à tous ceux qui embrasseraient la religion de Jésus-Christ. Cet abrégé de foi est appelé le Symbole des apôtres.

Saul, qui plus tard prit le nom de Paul, était né à Tarse, en Cilicie ; il appartenait à la tribu de Benjamin. De bonne heure il s'attacha à la secte des pharisiens, qui était la plus exacte et la plus sévère en apparence, mais la plus orgueilleuse et la plus opposée à Jésus-Christ. Son zèle le porta jusqu'à persécuter, par esprit de religion, l'Eglise naissante : il fut complice de la mort et saint Etienne, en gardant les habits des bourreaux qui lapidaient le martyr.

Il obtint des lettres du prince des prêtres pour aller à Damas, avec pouvoir de saisir tous les chrétiens qu'il y trouverait. En s'y rendant, il fut tout à coup environné d'une lumière éclatante et renversé par terre ; en même temps il entendit une voix qui lui disait : "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?. Qui êtes-vous, Seigneur ? demanda-t-il. Je suis Jésus, que tu persécutes" répondit la voix. Saul, tremblant de frayeur, s'écria : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?. Lève-toi, reprit le Seigneur, entre dans la ville ; là on te dira ce que tu dois faire".

Saul se leva et bien qu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait point. Ses compagnons le prirent par la main et le menèrent à Damas, où il demeura trois jours sans manger ni boire. Cependant le Seigneur révéla à un disciple nommé Ananie que Saul, le persécuteur, était devenu un vase d'élection.

Ananie, sur l'ordre du Seigneur, entra dans la maison où était Saul, lui imposa les mains et lui rendit la vue ; puis il le baptisa. Saul fut rempli du Saint-Esprit, et devint l'un des plus ardents propagateurs de l'Evangile.

Le premier des païens ou Gentils qui embrassa la foi chrétienne fut un centurion romain nommé Corneille, de la ville de Césarée en Palestine : c'était un homme juste et charitable. Comme il était en prière, il vit un ange qui lui dit : "Corneille, tes prières et les aumônes sont montées jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de toi. Envoie donc à Joppé chercher Simon Pierre : il te dira ce que tu dois faire". En même temps saint Pierre connut par l'Esprit-Saint qu'il devait recevoir les Gentils dans l'Eglise. Il partit de Joppé avec les hommes que Corneille lui avait envoyés, il vint à Césarée.

Le centurion avait réuni dans sa maison ses parents et ses amis. Pierre leur annonça à tous la doctrine et les miracles de Jésus-Christ. Pendant qu'il parlait, le Saint-Esprit descendit visiblement sur les auditeurs et l'apôtre les baptisa ; dès lors beaucoup de Gentils se convertirent.

Saint-Pierre, comme chef des apôtres, fonda les principales Eglises. Il demeura d'abord à Jérusalem ; ensuite il établit son siège à Antioche, capitale de la Syrie et de tout l'Orient. Il y demeura sept années, et ce fut là que l'on commença à appeler chrétiens les disciples de Jésus-Christ.

Il fonda aussi les Eglises du Pont, de la Cappadoce, de la Bithynie, etc .. Ensuite (vers l'an 44) il se rendit à Rome, le principal foyer du paganisme, pour y établir son siège, et faire de cette ville le centre de l'Eglise universelle.

Les apôtres se dispersèrent dans les différentes provinces de l'empire romain et dans beaucoup d'autres pays, pour y porter la bonne nouvelle du salut. Les conversions furent si nombreuses dans ces commencements de l'Eglise, qu'à la fin du Ier siècle on voyait des chrétiens dans la plus grande partie de l'empire romain.

La tradition nous apprend que saint Thomas porta l'Evangile dans les Indes orientales, saint Jean dans l'Asie Mineure, saint André chez les Scythes, saint Philippe dans la haute Asie, saint Barthélemy dans l'Arabie méridionale, saint Matthieu dans la Perse, saint Simon dans la Mésopotamie et l'Idumée, saint Jude dans la Syrie, et saint Mathias en Ethiopie.

Quelques Juifs d'Antioche nouvellement convertis prétendaient que les Gentils devenus chrétiens devaient suivre les prescriptions de la loi mosaïque. Paul et Barnabé soutenaient au contraire que Jésus-Christ était venu les affranchir de cette servitude.

Pour terminer le différend, les apôtres se réunirent à Jérusalem en un concile que saint Pierre présida. Après une sérieuse discussion, Pierre prit la parole et déclara que dans sa partie cérémonielle l'ancienne loi n'était plus obligatoire. Tous se rangèrent à cet avis, et la décision du concile fut communiquée à toutes les églises.

On sait peu de choses certaines sur les dernières années de Marie. Une tradition nous apprend que pendant la violente persécution qui s'éleva à Jérusalem l'an 44 de l'ère chrétienne, la très sainte Vierge se retira à Ephèse avec saint Jean, son fils adoptif, qui ne s'était pas séparé de cette tendre mère depuis la mort du Sauveur. On croit qu'elle mourut à l'âge d'environ 63 ans, à Jérusalem ou à Ephèse.

Saint-Jean était le plus jeune des apôtres et l'ami particulier de Notre-Seigneur. De retour à Ephèse, où il avait établi son siège, il fut dénoncé à Domitien, qui le fit conduire à Rome pour le faire mourir. Plongé dans une chaudière d'huile bouillante, il n'en ressentit aucun mal.

Après ce miracle, il fut relégué dans l'île de Pathmos, où il reçut des révélations prophétiques, qu'il adressa, sous le titre d'Apocalypse, aux sept principales Eglises de l'Asie Mineure. Dans ce livre divin, il prédit, sous des images symboliques, la ruine de l'idolâtrie et le triomphe de l'Eglise.

Après la mort du tyran Domitien, saint Jean revint à Ephèse, d'où il gouverna toutes les Eglises d'Asie, et y mourut à un âge très avancé (vers l'an 104).

F.F.