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LE PRONE DU DIMANCHE A BODILIS VERS 1700

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On sait que sous l'Ancien Régime, la paroisse s'identifiait avec la communauté civile jusqu'à se confondre avec elle. Ce fait historique se manifeste, tout particulièrement, dans la pratique courante du prône de la messe paroissiale.

M. Albert Babeau [Note : Le Village sous l'ancien régime, pages 123-124] le constate avec sa précision ordinaire de termes « Le prône n'était pas seulement une instruction religieuse; c'était une instruction administrative et quelque fois judiciaire, L'Église et l'État étaient étroitement unis, et, se prêtaient mutuellement aide et assistance. L'État poursuivait par le juge séculier certaines infractions aux lois religieuses ; l'Église lui prêtait sa publicité réelle et ses foudres spirituelles. Il n'y avait alors aucun de ces moyens de publicité que les progrès de l'imprimerie ont mis à la portée de tous. Les journaux étaient inconnus ; les affiches ne furent employées qu' au XVIème siècle. Pour faire connaître les Actes de l'autorité à des gens qui, pour la plupart, étaient ignorants, il était nécessaire de leur en donner lecture ; et l'on avait choisi l'heure de la messe principale pour le faire, parceque tous les habitants se rendaient, aux offices, dont la fréquentation était pour eux un devoir. Plus tard, en 1695, lorsque les affiches furent d'un usage plus général, l'État cédant aux réclamations des évêques, n'obligea plus les curés, dans la plupart des cas, à lire en chaire les ordonnances et les avis... On comprend l'intérêt que devait présenter le prône avec ses informations diverses à une époque où les communications étaient difficiles et la publicité presque nulle... ».

***

Si cette publicité était un avantage pour l'autorité civile, en était-il de même pour l'Église, alors surtout que par excès de condescendance on en venait à mettre la chaire dominicale au service des intérêts des particuliers ?

Il était à craindre, et cette crainte fut justifiée par de graves abus, que le prône de l'àglise ne devint le tréteau du prœco, du crieur public, le siège d'une agence de publicité, d'une agence de Petites-Affiches. Il fallut réagir contre une tolérance qui avait fini par compromettre la dignité des saints offices et l'honneur du jour du Dimanche en l’abandonnant aux spéculations, soit de la cupidité des, gens d'affaires, soit de l'amour-propre des coqs de village et de familles en quête de notoriété.

Et 1748, un des prélats les plus édifiants de l'église de France, Joly de Choin, évêque de Toulon et ancien vicaire général de Nantes, avec autant de clarté et de doctrine que d'autorité, le rappelait dans ses Instructions-sur le Rituel [Note : Tome 1er, pages. 221-225, 1ère édition].

« Les curés doivent savoir qu'il n'est pas permis de publier au prône les affaires temporelles, par exemple les baux à ferme, les ventes, les biens en décret, les louages des maisons, les droits dus aux seigneurs, les criées d'héritages, les choses perdues ou dérobées et autres choses semblables. Ces sortes de publications ne conviendraient pas à la sainteté de l’église, non, plus qu'à la dignité du ministère, et on conçoit facilement que l'Église, en interrompant les saints mystères pour faire le Prône, n'a jamais eu l'intention d'y entretenir les fidèles de ces sortes d'affaires qui ne leur causent que trop de distractions pendant le cours de la semaine ».

Les archives actuelles de l'évêché de Quimper conservent le manuscrit des Statuts du diocèse de Léon, nouvelle édition revue et corrigée et mise dans un ordre plus méthodique en 1773, par M. L. D. D. P. V. G. [Note : A Morlaix. De l'imprimerie de Pierre Guyon, imprimeur du Roi et de monseigneur l'évêque de Léon, 1774].

Nous y lisons, outre la défense de prolonger le prône « au-delà de la demi-heure » (chapitre III, art. V) le § III ainsi conçu :

« Afin d'éloigner tout prétexte de prolonger le temps destiné au prône nous défendons de s'y occuper d'affaires temporelles ou étrangères à l'instruction chrétienne et ordonnons de se conformer aux saints canons et aux ordonnances royales pour le choix des choses à publier pendant le prône, ou à remettre à l'issue de la messe et des vêpres ».

Art. 6. « Ce n'est pas garder le respect dû aux saints mystères que d'en interrompre la célébration par des affaires totalement profanes et indignés d'être nommées à l'autel ou dans les chaires évangéliques. Nos rois voulant en cela être l'exemple de leurs sujets ont bien voulu décharger les pasteurs de l'obligation de publier en chaire leurs propres affaires ; à plus forte raison, de simples particuliers, sous prétexte de quelques légères rétributions, ne doivent pas prétendre assujettir leurs pasteurs à prôner leurs affaires domestiques pendant la célébration des saints mystères. En conséquence, nous défendons à tous recteurs, curés et autres faisant le prône ou disant la messe de lire aucun, billét, de publier ventes, marchés, recètes, choses égarées et autres semblables qui doivent, tout au plus, étre renvoyés à l'issue de la messe en avertissant, le peuple qu'on a quelque chose à lui dire en sortant afin qu'il s'arrête ».

Dans un cahier annexé au manuscrit de ces Statuts de Léon et intitulé : « Motifs des changements adoptés par le rédacteur », le réviseur expérimenté et autorisé [Note : M. l'abbé L. D. de Parceveaux, vicaire général de Léon] exprime, en confidences, à son évêque les raisons qui l'ont fait insister sur certains points particuliers (page 8) : s'il décide absolument que le prône soit fait à l’Evangile c'est que « l'expérience prouve que dans les lieux ou le prône se fait à la post-communion, ceux qui ont le plus besoin des prônes détallents ».

Il ne se dissimule pas qu'il a affaire à forte partie en exigeant que s'abstienne dans la chaire de toutes les publications dont il est cause plus haut :

« Je touche à une corde delicate mais que j'étaye d'autorités irréprochables en renvoyant aux Mémoires du clergé pour les ordonnances qui pourraient déplaire aux parlementaires ».

L'édit de 1695 et la déclaration de 1698 avaient rendu aux chefs de paroisse toute leur indépendance : on ne pouvait les obliger à ces publications. Le Roi déclarait qu'elles regardaient les officier qui en ont charge : et toutefois les recteurs et curés se résignaient à suivre la vieille routine, à laquelle les populations restaient attachés ; et les parlementaires s'obstinaient, malgré tout, à requérir pour leurs arrêts la publicité retentissante et la notoriété du prône paroissial : vieux légistes régaliens qui tenaient à garder un pied dans l'Eglise, à se réserver un droit de prescription sur ce que l’on pouvait faire dire, par ordre et par arrêt, au prône dominical, selon les circonstances et besoins à venir.

D'autre Part, cette publicité offrait un grand moyen d'instruction et d'action aux agents de l’administration et des Intendants : pour s'en rendre compte, qu'on s'en rapporte à Turgot déclarant que le bien qu'il a pu faire dans le Limousin, il l'a fait grâce au concours et aux prônes des curés limousins : ce qui est vérifié ailleurs au sujet d'autres provinces du Royaume, par son disciple Dupont de Nemours, dans son curieux recueil d'économie politique et sociale publiée sous le titre d' « Ephémérides du citoyen ».

***

Dans la bibliothèque d'un Recteur de Basse-Bretagne, d'avant 1789, il semble qu'on doive rencontrer comme Compendium de ses connaissances de droit usuel : 1er la coutume de Bretagne. de Poullain-Duparc, — le Traité de l'administration des paroisses, de Pottier de La Gennonday, et le Recueil des Arrests et Règlements du Parlement de Bretagne concernant les paroisses » [Note : Rennes chez Guillaume Vatar 1760].

D'après ce dernier ouvrage, la lecture rapide de quelques-uns de ces arrêts de notre Parlement de Bretagne nous fixera au sujet de la jurisprudence qu'elle pratiquait par rapport aux publications à faire aux prônes des grand-messes.

Arrest concernant le respect dû aux églises : du 16 octobre. 1627. « Sur la remontrance du procureur général du Roi qu'il a été averti qu'en plusieurs paroisses de cette province pendant la célébration du service divin et aux prônes des grand'messes aucuns parlent et font tel bruit qu'ils troublent le service et apportent grand scandale ; autres seront dans le cimetière, où ils traitent des choses profanes, se battent bien souvent voire jusques à effusion de sang ; vont aux tavernes.... La Cour condamne les contrevenants pour la première fois à 30 sols d'amende applicables à la Fabrique de l'église.... et ordonne que le présent arrest sera publié par les recteurs des paroisses tous les premiers dimanches du mois ». Voilà certes un règlement de police dont la lecture était à sa place dans les communications à faire à la messe paroissiale ainsi que tant d'autres décisions qui forment un code de mesures d'ordre pour assurer l'exercice paisible et digne du culte, qui méritaient d'être publiés au prône des grand'messes « à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance ».

Si l'on y faisait lecture des comptes des fabriques sortant de charge, grand fabrique où gouverneurs des confréries comme celle du Rosaire, la lecture, in extenso du Rentier quand on le colligeait, le parlement revendiquait le bébefice de cette même publicité pour donner à connaître ses arrêts concernant les impôts. Exemple :

— (Arrest portant ràglement pour empêcher les désordres qui se glissent dans les paroisses de la province au sujet de de levée des fouages, tailles et autres impositions publiques : du 20 février 1669).

La Cour, faisant droit sur la remontrance et conclusions du procureur général du Roi, ordonne :

« 1° La publication au prône du Mandement six semaines ou plus avant l'échéance du terme assigné pour le paienient ;

— 2° De l'élection des égayeurs et rédaction du rolle dont lecture publique sera faite d'article à autre, à haute et intelligible voix et sans frais ; au prône de la grand'messe, par le recteur ou curé de la paroisse à ce que chaque particulier puisse sçavoir à ce qu'il est imposé ; — 3° du choix des collecteurs, donc autre publication au prône dont ils prendront certificat du recteur ou du curé, assignant un lieu certain pour y faire la recette desdits deniers de fouage, soit au pied de la croix du cimetière, dans l'auditoire des lieux, ou maison honnête dans le bourg, autre que cabaret, ou hôtellerie ».

Quelle feuille d'informations pourrait rivaliser d'intérêt avec ce prône du dimanche ? surtout lorsque vient la lecture d'un Monitoire, avec agrave, et réagrave, pour arriver à la révélation d'un crime mystérieux, d'un de ces beaux crimes qui font la gloire du reportage et la réputation d'une bourgade ignorée ; à l'égal d'un nom de champ de bataille glorieux ou d'un pieux pèlerinage.

Un jour, il arrive que le rectéur monte en chaire : son attitude est étudiée ; il se mouche, il tousse pour assurer et essayer ses cordes vocales, pour que son intonation ne trahisse pas son émotion, qu'elle ne soit ni sibilante ni tremulente. Il tient en main un rouleau de fort papier : tout le monde sait que ce grave document a été expédié de Rennes, de la cour de Parlement, et qu'il est signifié par ministère d'huissier.

... C'est ce qui advint une fois au recteur dePlougar, évêché de Léon. Cette fois-lâ il dût notifier en personne à ses paroissiens de Plougar et de Bodilis sa Trèvie, à haute et intelligible voix, en français et en vulgaire langage breton que la Justice s'était prononcée contre lui.

Il s'agissait de la paroisse et du corps politique de Bodilis, trève de Plougar, ou comme on s'exprimait au XVIème siècle, « fillette » de Plougar. La mère-église fut peut- être, acariâtre et quinteuse ; la fillette, de son côté, subissait l'influence d'un vent d'indépendance, qui ne souffle pas que d'hier. Vraisemblablement si Plougar consentait à distinguier entre le tien et le mien, il s'obstinait à confondre le tien et le mien avec le nôtre, quand il s'agissait de Bodilis, trève opulente, de bon renom et de grandes ressources, à laquelle on voulait passer le plus lourd des charges communes. Bodilis ne se laissait pas faire sans protester et sans plaider son bon droit contre les, entreprises de Léannec, recteur de Plougar. Le différend dura plus longtemps que le classique siège de Troie : les procédures s'enchevêtraient et s'accumulaient dans un charabia de greffe et de procureurs, de nature à brouiller de plus en plus les idées et à faire oublier à l'esprit le plus lucide, la fin de la campagne, si dans le principe il était cause de Gallus Matihiæ ou de Galli Mathias.

Quoi qu'il en soit, un des incidents de cette guerre de procédures fut l’intervention d'un arrêt, du Parlement, du 30 juin 1728, intimé et signifié par Me Joseph Guillon, huissier des fermes du Roy en l'évêché de Léon, demeurant à Landivisiau, paroisse de Plougourvest, à messire Guillaume Léannec, sieur recteur dudit Plougar, « auquel est fait commandement de la part du Roy et de la cour de defférer aux deffenses luy faites de se mêler directement ou par personne interposée d'aucune nomination, de faire aucun chapitre, de toucher à l'argent de la fabrice, d'enlever les titres, proposer son avis au préjudice du général, soit pour les intimider ny les surprendre, ny de faire générallement aucune chose concernant les affaires de ladite église de Bodilis, innovation, changement ou augmentation sans l'exprès consentement du général par délibération, etc, etc ».

« Et pour que la cause soit publique et notoire et que personne n'en prétende cause d'ignorance, qu’en conformité du précédens arrest pour les paroisses ensemble le présent seront lus et publiez au prosne de la grand'messe de Bodilis par ledit sieur recteur à la première réquisition dont on requiert l'exécution dimanche prochain.... Protestant sur son deffaut d'y obéir et de lire à haute et intelligible voix tant ledit arrest avec le présent exploit que les arrests du 29 oct. 1718, etc. La saisie de son temporel pour passé de ce que les dits arrests soient enregistrez sur le livre des délibérations et lû partout où besoin sera...... ».

Le recteur s'exécuta, sinon de bonne grâce, du moins ponctuellement, car nous trouvons à la suite de ces pièces l’indication suivante : « Lu et publié par Monsieur le recteur de Plougar, le dimanche premier du mois d'août 1728 ».

Il ne pouvait faire autrement: Messire Apuril, recteur de  Brye, diocèse de Rennes, en semblable occurence avait voulu subtiliser et tourner l'exécution d'un arrêt concernant plusieurs abus et désordres qui se commettaient dans sa paroisse. Cet arrêt du 29 avril 1716 portait que publication en auroit été faite au prône de la grand’messe à Brye et enregistrée sur le livre des délibérations. Lorsque les juges du lieu se présentèrent pour aviser à l'exécution de ces dispositions, messire Apuril refusa pour deux raisons : 1° « disant qu'il n'était pas bon lecturier (terme dont il s'est servi) » ; 2° quant au livre des délibérations, « il était brouillé dans son cabinet ». On insista ; il fut décrété, interrogé, et finalement il se trouva suffisamment lecturier et on improvisa un cahier propre à enregistrer les délibérations du gériéral de la paroisse de Brye.

***

Nos populations tenaient à leur idée touchant le recrutement régional du clérgé : leur exclusivisme qui subissait l'autorité d'un bénéficier qui n'était pas parfois même de leur diocèse, trouvait sa revanche dans les égards particuliers qu'elles affectaient à l'égard des prêtres de la paroisse, des fils du terroir. Si l'on n'était pas naturel de la paroisse, il fallait être naturalisé et ce sont de ces lettres de naturalisation que nous retrouvons dans une délibération curieuse et instructive du corps politique de Bodilis.

« Ce Dimanche vingtième octobre mil sept cent vingt six le corps Politique de ce treve de Bodilis paroisse de Plougar assemblé dans la Chambre de delibération Est unaniment davis de recevoir comme prestre habitué et naturel de la Treve Messire Jean Piolot prestre de Loguéguiner, et ainsy le recoivent comme Enfant naturel de la Treve et le reçoivent à la rétribution en maladie comme en santé, c'est à quoy ils s'obligent tant pour eux que pour le général de laditte Treve les memes jour et an que devant… » [Note : Cahier des délibérations du corps politique de la Trève de Bodilis, 1721-1730, f 10 verso. (Archives paroissiales de Bodilis)].

Jean Piolot n'était pas un naturel de Bodilis, qu'à cela ne tienne : il aura ses lettres de grande naturalisation et le principe sera sauf : Bodilis aux Tréviens de Bodilis !

Messire Jean Bérégar, lui, n'eut pas à solliciter ce certificat : né dans la paroisse, apparenté à Kervenou-Vras à Guelet Ker, au Quinquis, il fut, à Bodilis, vicaire de 1682 à 1712, Curé de 1712 à 1714, et mourut le 6 février 1715. L'événement le plus notable et aussi le plus certain que nous ayons relevé de son existence c'est la date de son trépas. Comme ses confrères les autres prêtres qui étaient appelés à être les auxiliaires du curé, il vivait de la vie ordinaire de ses compatriotes, était fermier de la confrérie du Rosaire qui encaissait annuellement la somme de 5 livres 1 s. 8 d. « pour le tiers de la ferme d'un clos, à Parc Mesper, manœuvré par Mre J. Bérégar ». — Les registres en font foi.

Pour connaître la portée intellectuelle, de Mre Jan Bérégar, nous, n'avons, qu'un document, on nous accordera que c'est peu : un petit-volume format de 16 centimètres sur 26, de 135 feuilles, commençant par une table ou répertoire de prières nominales de 2 feuillets relatant les obligations ou intentions de 136 familles, relié à même dans la couverture en veau d'un vieux Missale Romanum.

L'intérieur, la face principale des pages écrites, porte les prières faites le dimanche à la demande d'une famille pour ses membres, l'indication des principales fêtes de l'année, les cueillettes des fabriques, les offrandes et produits des aumônes faites à l’Eglise par voie de testament. Ce qui fait l'intérêt de ce cahier, ce sont les indications marquées en marge à la façon des gloses d'un traité de droit ou de théologie. Elles sont rédigées dans une forme qui ne procède pas seulement de ce qu'en grammaire on appelle l'ellipse : elles donnent le premier et principal membre de la phrase dont le prônateur possédat la suite, très clairement dans son esprit et que l'on devine facilement, du reste, sans être dans la peau du prônateur de l'époque : guide-mémoire, point de repère, qui fournit l’indication suffisante an courant du discours, sans avoir à l'inscrire in extenso :

Verbi gratiâ : le quatrième dimanche d'août 1703, messire Bérégar a une annonce à faire ; en regard des publications, en marge, il se contente de la brève annotation : « pour assoir la taille des dragons ». Il ne s'y trompait pas, pas plus que nous : il n'était pas question comme on le croirait de faire passer sons la toise des dragons et de les soumettre à une constatation authroprométrique, mais bien d'avertir, qui de droit de s'asseinblèr soit pour l'égail soit pour la cueillette de la taxe levée pour l'entretien des dragons de Sa Majesté dans la province de Bretagne : deux régiments, si nous ne nous trompons, destinés à appuyer et fortifier les milices et gardes-côtes et à assurer le service de la maréchaussée.

Jean Bérégar avait donc fait un relevé des prières nominales: il en compte 136 dont l'une au moins était lue, au bourg, chaque dimanche ou jour de fête gardée : telle prière occupe 25 lignes. Il est vrai que c'est un travail de généaologie et d'alliances où on a apporté autant de soin et de précision que s'il s'agissait d'une famille représentée aux croisades, à Bouvines, au combat des Trente, au combat de Saint-Cast ; on y énumère nommément les père et mère, ayeuls, sœurs et frères, oncles et tantes, cousins et cousines, beaux-frères et belles-sœurs, niepces et neveux, oncles et tantes alliés, oncles et tantes remués du maternel ou du paternel, demi-frères, demi-sœurs, beaux-frères et belles-sœurs et au surplus belles-sœurs et beaux frères par alliance (en certains quartiers du Bas-Léon on entend encore parler de lest-vreur-caër, lest-c'hoar-gaër), degré d'affinité qui, on le sait, ne tire à conséquense ni aux yeux de la loi civile ni aux yeux de la loi ecclésiastique.

Les prières nominales de Bodilis ne mentionnent pas les parrains et marraines, filleuls et filleules, ce qui se voyait ailleurs ; en revanche, c'est avec un pieux et honorable sentiment de respect que l'on y inscrit la parenté avec tel prêtre qui a servi l'église de Dieu. Pour mémoire, nous relevons quelques-unes de ces mentions :

Messire Xphle et Tanguy Kermarec pbres. Yves Areur pbre. recteur esté de Brasparts oncle (1702) ; le révérend père Ambroise, religieux ; vénérable François Penguily, curé esté de Plounéventer ; Dom Guillaume Penguily, pre esté en cette trêve, oncle ; Dom Charles Le Garo, onele ; Vénérable et discret Jan Cornily, oncle remué ; Dom Alain Marc, etc.

Les catégories sociales, le classement et le tassement s'établissent d'elles-mêmes et, comme noblesse oblige on n’a qu'à consulter le cahier des offrandes d'une paroisse pour voir et savoir quel était le rang que sy donnait telle famille : cahier des pauvres d'un côté ; dispositions: testamentaires et autre sources de renseignements de l'autre. A Bodilis. après une étude consciencieuse du cahier de Jean Bérégar, nous constatons que tout homme à son aise, d'un rang moyen, ayant su vivre et sachant mourir honorahtlement, laissait par testament ordinairement :
A la Fabrique : 6 livres.
Au Rosaire : 2 l. 10 sols.
A la Mercy : 25 sols.
Aux Trépasés : 25 sols.
A l'Hôtel-Dieu et aux Quinze-Vingts : 2 s. 6 d. chacun.

Mais, dans la région, Notre-Darne de Bodilis était si connu, si populaire, que messes et offrandes lui venaient du dehors de la paroisse notamment de Plougourvest, de Saint-Servais, de Plounéveut.er, etc.

Pour faire voir au lecteur comment on prenait ses dernières dispositions à Bodilis, nous choisissons deux exemples dans les nombreux testaments que nous avons sous les yeux.

1° François Le Bourg, du village de Lestrévignon, depuis huit jours alité, se résoud « affin de n'ettre surpris par la mort, — laquelle est certaine, mais estant l'heure d'icelle incertaine, » le 15ème jour de Janvier 1616, à dicter ses dernières volontés. Il requiert, après les invocations d’usage à la Trinité et à la cour céleste « qu'advenant la séparation danttre son corps et son âme il soit soigneusement ensevelly en l'Église dud. Bodilis au tumbeau de ses prédécesseurs et que en son intention soit cellébré deux services de huictaine par les pbres et clercs dud. Bodilis ». Il lègue et baille à l'Eglise « pour la réparation d'icelle et augmentation du service divin la somme de six livres tournois » plus tous ses droits au village du Mesiou an queran à charge de faire célébrer un service annuel pour lui à chacun, jour de samedi de la Trinité, à perpétuité.

« Il lègue à Lothel de Dieu de Paris la somme de douze livres quinze sols tournois. SY ordonne que dessus son bien soict baillé à Messire Olivier Person son père confesseur la somme de quinze livres tournois pour estre par luy employé ou ledict testateur luy a ordonné » : suivent trois articles contenant des donations ou des condonnations faites à ses proches.

Plus lègue à l'Eglise de Monsieur Sainct Ivizau deux sols six deniers tournois, — « A la chappelle de la Trinité audit Landivisiau un soulz tournois, — A sainct Guénel près dud bourg, pareille somme d'un soulz tournois, — A la chapelle de Monsieur sainct Denis un soulz tournois, — A sainct Egarec, pareille somme, — A la chappelle neuffve à Berven, cinq soulz tournois et faire dire à son intention une messe, — A la chappelle de Pleyber sainct Egonnec pareille somme, — A la chappelle de Locrist, un soulz tournois, — A Plougar pareille somme. « Le testateur continue par la distribution de ses meubles, coffres et lits : veut qu'on baille à Catherine Le. Bourch sa niepce pour le bon service qu'elle luy a fait pour l’espace de quatorze ans un charlit, une cueste de plumes et un horeiller aussy de plumés ; — à son beau-frère « un mestier à tisser quy est chez led. Guillaume Kerangall » ; par la distribution de ses hardes « ses chuppé, » « son manteau viollet, » son chapeau, etc.

2° Dans son testament de 22 janvier 1738, Yves Muzellec, du lieu du Tachennou est qualifié « simple-laboureur » : il veut être enterré au cimetière de Bodilis vis à vis de la chapelle du saint Rosaire. Plus il veut qu'il soit célébré une octavé immédiatement après son décès ; « et qu'il soit donné à la grande fabrice pour les lumières son meilleur justaucorps, quinze sols au Rosaire, dix sols au trépassez, cinq sols à chacune des deux outres confréries, comme aussi au jour et an pareille octave avec toutes les messes, et pour les lumières à la grande fabrice sa bonne culotte au Rosaire, trépassez et autres confréries les mêmes sommes que dessus ». Suit le détail des sommes à lui dùes. Yves. Muzellec veut qu'il soit fait dire à son intention une messe à Saint-Servais, une autre à Saint-Pierre de Plougar, à Notre-Dame de Lampaul et à Notre-Dame de Pleiber Saint-Egonnec.

Le 2ème Dimanche de novembre 1697, nous trouvons l’annotation suivante sur le cahier de Mre Bérégar, où il est question d'un service funèbre : « quoique la deffuncte par la dernière volonté n'avoit légué que, trois livres » : ses héritiers corrigèrent la modicité de ces dispositions en payant :
Pour le Grand-Service : 6 livres.
Au Rosaire : 1 livre.
A chacune des Fréries : 10 sols.

L'argent était rare : une somme de 3 liv. en offrande et versée en espèces était une grosse somme. Une fois nous trouvons une offrancle de 4 liv. en argent : on dut être surpris de cette oblation princière. En faisant le relevé des offrandes faites à l'église de Bodilis, voici ce que nous relevons concernant les pièces d'habillements offertes à N.–D :
3ème D. de Juillet 1697, une lisière de toile ;
5ème D. d'Octobre, une lisière de satin noir ;
3ème D. de la Pentecôte 1698, un corsellet à usage de femme ;
3ème D. ap. Pâques 170. Un cottillon ;
A la Trinité : une lisière Dafftas.

Le 11ème dimanche après la Pentecôte, à l'occasion de la prière pour vénérable Philippe Le Hir « eu offrande une bourse garnie, un canon et son plis, un petit missel et les urseaux et 20 sols ».

19ème D. Mauricette Rannou, une, pair de linge « qui sera vendue tantost à l'issue des vespres ».

1701. « A la fabrique un pair de linge, au rosaire une lissière ».

1702. « 3ème D. après Pâques : Maurice. Paugam, un cotillon ».

7ème D. après la Pentecôte : « une bague d'argent d'un particulier ».

A l'occasion de la prière pour M. Marc (2ème D. du Caresme 1698) « les héritiers ont donné en offrande à scavoir Alain Pennec et femme une piesse de file et une poingnée de lin et Jan Marc un cart de blet noir et Françoise a donné 12 sols, la bourse avec un corporal et un purificatoire donné par les héritiers, à la fabrice 30 sols, au cloarec [Note : Au clerc ou séminariste] 20 sols, au Rosaire 5 sols et à chacune frérie 2 s. 6 d. ».

Offrandes en 1701 : 2ème D. de Mai, 2 rabas.

« Un particulier une gravate ».

18ème D. après la Pentecôte. « Margueritte Le Hir a donné en offrande à la fabrice deux escus qu'elle désire être employé en toile pour, faire une nappe d'autel ».

3ème Dim. du Caresme 1701, « reçu pour la considération de la grande service de Jacquette Cornéli un rumme de linge de canabre » [Note : Une série de linge de chanvre].

Serait-on Assyriologue, Egyptiologue, Sinologue ou autre chose tout aussi savant, si on n'est pas breton de Basse-Bretagne, on ne comprendra jamais le sens de cette publication oû deux mots sur trois sont du parfait celtique.

Les offrandes en nature sont, comme on le comprend, beaucoup plus abondantes : En Mai-Juin, à l'époque de la Pentecôte, les dons « d'escuellées de beurre » augmentent et se nombrent par quatre ou cinq par dimanche en moyenne, souvent plus. Dans son compte, le fabrique du Rosaire en
1692, nous fait savoir ce que ce valait « deux escuellées de beurre : dix sols six deniers ».

De temps à autre, on avait à annoncer l'oblation d'un essaim, d'abeilles, de nombreux poussins, de cochons de lait « couchon à lait » (Dim. de la Pentecôte 1702).

Par-dessus tous, Claude Bérégar dut faire sensation, lorsque quelques jours précédant l'Avent de 1698 il apporta au bourg pour l'offrir à l’Eglise un volatile pour lors peu vulgaire, un coq venu de l'extrême Orient, un des premiers que l'on voyait à Bodilis : un dindon !

On trouve en outre qui offre « trois boisseaux d'avoine » (Sept. 1697), ou un boisseau de froment, un boisseau de sarrazin, tel autre apporte une garcée d'avoine, etc.

Ce pays de bonne culture maraîchère en présente à l'église, les prémices : ce qui nous fournit une indication sur l'industrie des Tréviens de Bodilis, c'est l'abondance d'un certain genre d'offrandes : le chou et l’oignon. « La porrée à planter », des civolles et de la « pourrée » — ou bien des choux et choux pommés « choux pome ».

Les offrandes en lin attestent la prospérité et l'extension de culture des textiles. La mention est souvent modeste : mais le présent n'est pas si modique que cela. On annonce bien que tel a donné un fil blanc, tel autre « une poignée de lin ». Il faut s'en rapporter aux comptes du Rosaire, que nous avons sous les yeux, pour bien comprendre que les offrandes en lin et en fil formaient le plus clair des revenus en nature de l'église de Bodilis. Nous ne mentionnons, pour avoir un base d'appréciation, que les seuls comptes d'une confrérie : celle du Rosaire.

En 1695, le fil blanc vendu à Jacques Kerriou, de Mouster-Paul, rapporte 2 l. 17 s. 6 d.

1696, le fil blanc est vendu 3 l. 3 s. ; en 1697, 3 l. 12 s.

1698, 4 l ; en nonante et neuf, 2 l. 11 s.

1702, tout le fil blanc, 7 l. 11 s.

En 1708, nous relevons un détail qui montre encore une fois que les annonces étaient bien modestes et nous fait connaître ce que le rédacteur du Prône entendait par « une poignée de fil blanc ».

1708. « Une poignée de fil blanc vendu à Guillaume Breton, de Kerfeunteuniou, contenant quatre livres à 25 s. la livre ensemble cy 5 livres ».

« Trois autres livres de fil blanc à 20 s. la livre, ensemble 8 livres ».

1709. « Cinq livres et quart de fil blanc à raison de 8 s. 3 d. la livre, font 7 l. 13 s. 3 d. ».

« Une poignée d’autre fil blanc plus gros vendue 1 l. 6 d. ».

Saluons respectueusement en passant les bienfaiteurs ignorés et obscurs de N.-D. de Bodilis : Mme de Lampers, qui donnait le bon exemple en faisant de généreuses offrandes à son église, M Madec, M. Tréguier et Madernoiselle sa femme et ce brave Jean Faujour de Traonn-Bian que le cahier de Mre Bérégar, nous montre venant annuellement avec une régularité fort édifiante apporter à l'église de Bodilisi « une charge de foin, » en offrande.

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Le cahier de prône de Mre Bérégar nous indique quelles étaient, outre les fêtes d'obligation, celles de simple dévotion rappelées à la piété des fidèles.

Nous y trouvons quelques indications sur l'état du culte voué, en le quartier, à tel ou tel saint particulier. Le chiffre des saints bretons recommandés de dévotion est bien restreint. Voici ceux qui sont indiqués : saint Goulven ortographié sous trois formes : Goulffen, — Goulphen, — Goulhen, saint Corentin, « Couritin » ; saint Jaoua, écrit Jaouva ; saint Hoardon ; saint Ténénan ; saint Guévroc ; saint Maudet, saint Thuriau, Thuriaff ou Thivisiau (orthographié saint Tivizeau), saint Hervé, et saint Yves avec ses fêtes de mai et de fin d'octobre. Bérégar ne paraît pas avoir eu des notions très précises sur la bonne façon d'écrire le nom de saint Gouesnou : une fois, il l'écrivit Goueznou ; .l’année précédente il orthographiait Couvesno.

En dehors de nos saints nationaux nous trouvons recommandées de dévotion sainte Ursule, sainte Luce, sainte Barbe, sainte Catherine, sainte Magdelaine et cette autre pécheresse jadis si connue dans les chants populaires : sainte Marie Egyptienne. Les saints dont il est fait mention spéciale sont saint Jean-Baptiste, saint Michel, saint François Xavier, saint Gilles, saint Dominique, saint Nicolas, saint François, le grand saint Martin et le docteur Angélique que Bérégar appelle saint Tomas Tanquin ; saints Fabien et Sébastien.

Si l'Ordo de Léon marque une excessive réserve pour le choix des saints du pays dont il admet la légende et l'office, en retour, le peuple, à Bodilis, tenait à honneur de porter le nom de nos pères dans la foi. Comme on le voit par les archives paroissiales : les noms de Miliau ou Méliau, Mélart, Didier, Eguiner ou Eguigner, Derrien, Tanguy, Thiviziau ou Thivizeau, Julien, Goulven, Salomon, le roi breton martyrisé ; Alain [Note : A la première page du Rentier (1616) sont nommés dans un acte 21 notables : huit s'appellent Alain], Yves, Maurice, sont héréditaires dans les familles. Grande est aussi la vénération pour les Apôtres et les évangélistes : on rencontre très communément les noms de Jacques ou Jacob, Thomas, Mathieu et Marc ; Pierre n'est pas aussi usité que le nom glorieux du doux géant saint Christophe dont le nom s'écrit toujours comme un monogramme : Xfle de saint Martin, saint Sébastien ou Bastien, saint-Julien, saint Etienne, saint Claude, saint Michel, saint Olivier, et saint Jean. Remarquons que le nom du saint Précurseur de N.-S. ne se retrouve pas encore, uni au nom de Marie, comme on le voit aujourd'hui si usité dans ce rayon, du pays.

Page 57 du cahier de Bérégar nous lisons un nom de baptéme masculin : Berthevas. (Prière pour Jeanne Meudec : Berthevas Meudec ei Béatrice Floch père et mère....). Il est défendu de chercher la petite bête et d'être trop ingénieux en matière d'étymologie, c'est convenu, mais qu’on veuille nous permettre de dire notre impression, d'émettre une présomption : ne pourrait-on pas reconnaître dans ce vocable Berthevas deux noms d'apôtres, soudés intimement : Berthe, Berthelemé, Barthélémy, et Maze Mathieu).

Les filles s'appellent Jacquette (Jacqueline) ou Guillamette (Guillemette, Guillemine, Wilhelmine), Anne ou Izabelle (Elizabeth), Marguerite, Magdeleine, Julienne et Juliane, Lévénez (Lœtitia), Guiona (Guyonne). Thomine (Thomasse) et Thésina (sans doute Thérèse-ou Thérèsine).

Les noms de famille. eux-mêmes vibrent et distillent une saveur de terroir et de moyen-âge : cela résonne fortement que ces noms de Tanguy Mezanstourm (la plaine du Combat) Jean Mezangroas, la plaine de la Croix) ; Pencréac'h ou Penguilly (la tête de la crête, la tête du sillon.), Jeanne Louménéz ou Loumenven, Françoise Daouguenpen ou Tanguy Connétable, voire Jan Bérégar. Ce dérnier, notre prônateur, eut la fière chance de naître dans un quartier où la décentralisation à outrance de Louis XIV se heurta à l'obstination de traditions séculaires, où le fils prétendait donner à son fils son nom, le vrai nom tel qu'il l'avait reçu de son père, nom celtique et non francisé. Si Bérégar était né aux portes de Quimper, lui fils de Bérégar eut couru le risque par suite de la déplorable traduction d'un prêtre, homme de progrès, d'être dénommé Jean Courte-Jambe au lieu comme ses pères Jean Bérégar comme devant !

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Nous avons dit plus haut la répulsion bien légitime des chefs de l'Eglise pour cet abus des publications d'intérêt, du moins particulier et singulier, dans la chaire Dominicale. On jugera si la protestation sévère et indignée de l'Evêque n'était pas justifiée par le détail de ce que l'on annonçait, après l'Évangile, le saint jour du Dimanche à Bodilis, d'après les notes marginales du cahier de Jean Bérégar : à Bodilis comme partout.

Nous copions sans commentaire.

4ème Dimanche de Mai 1697. « Les garennes appartenant aux mineures de feu Tanguy Laurent » à vendre ou à affermer ?

4ème Dimanche de Juin. « Il y aura vente au Plexis. ». Le prônateur fournissait, comme de juste, plus de détails.

4ème Dimanche d'Août. « Qui voudra avoir une maison à Saint-Denis avec pasturage d'une vache parleront à Xphle Le Hir ».

1er Dimanche de Septembre. « Qui voudra avoir une ferme, une maison et une moitié d'une autre et jardin et autres terres indivis où demeure Jan Floch à Kerisien [qu'il demande] à Jan Troadec ».

« Qui veut avoir la maison de Mélart Cariou ? ».

4ème Dimanche de Carême 1698. « Qui a perdu une clef, qui parle à Ian Le Bec ». « Qui a trouvé une espée et un portefeuille ? ».

Dernier Dimanche de Juillet : « Qui voudra avoir en ferme le lieu où demeure Le Grinnoux et Cochard pour la Saint-Michel qu'il parle à Catherine Derrien ».

1er Dimanche dès Avents : « Qui auroit trouvé une ausne de toile entre Coatreun et Penvern ? ».

Le 1er Dimanche de Janvier 1699 : « Le lieu où demeure Hervé Paugam, à Treguis, pour en jouir à la Saint-Michel prochaine, n'ont qu'à parler à Jan Quéméneur ».

1er Dimanche d'Avril : « un diurnaire égare.... ».

Mardi de la Pentecôte : « Un fil blanc trouvé.. », « Une clef égarée... ».

7ème Dimanche après la Pentecôte : « Qui auroit trouvé de l’argeant ».

19 Dimanche après la Pentecôte : « Une vache au Pichon volée ».

Le 4ème Dimanche du Carême 1700, nous trouvons l'annonce qui suit : « Pour la réception des soldats ceux qui voudront donner pour eux qu'ils veulent volontairement qu'ils mettent quelque argeant entre les mains de Bérégar » (Textuel).

Mai 1702 : « Un livre breton égaré ». « Qui aurait trouvé une pièce d'argent ? ».

Sexagésisme 1703 « Ceux qui ont acheté dans la vente de Jeanne Guiader à Lanneuvret ont à aller payer à Monsieur le Recteur ».

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D'autres plans d'annonces marqués par les notes inscrites en marge par Bérégar sont d'un cachet plus officiel et d'une importance plus générale, Hélas ! ce sont avertissements, objurgations au contribuable retardataire, oublieux; besogneux.

An 1607. 4ème Dimanche de Mai : « Pour vos tailles ».

1er Dimanche de Juillet : « Pour la capitation ».

3ème Dimanche du même mois : « Pour payer la capitation ».

3ème Dimanche d'Août : « Les vassaux du marquis de Cludon son adverty de fournir adveu....». « Payer rente et offrande et s'enrôler sur le cahier ». ?

3ème Dimanche de Septembre : « Qui doivent les tailles... ».

5ème Dimanche de Novembre : « Ceux qui doivent la dixme ».

1698. 1er Dimanche de Janvier : « Qui doivent pour les tailles ..... et autres choses... » (Venir payer !). Même jour : « On fait l'asise qui doivent payeront ».

5ème Dimanche de Janvier : « Pour les tailles... » (Avertir).

Dimanche de la Trinité : « Qui doivent pour quelque suict que ce soit aux anciens marguillers » (Payer).

C'en est assez, nous semble-t-il de ces citations, pour montrer ce qu'il y avait de répugnant, de ce qu'il y avait de césarien et de payen à attendre même dans l'église, dans la maison du Père qui est aux cieux, le pauvre Jacques Bonhomme pour lui rappeller qu'il était corvéable et taillable : alors qu'il y venait chercher un réconfort, une trêve aux soucis de la semaine, l'oubli des poursuites du fisc impitoyable, on lui faisait dire. « Qu'ils ayent à payer aujourd'huy ou ils auront frais mardy : » car telle est la formule comminatoire que nous retrouvons plusieurs fois : mardi, le dernier délai ! [Note : Il est juste de reconnaître que ce ne fut pas une imperfection spéciale à l'Ancien Régime. Napoléon Ier chercha dans le clergé un auxiliaire pour activer et provoquer la rentrée de l'Impôt. Tel Evêque, Comte ou Baron de l’Empire, aimait à enregistrer et à publier le satisfecit qu'il avait obtenu de l'Empereur pour son zèle à seconder les percepteurs].

Autres annonces à faire et indiquées en marge sont curieusés par leur expression brève et rapide et les faits auxquels elles font allusion.

Dimanche de la Trinité 1698 : « Qui voira le loup qu'il mande à Brézal », recommandations fort utiles et tout à l'honneur des seigneurs de Brézal qui protégeaient les troupeaux du paysan contre les attaques des carnassiers.

Dimanche de la Passion 1701 : « Ceux qui se trouvent d'icy ailleurs qu'ils se trouvent aussy demain à Lesneven ». — Le prônateur savait sûrement ce voulait indiquer dans cette note laconique qui se rapportait à une convocation connue de tous : nous ne savons pas les développements qu'il put donner à cette publication. Au reste, nous nous demandons si l'assignation faite à Bodilis put toucher à temps « ceux qui se trouvaient de là ailleurs », à supposer qu'ils fussent à Brest ou à Landerneau ou à Morlaix ou encore plus loin.

4ème Dimanche des Avents : « 0n faira lecture des jeunes garçons à l'issue de la Grande Messe de depuis vingt ans jusqu'à, trente ». Nous comprenons qu'il est question de la liste des jeunes gens qui doivent tirer au sort pour la Milice, pour fournir le soldat de la paroisse.

2ème Dimanche de Carême 1698 : « Les enfants à l'école de M. Baron fera entre 8 et 9 heures. ». Cette annonce de tournure toute bretonne, est pour informer le Public de Bodilis que M. Baron prêtre de la paroisse ouvrira les petites écoles entre 8 et 9 heure, conformément aux instructions si précises et si pressantes de l'autorité épiscopale dans l'évêché de Léon.

Messire Bérégar note d'autres recommandations à faire : Ce sont les pauvres auxquels la publication au prône octroie comme une sorte de patente ; quelques-uns sont publiés deux ou trois fois : « Jeanne Louménez, pauvre » ; « Yves Mézangroaz, à l'aumône » ; « Catherine Le Bras, pauvre et malade ».

3ème D. de mars 1700 : « Les gens de Pierre Floch malades ».

Recommandation est faite au prône des malades de la paroisse, exemple : 2ème D. de février 1699 : « Marguerite Bizé est aux abois de la mort ».

Autres fois il y a les retraites ou exercices spirituels à faire connaître.

5ème D. de juin 1698 : « mardy, retraite à Saint-Paul pour les femmes et filles » ; id. le 3ème D. d'octobre ;

le 3ème D. de janvier 1699 1er D. de décembre : « La Retraite à Morlaix Vendredy : » puis la tournée des Religieux mendiants.

4ème D. de mai 1697 « les pères Capucins ».

4ème D. de juin, « les Carmes pour la Queste ».

4ème D. de septembre « les Dominiquains pour la Queste ».

1698 : 1er D. de juin : « les religieux de Saint-Dominique à recommander ».

3ème D. du même mois : « les Carmes de Saint-Paul et de Brest pour la Queste de beurre ».

4ème D. « les Capucins pour la Queste ».

enfin le 3ème D. d'août « les Religieux de Lesneven et de Brest ».

Le Prédicateur n'est pas oublié comme nous le constatons : Dimanche de Pâques 1702, en annotation nous lisons : « le Prédicateur à recommander » le 1er Dimanche de Mai 1699. On annonce : Dimanche le Pardon. « Le Prédicateur questera.».

2ème D. ap. Pâques 1701. « Le Prédicateur à recommander pour la queste et commencera à Coatsabiec » sa tournée dans la paroisse.

Dans cette région où une vie intense de foi animait les paysans industrieux et fiers, se rendant compte de ce qu'ils étaient et même de ce qu'ils pouvaient être, mettant une grande part de leur orgueil dans l'état noble et majestueux de leurs églises : dans ce Daoudour-Coatmeur si intéressant à étudier, par, les hommes et les choses, il restait rarement peu de fonds dans la caisse de la fabrique. Vite ils allaient à Landerneau, Morlaix et Saint-Pol-de-Léon, trouver leur emploi dans un marché où l'une des parties fournissait bon argént comptant et trébuchant, et l'autre un chef d'œuvre de sculpture ou d'orfévrerie d'une élégance et d'un classique qui surprend aujourd'hui le touriste et l'érudit.

Le prônateur de Bodilis, paroisse si richement partagée dans cette prospérité monumentale du 17ème siècle, dans notre pays, avait parfois à informer les Tréviens, sinon à exciter leur zèle au sujet des travaux qui s'y faisaient; on pourrait le dire sans discontinuer.

4ème Dimanche de l'Avent 1699 : Annonce quelconque au sujet de travaux « pour le renable du retable et descendre le ciel qui en empesche la veüe ? ».

Ailleurs, 18ème Dimanche après la Pentecôte 1700 : « Pour le travoill à Landerneau ; » sans doute, une entreprise dont on retrouverait les traces dans les comptes de la Fabrique de Bodilis.

En terminant, nous retrouvons, à la date du 4ème Dimanche de Mars 1702, une note marginale que nous livrons telle que nous la transcrivons : « Ceux qui connoissent quelques désordres » un point, c'est tout. Au lecteur à compléter. C'est plus ou moins une allusion au précepte : « Dic. Ecclesiœ. ». Même à cette époque;, il y avait tant d'occasions de désordres ; renderie, fileries, veillées, etc., mais en revanche, avec le principe d'autorité tant de ressources pour les prévenir, et au besoin les réprimer !

L'inspection de ce vieux cahier prônal qui n’a pas été rédigé pour servir à l’histoire, est peut-être d'une insignifiance rare : ce qui en fait le prix, c'est qu’il fournit des renseignements impersonnels, involontaires, presque inconscients, sans parti-pris : — et ce sont de pareils témoignages qui servent le mieux à l'étude de l'histoire, à l'enquête consciencieuse et féconde sur le temps passé.

Note : Les documents rapportés dans ce travail sont conservés dans les Archives paroissiales de Bodilis : 1° Un cahier prônal portant la mention : Ad usum Joannis Beregar a 1697 ad presentem diem 3um Xbris 1711 ; 2° Un Rentier, petit in-folio carré, de 32 feuillets velin, de 1616 à 1642 ; 3° Un Cahier des Délibérations de la paroisse, de 1721 à 1730 ; 4° Deux Cahiers des Comptes de la Confrérie, du Rosaire.

(Abbé Antoine Favé).

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