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A côté de Lannion et séparée de cette ville par un étroit vallon, l'église paroissiale de Brélévenez apparaît au sommet d'une colline ; on y arrive par une suite d'escaliers qui ne comptent pas moins de 142 marches ; mais parvenu au point le plus élevé on se trouve bien dédommagé de la peine qu'a causée cette ascension. Devant l'église de Brélévenez le coup d’œil est charmant, en effet : à gauche la campagne s'étend au loin, fertile et riche, la mieux cultivée peut-être de tout le département; à droite des châteaux modernes et de jolies villas paraissent entourés de bouquets d'arbres et pittoresquement posés sur le flanc des coteaux ; en face se montrent tout à l'horizon, le bourg de Ploubezre et la flèche de son église, et plus bas la ville de Lannion avec ses rues tortueuses et ses vieilles maisons de bois sculpté, avec la massive tour de son église [Note : D'après une inscription la tour de Saint-Jean-du-Baly fut Construite en 1519] et les nombreux clochers de ses petites chapelles.

La très curieuse église de Brélévenez a été souvent décrite. Elle appartient en grande partie au style roman du XIIème siècle. Son abside, avec déambulatoire et chapelle absidale, est éclairée par d'étroites lancettes et soutenue extérieurement par des colonnes engagées, au-dessus desquelles se déroule une corniche formée de têtes d'hommes sculptées et autres modillons. Le portail du sud, de même style, est décoré de colonnettes sur lesquelles retombent cinq archivoltes ornées d'étoiles et de dents de scie. Au-dessus de cette porte est une vieille statue de la Sainte Trinité.

Sous le chœur s'ouvre une crypte évidemment fort ancienne, mais bien remaniée de nos jours ; on y voit un groupe de grandes statues représentant l'ensevelissement du Sauveur.

Le principal pardon de Brélévenez se célèbre le dimanche de la Trinité, mais il n'offre rien de particulier. On fait en cette église, à la fête de saint Loup, un autre pardon plus suivi, surtout par les enfants. Il est d'usage dans les familles de Lannion et des alentours, d'amener ce jour-là les petits enfants à Brélévenez pour les préserver de la peur. Les parents apportent en offrande au saint des œufs et des poulets et l'on dépose ces derniers dans une grande cage ou mue, placée à cet effet dans une des chapelles latérales de l'église.

Dans la paroisse de Brélévenez se trouve une petite chapelle dédiée à saint Roch. « On y va en pèlerinage surtout en temps d'épidémie, car saint Roch passe pour guérir de la peste et généralement de toutes les maladies contagieuses. Les habitants de Lannion s'y rendent processionnellement le mardi de la Pentecôte » (Jollivet, Les Côtes-du-Nord, IV, 38).

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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