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ARCHITECTES, ARMURIERS ET CHARPENTIERS NOBLES AU XVème SIÈCLE

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Les professions industrielles, celles du moins où l'art relève l'industrie, n'étaient point, au moyen âge, incompatibles avec la noblesse, comme on le croit généralement. On a cité plus d'une fois les gentilshommes verriers ; mais la verrerie n'était point le seul art susceptible d'être exercé par des gentilshommes. La preuve, c'est que les ducs de Bretagne ont souvent conféré le privilège de la noblesse héréditaire à des architectes, des armuriers, et même à des maîtres-charpentiers ou charpentiers ingénieurs. En voici quelques exemples que je prends dans une liasse de lettres d'anoblissement échappées aux destructions révolutionnaires et conservées parmi les titres de l'ancienne chambre des Comptes de Bretagne :

1437, 29 décembre. « Jehan par la grâce de Dieu duc de Bretaigne etc. savoir faisons que nous, considerant les grandes peines et bonnes diligences que nostre amé et subget RAOULLET LE CHERPANTIER, très-artificieux et expert oupvrier méchanique en l'art et science de cherpanterie, soutint et fit pour nous au recouvrement de la traistreuse prinse et blasmense dentencion de nostre personne, ès sièges de Lamballe, Bron et Chastoceaux [Note : En 1420, à la suite da guet-apens où les Penthièvre avaient pris le duc Jean V. « Bron » c'est le château de la Motte-Broons], environ les engins, cannons et bombardes dont il estoit gouverneur, que aultres agréables services qu'il a fait dempuix à nous et à nostre très-cher et très-amé aisné fils, le comte de Montfort, tant en l'ouvrage et cherpanterie du boais de l'hostel nouvellement ediffié à Plaisance [Note : Maison champêtre des ducs de Bretagne, près de Vannes] que ailleurs, et que d'icelui nous pourrions aider en pluseurs manières, si besoin en sourdoit : pour ce et autres causes ad ce nous mouvant, icelui Raoulet, en recognoessançe et pour partie de remunéracion de ce que dit est, et mesme à la requeste de nostre dit fils, avons au jour d'uy... anobli, franchi, quitté et exempté, annoblissons, franchissons, quittons et exemptons par ces presentes de touz fouages, impotz, subsides et autres subvencions quelxconques, ordonnées ou à ordonner en nostre duchié ; voulans et voulons que celui Raoulet et ses principaux héritiers successivement, de hoir en hoir, en joissent en perpétuel. Si mandons etc... Donné en nostre chastel d'Auray, le XXIXème jour de decembre, l'an mil CCCC trente sept ». (Affranchissements, 42—C.).

1445, 16 décembre. « Lettres d'anoblissement et de franchise accordées par le duc François Ier à EON BIGARRÉ, maistre de nostre charpenterie et faiseur des engins de nostre pais, dit le Duc, — pour lui et pour un hôtel lui appartenant en la paroisse de Taupont, près Ploermel, ou dans toute autre paroisse où il demeurera ». (Affranchissements, 20—B.).

1446, 9 janvier. « François, par la grâce de Dieu duc de Bretagne etc... avons aujourd'uy, à la contemplation et requeste de nostre très-cher et très-amé cousin et féal, le sire de Montauban, nostre mareschal, franchi, quitté et exempté, franchissons, quitons et exemptons par ces presentes nostre subgit JEHAN GAINGNART, répareur et maistre d'oeuvres des chasteaux et forteresses de nostredit cousin, de touz fouages, guet, aide, taille, subsides et subvencion quelxconques ; et pour ce, avons deschargé aux parrouessiens de Saint Elloy de Montauban, en laquelle parrouesse est ledit Gaingnart demourant, un feu entier etc.... Donné en nostre ville de Nantes le IXe jour de janvier l'an mil IIIIc XL et cinq » (Vieux style). Le même privilège est accordé par ces lettres aux héritiers de Gaignart. (Affranchissements, 20—G.).

Quant aux armuriers, je me borne à donner l'intitulé de la pièce qui est fort longue :

1532, 15 octobre. « Acte d'information faite par la cour de Lamballe, comme ROLLAND CARMOUET estoit fils de JEHAN CARMOUET et que à celui Rolland a succédé GUILLAUME CARMOUET, son fils, lesquels se mesloient de l'art d'armurerie, et que, à raison de ce, les prédécesseurs dudit Guillaume avoint obtenu des princes et ducs de ce païs mandement d'anoblissement, à raison de leur art d'armurier ». (Affranchissements, 34—C.).

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