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Les manoirs bretons dans les Côtes-d'Armor

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" Le manoir ou résidence noble ressemble souvent beaucoup aux maisons des paysans mais s'en distingue généralement par sa cour fermée, où l'on entre par une grande porte cochère à laquelle est accolé un portillon.

A droite et à gauche des écuries et remises, une boulangerie, une laiterie, des granges et pressoirs à cidre, un colombier et souvent une chapelle. Au fond de la cour le logis noble où se trouvent répétées au-dessus des portes et fenêtres, comme d'ailleurs sur la porte extérieure de l'enclos, des sculptures héraldiques avec blasons ou écussons frustes. Dans le pays de Rennes beaucoup des logis nobles qui subsistent sont bâtis en moëllon, en terre ou même en simple torchis ; dans les endroits où la pierre est moins rare, en pierres échantillonnées souvent taillées avec art.

Si l'on pénètre à l'intérieur de la demeure, le rez-de-chaussée ne comprend ordinairement que deux grandes salles, quelquefois séparées par un couloir ou vestibule dans lequel s'ouvre l'entrée de l'escalier de pierre ou de bois qui conduit aux étages supérieurs.

Le long des murs des salles basses sont rangés, comme dans les fermes de nos jours, les armoires et les lits clos ou à baldaquins. Au fond, vis-à-vis de la principale porte, une immense cheminée en pierre de taille, à manteau armorié ; de rares ouvertures grillées laissent pénétrer une lumière tamisée dans la chambre à demi obscure. Près de la plus grande fenêtre une massive table de chêne avec des bancs ou des sièges rustiques. De pieuses images, des portraits de famille, le plus souvent sans mérite artistique mais naïfs, de vieilles armes de guerre et des équipements de chasse, des rouets avec leurs blondes quenouillées, des dressoirs chargés de faïences du pays ou de vases d'étain normand complètent cet intérieur qui, sauf les insignes nobiliaires que l'on voit ici, comme dans les églises des villages, briller un peu partout, ne diffère guère de celui des riches paysans.

L'une des salles sert d'habitation au seigneur, et à sa famille, l'autre à la domesticité, mais tous se réunissent le soir sous le manteau de la grande cheminée pour entendre lire par le chapelain la vie des saints de Bretagne ou redire par la vieille châtelaine les histoires du temps jadis, ou les anciens guerriers raconter leurs campagnes militaires et leurs prouesses cynégétiques.

Les chambres hautes, quelquefois habitées, car les familles nobles de Bretagne sont en général très nombreuses, servent le plus souvent de magasins où l'on entasse le lin ou autres redevances en nature.

Derrière la maison le jardin ou courtil avec un mail ou une charmille, le tout enclos d'un fossé bourbeux et défendu par des meurtrières du haut en bas de l'escalier du manoir, dont la cage fait saillie, et aux angles sortants des murs qui entourent la cour, car il faut toujours, aux époques troublées de la Ligue ou des révoltes paysannes, être à l'abri d'un coup de main.

Le haut justicier a, de plus, droit à un pont-levis et aux travaux proprement dits de défense.

Souvent un étang aux eaux poissonneuses vient baigner les murs du castel et tout auprès un bois ou garenne qui, par son étendue, ne saurait prétendre au nom de forêt, permet au noble habitant du manoir de se livrer, près de sa porte, à la chasse, son plaisir favori ".

Bien qu'à cette époque nous n'ayons encore étudié qu'un nombre limité de manoirs bretons, la série de nos albums débutant vers 1892, cette synthèse demeure assez exacte, les douves vaseuses se comblent, les murs de clôtures s'ébrèchent, les voûtes des portails et les hautes toitures s'effondrent, le mobilier se modernise, mais, surtout dans les manoirs transformés en fermes, ce vieux tableau se retrouve presqu'intact.

Nous venons étudier aujourd'hui ce qu'il nous reste de ces anciennes demeures dans le territoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) et leurs caractéristiques locales même depuis l'avènement dans cette région de Bretagne de l'influence architecturale française. Ces documents ne sont-ils pas, dans leurs cadres rustiques, les figurations les plus typiques, avec nos vieilles églises, de la mentalité particulière des générations passées de notre terroir. Il y a eu plus de 1.700 manoirs dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), sans compter les plus anciennement disparus. Nous en avons visité environ 1.300, de 1892 à maintenant, et relevé sur eux 125 dates de constructions certaines, par chiffres, ou approximatives, par les blasons des constructeurs. Environ 375 autres nous ont été connus par leurs plans au cadastre, plusieurs d'entre eux sont disparus depuis un siècle.

 

Les Manoirs des Côtes-du-Nord.

Nous avons étudié en 1933, à la Société d'Emulation des Côtes-du-Nord, les forteresses de terre du département, depuis les camps retranchés jalonnant les étapes des voies préromaines et romaines jusqu'aux mottes féodales autour desquelles se sont constituées les seigneuries les plus anciennes du pays. Rasées pour la plupart au cours des guerres, souvent bâties en bois, les constructions qui les couronnaient donnent peu d'indications sur leur aménagement intérieur plutôt rudimentaire, rappelant les cases nègres ou les huttes de sabotiers.

En 1934, au Congrès de l'Association Bretonne, nous avons étudié les fortifications de pierre de la même région et donné les plans des enceintes des villes et des châteaux-forts de : Beaumont, en Guitté, le Bois-de-la-Motte, en Trigavou, Cabiche, en Hillion, la Chèze-Porhoët, Coatfrec, en Ploubezre, Coatmen, en Tréméven, Coëtquen, en Saint-Hélen, Corlay, Dinan, le Gué-de-l'Isle, en Saint-Elienne-du-Gué-de-l'Isle, le Guémadeuc, en Pléneuf, le Guildo, en Créhen, Guingamp, la Hardouinaye, en Saint-Launeuc, la Hunaudaye en Plédéliac, Keralio, en Plouguiel, Lamballe, Léhon, Montafilant, en Corseul, Montbran, en Pléboulle, Moncontour, la Moussaye, en Plénée-Jugon, le Quélennec, en St-Gildas-du-Chaneau, Quintin, Rostrenen, Runefau, en Ploubezre, Tonquédec, la Touche-à-la-Vache, en Créhen, et Uzel. La plupart, sauf Dinan, s'ils ne sont pas maintenant complètement détruits, sont en ruines dans leurs parties médiévales et n'offrent que les cadres vides de l'habitation d'autrefois. Seuls Beaumont, le Bois-de-la-Motte, Coëtquen, le Gué-de-l'Isle, Keralio, la Moussaye, Quintin, la Roche-Jagu, en Ploézal, mêlent encore aux défenses militaires des documents d'architecture civile faisant la transition entre la forteresse et le manoir.

Aux périodes de guerres fréquentes du Xème au XVème siècle succéda, depuis 1488, en Bretagne, une paix relative, troublée seulement par la Ligue, les insurrections paysannes et quelques descentes anglaises du XVIème au XVIIIème siècle, la France ayant, par deux fois, scellé son alliance définitive avec la Bretagne. La paix crée la prospérité qui développe le bien-être. Une des manifestations les plus caractéristiques du bien-être est le luxe de l'habitation. Il se manifesta dès le XVème siècle dans le duché uni à la plus grande Patrie par le mariage de leurs souverains. Le séjour des rudes Bretons aux châteaux royaux de Blois et de Touraine ne fut pas sans agir sur cette transformation, mais, si l'influence architecturale française a pu s'exercer en Bretagne dès cette époque, cela eut lieu de telle sorte que, le bâtisseur breton, interpétant à sa manière et selon les matériaux moins malléables de son terroir, sut donner à son œuvre un caractère particulier qui fait l'originalité des constructions régionales.

Le nom de manoir, dont la traduction littérale est résidence, fut primitivement attribué à celles des gentilshommes, mais en Bretagne, où le servage était inconnu, existait une bourgeoisie rurale aisée, vivant, sauf l'assujettissement aux charges roturières, à peu de choses près de la vie des nobles, souvent plus riche qu'eux, s'alliant avec eux, et dont la demeure rivalisait de luxe avec celle des gens d'épée. C'est le cas de Kercoz, en Vieux-Marché, Kergaër, en Plougonver, Convenant-Briand, en Plouaret, la Hautière-Rousse, en Saint-Juvat, etc. Si elle ne couvrait pas ses façades et cheminées d'emblèmes héraldiques héréditaires, quelquefois cependant elle usait d'armoiries ou leur substituait des monogrammes, marques ou inscriptions et, chose plus intéressante pour notre histoire architecturale, les datait, alors qu'il plane souvent une incertitude sur l'âge exact de la maison noble, portant le blason seul de la famille qui l'a construite ou, plus rarement, un écu d'alliance ne donnant qu'approximativement la date de sa fondation.

Les manoirs, parfois appelés dans nos campagnes noblesses ou maisons de pierre verte, à cause de leur toits de schiste, abondent dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) et leurs pignons aigus, leurs tours élevées, leurs toitures considérables les signalent souvent de loin à l'attention du touriste. D'autres se cachent au creux des vallons et les plus anciens sont placés près des sources ou au bord des rivières dont les eaux étaient précieuses pour l'alimentation et parfois même pour la défense de ces maisons.

Riches d'art, quelquefois, ils étalent de belles façades, des tours et pavillons harmonieux, de curieux jeux de toitures. Même de moindre apparence ils offrent des portes et fenêtres ornées, des gerbières, des cheminées sur lesquelles s'est concentré tout leur luxe. L'âtre de la grande salle commune, âme du logis, cœur de la vie manale, autour duquel se pressaient aux longues veillées, maîtres et domestiques, tous les gens de la maison, attirait particulièrement les soins du constructeur. Sa décoration principale était le blason du seigneur, l'emblème de la race qui l'avait fondé. Aussi les cadets ajoutaient-ils à leur nom patronymique celui de leur maison d'origine dont le chef de famille ou l'auteur commun était seigneur. On spécifie, dans les généalogies anciennes, que l'on avait épousé une fille de telle maison.

Nous possédons des manoirs fort anciens, contemporains des forteresses si leurs défenses étaient plus réduites. Les porches des Fontaines, en Plouagat, des Fossés, en Plélan-le-Petit, de la Métrie, en Saint-Juvat, de la Villebasse, en Troguéry, accusent le XIVème siècle. La Bellière, en la Vicomté-sur-Rance, est aussi ancienne dans son corps de logis mais a été remaniée. Trolong, en Hengoat, nous fait hésiter entre le XIVème et le XVème siècle. Le Port-Hamonet, en Gommenec'h, la Ville-Mereuc, en Quessoy, ont des parties non moins anciennes malgré la pauvreté de leur architecture.

Le XVème siècle nous a laissé de nombreux édifices d'une grande pureté de lignes : Cariguet, en Plorec, Carjégu, en Yffiniac, Coatcouraval, en Glomel, Coatrédrez, en Trédrez, la Godésière, en Plumaugat, la Grandcour, à Taden, le Gué-de-l'Isle, en Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle, Hac, en Le Quiou, Kerdu, en Ploumilliau, Kergouanton, en Trélévern, Kerguéréon, en Ploubezre, Leurven, en Ploumilliau, Troas, en Pleudaniel, le Vauclair, en Plémy, les Vergers, en Hillion, sont parmi les plus plus remarquables.

Cette sobre élégance se prolongera au XVIème siècle à Coadelan, en Prat, construit vers 1500, au Miroir, en Saint-Méloir, daté de 1508, à Beaumanoir, au Leslay, au Besso, en Saint-André-des-Eaux, à Fornebulo, en Plouagat, à Gardisseul, en Plestan, Guernaham, en Vieux-Marché, Kerbescont, en Rostrenen, Quimby, en Bréhand-Moncontour, la Roche-Huon, en Bégard, la Touche-Broondineuf, en Plouguenast, et au Traou, au Merzer.

Dès la fin du XVème siècle s'unit aussi à cette pureté de lignes une fine décoration de rinceaux et de grotesques, brodant d'une dentelle de pierre portes, fenêtres, corniches, rampes de toitures, gerbières et cheminées. Les feuillages stylisés y dominent mais on y voit apparaître des lions, des levriers, des personnages humains, des anges et des êtres fantastiques, des sirènes, des dragons, les licornes, des oiseaux, des lièvres, des écureuils, toute une flore ou faune où s'est jouée l'imagination des artistes.

Nous en avons relevé de nombreux exemples à la Boëssière, en Plusquellec, au portail du Bois-Yvon, en Penvénan, aux logis de la Chaponnais, en Lancieux, au Chemin-Chaussée, en La Bouillie, à la Coninais, en Taden, au Colombier, en Hénon, à Correc, en Saint-Gelven, à Crenan, en Le Fœil, à Fornebulo, en Plouagat, à Gardisseul, en Plestan, à Goarmel, en Plougrescant, au Groësquer, en Moustéru, à la Hazaie, en Planguenoual, à l'Hostellerie-Héliguen, en Saint-Alban, à Kergrist en Ploubezre, à Kermatheman, en Pédernec, à Kermerzit, en Trémel, à Lesmaës, en Plestin, au Pont-Grossard, en Saint-Aaron, au Prédayy, en Plouvara, à la Roncière, en Plœuc, à Saint-Renaud, en Le Minihy-Tréguier, à Toul-an-Gollet, en Plésidy, au Vau-Besnard, daté de 1557, en Saint-Méloir, au Vau-Madeuc, en Pléven, à la Villeneuve, en Hénon, et à la Ville-Jégu, en Le Cambout, et nous verrons cette décoration continuée au XVIIème siècle au Châtelet, en Notre-Dame-du-Guildo, à la Garaye, en Taden, à la Tandourie, en Corseul, à la Ville-Varet, en Pluduno, etc.

Le manoir de La Ferronnais, en Calorguen, construit en 1569, est un monument de transition des plus intéressants. Il offre encore les grandes lignes de l'architecture du siècle précédent, mais ses gerbières à frontons semi-circulaires finement dentelés, ses cheminées à couronnements triangulaires ou arrondis annoncent un style nouveau. Les Ferron et leurs alliés élèveront bientôt dans les mêmes parages les châteaux du Chalonge, en Trévron, aux gerbières et cheminées cannelées, et le Chesne-Ferron aux tours pavillonnées qui annoncent le XVIIème siècle.

Dans la plupart des manoirs des XVème et XVIème siècles l'escalier se trouve dans une tour et est à vis, à Correc, en Saint-Gelven, à Gardisseul, en Plestan, il est à paliers et monte dans le corps même du manoir. A la Folleville, en St-Donan, et à Lezhildry, en Plouguiel, il est aussi à l'intérieur mais dans l'angle formé par deux corps de logis bâtis en équerre, dont la toiture seule indique du dehors cette disposition particulière. Leshildry fut construit vers 1580.

Des pavillons d'escaliers rectangulaires surélevés au milieu des corps de logis, mais sans saillie extérieure sur leur façade, se rencontrent au Bois-Roullier, en Eréac, à Bonabry, en Hillion, au Bot, en Trédarzec, à Buhard, en Trégomeur, Guernanchanay, en Plouaret, Kerauzern, en Ploubezre, Kermarquer, en Ploézal, Nantois, en Pléneuf, Saint-Georges, en Plouha, Saint-Ilan, en Langueux, la Ville-Ernault, en St-Brieuc, la Villeneuve, en Lanmodez, datant pour la plupart du XVIIème siècle.

Des portes et fenêtres de la Renaissance se remarquent à Beauchamp, en Plélo, Ourxigné, en Meslin, et le portail de Saint-Meleuc, en Pleudihen, semble dater de la même époque. Elle s'étale dans la magnifique porte à médaillons, colonnes et bustes, de Kerurien en Grâces près de Guingamp et le riche portail du Roudourou en Plouisy.

Le Guermain, en Le Fœil, conserve les gerbières aiguës et à crochets de la période ogivale, mais à décoration fruste, sauf sa magnifique porte à fronton triangulaire, pots à feu, colonnes cannelées, chapiteaux ornés de bustes et de volutes apparaissant dans la région vers le dernier tiers du XVIème siècle ; l'écusson de cette porte Renaissance a conservé un cartouche de style ogival. Comme la Ferronnays, c'est un édifice de transition.

Des portes de même style se retrouvent au Chêne, en Bréhand-Moncontour, à Crenan, en Le Fœil, dans la partie datant des environs de 1600, à Coadernault, en Plouguernével, au Coar, en Kergrist-Moëlou, à Coatnevenez, en Pommerit-Jaudy, à Galinée, en Notre-Dame-du-Guildo, au Groschesne, en Le Gouray, construit vers 1560, au Guilleu, en St-Postan, à Kermarquer, en Ploézal, à Langar, en Trédarzec, à Lestrézec, en Runan, au Miroir, en Saint-Méloir, construit en 1508, aux Portes-Bouilly, en la Poterie, construites vers 1590, au Précréhant, en Pordic, à la Ville-Morhen, en Bréhand-Moncontour, datée de 1571.

Le fronton triangulaire, mais avec un accompagnement plus sobre, se retrouve, au XVIIème siècle, aux Aulnais, en Gommené, au Bois-Roullier, en Eréac, à Cargouët, en Meslin, au Vieux Carheil, en Saint-Samson, à Carna, en Saint-Igneuc, au Helloc'h, en Bourbriac, à Kergroas, daté de 1603, en Saint-Fiacre, à Laurelas, à la Rocherousse, en Quessoy, à Saint-Leau, daté de 1651, en Plumieux, à la Touche, en Trévé, aux Touches, en Plénée-Jugon, à la Vigne, en Matignon, et encore, au XVIIIème siècle, en 1754, à la Ville-Gé, en Pleudihen.

Vers la fin du XVIème ou le début du XVIIème siècle apparaît en Bretagne une architecture nouvelle, porches avec guérites à dômes et en culs de lampes que nous trouvons dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), à Barach, en Louannec, et à Guenanchanay, en Plouaret. Le même motif se retrouve après 1700 dans le grand pavillon de Kerroué, en Loguivy-Plougras. A la même époque remontent les hautes gerbières à étages, avec accolades et frontons de Boisriou-Labbé, en Cavan, de Guernanchanay, en Plouaret, la Houssaye, en Saint-Maden, Keralio, en Plouguiel, Kerauzern, en Ploubezre, Kerbridou, en Plouaret, Kergaër, daté de 1671, en Plougonver, de la partie de Kerroué construite vers 1680, de Lampoul-Izilla, en Trémargat, Pont-Guennec, en Perros-Guirec, du Réchou, en Bégard, type assez répandu en Finistère dans le pays de Léon. Des portes contemporaines se voient au Grand-Couvran, en Plérin, à Kerauzern, en Ploubezre, Kermenguy, en Pleumeur-Gautier, aux Salles, en Guingamp.

Le fronton des portes devient semi-circulaire au XVIIème siècle, avec pilastres plats sans colonnes. Nous le trouvons à l'état rudimentaire à la Touche-Mesléart, datée de 1639, en Lanrelas. Il est plus accentué au Bot, en Trédarzec, au Chalonge, en Trévron, au Chesne-Ferron, en Saint-Carné, à Kercoz, daté de 1671, en Vieux-Marché, au Médic, en Plésidy, à la Touche, en Trévé, à la Touche-Trébry, en Trébry, à la Villeneuve, en Lanmodez, et souvent éclairé par un œil de bœuf au centre.

Dès le XVIème siècle, nous trouvons des linteaux droits, ornés de feuillage et de sculptures, à Dieudy, en Saint-Pôtan, à la Morinais, en Plédéliac, au Portail, à Plouasne, au Reposoir, en Hénanbihen, à la Ville-Tua, en Matignon. Nous en trouvons, ornés d'un écusson, à la Garde, en Evran, aux Hayes, datés de 1757, en Maroué, à Kerinan, en Languedias.

En 1612, le linteau droit des Fosses, en Eréac, est orné d'encadrements, d'écussons et d'inscriptions. A la Garaye, en Taden, Kertanguy, en Squiffiec, au château d'Yvignac, les linteaux droits sont de style classique.

Du XVIème au XVIIIème siècle, de grands châteaux se construisent : la Moussaye, en Plénée-Jugon, vers 1572, Craffault, en Plédran, la Roche-Rousse, en Quessoy, vers la même époque, le Parc, en Saint-Jacut-du-Mené, vers 1620, Lesléac'h, en Plestin, la Touche-Trébry, en Trébry, Bienassis, en Erquy, commencé vers 1620, Beaumanoir, en Evran, daté de 1628, Quintin, commencé en 1645 sur un plan grandiose, resté inachevé, par ordre du Roi, en 1662, Kerham, en Camlez, construit vers 1650, Couëllan, en Guitté, vers 1672, le Helloc'h, en Bourbriac, vers 1680, Lorge, en Lhermitage-Lorge, en 1721, Coëtlogon, reconstruit en 1728, incendié en 1795, la Coudraye, en Ploubalay, vers 1728, la Rivière-Bintinaye, en Tréfumel, vers 1750, la Houssaye, en Quessoy, Catuélan, en Hénon, vers 1770, Caradeuc, en Plouasne, vers 1776, Robien, en Le Fœil, vers 1780, le Tertre-Rogon, en Morieux, et le Chalonge-Lorgeril, en Trébédan, inachevés en 1789.

A partir du XVIIIème siècle, l'influence française devient plus sensible.

Une série de demeures moins remarquables mais intéressantes s'élevaient aussi aux mêmes époques : la Mare et la Villeneuve-Largentaye, en Hénon, la Gravelle, en les Champs-Géraux, vers 1604, Guernabacon, en Louannec, le Maupas, en Hénansal, en 1632, Toulbarzo, en Saint-Péver, en 1637, le Quengo, en Brusvily, vers 1647, le pavillon de la Ville-Aubry, en Trégueux, vers 1649, les Hayes, en les Champs-Géraux, vers 1650, Kerpaul, en Grâces-près-Guingamp, en 1660, les Loges, en St-Igneuc, en 1668, Kercoz, en Vieux-Marché, en 1671, la Coste, en Plœuc, vers 1691, Lisandré, en Plouha, vers 1720, la Motte-Basse en Le Gouray, vers 1723, Bocenit, en Saint-Gilles-du-Mené, en 1725, le Kerdreux, en Plouha, vers 1730, Keranno, en Grâces-près-Guingamp, en 1750, Locmaria, en Ploumagoar, qui semble du même architecte, le Lattay, en Guenroc, vers 1750, la Hautière- Rousse, en Saint-Juvat, en 1777, la Villeneuve-Geslin, en Plélo, de la même année, la Villeblanche, en Canihuel, la Ville-Ruault, en Saint-Martin-des-Prés, la Plaineville, en Ploufragan, etc., types intéressants d'architecture manale des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

Une autre caractéristique des manoirs de la région réside dans leurs tours.

Nous en trouvons de polygonales à Beaumanoir, en Le Leslay, Beaumont, en Guitté, le Besso, en Saint-André-des-Eaux, Coatrédrez, en Trédrez, au Colombier, en Hénon, aux Fossés, en Plélan-le-Petit, au Gué-de-l'Isle, en Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle, à Galinée, en Notre-Dame-du-Guildo, à la Garaye, en Taden, à Guernaham, en Vieux-Marché, à la Haye, en Plouaret, Keranlouët, en Plévin, Kergrée, en Ploumagoar, Kergrist, en Ploubezre, Kermérote en Coatréven, Lanascol, en Ploumilliau, au Traou, au Merzer, à la Vallée, en Plumaudan, et la Ville-Balin, en Plélo, la plupart du XVème siècle.

Celles de la Bellière, en la Vicomté-sur-Rance, de la Godésière, en Plumaugat, du Helloc'h, en Bourbriac, de Quemby, en Bréhand-Moncontour, polygonales à leur base, sont cylindriques à leur partie supérieure. Celle de Fornebulo, en Plouagat, carrée à la base, est polygonale au-dessus du rez-de-chaussée, celles de la chapelle de Beaumont, en Guitté, et du Chastelier, en Saint-Samson, ont un sommet rectangulaire sur une base à pans coupés.

Ailleurs les tours sont généralement rondes du XVème au XVIème siècle, les premières tours carrées apparaissent vers 1560 et deviennent les plus nombreuses aux XVIIème et XVIIIème siècles.

Elles sont placées tantôt sur la façade, au centre ou aux angles intérieurs des bâtiments, tantôt au centre ou aux angles saillants des façades extérieures.

Les tours principales, rondes ou rectangulaires, sont accostées de tourillons cylindriques d'escaliers allant de la base au faîte, à la Bégassière, en Trébry, Bienassis, en Erquy, la Coninais, en Taden, la Cornillière, en Maroué, récemment détruite, la Coudraye, en Ploublalay, Kericuff, en Ploézal, Pont-Guennec, en Perros-Guirec, la Touche-Trébry, en Trébry.

Les culs de lampes se voient à Barac'h, en Louannec, à Beaumanoir, en Le Leslay, au Besso, en Saint-André-des-Eaux, la Brousse, en Notre-Dame-du-Guildo, Coadelan, en Prat, Coatredrez, en Trédrez, Craffault, en Plédran, Crenan, en Le Fœil, la Demiville, en Plélo, la Ferronnays, en Calorguen, la Garaye et la Grandcour, en Taden, Guernanchanay, en Plouaret, Hac, en Le Quiou, Keraslouant, en Callac, Kerdu, en Ploumilliau, Kerauzern, Kergrist et Kerguéréon, en Ploubezre, Kermatheman, en Pédernec, Kermerzit, en Trémel, Kerroue, en Loguivy-Plougras, au Médic, en Plésidy, à Menehorre, en Pabu, la Vallée, en Plumaudan, la Vieille-Vallée, en Quintenic, au Vaurouault, en Pléhérel, à la Ville-Daniel, en Plaine-Haute, la Villethéard, en La Bouillie. Des échauguettes se remarquent à la Ferronnays, en Calorguen, Guernanchanay, en Plouaret, Kerlévenez, en Saint-Nicolas-du-Pélem, Rosvillio, en Duault, la Villeneuve, en Lanmodez.

Les toitures des tours affectent généralement la forme de leur partie supérieure, rarement elles sont en bâtière. Nous ne trouvons de très élevées à Beaumont, en Guitté, Bienassis, en Erquy, au Cloître, en Saint-Clet, au Colombier, en Hénon, à la Coninais, en Taden, à Crenan, avant son incendie, à Crésouard, en Quessoy, aux Fossés, en Plélan-le-Petit, à la Godésière, en Plumaugat, au Gollodic, en Lanrivain, au Gué-de-l'Isle, au château de Hac, en Le Quiou, à la Haye, en Plouaret, avant l'arasement de sa tour, à Keralio, en Plouguiel, à Keranlouët, en Plévin, Kerbourdon, en Plestin, Kergré, en Ploumagoar, Kergrist et Kerguéréon, en Ploubezre, à Kermerzit, en Trémel, à la Lande-ès-Glémets, en Maroué, à Lesmaës et Lézormel, en Plestin, à Ménéhorre, en Pabu, la Noë-Sèche, en Le Fœil, le Rochay, en Langast, Trémiliac, en Maroué, avant sa ruine, Troas, en Pleudaniel, la Ville-Balin, en Plélo, la Ville-Théart, en la Bouillie. Mais le plus souvent elles dépassent peu la toiture principale du manoir.

Des toitures en dômes ou coupoles se voient à l'Aublette, en Quévert, Bogard, en Quessoy, Campostal, en Rostrenen, Correc, en Saint-Gelven, le Haut-Eclair, en Léhon, la Coudrais, en Ploubalay, Pant-Guennec, en Perros-Guirec, la Touche-Trébry, Vaucouleurs en Trélivan, Vauvert, en Lescouët-Jugon, la Ville-Audrin, en Loudéac. Beaumanoir, en Evran, le Bois-de-la Motte, en Trigavou, le Bois-Roullier, en Eréac, Keravel, en Grâces près de Guingamp, Lymoëlan, en Sévignac, le Rest, en Boquého, le Vaurouault, en Pléhérel, offrent des exemples de toitures en carènes.

Des ouvertures échancrées aux angles des bâtiments se remarquent à Brélidy, au Guélambert, en Trégueux, à la Haye, en Plouaret, à Kertanguy, en Squiffiec, à Tréveznou, en Langoat, à la Ville-Daniel, en Plaine-Haute.

Des remises ou galeries couvertes avec arcades ou colonnades se voient au Bot, en Saint-Martin-des-Prés, au Cambout, à la Garde, en Evran, à Guernabacon, en Louannec, à Guernanchanay, en Plouaret, à Kerham, en Camlez, à Lezhildry, en Plouguiel, à Mezaubran, en Le Minihy-Tréguier, à la Ville-Boutier, en Saint-Donan, à la Ville-Ruault, en Saint-Martin-des-Prés.

Nous manquons de dates certaines pour la construction des châteaux et manoirs de Beaulieu, en Notre-Dame-du-Guildo, du Bois-de-la-Salle, en Pléguien, de Boisriou, en Trévou-Tréguinec, de Botdennou, en Glomel, la Bruyère, en St-Launeuc, du Cambout, de Château-Goëllo, en Plélo, du Cleuziou, en Louargat, du Clos, en Mégrit, de la Crochais, en Ploubalay, des Granges, en Hénon, du Guillier, en Plédéliac, de Keranguével, en Paule, Keryvon, en Buhulien, Kernabat, en Plouisy, Kersaint-Eloy, en Glomel, du Lézard, en Bourbriac, de Lézérec, en Pleumeur-Gautier, Locgueltas, en Saint-Nicolas-du-Pélem, la Mallerie, en Ploubalay, la Métrie, en Saint-Juvat, le Meurtel, en Plévenon, la Moglais, en la Poterie, l'Hozier, en Plumaugat, du Pélem, à Saint-Nicolas-du-Pélem, du Plessix-au-Gac, en Plouasne, du Plessix-Madeuc, en Corseul, de Pommorio, en Tréveneuc, du Prérond, en la Malhoure, de Quefféron, en Maroué, du Restmeur, en Pommerit-le-Vicomte, de la Roche, en Plouër, du Roudouron, en Plouisy, de Saint-Bihy, en Plélo, de Saint-Quihouët, en Plaintel, Trégarantec, en Mellionnec, du Val, en Plestan, du Vaurouault, en Pléhérel, de Vauvert, en Lescouët-Jugon. De la Ville-Chevalier, en Plouagat, de la Ville-Gourio, en Morieux, de la Villeneuve, en Plénée-Jugon, de la Ville-Roger, en Pléhérel, qui sont des plus caractéristiques et remontent, pour la plupart, aux XVIIème et XVIIIème siècles et n'ont pas, sauf le Lézard, une architecture spécifiquement bretonne.

Parmi les plus importantes demeures actuelles l'Argentaye, en Saint-Lormel, Beaubois, en Bourseul, Beaumont, en Guitté, Caradeuc, en Plouasne, le Chesne-Ferron, en Saint-Carné, le Crugnil, en Brélévenez, le Hourmelin, en Planguenoual, Kerduel, en Pleumeur-Gautier, Kergouanton, en Trélévern, Kermézen, en Pommerit-Jaudy, Lesléach, en Plestin, le Mottay, en Evran, la Motte-Olivet, en Pleslin, Rosambo, en Lanvellec, le Val, en Notre-Dame-du-Guildo, ont subi au XIXème siècle d'importantes transformations qui en ont parfois beaucoup modifié l'aspect. Les Aubiers, en Hillion, le nouveau Bellevue, en Hénon, le Boisberthelot, en Canihuel, le Bois-de-la-Roche, en Coadout, le Boisriou, en Quévert, le nouveau Carheil, en Saint-Samson, Chefdubois, en Pommerit-Jaudy, Coatcaric, en Plestin, la Coste, en Saint-Julien, Goudemail, en Lanrodec, la Grandville, en Bringolo, Kerninon, en Ploulec'h, Kersa, en Ploubazlanec, Launay-Gouray, en Bréhand-Moncontour, la Néauvais, en Hénon, Penguilly, le Rumain, en Cohiniac, Saint-Aubin, en Plédéliac, Saint-Jean-Kerdaniel, la Tiemblais, en Saint-Samson, le Val-Bouan, en Planguenoual, la Vallée-Liégeard, en Quintenic, la Ville-Chaperon, en Hénon, la Ville-Guériff, en Trégon, ont été reconstruits aux XIXème et XXème siècles.

Mais nous ferons remarquer que certains détails de constructions anciennes ont été reproduits dans les contructions bien postérieures, telles les gerbières de la Ville-Morhen, en Bréhand-Moncontour, datée de 1571, indentiques à celles de la Hautière-Rousse, en Saint-Juvat, datée de 1777, l'artisan breton reproduisant volontiers les modèles locaux.

LES CHEMINÉES.

Les cheminées principales des manoirs étaient d'un luxe particulier. Tantôt elles portent seulement le blason du seigneur sculpté sur le devant de leur manteau, mais parfois présentent aussi un véritable intérêt architectural. Parmi les cheminées anciennes, les plus remarquables que nous avons vues ou dessinées, nous citerons celles de Beaumanoir, en Le Leslay, Beauregard, en St-Aaron, Blanc-Mouton, en Langourla, du Bois-Adam, en Adam, en Plorec, du Bois-Bérard, en St-Cast, de Boisfeillet, en Pluduno, Boisfrouger, en Lanvallay, la Brousse, en N. D. du Guildo, Calan, en Pléboulle, Campostal, en Rostrenen, Carjégu, en Yffiniac, la Chaize, en Plestan, du vieux Champsavoy, en St-Judoce, du Chemin-Chaussée, en La Bouillie, du Chenay, en Planguenoual, de Coadelan, en Prat, Coatnevenoy, en Pommerit-Jaudy, la Congraie, en Saint-Martin-des-Prés, la Corbière, en Plœuc, Grand-Couvran, en Plérin, Crenan, en Le Fœil, l'Equivy, en Saint-Pôtan, la Ferronnays, en Calorguen, des Fosses, en Eréac, de la Garenne, en Le Bodéo, Goarmel, en Plougrescant, la Goublaye, en Saint-Alban, Grandisle, en Saint-Bihy, du Grand-Lescouët, en Plestan, de la Grange, en Saint-Igneuc, Grénieux, en Saint-Brandan, la Grignardais, en Saint-Pôtan, du Groschesne, en Le Gouray, du Guern, en Boqueho, du Guernic, en Plussulien, de la Hauteville, en Trébedan, la Haye, en Plouaret, la Hazaie, en Planguenoual, Keralbin, en Plouëc, Keranglas, en Saint-Clet, Kerbien, en Troguéry, Kercadio, en Goudelin, Kercarantel, en Gausson, Kerdaniel, en Gurunhuel, Kergomar, en Le Leslay, Kerauzern, Kergrist et Kerguéréon, en Ploubezre, Kermabillo, en Callac, Kermathéman, en Pédernec, Kerménec, à Lézardrieux, Kerphilippe, en Lanrivain, Kerropars en St-Michel-en-Grève, Landebelou, en Lanvallay (qui nous a été signalée), Langar, en Trédarzec, Langoat (maison au bourg), Lanjamet, en Maroué, Lantran, en Plouasne, Laucherais, en Saint-Carné, Lesmoal, en Plounérin, Lestrézec, en Runan, les Loges, en Saint-Igneuc, Lourmel, en Saint-Aaron, le Miroir, en Saint-Méloir, la Motte-Basse et la Motte-du-Parc, en Le Gouray, Nantois, en Pléneuf, le Noday, en Trémeur, la Noë-Baré, en Morieux (transférée à Nantois), le Parc, en Saint-Jacut-du-Mené, Pencrec'h, en Pleubian, Plédéliac (maison Gouret), le Plessis-Méen, en Pluduno, Pleudihen (maison près de l'église — provient de la Bellière, en La Vicomté-sur-Rance), la Pommeraye, en Le Fœil, le Pont (maison Chauchix), en Lanvallay, le Portal, au bourg de Plouasne, les Portes-Bouilly, en La Poterie, le Port-Favigo, en Saint-Brieuc (détruit), le Quengo, en Brusvily, la Rocherousse, en Quessoy, la Roudais, en Taden, la Roulais, en Brusvily, la Rouvrais, en les Champs-Géraux, Saint-Meleuc, en Pleudihen, la Salle, en Andel, la Sigonnière, en Saint-Juvat, la Talvatière. en Dolo, le Tertre, en Plédran (détruit), le Tertre-au-Gac, en Saint-Quay-Portrieux (signalée), la Touche-Broondineuf, en Plouguenast, la Touche-Chartier, en Evran, les Champs-Géraux, la Touche-de-Rays, en Lancieux, Toul-an-Gollet, en Plésidy, Toulborzo, en Saint-Péver, Tréveznou, en Langoat, Trolong, en Hengoat, Tronan, en Trédarzec, la Vairie, en Saint-Solen, le Vaugaillard, en Merléac, les Vieilles-Navières, en Evran, la Vieuxville, en Plœuc (transférée au Fort-La Latte, en Plévenon), la Vigne, en Hénansal, la Ville-Aubry, en Trégueux, la Ville-au-Roux, en Saint-Donan, la Ville-Bargouët, en La Bouillie, la Ville-Bréheu, en Dolo, la Ville-Corhen, en Andel, la Ville-Guyomar et la Ville-Juhel, en Saint-Brieuc, la Ville-Jar, en Maroué, la Ville-Huet, en Plérin, la Ville-Junguené, en Trégueux, la Ville-Méen, en Planguenoual, la Villeneuve-Largentaye, en Hénon, la Ville-Pierre, en Hillion, la Villetanet, en Landéhen, la Ville-Tua, en Matignon, la Ville-Valio, en Saint-Brandan.

Les châteaux et manoirs de la Bellière, en La Vicomté-sur-Rance, du Carpont, en Trédarzec, de Kerdéozer et de Kernechriou, en Pleudaniel, de la Roche-Jagu, en Ploézal, des Vergers, en Hillion, et de la Ville-Aubry, en Trégueux, la Villebasse, en Troguéry, possèdent des têtes de cheminées polygonales indiquant le XIVème ou XVème siècle ; celles de la Bellière, de Kernechriou et de la Roche-Jagu, sont ornées, de cornes de fer forgé formant fleurons.

Aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles les têtes de cheminées s'ornent de boules et de frontons.

LES PORTAILS.

Les manoirs étaient généralement entourés de clôtures, en bâtiments, murs, douves ou talus plantés de haies-vives, cernant les cours et jardins. L'accès en était protégé par des portails avec porte pour les voitures et portillon pour les piétons et cavaliers. Les voûtes de ces portails étant souvent assez basses, beaucoup ont été détruites pour faciliter le passage des chargements, agricoles, mais on en a généralement despecté les portillons ou les piliers. Les portes principales sont tantôt ogivales, en plein cintre, surbaissées ou à linteau droit. Les portillons n'ont pas toujours la même forme, on en trouve de forme ogivale, ronde, surbaissée ou droite, mais le linteau droit se rencontre parfois aux portillons de portails cintrés.

Souvent les portails étaient ornés du blason du seigneur qui les a fait construire ou restaurer. C'est le cas de Beaumanoir, en Evran, Bienassis, en Erquy, Bocozel, en Haut-Corlay, Catuélan, en Hénon, Châteaucroc, en Pordic, Coatnevenez, en Pommerit-Jaudy, Grandisle, en Saint-Bihy, la Gravelle, en les Champsgéraux, la Hersardais, en Plédéliac, Kerizac, en Plouisy, Kerjoly, en Plouha. La Métric, en Saint-Juvat, du Pan-Bras, en, Yvias, du Parc, en Saint-Jacut-du-Mené, du Prédavy, en Plouvara, de Rue-Louays, en St-Quay-Portrieux, des Rues, en St-Brieuc, du Rumain, en Hengoat, de Saint-Georges, en Plouha, la Touche-Sauvaget, en Plénée-Jugon, Toulborzo, en Saint-Péver, Trébriant, en Trémel, du Val-Kerharo, en Trélivan, de la Ville-au-Roux, en Saint-Donan, la Ville-Ernault et la Ville-Juhel, en Saint-Brieuc, la Ville-Morel, en Broons, la Villeneuve, en Plélauff, la Ville-Rouault, en Saint-Martin-des-Prés, la Ville-Tanet, au Hinglé, etc.

Au lieu de simples portails on trouve des porches à Barac'h, en Louannec, Beaumanoir, en Evran, Bocozel, en Haut-Corlay, au Bois-de-la-Motte, en Trigavou, au Bot, en Saint-Martin-des-Prés, à Bruliec, en Plounérin, à Caëden, en Plénée-Jugon, à Cavern, en Lescouët-Gouarec, Coatcouray, en Bégard, Coatrédrez, en Trédrez, la Demiville, en Trégomeur, aux Fontaines, en Plouagat, aux Fossés, en Plélan-le-Petit, à Guernanchanay, en Plouaret, Kernec' hriou, en Pleudaniel, Launay, en Maroué, Lymoëlan, en Sévignac, Méliau, en Pommeret, Merdrignac, la Métrie, en Saint-Juvat, la Motte-du-Parc, en Le Gouray, la Noë-Sèche, en Le Fœil, Ourxigné, en Meslin, la Pommeraye-Docos, en Le Fœil, la Pommeraye-Turnegoët, en Ploufragan, au Quengo, en Brusvily, à la Roche-Huon, en Bégard, Saint-Mirel, en Plénée-Jugon, la Talvatière, en Dolo, la Touche-Mesléart, en Lanrelas, la Vallée, en Quintenic, au Vauclerc, en Plémy, etc.

Les portails de la Chambre, en Eréac, de Correc, en Saint-Gelven, de Kerigant, en Le Bodéo, de la Porte-Fraboulet, à Lanfains, de Ruvéret, en Châtelaudren, sont ou étaient protégés par des toitures.

Ceux de Barac'h, en Louannec, de Beuamont, en Guitté, de Bienassis, en Erquy, de Bocozel, en Haut-Corlay, du Bourblanc, en Plourivo, de Bruliec, en Plounérin, du Closneuf, en Andel, de Cotacouray, en Bégard, des Fossés, en Plélan-le-Petit, de Guernanchanay, en Plouaret, de Kermezit, en Trémel, de Kerviziou, en Plestin, de la Noë, en Etables, de la Noë-Sèche, en Le Fœil, de la Noë-Verte, en Lanloup, du Pan-bras, en Yvias, de Saint-Cast, de Saint-Georges, en Plouha, de Trébriant, en Trémel, des Tronchais, en Morieux, de la Ville-Robert, à Pordic, d'Yvignac, étaient pourvus de moyens de défense.

Les beaux portails de Kerusaré, en Lanvollon, de la Métrie, en Saint-Juvat, du Pan-bras, en Yvias, des Rues, en Saint-Brieuc, du Val-Kerharo, en Trélivan, ont tenté les elgénistes, celui des Rues est resté à Saint-Brieuc, transféré du boulevard de la Tour-d'Auvergne à la rue du Guay-Trouin, ceux de la Métrie et du Val-Kerharo ont pris le chemin de Dinard et sont perdus pour les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Les plus beaux qui nous restent se trouvent à Barach, en Louannec, Beaumont, en Guitté, Bienassis, en Erquy, Bocozel, en Haut-Corlay, Boisyvon, en Penvénan, au Bourblanc, en Plourivo, à Bruliec, en Plounérin, Carcaradec, en Ploulec'h, Coatcouray, en Bégard, la Ferronnays, en Calorguen, aux Fossés, en Plélan-le-Petit, à Guernanchanay, en Plouaret, la Hersardais, en Plédéliac, Kergario, près de Châtelaudren, Kerizac, en Plouizy, Kerjoly, en Plouha, Kermezit, en Trémel, Kernec'hriou, en Pleudaniel, Kervegan, en Plouzélambre, Kerviziou, en Plestin, Méliau, en Pommeret, les Noës, en Etables, la Noë-Sèche et la Pommeraye, en Le Fœil, au Petit-Robien, en Saint-Brieuc, à la Roche-Huon, en Bégard, au Roudourou, en Plouisy, à Saint-Georges, en Plouha, Saint-Meleuc, en Pleudihen, la Touche-Sauvaget, en Plénée-Jugon, au Tanouët, en Plouvara, à Trébriant, en Trémel, la Ville-Ernault, en Saint-Brieuc, la Villeneuve, en Saint-Lormel, la Ville-Morel, en Broons, la Ville-Robert, à Pordic.

Nous avons des dessins ou retrouvé la trace d'une centaine de porches et portails de manoirs dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). D'autres enclos se contentaient de portes à piliers, de grilles ou de barrières mais plus récents comme dates que les portails. Comme eux les piliers étaient ornés d'armoiries. On en voit encore de beaux spécimens à Carcouët, en Plestan, la Guyomarais, en Saint-Denoual, Kergoff, en Goudelin, au Parc-Kervegan, en Pleudaniel, au Pélem, à St-Nicolas-du-Pélem, au Rohou, en Lanvézéac, à la Ville-Deneuf, en Corseul, Yvignac, etc.

LES COLOMBIERS.

Un autre accessoire du manoir noble était le colombier ou la fuie, tantôt isolé dans l'enclos ou à proximité dans la campagne, tantôt dans une tour même du manoir.

Nous avons relevé environ 375 manoirs des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) ayant ce droit féodal. Beaucoup de colombiers ont été détruits, quelque fois peut-être par haine de l'ancien régime, mais le plus souvent parce que ces bâtiments, devenus inutiles, encombraient de bonnes terres cultivables, tentaient les constructeurs par leur bel appareil, ou sont tombés de vétusté faute d'entretien.

Dans la partie orientale du département leur appareil est généralement peu soigné, tour ronde en pierraille ou pisé à toiture troncônique surmontée d'un tourillon à ouvertures permettant le passage des volatiles. Cet accessoire n'existe plus pour beaucoup d'entre eux, transformés en silos ils ont été couverts d'une toiture en cône sans ouvertures. Quelques-uns cependant sont en plus bel appareil et couverts en voûtes ayant extérieurement l'aspect de marches circulaires s'élevant du haut du cylindre de la tour à l'orifice supérieur dont le chapeau d'ardoise a, le plus souvent, disparu. Il en existe, de ce modèle, à Saint-Meleuc, en Pleudihen, Vaucouleurs, en Trélivan, plusieurs en Matignon. Au Vaujoyeux, en Planguenoual, en existe un de ce genre mais flanqué de quatre tourelles formant absidioles à l'intérieur. D'après les plans du duché de Penthièvre il devait en exister de semblables au Guémadeuc et au Vauclair en Pléneuf.

Dans la partie nord-ouest du département et plus rarement dans la région dinannaise, les colombiers, comme les manoirs, sont en beaux matériaux, l'architecte en a même parfois soigné artistiquement la structure, d'où les jolies proportions de ceux de Lesmoal, en Plounérin, et de la Garaye, en Taden.

Parmi les plus remarquables nous citerons ceux du Boisriou, en Trévou-Treguinec, de Bonabry, en Hillion, la Grande-Bouëxière, en Corseul, Bruliec, en Plounérin, Coatleven, en Trégrom, Coatrédrez, en Trédrez, Crenan, en Le Fœil, Galinée, en Notre-Dame-du-Guido, la Garaye, en Taden, Goarmel, en Plougrescant, la Gravelle, en Les Champsgéraux, de forme polygonale assez rare, de Guernanchanay, en Plouaret, de la Hersadais, en Plédéliac, de l'Isle-Havard, en Matignon, de Kergu, en Mégrit, de Kerguézec, en Trédarzec, de Kermartin, en Le Minihy-Tréguier, construit, au XIIIème siècle, par le père de saint Yves, du Lattay, en Guenroc, de Launay-Monteville, en Ploézal, de Lesmoal, en Plounérin, Leurven, en Ploumilliau, Maros, en Plouagat, la Métrie, en Saint-Juvat, du Meurtel, en Plévenon, du Pan-bras, en Yvias, du Poirier, en Kermoroc'h, de Pommorio, en Tréveneuc, daté de 1633, de Pont-Guennec, en Perros-Guirec, Saint-Meleuc, en Pleudihen, Saint-Mirel, en Plénée-Jugon, du Rocher, en Plévin, de Troas, en Pleudaniel, du Val, en Notre-Dame-du-Guildo, du Vaujoyeux, en Planguenoual, de la Vicomté, en Plévenon, de la Ville-Bougault, en Saint-Brieuc, de la Ville-Meneuc, en Saint-Lormel, de la Ville-Ruë, en Saint-Méloir, des Villes-Audrin, en Matignon.

On remarque de belles tours-fuies au Bois-Bérard, en Saint-Cast, au Chêne, en Saint-Pôtan, aux Fontaines, en Saint-Quay-Portrieux, au Gué-Lambert, en Trégueux, à la Guyomarais, en Saint-Denoual, au château de Hac, en Le Quiou, à Keranvern, en Ploumilliau, Kermoda, en Pleubian, Kerroué, en Loguivy-Plougras, Pencrec'h, en Pleubian, Toulen-Gollet, en Plésidy, Tronan, en Trédarzec, la Ville-Hervé, en Landéhen, la Ville-Nihon, en Pléneuf.

Les colombiers de Lesmoal et de la Ville-Rüe sont ornés d'armoiries, d'autres sont cernés d'une litre à la partie moyenne de leur tour.

Nous trouvons de simples trous à pigeons ménagés dans les façades du beau manoir de Kerguéréon, en Ploumilliau, et de celui, plus modeste, de Quelinec, en Le Bodéo. On en trouve également dans des maisons sans apparence de noblesse, au Viziou, en Allineuc, ce qui permet de croire que la possession des pigeons en petit nombre n'était pas absolument interdite aux roturiers. Mais, pour avoir droit de colombier au tour-fuie, il fallait posséder un domaine assez considérable pour en nourrir les pigeons, ce qui était surtout le cas des gentilshommes.

CHAPELLES.

Sans être réservés aux maisons nobles, les oratoires et chapelles s'y rencontraient souvent, pour les dévotions privées de leurs possesseurs, indépendamment des prééminences d'églises ou chapelles dont ils jouissaient dans l'étendue de leur fief. Nous en avons relevé 254 dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), mais ces pieux édifices étaient d'importances bien différentes.

Les uns étaient inclus dans le manoir lui-même, à Beaumanoir, en Evran, à Beaumont, en Guitté, à Coëtlogon, au Glazan, en Canihuel, aux Granges, en Hénon, au Gué-de-l'Isle, au château de Hac, à Lezhildy, en Plouguiel, à Robien, en Le Fœil, Trolong-bras, en Hengoat, au Vauclerc, en Plémy, à la Villebasse, en Troguéry, à la Ville-Hélio, en Saint-Brieuc.

D'autres se trouvaient dans l'enclos du manoir, dans les cours ou jardins, ou en dehors des clôtures, à proximitié, le plus souvent dans les avenues. Ces chapelles sont ordinairement de proportions et d'architecture modestes, néanmoins quelques-unes se distinguent par leur grandeur ou leur style. Parmi ces dernières nous citerons celles de la Bellière, en La Vicomté-sur-Rance, du Bois-Robert, en Trédias, de la Bouëtardaye, en Bourseul, de la Boulaye-Ferrier, en Plouasne, de Bréhinier, en Plestan, malheusement démolie en 1914, de Cléren, en Saint-Clet, de Coatrédrez, en Trédrez, de la Coudraye, en Ploubalay, de Couëllan, en Guitté, de Craffault, en Plédran, de Saint-René, en Evran, chapelle dépendant de la Ferronnays en Calorguen, de Guernabacon, en Louannec, de Seleden, chapelle dépendant du Guernic, en Plussulien, de Sainte-Anne, en Penvenan, chapelle dépendant de Keralio, en Plouguiel, de Saint-Yves, de Kercadou, en Calanhel, de Kerelleau, en Kermaria-Sulard, de Kergomar, en Saint-Michel-en-Grève, de Kergu, en Mégrit, de Kerhuel, en Pabu, de Keringamp, en Bonen, de Saint-Antoine de Kerizac, en Plouizy, de Kerroué, en Loguivy-Plougras, de Lestrézec, en Runan, du Médic, en Plésidy, du Parc, en Saint-Jacut-du-Mené, du Pélem, devenue église paroissiale de Saint-Nicolas-du-Pélem, de Port-Martin, en Hénon, de la Rocherousse, en Quessoy, du Rufflay, en Saint-Donan, de la Touche-Chartier, en les Champsgéraux, du Vauruffin, en Plouasne, de Sainte-Anne-du-Houlin, chapelle de la Ville-Daniel, en Plaine-Haute, etc…

LES PUITS.

Parfois le puits du manoir était l'objet de soins artistiques, plusieurs sont décorés d'armoiries ou d'écussons frustes, comme ceux de Baloré, en Hengoat, la Haute-Bouëxière, en Plusquellec, Caver, en Yvignac, la Coudraye, en Ploubalay, Keraslouant, en Callac, Kervégant, en Plouzélambre, Prémorvan, en Saint-Pôtan, etc…

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Note : Cette longue énumération des manoirs des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) est loin de les mentionner tous, mais, comme nous l'écrivions déjà en 1902 dans notre thèse de doctorat en droit sur La Noblesse de Bretagne avant 1789, un nombre limité de grandes familles, une cinquantaine environ, avait, en épousant les héritières, accaparé les principaux fiefs bretons, ce sont elles qui, le plus souvent, ont construit nos plus beaux manoirs, l'art, pour se développer, a besoin de mécènes.

Environ 3.000 familles furent maintenues nobles en Bretagne au XVIIème siècle.

La grande masse de cette si nombreuse noblesse bretonne était pauvre et les gentilshommes à épées de fer, labourant eux-mêmes leurs terres ou celles des métairies nobles possédées par leurs alliés, y menaient la vie paysanne de leurs voisins roturiers, sauf quand l'impôt du sang, parfois lourd, les mobilisait aux armées ducales et royales dont ils formaient le principal, sinon, à certaines époques, le seul élément. Les fermiers des campagnes mènent, maintenant, dans les mêmes cadres, la même vie qu'eux menaient avant 1789, et sont, comme eux, soumis maintenant à l'impôt du sang. Ces pauvres gentilshommes ne pouvaient avoir de bien somptueuses demeures, un écu fruste ou armorié sur la porte ou la cheminée de leur humble résidence indiquait seul qu'ils étaient assujettis au service des armes et jouissaient, en retour, de quelques minces privilèges, plus honorifiques que lucratifs, auxquels ils tenaient pourtant.

(Vicomte FROTIER DE LA MESSELIÈRE).

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