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DU PAUPÉRISME ET DE L'ORGANISATION DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE DANS LES CAMPAGNES EN BRETAGNE.

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La question du Paupérisme dans la société moderne et des moyens d'en arrêter le triste développement, est certainement celle qui préoccupe le plus vivement les hommes d'Etat chargés de présider aux destinées d'une nation et d'y assurer la sécurité et la prospérité. Mais, nulle part, plus qu'en France, les souffrances des classes ouvrières et des pauvres n'ont été l'objet d'une sollicitude, d'une bienveillance et d'une protection aussi permanentes et qui se soient affirmées avec plus d'éclat à toutes les époques de notre histoire.

Assister et secourir, en les instruisant et les moralisant, les déshérités de la fortune que les maladies, les infirmités, la vieillesse empêchent de gagner leur vie ; recueillir, nourrir et instruire les enfants abandonnés, ou dont les parents sont dans, l'impuissance de pourvoir aux besoins de l'existence, a toujours constitué, pour l'homme de coeur, un devoir qu'il a su accomplir en tendant sa main vers le malheur, et en soulageant par son obole la détresse qu'il en a jugée digne. C'est sous l'impulsion de ces sentiments si humanitaires, et sous l'influence civilisatrice du christianisme que nous avons vu se former, à côté des Gouvernements, et dès l'origine de la France, ces associations de bienfaisance, ayant pour but l'assistance des pauvres, et dont les initiatives sortaient des cloîtres.

Dès 549 ces initiatives dotaient la ville de Lyon du premier hôpital destiné à recevoir et à secourir les malades pauvres et les enfants laissés sans soutiens.

Le Concile de Tours tenu en 567 avait formellement prescrit au clergé de veiller à ce que chaque paroisse nourrit ses pauvres. Et celui tenu à Nantes en 658 imposa aux ministres du culte de partager avec les pauvres les offrandes qu'ils recevaient des fidèles.

En 651 saint Landry fondait à Paris ce grand asile des pauvres et des malheureux qui, à travers les siècles, a fait tant de bien à l'humanité : l'Hôtel-Dieu qui existe encore aujourd'hui comme pour témoigner, devant l'égoïsme de notre époque, avec quel dévouement et quelle abnégation les pieux apôtres du christianisme soulageaient les souffrances populaires.

Enfin, nous voyons le Concile tenu à Aix-la-Chapelle en 816, en présence des immenses services que les hôpitaux rendaient à l'humanité, prescrire aux évêques de la catholicité d'établir, partout où cela serait possible, des hospices destinés à l'Assistance des malheureux.

Ce sont là, Messieurs, des souvenirs qui honorent le passé de la France, et qu'il est bon de rappeler de nos jours, car c'est à ces hommes, pour lesquels la fraternité était un culte et la charité un dogme, que sont dues la création et la propagation des asiles de l'Assistance des pauvres.

Le Monastère était, dans le passé, la maison de protection des malheureux qui, trouvant ainsi près de leurs chaumières, une main toujours prête à les soulager, et une voix paternelle toujours vigilante pour leur indiquer avec bonté la route du devoir, vivaient en sécurité, travaillaient avec courage, s'attachaient au sol natal et mourraient au foyer des ancêtres pleins de reconnaissance pour ces âmes charitables si attentives à secourir leurs détresses.

Sous l'abri de cette protection humanitaire, de cette sollicitude dévouée, le pauvre ne se déplaçait pas, et la mendicité nomade, qui est la honte de la civilisation moderne était inconnue.

Ce fut là, la situation du Paupérisme en France, jusqu'au XIIIème siècle.

Mais la marche du temps avait eu pour effet de multiplier les voies de communication entre les provinces et entre les communes, et par là, d'apporter des transformations dans les relations du peuple, devenues plus actives.

Ces relations, devenant plus faciles, engendrèrent des besoins nouveaux ; et l'âme du pauvre, jusque là si calme et si exempte d'ambition sous le regard d'une charité attentive, fut troublée par le feu d'aspiration, d'un bien être supérieur qu'elle pensait trouver au loin.

Aussi le pauvre, quand il était valide, quitta, de plus en plus, le sol natal, et s'achemina vers les pays éloignés pour y exagérer son indigence, y moissonner frauduleusement l'aumône destinée au pauvre méritant, et tromper les personnes charitables sous le manteau de la pauvreté dont il profanait l'image, car ces vagabonds ne méritaient pas de secours.

Alors la mendicité du pauvre, qui ne quittait pas sa commune, commença à faire place à la mendicité nomade : le mendiant que cherche la charité disparaît pour faire place au vagabond souvent criminel qu'elle repousse.

Aussi, en présence du développement d'une mendicité frauduleuse que pratiquaient seuls les pauvres valides et capables de travailler ; et pour paralyser cette criminelle industrie chez les natures paresseuses et corrompues du Paupérisme, saint Louis ordonna que, dorénavant, les secours destinés aux pauvres seraient distribués à domicile d'après des rôles qui seraient dressés par des Commissaires désignés à cet effet.

C'était là prendre une mesure si conforme à la nature des choses, et à l'obligation d'assurer aux aumônes de la charité leur sincère destination, qu'en la voyant prise par Louis IX on peut dire qu'en économie rurale les principes vrais ne changent pas, et qu'on serait heureux de nos jours de la voir remise en pratique.

Que veulent, en effet, aujourd'hui, comme alors, les philanthropes ?

Assurer que les secours donnés pour les vrais pauvres ne servent pas à soutenir le crime et la corruption !

Comment y parvenir de nos jours ?

Par l'organisation communale de l'Assistance !

François Ier, poursuivant cette même amélioration sociale établit en 1536, dans tout le Royaume, cette distribution à domicile des secours destinés aux pauvres, et prescrivit la plus grande surveillance à cet égard. En 1544 il alla même jusqu'à constituer à Paris un Bureau général des Pauvres composé de : 9 bourgeois et de 4 conseillers au Parlement. Ce Bureau, véritable type de nos bureaux de Bienfaisance, avait pour mission, de recevoir les taxes d'aumône et d'en assurer la sincère destination, et la juste répartition.

On doit constater qu'en 1789 cette institution fonctionnait encore.

Louis XIV s'était, comme ses prédécesseurs, sérieusement préoccupé du Paupérisme. Il avait ordonné la création de maisons de secours, qui n'étaient que les hospices des premiers temps. Par édit de 1662 il avait prescrit que les mendiants y seraient reçus pour y être occupés à des travaux utiles, chacun dans la mesure de ses aptitudes.

C'était là donner une raison solide et une base humanitaire à l'interdiction de la mendicité nomade ou, plutôt, du vagabondage. En conséquence, son successeur Louis XV put, par une ordonnance du 28 juillet 1724, prescrire l'interdiction de la mendicité nomade sous des peines très sévères pour les hommes valides.

Il résulte de ces brèves considérations que, dans le passé de notre histoire, les pouvoirs publics, aidés par les corporations religieuses, s'attachaient, pour cette matière si délicate du Paupérisme, à séparer l'ivraie du bon grain, à secourir l'infortune méritante, à assurer à l'aumône sa véritable destination, et à mettre obstacle au développement des fraudes, aliment du vagabondage.

Quand, après 1789, la République eût remplacé la Monarchie, elle continua d'appliquer à la mendicité nomade la réglementation du passé. Seulement par décret du 24 vendémiaire an II, elle ordonna le remplacement des dépôts de mendicité de Louis XIV par les maisons de répression qu'elle avait créées par décret du 24 mars 1793.

Ces maisons, qui devaient être établies au chef-lieu de chaque département, étaient destinées à recevoir les individus, condamnés pour délit de vagabondage. Mais les troubles permanents qui, à cette époque, agitaient la France, ne permirent pas d'appliquer sérieusement les décrets de répression contre la mendicité nomade et le vagabondage.

A l'ombre de cette inertie les habitudes du vagabondage et de la mendicité nomade se développèrent largement, et prirent, de plus en plus, racine dans les moeurs des classes ouvrières. Dans le passé, l'homme sans ressource, mais valide et capable de travailler aurait eu honte de prendre la besace du mendiant, et d'aller en contrées inconnues tendre la main et demander l'aumône. Il n'en fut plus ainsi.

La tempête d'anarchie et de perversion qui souffla pendant quelques années sur les masses populaires, sema dans les coeurs les idées les plus vicieuses et les aspirations les plus criminelles. Le sentiment de dignité humaine disparaissant dans l'homme, l'amour du désoeuvrement et de la vie faible prit sa place, et fut l'agent sinistre de l'accroissement du vagabondage et de la mendicité nomade, nécessaire pour lui servir de masque. Il n'y eut plus mendicité du pauvre digne de secours : il n'y eut plus que vagabondage du malfaiteur.

Les Pouvoirs publics, quand des jours plus sereins commencèrent à rayonner de nouveau sur la France, sentirent la gravité d'une pareille situation qui n'était pas seulement une honte pour la civilisation, mais qui constituait, en outre, le spectacle navrant et hideux d'hommes valides simulant des infirmités et des privations, enlevant leurs forces au travail national, volant la charité, méditant le crime, et devenant pour la Société un sérieux péril.

Le Décret du 5 juillet 1808 eut pour but d'y mettre un terme. Il défendit formellement l'exercice de la mendicité nomade ; et il ordonna que tout individu privé de tout moyen d'existence devrait se rendre dans les dépôts de mendicité, dont la création au chef-lieu du département avait été prescrite, pour là, être occupé à des travaux en rapport avec ses aptitudes.

C'était la réglementation de Louis XIV qui ressuscitait.

Quand Napoléon Ier ordonna la codification du droit français, les éminents jurisconsultes qui en furent chargés n'oublièrent pas que la réglementation du Paupérisme s'imposait à leurs méditations. Ils sentirent qu'en élevant au droit français le monument si grandiose de sa refonte et de sa codification, il était digne de la France d'y réserver une place pour la réglementation du soulagement des souffrances populaires, où seraient condensés tous les règlements du passé.

C'est dans ce but que fut rédigé et promulgué l'article 274 du code pénal : « Toute personne, dit-il, qui aura été trouvée mendiant dans un lieu pour lequel il existera un établissement public organisé pour obvier à la mendicité, sera punie de 3 à 6 mois d'emprisonnement, et sera après l'expiration de sa peine conduite au dépôt de mendicité ».

Mais cette rigueur fut atténuée par l'article 275 du même code ainsi conçu : « Dans les lieux où il n'existe point encore de tels établissements, les mendiants d'habitude, valides, seront punis d'un mois à trois mois d'emprisonnement. S'ils ont été arrêtés hors du canton de leur résidence, ils seront punis d'un emprisonnement de 6 mois à 2 ans ».

Ainsi, par ces dispositions, le législateur a voulu interdire l'exercice de la mendicité nomade. Et, pour celle qui s'exerce hors la contrée de sa résidence, la plus condamnable, puisqu'elle sert de masque aux entreprises criminelles, il en constate la gravité en la punissant de deux ans d'emprisonnement.

Il résulte de ces considérations sur l'histoire du Paupérisme et de l'Assistance publique en France, que tous les Gouvernements qui s'y sont, succédé ont considéré comme un devoir d'intérêt public de chercher les moyens d'arrêter la fraude, du Paupérisme, et d'assurer aux secours accordés aux pauvres méritants leur sincère et exacte destination.

Il n'était pas inutile de rappeler ici ces grands souvenirs du passé, afin d'en tirer la conviction, en comparant ce passé au présent, que la sollicitude pour l'Assistance du pauvre à ces époques éloignées, a toujours été l'une des premières préoccupations des Pouvoirs publics et que les classes ouvrières et pauvres d'alors n'auraient rien à envier à cet égard à celles d'aujourd'hui. On faisait moins de promesses au peuple, mais on le protégeait plus, mettant en pratique cette belle maxime des âmes aumônieuses : Res non verba !

Demandons-nous, maintenant, si la réglementation du Paupérisme par le code pénal, qui a résumé et condensé dans son texte toutes celles du passé, a atteint son but, et paralysé le développement de la mendicité nomade ?

Pour quiconque habite au milieu des populations rurales d'une manière permanente, les espérances du législateur ne se sont point réalisées. Les besoins de jouissances, matérielles se sont tellement accrus depuis un demi-siècle, que l'homme enclin à la paresse trouve plus facile d'y satisfaire en s'adressant à la charité sous les dehors du pauvre, loin de sa résidence, qu'en s'adressant au travail.

Si, de temps en temps, il est arrêté comme vagabond et condamné, il subit quelques jours d'emprisonnement, et sa peine expirée, il recommence sa mendicité dans une autre contrée.

Que faire ?

Le consigner au dépôt de mendicité pour y travailler suivant ses aptitudes ?

Mais combien avons-nous de départements en France, malgré tous les voeux des législateurs, où de tels établissements aient été créés ? Très peu.

Il en résulte que l'agent de la répression hésite à arrêter ces vagabonds qui ne lui ont pas été signalés pour d'autres délits. La loi reste lettre-morte, et le vagabond se rit de la loi, promenant en maître au milieu de nos campagnes, sous ce prétexte frauduleux de la pauvreté, ses audaces et ses intimidations.

Ce n'est pas, en général, les vrais pauvres de nos communes, qui vont au loin exploiter la charité. Ce sont des hommes valides et qui méritent la répression sévère de la loi.

En présence de ce triste spectacle, Messieurs, on se demande s'il n'est pas possible d'arrêter sérieusement le développement de ce vagabondage, et de démasquer ces contrebandiers de la pauvreté ? S'il n'est pas possible, à notre époque de civilisation, de générosité et de clairvoyance, de distinguer le pauvre digne de secours du faux-pauvre digne de la sévérité de la loi ?

Je suis convaincu qu'en séparant l'ivraie du bon grain ; qu'en précisant les moyens de distinguer le pauvre méritant, du faux-pauvre ; et que, d'un côté, en appliquant sévèrement à ce dernier la législation existante et en organisant, de l'autre côté, pour le premier, l'Assistance publique dans les campagnes, on arrêtera le développement du vagabondage et de la mendicité nomade.

Et en voyant disparaître, devant l'application de la loi, ces bandes roulantes de mendiants, qui, en troupes serrées, encombrent, à certains jours, nos voies publiques, on aura la satisfaction d'avoir réalisé une grande amélioration sociale.

Mais pour arriver à constater la base sur laquelle doit reposer la démarcation que je viens d'indiquer, il est nécessaire de fixer, dans cet ordre d'idées, la signification des nuances qui caractérisent les divers degrés des misères humaines. Le Paupérisme, en effet, qui est l'expression générale et comme la synthèse de ces misères, apparaît à l'esprit du Philanthrope sous trois aspects principaux :
1° Celui de l'indigence ;
2° Celui de la pauvreté ;
3° Et-celui de la gêne ;

Ces divers degrés dans la souffrance marquent aussi des différences dans le droit aux secours.

I. — Celui qui n'est étreint que par une gêne momentanée, n'est ni pauvre ni indigent. Il a dès ressources personnelles. Et sa souffrance, qui provient souvent d'un accident arrêtant ses occupations, d'un marasme dans le commerce, d'une grève ou d'un chômage, de maladie, n'est que temporaire ; et si elle a diminué ses ressources et ses économies, elle ne les a pas épuisées.

II. — La pauvreté est cette situation de l'individu qui ne possède rien en propre, qui n'a de ressources que dans le travail de ses bras ; qui trouve dans son salaire et son économie les moyens suffisants, pour suffire à son existence, mais qui, lorsque le travail lui manque, ou quand la maladie vient arrêter son bras, n'a plus de ressources et se trouve dans la nécessité de faire appel à la charité de ses semblables. Ce n'est pas encore là l'indigence, car il a l'espoir de reprendre l'instrument du travail.

III. — Enfin, l'indigence est la situation du pauvre arrivé à la dernière limite du dénûment.

Il suffit pour être pauvre, a dit un philosophe, de n'avoir rien en propre, ou de ne posséder que peu de choses ; il faut pour être indigent se trouver hors d'état de se procurer soi-même ce dont on a besoin pour vivre. Le pauvre n'a pour subsister, que ses bras ; l'indigent n'a pas les moyens de subsister : le pauvre éprouve des privations : l'indigent est exposé à périr : le pauvre a surtout besoin d'appui et de travail : à l'indigent il faut des secours !

C'est pourquoi l'Assistance a pour mission d'empêcher la situation du pauvre de s'aggraver, et de pourvoir au soulagement et à l'alimentation de l'indigent.

Voilà les deux faces intéressantes du Paupérisme devant lesquelles doit se présenter la charité, car la gêne a bien droit aux encouragements, mais non aux secours gratuits des âmes charitables.

A la lumière de ces distinctions il est donc très facile pour chaque commune de reconnaître et de classer ses pauvres. En dehors du pauvre et de l'indigent, bien caractérisés par leur situation et qui méritent la sollicitude de la charité, il ne faut voir dans ceux qui usurpent ces noms que des vagabonds paresseux méritant les pénalités de la loi.

Donc : l'Assistance pour les premiers ; la repression pour les seconds.

Mais cette Assistance, qui est la seconde Providence des indigents et des pauvres, doit, pour être efficace, apparaître sous des formes variées qui correspondent aux causes qui ont produit les misères qu'elle veut soulager.

Il est donc utile de rechercher quelles sont ces causes les plus fréquentes du Paupérisme.

IV. — Ces causes doivent être classées, pour nous conformer à la vérité des faits, en deux catégories :
1° Les causes permanentes ;
2° Les causes accidentelles.

Les causes accidentelles principales sont :
1° Les maladies qui arrêtent l'homme valide dans son travail ;
2° Les blessures qu'il reçoit et qui ont le même effet ;
3° Les grèves et les chômages qui suppriment les salaires ;
4° L'inconduite qui précipite l'individu de l'aisance dans la misère ;
5° L'abandon des enfants par leurs auteurs ;
6° Leur corruption par le mauvais exemple ;
7° Les revers de fortune indépendant de la volonté de l'homme.

Et les causes permanentes consistent dans :
1° Les infirmités incurables du corps ;
2° Les infirmités intellectuelles entraînant l'inaptitude à tout travail salarié ;
3° La vieillesse.

Voilà les caractères des causes diverses qui produisent le Paupérisme. En les examinant on reconnaît de suite que les causes permanentes engendrent nécessairement l'indigence, en ne permettant pas au nécessiteux de se procurer sa subsistance ni les autres éléments indispensables aux besoins de la vie.

Mais on constate, d'un autre côté, qu'il n'en est pas ainsi des causes accidentelles qui n'imposent au nécessiteux que des privations temporaires. Et s'il a eu la prévoyance, arrivé à l'âge adulte, où la force corporelle lui a permis un travail salarié, de faire des économies et de se constituer une réserve, soit au moyen de la caisse d'épargne, soit au moyen d'une société mutuelle de secours, il traverse, sans être trop à charge à l'assistance publique, le temps d'arrêt que les circonstances lui imposent. Il ne s'adresse à la charité et ne demande l'aumône et les secours que quand il ne peut pas faire autrement. Car le pauvre capable de travailler et que la corruption des moeurs n'a pas encore atteint, sent bien que la mendicité blesse sa dignité de citoyen, et il lui répugne de tendre la main pour recevoir l'aumône d'un secours dont il a besoin, mais qui ne lui serait pas discrètement offert. C'est là le rôle de l'assistance publique dans les campagnes, et un motif puissant de l'y organiser.

Cependant, Messieurs, dans les causes accidentelles de la pauvreté que je signalais tout à l'heure, il en est une qui peut devenir permanente : c'est celle qui provient de l'inconduite, de la paresse et des moeurs dévoyées de l'individu valide. En effet, cet individu qui, ayant des ressources propres, les a dissipées par les désordres de sa vie, sera impuissant à se relever de sa chute et incapable de reprendre l'instrument du travail. Il est condamné à la détresse pour le reste de son existence. Et, bien que cette situation qu'il subit par sa faute, ne soit guère digne de compassion, le coeur charitable ne peut passer devant sa misère sans la secourir : si sa responsabilité est grande, sa souffrance n'en est pas moins cruelle !

Ainsi, Messieurs, scruter les causes de la pauvreté à tous les degrés ; en apprécier le caractère ; rechercher quelles peuvent être les institutions de bienfaisance les plus propres à leur appliquer:  soit pour soulager la pauvreté existante, soit pour en tarir les causes dans leurs sources, est un devoir d'humanité et de salut social qui s'impose, non seulement aux Pouvoirs publics ; mais aussi au patriotisme des bons citoyens.

C'est sur le choix et le but de ces institutions, et les moyens de les créer et de les faire vivre que roulent les controverses des économistes. Mais une vérité s'en dégage. C'est qu'aux indigents et malades incurables il faut les hospices, ou bien, dans les campagnes, les secours à domicile ; qu'aux pauvres valides, temporairement arrêtés dans leur travail, il faut aussi l'hospice ou les bureaux de bienfaisance ; qu'aux enfants abandonnés il faut les orphelinats agricoles ou industriels, où leur nature est redressée par l'instruction et une éducation religeuse et morale appropriée à leur âge, et dans lesquels l'apprentissage d'une profession leur assure une honorable place dans la Société de leur pays ; enfin qu'aux enfants repris de justice dès le premier âge, il faut les colonies agricoles, où la répression ne consiste que dans un travail assidu à l'ombre duquel, grâce à l'instruction professionnelle qu'ils reçoivent, disparaissent peu à peu leurs mauvais instincts, et où ils deviennent de bons ouvriers et d'honnêtes citoyens.

Mais ces asiles de protection et de redressement de la nature humaine ; ces établissements humanitaires de civilisation et de progrès, ne doivent pas être uniquement attendus des efforts de l'initiative privée. Si beaucoup sont fondés sur les larges libéralités, sur les dons généreux de personnes charitables, nous voyons rarement en France des associations privées se former comme en Angleterre, pour soulager les misères populaires. Il nous faut toujours en France le concours du Gouvernement. Mais pour que son concours pécuniaire soit acquis d'une manière permanente il faut une loi, et cette nécessité soulève encore les objections des économistes.

Ils critiquent toute intervention de la loi pour assurer les ressources et la vie à ces établissements dans la crainte que cette assurance n'ait pour triste résultat de semer dans l'esprit des classes ouvrières les idées dangereuses que le pauvre, comme l'indigent, ont le droit d'être secourus par l'Etat ; et que les secours sont pour eux un tribut légitime levé sur la fortune publique, une créance dont l'Etat est tenu de leur garantir le paiement.

Ces arguments ne manquent ni de sagesse ni de fondement, car ils sont basés sur les faits qui se passent chaque jour sous nos yeux dans les villes.

Il faut bien avouer, en effet, que dans les villes et dans les grands centres industriels où l'assistance publique est organisée et largement dotée, ces prétentions sont vivantes dans l'esprit des masses populaires et que les admissions aux secours de l'assistance publique y sont aussi nombreuses que faciles. Le plus paresseux, dont le dénument est son fait, s'adresse à l' Assistance aussitôt qu'il peut trouver un prétexte qui lui donne l'apparence de la pauvreté avec la prétention d'y avoir droit. Ces idées, une fois ancrées dans les moeurs du paupérisme, auraient une portée extrêmement dangereuse pour le gouvernement et pour l'ordre social. Car, disent-ils, si l'Etat donnait au pauvre l'espoir d'un asile assuré et d'une alimentation gratuite ; à l'ouvrier débauché et paresseux, dont les vices ont causé la détresse, l'idée que le gouvernement est tenu de le nourrir, il créérait par là une prime à la paresse et à l'inconduite ; il paralyserait l'effort que doit faire le pauvre valide pour se relever, et il augmenterait la plaie du paupérisme, au lieu de la guérir.

A cet égard que voyons-nous dans les centres populeux où l'Assistance officielle est organisée et fonctionne, surtout en Angleterre où la taxe des pauvres est consacrée par la loi ?

L'ouvrier y perd tout sentiment de prévoyances ; il se laisse emporter, sans souci de l'avenir, vers tous les désordres et les dissipations, en disant : n'ai-je pas l'hôpital pour abriter ma détresse quand toute ressource me fera défaut ? L'amour du travail salarié s'éteint en lui ; il perd même le sentiment d'affection que Dieu lui impose pour ses père et mère ; et au lieu de les assister et de les consoler dans leurs vieux jours il se borne à leur indiquer l'hôpital.

Cette Assistance publique qui n'a pas pour contrepoids des moyens sérieux de contrôlés dans les grandes agglomérations populaires, offre un autre péril social non moins évident, en y attirant de plus en plus les ouvriers ruraux. Privés dans les campagnes des soins et des secours gratuits, au point de vue de la médecine et de l'alimentation, dont jouissent les populations des villes, ils sont séduits par ces avantages, quittent le sol natal et vont grossir la masse des populations urbaines et trop souvent celle du paupérisme !

C'est là la cause principale de la dépopulation des campagnes qui soumet l'agriculture française, dans la crise qu'elle traverse, à de si dures étreintes. Ces considérations démontrent combien l'organisation générale de l'Assistance publique en France est défectueuse, et combien elle est contraire au principe de l'égalité des citoyens devant les secours et la protection de l'Etat.

S'il serait dangereux de créer par la loi le budget du paupérisme, le droit pour le déshérité de la fortune, d'exercer un prélèvement sur les revenus de l'Etat, il ne l'est pas moins pour la bonne harmonie sociale et pour l'honneur d'un gouvernement, de verser chaque année aux populations des villes les grandes ressources de l'Assistance publique, sans appeler les populations rurales à y prendre part.

Si c'est là une cause de la dépopulation des campagnes, c'est aussi une cause de haine et d'inimitié des campagnes contre les villes qu'une juste répartition ferait cesser. Il serait d'autant plus inique de priver les populations rurales de l'Assistance publique et de condamner leurs pauvres à mendier sur les chemins leurs moyens d'existence que ce sont ces populations qui alimentent, en majeure partie, le budget de l'Etat et qui donnent à l'armée leurs enfants pour la défense de la Patrie !

Aussi, de toutes les contrées de la France s'élèvent des voeux et des sollicitations pour que cette Assistance des pauvres soit organisée dans les campagnes comme dans les villes.

Est-il donc impossible de réaliser cette grande amélioration sociale, sans tomber dans les dangers que signalent les économistes ?

Est-il donc impossible que l'Etat intervienne dans cette organisation pour en soutenir le fonctionnement par des subventions annuelles assurées, sans encourir le reproche de consacrer, par là, la taxe des pauvres, comme en Angleterre, et donner un appui aux théories du socialisme moderne ?

Je ne le crois pas. Quand on connaît le danger on peut l'éviter. Mais il y a une chose que l'on ne peut pas éviter plus longtemps : c'est de porter une main ferme à la suppression réelle de la mendicité nomade, du vagabondage, par l'organisation de l'Assistance rurale.

Dans les temps de crise générale comme celle que nous traversons aujourd'hui, où, dans toutes les sphères de l'activité humaine, le travail est en souffrance, la mendicité nomade prend d'effrayantes proportions. Nos communes sont parcourues chaque jour par des hommes valides, dépenaillés qui, sous prétexte d'être ouvriers sans ouvrage, se présentent dans les fermes isolées, avec des attitudes menaçantes.

Que voulez-vous que la fermière, presque toujours seule, pendant que les hommes sont au loin à travailler dans les champs, puisse répondre aux exigences de ces vagabonds ?

Absolument rien. Tremblante, elle s'empresse de satisfaire à leurs demandes, dans la mesure du possible, et elle donnerait jusqu'au dernier centime pour s'en débarrasser !

Sont-ce là des pauvres ?

Evidemment non. Ce sont des malfaiteurs accomplissant leurs délits et leurs crimes à l'ombre de cette mendicité nomade.

Il y a donc urgence pour les Pouvoirs publics de détruire le prétexte pour arrêter le développement de cette Jacquerie nouvelle. Et quand cette assistance fonctionnera dans les communes rurales comme elle fonctionne dans les villes ; que chaque pauvre ne pourra plus mendier en dehors de sa commune, il y aura lieu d'appliquer la loi pénale, sans hésitation, puisque la mendicité sera interdite à tous ceux qui n'y possèdent pas leur domicile.

Mais par quels moyens peut-on organiser cette Assistance publique rurale, permettant la répression sévère de la mendicité nomade.

Avant d'entrer dans l'examen de ces moyens, il est nécessaire d'expliquer ce que l'on doit entendre par Assistance publique.

Quel est son but ?

C'est de protéger le pauvre, digne de ce nom, dans tous ses intérêts. Or, malgré sa détresse, il n'en est pas moins citoyen, et, à ce titre, il éprouve des besoins divers.

Elle doit comprendre :
1° La fourniture des aliments et des vêtements ;
2° Les visites du médecin et la fourniture des médicaments en cas de maladie.
3° La gratuité de l'instruction primaire pour les enfants du pauvre.
4° Et la gratuité de la défense de sa personne et de ses droits devant la justice du pays, quand cette défense a été jugée légitime par l'autorité compétente.

Cette Assistance est tellement équitable que les Pouvoirs publics y ont déjà satisfait, en partie, en donnant aux pauvres l'Assistance Judiciaire par la loi du 23 janvier 1851, et la gratuité de l'enseignement, qui existait déjà de fait, quand est intervenue la loi qui l'accorde même aux riches.

Pourquoi l'Assistance corporelle serait-elle moins urgente que celles que je viens de signaler et qui fonctionnent avec les subventions de l'Etat ? Pour réaliser cette organisation dans les communes et pour que l'Assistance soit efficace, il faut prendre pour base la cause même de la détresse que l'on veut soulager.

S'il s'agit de l'indigent il n'est pas donné à l'initiative privée ni au gouvernement d'en tarir la source. Elle existe indépendamment de la volonté de celui qu'elle a frappé. L'Assistance aura à pourvoir à des besoins corporels et médicaux.

S'il s'agit de la pauvreté provenant de causes, accidentelles, le rôle de l'Assistance consiste, pendant les maladies, à pourvoir aux mêmes besoins médicaux et corporels pour hâter la guérison et la reprise du travail ; et pendant les chômages qui enlèvent le salaire, à procurer de l'ouvrage à l'ouvrier dans une autre industrie où peuvent s'exercer ses aptitudes, et à suppléer à ce qui peut manquer, pendant ce temps, à l'alimentation et aux autres besoins de la famille ;

S'agit-il de la pauvreté provenant de l'inconduite de l'individu et des désordres de sa vie, qui le rendent indigne de pitié, mais qui souvent fait compatir à la misère d'une femme et d'enfants innocents de cette détresse ? Le rôle de l'Assistance est de travailler à ramener cet esprit égaré dans la voie de l'honnêteté et de la raison en lui montrant sa famille en larmes, et en suppléant aux besoins qu'elle peut éprouver.

A cet égard, au lieu de chercher à tarir les causes de l'inconduite et de la démoralisation de l'homme qui a besoin de travailler pour pourvoir aux besoins de la vie, et dont la principale est le cabaret, le législateur imprudent les a augmentées dans une proportion effrayante, en proclamant dans la loi la liberté des débits de boisson. Depuis la mise à exécution de cette loi néfaste, les auberges se sont tellement multipliées qu'elles occupent aujourd'hui plus du tiers des maisons de chaque bourgade de nos campagnes. Cette multiplicité des débits de boissons exerce sur les moeurs des populations rurales une influence désastreuse.

Il est temps que la grande voix du monde agricole s'élève vers les Pouvoirs publics pour protester contre un tel état de chose ; pour demander l'abrogation de cette loi, et supplier le Gouvernement de demander au Parlement de fixer, pour chaque commune, le nombre des auberges et débits de boissons à six pour mille habitants.

S'agit-il des enfants abandonnés et sans ressource qui, jetés sur la voie publique, souvent dès leur naissance, deviendraient promptement des criminels ? Le rôle de l'Assistance publique est de les recueillir, de les élever, et de les instruire ; puis, l'âge du travail arrivé, de les placer dans les orphelinats agricoles ou industriels ; de les soumettre à l'enseignement professionnel, et aux pratiques d'un travail moralisateur.

Enfin s'agit-il de ces enfants plus malheureux encore qui, jetés aussi sur la voie publique et abandonnés de leurs parents, n'ont point trouvés de mains charitables pour les recueillir ? Ils n'ont d'autre ressource pour vivre que le vol et la mendicité. Dans cette situation ils contractent promptement des habitudes vicieuses et grandissent dans la perversité jusqu'à ce que la main de la Justice les frappe et les jette, flétris, dans une maison de répression. Ils n'ont pas assez conscience de leurs actes coupables pour mériter la pénalité de l'adulte ; et c'est pour les recevoir et les réformer par l'instruction et le travail moralisateur, que l'Assistance publique a organisé, avec les subventions de l'Etat, ces belles colonies agricoles dont plusieurs existent en Bretagne. Ici son rôle est d'instruire et de redresser ces natures dévoyées. Et comme l'arbre est jeune, comme cette nature est encore flexible, elle arrive à faire de ces enfants de bons travailleurs et de bons citoyens.

L'Assistance publique, pour remplir le but humanitaire de sa création, doit donc avoir sous la main :
1° Des ressources suffisantes pour pourvoir aux besoins matériels, alimentaires et médicaux des indigents et des pauvres qui sont reconnus dignes de les recevoir.
2° Et des orphelinats et colonies agricoles ou industriels pour la réforme morale des enfants repris de justice, et pour l'instruction professionnelle des enfants abandonnés.

Comme je l'ai déjà fait remarquer, ces asiles de moralisation, d'instruction, de travail et de salut, fondés par les dons généreux d'âmes philanthropiques existent déjà, en grand nombre, sur le territoire de la Patrie. Nous voyons même avec un légitime orgueil que l'initiative privée, soit congréganiste, soit laïque, dans le but d'une exploitation agricole où d'un progrès industriel, a fondé avec ses deniers beaucoup de ces établissements de bienfaisance. Car, en attachant à ces oeuvres d'améliorations économiques ces jeunes déshérités de la fortune, elle donne à leur activité un but défini et une utilité pratique, sans exiger de l'Etat, qui a la charge de ces enfants, autre chose qu'une subvention dérisoire.

En effet, les fondateurs de ces établissements humanitaires n'exigent que soixante-quinze centimes par enfant et par jour, pour faire face à son instruction, à son alimentation, à la fourniture des vêtements et aux soins médicaux. Il en résulte que, jusqu'à l'âge de 15 ans, où commence, chez lui, l'aptitude au travail, ces bienfaiteurs de l'enfance malheureuse sont en perte évidente. Ils sont donc inspirés, dans leur rôle, par l'amour de l'humanité plutôt que par un esprit de spéculation. El ils ont droit, pour cette générosité si patriotique, à l'hommage de la reconnaissance nationale.

Mais peut-on compter que des dons particuliers, ou que l'initiative privée des associations laïques ou congréganistes seront suffisants, dans l'avenir, pour multiplier la création de ces établissements qui deviennent de plus en plus indispensables pour arracher au paupérisme ces légions d'enfants que leur abandon lui destinait ?

Il ne faut pas l'espérer. Et il est nécessaire d'appeler sur ce point l'attention des Pouvoirs publics et de les supplier de fonder au moins deux établissements de cette nature dans chaque département de la mère-patrie et de ses colonies, et d'en confier la direction à ces associations dévouées qui, moyennant cette rétribution légère pour les finances de l'Etat, le remplaceront dans l'oeuvre de rendre à la Société, comme bons et honnêtes citoyens, des êtres que le paupérisme lui eût enlevés. N'existe-t-il pas dans chacun de nos départements, et surtout en Algérie, de vastes étendues de terre en friche où ces établissements devraient s'élever ?

V. — Voilà, appuyés sur les causes diverses du paupérisme, les ressorts qui doivent faire, mouvoir avec efficacité tout le mécanisme de l'organisation de l'Assistance publique rurale.

Mais, de même que l'argent est le nerf de la guerre, comme des grandes améliorations sociales, il est aussi le moteur indispensable du mécanisme de l'assistance des pauvres. Et si, par crainte de donner prise à l'idée d'une taxe légale pour les pauvres, on ne demande pas à la loi l'octroi d'une dotation fixe, comment établir le budget des ressources nécessaires pour ce grand soulagement de la pauvreté ? Comment constituer dans chaque commune l'agence de répartition de ce budget ?

En ce qui concerne le budget de ces ressources, il se composera :
1° de l'allocation que la commune accordera chaque année à l'Assistance rurale de ses pauvres, comme elle le fait aux bureaux de bienfaisance quand il en existe ;
2° de l'allocation accordée par le département ;
3° de la subvention de l'Etat ;
4° des ressources en argent, vêtements et denrées diverses que des quêtes périodiques, faites dans la commune par des membres de l'agence, produiraient abondamment ;
5° et des dons qui seraient faits dans les communes par les personnes charitables pour secourir les pauvres et qui seraient une source certaine de revenus, car la conviction que les aumônes reçoivent enfin leur destination réelle, serait un puissant motif de bienfaisance pour les âmes aumônieuses.

En ce qui concerne l'agent de distribution, est-ce qu'il serait difficile de le constituer ? Est-ce qu'il serait difficile de créer au chef-lieu de chaque commune, sous la présidence honoraire du Maire, une Association locale de Bienfaisance, sous la forme d'un syndicat de la charité ?

Instituée par l'initiative d'un groupe de citoyens et de dames charitables, ces derniers en dresseraient les statuts et choisiraient, parmi eux, dans leur première réunion générale, par voie de scrutin, les membres du bureau qui devraient être au nombre de cinq, lesquels seraient présidés par celui qui dans l'élection aurait réuni le plus grand nombre de suffrages.

Le Maire serait président d'honneur, quand il consentirait à accepter cette fonction ; car l'association serait une association libre et indépendante, comme un syndicat professionnel, et la présidence lui serait réservée, sans voix délibérative, dans les assemblées générales. Le nombre des membres de l'Association serait illimité, et tout bienfaiteur en ferait partie, après son admission par le Bureau.

Dans le cas où le Maire de la commune ne consentirait pas à être le président d'honneur de la Société, toutes ses séances seraient présidées par le président du Bureau.

Le Bureau nommerait son secrétaire et le trésorier de l'Association. C'est entre ses mains que seraient concentrées toutes les ressources destinées au soulagement des pauvres de la commune, mais il ne pourrait pas en faire seul la distribution. Cette distribution serait ordonnée par le Bureau sur des listes qu'il dresserait, et qui serviraient d'état de dépenses au trésorier.

Ce Bureau serait réélu ou remplacé tous les quatre ans.

Pour toutes les questions concernant la quotité et la distribution des secours pour chaque individu ou chaque famille pauvre, le Bureau serait omnipotent et ses décisions devraient être prises à la majorité des voix.

Mais, Messieurs, une loi est nécessaire pour permettre à l'initiative privée de réaliser cette grande réparation sociale, comme celle du 21 mars 1884 l'a été pour permettre la création des syndicats professionnels et agricoles, car notre législation concernant le droit de réunion est pleine de confusion et d'incertitude.

Toutes les associations agricoles, et tous les philanthropes doivent donc élever la voix vers les Pouvoirs publics pour obtenir, de leur sollicitude, cette loi patriotique qui donnera une impulsion énergique aux entreprises charitables de l'initiative privée, et qui devra fixer, pour chaque syndicat, le minimum des secours qui lui seront accordés par l'Etat, soit 150 fr. pour les communes rurales de 2000 habitants et au-dessous, et 200 fr. pour les communes ayant au-dessus de 2000 habitants.

Avec cette base, et les autres sources de revenus indiquées, ces Bureaux de Bienfaisance d'un nouveau genre fonctionneront aisément, satisferont aux besoins des pauvres de la commune et permettront d'interdire sévèrement la mendicité nomade.

Cette interdiction, en effet, ne peut-être sérieusement appliquée aux pauvres véritablement nécessiteux que comme conséquence de l'organisation pratique de l'Assistance communale, car il serait inique d'infliger une pénalité au pauvre qui, mourant de faim, ne trouve pas dans sa commune une institution destinée à soulager sa misère. Mais, après l'organisation de cette assistance, son opiniâtreté à mendier sur la voie publique, en dehors de sa commune, serait sans excuse et les pénalités de la loi devraient lui être infligées dans toutes leurs rigueurs, car ils n'y aurait à y contrevenir que les contrebandiers de la pauvreté !

Ainsi, Messieurs, après avoir trouvé les moyens de procurer aux pauvres les ressources nécessaires pour leur soulagement, nous trouvons dans la constitution du syndicat de la Bienfaisance l'agent dévoué de leurs répartitions.

Ce sont là les deux rouages essentiels de l'organisation de l'Assistance publique communale et qui suffisent pour réaliser la grande amélioration sociale qui en est le but.

A ceux qui objectent que les ressources de la charité ne répondront peut-être pas aux espérances que j'ai indiquées, je répondrai que l'expérience des faits me donne la conviction qu'elles seront largement dépassées.

En effet, dans l'état actuel du paupérisme, l'aumône que donne une main charitable tombe huit fois sur dix dans des mains indignes de la recevoir. Cette pensée paralyse la générosité et diminue gravement la somme des secours. Mais, quand cette pensée n'aura plus de raison d'être, elle disparaîtra des esprits ; et les personnes charitables, sachant que leurs libéralités vont soulager des souffrances connues et réelles, les augmenteront largement.

Dans les communes, toutes les personnes ayant quelque aisance s'empresseront d'apporter leur obole à ce beau soulagement populaire, convaincues qu'elles versent, au cours de chaque année, dans des mains inconnues de la mendicité nomade, des aumônes bien plus considérables.

En outre, ce concours patriotique des forces vives de la nation pour faire disparaître de son sol le spectacle hideux de la mendicité nomade, ne pourra jamais être assimilé à la taxe des pauvres, car le syndicat de la bienfaisance prenant seul sous sa protection, avec les ressources qu'il se procure, l'assistance du pauvre, c'est à lui et pour encourager son dévouement que la subvention de l'Etat serait accordée et non à l'être collectif : la Pauvreté ! Cette subvention ne porte à son indépendance et à son droit absolu et sans contrôle de faire la répartition des secours, aucune espèce d'atteinte. Et cette subvention a tellement le caractère de secours, qu'une commune qui n'aurait pas à sa tête ce syndicat des pauvres, serait sans droit pour la réclamer.

Je ne dois pas omettre, Messieurs, une autre considération qui concerne les ressources de la charité.

Est-ce que l'on peut trouver les fonds de secours accordés par l'Etat trop élevés, quand on considère la grande injustice sociale qu'il s'agit de réparer ? Est-ce qu'il faut, pour faire fonctionner efficacement cette assistance rurale, des ressources sans limites ?

Evidemment non.

Il résulte, en effet, de statistiques dont les chiffres sont très près de la vérité, qu'il n'existe pas, comme pauvres méritant des secours dans les communes rurales de France, plus de deux pour cent de la population ; que sur ce nombre une très grande partie est capable de quelque travail et n'exigerait que des secours temporaires. Si cette moyenne est dépassée dans certaines communes, dans beaucoup d'autres, telles que celles du littoral, elle n'est pas atteinte.

Est-ce qu'une commune de 2000 habitants, qui renferme une trentaine de pauvres réellement nécessiteux, quelle assisté déjà par voie de mendicité, ne préférera pas leur fournir des secours plus élevés à domicile, même sans les secours du département et de l'Etat, plutôt que de voir se perpétuer un vagabondage d'étrangers inconnus que la crainte d'incendie ou de crimes empêche de repousser et qui lui impose annuellement des sacrifices bien plus lourds ?

Ce faux mendiant ne pourra plus exploiter la charité qu'il refroidit par sa présence : car, désormais, s'il tente de mendier en pays inconnu, en dehors de son domicile de secours, tout citoyen, sachant que les secours sont organisés dans sa commune comme ailleurs, lui fermera sa porte, lui refusera l'aumône et l'obligera par sa seule inertie, de rentrer dans sa commune sous peine de voir bientôt la répression pénale atteindre son infraction à la loi.

Nul doute que cette amélioration considérable des conditions du paupérisme rural n'exerce une influence réparatrice et moralisatrice sur l'esprit du peuple qui, pauvre ou prolétaire, voyant enfin, dans ces efforts de la société pour soulager ses souffrances l'aurore d'une sécurité d'existence qu'il n'avait pas connue, chassera de son coeur la haine conçue contre cette société, et en fera, au contraire, comme aux temps sereins de notre histoire, un asile de respect de l'autorité, de soumission aux lois, et de sincère gratitude pour ses bienfaiteurs.

C'est au fond de ces misères, souvent imméritées et dissimulées dans l'ombre que réside la cause de l'irritation du prolétariat contre les patrons ou ceux qui possèdent, sans se demander jamais comment et pourquoi ils possèdent des biens.

Et, comme ces idées destructives de tout ordre social reçoivent, de nos jours, de la part des anarchistes, un accueil aussi enthousiaste qu'effrayant, il est du devoir de tout homme civilisé de protester contre elles et contre les aspirations sauvages qui les enfantent, et d'affirmer hautement et sans cesse, en face des théories mensongères et insensées du socialisme moderne, qu'il n'existe pas en France un possesseur de biens, quelle qu'en soit la nature, qui ne les ait acquis par la voie de l'épargne et un travail accompli par lui ou par ses ancêtres.

Cette possession est donc légitime, et s'impose au respect de toute conscience loyale, probe et honnête, et consacre le principe du droit de propriété.

Maintenant, pouvons-nous dire que l'organisation la plus rationnelle de l'Assistance publique dans les campagnes a la prétention de faire disparaître de la Société le paupérisme qui nous désole ?

Tous les hommes qui ont consacré leur existence au soulagement des pauvres et à la recherche d'une solution à ce grave problème, ont adopté la négative.

La pauvreté, en effet, est aussi vieille que le monde et ne disparaîtra qu'avec lui. Et en proclamant qu'il y aura toujours des pauvres parmi nous, l'Evangile a dit une vérité qui ne peut être contestée.

Aussi n'est-ce pas la suppression de la pauvreté qui doit nous préoccuper, mais le soulagement des douleurs qui l'accompagnent. Car, si elle doit être éternelle, les souffrances et les misères qu'elle inflige peuvent être apaisées, et c'est là que nous devons tenter avec énergie.

C'est, en effet, un devoir pour l'homme qui en a le moyen d'assister son semblable.

En dehors de l'Assistance gratuite du pauvre, les philanthropes n'ont cessé de chercher d'autres moyens de soulager sa misère en l'associant lui-même à l'oeuvre de ce soulagement.

C'est dans ce but qu'ont été établis, avec le concours de l'Etat : les Monts-de-Piété, les Caisses d'épargnes, les Sociétés de Secours mutuels, etc.

Pour la pauvreté qui, d'après les distinctions que j'ai signalées, n'est pas encore l'indigence, et qui ne repose pas sur une cause permanente, ces institutions sont de précieuses ressources.

A l'ouvrier, qui a des habitudes de bonne conduite, d'économie et de prévoyance, la caisse d'épargne tend les bras, comme une Providence attentive à lui conserver les ressources de l'avenir et à recevoir, dans ce but, les moindres sommes qu'il veut bien lui confier.

A cet ouvrier, prévoyant et sage, la Société de Secours mutuels offre son concours pour l'associer à ses semblables et lui assurer, en cas de suppression de salaires, ou d'accidents imprévus, moyennant le versement mensuel d'une cotisation minime, les soins médicaux, et l'alimentation temporaire dont il a besoin.

Ce sont là des institutions patriotiques créées pour les pauvres travailleurs, exempts d'habitudes perverses, de dissipation et de paresse, et qui sont la sauvegarde de bien des misères dans les classes ouvrières.

Quant aux Monts-de-piété, ils sont destinés à rendre et rendent de grands services, mais seulement aux pauvres des villes qui ne subissent qu'une gêne momentanée dont j'ai déjà signalé le caractère. Cette catégorie de malheureux qui préfère grever son avoir mobilier d'un nantissement momentanné, plutôt que de tendre la main à l'aumône, devrait être particulièrement protégée, car cette attitude est un témoignage qu'elle entend respecter sa dignité de classe laborieuse et qu'elle a foi dans l'avenir et dans son travail pour reconquérir l'aisance que des circonstances malheureuses lui ont fait perdre.

En est-il ainsi ? Trouve-t-elle dans nos Monts-de-piété ce prêteur compatissant que l'esprit de leur création a voulu offrir aux classes nécessiteuses ?

Permettez-moi de répondre négativement, et de vous présenter quelques considérations à cet égard sur le Mont-de-piété le plus important de France : celui de Paris.

L'ouvrier que la gêne atteint se présente à cet établissement, lui demande un emprunt, et lui offre en garantie un objet mobilier qu'il lui dépose en nantissement de ce qu'on lui prête.

Avant de fixer la somme du prêt qu'il va faire, il fait estimer l'objet offert en gage, par un commissaire-priseur attaché au Mont-de-piété.

Cet officier ministériel atténue, largement, la valeur réelle de cet objet, en prévisions de sa baisse fortuite dans l'avenir, et c'est sur cette valeur diminuée que l'établissement opère son prêt.

Voici les proportions qu'il adopte pour règle : Sur les objets d'or et d'argent il prête les quatre cinquièmes (4/5mes) de la valeur estimée.

Sur tous les autres objets mobiliers il ne prête que les deux tiers de cette valeur.

Le prêt est fait pour une année.

Et d'après l'ordonnance royale du 16 août 1836, et une autre du 30 novembre 1840, le maximum des frais d'emprunt, intérêt, droits d'expertise, etc., compris, est fixé à 12 pour cent de la somme prêtée. Ces frais sont fixés tous les six mois par le conseil d'administration. Il est rare qu'il les fixe au maximum, mais il est reconnu que ces frais sont très lourds, et nullement en rapport avec le service rendu, ni avec la situation malheureuse de l'emprunteur que ces établissements ont cependant pour mission de protéger.

Ce prêt a plutôt l'apparence d'une opération que d'un secours.

Mais ce n'est pas là le plus grave danger qu'un emprunt, fait au Mont-de-piété, réserve au pauvre qui s'y adresse. En lui versant l'argent du prêt, cet établissement lui délivre une Reconnaissance au porteur, constatant la désignation des objets engagés, leur valeur et le prêt.

Si à l'expiration du délai accordé l'emprunteur ne rend pas la somme et ne retire pas les objets qui la garantissent, ces objets sont vendus à ses risques et périls par le commissaire-priseur attaché au Mont-de-piété.

Sur le prix réalisé, cet établissement prélève la somme prêtée et les frais, et dépose le surplus dans sa caisse au nom et au crédit de l'emprunteur, et si ce dernier ne vient pas retirer ce reliquat dans les 3 ans qui suivent la vente, il est prescrit au profit des hospices et versé dans leurs caisses.

La majeure partie des emprunteurs, gagistes, sur lesquels la gêne continue à peser, subit cette ruine.

Pour l'éviter, ils auraient une ressource dans la Reconnaissance des objets déposés qui leur a été délivrée, puisque cette reconnaissance, étant au porteur, et constatant avec le montant du prêt la valeur du gage, peut être cédée à un tiers qui retirerait les objets, en remboursant l'emprunt et en payant le surplus de leur valeur au cédant.

Mais ici encore la main de l'usurier a trouvé le moyen de glisser ses doigts crochus dans cette situation désespérée.

Toujours à l'affût des gens à exploiter, l'usurier, considérant que l'estimation des objets, faite pour fixer le prêt, a été bien au-dessous de leur valeur, et que, de plus, le prêt sur objets d'or et d'argent, a laissé un écart d'un cinquième, et celui d'un tiers sur les autres objets, s'est empressé d'ouvrir boutique par l'achat de ces reconnaissances, sachant bien que le pauvre emprunteur, se voyant dans l'impossibilité de rembourser son emprunt, préférera lui céder sa reconnaissance pour une somme minime et le substituer à sa place vis-à-vis du Mont-de-piété, plutôt que de les laisser vendre à l'enchère. Si la plus value des objets engagés est de 50 fr., par exemple, il se contentera de 10 fr. pour céder son titre et avoir de suite cette somme.

Ainsi, le Mont-de-piété qui devrait être la banque du pauvre qui s'y adresse n'est que la banque d'une spéculation spéciale qui consomme sa ruine.

On ne comprend pas comment les Pouvoirs publics tolèrent ce commerce coupable d'usuriers-brocanteurs qui abusent si effrontément de la détresse de leurs semblables.

Ils n'ont qu'à prescrire au Mont-de-piété de ne délivrer que des reconnaissances nominatives et incessibles, de les escompter lui-même en cas de besoin et de réduire l'intérêt des prêts, pour arrêter ce honteux négoce des brocanteurs avides.

Du reste de tels établissements ne pourraient pas avoir dans les communes rurales d'utilité pratique.

Je terminerai donc ces longues considérations en restant convaincu qu'au moyen de l'organisation de l'Assistance du pauvre dans les campagnes, comme dans les villes, on fortifiera chez lui l'esprit d'attachement au sol natal qu'il abandonne ; on arrêtera le mouvement de la dépopulation des communes rurales, si cruelle pour l'agriculture ; on resserrera les liens de la famille des travailleurs agricoles ; on paralysera le développement de la mendicité des faux-pauvres, et l'on rendra à la France, par le retour d'une moralisation que la mendicité nomade a tuée, le principe de sa force, de sa grandeur et de sa dignité.

(M. Kersanté, membre correspondant de la Société Nationale d'Agriculture de France, en 1886).

Note : M. Gardin de la Bourdonnaye admire le savant et complet travail de M. Kersanté et en adopte les conclusions, notamment la création de syndicats de la charité dans nos campagnes, rurales. Mais, ajoute-t-il, il est reconnu que la loi du 21 mars 1884 n'est pas applicable à ces sortes de syndicats ; il faut donc avant tout demander une loi analogue à celle de 1884, et qui aurait pour but de faciliter l'application de la forme syndicale à l'organisation facultative de l'assistance libre dans les villes et les campagnes. Toutefois, en attendant cette loi, on pourrait recourir, dans bien des communes, à la fondation de Conférences rurales, comme il en existe déjà beaucoup. Celles-ci peuvent s'établir partout où on trouve quelques propriétaires dévoués et plus ou moins aisés. Les membres actifs des conférences rurales se réunissent périodiquement et au moyen de quêtes et de cotisations annuelles ils organisent la distribution de secours à domicile, mais de préférence en bons de pain, aliments et vêtements qu'ils remettent eux-mêmes aux seuls indigents de la commune. De plus, certains membres procurent du travail, des journées à ces malheureux ou quelques parcelles de terre à cultiver. Ces conférences sont faciles à organiser par des gens habitant sur les lieux, comme M. de la Bourdonnaye l'a constaté lui-même, en ayant établi une en 1853, à Vezin, près Rennes. Mais il répète que tout en indiquant ce mode d'assistance dans les campagnes, il n'en attend pas moins et presse de tous ses voeux la loi qui accordera la liberté de l'association pouvant permettre de généraliser l'exercice de la charité et de l'assistance libre dans les campagnes et dans les villes. M. Kersanté répond qu'il n'a pas entendu mêler dans cette affaire la loi des syndicats professionnels : qu'il faut une loi donnant la liberté aux initiatives privées de constituer les bureaux qui formeront l'agence de cette organisation, comme la loi de 1884 a donné aux cultivateurs celle de se constituer en syndicats agricoles. M. le Vte Ch. de Lorgeril explique qu'il attribue en partie les fonds libres de sa commune à la réparation des chemins ruraux employant à ce travail des gens réduits à la mendicité. C'est une oeuvre très utile et en même temps charitable. On ne saurait trop pousser dans cette voie les communes où cela peut être appliqué. Enfin, M. Olivier, député des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), dit avoir habité pendant 7 ans une commune où la mendicité a été presque supprimée par le système d'adopter des pauvres ou des familles pauvres auxquelles on faisait des aumônes à jour fixe.

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