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LES PÈLERINAGES DES SEPT SAINTS DE BRETAGNE.

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Le pèlerinage des Sept Saints de Bretagne fut très-populaire en Basse-Bretagne, pendant tout le moyen-âge. On ne sait pas bien au juste à quelle date il remonte. On l'appelait aussi Tro Breiz, c'est-à-dire le tour de la Bretagne.

Malgré les dangers de toute sorte que couraient les voyageurs, dans ces temps ou les routes étaient généralement si mauvaises et si mal hantées, l'affluence des pèlerins était considérable. Il a été possible d'évaluer à 35.000 environ le nombre des personnes qui visitèrent, pendant une année, à la fin du XIVème siècle, l'église de saint Patern, à Vannes.

Ce pèlerinage se faisait a pied, en suivant une voie romaine (dit M. Le Men), qui, partant de Vannes, se rend à Quimper, en passant par Hennebont, la chapelle saint Pierre, en Rédéné, Quimperlé, Mellac, Le Trévoux, Bannalec, la Trinité, en Melgven, Locmaria-an-Hent, en Saint-Yvi, et sainte Amie de Guélen, en Érgué-Armel. Tout près du bourg de Locmaria-an-Hent, était une fontaine appelée encore, au XVIème siècle, Fontaine des Sept-Saints, qui était, au moyen-age, très-fréquentée par les pèlerins et dont, pour ce motif, le prieur de Locamand, à qui elle appartenait, tirait un certain revenu.

Après avoir visité les reliques de saint Corentin, les pèlerins devaient se rendre, par la route de Pleyben et de Morlaix, à Saint- Paul-de-Léon, d'où ils gagnaient successivement Tréguier, Saint- Brieuc, Saint-Malo et Dol, siège de l'évêché de saint Samson, en suivant la voie romaine la plus voisine du littoral.

Il existe encore, à peu de distance de ce parcours, des chapelles ou des fontaines qui ont conservé le vocable des Sept Saints.

Dom Lobineau nous apprend qu'en 1410, le duc de Bretagne Jean V fit voeu d'entreprendre le pèlerinage des sept Saints. « Ce fut à-peu-près dans le mesme temps, dit cet historien, que le duc fut malade de la rougeolle, à Rennes, et ce fut saris doute pour obtenir de Dieu la guérison de cette maladie qu'il fit voeu de faire le voïage des Sept Saints de Bretagne, dont il s'acquita en la compagnie du sire de Porhot. Ce voïage estoit une dévotion si en usage autrefois, qu'il y avoit un chemin tout au travers de la Bretagne, fait exprès, que l’on appeloit pour ce sujet le chemin des Sept Saints, dont on voit encore des restes au Prieuré de saint George, près Dinan » (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, tome I, p. 538).

Le même dom Lobineau dit encore, dans la préface de son Histoire de Bretagne : « En parlant du voïage des Sept Saints, autrefois fameux en Bretagne, et si usité, qu il y avoit mesme un chemin pavé destiné tout exprès, appelé pour cela le chemin des Sept Saints, dont j'ai veu des vestiges aux environs de Dinan, j'ai pu hésiter sur ces Saints, et n'ai osé assurer positivement si c’estoient les premiers évesques des anciens sièges Bretons, en y joignant celui de Vannes ; mais depuis... j'ai trouvé que je pouvois me prononcer avec assurance, que les Sept Saints n'estoient autres que ceux-là ; et qu'on voit encore, dans l'église de Quimper, au côté méridional de la porte du choeur, un ancien autel dédié aux Sept Saints, où ces sept évesques sont dépein avec leurs attributs tirez de leurs principaux miracles, et leurs noms au bas, qui sont : saint Paul, saint Corentin, saint Tugdual, saint Patern, saint Samson, saint Brieuc et saint Malo ».

On ne sait pas d'une manière précise à quelle époque le pèlerinage des Sept Saints de Bretagne cessa d'être en usage, dans notre pays, mais, comme on le voit par le testament de Nicolas Coëtanlem, il l'était encore en 1518, seulement, de nouveaux saints avaient remplacé deux au moins des anciens et l'itinéraire avait dû être modifié, sur certains points ; le parcours s'était étendu jusqu'à Nantes, et Saint Pierre, qui, comme on sait, n'était pas d'origine bretonne, avait remplacé saint Patern, et à Saint-Brieuc on avait substitué saint Guillaume, mais toujours à Saint-Brieuc.

ll y avait autrefois à Brest une chapelle des Sept Saints et une des rues principales de la ville s'appelle encore rue des Sept Saints. Mais, selon M. Levot, l'historien de la ville de Brest, cette chapelle était dédiée, non aux sept premiers évêques de Bretagne, mais, aux sept enfants martyrs, c'est-à dire aux sept enfants de sainte Félicité et la fête patronale se célébrait le 10 juillet.

Il existe dans la commune du Vieux-Marché, autrefois Plouaret, arrondissement de Lannion, une chapelle des Sept Saints qui présente cette particularité curieuse et rare d'être bâtie en partie sur un ancien dolmen, qui forme crypte sous le transept méridional. Là encore, comme en maints autres lieux, le christianisme a sanctifié et détourné à son profit le culte qui s'attachait à un monument payen, dont il ne pouvait éloigner la dévotion populaire. Les Sept Saints que l'on vénère dans cet oratoire préhistorique ne sont plus les sept premiers évêques de Bretagne, mais bien les sept Dormants d'Ephèse, et aucun doute n'est permis à cet égard, car leurs noms sont inscrits en toutes lettres sur les socles de leurs statues ; Constantin, Sérafein (sic), Jean, Denis, Martineau, Marc et Maximilien. Or, dans la Légende dorée de Jacques de Voragine il est dit que les sept victimes de l'empereur Decius s'appelaient : Maximien, Malthus, Martinien, Denis, Jean, Sérapion, et Constantin. Malchus, seul, ne figure pas dans la liste bretonne, car Martineau et Martinien, Serafein et Sérapion, Maximilien et Maximien sont les mêmes noms, légèrement altérés.

On sait que l'empereur Decius fit murer les sept frères, dans une caverne du Mont Celion, près d'Ephèse, où ils s'étaient cachés pour fuir la vengeance du tyran outré de colère de ce qu'ils refusaient d'adorer ses idoles. Ils restèrent, dit la tradition, 372 ans dans la caverne, plongés dans un sommeil léthargique, et en sortirent, au bout de plus de trois siècles et demi, aussi jeunes et aussi bien portants que quand ils y étaient entrés. De Voragine dit à ce sujet : « On dit qu’ils avaient dormi trois cent soixante-douze ans, mais, cela n'est pas certain, car ils ressuscitèrent l'an du Seigneur quatre cent quarante-huit, et Decius régna un an et trois mois, en l'an 252, de sorte qu'ils ne dormirent que cent quatre-vingt seiz ans ; » ce qui est déjà un fort joli sommeil, il faut en convenir !

Comment le culte des sept Dormants s'est-il ainsi implanté en Basse-Bretagne ? Je présume que voici à peu-près comment les choses se seront passées : lorsque le dolmen, débarrassé du tumulus qui devait le recouvrir, à l'origine, fut ouvert et fouillé, à une époque inconnue, on y découvrit, nous assure la tradition orale du pays, sept statuettes grossières. Ces statuettes, qui étaient en pierre ou en terre cuite et n'avaient par conséquent aucune valeur réelle pour des paysans qui n'étaient pas archéologues, furent rangées sur une pierre, au fond de la caverne et y devinrent bientôt l'objet d'un culte et d'un pèlerinage populaires ; Le clergé, impuissant à détruire l'adoration rendue à des idoles payennes, procéda, comme en tant d'autres lieux, où l'on voit des croix gravées sur des menhirs et des images de saints ou de saintes vierges placées dans des niches, au-dessus des bassins de fontaines d'origine payenne et dont les eaux sont encore réputées posséder des vertus curatives pour certaines maladies ou afflictions morales. Les pèlerins laissaient toujours leur obole dans le sanctuaire, avant de se retirer, et, au lieu de le détruire, on trouva plus opportun et plus profitable de le conserver, en le sanctifiant. L'on bâtit donc dessus une chapelle chrétienne, et, comme la légende des sept Dormants d'Ephèse, introduite en Gaule par Grégoire de Tours, au commencement du VIème siècle, était connue de quelque curé du voisinage, peut-être celui de Plouaret, et qu'il voyait quelqu'analogie entre les sept frères d'Ephèse et les sept statuettes conservées comme eux dans une caverne, pendant plusieurs siècles, sans doute, il dédia la nouvelle chapelle aux sept Dormants d'Ephèse, sous le vocable des Sept Saints. C'est, du reste, l'histoire d'une foule de places saintes d'aujourd'hui.

(M. Luzel).

 

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LE PÈLERINAGE DES SEPT-SAINTS DE BRETAGNE.

Le pèlerinage breton par excellence était, au moyen-âge, celui qu'on faisait en l'honneur des Sept-Saints de Bretagne : on désignait ainsi, dès le XIIème siècle, « sept personnages qui sont, à plus d'un titre dans l'ordre spirituel, les vrais Pères de la province de Bretagne, chacun d'eux ayant défriché, au prix de mille fatigues, et rendu féconde, par l'efficacité de sa prédication et de ses miracles, une portion plus ou moins large du vieux sol armoricain. Aussi la postérité reconnaissante les a-t-elle toujours regardés, depuis leur glorieux trépas, comme les patrons des sièges épiscopaux qu'ils avaient occupés de leur vivant. La piété a fait plus encore : elle les a proclamés patrons universels de la presqu'île armoricaine, elle a établi en leur honneur ce célèbre pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne, que nul Breton n'eût voulu se dispenser, dans les âges de la foi, d'accomplir à quelque moment de sa vie » (Dom Plaine, Bulletin de l'Association bretonne, classe d'archéologie, 1879, p. 72).

Dom Lobineau nous apprend qu'en 1410, le duc de Bretagne, Jean V, fit vœu d'entreprendre le pèlerinage des Sept-Saints. « Ce fut à peu près dans le même temps, dit cet historien, que le duc fut malade de la rougeolle, à Rennes, et ce fut sans doute pour obtenir de Dieu la guérison de cette maladie qu'il fit vœu de faire le voïage des Sept-Saints de Bretagne, dont il s'acquitta en compagnie du sire de Porhoët. Ce voïage estoit une dévotion si en usage autrefois qu'il y avoit un chemin tout au travers de la Bretagne, fait exprès, que l'on appeloit, pour ce sujet, le chemin des Sept-Saints, dont on voit encore des restes au prieuré de Saint-Georges, près Dinan » (Histoire de Bretagne, I, 538).

Dom Lobineau dit encore, dans la préface de son Histoire de Bretagne : « J'ai trouvé que je pouvois prononcer avec assurance que ces Sept-Saints n'estoient autres que les premiers évesques des anciens sièges bretons, en y joignant celui de Vannes. On voit encore dans l'église de Quimper, au costé méridional de la porte du chœur, un ancien autel dédié aux Sept-Saints, où ces sept évesques sont dépeints avec leurs attributs, tirez de leurs principaux miracles, et leurs noms au bas, qui sont : saint Pol, saint Corentin, saint Tugdual, saint Patern, saint Samson, saint Brieuc et saint Malo ».

Le pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne, appelé aussi Tro Breiz, le tour de la Bretagne [Note : La Bretagne proprement dite ne comprenait point, à l'origine, les évêchés de Rennes et de Nantes, qui ne lui furent annexés qu'au IXème siècle], remontant à la plus haute antiquité, fut extrêmement populaire pendant tout le moyen-âge. « Il se renouvelait, à la fin du XIVème siècle, dans l'évêché de Vannes, quatre fois par an : à Pâques, à la Pentecôte, à la Saint-Michel en septembre, et à Noël. Ces quatre époques s'appelaient les Quatre temporaux ; la durée de chacun d'eux était d'un mois, c'est-à-dire qu'ils commençaient quinze jours avant et finissaient quinze jours après chacune des quatre fêtes dont ils empruntaient les noms. Au commencement du XVème siècle, ce pèlerinage n'avait lieu que deux fois par an, dans le diocèse de Quimper » (Le Men. Monographie de la cathédrale de Quimper, 191).

Les anciens statuts du Chapitre de la cathédrale de Rennes mettaient le pèlerinage des Sept-Saints de Bretagne sur le même rang que les voyages de dévotion faits à Rome, à Jérusalem ou à Compostelle ; tout chanoine de Rennes ayant entrepris l'un ou l'autre de ces grands pèlerinages, était considéré comme présent en la ville épiscopale et pouvait, en conséquence, toucher, pendant son absence effective, les gros fruits de sa prébende.

Malgré les difficultés du voyage, l'affluence des pèlerins était considérable quand il s'agissait de visiter les tombeaux et les reliques des Sept-Saints bretons. Il a été possible d'évaluer à trente-cinq mille environ, le nombre des personnes qui visitèrent, pendant une année, à la fin du XIVème siècle, l'église de Saint-Patern, à Vannes, où l'autel sur lequel on exposait les reliques de ce saint, pendant la durée du pèlerinage, était contigu à la grille du chœur, comme l'était l'autel des Sept-Saints, dans la cathédrale de Saint-Corentin (Voy. abbé Luco, Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1874, p. 27).

Ce pèlerinage se faisait ordinairement à pied, en suivant une voie gallo-romaine qui, partant de Vannes, se rendait à Quimper, en passant par Hennebont, Quimperlé, Bannalec et Locmaria-an-Hent, en Saint-Yvi. Tout près de Locmaria était une fontaine, appelée encore au XVIème siècle Fontaine des Sept-Saints, qui était au moyen-âge vénérée des pèlerins, et dont, pour ce motif, le prieur de Locamand, à qui elle appartenait, tirait un certain revenu. Après avoir visité, à Quimper, les reliques de saint Corentin, les pèlerins devaient se rendre, par Pleyben et Morlaix, à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. De là ils gagnaient Tréguer, en passant à Lannion et à la chapelle des Sept-Saints, en Vieux-Marché. Les reliques de saint Tugdual vénérées, ils se dirigeaient vers Saint-Brieuc, et, au sortir de cette dernière ville, ils rencontraient, en Iffiniac, une autre chapelle des Sept-Saints, avec une belle fontaine à côté, contenant les sept statues de ces bienheureux. Ils gagnaient ensuite Saint-Malo, en suivant probablement la côte, de façon à passer à Erquy, où se trouve encore une chapelle des Sept-Saints. De Saint-Malo à Dol, il n'y a qu'un pas ; mais quand il fallait, du tombeau de saint Samson, se rendre à celui de saint Patern, à Vannes, besoin était d'avoir de bonnes jambes ; on faisait ce trajet par Dinan et Ploërmel. Tout porte à croire que la grande vogue du pèlerinage des Sept-Saints s'affaiblit peu à peu pendant le XVIème siècle. Les guerres de la Ligue rendirent souvent impossible l'accomplissement de cet acte de piété. Aujourd'hui, la dévotion envers les Sept-Saints de Bretagne, pris ensemble, n'existe plus, mais nous n'en continuons pas moins de vénérer en particulier chacun de ces bienheureux, et nous répétons volontiers cette strophe de la liturgie cornouaillaise : Septem Sanctos Britannicos - Veneremur et in ipsis demiremur - Septiformem gratiam [Note : Nous vénérons les Sept-Saints bretons, et nous admirons en eux les sept formes de la grâce divine].

Toutefois il faut avouer que si nous allons encore prier dans les sept villes épiscopales de l'ancienne Bretagne, ce ne sont plus partout les mêmes saints que nous y honorons de préférence : ainsi, à Vannes, on ne va plus en l'église Saint-Patern, mais bien en la cathédrale, où l'on vénère saint Vincent Ferrier plutôt que le premier évêque vannetais ; à Tréguer, le culte de saint Yves éclipse celui de saint Tugdual ; à Saint-Brieuc, le tombeau de saint Guillaume reçoit d'autant mieux les hommages préférés des chrétiens qu'il est présentement l'objet d'une restauration méritée ; à Saint-Malo, c'est également le tombeau de saint Jean de la Grille qu'on vénère surtout depuis plusieurs siècles. Restent Quimper, Léon et Dol, dans les cathédrales desquelles les reliques de saint Corentin, saint Pol et saint Samson sont encore honorées de préférence aux restes des autres saints [Note : Il faut aussi noter que plusieurs chapelles, primitivement dédiées aux Sept-Saints de Bretagne, le sont aujourd'hui aux Sept Dormants d'Ephèse, ou aux sept fils de sainte Félicité. Les Bretons ont même, dans leurs contes populaires, inventé encore d'autres Sept-Saints. Voy. Fouquet, Légendes du Morbihan, 62. — Oheix, Bretagne et Bretons, 176].

Quoi qu'il en soit, ne perdons pas pour cela le souvenir et le culte de nos premiers apôtres. « Ces brillantes lumières, disait le Vénérable P. Maunoir, furent envoyées par Dieu dans les dernières limites de la Gaule celtique, pour dissiper les ténèbres de l'infidélité » : saint Pol à Léon, saint Tugdual à Tréguer, saint Samson à Dol, saint Patern à Vannes, saint Corentin à Quimper, saint Brieuc et saint Malo dans les villes qui portent leur nom. N'oublions point — maintenant même — « ces beaux astres de l'Eglise, » et si nous ne faisons plus à pied le Tro Breiz de nos pères, aimons néanmoins à nous rendre, comme autrefois, au pied des reliquaires contenant les ossements de ces grands saints, et faisons volontiers encore le tour de la Bretagne, pour admirer les belles cathédrales de nos anciennes villes épiscopales et pour prier là où prièrent les fervents et courageux pèlerins du moyen-âge.

(abbé Guillotin de Corson).

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