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LE POUTRECOAT OU POUTRECOET OU PORHOET

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COUP-D'ŒIL SUR LE POUTRECOAT.

Ce n'est pas assez d'avoir réuni les principaux actes des sires de Porhoët et de Rohan. Il nous reste à donner une idée exacte du milieu social où ces actes se produisirent.

Sans tenir compte de nos premiers tâtonnements dans l'introduction aux Anciens Evêchés, nous acceptons carrément les limites assignées par M. de La Borderie au Poutrecoët, savoir : de Guichen et Montfort jusque vers Rostrenen, de l'est à l'ouest; de Corlay à Camors et de Miniac à Saint-Ganton, du nord au sud (Revue de Bretagne et Vendée, nov. 1874, p. 353). Soit une longueur d'environ 30 lieues, sur une largeur de 15 à peu prés.

A cheval sur l'arrête boisée qui séparait les deux versants de la péninsule, il dominait à la fois les terres basses qui descendent à la Manche et les riches contrées qui s'inclinent plus doucement vers la Loire. Du sommet de leurs rochers escarpés, du fond de le leurs forêts impénétrables, ses guerriers, montés sur leurs infatigables petits chevaux, pouvaient s'élancer brusquement là où les appelaient leurs passions ou leurs intérêts. Ils avaient toujours une retraite assurée pour leurs personnes et leur butin. Aussi, un siècle à peine après l'organisation du fief, nous avons vu ces hordes redoutables se dresser contre leur suzerain, le comte de Rennes, le battre et le faire prisonnier. Et bientôt après, quand Rennes a besoin d'un chef, c'est le leur qu'on va chercher. Heudon II est écrasé par les forces du roi d'Angleterre ; mais, dix fois vaincu, il n'est jamais soumis ; le roi Henri II et son fils Geoffroy finissent par être forcés de le laisser mourir en paix à la tête de son Porhoët, avec son titre de comte.

Au commencement du XIIIème siècle, ce centre militaire se disloqua. Mais le Rohan avait grandi, et une nouvelle force se trouva constituée. Elle était déjà assez respectable pour que les deux premiers et habiles ducs de la maison de Dreux recherchassent son alliance. Cette alliance avec une des rares familles qui avaient déjà subi une excommunication était d'ailleurs naturellement indiquée aux Mauclerc, si souvent brouillés avec l’Eglise. Ce rapprochement intime de la maison régnante et des Rohan valut à ceux-ci la belle et ancienne baronie de Lanvaux. Leur puissance morale et matérielle en fut très-accrue, et ils pénétrèrent par là dans le Broërec.

Au milieu du XIVème siècle, leur entrée dans la maison de Léon leur donna le rang de juveigneurs de Bretagne, que les sires de Vitré purent seuls leur contester après l'extinction de la famille de Goëllo. De plus, ils eurent par là ce qu'ils convoitaient depuis longtemps, des ports de mer.

Un demi-siècle après, ils recueillirent ce qui restait du Porhoët. Ils tenaient alors 164 paroisses entre Rennes et Vannes, et le littoral entre le Douron et la rivière de Landerneau [Note : Voici comment l'enquête ouverte pour les préséances aux Etats délimitait le Rohan du XVIIème siècle : « Depuis une lieue de Malestroit devers Josselin jusqu'à la forêt de Quintin et au pont Guingant en Penthièvre ; depuis la forêt de Brécilien joignant la paroisse de Campanac et le régalle de Saint-Malo-de-Baignon jusqu'aux sables de Rostrenen. Le parc de Lanvaux de Plemoguen , et, par autre part, depuis la forêt de Brehun et à la croix peinte à trois lieues de Vannes jusqu'aux forêts du château de La Hardouinaie, à deux lieues par delà la lande du Mené ». Les titres mêmes que prenaient les principaux officiers du Rohan faisaient encore ressortir la grandeur de cette maison. Ainsi son sénéchal s'intitule en ses aveux : « Ancien sénéchal héréditaire et féodé de Rohan, baron de Carcado et du Bot au Sénéchal, Brohais , Queslen, comte d'Apigné, seigneur d'assigné, Malviile, Le Gué de L'Isle, la Rivière, La Feillée, Belle-Isle, etc... ». Le château de Carcado et sa haute-justice étaient en Saint-Gonéry ; cette famille qui se nommait Le Sénéchal y exercait le droit de quintaine. Carcado fut élevé en baronie en 1621].

La pièce la plus intéressante que l'on connaisse sur l'état ancien du Rohan est l'usance que nous donnons ci-après. On remarquera que la tenure générale est le convenant, succédant — nous l'avons précédemment démontré — à la quevaise, dont les traces se retrouvent encore dans la châtellenie de Corlay. Les points les plus saillants de cette coutume locale sont : l'ordre d'hérédité renversé (c'est le plus jeune qui hérite), et le paiement des redevances en trois termes, au lieu de deux, comme dans le reste de la Bretagne.

Quant aux aveux, ils ne remontent pas haut : nous n'avons pu en retrouver au-delà de 1471. Celui de 1519 est plus détaillé ; nous le rapprochons de ceux de 1562, 1576, 1638, 1682, pour y puiser les notions que nous croyons utile de reproduire ici [Note : Ces aveux nous ont été fournis par les archives de Vannes, de Rennes, de Nantes et de Kerguehennec. Nous en avons procuré une belle copie aux archives des Côtes-du-Nord].

Dans sa forme dernière, le Rohan, duché-pairie, se composait encore de six membres : 1° Pontivy (devenu le premier, la tête du fief) ; 2° Rohan, 3° La Chèze, 4° Loudéac, 5° La Trinité, et 6° Gouarec [Note : Le 1er membre s'étendait aux paroisses de Bignon, Bieuzy, Saint-Caradec, Cléguerec, Malguénac, Croisonnec, Mouriac, Moustoir-Rumengol, Mûr, Naizin, Guern, Noyal, Merléac, Ploumeliau, Saint-Gonery, Saint-Jean-Brélevay, Segliou, Stival ; le 2ème membre, aux paroisses de Saint-Allouestre, Bulliou, Credin, Saint-Fiacre, Saint-Gouvry, Radenac, Beguigny, Saint-Samson, Saint-Gonoery ; le 3ème membre, sur Bréhan, Saint-Etienne, et à quelques points de Londéac, La Prénessaye, Saint-Samson, Saint-Thélo, Trévez ; le 4ème, Cadelac, Grâce, Saint-Hervé Saint-Maudan , La Motte , Saint-Samson , Saint-Thélo et Trévez ; le 5ème, Laurenan, Mohon, Plémet, Plumieux, La Trinité ; le 6ème, Sainte-Brigitte, Clégnerec, Saint-Gilles, Saint-Igneuc, Lescouët, Pellan, Perret, Plougnernével, Silfiac. — De ces six membres , trois avaient des châteaux-forts : Pontivy, Rohan et La Cheze ; Loudéac n'en avait pas, mais aurait pu en avoir ; en attendant, les habitants payaient le droit de guet. Comme La Cheze et Corlay, le Gué-de-l'Isle, Naizin et Kergrois, en Moustoir-Rumengol, étaient des juveigneuries de Rohan, dont elles ne relevaient pas à ce titre. Les autres maisons nobles en relevaient, y compris Carcado. Parmi les redevances auxquelles elles étaient astreintes, nous remarquons des paires d'éperons dorés, avec garniture en velours, des aiguillettes de soie verte, etc. Les Rohan, qui s'étaient faits grands industriels, ne pouvaient interdire le commerce à leurs vassaux nobles ; aussi il en était qui devaient une rame de papier fabriqué par eux]. Il contenait en longueur douze lieues bretonnes — étroites et longues, dit le proverbe — et en largeur sept lieues. C'était loin de l'ancien Rohan, dont s'étaient détachés Josselin, Lanvaux, le Léon et ses cinq châtellenies [Note : Saint-Renan, Daoudour, Landerneau, Morlaix, Lanmeur, Lesneven], le Guémené, y compris, la seigneurie de Corlay, c'est-à-dire l'est, l'ouest et le sud du fief primitif. Mais il contenait encore Rohan, ce premier rameau détaché du Poutrecouët, et l'antique castrum des Salles, dans la paroisse de Noyal, remplacé par le château de Pontivy [Note : Les aveux mentionnent aussi en Noyal les ruines d'un château plus ancien encore que celui des Salles et dit de La Motte. — En Cléguerec, au membre de Gouarec, on voyait aussi les vestiges d'un château-fort nommé les Salles-Rohan : tout près étaient les Forges, encore existantes].

Dans celui-ci, nous n'avons remarqué aucune partie remontant au-delà du commencement du XIVème siècle. Une portion notable des bâtiments porte l'élégante décoration du XVème siècle. Quelques saillants y ont été ajoutés au XVIème siècle, par suite de l'usage plus répandu des armes à feu dans l'attaque et la défense des places. C'était un rectangle cantonné de quatre grosses tours, plus un donjon, « lesquels, dit un aveu, sont joints de trois corps de logis et une chapelle, avec leurs couvertes, parapets, machicoulis, flancs, canonnières, défenses, cours, écuries, douves, fossés, remparts, terrasses, éperons, portes fermantes, barrières, ponts-levis, ponts dormants, petits jardins sur les remparts [Note : Tout cela est très fort, très-beau sans doute ; mais qu'est-ce encore, près de la somptuosité véritablement princière de Josselin ?] ; auquel château y a droit de mettre capitaine, lieutenant, concierge et portier, avec droit de garde et de guet, de cinq sous sur chaque feu, avec droit de charrois tant pour l'approvisionnement du château que pour construction ou réparation de tout édifice d'utilité publique ».

L'aveu ajoute : « La ville close de murs, fossés, ponts-levis, de Pontivy, avec ses quatre portes de Saint-Brieuc, Rennes, Dinan et Carhaix ; ses moulins à blé et à tan, four et pressoir banal, où tous doivent presser leur cidre ; juridiction supérieure de Pontivy, relevant directement du Parlement, avec trois audiences par semaine et quatre pletz généraux par an ; prisons touchant l'auditoire, avec gouverneur, geoliers et gardes [Note : Ces geôliers prélevaient un pot par pipe de vin vendu en ville], chambres, cachots, et basses fosses ; ceps, colliers et poteaux sur le Martray, six patibulaires en taille dans la lande de la justice, près de la ville ; chambre des comptes, avec maîtres, auditeurs et autres officiers ».

Voilà bien toute une tête de grand fief que nous allons voir se compléter tout-à-l'heure. Mais déjà nous pouvons reconnaître que tout ce système fut organisé lorsque, le Porhoët étant disloqué, le Rohan, qui grandissait toujours, eut besoin d'une tête qui eût été trop à l'étroit dans le petit château de Rohan. Bientôt même Pontivy fut jugé insuffisant, et Blain fut préféré, sans doute pour se rapprocher de Nantes, où s'accomplissaient les derniers actes de l'autonomie bretonne.

Les aveux mentionnent, au village de Buzy, un autre centre militaire qui parait avoir été important : « Sur la montagne de Castenec, le Castel-Noëc, jadis très-grande forteresse, presque entièrement entourée du Blavet, où ne restent plus que des vestiges de murs, tours, donjons et douves ». Trois prieurés, avec leurs églises, avaient été fondés autour de ces ruines imposantes : La Trinité, Saint-Guédas et Notre-Dame de La Couarde [Note : De ces curieux débris, dont l'origine semble remonter au paganisme , il ne reste plus que la Vénus de Kinipily, près de Baud]. De l'autre côté du Blavet, et comme gardien du très-ancien pont de Saint-Nicolas, le prieuré du même nom.

A part ces motoyers du Léon dont nous nous sommes assez souvent occupés pour n'avoir pas à y revenir en ce moment, la forme générale de tenure en Porhoët et Rohan était, avons-nous dit, le domaine congéable. La possession de la superficie du sol et les constructions de toutes sortes appartenaient au tenancier : la propriété du fond restait au seigneur, avec droit de congément, c'est-à-dire de reprise du domaine, en remboursant les édifices.

Une autre redevance que nous devons signaler, parce que nous la croyons particulière au Rohan, c'est la trevise, chef-rente acquittée par les trévisiers, soit en froment, soit en avoine.

Les aveux énumèrent ainsi les autres droits seigneuriaux :

Collation à tous les grades ou emplois civils ou militaires, à tous les bénéfices et fondation, avec tous droits de prééminence, armoiries, litres, enfeux, etc., dans toutes les églises, chapelles, abbayes, prieurés, couvents et hôpitaux [Note : L'administrateur de l'hôpital de Pontivy devait, le 25 mars, au prône de la grand'messe, apporter un cierge en cire blanche aux officiers du vicomte, qui l'offraient aussitôt à l'officiant pour le service de l'autel. Cet hôpital ou Maison-Dieu devait de plus au vicomte, comme fondateur, une rente de six deniers et une paire de gants blancs]. La mouvance proche, juridictions, fiefs, hommages et autres droits sur les abbayes et couvents, tels qu'ils sont définis dans la déclaration des ducs de Bretagne, en date du 20 septembre 1420 [Note : C'était le moment où un Rohan venait de rendre la liberté et la couronne au duc Jean V, qui ne marchandait pas alors sa reconnaissance]. La foi, hommages, chambellenage, lods et ventes, rachats et sous-rachats, et tous autres devoirs seigneuriaux et féodaux de droits et coutumes, tant sur les fiefs et terres nobles, héritages roturiers, que domaines convertis en héritages et autres tenures et redevances, tant en proche qu'arrière-fief, quand le cas advient, avec tous droits de déshérence, aubaines, confiscations, amendes civiles et criminelles, successions de bâtards ; tous droits de punition sur les délinquants, sur les terres de la vicomté, jusqu'au feu inclusivement, comme les anciens barons ».

L'échange, c'est la circulation, c'est la vie des peuples ; à tous les âges, il a occupé une large part dans les institutions. Nous avons vu les plus anciennes exhibitions commerciales se développer en toute liberté dans les lieux inhabités, et le plus souvent sur les hauts lieux, comme à Marc'hallac'h (le marché des chevaux), à Menez-Brez, à Mont-Bran, etc. La féodalité conserva la plupart de ces foires, devenues d'ailleurs insuffisantes pour une population plus serrée ; et elle en créa de nouvelles pour les agglomérations auxquelles elle avait donné naissance. Les seigneurs entourèrent ces foires de protection et de franchises ; et la religion, si profondément mêlée aux institutions du moyen-âge, ne manqua pas d'apporter sa sanction à celle-ci.

Pontivy n'eut pas moins de trois grandes foires [Note : Elles avaient leur nom : la Noyale (transportée du Vieux-Château), la Housaie et la Breslade], de huit à dix jours de durée chacune, toutes franches et exemptes de tout devoir de billot et autres, plus dix petites pour fil, laine et toiles. La veille de la première de ces foires, le recteur, avec tout son clergé, escorté de tous les officiers de la juridiction, se rendait processionnellement à la chapelle et à la fontaine de Saint-Yvy, patron de la ville. Des prières publiques étaient dites pour appeler les bénédictions du ciel sur les transactions qui allaient s'ouvrir ; puis le procureur fiscal appelait tous les sergents devant le sénéchal, sans doute pour leur rappeler leurs devoirs de surveillance. Le gouverneur des prisons fournissait une gaule ou baguette aux armes de Rohan ; on y attachait un gant avec un ruban fourni par les merciers de la ville et une aiguillette en soie. Le tout était solennellement porté devant les officiers, qui se rendaient en grande pompe, précédés des sonneurs et ménétriers, jusqu'à la place du Martray [Note : De marc’had, marché. Presque toutes les villes avaient leur Martray ou Martroy], « pour signe et marque de liberté aux marchands de trafiquer et enlever leurs marchandises le lendemain hors de ladite foire ». Aussitôt après, les habitants du village de Castel-Noec ou Castenec devaient présenter aux officiers, sur le pont du Martray, la tête et la courée d'un chevreau entre deux plats d'argent. La cause et le sens de cette coutume sont depuis longtemps perdus.

A chaque foire, avant que le gant ne fût levé et la liberté des transactions ainsi proclamée, le seigneur s'approvisionnait de denrées de toutes sortes. Les chevaux, — la principale industrie du Rohan, avec la métallurgie et les toiles, c'est-à-dire les trois objets indispensables à l'homme de guerre — les chevaux étaient présentés à la barrière de la cour d'honneur, dans l'intérieur du château. Le seigneur faisait son choix, sur une mise à prix fixée par les officiers de la juridiction. Le sergent de Gouarec, armé d'une masse armoyée, surveillait l'opération.

Le seigneur ainsi pourvu, les officier, s'en allaient ouvrir la foire, au son joyeux de la musique ; car, nous l'avons plus d'une fois constaté, le caractère de ce peuple, triste et sombre aujourd'hui, c’était la gaieté au moyen-âge. Cette féodalité qu'on ne nous montre qu'entourée de tortures et de bourreaux, était rieuse comme la jeunesse. Voyez plutôt :

Le lundi de Pâques, les bouchers pour se consoler des bénéfices qu'ils avaient vu faire aux poissonniers pendant le carême, et mettre fin au règne de ceux-ci, les traînaient dans de petites çharettes jusqu'à la rivière près de l'hospice et les jetaient à l'eau, que les poissonniers devaient traverser en entier. Le lendemain se courait la quintaine par les nouveaux mariés : les trois lances étaient rompues, non à cheval comme partout ailleurs, mais sur une planchette pour laquelle les cordiers fournissaient de petites roues et les cordes d'attelage [Note : Le sort des cordiers paraît avoir été plus doux dans le Rohan qu'ailleurs. Nulle part nous ne les voyons sequestrés sous le nom de cacous ou caquins. Toutefois, ils avaient leur chapelle, sous le vocable de saint Armel, comme la caquinerie de Saint-Brieuc. Ils fournissaient les cordes pour les cloches, pour les gibets et pour les puits du château. Ils étaient admis dans les réjouissances publiques : ceux de Loudéac et de La Feillée se présentaient montés, avec selle, bride et éperons, comme les nouveaux mariés qui allaient courir la quintaine. Comme eux ils faisaient trois fois le tour de l'église à cheval, tenant une baguette blanche à la main ; puis, un genou en terre, ils offraient aux officiers de la juridiction un bouquet de houx, emblème de leur vie amère]. Nous laissons à penser les ébats de la foule devant l'équilibre instable des pauvres mariés, que traînaient avec toutes sortes d'espiègleries les « rouleurs de vin ».

Puis venait le jeu de la soule, si cher aux Bretons. Le dimanche et le mardi gras, le sénéchal lançait deux soules, l'une pour les garçons, l'autre, plus forte, pour les gens mariés [Note : C'étaient les nouveaux mariés qui la fournissaient dans le membre de La Trinité ; partout ailleurs, elle était fournie par le seigneur]. Et chacun déployait toute sa force, toute son adresse pour s'emparer et conserver l'objet envié de tous, et souvent disputé non-seulement entre individus, mais souvent de paroisse à paroisse. Si ce rude jeu, emblème des hochets jetés en pâture aux ambitieux, amenait une grêle de coups, si les penn-baz se mettaient trop souvent de la partie, rien n'était plus propre que cette gymnastique, avec ses scènes bouffonnes, à développer la vigueur et la souplesse physique, dans un temps où ces qualités jouaient un si grand rôle.

Le Poutrecoat, le pays des bois, en comprenait le prix, surtout depuis que l'immense massif de Breciliande avait disparu, ne laissant derrière lui que quelques forêts de médiocre étendue, telle que Bringuilly, Loudéac, Quénécan, Poulancre, Lanoë., Merdrignac. La plus grande partie était aux mains des Rohan, et ce fut le principal instrument de leur grande fortune. De très-bonne heure ils surent y arrêter le gaspillage, et s'y créer des ressources considérables, tant par une sage exploitation que par plusieurs industries.

Dans la seconde partie de cet ouvrage (Anc. Ev. de Bret. III, Prot. CXXX et suiv.), nous avons donné un aperçu général du Coutumier des forêts de Rohan, ce qui nous dispense d'y revenir ici. Faisons toutefois remarquer que cette législation, qui affectait de régler sur celle des forêts de la couronne de France son luxueux cadre de grand-maître, de verdiers, de sergents-forestiers et de sous-gardes, réunissait en réalité tous les anciens usages de cette partie de la Bretagne, tant au point de vue de l'aménagement qu'au point de vue des concessions. Ces forêts étaient assez mal habitées, et la police n'y était pas facile. La plupart de ceux qui s'y retiraient avaient eu des démêlés avec la justice, et ne cherchaient là qu'un moyen d'exercer plus à l'aise leurs coupables industries. De plus, les bergers brûlaient au printemps des cantons entiers, pour se donner des pâturages plantureux. De sorte qu'il y avait beaucoup à faire pour conserver des bois propres aux constructions de terre et de mer, du combustible aux forges et de vastes étendues pour les troupes de chevaux qui s'y élevaient en liberté.

Le gibier y était défendu avec soin, contre toute attaque autre que les chasses régulières du seigneur [Note : Parmi les chasses que se réservait le seigneur, outre celles à chiens, nous en remarquons à toiles, à retz, à filets, contre les bêtes fauves et noires. Certains vassaux étaient astreints au droit de haro ou de rabatteurs ; d'autres devaient traquer les troupeaux de chevaux sauvages, pour y choisir des sujets à l'usage du seigneur] : ce n'est guère que là que les cerfs et chevreuils se sont conservés en Bretagne. Le régime des eaux était également réglementé, surtout au point de vue du poisson, qui prenait ainsi une part notable dans l'alimentation publique.

Tant que les Rohan habitèrent leurs domaines, ils y développèrent vigoureusement l'agriculture [Note : Non-seulement ils poussaient à l'élevage du cheval et du bétail de toutes sortes, mais encore ils cherchaient à déraciner les pratiques agricoles défectueuses. Ainsi le bail de la seigneurie de Corlay, en 1502, interdit formellement l'écobuage] et l'industrie, nous l’avons vu. Avec de nombreuses foires, il leur fallait de bonnes routes : leur voirie fut toujours soignée. Plusieurs routes, comme celles de Pontivy à Rohan, furent entièrement plantées ; mais l'absentéisme fit disparaître cette belle vicinalité. Nous avons vu, dans notre jeunesse, de beaux pieds d'arbres pourrir sur le sol, surtout aux environs de Bon-Repos, et cela faute de chemins pour les enlever. Le mal ne s'est pas borné là : des centres commerciaux ont disparu, comme Saint-Léon, et les autres, Uzel, Pontivy, Josselin, Loudéac, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Si la famille de Rohan se montra, dans son beau temps, toujours attentive à améliorer par le travail le bien-être des populations, elle ne fut pas moins soucieuse de leur développement moral, tant qu'elle ne se jeta pas dans l'ultra libéralisme religieux du XVIème siècle. D'autres fiefs avaient une abbaye ; celui-ci n'en compta pas moins de sept ou huit, savoir : Bon-Repos, Lantenac, Lanvaux, Langonnet, Daoulas, Saint-Mathieu, pour les hommes ; La Joie, pour les femmes. Le nombre des prieurés, des couvents, des églises, chapelles, hôpitaux, était trop considérable pour que nous l'énumérions ici. Partout, bien entendu, les Rohan jouissaient des droits de fondateurs ; mais partout aussi ils se montraient magnifiques dans leurs aumônes. Il semblerait même qu'il y eût chez eux comme un redoublement de ferveur pour l'art chrétien, dans la seconde moitié du XVIème siècle. Les magnifiques verrières de La Ferrière [Note : Nous citerons en particulier l'Arbre de Jessé : nous n'avons vu, ni en France, ni à l'étranger, rien de comparable, en fait de peinture sur verre, à ce splendide tableau], Saint-Eutrope, etc., sont comme le testament artistique de cette famille avant de déserter le catholicisme.

Les abbayes, sauf deux, sont en dehors de notre cadre. Nous avons fait l'historique de l'une d'elle, Lantenac (Anc. Ev. IV, 229 et suiv.). Quant à l'autre, Bon-Repos, si nous ne l'avons pas traitée avec nos autres abbayes, c'est que les Bénédictins ont publié presque tout, ce qui reste de ses chartes. Aussi nous bornerons-nous à résumer très-brièvement ici les principales phases de son existence, complétant par là ce qui nous reste à dire de ce pays, étudié sous ses divers aspects.

Lorsque le voyageur a péniblement traversé les landes tour à tour marécageuses ou brûlantes qui enveloppent la maison forte de Correc et ses sept étangs [Note : Le Correc du Rohan n'a pas joué un rôle aussi considérable que celui que nous avons trouvé en Goëllo, mais il a repoussé plusieurs attaques, notamment pendant la Ligue. On voit encore quelques restes des fortifications de ce manoir, qui, en dernier lieu, vint des Suasse aux Descognets, aux Geslin et aux Tréveneuc], il arrive brusquement au-dessus du vallon le plus frais, le plus calme, le plus ombreux. A ses pieds, le Blavet promène, parmi des blocs pittoresques, ses eaux effarées, bouillonnantes. Au loin s'étendent les mystérieuses profondeurs de la forêt de Quénécan. C'est là qu'est venue s'asseoir, voici bientôt sept cents ans, la bienheureuse Sainte-Marie de Bon-Repos, si digne de son nom.

La veille de la Saint-Jean-Baptiste 1184, Alain, vicomte de Rohan, et sa femme Constance, fondèrent, du consentement de leurs fils Alain et Guillaume, l'abbaye de Bona-Requie, destinée à leur sépulture [Note : L'église abbatiale ne fut consacrée que trente-cinq ans après, en 1219, (Arch. de l'abbaye)]. Ils lui donnaient six villages, dont trois étaient l'aumône des barons de la vicomté. Ils y ajoutaient des dîmes, des rentes sur les moulins de Pontivy, des terres dans la Grande et la Petite-Bretagne, notamment dans cette dernière, tout le Haut-Corlay.

Les moines pouvaient aussi disposer du cours du Blavet et de ses rives, entre Gouarec et Tréguenanton, pour y établir des pêcheries, des écluses et des moulins. Ils pouvaient prendre du bois pour la construction et la réparation de leurs édifices, aussi bien que pour leurs usages domestiques dans la forêt de Quénécan. Ils pouvaient y faucher de l'herbe pour leurs bestiaux, et mettre leurs porcs dans la forêt, tant que le seigneur vicomte y avait les siens.

Deux abbés, les sires de Vitré, de Fougères, de Mayenne et autres, apposaient leurs sceaux à la charte de fondation. Bientôt après, Alain faisait savoir à ses sénéchaux de Bretagne et d'Angleterre qu'il avait donné à sa nouvelle abbaye les églises « de Costercia, de Bamburg, de Huningetram, de Fallebourne, et la moitié de celle de Bereford, dans la Grande-Bretagne ». Ces fondations furent confirmées par Geoffroy, fils du roi Henri, duc de Bretagne et comte de Richemont (Act. de Bret. I, 696, 697, 698).

La duchesse Constance, femme de Geoffroy, confirma, elle aussi, tous ces dons, lorsqu'elle occupa seule le trône de Bretagne. Elle le fit, nous dit-elle, pour le repos de son âme, de celles de son père Conan et de tous ses ancêtres. L'évêque de Vannes, Guenroch, y ajouta d'autres propriétés en Silfiac, vers la fin du XIIème siècle, et son successeur, Caroc, les augmenta en 1234. De son côté, l'évêque de Cornouailles confirma toutes les aumônes faites à Bon-Repos dans son diocèse, et le grand pape Innocent III bénit l'universalité de ces dons, en 1207 par D. Morice. Par cet acte, un Alain de Rohan donnait à l'abbaye, outre dix quaterium de froment, des terres en Caurrel, dont il venait de s'assurer la possession après de longs débats. A son exemple, un de ses principaux barons, Raoul de La Motte, assurait, pour être payée par la main de ses baillis, une rente sur la terre de Guoguelurf, qu'il avait reçue de Josselin de Rohan, pour ses services (D. Mor. I, 797, 819).

Nous n'énumérerons pas toutes les libéralités faites à l'abbaye par les divers membres de la famille de Rohan et ses riches vassaux : toutes ces fondations se ressemblent (D. Mor. I, 821, 823, 829, 830, 843, 817, 851, 856, 865, 866, 890. Voir aussi aux actes ci-après). Toutefois, nous signalerons en passant l'acte de 1219, donné par les Bénédictins, et qui constate que les Cisterciens de Bon-Repos ne buvaient de vin qu'en carême ; la charte de 1235, qui fournit quelques renseignements sur le Rohan d'outre-Manche ; enfin, celle datée de dix ans plus tard qui, au milieu de nombreuses fondations, énumère les hôpitaux de Saint-Léon et de Corlay (Act. de Bret. I, 842, 892, 893, 924).

Au reste, le meilleur moyen de présenter l'ensemble des propriétés continentales de Bon-Repos, c'est de résumer ici l'aveu de 1686 [Note : Aveu fourni au roi, le 12 juin, par messire Philippe de Montault-Navaille, abbé commendataire de Bon-Repos, (Arch. des Côtes-du-Nord)]. Il contient d'intéressantes données sur la géographie du Rohan.

Avec l'église et ses vitraux sont énumérés la sacristie, le chapitre, le chauffoir, réfectoire, la cuisine et infirmerie, avec les dortoirs et chambres au-dessus et « cloître régulier suivant les statuts et observances du dit ordre ; plus au bas des dortoirs, vers le midi, une chambre et une salle basse, une chambre et une salle haute, le tout des dits bâtiments étant des logements réguliers ». Puis vers l'orient étaient la maison abbatiale, avec la chambre au duc ; puis les écuries, celliers, boulangerie et four ; la cour « régulière, » avec son pavillon et son colombier, les jardins et vergers, contenant 14 journaux de terre ; puis la métairie et le moulin de La Porte, avec sa pêcherie ; le bois du Blais, de 80 journaux, s'étendant le long du Blavet, de la porte de l'abbaye au village de Cuilleret ; une grange, c'est-à-dire une exploitation rurale, et plusieurs villages dans la paroisse de Laniscat, ainsi que les chapelles Saint-Pierre et Saint-Conogan ; une maison à Saint-Gelven. Tous ces biens provenaient de la fondation première, sauf le village du Bot, donné par Gilles, seigneur de Correc. En Saint-Gelven, un manoir, un bois, des métairies et des rentes. De même en Plélauff, Silfiac, Cléguerec, Séglien, Langouélan, Mellionec, Rosquelfen, Saint-Ygeau, Plussulien, Corlay, Saint-Martin, La Harmoet, Merléac, Saint-Léon (se partageant en Saint-Léon-le-Pape et Saint-Léon-le-Haut), Saint-Mayeux, Caurel, Plouguernével, Noyal, Pontivy, Buzy, Malguenac, etc.

Tant que l'abbaye avait été pauvre, elle avait vécu en bonne intelligence avec tout le monde. Mais avec les richesses vint l'esprit de contention et de dispute. Il apparaît d'abord dans les rapports des moines avec le gouvernement anglais pour leurs propriétés d'outre-Manche. Une charte de 1241, que nous donnons plus loin, montre une querelle plus acrimonieuse avec des tenanciers de Caurel ; ceux-ci toutefois finirent par céder (D. Mor., I, 924, 950).

Nous publions ci-après un acte inédit de 1280 qui offre un intérêt particulier, parce que c'est véritablement la charte des franchises et libertés des tenanciers de Bon-Repos. Nous y voyons encore nommer les villes de St-Léon, Corlay, Gouarec et Pontivy.

Un autre acte non moins curieux est celui de 1288, qui établit les droits respectifs de Bon-Repos et du vicomte de Rohan sur les tenanciers de l'abbaye.

Bon-Repos, sorti de Boquen, avons-nous dit, restait, au point de vue religieux, sous la juridiction supérieure de l'abbaye mère. Peut-être celle-ci n'usa-t-elle pas assez de son droit et de son devoir de surveillance. Toujours est-il qu'au XVème siècle des désordres graves se produisirent chez les Cisterciens du Rohan. Les choses arrivèrent à ce point que, comme nous l'avons vu précédemment, l'autorité ecclésiastique et l'autorité civile se concertèrent pour arrêter le mal. Nous avons donné, aux chartes de Boquen (Anc. Ev. III, 306), l'acte par lequel le seigneur supérieur, après avoir visité l'abbaye coupable avec l'abbé de Boquen, assisté de celui de Bégard, proclama l'abbé frappé d'interdit, pour « maléfices, délits et mauvaise administration, » et remit la direction du couvent au prieur claustral.

Mentionnons encore l'acte de 1491, par lequel « Maximilien, roi des Romains, duc de Bretagne, et Anne de Bretagne, sa femme, » permirent à Bon-Repos d'ajouter un troisième « potz » à sa justice patibulaire. Un arrêt du Parlement, de 1662, lui confirma ses droits de justice haute, moyenne et basse. Or, vers le temps où les plus hautes fonctions judiciaires, le droit de vie et de mort, leur étaient confiés, voici où l'oisiveté, les richesses et le souffle empesté de la Réforme avaient entraîné ces Cisterciens dégénérés :

Dans la nuit du 21 au 22 janvier 1674, dix hommes masqués assaillirent la maison des époux Bertho, au village de Kereven, trêve de Caurel, paroisse de Saint-Mayeux. Après avoir enfoncé plusieurs portes, ils pénétrèrent dans la chambre des deux époux, qu'ils arrachèrent de leur lit et traînèrent en chemise sur le chemin de la chapelle Saint-Gelven. Pendant que les uns maintenaient et maltraitaient le mari, les autres, ayant à leur tête le prieur de Bon-Repos et l'un de ses religieux, s'efforçaient d'entraîner à leurs coupables désirs la femme enceinte. Après avoir épuisé promesses et menaces, ils s'apprêtaient à violer cette malheureuse, quand les habitants des maisons voisines, attirés par les cris, forcèrent cette bande de misérables à s'éloigner. Ils le firent en tirant des coups de fusil et de pistolet, et jurant de casser la tête à qui oserait les suivre.

Les deux moines et quelques complices furent pourtant traduits devant la cour de Corlay, et bénignement condamnés à une peine légère « pour coups et blessures » (Arch. des Côtes-du-Nord). Mais, pour laisser la responsabilité de ce crime à qui de droit, rappelons que, comme nous l'avons montré dans le fief de Quintin, contigu au Rohan, c'était le moment de la grande réaction protestante. Des moyens infernaux étaient mis en œuvre pour entraîner le clergé, tant séculier que régulier, et le déshonorer aux yeux des populations. Hâtons-nous de rappeler qu'à côté d'un mal localisé sans doute, mais que notre conscience d'historien ne nous a pas permis de taire, nous sommes arrivés à l'époque de ces grandes réformes monacales qui ont laissé après elle la congrégation de Saint-Maur et tant d'autres merveilles de savoir et d'intelligence.

De la grande abbaye du Rohan, il ne reste plus que le chevet de l'église abbatiale du XIIIème siècle et quelques traces des fastueux bâtiments du XVIIIème siècle.

Nous avons terminé l'étude du régime féodal en Bretagne. Ce régime, que les uns exaltent outre mesure et que les autres exècrent sans le connaître, nous avons cherché à le présenter tel qu'il est, par les faits seuls, sans parti pris, sans haine comme sans faiblesse.

Nous l'avons vu sortir du plus effroyable cataclysme et constituer, au milieu de luttes toujours renaissantes, une société essentiellement militante, qui arrive, comme expression suprême, à deux choses qui resteront éternellement grandes dans la mémoire des hommes : la chevalerie et le culte de l'honneur. Puis nous avons vu aussi ces flambeaux s'éteindre lentement; l'anarchie envahir peu à peu la hiérarchie féodale, et faire, de ce qui était destiné au dévouement et au sacrifice, l'instrument de l'égoïsme et de l'oppression. Et comment se développent les germes de vie, plus tard les germes de mort de cette société, si grosse d'enseignements pour tous les âges, pour le nôtre surtout ?

A côté de ces hommes qui, le fer en main, se dévouent, de génération en génération, à développer la civilisation par le glaive, voici ceux qui, par la parole et par l'exemple de tous les renoncements, enseignent à chacun le respect : respect envers Dieu, respect envers le chef, respect envers le faible, respect envers soi-même. Mais il vient un jour — et il faut bien en montrer la cause — où nos races de soldats enrichis défaillent et trébuchent ; où ceux qui exercent le ministère de la parole s'engraissent dans l'oisiveté et s'éveillent dans le vice. De là tant de ruines militaires et religieuses, qu'abritent de leur sombre ramure les solitudes d'Armor. Mais, pour qui sait lire dans le passé, et qui a foi en l'avenir, ces créneaux démantelés, ces cloîtres qui s'écroulent, tous ces chancelants débris portent au front l'immortelle devise : CHRISTUS VINCIT, CHRISTUS REGNAT, CHRISTUS IMPERAT !.

(J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy).

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