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VIE DE SAINT GUENOLE, abbé |
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3 Mars. Saint GUÉNOLÉ, Abbé, et plusieurs de ses disciples.
Il naquit vers le commencement du cinquième siècle, dans la paroisse de Ploufragan, près de St.-Brieuc, ainsi que sa sœur sainte Creirvie. Saint Fragan, son père, cousin germain de Conan Mériadec, et sainte Blanche, sa mère, forcés par l'invasion des Saxons de quitter la Grande-Bretagne, s'étaient depuis quelque temps retirés dans cette partie de l'Armorique. Ils avaient promis d'offrir cet enfant au Seigneur ; et, élevé dans la crainte de Dieu, il désirait lui-même embrasser la vie monastique. La tendresse de ses parents retarda sa retraite. Son père, touché de sa persévérance et d'une grâce particulière, le laissa enfin suivre son attrait pour la solitude et le conduisit au monastère de saint Budoc, dans l'île des Lauriers, aujourd'hui l'île Verte, proche celle de Bréhat.
Notre saint fit tant de progrès à cette célèbre école, qu'à peine âgé de vingt-un ans, il fut mis par son maître à la tête d'onze religieux des plus parfaits et chargé de fonder un nouveau couvent. Ils arrivèrent à l'embouchure de la rivière de Châteaulin, s'établirent dans un îlot inhabité, nommé depuis Ti-Bidi, maison de prières. Cette fervente colonie y resta trois ans dans des logettes, subsistant d'herbes et de racines, qu'elle cultivait dans l'enclos, et du peu d'orge qu'elle pouvait semer dans l'île. La violence des vents de mer força en 440 les religieux à passer de l'autre côté du golfe où, la même année, Grallon, troisième roi de Bretagne, leur fonda une abbaye dans son château de Tevenec, en la paroisse d'Argol, à trois lieues de Brest.
Le froment et le vin n'étaient d'usage dans la communauté que pour le saint sacrifice. On n'y buvait que de l'eau, mêlée parfois avec une décoction d'herbes sauvages. On n'y mangeait que du pain d'orge avec des racines bouillies, excepté le samedi et le dimanche où le fromage et les coquillages étaient permis. On avait des écorces d'arbre pour lit et une pierre pour chevet.
Tous les religieux travaillaient à la terre ou à quelque métier. Voilà la règle que saint Guénolé établit à Landevenec. Elle s'y maintint jusqu'à ce que Louis-le-Débonnaire y fit substituer celle de saint Benoît, en 818.
« Guénolé, dit Albert Legrand, avait un visage riant, une grande sainteté, une douce et affable conversation, une humilité profonde, une chasteté angélique, une extrême patience, une ardente charité envers Dieu et son prochain, un esprit vif et net, véhément et persuasif en ses prédications, un parfait mépris de ce monde. Il passait la meilleure partie du temps au chœur en oraison, portait une si grande révérence aux saints lieux, que, depuis l'âge de vingt ans, il ne voulut jamais s'asseoir en l'église, mais s'y tenait prosterné ou debout. Jamais on ne l'a vu excessivement joyeux ou triste. Il récitait tous les jours, outre l'office canonial, le psautier, et fléchissait les genoux cent fois le jour et aussi souvent la nuit, pour adorer Dieu. Son habit extérieur était fait de peaux de chèvres. Il couchait sur des écorces d'arbres ou sur la paille. Il ne mangeait que du pain d'orge cuit sous la cendre et de la bouillie de grosse farine ou quelque simple potage d'herbes. Les dimanches et fêtes, il mangeait avec ses frères de quelques petits poissons et quelque peu de fromage. En Carême, il se contentait de deux repas la semaine. Il était extrêmement charitable et miséricordieux envers les pauvres, auxquels, n'ayant pas d'argent à donner, il distribuait le vrai pain de la parole de Dieu ».
Grallon, touché de ses leçons et de ses exemples, devint un modèle de douceur. Le 5 Janvier 445, il mourut pieusement assisté par le saint.
Sentant approcher sa fin, le vertueux abbé donna d'excellents conseils à sa communauté, célébra la messe, bénit les religieux, resta debout devant l'autel, soutenu par deux d'entr'eux et entouré des autres qui chantaient avec lui les louanges de l'Eternel : il expira dans cette céleste occupation, le 3 Mars 504.
L'église de France le révère comme un des premiers instituteurs de la vie monastique. Sa sainteté a été une sainteté de communication pour tout le monde, surtout pour les saints suivants : Balay ou Valay, Berthuald, Biasil, Conogan, Deï, Gozien, Guenaël, Harnul, Martin, Morbret, Pétran, Ratian, Rioc, Vigon, Winvoud, Idumet ou Yonnet, nommé encore Idunet. Saint Martin et saint Valay étaient, avant de se faire moines, seigneurs de Rosmeur et Rosmadeuc.
(M. de Garaby).
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