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16 Décembre. Saint JUDICAEL, Religieux.

Ce fils de Hoël III, roi d'Armorique, et de la reine Pritelle, naquit vers 590. En 612, à la mort de son père, il vit Salomon, son frère, lui disputer le trône ; et, après quelques guerres, il fut obligé de prendre la tonsure cléricale dans le monastère de Gaël. Il y mena une vie exemplaire, et porta l'humilité jusqu'à labourer le jardin sous les ordres de celui qui en avait l'intendance.

En 632, à la mort de Salomon, Judicaël sortit de sa retraite et prit les rênes du gouvernement. On lui dut la bonne éducation de ses frères et de ses sœurs, dont il prit grand soin, en qualité de leur aîné et de leur roi. Il épousa Morone, fille d'un seigneur du pays de Léon. La jeune reine rivalisait avec son époux de zèle pour tout ce qui tournait à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Ils employaient leur puissance et leurs trésors à bâtir des églises, des monastères, qui étaient les meilleures écoles du temps, à soulager les malheureux. Le prince nourrissait à la suite de sa cour, une foule de pauvres, auxquels il faisait distribuer exactement tout ce qu'on desservait de sa table ; souvent il les servait lui-même. Un jour il rencontra un lépreux qui ne pouvait passer une rivière ; il le mit devant lui sur son cheval, et, aux yeux de tous ceux qui l'accompagnaient, il le conduisit à l'autre bord, sans se rebuter de la puanteur des ulcères de cet infortuné.

Il était très sobre et cachait ses abstinences si bien qu'on attribuait à un mauvais goût son aversion pour les mets délicats. Il ne buvait que de l'eau qu'il se faisait servir dans une coupe d'or couverte, pour que cette pénitence fût ignorée.

Il affranchit ses sujets de redevances onéreuses. Ils avaient fait, sans sa participation, des ravages sur les terres des Francs. Le roi Dagobert envoya saint Eloi en demander satisfaction. Le pieux monarque écouta des réclamations si justes, donna des ôtages pour garantie de l'accommodement ; et, après avoir gardé quelques jours l'ambassadeur pour profiter de la sagesse de ses discours, il alla, avec une suite brillante et innombrable de seigneurs, satisfaire pleinement le roi des Français. Mais, évitant de manger avec ce monarque adonné à une débauche scandaleuse, il préféra s'asseoir à la table frugale du chancelier saint Ouen.

Rentré dans ses états, il s'appliqua plus que jamais aux exercices de piété, et se prépara à suivre le conseil de plusieurs hommes de bien. Saint Eloi, saint Ouen, saint Malo lui avaient inspiré des inquiétudes sur sa désertion de Gaël. Avant de rentrer dans le cloître, il voulut procurer un bon tuteur à ses enfants, un sage régent à son royaume. Il alla au monastère de Lanmaelmnon offrir ce double emploi à son frère Josse, qu'il en croyait le plus digne. Le jeune prince demanda huit jours de réflexions ; et, fuyant un si redoutable fardeau, fit un pélerinage au loin. Judicaël se hâta d'imiter son généreux mépris pour les grandeurs mondaines. Après avoir recommandé ses enfants et son peuple à Rivalon, un autre de ses frères, il rentra dans son couvent vers 642.

Dégagé de tous les liens qui le retenaient dans le monde, il se donna tout entier aux travaux de la pénitence, pour réparer la faute qu'il avait faite, en violant ses premiers engagements. Il ne se distinguait des autres que par son humilité et par sa fidélité à remplir tous les devoirs de la vie religieuse. C'est dans ces édifiants exercices qu'il mourut la nuit du 16 au 17 Décembre 658.

(M. de Garaby).

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