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VIE DE SAINT SCUBILION, abbé

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16 Avril. Saint SCUBILION, Abbé.

Ce religieux de l'abbaye d'Ansion, dite depuis de Saint-Jouin, vint avec saint Pair ou Paterne l'Ancien, dans la forêt de Sciscy, et travailla à la conversion des infidèles de la contrée.

« Les déserts de Sciscy et de Nanteuil, situés aux deux extrémités du Cotentin, ont produit un si grand nombre de saints anachorètes, qu'on pourrait faire une légende entière de leurs vies.

Les plus célèbres sont saint Gaud, évêque d'Evreux, et saint Aroaste, piètre, mort dans la première de ces solitudes, vers 491 ; saint Pair ou Paterne l'Ancien, évêque d'Avranches, et saint Scubilion, abbé, qui y terminèrent leurs jours, le 16 Avril 565 ; saint Senier ou Sénateur, évêque d'Avranches, qui y décéda le 6, et selon d'autres le 18 ou 26 Septembre 570 ; saint Paterne le Jeune, originaire du Cotentin, qui, élevé dès l'enfance dans le monastère de saint Pair l'Ancien, passa dans celui de saint Pierre le Vif, proche Sens, fut assassiné dans la forêt de Sergines, par des voleurs qu'il voulait convertir, et vécut assez longtemps pour voir la catastrophe opérée en 709 par la mer, dans les environs de Chausey.

L'oratoire de saint-Pair était sur l’emplacement qu'occupe l'église de son nom, à deux milles de Granville. Le chœur de cette église possède, entre antres tombeaux de ces pieux solitaires, ceux de saint Pair et de saint Scubilion, entre ceux de saint Gaud et de saint Semniste, de saint Senier et de saint Aroaste.

Dans la partie de la même forêt qui était en Bretagne, on remarquait trois monastères fameux par les saints qui s'y étaient consacrés à la vie contemplative : celui de Dol, saint Samson l'illustra par ses vertus, en 554 ; celui de Saint-Moack, à cinq lieues de Dol, en tirant vers Chausey ; celui de Taurac ou Caurac, à 1700 toises à l'orient de la pointe actuelle de la Chaîne en Cancale, où brillèrent saint Similien, qui en fut premier supérieur ; saint Ethhin ou Eghin, né près de Dol d'une noble famille et élève de saint Samson ; saint Guinolé le Jeune, qui finit ses jours à Taurac. Ce monastère fut rebâti quelque temps après avoir été ruiné par les troupes de Clotaire Ier, lorsqu'elles vinrent, en 560, punir Canao, comte de Bretagne, d'avoir protégé Chramme, révolté contre son père.

La plupart de ces saints asiles et autres, dont le nom seul est resté, étaient sous la discipline de saint Scubilion, qui les visitait souvent et qui avait fondé entre autres, à 1600 toises au nord-nord-est de l'île d'Aaron, celui de Menden, qu'on doit distinguer de celui de Maudan ou Maudun, à une lieue de Chausey, où ce vénérable vieillard résidait ordinairement.

Ce fut en revenant de visiter ces derniers monastères que l'homme de Dieu mourut au désert de Sciscy, dans la cellule d'un ermite, d'autres disent dans son ermitage, au moment que saint Pair l'Ancien expirait dans un autre coin de la même forêt, entre les bras de saint Lô, évêque de Coutances, qui, sans le savoir malade, était venu s'édifier avec lui » (L'abbé Manet ; de l'état ancien et actuel de la baie du Mont-Saint-Michel. 1829).

(M. de Garaby).

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