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VIE DE SAINTE AZÉNOR ou SAINTE ALIÉNOR, comtesse de Tréguier et de Goëlo

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7 Décembre. Sainte AZÉNOR, Comtesse de Tréguier et de Goëlo.

« La légende de sainte Azénor et de saint Budoc n'est pas plus un conte, que l'histoire de Secondian, dans saint Paulin. Elle a toutes ses preuves dans la tradition, et dans les actes des églises de Dol et de Léon » (De Kerdanet, Avocat).

Azénor ou Aliénor, Eléonor, Honore et Honorée, naquit en 519, et eut pour père Even, comte, duc ou roi de Lesneven, selon l'abbé Gallet et suivant la tradition. Elle fut élevée dans le canton de Languengar.

Une éducation, qui ne laissa rien à désirer, s'unit aux charmes et aux grâces dont le ciel l'avait enrichie. Azénor témoigna sa reconnaissance envers Dieu par une tendre piété, qui commença avec l'usage de sa raison, et envers ses parents, par une affection qu'elle porta jusqu'au dévouement. Elle fit chérir sa supériorité à tout le monde, en la rendant utile et agréable aux petits comme aux grands.

La main de la princesse accomplie fut recherchée par les jeunes seigneurs de la plus haute distinction. Le fils aîné du comte de Goëlo et Tréguier l'emportait sur ses rivaux aux yeux de la famille. Il restait un obstacle à vaincre. Il fallait obtenir le consentement d'Azénor. Elle désirait se consacrer corps et âme, et pour jamais, au service du roi des rois.

Les sollicitations de son père, et encore plus celles de sa mère, finirent par la gagner. L'alliance lut célébrée à Brest, en 537.

Après les brillantes fêtes du mariage, le prince Even, assisté de toute la noblesse de Léon, conduisit les époux dans leur terre, où la réception fut magnifique. Le jeune comte et sa vertueuse compagne choisirent pour séjour ordinaire un superbe château, assis sur une colline, dans une riante vallée, ceint en grande partie par un vaste étang, qui fortifiait ses fossés.

Ce palais, bâti par le roi Audren, portait le nom de Châtel-Audren. La ville, placée au pied de cette belle demeure était entre les comtes de Tréguier et de Goëlo, et capitale de ce dernier. Ce fut là qu'ils menèrent une vie douce, innocente et digne d'envie, si elle avait duré longtemps.

Un an après leur arrivée à Châtelaudren, ils reçurent la nouvelle de la mort de la mère de la jeune comtesse. Azénor affligée fit prendre le deuil à toute sa cour, et alla avec son mari consoler son père, rendre les derniers devoirs à la princesse, et revint dans son château de prédilection.

Quelques mois après, Even épousa une dame de grande maison, pleine de méchanceté et jalouse de l'amour du prince et du comte pour la belle et sage Azénor. Elle jura sa perte ; elle écrivit au mari qu'elle avait des preuves frappantes de l'infidélité de la comtesse, et soutint devant le père la même accusation. Ce fut un coup de foudre pour le malheureux vieillard. La confiance qu'il avait en sa femme et les serments de cette astucieuse ennemie le persuadèrent : il résolut de faire condamner Azénor au dernier supplice. Cependant le fatal billet était remis au comte par un confident de la marâtre. Le perfide émissaire ajouta tout ce qu'il put à l'écrit qu'il portait, et ne partit que lorsqu'il eut changé en haine furieuse le vif attachement que le comte avait pour son épouse. Cette innocente victime fut enfermée, gardée et mise au secret dans celle des tours du château qui regardait sur l'étang.

Azénor, détachée des biens de ce monde, souffrit patiemment ce brusque changement de situation, se confia à la providence, et implora la consolatrice des affligés, ainsi que sainte Brigitte, dont Dieu manifestait la gloire par de nombreux miracles opérés à son tombeau.

La cruelle persécutrice, pour achever la ruine de sa bru, suborna, à force d'argent, des témoins, pour dire tout ce qu'elle voudrait. Le comte assembla ses barons et son conseil, fit amener l'accusée, et bientôt entra furieux dans l'assemblée interdite. Le procureur énuméra tous les griefs auxquels l'époux couroucé somma Azénor de répondre. La fille du prince de Léon était assise sur l'humble sellette des prévenus. Elle se leva avec calme, et protesta qu'on pouvait lui ôter une vie à laquelle elle ne tenait pas ; mais que personne ne pourrait lui ravir l'amour inviolable qu'elle avait pour son mari, et sa réputation de femme d'honneur qu'elle ferait passer jusqu'aux cendres de son tombeau, malgré les efforts de ses ennemis. On décida qu'elle serait renvoyée à son père, dont on exigerait la vengeance du crime, par toutes les voies raisonnables.

Dès le lendemain, le comte fit jeter Azénor dans une voiture bien gardée, et alla la conduire au prince et demander satisfaction.

A la vue de sa fille enchaînée et accusée de désordres honteux, Even jeta des cris déchirants. Les assistants furent tous émus, excepté le seigneur de Goëlo. Il menaça d'en venir aux armes, si le forfait restait impuni. Le prince dans cette cruelle alternative, pria son gendre de rester, pour être témoin des rigueurs réservées à la comtesse, si elle était trouvée coupable, et la fit enfermer dans une grosse tour qui aspectait le port de Brest, et qui porte encore maintenant le nom de Tour d Azénor. La comtesse y vécut dans la pénitence et la prière, s'armant des forces que la religion procure. Sou implacable mari pressait le jugement. La sentence fut rendue, et porta que la comtesse de Tréguier et Goëlo, convaincue d'adultère, serait brûlée vive, et que ses cendres seraient jetées dans la mer.

La lecture de cette affreuse condamnation n'ébranla point le courage de notre héroïne. Elle prit le ciel à témoin de son innocence, lui demanda la grâce d'endurer ses tourments avec patience, et pria d'épargner le fruit qu'elle portait depuis quatre mois.

On crut que c'était un prétexte qu'elle inventait pour gagner du temps. On la fit visiter par des matrones qui confirmèrent sa déclaration. Les juges voulaient qu'on différât l'exécution ; le père y consentait ; mais le comte insistait pour qu'on détruisit et la mère et l'enfant. Pour lui donner quelque satisfaction, on décida qu'Azénor, enfermée dans un tonneau de bois, serait abandonnée aux flots de la mer. L'heure venue elle sortit du cachot armée d'un crucifix, chargée de chaînes, levant vers le ciel un front serein. Ce fut un spectacle touchant de voir cette belle et intéressante princesse traverser la ville, depuis le château jusqu'au port, entre les bourreaux et les soldats, conduite par des officiers de justice et suivie d'une foule immense. Les uns déploraient ses infortunes, les autres détestaient le crime qu'on lui imputait. Avant de quitter le rivage, elle pria à haute voix pour ses persécuteurs, ajoutant qu'elle espérait qu'un jour son innocence serait reconnue. Dès qu'elle fut sur le navire, l'équipage mit à la voile ; et, quand on se fut éloigné de 15 à 20 lieues, on enferma Azénor dans le tonneau funeste, qu'on jeta dans l'abîme et on revint à Brest annoncer que tout était accompli. Le comte satisfait s'en retourna.

Longtemps la comtesse erra sur les flots, exposée à mille naufrages. Le céleste protecteur de la vertu persécutée veilla sur elle et fournit à ses besoins. Dans son étroite et mobile prison, Azénor accoucha heureusement, et conjura le Tout-Puissant de faire en sorte que son fils reçut le baptême.

Bientôt le tonneau s'arrêta ; il était entré dans la rade d'Aberfraw, qui est sur la côte méridionale d'Irlande, dans le comté de Corck, et signifie Beau-Port. Ce lieu dépendait de l'abbaye d'Youghall, qui n'en est pas éloignée. Un villageois accourut et voulut enfoncer le tonneau croyant trouver un riche butin ; mais une faible voix l'avertit d'aller chercher l'abbé. Ce charitable supérieur vint avec des religieux et les principaux habitants de l'endroit, fit ouvrir le tonneau, emmena la mère et l'enfant au bourg de son abbaye, leur donna tout ce que réclamait leur misère. Instruit à loisir de leur infortune, il remercia le ciel de les en avoir délivrés, et, dès le lendemain, il baptisa solennellement l'enfant, devant d'innombrables spectateurs. Il le nomma Buzeuc ou Budoc, qui a le même sens que Moyse, sauvé des eaux.

La comtesse se fixa dans cette bourgade et fut généreusement secourue par l'abbé et par les autres gens de bien. Pour éviter le désœuvrement, elle prenait part aux travaux des lavandières, gagnant à la sueur de son front de quoi subvenir aux besoins de son fils et aux siens, et donnait le surplus aux indigents.

Il n'y avait pas encore deux ans que le comte avait perdu son épouse ; il commença à la regretter. Il se reprocha amèrement sa précipitation. Il vit bientôt que son repentir était fondé, car la marâtre mourut en avouant son injustice. Aussitôt il se mit à la recherche d'Azénor ; il finit par arriver à Beau-Port d'Irlande. Quel fut son transport de joie, en découvrant celle qui était si digne de son affection, et l'enfant qu'il avait si cruellement condamné !

Le comte, souhaitant montrer à la Bretagne et à la France, l’innocence enfin reconnue et triomphante, fit préparer un vaisseau ; mais, par suite de ses fatigues et de ses chagrins il fut atteint d'une maladie de langueur. Les soins les plus tendres lui furent prodigués par son épouse. Il profita de la longueur de sa maladie pour faire une confession générale au charitable abbé, reçut les sacrements d'eucharistie et d'extrême-onction, demanda pardon à sa femme, bénit son enfant, et passa paisiblement de cette vie à l'autre, en 543. Son corps fut porté dans l'église abbatiale et inhumé dans un lieu honorable.

Azénor voulut finir ses jours dans le lieu qui lui avait servi d'asile. Dès qu'elle eut congédié la suite de son époux, elle s'adonna avec une ardeur nouvelle aux bonnes œuvres. Elle allait souvent prier sur le tombeau de son mari, pour lequel elle faisait offrir fréquemment le divin sacrifice. Elle eut la joie de voir son fils, dédaignant de recueillir l'héritage de ses parents, se consacrer au culte des autels. Elle put dire alors qu'elle n'avait plus à désirer que d'être unie au céleste rémunérateur. Son vœu fut exaucé ; attaquée d'une légère maladie, elle reçut les sacrements, bénit son fils et s'endormit dans le Seigneur, en 552. Son fils plaça ses dépouilles mortelles à côté de celles du comte, et alla souvent prier sur leurs tombeaux.

D'autres prétendent que la sainte revint en Bretagne, et mourut dans un couvent de Cornouaille. On voyait jadis sur la pointe du Raz, entre le bourg de Goulien et la chapelle de Laneurec, les ruines d'un monastère qu'on appelait le couvent de Sainte Azénor. Elle était patronne de l'église de Languengar, qui a été détruite en 1832. Mais il reste aux environs deux fontaines dédiées à la sainte. La plus célèbre est celle du Clesmeur.

(M. de Garaby).

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