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VIE DE LA BIENHEUREUSE FRANÇOISE D'AMBOISE

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4 Novembre. La Bienheureuse FRANÇOISE d'AMBOISE, Religieuse.

FRANÇOISE, fille de Louis, vicomte de Thouars, et de Marie de Rieux, naquit en 1427, et promise trois ans après à Pierre, second fils de Jean VI, 21ème duc de Bretagne, fut élevée en cette province par une gouvernante chargée de lui inspirer l'amour de Dieu et de lui apprendre ce qui convenait à son rang.

Jeanne de France, duchesse de Bretagne, qui avait profité des leçons de saint Vincent Ferrier, ravie de trouver en elle d'heureuses dispositions, contribua à les développer. Sa bru future était douce, prudente et si charitable, qu'elle donnait tout ce dont elle pouvait disposer. On l'a trouvait toujours utilement occupée. Elle se plaisait à rappeler le sens des prédications qu'elle entendait. Le directeur de la duchesse la crut assez instruite et assez sage, à cinq ans, pour qu'elle pût participer au banquet sacré.

A quinze ans, elle fut mariée, en présence du duc François Ier et de sa cour, au prince Pierre qui lui fit prendre un costume blanc, signe de la continence dans laquelle ils vivraient. Il l'emmena à Guingamp, ville qu'il avait fortifiée de murs, de portes et d'un château flanqué de quatre tours.

La jeune comtesse fit retentir cette demeure de chants pieux, accueillit tout le monde avec bonté, consola les affligés et réconcilia les ennemis.

Le seigneur de Guingamp, possédé du démon de la jalousie, congédia la société et parut furieux contre sa compagne. Un jour qu'elle chantait avec ses dames des cantiques dont Vincent Ferrier avait introduit l'usage à la cour ducale, il accourut en l'injuriant et prêt à la frapper. Elle tomba à ses pieds, le priant d'attendre qu'ils fussent seuls. L'ayant traînée dans une chambre voisine, il lui meurtrit le visage, la força de se dépouiller, lui déchira le corps à coups de verges fraîches et la laissa couverte de sang. Elle se contenta de dire : « Mon ami, croyez que j'aimerais mieux mourir que d'offenser Dieu ni vous ». Il renvoya les domestiques que madame de Thouars avait mis auprès d'elle. Le chagrin la rendit dangereusement malade. Sa nourrice obtint de venir la soigner. La généreuse princesse, par le sacrifice de tout ressentiment, procura la grâce du repentir à son persécuteur. Cédant aux remontrances des nobles et à ses remords, il s'agenouilla, la tête nue, près du lit de douleur, implorant sou pardon, « Je l'accorde de bon cœur : ne pleurez plus, répondit la victime ; cette malice variait de l'enfer jaloux de notre bien. Je vous assure que moi, votre petite servante, je n'ai commis nulle offense envers vous et n'ai parlé à aucun homme seul ».

Consolée et guérie, elle visita le duc à Nantes en 1447. Là, Pierre et elle se promirent que le survivant entrerait en religion, ou du moins ne se remarierait pas. Ils firent réparer l'église de Notre-Dame, y fondèrent une messe solennelle quotidienne avec anniversaire perpétuel et préparèrent leur tombeau dans le chœur.

Ils réglèrent parfaitement leur maison. Le lever à 4 heures était suivi des prières, d'une heure de méditation et de l'audition de la messe. Françoise allait à l'office à la cathédrale ou dans quelque monastère. Par dévotion pour sainte Ursule et ses compagnes, elle servait le mercredi un dîner à onze filles et les gratifiait chacune de 5 petits blancs. Elle faisait offrir le même jour le sacrifice en l'honneur des saintes martyres, et par une fondation elle perpétua ce pieux usage. A Noël, elle prenait un petit pauvre, l'habillait de neuf et toute l'année voyait en lui l'image de l'enfant divin.

Le Jeudi-Saint, elle lavait les pieds à quinze filles, les servait à table et donnait à chacune une robe blanche. Elle travaillait avec ses femmes, qu'elle éloignait de l'oisiveté, et reprenait ses domestiques avec une douceur maternelle. Elle se confessait deux fois le mois et communiait avec une ferveur croissante encore aux solennités, par la considération des mystères qu'elles rappelaient. Elle visitait les hôpitaux, pourvoyait aux besoins des malades, surtout des lépreux, quelle plaça et entretint en des retraites bâties à ses frais. Elle présentait à son époux les gens de basse condition et parlait en leur favcur. Elle faisait adroitement parvenir de fortes sommes aux pauvres honteux, ou prenait leurs enfants à son service, en leur donnant de gros gages. Elle fit placer, dans une chambre voisine de la sienne, une ancienne garde-malade tombée en paralysie, la visita souvent, prépara sa nourriture, la lui servit, la fit veiller par ses demoiselles, envoya fréquemment des religieux la consoler, supporta ses impatiences; et, lorsqu'elle fut morte, elle l'ensevelit de ses propres mains.

Elle alla à Dinan solliciter avec son mari, en faveur de Gilles, troisième fils de Jean VI. François Ier qui avait succédé à Jean VI et était le vingt-deuxième duc de Bretagne, fut trompé par les ennemis du prisonnier et resta inflexible. Françoise recourut au roi et au connétable ; tout fut inutile : le malheureux captif fut étouffé à la Hardouinaye. Sa pieuse belle-sœur fit dire un grand nombre de messes pour le repos de son âme, et se rendit au château de plaisance pour soulager le fratricide, atteint d'hydropisie, le détermina à se préparer chrétiennement à mourir, assista à ses obsèques, fit offrir plusieurs fois le saint sacrifice pour lui, et consola sa veuve.

Couronnés à Rennes, Pierre et Françoise firent leur entrée à Nantes, puis à Vannes où la nouvelle duchesse maria avantageusement Françoise de Dinan, veuve de Gilles, avec le comte de Laval. Elle retourna à Nantes avec la cour pour l'exhumation de Jean VI, qui avait voulu être enterré dans la chapelle bâtie à ses dépens, dans la cathédrale de Tréguier, en l'honneur de saint Yves. A la vue d'un saint canonisé à la prière de l'aïeul de son mari, elle résolut d'exciter Pierre à solliciter la même faveur pour Vincent Ferrier et y réussit.

Un docteur tonnait contre le luxe des vêtements en Bretagne. La princesse, déjà simplement mise, voulut donner l'exemple d'une réforme ; et, avec l'agrément de son époux, suivant le mouvement de son zèle, elle bannit cet abus de ses états. Elle décida le souverain des Bretons à mettre ordre à tout et à punir les assassins du prince, son frère. Le châtiment de quelques-uns calma l'indignation générale.

Aux états de 1451, le duc fut autorisé à établir des subsides onéreux au peuple. Françoise alla à sa rencontre, et par ce qu'elle trouva de plus touchant le fit abolir l'odieux impôt. L'Armorique bénit sa bienfaitrice. Il n'y eut de mécontents que ceux qui voulaient s'enrichir aux dépens des misérables.

Françoise logea dans son palais sa mère accablée de malheurs et lui prodigua jusqu'à la mort les soins les plus tendres. Elle obtint de plus de son mari de fonder dans sa propre maison, à Nantes, un couvent de clarisses, leur fournit le nécessaire et les visita autant que le lui permit la maladie de son époux. Nuit et jour, elle le servait, le consolait et priait pour lui. Il mourut le 22 Septembre 1457.

Le nouveau duc, Artur III, oncle paternel du mari de la princesse, cessant tout-à-coup de la chérir, lui enleva meubles, objets précieux et douaire, disant avec ironie que c'était du superflu pour une veuve. Il allait éloigner d'elle des personnes pieuses ; mais la duchesse Catherine l'en détourna. Pendant les seize mois de son règne, il continua ses persécutions ; sa nièce souffrit sans se plaindre, l'assista dans sa maladie mortelle, l'ensevelit, fit les frais de ses funérailles, multiplia les aumônes et fit dire des milliers de messes pour le repos de son âme.

François II, vint-cinquième duc de Bretagne, assigna sept mille livres de douaire à Françoise et lui compta cinq mille écus d'or pour ses meubles. Elle employa ses biens en œuvres de miséricorde. Le duc fit rechercher les auteurs des vexations qu'elle avait souffertes. Le plus coupable entra en religion. Françoise s'en applaudissait, le croyant converti ; mais, dès que cessèrent les poursuites, il rentra dans le monde, qui le punit par le mépris.

Une maladie qui précéda et qui suivit l'entrée de Française chez les filles de sainte Claire, la convainquit de son impuissance à pratiquer leurs austérités. Presque totalement percluse, elle fut portée à Nantes, où François la voulait auprès de lui. Elle demanda à Dieu avec résignation son rétablissement, et elle fut guérie.

Après quelques difficultés de la part du prince qui craignait de la perdre, elle obtint de fonder, auprès de l'église de Bondon, le couvent des trois Maries, à un quart de lieue au nord de Vannes, pour des carmélites qu'elle ferait venir du pays de Liége. Depuis le commencement de son veuvage, elle jeûnait le vendredi et ne mangeait qu'après avoir servi un repas à cinq pauvres. Elle augmenta ses mortifications ; trois jeûnes par semaine, la discipline deux fois le jour se joignirent à de longues oraisons dans quelque oratoire où elle se tenait la face contre terre.

Dès que le couvent fut construit, elle y rassembla plusieurs novices dirigées par deux religieuses de l'abbaye de la Joie, en attendant l'arrivée des carmélites. Bientôt la contagion se répandit à Vannes et dans les environs, et la fit se retirer avec sa communauté naissante au château de Rochefort, dans le même diocèse. Là, dans l'église paroissiale, elle fit à haute voix, devant témoins, voeu de continence, pour détromper ceux qui lui parlaient d'un nouveau mariage.

Son père, de l'avis de Louis XI et de son conseil, la destinait au duc de Savoie. Les prières du roi, les violences de M. de Thouars, qui la fit enfermer, ne purent rien sur elle. Le peuple de Nantes, où on l'avait attirée, apprenant sa détention, courut défendre sa bienfaitrice. Il fallut lui rendre la liberté. Le duc la protégea contre ses oncles qui voulaient la conduire de force à la cour de France. Elle pardonna à ses domestiques désolés de l'avoir trahie.

M. de Thouars avait deshérité la sœur de Françoise, qui, affligée de cette rigueur, lui écrivit si énergiquement qu'il voulut réparer sa faute ; mais le monarque avait saisi les biens. Elle poursuivit l'affaire au parlement de Paris ; Louis XI l'évoqua à son conseil ; ce qui suspendit le procès.

Le vicomte, admirant le courage, l'affection et la vertu de la bienheureuse, l'aima tendrement et lui envoya de fortes sommes pour ses bonnes œuvres.

Marie de Rieux était inconsolable de ne pouvoir payer ses dettes. Sa généreuse fille promit de les acquitter, ainsi que tout ce qu'elle donnerait par testament. La mère, dès lors tranquille, ne s'occupa plus qu'à se disposer à bien mourir. Le vicomte la suivit de près dans la tombe. Françoise fut sensible à ces deux pertes, surtout à celle de son père, moins préparé à paraître devant l'arbitre suprême.

Elle vint à Vannes rassembler des filles pour sun monastère, n'ayant égard qu'aux bonnes qualités. Elle installa solennellement les carmélites dans l'établissement qu'elle avait fait bâtir. Des affaires à régler l'empêchèrent, pendant quatre ans, de se cloîtrer avec elles ; mais elle suivait, autant que possible, les exercices de la communauté, près de laquelle elle fixa sa demeure.

Cependant le duc donnait un grand scandale ; Françoise lui écrivit trois fois, passa quinze jours à Nantes, pour le presser de renvoyer la malheureuse qui partageait sa passion. Il la mit en ville et la voyait secrètement. La duchesse douairière lui offrit des sommes considérables pour la décider à s'éloigner. Voyant ses efforts inutiles, elle regagna Vannes.

Le 25 Mars 1469, quittant son deuil, elle prit l'habit religieux. En considération de la dignité qu'elle quittait et de son titre de fondatrice, on la força de prendre place à côté de la supérieure. Son humilité s'en dédommagea, en recherchant ce qu'il y avait de rebutant dans les travaux de la maison.

L'illustre novice obtint d'aider l'infirmière ; et la prieure qui l'avait rudoyée pour une faute involontaire, fut le premier objet de ses soins. Françoise lui pansait deux fois par jour et à genoux un cancère au pied. Le monastère fut successivement affligé de la dyssenterie et de la peste. Epargnée presque seule, Françoise suffit à tout. Après un an d'épreuve, elle pria de la recevoir sœur converse ; la communauté voulut qu'elle fût religieuse de chœur. Elle prononça ses vœux le 25 Mars 1470, et devint le modèle, les délices de ses compagnes, par sa ferveur et son aménité.

Peu de temps après, mourut la duchesse Marguerite. La prudente religieuse fit conclure le mariage du duc avec Marguerite de Foix, qui le ramena au devoir.

Prieure, malgré elle, en 1474, elle édifia par le nouvel accroissement de ses vertus et de son exactitude à suivre et à maintenir la règle. Souvent elle rappelait le grand précepte de la charité, et redisait : Que Dieu soit toujours le plus aimé ! Le duc, à la sollicitation de son épouse, obtint du pape le remplacement des bénédictines de Couets, à une lieue de Nantes, par les carmélites avec ordre à Françoise d'en accepter la supériorité. Elle y entra le 20 Décembre 1476, avec neuf de ses religieuses, que les autres se firent autoriser à rejoindre. La vertueuse prieure répara le couvent et le dirigea d'une manière admirable. A sa demande, le père Alain de la Roche y établit la pratique du rosaire, et le duc supplia Sixte IV d'approuver ce moyen d'honorer la Mère de Dieu, ce qu'il fit par sa bulle du 9 Mai 1479.

Françoise soignant une fille attaquée d'un mal contagieux dont elle mourut entre ses bras, gagna une maladie. Le lendemain elle se confessa, entendit la messe, le sermon et communia. Quelques jours après, confessée de nouveau, elle reçut le viatique, passa le jour en prière, fit une touchante exhortation à sa communauté, et munie de l'extrême-onction, elle expira le 4 Novembre 1485.

(M. de Garaby).

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