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PRISE DE FOUGERES et BATAILLE DE ST-AUBIN DU CORMIER.

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ÉPISODE DE LA PRISE DU DUC D'ORLÉANS D'APRÈS LA CHRONIQUE BERNOISE.

Au printemps de 1488, l'armée française au nombre de 12.000 hommes, sous les ordres de La Trémoïlle, neveu du seigneur de Craon, dont 8.000 Suisses commandés par le bailli de Dijon, entra en Bretagne. La ville de Fougères fut prise aussitôt.

L'armée du duc François II, était d'égale force ; elle se composait de 400 lances, 8.000 piétons français, 800 allemands, quelques centaines d'anglais [Note : Malgré la défense de Henri VII roi d'Angleterre, alors en bons termes avec Charles VIII de France, le capitaine de l'Ile de Wight, Edouard Wydeville chevalier, soi-disant seigneur de Scalles, leva une compagnie de 350 hommes pour marcher au secours du duc de Bretagne. Ce contingent débarqua à Saint-Malo, où il laissa ses bateaux et rejoignit l'armée bretonne à Rennes. Aucun de ces hommes ne devait revoir l'île de Wight, et le duc de La Trémoïlle confisqua les bateaux lors de la capitulation de Saint-Malo. (Voir la fin lamentable du contingent de l'île de Wight dans la Revue de Bretagne de novembre 1911, Tome XLVI, marquis de Beauchesne)] et aussi des déserteurs suisses.

Le 28 juillet 1488, les deux armées se rencontrèrent non loin de Saint-Aubin du Cormier, d'Orléans et d'Orange dont on se méfiait combattirent à pied, à la tête de leurs troupes bretonnes et allemandes, ils ne purent résister au choc formidable des lances françaises qui les attaquèrent en flanc et sur l'arrière. Mais c'est surtout la prise du duc d'Orléans et du prince d'Orange qui compléta la victoire de La Trémoïlle.

A ce sujet le chroniqueur bernois Anshelm [Note : Anshelm Valérius, auteur de la Chronique de la Ville de Berne et de toute la Suisse. Il avait à sa disposition les archives des Cantons. Son manuscrit fut publié une première fois en 1832, il a été réédité en 1884, en 6 volumes, par la Société d'Histoire de Berne. Il n'a pas assisté à la bataille de Saint-Aubin, mais a écrit d'après les témoins oculaires, originaire du Würtembourg, est arrivé à Berne en 1505] raconte ce qui suit :

« Fut là pris, sans être reconnu, le susnommé Louis, un fieffé ennemi de la couronne de France par le capitaine Spæting de St-Gall, rapidement racheté pour une petite rançon par les Français qui le reconnurent, et livré pour une très forte rançon à leur roi ; tenu quelque temps en prison par celui-ci, réconcilié avec lui, sur les instantes prières de sa pieuse épouse Jeanne [Note : Jeanne de France, fille de Louis XI, épouse du duc d'Orléans qu'il répudia pour se marier avec Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII] et mis en liberté. A ordonné qu'il fut délivré au capitaine Spæting une pension importante sa vie durant » [Note : Traduction littérale du texte ci-après, en dialecte bernois de l'époque : Ward der obgenampter Herzog Ludwig, ein verrüfter der Kron Frankrych Fiend, unerkannt vom Hauptmann Spæting von St-Gallen g'fangen ; ylends von den Franzosen, als Ihnen bekannt mit ringer Ranzung gelœst, hœhergerantzt, und Ihrenn Kœnig überantwort. Von dem, eine zit lang grænglich gehalten, durch emsiche bit sines edlen frommen egemal's Johanna versient, ledig gelassen., Hat dem Spæting, selb's Willens eine namliche Pension, sin Leben lang zu geben verordnet. Auch Orainen wurde von einem Schweizer gefangen].

« Orange fut aussi pris par un Suisse ».

Ce passage de la chronique d'Anshelm jette un jour nouveau sur la prise du duc d'Orléans. En effet aucun des historiens bretons n'attribue cette prise aux Suisses, à moins que ces historiens ne veuillent considérer comme français tous les hommes combattant pour le compte du roi de France.

Alain Bouchard [Note : Alain Bouchard, historiographe d'Anne de Bretagne deux fois reine de France, qui fit mettre à sa disposition les archives de l'Etat] dont l'histoire de Bretagne est la plus ancienne en date (1514), 27 ans après la bataille, écrit :

« Le prince d'Orléans fut connu entre les Suisses ayant un écrevisse et lui dit-on : Monseigneur, baillez la foi et on vous sauvera. Incontinent furent nouvelles était pris parmi les gens de pié [Note : Gens de pié pour gens à pied (infanterie)]. Le seigneur de La Trémoïlle le bailla à Louis de l'Hospital, lequel le mena en saine garde à St-Aubin du Cormier, en un logis. Incontinent, fut le logis entouré de gens de pié, disant qu'ils l'auront mort ou vif et était leur prisonnier. Tantôt après, fut ce bruit apaisé et les gens de pié se retirèrent ».

Les Suisses combattirent le plus souvent à pied. Si donc, Alain Bouchard désigne les Suisses par gens de pié, son récit, un peu obscur, confirme la chronique d'Anshelm : on s'explique très bien que, trompés par les Français sur la qualité du prisonnier qu'ils leur avaient cédé bon marché, les Suisses aient voulu reprendre le duc d'Orléans, pour le vendre plus cher directement au roi.

D'Argentré (1519-1590) répète en d'autres termes le récit de Bouchard, sans plus de précision. Dom Lobineau (1666-1727) dit : le duc d'Orléans fut pris dans les bois par des soldats français qui le reconnurent à une écrevisse qu'il portait.

Enfin, M. de la Borderie, historien breton très estimé, mort en 1908, écrit : « Le duc d'Orléans, au milieu des allemands ne voulut pas fuir et se battit en désespéré. Les français le reconnurent à une armure dite écrevisse et au lieu de le tuer le firent prisonnier ».

En résumé Anshelm, le chroniqueur bernois raconte un épisode qui semble confirmé par Alain Bouchard sous une autre forme, moins explicite, et M. de la Borderie lui-même dit que les Français reconnurent le duc à son armure, mais d'après Anshelm, ils ne le reconnurent qu'une fois pris par les Suisses. Aussi ceux-ci voulurent-ils le reprendre de force lorqu'ils apprirent que les Français leur avaient caché la qualité de leur prisonnier.

Et lorsque Alai Bouchard ajoute : Tantôt fut ce bruit apaisé et les gens de pié se retirèrent, on doit conclure que ces gens de pié reçurent entière satisfaction, c'est-à-dire la forte rançon.

Cette question m'a paru très intéressante. Je laisse aux érudits bretons le soin de la résoudre.

Si l'on trouvait aux archives nationales dans le compte des pensions et soldes payées aux Confédérés et à leurs volontaires, mention de la pension viagère accordée par le roi Charles VIII au capitaine Spæting de St-Gall, la preuve de la prise du duc d'Orléans par les Suisses serait faite.

(C. Rieger).

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