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LA CHAPELLE-BASSE-MER |
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La commune de La Chapelle-Basse-Mer ( Chapel-Baz-Meur) fait partie du canton du Loroux-Bottereau. La Chapelle-Basse-Mer dépend de l'arrondissement de Nantes, du département de Loire-Atlantique. |
ETYMOLOGIE et HISTOIRE de LA CHAPELLE-BASSE-MER
La Chapelle-Basse-Mer vient du latin "capella" et de Batsameri, nom d'un seigneur du XIIème siècle.
Le territoire de La Chapelle-Basse-Mer appartient au début du XIIème siècle aux moines de l'Abbaye de Marmoutiers (Indre-et-Loire), puis au Chapitre de Nantes en 1138.
On rencontre l'appellation "La Chapelle-de-la-Petite-Mère" (au XIVème siècle). Un des villages porte le nom de "Fosse aux Loups".
Nota : liste non exhaustive des maires de La Chapelle-Basse-Mer : Jean Pierre Bugeau (en 1832), Laënnec (à partir de 1842), Attimont, Pillet, le baron Brin, et Douineau.
PATRIMOINE de LA CHAPELLE-BASSE-MER
l'église Notre-Dame (1844-1892), œuvre des architectes Boismen, Manguy et Coquillard. L'église primitive est incendiée le 10 mai 1794 durant les guerres de Vendée. On y trouve une dalle funéraire datée du XVIème siècle et gravée du nom du recteur Bertrand de Chanté (décédé en 1526). La chaire à prêcher date de 1854. L'autel Sainte-Marie, œuvre de Joseph Vallet (sculpteur), date de la fin du XIXème siècle. A signaler aussi deux autres autels : celui de Saint-Joseph et du Sacré-Cœur. Le tableau intitulé "La Vraie Croix" date de 1838. Les orgues, œuvre de Louis Debierre, datent de 1891. Le possesseur de la châtellenie de l'Epine-Gaudin était jadis seigneur supérieur et fondateur des églises, chapelles et presbytères de la Chapelle-Basse-Mer et de la Remaudière ;
la chapelle Saint-Simon (XVI-XVIIIème siècle), située dans l'ancien village de Port-des-Mauves (ancien port de Saint-Simon). Richelieu s'y arrête en 1626 alors qu'il va à Nantes présider à une décapitation sur la place du Bouffay. Elle est bénite en 1640 par le cardinal Richelieu. Cette chapelle est restaurée en 1775 par Charles Etourneau. Suite à l'effondrement de sa toiture en 1789, elle servira de dépôt de fourrage. A signaler que René Jousseaume, tué durant les guerres de Vendée, est inhumé dans la chapelle en 1794 ;
la chapelle Saint-Pierre-aux-Liens (XVIème siècle), édifiée sur une fondation plus ancienne ;
le château de la Chenardière (XIV-XVII-XIXème siècle). Les seigneurs Lescraing, qui en sont propriétaires, fondent une chapellenie dédiée à saint Jacques. Cette chapellenie entraîne la création d'un clergé important à La Chapelle-Basse-Mer (13 prêtres en 1554). Le château devient ensuite la propriété de Jacques Ballet en 1729, puis de Pierre Philippe de Cadeville en 1746, et des familles Prébois et Lincoln dont les descendants existent à l'île Maurice. Au moment de la Révolution, les Hamelin en sont propriétaires : ils signent Hamelin de Capdeville ou de Cadeville [Note : De Cadeville... Ameline, sr. de Cadeville, de Noisemont de la Chesnardière, paroisse de la Chapelle-Basse-Mer, évêché de Nantes, de Trédiec, etc. Cette famille, anoblie en 1695, fut maintenue au conseil de 1717. Ses armes sont : « Bandé d’argent et de gueules, de huit pièces au chef d'azur chargé d'un soleil d'or ». (J. Baudry)]. C'est en cette demeure que se nichèrent, un moment, les 7 statues de l'abbaye de Sainte-Radégonde ;
le château de la Vrillère (XV-XVIIème siècle), tout fortifié. Propriété de René Marcys en 1588, puis des familles Montmorency (en 1668), Condé (seigneurs de Châteaubriant et d'Oudon), Cornuillé (en 1776), Saint-Pern et Peigné. De l'ancien manoir, il reste le porche d'entrée et un colombier, avec, au-dessus de la porte d'entrée, les armes des Saint-Pern, avec dix losanges ;
le château de la Mazure (XV-XVII-XIXème siècle). Propriété successive des familles Rouxeau, de Bon de La Font Fouchaud (en 1681), de Meriadec Laënnec (au XIXème siècle). Mériadec Laënnec est le cousin du célèbre Théophile Laënnec. Avant la Révolution, il y avait là, la famille Rivière de Vauguérin qui vendit le domaine à la famille Cocaud du Verger. L'édifice de La Mazure, avec ses deux tourelles, son menhir, à plat, dans la cour d'honneur, a fort belle allure ;
le château de La Berrière. Propriété des familles Avaugour et Ballet de La Chénardière avant 1737. Puis, propriété de la famille Berthrand de Coeuvres (riches banquiers des armateurs nantais). Cette famille possédait outre La Barrière et Vilfin, La Sénardière (en Gorges), Les Bouteilles (au Bignon), Gesvres (en Trélières) et un hôtel à Nantes, situé dans la rue Sully. Les biens passent ensuite par héritage dans les familles du Halgouët et Lenfant de Louzil, puis Bascher, alliés aux Becdelièvre et Boussineau. L'édifice possède des douves symboliques et deux lions de pierre portent des armoiries, sur les montants de la porte d'entrée. Devant le château se trouve une fuie avec mille trous ;
le manoir de La Bretesche. Propriété des familles Bertrand de Coeuvres (armateurs et banquiers) et Bascher de Beaumarchais, alliée aux de Becdelièvre, Lenfant de Louzil et Bouteiller ;
l'ancien château ducal de L'Epine-Gaudin, qui fut l'un des sièges du marquisat des Goulaine et des Montmorency. C'est là qu'ils percevaient leurs rentes sur les manants. Il s'agit d'une juridiction avec fourches patibulaires. Les Clisson en faisaient une fortification avancée, qui gênait les ducs de Bretagne. Propriété jadis d'Olivier de Clisson, des Montmorency, puis de Gabriel de Goulaine, époux de Marguerite de Bretagne. Il subsiste que les bases de tours massives ;
Note : La construction du chemin vicinal N° 13 de la Chapelle Bassemer (Chapelle-Basse-Mer), a mis à jour dans une tranchée, une partie des substructions de l'ancien château de l'Epine-Gaudin. Ces fondations empiétant sur le fossé de la route, M. Taillebois, ingénieur du Service Vicinal donna l'ordre à l'entrepreneur de les conserver, au moins provisoirement, puis il nous invita à venir les examiner. On n'aperçoit que le soubassement d'une tour, et il faudrait ouvrir des tranchées pour découvrir le reste des fondations ; la dépense serait hors de proportions avec l'intérêt qu'on en retirerait ; ces fouilles cependant, permettraient de vérifier si, suivant une tradition locale, ce château du XVème siècle a été édifié sur les ruines d'une forteresse plus ancienne qui devait constituer un obstacle sérieux à un envahisseur venant du côté de l'Est, mais cette tradition est purement légendaire. A notre avis, le coteau de l'Aubardière qui domine à la fois la Loire et la gorge profonde où coule la rivière la Divatte, (limite de la Bretagne et de l'Anjou), était plus désigné pour recevoir cette forteresse. L'Epine-Gaudin était un petit fief sans force, sans résistance comme ceux de l'Angle-Goulaine et du Loroux-Bottereau, incapable, d'après A. de la Borderie, d'arrêter un ennemi qui, d'Anjou aurait tenté de pénétrer en Bretagne, et cet historien ajoute « que cette périlleuse lacune, cette négligence si coupable, décèlent chez les comtes de Nantes, successeurs d'Alain BarbeTorte, la faiblesse, l'insuffisance du sentiment breton, peut-être même une connivence avec les comtes d'Anjou dont, si souvent, ils sollicitèrent la protection. Le marquisat de Goulaine ne fut qu'une création factice du XVIIème siècle ». La situation de l'Epine-Gaudin était peu favorable à la défense, car le château était dominé par le coteau de l'Aubardière dont l'altitude est de 70 mètres, mais il faut se rappeler qu'au commencement du XVème siècle, on se préoccupait peu des hauteurs dominantes quand le château, lui-même, était hors de portée des projectiles du temps, lesquels, jusqu'au règne de Charles VIII n'étaient que des boulets de pierres. Il ne s'agissait pas d'ailleurs d'un véritable château-fort ayant droit de garde et de guet, mais d'un simple manoir fortifié. Construit sur le versant ouest du coteau de l'Epine-Gaudin et séparé du coteau de la Mazure par un vallon perpendiculaire à la Loire, ce manoir était défendu, du côté du Nord par une sorte de douve dont on voit encore les traces et enfin du côté de la Loire par une dénivellation profonde. Courte sera son histoire, mais il nous a paru intéressant de faire revivre quelques souvenirs se rattachant soit à la Terre de l'Epine-Gaudin, soit aux habitants de ce château. Cette Terre avait été donnée en 1409, par le duc Jean V à Marguerite de Clisson, la trop fameuse Margot, seconde fille du Connétable. On pourrait à bon droit s'étonner de ce don gracieux quand on se rappelle la haine implacable qui divisa si longtemps leurs parents : Vingt ans de luttes marquées par l'incendie du château du Gâvre allumé par Clisson, et par les lâches attentats fomentés contre lui par Jean IV, au château de l'Hermine à Vannes et Rue du Roi de Sicile à Paris, se terminèrent à la paix d'Aucfer (1395) où les deux adversaires se réconcilièrent. Le duc Jean IV devait d'ailleurs mourir en 1399, laissant la couronne ducale à son fils Jean V alors âgé de 10 ans, et c'est le vieux Connétable qui, lors du couronnement de Jean V à Rennes, le 23 mars 1402, arma chevalier le jeune duc et lui donna l'accolade. Cependant les querelles entre le duc et son vassal recommencèrent et Olivier de Clisson poursuivi pour crimes de maléfices et de sorcellerie dut verser cent mille livres pour acheter la tranquillité de ses vieux jours (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne). Ce honteux exploit contre un moribond fut sévèrement jugé par la noblesse bretonne. Clisson mourut en effet le 23 avril 1407 à Josselin, mais Jean V poursuivit de sa haine, sa fille Marguerite comtesse de Penthièvre. A défaut de la noblesse bretonne, qui refusa de faire campagne contre les Penthièvre, Jean V ne craignit pas de trahir la Bretagne en faisant appel à l'étranger pour assouvir ses rancunes : Un corps de troupes anglaises commandé par le comte de Kent ravagea tout le comté de Penthièvre. La mesure était comble et souleva contre le duc sa propre femme Jeanne de France qu'il injuria et brutalisa, le duc de Bourgogne qui menaça d'aller le mettre à la raison, la reine Isabeau de Bavière et enfin les barons bretons « grandement couroucés » (Chronique d'Enguerrand de Monstrelet). Devant cet orage imprévu, le duc se déclara prêt à faire la paix avec les Penthièvre : Il leur rendit les places qu'il avait prises et, en dédommagement de la Châtellenie de Montcontour, il leur donna une rente de 3.000 livres et cette châtellenie de de l'Epine-Gaudin faisant l'objet de ce mémoire. Il promit enfin d'être un bon et loyal seigneur et il tint parole jusqu'à la trahison de Margot. Le guet-apens de Champtoceaux des 12 et 13 février 1420, exécuté par cette femme, est bien à la mesure de sa perversité. Invités au Château, résidence de la comtesse de Penthièvre, Jean V et son jeune frère Richard furent traîtreusement sequestrés, mais le dénouement de cette perfidie fut la prise de Château-Ceaux et la capitulation de Margot qui, pour avoir la vie sauve, accepta de se rendre à merci (5 juillet 1420). Tous les biens des Penthièvre furent confisqués. Jean V donna à Richard son fidèle compagnon de captivité et de misères, la châtellenie de l'Epine-Gaudin, la baronnie de Clisson en Bretagne, et les terres de Courtenay et de Houdan en France, par lettre datée de Vannes du 29 Septembre 1420, confirmée en 1421, 1424 et 1436. Il y ajouta Palluau en Poitou et les Châtellenies de Renac et du Bois Roul près Redon (Archives départementale, E). En même temps, il transportait à son autre frère puîné, Pierre, les biens confisqués sur les enfants de Margot, Olivier et Charles de Blois (Archives départementale, E). Un parallèle entre l'état de la France et celui de la Bretagne ne nous semble pas inutile pour l'intelligence de ce qui va suivre. 1420 ! date fatale de l'histoire de France, année du honteux traité de Troyes qui consacrait la déchéance de notre Patrie, sa vassalité, la perte de son indépendance. En attendant qu'il soit proclamé Roi de France et d'Angleterre, Henri V, régent du royaume s'était installé au donjon de Vincennes et, acclamé par les vivats des Parisiens, il avait pris possession de la Bastille et du Louvre : le peuple avait perdu toute dignité, tout sentiment national. Hélas, la longue et atroce guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs, et l'interminable guerre avec l'Angleterre avaient causé une misère effroyable : l'Université de Paris, même, s'était ralliée à la cause anglaise, et le blason du vainqueur d'Azincourt ornait toutes les salles de la Sorbonne. (Note : Dans le petit monde Armagnac, les ralliés à la cause anglaise étaient flétris du nom de Sorbonnards. Conformément à l'une des clauses du traité de Troyes, Henri V, épousa Catherine de France, fille d'Isabeau et de Charles VI, dix jours après la signature du Traité). Le peuple décimé par la guerre, la famine et les épidémies espérait avant tout la fin de ses maux, il aspirait à un gouvernement fort qui ramènerait la paix et l'abondance : « Labeur, disait Alain Chartier, le chroniqueur de cette triste époque, labeur a perdu espérance, tout est proye ce que l'espée ou le glaive ne deffend ». Providentiellement, on peut le dire, Henri V atteint du mal de St-Fiacre, mourait à Vincennes, à 35 ans, le 31 août 1422, deux mois avant Charles VI ; l'héritier légitime n'avait plus devant lui qu'un enfant de neuf mois, qui ne pouvait être sacré avant sa majorité. « La voie du dauphin était libre », mais la route à parcourir était longue, puisque la pure héroïne qui devait le conduire à Reims n'avait encore que dix ans. Contraste saisissant, près de cette France anarchique et misérable, la Bretagne sous le gouvernement de ses ducs, jouissait depuis quarante ans d'une ère de véritable prospérité. Après la guerre de succession, une paix réparatrice avait favorisé le développement de l'agriculture, du commerce et de l'industrie ; Nantes, Lorient, St-Malo et les petits ports du Léon étaient en relations suivies avec l'Angleterre, l'Espagne, la Flandre et le port de Bordeaux, et notre ville, qui commençait à prendre figure de capitale, voyait son port fréquenté par de nombreux navires étrangers et par une flotte ducale que protégeait, sous les ordres d'un amiral de Bretagne, une marine militaire composée de grandes barques armées en guerre, ayant pour mission de convoyer les navires marchands moyennant une rémunération tarifiée par nature de marchandises et par tonnages transportés. La Bretagne était une oasis au milieu des agitations violentes qui secouaient la France, car « en Bretaigne Justice régnait, le prince estoit obéi de grans et petits, le peuple y estoit riche et plein de biens » (Alain Bouchard. — Les grandes Chroniques de Bretagne) et Froissard confirme le chroniqueur breton en disant « qu'il y avait de riches vilains à grand foison ». Le calme et la sécurité qui en résultaient ne pouvaient être qu'appréciés par ses habitants. Le 8 mai 1421 le dauphin Charles (Note : Charles, onzième enfant d'Isabeau et de Charles VI, devint dauphin de France après la mort successive de quatre frères aînés, dont Louis, duc de Guyenne, mort en 1415 et Jean, duc de Berri, mort en 1417) et Jean V signaient, à Sablé, un traité d'alliance et d'amitié, aux termes duquel le dauphin investissait Richard, le nouveau châtelain de l'Epine-Gaudin, du comté d'Etampes par reconnaissance envers celui qui en 1418, à Paris avait sauvé la dauphine (Note : La dauphine, fille de Louis II duc d'Anjou, de Sicile et de Yolande d'Aragon, était alors âgée de 14 ans. Cinq ans auparavant, Yolande l'avait mariée avec Charles âgé de 10 ans dans le but de le soustraire à l'influence de son abominable mère Isabeau et de son père dément et de le mettre sous la tutelle de ses beaux parents. — La reine Marie fut l'Egérie de Charles VII qui lui témoigna toujours une grande tendresse, malgré son amour extra-conjugal pour Agnès Sorel), la douce Marie d'Anjou, des mains de ses pires ennemis, les Anglo-Bourguignons, mais Richard ne put entrer en possession de ce fief dont le duc de Bourgogne s'était emparé en 1418. Charles lui fit encore donation du Comté de Mantes (Archives départementales, E-31) et favorisa son mariage avec sa propre cousine germaine, Marguerite d'Orléans, enviable union qui l'apparentait à la famille royale. Avant son mariage, Richard résidait près du duc, à moins qu'il ne fût en France, à guerroyer contre les Anglais ou « à bouter hors de Bretaigne aucuns gens d'armes venus pour piller le païs ». Ce mariage fut célébré en 1423, et la jeune épouse apportait en dot, le Comté de Vertus en Champagne (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne), de ce fait Richard devint aussi Comte de Vertus. Petite-fille de Charles V, Marguerite était la fille de Louis d'Orléans et de Valentine Visconti (d'où devaient naître les prétentions des Valois-Orléans sur le Milanais). Elle était aussi la soeur du gracieux poète qui fut le père de Louis XII, Charles d'Orléans, le plus célèbre de nos trouvères, aimable épicurien d'une dévotion souriante, fait prisonnier à Azincourt, dont la captivité dans les geôles anglaises dura 25, ans et qui, libéré en 1440, se retira dans sa cour de Blois, « rendez-vous de tous les rimeurs de son temps » (Note : Au lieu de chanter les fleurs, les saisons et l'amour, n'est-il pas regrettable que ce poète n'eût pas un cri de l'âme pour pleurer sur le désastre d'Azincourt et sur sa longue captivité, ni pour glorifier l'épopée de Jeanne d'Arc ?). Marguerite avait reçu de sa mère qui fût l'une des femmes les plus cultivées de l'époque, une éducation soignée ; elle avait partagé avec ses cinq frères et ses deux soeurs la vie riche et élégante qui fût celle de ses parents, mais sa mère avait apporté de la cour de Milan un esprit nouveau, un goût des plaisirs de l'esprit et de la société plus raffiné que celui de la cour des Valois (Note : Isabeau de Bavière, devenue la maîtresse de son beau-frère, Louis d'Orléans, exila de la cour Valentine Visconti, duchesse d'Orléans, en lui imposant le résidence du château de Beauté) ; Coucy, Pierrefonds, Villers-Cotterets, demeures princières de son père Louis d'Orléans, avaient abrité son enfance et entouré sa jeunesse d'un luxe vraiment royal. Le Comte d'Etampes Richard et sa femme, futurs parents du futur duc François II (qui ne devait naître que le 23 Juin 1435) et de cinq autres enfants se fussent volontiers rapprochés de Charles VII qui leur témoignait tant d'intérêt, mais l'amitié de Jean V leur était précieuse et d'autre part l'anarchie qui régnait en France, presqu'entièrement sous la domination anglaise, la guerre civile de nouveau déchaînée par l'assassinat du duc de Bourgogne (1419) sévissant encore dans toute sa violence, les décida à se fixer en Bretagne. Séduit par la situation de son nouveau domaine l'Epine-Gaudin, Richard projeta d'y construire un manoir. Comme aujourd'hui, en effet, le site avait sa beauté, sa luminosité, sa « doulceur presqu'angevine » dirait Joachim de Bellay ; ses coteaux étalaient déjà la richesse et la diversité de leurs cultures, l'opulente vallée de la rive gauche déroulait à leurs pieds le tapis vert de ses fertiles prairies, enfin la Loire majestueuse mais indolente ou capricieuse, tantôt roulait paresseusement et sans bruit ses eaux claires sur le fond doré de ses grèves, tantôt au cours de ses crises périodiques débordait tumultueusement et venait battre le rempart infranchissable des falaises abruptes de son lit majeur. De l'autre côté du fleuve, au-dessus de la rive rocheuse de gneiss et de micaschites, s'élevait presqu'à l'aplomb de cette rive, la forêt du Cellier qui couvrait alors une vaste étendue et estompait l'horizon de sa note verte ou jaunissante. Richard implanta donc sur le coteau de l'Epine-Gaudin la gentilhommière dont on vient de retrouver les fondations, capable sinon, de supporter un siège, du moins de résister à un coup de main. Campé au bord du plus beau fleuve de France, dans un pays très giboyeux et « à grande foison de tous autres biens », au milieu de vignobles qui produisaient comme aujourd'hui un vin « délectable », le manoir de l'Epine-Gaudin, devint l'agréable séjour d'un très grand seigneur. Pendant les années qui suivirent la confiscation des biens des Penthièvre, il le préféra au Château de Clisson dont il dut faire le siège pour en prendre possession. Les Penthièvre y avaient en effet laissé une garnison qui ne se rendit que le 5 octobre 1420 (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne). La ville elle-même, fit une certaine résistance, car à Clisson, le souvenir du Connétable était encore vivace et sa fille Margot, malgré son indigne conduite envers Jean V et Richard lui-même, avait conservé quelques sympathies dans l'entourage du château. Richard lui en garda une rancune qui se manifesta à l'occasion d'une requête des habitants pour la suppression d'une taille abolie par le Connétable et que Margot avait rétablie. Ils n'obtinrent satisfaction que dix ans après. D'autre part par ces temps troublés où la lutte entre les Bourguignons et les Armagnacs, s'amplifiait jusqu'au crime, Richard ne cherchait dans le calme Logis de l'Epine-Gaudin, en attendant la pacification des esprits, que la sécurité et la tranquillité pour lui, et surtout après son mariage, pour sa jeune femme, afin de la mettre hors d'atteinte des assassins de son père, assassins que le meurtre récent du duc de Bourgogne devait avoir exaspérés. Dans ce but, et pour parer aussi à un retour offensif des Penthièvre, un capitaine à la tête d'une petite garnison assurait la garde du Château de l'Epine-Gaudin. Celui-ci n'ayant droit de garde ni de guet, l'entretien de cette garnison devait être coûteuse, mais un mandement de Jean V en date du 27 Décembre 1427, attribua à Mgr d'Etampes une certaine somme pour « lui ayder à soulday les gens d'armes et de trait, qu'il tient à l'Epine-Gaudin et ailleurs » (Archives départementales E. 36. La sollicitude de Jean V pour son frère préféré était telle, qu'il avait pris à sa charge la pension de Marion Duval sa nourrice). Les époux partagèrent bientôt leur séjour entre Clisson et l'Epine-Gaudin. De leur union naquirent six enfants : - François qui devait être le dernier duc de Bretagne, - Marie, femme du maréchal de Rieux qui, devenue veuve, finit ses jours abbesse de Fontevrault, - Catherine qui, en 1438, épousa Jean de Chalon, fils du prince d'Orange, - Madeleine, morte sans alliance. Enfin un fils et une fille morts en bas âge. En 1435, la Comtesse d'Etampes alla seule voir le roi à son passage à Poitiers. On peut en déduire que Richard était déjà malade, car quelques mois après, le 2 février 1436, il fit un testament léguant à sa femme tous ses biens meubles, plus une rente de 4.000 livres, assise sur les Terres de Clisson, de l'Epine-Gaudin et de Renac. Il mourut à Clisson le 3 Juin 1438 et fut inhumé dans le tombeau de Jean IV à la cathédrale de Nantes [Note : Ce tombeau existait dans le choeur même de la cathédrale. En 1733, il fut déplacé vers l'Est et détruit sous la Révolution. La tombe, qui ne contenait plus d'ossements, subsista jusqu'en 1888 (J. R. Russon et Duret)]. Marguerite hérita du tiers de la succession de son époux sur les Terres de l'Epine-Gaudin, de Château Fromont, de Couëron, du Pellerin et d'Indret accordé par les curateurs de son fils François comte d'Etampes, à charge par ladite dame d'élever sa fille Madeleine jusqu'à sa majorité (Archives départementales, E 29). Jean V y ajouta une pension de 2.500 livres et une somme de 5.000 livres à prélever sur les fouages de l'évêché de Mantes (Archives départementales, E 29). A l'occasion de cette mort, le roi fît faire sommation par le premier huissier du Parlement au duc de Bourgogne pour lui signifier d'avoir à restituer aux héritiers de Richard, le comté d'Etampes dont il s'était emparé indûment (Archives départementales, E 31). Cette sommation resta sans effet et, malgré les efforts de François II, cette restitution ne fut opérée qu'en 1513, au profit de la reine Anne. Le comté d'Etampes fit retour à la couronne à la mort de la reine Claude (1524). Marguerite ayant quitté Clisson, ses mandataires Simon d'Anglure et M. Esgageau prirent possession de son douaire. En 1458 elle fit donation à son fils de tous ses droits éventuels sur le duché de Luxembourg, le comté d'Ast et le duché de Milan qu'elle tenait de sa mère. On sait que ces droits revendiqués par son neveu Louis XII, servirent de prétexte à la conquête du Milanais (Archives départementales, E 29). Pour vivre en paix et pour se retirer du monde, Marguerite entra à l'abbaye de Longchamp et par autorisation spéciale du Saint-Siège, elle fut dispensée de tout voeu et de toute astreinte à la règle monastique de Sainte Claire (Archives départementales, E 36). Elle revint à Clisson avec la duchesse Françoise d'Amboise à l'occasion de la naissance d'une enfant de Marguerite de Bretagne, sa belle fille. Enfin, elle se retira chez les Clarisses de Guiches où elle mourut en 1466. Quant au château de l'Epine-Gaudin, il avait été démoli peu de mois après la mort de Richard. La discipline de la petite garnison qui l'occupait laissa beaucoup à désirer, et les déprédations de ces gens d'armes firent l'objet de nombreuses plaintes des voisins. Mais le capitaine de la place mit le comble à la mesure lorsqu'il eût la prétention d'imposer aux habitants de Basse Goulaine et de Saint Julien de Concelles, de faire le guet et de les taxer à 12 sols et 6 deniers par feu à titre de contribution aux réparations du château. Les habitants se plaignirent directement au duc Jean V qui les exonéra de ces charges illégales (22 décembre 1438). Après enquête qui démontra les déprédations de cette soldatesque, le duc supprima purement et simplement la garnison puis dans le courant de Janvier 1439, il ordonna la démolition du château. Celui-ci, n'eût donc qu'une existence éphémère. Son intérêt réside surtout dans les hôtes illustres qui l'habitèrent. Aux Etats tenus à Vannes le 24 mai 1451, le chancelier déclara que les Terres de Clisson de l'Epine-Gaudin et de Renac avaient été réunies au duché par un traité entre le feu duc François Ier et le comte de Penthièvre, par suite la comtesse d'Etampes n'en jouissait qu'à titre d'apanage. Cette Chatellenie de l'Epine-Gaudin fut donnée par le duc François II à son neveu Jean, prince d'Orange, fils de sa soeur Catherine, avec les terres de la Ferté-Milon. Il ajouta à ce don deux rentes, l'une de 1.300 livres sur la recette d'Orléans et l'autre de 1.000 livres sur celle de Saint-Aubin-du-Cormier, plus mie somme de 12.000 écus d'or (Archives départementales, E 35). Enfin, un siècle et demi plus tard, cette Châtellenie fut réunie au Marquisat de Goulaine lors de sa création (1621). (de H. Sorin - 1941).
le manoir de La Barre. Propriété des familles Roger, Poulain de La Vincendière, du Lonlay (ou Loulay), puis de la famille de Mondragon. L'un des membres de la famille Poulain de La Vincendière fut maire de Nantes et il reçut Louis XIV. Leur rôle fut important parmi les chefs Blanc jusqu'en 1815. Une demoiselle Poulain épousa un Burot de L'Isle-Chaland ;
le manoir de La Fumoire, avec une curieuse chapelle en forme de gourde. Propriété, autrefois, de la famille Moricaud de La Haye. En 1851, y vivait, Henriette Moricaud de La Haye, âgée de 88 ans, avec quatre domestiques ;
la maison de Pierre-Percée. Propriété de la famille Potier de La Morandière ;
le manoir de La Pinsonnière. Propriété de la famille Beauchesne de La Morinière : Hippolyte y décède en 1855 et Adelaïde épouse en 1844 Augustin de Langlais (famille fixée à Sarzeau). Les oeuvres de l'artiste Xavier de Langlais sont bien connues ;
7 moulins dont celui du Bois-Mechine (1750 – XXème siècle), de Barbechat, de la Baulière, de la Gronière, des Fillettes, du Bas-Filliaud, ... ;
ANCIENNE NOBLESSE de LA CHAPELLE-BASSE-MER
Les terres nobles furent l'Epine-Gaudin, La Vrillère, La Barre, La Berrière, La Chénardière et La Pinsonnière.
La châtellenie de l'Epine-Gaudin — Cette seigneurie sise dans la paroisse de la Chapelle-Basse-Mer appartenait à l'origine aux sires de Clisson et fut confisquée en 1420 par Jean V sur Olivier de Blois et Marguerite de Clisson sa mère. Le duc la donna à son frère Richard de Bretagne qui y construisit une forteresse abattue dès 1439. L'Epine-Gaudin passa en 1476 à Jean de Chalons, prince d'Orange, petit-fils de Richard, par sa mère Catherine de Bretagne ; mais le prince d'Orange vendit cette châtellenie en 1491 à Arthur Lespervier. Bonaventure Lespervier, petite-fille de ce dernier, apporta en mariage l'Epine-Gaudin à François de la Noue ; leur petit-fils Odet de Noue la vendit, en 1594 à Gabriel de Goulaine (Archives de Loire Inférieure, E 35 et B 1008).
La châtellenie de l'Epine-Gaudin s'étendait surtout en la Chapelle-Basse-Mer, Saint-Julien de Concelles et la Remaudière. Son possesseur était seigneur supérieur et fondateur des églises, chapelles et presbytères de la Chapelle-Basse-Mer et de la Remaudière. Il jouissait d'un droit de pâturage pour cent moutons dans les communs de la Chapelle-Basse-Mer, des coutumes de la foire de Saint-Martin d'hiver à la Remaudière, de plusieurs dîmes de grains, vins et agneaux, enfin de nombreuses mouvances dans les trois paroisses (Déclaration du marquisat de Goulaine en 1616).
Au seigneur de l'Epine-Gaudin appartenaient encore les coutumes du lac de la Marzelle et celles d'une foire « qui se tient en la Chapelle-Bassemer, au port de Mauves, le jour Saint-Simon et Saint-Judes ». Il jouissait, en outre, de trois autres foires : celle de la Magdeleine à Barbechat et les deux foires de Saint-Nicolas d'été et Saint-Nicolas d'hiver tenues près du château de l'Epine-Gaudin (Archives de Loire Inférieure, E 882).
« Les pescheurs de la chastellenie de l'Epine-Gaudin peschant en la rivière de Loire » devaient à leur seigneur « chacun tous les ans, les premiers saumon, aloze ou lamproie sous peine de 60 sols d'amende ». Ils étaient de plus « obligés de venir avec leurs filets », lorsqu'ils étaient mandés par le seigneur « pescher en ses estangs et eaux deffensables ». Il était dû au même seigneur « par chacun an et par chacun des mestayers et vassaux de ladite chastellenie un devoir de bien, au jour qu'on leur fait savoir avoir besoin d'eux, et ne leur est deub que pour un denier de pain et une maille d'eau par jour ». « Chacun des bouchers nouvellement establis en Saint-Julien de Concelles et la Chapelle-Bassemer » devaient « faire serment devant les officiers de la juridiction de se comporter fidèlement au fait de la boucherie ».
Voici maintenant un droit féodal exercé à la Chapelle-Basse-Mer et qu'on ne retrouve point ailleurs, croyons-nous. C'était un moyen économique de fumer une partie des prairies de la vallée de la Loire en lesquelles certains vassaux avaient un droit d'usage : « Un aultre debvoir appartient au seigneur de l'Epine-Gaudin, c'est que ses hommes usant en les vallées sont obligés, eux, leurs femmes et leurs enfants, d'aller aux jours de Toussaint et de Noël, disner et faire leurs usages en certain lieu dit, et doibvent les officiers dudit seigneur savoir s'ils y ont esté, et, en défaut de l'avoir fait, sont amendables à la volonté de la cour » (Déclarations du marquisat de Goulaine en 1680 et 1696).
Sur le territoire de la Chapelle-Basse-Mer se trouvait Barbechat jadis sa trève, aujourd'hui paroisse et commune. Dans un site des plus pittoresques, près des ruines de l'ancienne église de Barbechat, se dresse une motte considérable surplombant le cours de la Divate, aux bords abruptes et escarpés. Il n'est point fait mention dans les aveux de l'Epine-Gaudin de cette motte féodale ou assiette d'antique château, mais seulement du fief et des vassaux de Barbechat. Ceux-ci étaient astreints au devoir de la « quintaine tant par terre que par eau que doibvent courir tous les nouveaux mariés habitant ledit fief, au jour indiqué par le seigneur et sous peine de 64 sols d'amende ». Les sujets du bailliage de Barbechat étaient, en outre, tenus à un devoir de chansons et pelotes rendu comme suit : « Le lendemain du jour de la Pentecoste de chaque année, les nouvelles mariées sont obligées de se trouver à l'issue de la grande messe qui se dit en la chapelle de Barbechat, et dire chacune trois chansons nouvelles, et ensuite donner le baiser au seigneur ou à l'un de ses officiers le représentant ; et l'après-disner du mesme jour, doibvent se retrouver aux communs du village de la Boissière, et rechanter les trois chansons et donner un pareil baiser que dessus. — Et sont les nouveaux mariés dudit canton obligés de se rendre le mesure jour après midy, audit lieu de la Boissière, et y porter chacun trois battoirs et trois ballons de cuir, et iceux donner à leur seigneur ou à l'un de ses officiers le représentant, lequel, ayant marqué un espace de vingt-quatre pieds en carré, leur jette à chacun les trois ballons qu'ils sont tenus de recevoir avec un de leurs battoirs et faire passer les bornes dudit espace de vingt-quatre pieds ; et par défaut desdits nouveaux mariés et nouvelles mariées de se trouver auxdits jour et heure, et se trouvant de faire ce que dessus, sont amendables chacun de 64 sols » (Déclarations du marquisat de Goulaine en 1680 et 1696). Enfin étaient encore dues au même seigneur et par les mêmes vassaux les rentes insignifiantes « d'une obole au terme de Saint-Denis » et de « deux mailles le premier dimanche après la Saint-Denis », mais avec cette stipulation aggravante « qu'en défaut de les payer dans le soir desdits jours, si demi-pied de chandelle est bruslé, il est deub 60 sols et 1 denier d'amende ».
Quant au domaine proche de l'Epine-Gaudin il ne se composait en 1594 que de l'emplacement et des ruines du château de ce nom, ruines couvrant une motte qu'entouraient des fossés creusés dans le roc vif ; — de l'étang voisin, — d'une quantité de terres en labour, jardins et vignes — enfin d'un moulin à vents (Archives de Loire Inférieure, E 882).
La seigneurie de la JARRIE. Ancienne seigneurie en la paroisse de la Chapelle-Basse-Mer, évêché de Nantes. En furent seigneurs ou dames : 1459 et 27 novembre 1469, nobles personnes François du Viel et demoiselle N... Le Bel, sa femme, seigneur et dame aussi du Boays (du Bois) ; 17 décembre 1481 et 16 avril 1482, honorable et sage maître Jehan Blanchet, sr. aussi de la Guillebaudière ; Jeanne Thomas, 1500 ; Gilles de Peillac, 1535 ; Charles des Ridelières, 1548 ; damoiselle Jeanne du Gué, veuve de noble homme Jean Goulet, sieur du Pin, de Loiselinière, de la Grande-Noë et de la Jarrie, père et mère, selon toute probabilité, de Jeanne Goulet qui épousa Christophe Juchault, Ier du nom ; messire Christophe Juchault, chevalier, conseiller du Roi en ses conseils d'État, président en la Chambre des Comptes de Bretagne, 15 avril 1649 ; Nicolas Ballet, secrétaire du Roi, 1690 ; Philippe-Vincent Roger de la Mouchetière, lieutenant général de l'amirauté de Nantes, 19 janvier 1781. (Archives de la Loire-Inférieure. E. 464, et E. de Cornulier, Dictionnaire des terres du comté Nantais) (Théodore Courtaux).
(à compléter)
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