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CHATEAU DE FOUGERES

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Le château est situé dans la partie Ouest de la ville close de Fougères. Il est édifié sur un site naturellement protégé d'un rocher émergeant du marécage cerné d'une boucle du Nançon, affluent du Couesnon, faisant office de douves. Le premier château appartient, au XIème siècle, à la famille de Fougères. Il est ruiné en 1166 après le siège de Henri II Plantagenêt et reconstruit vers 1173 par Raoul II. 

Au sommet d'un rocher dominant une vallée tortueuse, le château de Fougères dresse sa silhouette pittoresque. Dominé à l'est par la ville, d'aspect encore très ancien, quoique presque entièrement rebâtie, il semble posé dans ce site pour le plaisir des yeux.

Château de Fougères (Bretagne).

Cependant, lorsqu'on l'examine avec attention, on s'aperçoit qu'il fut construit par un prudent guerrier, et que tout fut mis en oeuvre dans le cours des siècles pour le maintenir sans cesse en état de résister victorieusement à une attaque qui devenait, chaque jour, plus ingénieuse.

Château de Fougères (Bretagne).

L'histoire ne commence à faire mention de la seigneurie de Fougères que vers l'année 990, et nous apprend qu'au début du XIème siècle, Méen, baron du duc de Bretagne, construisit, une première forteresse à l'emplacement du château actuel. Faute de documents, il est bien difficile d'écrire une chronique des gestes des barons de Fougères. Nous avons cependant quelques détails sur la vie de Raoul II.

Après avoir été l'allié du roi d'Angleterre, qui soutenait les prétentions de Conan à la couronne ducale, il changea subitement de parti et fit une guerre acharnée à celui qu'il considérait alors comme un envahisseur.

Château de Fougères (Bretagne).

Cette lutte ne lui fut pas favorable. Raoul II vit, en 1166 son château rasé par les troupes anglaises, conduites par Henri II lui-même. Ce désastre ne ralentit pas son ardeur guerrière, et le baron de Fougères, dès 1173, relevait de ses ruines son château anéanti. Il apporta à ce travail une activité prodigieuse. Robert de Torigni nous dit que le fier baron, qui venait de refuser de rendre hommage au roi d'Angleterre, vit à nouveau les troupes de ce monarque paraître devant ses remparts relevés. Les fortifications semblèrent alors assez formidables pour que Henri II reculât devant l'idée d'entreprendre un siège en règle. Cependant, la paix vint réconcilier les adversaires ; Raoul en profita pour mettre à exécution son projet d'aller en Terre-Sainte. Il mourut à son retour, le 15 juin 1193, et fut inhumé dans l'abbaye de Savigny. La dalle funéraire qui recouvrait son tombeau se trouve à présent au château de Monthorin.

Château de Fougères (Bretagne).

Son petit-fils Geoffroy, qui lui succéda, héritait de ses qualités de bravoure et d'intrépidité. Après avoir épousé, en 1204, Mahaut, fille d'Edon de Porhoet, dont les domaines apportés en dot firent de la seigneurie de Fougères un des fiefs les plus importants de Bretagne, il prit une part brillante, aux côtés de Philippe Auguste, dans la guerre contre Richard Coeur de Lion. Par son énergie et son courage, il élève la puissance et la richesse des barons de Fougères à son apogée.

Nous n'avons trouvé aucun document qui puisse nous faire conclure à des travaux exécutés au château pendant sa vie, mais il est hors de doute que le compagnon d'armes du grand constructeur Philippe Auguste ne prit toutes les mesures nécessaires pour rendre sa forteresse imprenable.

Château de Fougères (Bretagne).

A sa mort, en 1212, la tutelle de son fils Raoul III, alors âgé de 5 ans, fut confiée au duc Pierre de Dreux. Lorsque le jeune baron atteignit sa majorité, il eut des difficultés avec son trop égoïste tuteur. Se liant alors avec saint Louis, il fit hommage de son château au roi de France ; celui-ci envoya des troupes prendre garnison à Fougères, en 1229. Ce geste déplut fort au duc de Bretagne. Voulant se venger de ce qu'il considérait comme une trahison, Pierre de Dreux surprit le château et s'en empara en 1230 ; mais cette prise de possession fut éphémère et les troupes du roi l'eurent bien vile délogé. Devant l'attitude énergique de son pupille, qu'il voyait si sérieusement secondé, le duc de Bretagne jugea bon de reculer et se réconcilia avec lui. Ce dernier, qui avait de bonnes raisons de se méfier de la parole de son tuteur, prit ses précautions et, en 1239, obtint de saint Louis l'autorisation de fortifier son château de Marcillé. Il semble que ce baron fut grand bâtisseur et l'importance des travaux de fortification qu'il faisait exécuter n'était pas sans inquiéter ses voisins. En effet, un accord passé en 1244 entre lui et André de Vitré établit que ces deux seigneurs n'auront d'autre place forte dans le Vendelais que Fougères et Châtillon. Raoul III, se voyant près de mourir sans laisser d'enfant mâle, maria, en 1253, sa fille Jeanne avec Hugues XII de Lusignan, qui, à la mort de son beau-père, en 1256, entra en possession de la terre de Fougères.

L'orgueilleuse maison, qui prétendait descendre de la fée Mélusine, ayant de vastes domaines dans la Marche et le Poitou, absorbe la baronnie de Fougères, dont l'importance décline, les Lusignan résidant peu en Bretagne. La terre de Fougères resta dans cette famille jusqu'en 1314. Hugues XII, Hugues XIII et Guy de Lusignan en furent les maîtres successivement. A la mort de ce dernier, le fief passe à sa soeur Yolande, qui cède à la couronne ses droits sur les propriétés de la Marche et d'Angoumois. Lorsqu'elle meurt en 1314, le roi de France, en vertu d'un accord passé avec Yolande, achète toutes les possessions des Lusignan, en dédommageant pécuniairement les autres membres de la famille.

Château de Fougères (Bretagne).

En 1316, Philippe le Bel fait don de la terre de Fougères à son fils Charles. Celui-ci, en montant sur le trône en 1322, en fait cadeau au futur Philippe VI, qui, à son tour, la cède à son frère Charles de Valois. Le seul fait saillant, qui vint troubler le repos des Fougerais pendant cette période est la leçon que les habitants reçurent en 1372. Ceux-ci ayant embrassé le parti du duc de Bretagne, se virent surpris par Duguesclin qui avait reçu de Charles V la mission de pacifier la Bretagne. La ville n'en éprouva aucun dommage, car les troupes du connétable y pénétrèrent à la suite des Fougerais battus sous leurs remparts. Enfin, en 1428, Jean II, prisonnier des Anglais, cherchant à se créer des ressources pour payer sa rançon, se voit obligé de vendre le fief de Fougères au duc de Bretagne.

La baronnie restera alors attachée à la maison ducale jusqu'au jour où la duchesse Anne, par son mariage, la réunira définitivement à la couronne de France.
Les ducs de Bretagne ne virent pas sans un grand plaisir cette forteresse si importante rentrer en leur pouvoir, aussi s'employèrent-ils de leur mieux à faire du château un point d'appui très fort à l'est du duché. En 1431, de Châteauneuf, gouverneur de la ville, sut mettre la place en état de défense et renforça sérieusement la garnison.

En 1449, Henri VI d'Angleterre, prenant parti pour Gilles de Bretagne, dépêcha un de ses meilleurs capitaines, François de Surienne, dit l'Aragonnais, occuper Fougères. Celui-ci s'empara de la ville par surprise et s'y retrancha formidablement. En présence de ce coup imprévu, François duc de Bretagne, conclut, le 7 juin, une alliance avec le roi Charles VII, puis alla rassembler ses troupes à Saint-Aubin-du-Cormier, pendant qu'il envoyait son frère Pierre mettre le siège devant Fougères. La lutte fut acharnée et pendant deux mois les troupes de Surienne tinrent en échec les assiégeants. Enfin, la place se rendit au mois de septembre et la garnison put sortir avec armes et bagages. Comme les murailles avaient eu fort à souffrir durant cette lutte, le duc de Bretagne exempta les Fougerais de toute taille pendant une période de vingt ans, afin qu'ils puissent employer l'argent de leurs impôts à relever l'enceinte.

Peu de temps avant sa réunion à la couronne, Fougères eut à subir de nouvelles ruines : le duc François II ayant donné asile au duc d'Orléans, en révolte contre le roi, Charles VIII envoya le duc de La Trémoille envahir la province : après s'être emparé de Vitré et de Saint-Aubin-du-Cormier, le jeune général vint mettre le siège devant Fougères. Ayant à sa disposition une artillerie formidable, il parvint à s'emparer de la ville au bout de huit jours et, le 25 juillet 1488, pénétrait en vainqueur dans le château-fort.

Le 6 décembre 1491, Charles VIII épousait Anne de Bretagne. Fougères était dès lors assurée d'une longue période de paix, mais le duché ne fut rattaché définitivement à la France qu'à la suite des Etats de Vannes, tenus en 1532.

Au milieu du XVIème siècle, Henri III accorda le gouvernement de Fougères à son beau-frère le duc de Mercœur. Celui-ci, qui s'était fait le promoteur de la ligue en Bretagne, s'attacha à fortifier Nantes et Fougères. A prix d'argent, il s'était emparé de cette dernière forteresse et il y installa une forte garnison.

L'avènement d'Henri IV lui ayant fait perdre l'espoir, qu'il caressait en secret, de se faire élire duc de Bretagne, il fit sa soumission au roi lors du traité d'Angers, qui mit fin à l'anarchie dans laquelle le beau-frère de Henri III avait plongé toute la province.

Craignant une manifestation d'indépendance de la part du duc de Vendôme qui, en 1626, était gouverneur de Bretagne, Richelieu donna l'ordre de raser un grand nombre de forteresses bretonnes. Fougères fut comprise dans la liste dressée par le cardinal : son donjon et une partie de ses défenses furent démantelés.

Fougères n'a plus d'histoire jusqu'à l'époque de la Révolution. Agitée dés le début de la crise par le célèbre marquis de la Rouerie et par ses prosélytes, elle devint le centre de la chouannerie. Le gouvernement avait établi dans la ville une assez forte garnison commandée par l'adjudant général Brière. Le 3 novembre 1793, La Roche-jacquelin, à la tête de l'armée vendéenne, attaqua la place avec vigueur. Celle-ci, mal défendue par des remparts à moitié ruinés, dut se rendre au bout de quatre heures. Un horrible carnage s'ensuivit, où tous ceux qui étaient suspects d'être favorables aux bleus furent massacrés. Après un séjour d'un mois, l'armée vendéenne quitta la ville où, dix jours après, deux bataillons de républicains arrivèrent à leur tour. Ceux-ci entrèrent dans la ville sans coup férir et se livrèrent aussitôt à d'abominables représailles. Un tribunal fut établi dans la baille extérieure du château et, de là, une trop sommaire justice fut rendue.

Château de Fougères (Bretagne).

Description du château. — Dans son état, actuel, le château de Fougères présente un ensemble du plus haut intérêt, permettant d'étudier l'évolution de l'architecture militaire au moyen âge.

Si, du château primitif, il ne reste que quelques vestiges, insuffisants pour saisir la façon dont les premiers seigneurs avaient fortifié le rocher, en revanche, les constructions actuelles remontent, dans leur majeure partie, à la fin du XIIème siècle ; dès cette époque, la forteresse avait une superficie presque identique à celle qu'elle présente aujourd'hui.

La situation d'un rocher isolé au milieu des méandres d'une rivière était, au XIIème siècle, une position extrêmement avantageuse pour l'établissement d'une place forte. L'isolement, assuré par des étangs artificiels, rendait la position presque inaccessible ; mais, lorsque avec les progrès de l'artillerie, il fut possible de pratiquer à de grandes distances des brèches dans les courtines, la situation du château le rendit alors intenable. Dominés par les batteries ennemies postées sur les hauteurs voisines, les assiégés étaient, mal à l'aise et se trouvaient dans une position désavantageuse pour riposter. Ainsi s'explique comment le duc de La Trémoille s'empara si facilement de Fougères en 1488.

Raoul II, en reconstruisant son château vers 1173, prit de minutieuses précautions pour se défendre contre une attaque venant du côté de la ville. Il fit donc construire, en avant de l'entrée proprement dite du château, une baille extérieure dont les dispositions défensives étaient tournées du côté du bourg.
Cette défense subsiste encore de nos jours, légèrement modifiée au cours du XIVème siècle, puis ensuite aux XVIème et XVIIème siècles.

Château de Fougères (Bretagne).

Une tour carrée forme l'entrée de la baille extérieure ; une herse et doux portes interdisaient le passage au rez-de-chaussée, tandis qu'aux étages des archères permettaient de cribler de traits l'assaillant. La partie supérieure, couverte par une toiture en pavillon, avait son mur extérieur percé de créneaux et de meurtrières. L'existence de ce toit dans l'état primitif de la tour ne saurait être mise en doute : la hauteur du mur, son épaisseur, et surtout l'absence des dispositions nécessitées par l'établissement d'une terrasse, tout milite en faveur de l'ancienneté de cette toiture. Cette tour carrée était reliée par des courtines aux tours circulaires qui commandent les angles saillants de la baille. Ces courtines furent démolies et remplacées au XVIIIème siècle par des constructions, dont l'une présente cet intérêt d'avoir servi en 1793 de logement au tribunal révolutionnaire. Contrairement à la tour carrée, dite de la Haie-Saint-Hilaire, qui est voûtée à chaque étage, de même que la tour opposée dite du Hallays, la tour de Guemadeuc possède seule une voûte à son étage inférieur ; un escalier, pris dans l'épaisseur du mur et épousant la forme circulaire de la tour, permet de monter aux étages, dont le troisième a été remanié au XIVème siècle. En revanche, la tour du Hallays, qui lui fait pendant, a conservé ses anciennes maçonneries, surmontées d'un étage au XVème siècle. Les murs du XIIème siècle sont percés d'étroites archères aux profonds ébrasements. Ces trois tours et les courtines qui les reliaient formaient un premier front protégé par un fossé où s'écoule une partie des eaux du Nançon, qui faisaient tourner les roues des quatre moulins à farine, dits Moulins de la Tranchée ; fortifiés eux-mêmes, ils étaient reliés aux barbacanes de la ville.

Château de Fougères (Bretagne).

Après avoir franchi la porte de la tour de la Haie-Saint-Hilaire, on pénètre dans la baille extérieure vis-à-vis d'une seconde enceinte, dont les dispositions défensives étaient sensiblement les mêmes que celles que nous venons de voir. Un ravin séparait ces deux fronts, les eaux du Nançon, que l'on pouvait y retenir, formaient un obstacle sérieux et inattendu pour les assaillants, qui avaient devant eux la tour carrée, dite de Coetlogon, réunie par de hautes murailles à la tour de Coigny. A droite et à gauche, des courtines, couronnées par des hourds de bois, les dominaient, tandis qu'à revers, les défenseurs du château, postés dans les tours de la première enceinte, pouvaient leur infliger de grosses pertes. 

La tour de Coetlogon témoigne d'une construction hâtive, elle fait certainement partie des travaux qu'exécutait, en 1173, Raoul II lorsqu'il vit arriver le roi d'Angleterre à la tête de nombreuses troupes pour investir Fougères. Cette précipitation est d'autant plus évidente, que l'on peut se rendre compte que la tour actuelle est élevée sur les ruines des maçonneries du château primitif et les englobe, d'ailleurs maladroitement. L'examen attentif des abords permet de juger des dispositions de cette partie de la première forteresse : un front d'une longueur égale à celui des courtines actuelles, était protégé par un saillant s'avançant très en avant du mur de fond. Si les ruines nous donnent une idée des dispositions planimétriques de cette défense, leur état ne nous permet pas d'en deviner l'élévation. Cette construction primitive n'offrait sans doute aux défenseurs d'autre emplacement pour combattre que le sommet des remparts.

Les meurtrières de la tour de Coetlogon témoignent d'un souci de flanquer le plus possible le rempart : là, on ne craignait pas, comme à la tour de la Haie-Saint-Hilaire, les projectiles des pierrières, aussi, un évidement dans le mur ne laisse-t-il que 0m. 50 d'épaisseur à la partie percée par la fente de l'archère.

Cette tour dominait la seconde entrée, suivant le procédé adopté pour la tour carrée de la première enceinte : une herse et deux portes opposaient une solide barrière aux assiégeants. Au nord, une défense carrée, transformée au XIIème siècle en une tour de forme singulière, dominait la courtine nord qui va rejoindre la tour de Guemadeuc, courtine qui fut renforcée au XVIème siècle, afin de permettre l'installation d'une batterie rasante pour protéger la digue des étangs supérieurs du château.

La disposition de ce système hydraulique est certainement une des plus curieuses particularités du château de Fougères, nous ne pouvons songer à l'envisager ici tout au long, nous le ferons dans une étude que nous pensons publier prochainement. Nous nous bornerons dans cette courte notice à décrire les constructions.

Château de Fougères (Bretagne).

Lorsque l'on a franchi la porte placée sous la tour de Coetlogon, on pénètre dans l'intérieur du château proprement dit, ayant à sa gauche le bâtiment seigneurial. Hélas, il fut complètement détruit au milieu du siècle dernier, et nous ne pouvons plus guère juger de son importance que par les descriptions que nous en possédons, dont l'une, un aveu de 1683, nous apprend que ce logis était composé de trois appartements, c'est-à-dire de trois corps d'habitation. L'un d'eux, dit pavillon Mortemar, contenait trois grandes salles superposées ; la salle du rez-de-chaussée est encore visible : c'est une longue pièce mesurant onze mètres sur trente, placée en contre-bas du sol de la cour. Des escaliers extérieurs permettaient d'accéder aux étages supérieurs. Cette construction était adossée à un terre-plein appliqué contre le rempart ; elle communiquait avec deux autres corps de logis plus petits, où étaient placés la chapelle, la cuisine, les celliers et les dépendances.

Des fouilles récentes ont mis à jour une colonne isolée supportant la retombée de deux arcs - diaphragmes : le caractère du chapiteau de cette colonne permet de la dater de l'extrême fin du XIIème siècle, par conséquent elle doit appartenir aux constructions de Roger II. Plusieurs archéologues ont voulu voir là les ruines de l'ancienne chapelle, mais il faut rejeter cette hypothèse. En effet, ce corps de bâtiment était bien celui où l'on avait placé la chapelle, mais celle-ci devait correspondre avec les salles de réception du premier étage, et ne pas être enterrée, à deux mètres en contre-bas du sol de la cour, au niveau de la salle des gardes. La colonne et les arcs devaient appartenir à une pièce située sous la chapelle, salle qui pouvait servir de dépôt de toutes sortes.

Château de Fougères (Bretagne).

En face du bâtiment d'habitation, la cour du château s'étage en terrasses. Ce sont les témoins des travaux d'agrément exécutés par les gouverneurs au XVIIème siècle.

Ces terrasses s'appuient au nord sur des courtines qu'elles ont en partie enterrées. Ces remparts, dont les fondations seules remontent à la construction primitive, partent de la tour de Coigny pour aboutir à la chemise du donjon. Nous ne dirons rien de la tour de Coigny, saillant carré, transformé en tour au XIIème siècle ; son intérieur fut approprié en chapelle au XVIème siècle. Le couronnement actuel est une fantaisie moderne. Le rempart adjacent, surélevé au XIVème siècle, est bordé par un crénelage reposant sur des mâchicoulis ; il est interrompu par une tourelle, dite de Guibé, établie au XVème siècle sur le chemin de ronde aboutissant à une troisième enceinte : celle du donjon.

Malgré notre grand désir, nous n'avons pu dégager les restes de cette très importante construction, mais une étude attentive nous a permis d'en saisir les dispositions générales, qui montrent de la part du constructeur une science profonde des ressources de l'architecture militaire de son époque. Il s'élevait, dominant une chemise épousant la forme d'un triangle curviligne, dont deux des angles étaient défendus par deux tours puissantes : la tour Mélusine et la tour des Gobelins. Les substructions du donjon, mises à jour, nous ont montré un plan octogonal ; cette forme se continuait-elle jusqu'au sommet ? Cela est possible, car au nord, une face de l'octogone s'appuyait sur une courtine, de même, une autre face était collée contre le mur qui réunit les tours d'angle, et cette disposition s'applique mieux à un polygone qu'à un cercle.

Ce donjon avait des dimensions colossales : la salle circulaire intérieure mesure, en effet, dix mètres de diamètre et les murs ont une épaisseur de cinq mètres dans leur partie la plus faible.

Pour pénétrer dans ce donjon, il fallait auparavant s'être emparé des deux tours d'angle qui communiquaient avec lui au moyen de ponts-levis placés à des niveaux différents.

Ces deux tours, dans leur état actuel, laissent bien voir les dispositions anciennes. La tour Mélusine a conservé sa base du XIIème siècle, tandis que la partie haute fut reconstruite au XIVème siècle.

La tour des Gobelins est une magnifique construction élevée d'un seul jet, au début du dernier tiers du XIVème siècle. Ces deux tours ont eu leur couronnement démoli vers 1626, lorsque Richelieu donna l'ordre de raser le donjon et de démanteler une partie des défenses les plus formidables du château.

Château de Fougères (Bretagne).

En avant de cette retraite suprême, une barbacane fut élevée vers 1431, fort habilement conçue pour couvrir une superficie de rocher formant plateau qui avait été négligée par Roger II. Ici, tout a été compris afin d'utiliser des canons de petit calibre. Une porte s'ouvrait, au nord-ouest, sur un pont qui reliait le château à un rocher saillant formant le deuxième barrage des étangs. Cette porte était défendue par un pont-levis et flanquée de deux tourelles mâchicoulissées ; deux courtines en partent, reliant cette entrée aux tours des Gobelins et Mélusine. C'était une position très forte qui dominait toute une partie de la vallée où passe la route de Rennes.

L'ensemble des fortifications attenant au donjon est certainement un des exemples les plus intéressants que nous ait laissé l'architecture militaire du moyen âge. Tout un système de défense avait été admirablement conçu pour prendre l'assaillant à revers et le placer dans des conditions telles, qu'il était toujours dominé par des hautes constructions d'où les archers pouvaient à leur aise faire tomber sur lui une grêle de traits. Une porte très bien défendue permettait, du premier étage de la tour des Gobelins, de gagner une longue courtine qui, en suivant la déclivité du rocher, se dirige vers la tour de Surienne. Ce long mur ne semble pas antérieur à la fin du XIVème siècle, mais certaines maçonneries basses peuvent remonter au XIIème siècle.

Nous sommes arrivés dans une partie du château où les traces des constructions primitives sont rares ; l'explication de ce fait est très simple : à cet endroit, la vallée du Nançon se rétrécit considérablement, et le rocher sur lequel est établi le château est dominé au sud par de hautes collines favorables à l'établissement des batteries ennemies. Jusqu'au milieu du XVème siècle, la portée des pièces d'artillerie était trop faible pour que les projectiles des assiégeants puissent causer un dommage sérieux aux fortifications du château. Mais, à partir du dernier quart du XVème siècle, les progrès de l'artillerie à feu rendirent illusoires les défenses du XIIème siècle, aussi, en 1481, construisit-on vis-à-vis des collines deux fortes tours, sortes de boulevards conçus en vue d'utiliser la grosse artillerie : la tour de Surienne et la tour de Raoul. Il ne reste plus des anciennes maçonneries qui se trouvaient à l'emplacement de ces tours que des parties noyées dans les constructions du XVème siècle. Seule, la courtine qui les relie appartient bien à la campagne de 1173, encore fut-elle surélevée et garnie de mâchicoulis au début du XIVème siècle. Ces deux boulevards en forme de fer à cheval sont admirablement construits en moellons de schiste granitique interrompus par des cordons de granit taillé. Les canonnières des cinq étages étaient disposées exclusivement pour flanquer les courtines ; aucune ouverture n'a été ménagée pour riposter à une attaque, de front, ce rôle ayant été réservé à l'artillerie postée sur la plate-forme. Seules, d'ailleurs, les pièces posées à ce niveau pouvaient avoir un tir efficace contre les batteries ennemies établies sur les collines.

Château de Fougères (Bretagne).

Le parapet qui couronnait ces tours reposait sur des corbeaux aux profils harmonieux, portant des linteaux ornés de petits arcs tréflés. Ce parapet est une des curiosités du château de Fougères, et si les recherches que nous avons faites nous ont permis de retrouver des dispositions analogues au château de Nantes et à la tour Gabriel, au Mont-Saint-Michel, il n'en est pas moins certain que ce mode de couronnement, encore intact à la porte Saint-Sulpice de Fougères, est le seul exemple complet que nous connaissions. Nous en parlerons en décrivant cette porte.

La plate-forme supérieure des tours n'occupe qu'une partie de l'épaisseur des maçonneries, qui est de 5m 80, et une sorte d'échauguette s'élevait au milieu de la tour, dominant d'un étage la plate-forme contournant la poivrière, un appentis avait été établi afin d'abriter la poudre et les pièces de canon en temps de paix. Ces deux tours reposent sur la partie la plus basse du rocher et leur talus baignait dans le troisième étang de la Couarde.

Une courtine interrompue par la tour du Cadran, tour carrée établie au XVIème siècle contre le rempart de 1173, faisait communiquer la tour de Raoul avec les bâtiments d'habitation qui étaient défendus par un épais rempart. L'ouverture des créneaux était protégée par des volets pivotant sur des coussinets de pierre encore en place. Cette partie du château, très ancienne, a été fort remaniée, en dernier lieu au XVIIème siècle, époque où l'on établit des jardins d'agrément dans la cour intérieure de la forteresse médiévale.

La courtine qui relie les bâtiments d'habitation à la tour du Hallays forme le quatrième côté de la baille extérieure. Le rempart, sur lequel on distingue encore la trace des créneaux et des meurtrières du XIIème siècle, fut surélevé au XIVème et garni de mâchicoulis. Il n'y avait d'ailleurs aucune communication entre cette courtine et le bâtiment seigneurial : seule, une porte, surélevée de 1m 50 au-dessus du niveau du chemin de ronde, permettait d'y descendre de la tour du Hallays. Ce rempart était disposé de telle sorte qu'il pouvait servir de mur de soutènement afin de transformer la baille extérieure en un vaste réservoir, opposant une sérieuse barrière à l'assiégeant. Une arcade, placée dans le pied de ce mur, devait laisser couler l'eau à volonté ou être fermée au moyen d'une vanne.

Château de Fougères (Bretagne).

Il faut rattacher aux fortifications du château la tour de Pléguen et la porte Saint-Sulpice, bien qu'à proprement parler ces deux fortifications fassent partie des défenses avancées de la ville ; mais, comme nous l'avons fait remarquer plus haut, ces constructions étaient intimement reliées au château. Une courtine venant buter contre le rempart sud de la baille extérieure les rattache à la forteresse. Ici encore on constate une modification, opérée au XIVème siècle, du rempart du XIIème siècle. La tour de Pléguen est une vieille tour de Raoul II, dont les étages sont voûtés et percés de longues et étroites meurtrières appropriées pour le tir des couleuvrines. Au contraire, la tour de La Trémoille, qui flanque au sud la porte Saint-Sulpice, est une massive construction où l'on a seulement ménagé au rez-de-chaussée deux casemates pour les serveurs de deux petits canons.

Construites en 1477 en granit magnifiquement appareillé, la tour de La Trémoille et la porte Saint-Sulpice sont d'admirables échantillons de l'architecture militaire de cette époque. A leur sommet, des linteaux où des trèfles sont sculptés reposent sur des corbeaux finement moulurés. Le tout sert d'assiette à un talus maçonné percé de canonnières, semblable à ceux qui couronnaient les tours de Raoul et de Surienne, mais ici nous le trouvons encore entier et admirablement conservé.

Ce talus a une hauteur de 1m 80 et une épaisseur de 1m 50 environ à la base, tandis qu'au sommet, cette épaisseur est réduite à 0m 80. La pente qui en résulte était très favorable pour faire dévier les boulets envoyés par les batteries ennemies. Entièrement maçonné, ce parapet avait une grande résistance. Il était percé de trous préparés pour recevoir des pièces de canon de fort calibre : on peut juger de l'originalité et de l'élégance de cette conception par la canonnière dont nous donnons le dessin.

L'ébrasement en arrière était très large et permettait le déplacement latéral de la bouche à feu, tandis que du côté extérieur du talus, un léger ébrasement avait été ménagé pour faciliter le tir, mais il était suffisamment réduit pour éviter un trop grand amincissement. Au-dessus du trou par où la gueule du canon vomissait ses boulets, une fente verticale facilitait une visée plus précise. Toute la canonnière est construite en granit taillé avec le plus grand soin. il ne reste malheureusement en place que l'embrasure dont nous donnons le relevé, mais des débris d'autres embrasures jonchent le sol de la plate-forme de la tour de La Trémoille. Les habitants de Fougères ont négligé de se servir de ces morceaux, de forme trop étrange pour la construction de leurs demeures.

Ce talus n'existait plus qu'en partie au sommet des tours de Surienne et de Raoul, la restauration de M. Paul Gout a rétabli le parapet sur cette dernière tour.

Château de Fougères (Bretagne).

A qui faut-il attribuer cet ingénieux système de défense ? La réponse de cette question serait assez malaisée à exprimer, si l'on ne possédait que l'exemple du château de Fougères, mais nous avons vu plus haut que deux autres places avaient adopté ce mode de défense. Certes, à Nantes, les restaurations faites par le génie militaire dans le courant du siècle dernier, ont bien défiguré ces embrasures, mais une observation attentive permet de conclure à une similitude absolue. La disposition même de ces canonnières permet de déduire qu'elles furent faites pour des pièces d'artillerie de la fin du XVème siècle. Or, à cette époque, le duc de Bretagne s'attachait à renforcer les fortifications de Nantes et de Fougères. Le caractère identique de ces talus s'explique donc facilement, mais le fait que ce même couronnement se retrouve sur la tour Gabriel au Mont-Saint-Michel, permet de préciser encore. Lorsque les ingénieurs de François II construisirent les deux grosses tours, ce mode de couronnement devait être une nouveauté. Il suffit, pour s'en rendre compte, de comparer les embrasures placées à la base de la tour de La Trémoille avec celles du talus de couronnement : elles sont fort différentes, tandis que la ressemblance entre ces dernières canonnières et celles des deux grosses tours est absolue. C'est donc postérieurement à 1477, date de la construction de la porte de Saint-Sulpice, et vers 1482, époque où l'on élevait les deux grosses tours, qu'il faut placer l'invention de ce moyen de défense, qui persista au début du XVIème siècle puisqu'on le retrouve au Mont-Saint-Michel à la tour Gabriel, construite pendant le premier quart de ce XVIème siècle. Disons, en outre, que quelques tapisseries du XVIème siècle figurent des tours couronnées de la sorte.

Château de Fougères (Bretagne).

On voit comment, dans ce château de Fougères, le développement de l'art militaire du moyen âge est pour ainsi dire écrit, depuis les fortifications du XIIème siècle jusqu'au dernier perfectionnement de la forteresse médiévale, dont les défenses vont devenir illusoires à la suite des nouveaux procédés imaginés par Vauban. (Claude-Henri Besnard). 

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