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GOUVERNEURS DU FORT DU TAUREAU

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Gouverneurs du Fort du Taureau, institués par la Ville de Morlaix.

1544. 6 Juillet. Jean de Kermellec, écuyer, Sr. de Kercoat à 200 livres monnaie, Jacques Pensornou, procureur-syndic, et Jean Rigolé, miseur, lui ceignirent l’épée dans l’église de Notre-Dame du Mur, et le Sr. du Val Pinart, lieutenant de la cour royale, reçut son serment. Les conditions que lui firent les habitants furent qu’il n’aurait des soldats que du consentement des habitants ; qu’ils seraient maîtres de les casser et de les destituer suivant l’occasion ; qu’il prendrait par inventaire les meubles, effets, munitions, artillerie, etc., et donnerait caution, pour les rendre en l’état qu’ils lui seraient remis. C’est ainsi que parle Albert Le Grand, mais l’acte d’institution n’en fait aucune mention.

Sous son commandement, la garnison fut composée dudit Kermellec, capitaine, à 60 livres tournois par quartier, Mathieu Bonneau, trompette à 18 livres par quartier, un aumônier à 18 livres par quartier, un canonnier, Raboreau à 15 livres par quartier, vingt-trois soldats à 15 livres chacun ; en tout 345 livres par quartier ; ce qui fait pour toute la garnison 456 livres tournois par quartier ou 1.824 livres par an.

1445, 1446, 1447. Le même de Kermellec, continué capitaine.

1548 à 1551. Le Sr. des Fontaine.

1552. Guillaume Quemener. Cette année la garnison fut augmentée d’un lieutenant et les appointements des soldats furent aussi augmentés, « et d’autant que la dite année feust bruiet que les adversaires et ennemys du Roy, nostre sire, estoyent survenus et tendoyent en ce pais, et qu’on voyoit hors et devant le havre plus de trois-cents voiles ». On envoya en diligence au château un secours extraordinaire. Allain Efflam et « treize aultres compaignons les plus dispos et puissans y furent envoyés ».

On ajouta à ces secours « vingt-deux halabardes et deux aultres bastons appellés langues de boeuf, cinq piques et cinq demi-piques » qui coûtèrent 35 livres 8 sols monnaie, quatre pièces d’artillerie de fonte, onze boites de fer et 377 livres p. ½ de poudre. Tout cet approvisionnement coûta à la ville, non compris les gages des soldats surnuméraires, plus de 530 livres. La poudre coûtait alors environ 4 sols 6 deniers la livre. Cette même année, on prit à l’entrée de la rade dix hommes qui étaient des espions.

La garnison était alors composée dudit Quémener à 60 livres par quartier ; Pierre Quintin, lieutenant à 21 livres ; Dom Goulfven Even, aumônier à 15 livres ; Hervé Léon à 21 livres ; Jean Kergariou, Allain de la Forest, Nédellec Marzin, Mériadec Corre, souldarts et canonniers à 19 livres 16 sols chacun, 79 livres 4 sols ; François de Kermen à 18 livres ; Allain Bozec, François Kerrast, Jacques Kersauson, Yvon Kermellec, Allain Le Barbu, Maurice et Thomas Kerret, Allain Bigot, Yvon Tanguy, Yves Geffroy souldarts à 16 livres 10 sols chacun, 165 livres ; François Le Corsuman, Jean Floch, Henry Rocguel à 15 livres par quartier chacun, ou 45 livres ; Yvon Meur à 12 livres : en tout 436 livres 4 sols et par an 1.744 livres 16 sols.

1553, 1554, 1555 et 1556. Vincent Nouel Sr. de Kervezen.

1557, 1558 et 1559. Le même Quéméner.

1560. Richard Nicolas.

1561 et 1562. Vincent Jezay de Kermadeza, écuyer.

1563. Auffroy Coail, ayant pour lieutenant Jean Kerammennou.

1564. Jean le Boullouet. Quelques habitants ayant fait difficulté de le recevoir pour capitaine, la communauté députa Allain Toulgoet et Jean de l'Eau, pour obtenir du gouverneur de la province la confirmation « que celuy qui eust esté procureur, une année, l’année subséquente eust esté cappitaine au dit fort, avecques les gaiges accoustumés, ce qui a esté faict ».

1565. Pierre de Kermerchou de Kergus.

1566. Guillaume Moricquin.

1568. Thomas Colin, Sr. de Poulras.

1569. Jean Kergus de Mesanbez.

1570. Allain Toulcoet.

1571. François Le Gac de Coatlezpell.

1572. Thomas Jagu de Kerneguès.

1573. Mathieu Rigolé de Roc'harbleiz.

1574. Jean Le Levyer de Kerrochiou.

1575. Jean Floch de Kerbasquiou.

1576. Guillaume Ballavesne de Lannigou.

1577. Henri Fourequeux de Kervezec.

1578. Jean Tribara de Quenquisou.

1579. Nicolas Nuz de Kerehunan.

1580. Jean Calloet de Kerastang.

1581. Maurice Ballavesne de Meshilly.

1582. Jean Rigolé de Kerlizien.

1583. Guy Huon de Kergadou.

1584. François Le Borgne.

1585. Jean Guillemot de Kersaliou.

1586. François Noblet du Roudour.

1587. Martin de Tournemouche du Bodon.

1588. Jean du Plessix de Coatserhou.

1589. Guillaume Le Levyer de Coatglas.

1590. Jean Pinart de Kerdrein.

1591. Pierre Guillozou de Goasrus.

1592. Vincent de Kermerchou de Trelever, il eut pour lieutenant, le Sr. Nouel. On acheva cette année les casemates du château, et on ajouta à la garnison six hommes de renfort, payés chacun à six livres. Le duc de Montpensier avait porté à 1.200 livres la solde de la garnison, mais depuis les troubles elle monta à 1.604 livres.

1593. Vincent Le Gac de Keramprovost.

1594 à 1604. Guillaume du Plessix, écuyer, Sr. de Kerangoff ; il eut pour lieutenant Charles Corre. La dépense de la garnison, y compris 69 livres en dîners et un écu au sénéchal pour l’installation du capitaine, monta cette année, à plus de 600 livres, non compris onze barils de poudre.

En 1596, la garnison était composée d’un capitaine à 100 livres par quartier, Charles Corre, lieutenant à 60 livres, Yves de Kergroas, enseigne à 45 livres, Michel Le Bihan, soldat et portier à 39 livres, Charles d'Anjou, soldat canonnier à 45 livres, Jean de Lisle, Yvon Perrin, François Coslen, Y. Le Bozec, Yves Simon, soldats à 40 livres 10 sols chacun ou pour tous 202 livres 10 sols, vingt soldats à 36 livres chacun et en tout 720 livres, l’entretien des armes, de l’horloge, un supplément au soldat tambour et un soldat fifre 9 livres, au lieutenant pour les fournitures des futailles à eau 2 livres 8 sols, en tout 1.222 livres 18 sols par quartier ; ce qui fait 4.891 livres 12 sols par an.

Cette même année de Kerangoff obtint des lettres patentes (données à Bouillé, le 16 juin 1596) pour l’état et la solde de la garnison. L’état arrêté par le roi, au pied de ces lettres, fait monter les appointements de la garnison, à savoir par mois : pour le capitaine 100 livres, le lieutenant 40 livres, l'enseigne Y. Guingamp 25 livres, un sergent 18 livres, un fournier 15 livres, un tambour 15 livres, 2 caporaux 16 livres chacun ou 32 livres, 18 soldats 14 livres chacun ou 252 livres, un chapelain 15 livres, un portier 16 livres, un maître-canonnier 18 livres, 4 canonniers 15 livres chacun ou 60 livres, un armurier, horloger et soldat 16 livres, un soldat charpentier 15 livres, 4 soldats bateliers 15 livres chacun 60 livres, un chirurgien 20 livres, entretien du corps de garde 70 livres : en tout 787 livres ; ce qui revient par an à 9.444 livres.

Kerangoff voulut, en 1598, faire valoir ces dispositions. Les habitants, s’y opposèrent et la chambre des comptes fut suppliée de réduire à l’ancien pied les appointements de la garnison.

En 1599, la garnison se trouva cependant composée d’un capitaine à 100 livres, par mois, Yvon le Garrec de la Roche, lieutenant à 45 livres, Maurice de Keranguen de Kerueguen, enseigne à 25 livres, François Daniel de Keradanne, sergent à 18 livres, Hervé Keranguen de Roslen, caporal à 16 livres, Guillaume Keranguen, autre caporal à 16 livres, François Le Roux de Keranraulx, Nicolas Mellerie, Jean Kermellec, J. Kermellec de Kergoulladen, Jacques le Gouaren, Jacques Marrec, Yves le Levyer, François Drien, Guillaume le Gorce, Yvon Marrec et dix autres soldats à 13 livres chacun, pour tous 260 livres, Yvon Preledy, chapelain à 18 livres, un portier à 15 livres, six canonniers à 15 livres chacun, pour tous 90 livres, Guyon du Fresne, chirurgien à 15 livres, cinq bateliers à 6 livres chacun ou 30 livres, un tambour à 16 livres ; ce qui fait 664 livres par mois, ou 7.968 livres par an.

Enfin en 1603, les quartiers de la garnison furent réduits à la somme de 921 livres, et par an à 3.684 livres. Le total de la dépense de cette année pour le fort fut d’environ 4.600 livres.

M. de Kerangoff mérite un long article à part et par la longue résistance qu'il fit pendant onze ans, dans le poste de capitaine et par la singularité de la conduite qu’il y tint. Pour peu qu’on tardât à lui payer ses quartiers, il exécutait militairement les premiers habitants qui avaient le malheur de tomber entre ses mains, et lorsqu’il ne pouvait s’attaquer à leur personne, il faisait enlever leurs marchandises. Il enleva ainsi au Sr. de l'Eau vingt ballots de crées qu’il fit vendre. En 1595, il enleva au maire deux pavillons neufs pour l’usage du château. En 1596, il enleva en crées et en toiles d'Olonne aux Srs. Rigolé, Ballavesne et Nouel pour plus de 1.800 livres.

On ne sait quoi admirer le plus ou de la patiente simplicité des habitants, ou de l’audace tranquille de M. du Plessix ; rien ne le gêne, rien ne l’étonne. Son plan de conduite est tout fait et il ne le dément jamais, c’est de tirer de la ville le plus d’argent qu’il peut et de lui en donner le moins possible. La province donne au roi 200.000 écus, Morlaix y contribue comme les autres villes. Les appointements payés des deniers de la ville sont taxés à 6 sols par livre et le miseur en fait l’avance. La solde du château y est comprise pour 307 livres 10 sols, mais, M. du Plessis qui ne veut contribuer à rien, retient prisonnier le miseur jusqu’à ce qu’il lui ait fait raison de cette somme et joignant la raillerie à l’insulte, il l’oblige à lui payer sa pension et d’autres frais faits pour sa détention. Voici ce que dit le miseur au sujet de ces demandes :

« Au moyen de quoi ledit comptable supplye la dite somme être cy passée et allouée, sans que les formalités requises au payement des garnisons soyent aucunement tirées à conséquence contre lui, ains contre le dit Sr. du Plessix en cas qu’il en soit besoing, attendu les violences dont y celui du Plessix a accoustumé d’user contre les habitans du dit Morlaix, lorsqu’ils sont tant soit peu en demeure de lui payer l'entretenement du château, sans avoir soins d’observer aucunes formalités de rolles de montres comme il est requis ».

« Plus le dit comptable fait ici dépense de la somme de 12 livres par une part et 16 livres par aultre que le dit du Plessix l’a contraint de lui payer.... savoir 12 livres que le dit du Plessix prétendoit pour des frais qu’il disoit avoir payé pour avoir fait hostager le dit comptable, (Rigolé) pour le payement du 1er quartier, par un sergent assisté de huit hommes, et 16 livres pour les dépans du dit miseur durant le tems que le dit du Plessix l’aurait retenu, en hostage, au dit château du Taureau ».

Dans le compte même du Sr. du Plessis, il est fait article, à l’année 1596, de pareil arrêt fait de Guillaume Le Bihan et Guillaume Ballavesne hostaigés et de leur dépense durant leur prison portée par le dit du Plessix à 14 livres 45 sols, quoique probablement il ne les traitât pas magnifiquement.

En 1599, il passe à la ville vingt livres pour avoir fait emprisonner le Sr. Nouel de Kerdannet dans une prison d’emprunt, et en 1597, dix livres pour l’enlèvement par lui fait du Sr. Salaün. Il enlève pareillement, en 1598, Jean du Pin, Guyon Rolland, Kerhamon Quintin, et Jacques le Grand, et fait reprise dans son compte, sur la ville, de 94 livres 34 sols pour leurs dépenses. Nouel avant de sortir de prison fut obligé de payer 1.175 livres au Sr. du Plessix. Aussi les autres miseurs prirent-ils le parti d’envoyer au château des notaires faire le payement des quartiers ; c’est ce qui se trouve indiqué dans le compte suivant : « aux notaires qui auraient été par quatre fois au château du Taureau, ensemble un procureur du dit Rigolé, parce qu’il n’osait y aller en personne, de peur d’être retenu par le capitaine, pour faulte de ce qu’il prétendait luy estre deub par les habitants, la somme de 28 livres ». La chambre des comptes en raya 20 livres.

Enfin après plusieurs discussions M. du Plessix, à la date du 16 mai 1600, en vertu d’un arrêt du conseil privé du roi, rend un compte à la ville devant Geffroy Le Lagadec, lieutenant de la cour royale de Saint-Brieuc, commis à cet effet par la cour.

C’est une pièce rare et singulière que ce compte qui existe tout entier aux archives de la ville ; bien persuadé qu’il a raison dans tous les points, que les habitants ont le plus grand tort du monde de trouver mauvais qu’il ait gardé le château malgré eux pendant onze ans et qu’il les ait pillés, et que d’ailleurs ils lui doivent compte de tout le mal qu’il n’a pas pu faire, il commence par demander exécutoire contre eux pour ce qui peut lui être dû par eux

C’est un spectacle assez intéressant qu’un compte en forme rendu devant des juges, où le comptable se charge en recette du produit de ses violences, et se décharge en dépense par l’abus des sommes qu’il a extorquées. Rien ne peint mieux l’esprit et les moeurs du temps, dans ces jours malheureux de guerres civiles et de fanatisme, et cette anarchie où de longs troubles intestins avaient enveloppé les droits, les lois et les droits des peuples. La plus sanglante des ironies se déploie, le malheur et l’oppression des citoyens se peignent dans un compte justificatif où l’on apporte les déprédations au soutien de ses concussions, et où l’on ose demander une solde parce que l’abus des dépenses a excédé le produit des pillages [Note : Sans prétendre excuser le sieur du Plessis Kerangoff, on pourrait dire que dans un temps de troubles, un chef militaire est quelquefois à la merci de sa troupe s’il veut la retenir sous ses ordres ; qu’il est souvent obligé d’aller au delà de ce qu’il devrait faire de peur de mécontenter ses soldats dont il deviendrait lui-même la victime. Si la ville, dans ces moments, tardait ses paiements et que ses soldats manquassent de ce qui leur était nécessaire, il fallait bien qu’il le prit où il pouvait le trouver ; il s’en prenait à la ville qui devait, pour épargner les campagnes (de Blois)].

Il serait trop long de le faire connaître en détail mais j’en dois un extrait pour l’instruction des comptables à venir. Toute la charge de son compte se monte à 3.630 livres 50 sols, elle consiste :

1° Dans le produit de la vente des vins et huiles composant le chargement du vaisseau La Magdelaine vendus par le comptable faute de payement de l’augmentation de l’entretènement de sa garnison dont il dressa procès-verbal, le 21 juillet 1597, cette vente produisit 2.363 livres 50 sols ;

2° Reçu de Jean de l'Eau, non compris 427 livres provenant de la vente de ses marchandises, faite par le comptable, en vertu de ses pouvoirs sauf faire raison (au comptable) des frais qu’il avait faits pour l’enlèvement et vente de ses marchandises comme conste par le procès-verbal dont la date du jour, le mois et l’année sont sortis de la mémoire du comptable, 840 livres d’une part et 427 livres de l’autre.

3° 867 livres, dont demande excuse de ne pas compter pour ne les avoir reçues de Bernard Nouel, échevin, ancien miseur, qu’il fit enlever et mettre à Saint-Brieuc dans une prison d’emprunt.

D’après une charge aussi singulière on peut s’attendre à de pareilles décharges, les voici en gros :

1° Dîners donnés à divers gentilshommes venus le visiter, environ : 550 livres.

2° En articles disputés par les habitants et reçus sous son serment : 150 livres.

3° Frais d’emprisonnement et d’enlèvement de divers habitants, leur pension pendant leur séjour au château, sommations et exécutions faites par ses soldats contre divers particuliers de la ville : 950 livres.

4° Frais de montres, quoiqu’on se plaigne dans tous les comptes, qu’il refusât de les faire devant le commissaire de la communauté : 20 livres.

5° En supplément d’appointements prétendus payés par lui à ses soldats et de ses fonds : 2.120 livres.

6° Deniers oubliés : 1.000 livres.

7° Pour ouvrages faits au château, munitions, provisions, petite guerre, etc... dont les cotes sont terriblement enflées, vu le cours des denrées d’alors et même le cours actuel : 5.800 livres.

D'où Total de 10.590 livres.

Partant les habitants lui redevaient à son compte environ 6.970 livres.

Mais il est à remarquer qu’il ne porte en charge aucune des sommes que les miseurs lui avaient payées pour la solde ordinaire de sa garnison, et quant aux décharges on y trouva du vin en gros coté à 12 sols le pot, du biscuit à 3 sols la livre, et 75 livres le quintal de morue et 46 livres 10 sols la barrique de vinaigre.

(Juin) 1600. Un mois après, la présentation de ce compte singulier, il fut parlé d’accommodement, la maison du sénéchal fut le lieu désigné pour la conférence et M. de Kerangoff promit de rendre le château, de renoncer à toutes prétentions et de tenir quitte les habitants et les acquitter de l’événement du procès qu’ils avaient contre les sieurs Perthevaulx et consorts, le tout pour 17.400 livres dont 2.400 livres reversibles aux Perthevaulx et autres parties.

Les habitants crurent la convention sincère et tout autre que M. Du Plessis y aurait cru gagner, mais tandis qu’ils cherchaient et qu’ils écrivaient partout pour avoir de l’argent, vu qu’on n’avait pu trouver en ville que 480 livres encores non du tout asseurés pour la carence de desniers qui lors estoit. M. du Plessix déclara aux habitants (juillet) qu’il prendrait volontiers leur argent, mais, qu’il ne rendrait point le château du Taureau ; que cependant il voulait bien par grâce les tenir quitte de tout ce qu’il pourrait gagner contre eux dans les divers procès qu’ils avaient ensemble, et d’un autre côté il agit auprès du maréchal de Gossé-Brissac et demanda permission, qu’il avait prévenu d’user de contrainte contre les habitants pour se faire payer de la solde de la garnison du fort. Le maréchal voulut entendre les parties ; les habitants lui représentèrent les propositions qu’ils avaient faites au Sr. de Kerangoff, son accession, ses refus, ses vexations continuelles et la nouvelle surprise dont il venait d’user en faisant prendre à son fils pour 9.000 livres la ferme des impôts et billots dont il ne payait rien et par conséquent empêchait qu’on ne payât la garnison dont la solde était affectée sur ces impôts. Ils se plaignirent du surhaussement établi dans la paie par ce gouverneur et du refus de faire examiner ses monstres par le commissaire et le gouverneur de la ville ; les sieurs de Kerret, de Kerdoret et Guillozou furent députés pour faire valoir auprès du maréchal la justice de ces remontrances.

1601. Pendant que les habitants se plaignaient ainsi, M. de Kerangoff agissait mieux, il fit enlever et emprisonner dans Morlaix même le syndic-miseur à qui il demandait 4.464 livres pour ce qu’il prétendait lui être dû sur les années 1599 et 1600, combien qu’à tant ne montât son état et que son fils retint tous les deniers des impôts et billots. Le syndic pour se venger fit emprisonner les fils mais ce fut sans effet, Jean le Garrec son lieutenant avait déjà fait arrêter ces deniers.

Enfin les habitants s’accommodèrent avec lui comme ils s’étaient accommodés avec M. du Mesgouèz, en payant beaucoup d’argent. Il sortit du fort après onze ans de possession, le 13 novembre 1604, chargé des dépouilles de la ville, qui devait avoir bien de l’argent de reste, puisque outre les reprises qu’elle avait sur ce capitaine, elle lui donne encore 21.000 livres.

Le commissaire Bernard Nouël fit ordonner les bateaux nécessaires (11 novembre) pour transporter au château les habitants qui devaient en prendre possession, ainsi que les munitions nécessaires, et les habitants y entrèrent, le 14, le lendemain de la sortie de M. de Kerangoff.

1604. Ballavesne du Mezilly et Guillaume le Bihan Le Vieil, nommés, par délibération du 15 novembre, capitaines jusqu’au temps où Maurice de Kerret, alors maire aurait fini le temps de son exercice, avec ordre de les bien nourrir et entretenir.

Par délibération du 18 novembre, Martin Nouël est nommé enseigne.

Les frais de l’entretien du château, y compris 3.684 livres pour la solde la garnison, montèrent à 4.700 livres.

1605. Maurice de Kerret. Délibération du 4 mars, Thomas Quézou ou Quéchou, lieutenant. Les habitants en le nommant, se réservent aussi la nomination de tous les soldats à l’exception d’un seul qu’ils laissent à la nomination du capitaine. Les deux premiers quartiers de la garnison montent à 921 livres et les deux derniers à 934 livres chacun, par l’augmentation d’un soldat à 13 livres. Le total de la dépense du château, cette année, est de 4.500 livres y compris 200 livres de dîners (on plaça cette année au château une horloge qui coûta 185 livres).

1606. Nicolas des Portes du Rest. Délibération du 8 novembre 1606 par laquelle il est arrêté que désormais aucun maire ne pourra être nommé capitaine du fort qu’il n’ait auparavant rendu compte de sa gestion. Les appointements de la garnison à 932 livres 16 sols par quartier, la solde de la garnison, les grandes réparations qu’on y fit et l'entretènement coûtèrent 5.100 livres, y compris 150 livres de dîners.

1607. Mathieu Floc’h de Kerbasquiou, Guillaume de l'Eau Sr. de Crechminory, lieutenant, Jacques le Bihan, enseigne. Les quartiers de la garnison à 944 livres 14 sols pour l’année : 3.778 livres 16 sols. Charles d'Anjou, canonnier eut outre ses gages, des gratifications : 24 livres. Et pour le pansement de 2 soldats blessés par l'éclat d’un canon : 29 livres 16 sols. Total : 3.832 livres 12 sols. Les dépenses pour les fournitures, faites an château, y compris 400 livres de réparations, et 128 livres données à un certain personnage pour épier les demandes qu'on faisait en cour du gouvernement du château, montèrent cette année à 2.400 livres. D'où un Total de 6.232 livres 12 sols.

1608. Jean Coroller Sr. de Pratalan. Le même de l'Eau, lieutenant. Pour les dîners et collations 150 livres.

1609. Guy Ballavesne de Lannigou.

1610. Vincent Nouel de Kervennic. La grosse tour da Château s’écroule cette année ; le jacobin Albert le Grand prétend et assure que Pierre d'Anjou « disant actuellement son rosaire tomba et fût couvert des ruynes, en telle façon toutes fois qu’elles se formèrent en guise d’un petit dôme tout à l’entour de luy, laissant un trou en haut pour luy servir de soûpirail, ayant été longtemps en cet estat il avint qu’un des dogues du château, allant parmi ces ruines mit le museau à ce trou et sentant cet homme, se mit à japper et gratter la terre de ses pattes, ce que voyant les soldats, ils crurent que c’estait le corps de ce pauvre homme qu’ils avaient trouvé et estans allé voir qui c’estait, ils l’entendirent se plaindre et ayant osté plusieurs charretées de pierre de dessus luy ils le trouvèrent en cette grotte miraculeuse, le chapelet en main, remerciant Dieu et Notre-Dame du Rosaire ». La vérité du fait est que Charles et non Pierre d'Anjou fut très-grièvement blessé lors de l’écroulement de cette tour, qu’il fut trois mois chez Jean Carré, chirurgien, qui le pansa de ses blessures, brisures et fractures et que ce pansement coûta 100 livres à la ville. Cette année on répara la citerne, il en coûta 150 livres 3 sols payés à Chrestien Coroller, maître-plombier.

1611. Allain de Kermelec de Kerouman.

1612. Richard Ballavesne du Ballach. Les quartiers de la garnison sont, cette année, à 937 livres 10 sols. La dépense totale, y compris environ 200 livres de dîners, 26 livres de frais de justice pour parvenir au rebâtissement de la tour et les réparations de la Chapelle, monta cotte année à 5.000 livres.

1613. Jean de Poulmic de Traonhual.

1614. Jacques Nobles de Keranrun.

1615. 0llivier Guillouzou de Roc'hlédan. 

1616. Yves du Parc de Kergadou.

Le total de la dépense du fort monta cette année à 7.100 livres ; les appointements de la garnison étaient de 970 livres 14 sols par quartier ; les articles les plus remarquables de cette dépense sont 260 livres pour des dîners et collations, 1.410 livres pour la continuation de la tour écroulée en 1610, 60 livres de gratification au Sr. de l'Eau, lieutenant, pour avoir veillé à la construction de la nouvelle tour, et à la conduite des ouvrages.

Jean Pinart de Kerdrein et Yves Quintin de Kerhamon, pen­dant l’absence du capitaine et l’incommodité du lieutenant, remplirent pendant huit jours leur place au fort et eurent pour ce temps chacun 40 livres de gratification. Cette année François Lachiver, natif de Plouézoc’h, évêque de Rennes, vint au fort et y célébra la messe.

1617. Pierre Quintin de Rocheglas. La garnison, cette année, ainsi qu’en 1616 et en 1618, fut composée de : Un capitaine (100 livres). De l'Eau de Crechminory, lieutenant (75 livres). Martin Nouël de Suciniou, enseigne (50 livres). Erasme Person, chapelain (36 livres). Deux maîtres-canonniers à 36 livres chacun (72 livres). 20 Soldats et canonniers à 30 livres chacun (600 livres). Un tambour, soldat, par gratification (1 livre 4 sols). Un portier (33 livres). Un portier pour l’entretien des dogues (12 livres 16 sols). Entretien de l’horloge (1 livre 4 sols). Maître de chaloupe (2 livres). Total 983 livres 4 sols par quartier. Pour l'année : 3.932 livres 16 sols.

Le rétablissement de la tour coûta pour l’année présente et pour l’année suivante 1618, 4.200 livres, en tout les dépenses du fort montèrent environ à 9.300 livres. Remontrances faites à la chambre des comptes sur la nécessité d’augmenter le taux de la somme qu’elle avait fixée pour la réception et l’installation des capitaines du fort.

1618. Jean Guillouzou du Goasrus. L’état du fort est le même que l’année précédente, 2.100 livres pour les réparations du château.

1619. Jean Rigolé de Kerléoret.

1620. François Blonsart de Kertanguy.

1621. François Corre de Coateren.

1622. Christophe Noblet de La Villeneuve. Cette année, le roi voulant équiper une flotte, prit à Morlaix de l’artillerie du fort, 2 canons, une couleuvrine et 8 bastardes pour l’armement de cette flotte. Les bâtiments qui portaient cette artillerie ayant désarmé à Saint-Malo, les Malouins s’en emparèrent, il fallut avoir un procès pour la restitution qui ne fut effectuée qu’en 1642 par la protection du baron de Pontchâteau, lieutenant général en Bretagne.

1623. Guillaume Le Diouguel du Penhoat. L’état du fort, cette année : un capitaine (100 livres). Le même de l'Eau, lieutenant (75 livres). Hervé Guillouzou du Menecq, enseigne (50 livres). Erasme Person, chapelain (36 livres). Deux maîtres-canonniers à 36 livres chacun (72 livres). 22 soldats à 30 livres chacun (660 livres). L'horloge, le tambour, etc .....  Mêmes portier, maître de chaloupe, dogues, en tout 30 hommes.

1624. Jean Kergroas de Penvern. L’état du fort est le même que l’année précédente. Cette année, ou acheta pour le service du fort 2 canons de fonte qui coûtèrent ensemble 3.249 livres 4 sols.

1625. Yvon de l'Eau de Kerbabu, Quintin de Kerhamon, Bernard Nouël de Kerdannet, successivement capitaines du fort du Taureau pendant 4 mois chacun, n’ayant pu l’être à leur rang parce que M. du Plessix retenait alors le château ; cet accord fut fait à la mort de Guillaume Poulmic de Kermeur, qui ne put achever son temps de mairie. Le roi ayant écrit à la communauté qu’il y avait quelque surprise à craindre, la garde ordinaire du château fut augmentée le 19 mars, de douze soldats, payés à 10 livres par mois. La dépense du fort, non compris les appointements de la garnison, monta à 3.500 livres, en y comprenant 370 livres de dîners.

1626. Martin Lesquelen de Kerdannet. Le même de l'Eau lieutenant. En novembre, Raoul Geffroy du Bois de la Roche est nommé enseigne. Erasme Person, chapelain, meurt, il fut entretenu dans sa maladie et enterré aux frais de la ville. Jean Ruellan, prêtre, lui succède. Les appointements de la garnison pour le premier quartier à raison des troubles et remuements de M. de Soubize qui était alors en mer et qui obligea à renforcer la garnison, monta à 1.408 livres 14 sols, les trois autres quartiers furent chacun de 1.048 livres 14 sols, total 4.554 livres 16 sols ; le total des dépenses, y compris près de 400 livres de dîners, monta environ à 6.000 livres (c’était toujours au 1er juin que se faisait l’installation du capitaine).

1627. Yves de Kergroas du Beuzidou. La dépense de la solde de la garnison monte, cette année, à 4.284 livres 16 sols.

1628. Nicolas Salaün de Keramoal.

1629. Jacques de Kermerchou de Crec'hcoat. Etat de la garnison en 1629 : Le capitaine (100 livres). Yves de l'Eau de Crec'hminory, lieutenant (75 livres). Raoul Geffroy du Bois de la Roche, enseigne (50 livres). René Ruellan, chapelain (36 livres). Thomas Lagadec, portier (37 livres 30 sols). Pour les dogues (12 livres 16 sols). Pierre Chauffret et Guillaume Lescour, canonniers (72 livres). Deux autres canonniers et 28 soldats à 30 livres (900 livres). Rolland Clec’h, maître de chaloupe (3 livres). Au tambour et à l'horloger, chacun 24 sols (2 livres 8 sols). Total : 1.288 livres 14 sols. Pour l'année : 5.154 livres 16 sols.

La dépense des fournitures ordinaires monta à 1.300 livres environ.

1630. Tanguy Le Levyer, Sr. du Meshir.

1631. Pierre Guillouzou, Sr. de la Roche. Le même lieutenant qu’en 1629. Vincent Kerbouric de Runbolzec, enseigne, un chapelain, un portier, 25 soldats et canonniers, l’horloge, le tambour, les dogues, comme aux années précédentes, chaque quartier à 1.077 livres 14 sols. Total pour l’année 4.310 livres 16 sols. Le reste de la dépense fut peu considérable, cette année.

1632. François Corre de Kerouzien. Même solde et mêmes officiers qu’en 1631. On a pu voir par quelques comptes précédents jusqu’où allait l’abus des dîners à chaque paiement de quartier, la chambre des comptes y remédie, cette année, par arrêt qui fixe à 100 livres les frais do l’installation de chaque capitaine et à 15 livres les frais des trois autres quartiers.

1633. François Noblet de Runtanguy.

1634. Pierre Guillouzou du Plessix. Les quartiers de la garnison sont de 1.078 livres 14 sols et par an 4.314 livres 36 sols. La garnison et les officiers sont les mêmes qu’en 1631, portier, chapelain, 4 canonniers et en tout 30 hommes de guerre, un dogue et 2 chiens ; on répare, cette année, la citerne pour 200 livres, le reste de l’entretien monta à 800 livres.

1635. François Le Borgne de la Villeneuve. Le total des dépenses fut, cette année, de près de 8.200 livres et les impôts et billots ne rendaient que 7.010 livres, les frais de munitions et de réparations coûtèrent 2.200 livres, il y eut augmentation de 12 hommes de guerre ; il est à remarquer que, malgré l’arrêt de 1632, il y eut des dîners, cette année, pour 300 livres.

1636. François Le Dionguel de Terrenez. Le capitaine ayant représenté qu’il y avait au château plusieurs valétudinaires hors d’état de remplir le service, on augmenta la garnison de 12 soldats et on réforma les gens inutiles. Le Sr. de l'Eau, lieutenant, ne fut point compris dans cette réforme ; par délibération du 28 juillet, il fut arrêté qu’a « l’égard du lieutenant malade longtems, y a, sans espoir qu’il puisse reconvaliser, en considération des grands services qu’il a rendus à S. M. et à la communauté dans ladite place e qu’il y a employé le plus beau et clair de son bien, et que à présent il est incommodé et nécessiteux et si caduc et décrépit qu’il ne pourra travailler, sont d’avis, pendant sa vie durant, ils luy continuent ses mêmes gaiges ». M. de l'Eau ne jouit pas longtemps de ce témoignage de la reconnaissance de ses concitoyens, il mourut au mois de septembre suivant. M. H. François Noblet, sieur de Kerven fut nommé à sa place, par voie de scrutin, pour obvier aux brigues. René Dol chapelain au lieu de Ruellan ou Rioallen.

Les deux premiers quartiers de cette année pour trente hommes montent à 2.273 livres 16 sols. Les deux derniers pour 41 hommes à 2.877 livres 8 sols. Total : 5.156 livres 4 sols. La dépense des fournitures monta à 3.500 livres. D'où un total dépense de : 8.656 livres 4 sols. Ce qui excéda considérablement la recette des impôts et billots dont le bail pour cette année n'était que de : 7.100 livres. Différence : 1.556 livres 4 sols.

1637. Pierre Coroller de Kerguelen.

1638. Pierre Guillouzou de Kervidoué. Les quartiers de la garnison sont portés pour cette année à 1.444 livres 14 sols, pour l’année 5.778 livres 16 sols. La dépense totale fut de 7.300 livres, y compris 246 livres de dîners, malgré les arrêts de la Chambre.

1639. Pierre de Kerret, Sr. de Kerzéoret ou Kerdoret. Les quartiers, comme l’année précédente, et la dépense totale, non compris deux barils de poudre pris des magasins de la ville, monta à près de 7.700 livres dont il se trouve 263 livres de dîners qui, suivant l’arrêt de la Chambre, n’auraient dû monter qu'à 145 livres. Cette année, le sieur Duval, ingénieur, lève le plan du Château et en trace les nouvelles fortifications. Depuis presque l’institution du château, on avait conservé l’usage d’y envoyer des gâteaux au jour des Rois pour tirer la fève, nous voyons par les comptes de cette année que cet usage était toujours maintenu.

1640. Jean Guillouzou, Sr. de Kerguevarec. Le sieur de Kerdoret s’étant plaint qu’on l’avait remplacé pendant son absence, fût rétabli pour 24 heures et ensuite le sieur Guilouzou remplit sa place, sans doute que cette tracasserie pénétra jusqu’à la cour qui, pour accorder les parties, donna commission au sieur de Kerhuel de se saisir du Château ce qui fut exécuté ; le commandant garda le Château jusqu’à ce que la cour eut éclairci l’affaire.

1640 et partie de 1641. M. de Kerhuel, enseigne des gardes du corps. Le montant de la garnison fut le même sous ce nouveau gouverneur que dans les années précédentes. Carpentier, lieutenant ; de Gouzannes, sergent et Laverdure, caporal. La Communauté ayant député au roi pour lui faire connaître et surtout au cardinal duc de Richelieu, l’innocence de sa conduite, le sieur 0llivier Crouézé, député de la ville, y réussit et l’ordre du roi fut expédié, au mois de juin 1641, pour remettre le fort aux habitants, cet ordre avait été facilité par des négociations précédentes dont l’argent, puissant médiateur, avait levé toutes les difficultés. Il en coûta pour le sieur de Kerhuel 6.000 livres, 600 à son lieutenant, 120 au sergent et 60 au caporal, les frais faits par le député en cour passèrent 3.600 livres, de sorte qu’en comptant la solde de la garnison et les dépenses de l’entretien du château, il en coûta, cette année, environ 19.000 livres de la monnaie d’alors à 26 livres 10 sols le marc.

C’était la troisième fois depuis environ soixante années et ce fut pour la dernière que la ville racheta ce château, qui dans cet espace de temps lui avait coûté en accommodements environ 120.000 livres de notre monnaie en 1765.

1641. Le même Guillouzou de Kerguevarec, après la sortie du sieur de Kerhuel, fut continué gouverneur, au lieu et place du sieur Nouël du Bourdidel qui y devait commander mais qui en fut exclu par arrêt du Conseil pour quelques faits particuliers.

1642. Yves Coroller de Kerdannet.

1643. Philippe Harscoët de Kervengar.

1644. Bernard Quintin de Kerhuon. Il y eût, cette année, beaucoup de variations dans la garnison. Le 1er quartier monta à 1.397 livres, le 2ème fut réduit à 1.305 livres 10 sols, le 3ème et le 4ème ne montèrent qu’à 1.239 livres 10 sols. Le total de la dépense du fort fut d’environ 6.200 livres.

Le sieur Kerbourric de Runbolzec, lieutenant, était chargé de la fourniture du bois et des chandelles, par marché, pour 468 livres 10 sols.

1645. Le même continué.

1646. Bertaud Le Gouverneur de la Jossaye. Sa nomination fut maintenue par arrêt du Conseil du 13 avril, donné contre les avocats et procureurs généraux de la Chambre des Comptes qui voulaient troubler la possession des habitants.

1653. Nouël de Kerdannet.

1654. François Corre de Kerouzien.

1659. De Kergroas de Kermorvan.

Pierre de Botmeur, lieutenant, étant mort le 9 décembre 1659, deux concurrents, 0llivier Nouël, écuyer, Sr. de Kermadeza, et noble homme François Quémener, Sr. du Roslan, se présentèrent à l’assemblée du 18 décembre pour remplir cette place, « tous deux enfants de la ville et alliés des meilleures familles ». Sur cette concurrence, on procéda à cette élection par bulletins, et le Sr. de Kermadeza fut élu à la pluralité des voix. C’est ici la dernière époque de la juridiction de la ville sur le fort, après cent vingt années de possession. On a déjà vu plus haut, comment il sortit des mains des habitants.

 

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Gouverneurs nommés par le Roi.

1660. De Saint-Jean Beaucorps, officier des gardes du roi. Sa commission est datée de Toulouse, le 7 octobre 1659. Le Sr. de Lannoë, exempt des gardes, eut commission spéciale du roi pour venir prendre au nom du Sr. Beaucorps, possession du fort ; sa commission est du 7 janvier 1660. Il prit possession, le 22 février suivant, et, trois jours après, la ville envoya au fort 500 livres de poudre et 100 livres de mèche. La ville fit aussi les frais de l’installation du nouveau gouverneur, dont le dîner coûta 266 livres. Par délibération du 5 mai suivant, il fût arrêté que le Sr. de Saint-Jean jouirait des impôts et billots à commencer du jour de son installation. En 1668, une compagnie du régiment de Picardie était en garnison au fort du Taureau.

1791. Le marquis de Goësbriant. La ville se plaignant des vexations de la garnison du Taureau, M. de Corniac, conseiller au parlement, vint à Morlaix informer contre le gouverneur, ce fut une dépense de 1.200 livres, qui n’opéra rien en faveur de la ville.

1702, la ville fit à ses dépens des réparations considérables et de grandes fournitures au fort du Taureau, sous la direction de M. de Vaugrignon, commissaire d’artillerie du château.

1744. M. le marquis do Goësbriant, lieutenant-général des armées du roi, chevalier de ses ordres. Il se concilia tous les coeurs que son père s’était aliénés, à Morlaix, par les tracasseries dont il avait fatigué la ville. Aussi, quand il vint prendre possession de son gouvernement, fut-il reçu avec tous les honneurs possibles ; il fut complimenté par tous les corps, et on lui donna en rade des fêtes pleines de goût et de magnificence.

1775. Le comte de Saulx-Tavannes, lieutenant-général des armées du roi, (le 10 mai 1748) chevalier de ses ordres, (le 4 février 1764) chevalier d’honneur de la reine (en 1755), puis maréchal de France.

En 1786, le roi le fit duc de Saulx-Tavannes. Le gouverneur ne résidait point au fort et il avait pris pour représentant, à ses gages privés, le capitaine Hersart qui, à l’exemple de son maître, habitait le manoir de Lannuguy. La révolution de 1789 le licencia en supprimant son traitement, à la demande de la ville, et le fort passa sous la direction de l’artillerie de Brest. On y mit alors des gardes du génie ou de l’artillerie, détachés de la garnison de Brest ; nous trouvons que le Taureau avait à cette époque un portier-consigne nommé Labat et ensuite un garde d’artillerie appelé Tessier.

Cambry qui fut envoyé en mission dans le Finistère et qui le visita à cette époque, écrivait : « La position du château du Taureau, sur une roche escarpée, n’a de remarquable que sa masse. Il se mêle aux paysages si variés de l’embouchure du port de Morlaix, de la côte de Tréguier, de celle de Pol-Léon, et de cette multitude de rochers élevés et pittoresques qui couvrent cette espèce de baye. Il est impossible d’asseoir cette forteresse avec plus d’intelligence sur le vaste rocher qui la porte. L’ingénieur a profité des irrégularités même du terrain, pour placer deux bastions avancés qui défendent l’approche des murs d’une forme triangulaire à l’est, demi-circulaire à l’ouest. Elle est bâtie de grands quartiers de granite » (Cambry, Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère).

En 1878, le château est armé de deux batteries, comprenant treize canons rayés de trente de côte ou seize de marine. Le poste de portier-consigne a été supprimé et il ne reste pour garder le fort que quatre hommes du 28ème régiment d’artillerie sous les ordres du maréchal des logis Lavier, gardien de batterie (J. D.).

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