Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Le château de Tonquédec

  Retour page d'accueil      Retour page Tonquédec   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le 24 avril 1879, sur la proposition de MM. Huon de Pénanster et de Troguindy et le rapport de M. Gaultier du Mottay, le Conseil général des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) émettait le voeu que l'Etat fit l'acquisition des ruines du château de Tonquédec. Bien que son voeu soit resté sans effet, nous n'en devons pas moins féliciter le Conseil de sa démarche. Il a compris qu'en fait de monuments historiques, le rôle des assemblées départementales et de l'Etat commence quand, par suite de notre législation et des hasards des successions, finit celui de famille ; et qu'il leur appartient de préserver de la destruction ces monuments, illustrations des pays où ils sont situés, autant que des familles qui les possédèrent, quand celles-ci ne peuvent plus les protéger. 

Vue du château de Tonquédec, de nos jours (en 2007).

Bretagne : Histoire, Château

I

A 12 kilomètres environ de Lannion et 2 kilomètres nord-ouest du bourg qui porte son nom, est situé le château de Tonquédec qui offre, par sa masse imposante et son enceinte continue admirablement conservée, le type le plus complet de l'architecture militaire féodale en Bretagne. 

A gauche coule le Guer, dans une vallée profonde encadrée de rochers boisés. A droite se creuse une seconde vallée au fond de laquelle coule un ruisseau sortant de l'étang voisin. Placé sur un cap étroit entre ces deux vallées, dominant toute la contrée que les ruines semblent encore commander, le château offrait ainsi, par son assiette, une de ces positions militaires de premier ordre si appréciées au XIIIème siècle. Cette position était rendue plus forte encore par les remparts garnis de meurtrières, barbacanes et machicoulis, en pierres de taille de grand appareil et d'une épaisseur de quatre à cinq mètres, les tours au nombre de onze se commandant et battant le rempart, les douves alimentées par l'étang du château et entourant sa triple enceinte ; système de défense complet qui en faisait une des plus redoutables forteresses du moyen-âge.

Le château forma un polygone irrégulier, et, quant à la construction, se divise en deux parties disparates de style et d'époque. Une première enceinte, formant avant cour, composait, en quelque sorte, la défense extérieure ou les ouvrages avancés. L'entrée était défendue par une sorte de demi-lune ou ravelin dont la porte en ogive était fermée par une herse et un pont-levis dont on voit encore les coulisses. Au-dessus de la porte, un écusson aujourd'hui martelé et à droite et à gauche des meurtrières. Sur les murs de cette enceinte renforcés de trois tours, se voyait autrefois sculptée en caractères gothiques l'ancienne devise des Tonquédec : E va Doé (pour Eh va Doué, ô mon Dieu).

 

Le vaste emplacement de cette cour permettait, en cas de siége, d'y recueillir les troupeaux des vassaux et d'y enterrer les morts de la garnison ; le grand nombre de cadavres qu'on y a trouvés prouve que cette destination ne fut que trop remplie. Sur l'esplanade se développait la façade intérieure du château qui en était séparée par un large fossé ; l'une des tours renfermait les prisons de la juridiction. 

château de Tonquédec

Une porte et poterne avec herse et pont-levis s'abattant sur le fossé donnaient accès dans la seconde enceinte ou château proprement dit dont deux tours protégeaient l'entrée. Trois autres tours flanquent les angles sud et nord des courtines et le centre de la courtine nord. A l'angle de celle-ci, le rempart décrit une rentrée ou demi-cercle dans laquelle s'élève une forte tour ronde surmontée d'une tourelle et ne tenant au corps de la place que par deux pans de mur. On entrait dans cette tour par une fenêtre du deuxième étage, d'où s'abattait un pont-levis joignant le parapet de la muraille opposée ; elle avait primitivement servi de donjon. La deuxième cour renfermait sur trois de ses côtés l'habitation seigneuriale et plusieurs autres bâtiments. A gauche, la grande salle ou salle d'honneur dominant la rivière et précédée de la salle des gardes ; à droite, et en partie dans l'épaisseur de la muraille, se trouvait la chapelle. Au-dessous de la grande salle sont d'énormes caves voûtées destinées aux approvisionnements ; elles servaient aussi de refuge aux vassaux qui venaient y mettre en sûreté leurs familles, leurs grains et leurs bestiaux. Des escaliers, pratiqués dans l'épaisseur des murs, faisaient communiquer entre eux les divers étages des tours, et des souterrains et des cachots voûtés en arête, avec culs-de-lampe à la retombée des voûtes, complétaient l'ensemble de ces diverses constructions. 

La troisième cour ou enceinte a la forme d'un triangle. Le donjon se trouve au sommet, à la pointe du promontoire qui domine la vallée. C'est une énorme tour à quatre étages dont les murs ont une épaisseur à la base de 3m60 et de 3m25 aux étages supérieurs. Il fait face à la courtine qui relie les deux tours angulaires du grand côté et formait avec elles une véritable forteresse indépendante du reste du château. L'étage inférieur n'a pas d'ouverture ; une porte cintrée percée à la hauteur du deuxième étage donnait seule accès au donjon. De cette porte, un pont-levis s'abattait sur un pilier en maçonnerie, qui a encore 5 mètres de hauteur, situé au milieu de la cour ; un second pont s'abattait de la galerie de la courtine sur ce même pilier, de telle sorte que si le reste du château était pris, la garnison pouvait encore se réfugier dans le donjon et y soutenir un nouveau siége, ou gagner la campagne par les souterrains. Au sommet on voit encore les consoles des machicoulis.

Telle est, dans son ensemble, cette forteresse grandiose dont la fondation se perd dans les origines de l'histoire de Bretagne. Quant à la date des constructions actuelles, celles de la première enceinte remontent au XVIème siècle ; le donjon, les tours, les murs de la deuxième enceinte portent la marque du XVème siècle, époque de sa reconstruction, comme nous le verrons plus tard. Dans ces parties, toutefois, un œil exercé pourrait reconnaître des portions plus anciennes encore, restes, probablement, de la construction primitive, dont le nom de Tronquédec, et par contraction Tonquédec parait dériver du celte-breton traon, vallée, et quedec ou guédec, gué, garde, tiré de sa position même.

Bretagne : Histoire, Château

II

Les chartes et l'histoire, muettes sur la fondation du château le sont aussi sur la famille qui le posséda la première et en tira ou lui donna son nom, tant l'origine en est ancienne. La généalogie des Coatmen (ou Coëtmen) nous apprend seulement qu'en 1180, la vicomtesse de Tonquédec, héritière du fief, épousa Gestin, juveigneur de Henri d'Avaugour et de Mathilde de Vendôme. En 1151, il avait eu en partage la vicomté de Coatmen dont il prit le nom et les armes. Les Coatmen étaient de preux et vaillants chevaliers dont le nom est inscrit bien souvent dans les glorieuses annales de la Bretagne. Rolland Ier de Coatmen, vicomte de Tonquédec, accompagna, en 1270, le duc Jean Ier aux croisades. Rolland III de Coatmen, vicomte de Tonquédec, servait dans le parti de Charles de Blois et fut fait prisonnier à la bataille d'Auray, après des prodiges de valeur. Nulle part plus que dans la vicomté de Tonquédec, les Anglais n'éprouvèrent une résistance opiniâtre. Rolland fut un des plus zélés partisans des Penthièvre et leur plus puissant défenseur. Pendant plus de trente ans, on le voit au premier rang de ceux qui soutiennent les descendants de Charles de Blois. Lors de la guerre de Clisson contre le duc Jean IV, le connétable, renfermé au château de l'Hermine, céda plusieurs places fortes pour sa rançon, entre autres Guingamp et la Roche-Derrien, reprises peu après par Coatmen qui, à la tête de ses vassaux, le 27 octobre 1387, attaqua Guingamp et força Kermarec, son commandant, à se rendre, vie et bagues sauves. 

En 1394, Jean IV assiégea la Roche-Derrien où s'était retranché Coatmen et l'obligea à se rendre. Dans le même temps, Alain du Perrier, comte de Quintin, grand maréchal de Bretagne, assiégeait dans Tonquédec les partisans du connétable. La garnison, sur le point d'être forcée, proposa de se rendre si, dans huit jours la place n'était pas secourue. Cette capitulation ayant été acceptée, l'attaque fut suspendue, mais elle fut reprise peu après et le château tomba au pouvoir de du Perrier, qui en donna le commandement à Henri du Juch et à Jean Le Barbu. Sur les entrefaites, on fit un traité en vertu duquel Coatmen devait rentrer en possession de sa terre ; mais malgré cette réconciliation apparente, les hostilités continuèrent. Coatmen reprit les armes et le duc, craignant que le château de Tonquédec ne servit de refuge à ses ennemis, le fit raser en 1395, « ruiner les artilleries et garnison » disent les vieilles chroniques, et, par lettres-patentes données à Nantes le 8 juin de la même année, déchargea Henri du Juch du serment qu'il avait prêté de garder fidèlement cette place et de ne la rendre qu'à lui. Enfin, cette même année, le 19 octobre, on conclut, à Aucfer, près de Redon, un traité de paix dont l'un des articles portait que « le comte de Penthièvre obéirait au duc, nonobstant la démolition et abattue du château de Tonquédec, dont il ne demanderait jamais le rétablissement au duc ni à aucun autre à cause de lui » ; ce qui fait voir l'importance que le duc attachait à cette place. Cependant la clause du traité concernant la défense de rétablir le château ne fut pas mise à exécution, car, après la mort de Jean IV, il fut rebâti par Rolland IV de Coatmen, vers 1447. Ainsi les ruines actuelles sont celles du château reconstruit à cette époque, moins l'entrée ou avant-cour qui fut ajoutée au XVIème siècle. 

Rolland IV fut du nombre des seigneurs bretons qui allèrent au secours des chrétiens contre les Turcs en Hongrie, en 1458. Il se signala dans cette guerre et y fut tué. 

Jean II, son fils, fut créé baron par le duc François II, le 5 septembre 1487. Il était dans la ligue contre le ministre Landais et avait eu ses biens confisqués. Etant, plus tard, rentré dans les bonnes grâces du duc, il fit partie de l'ambassade que ce prince envoya en 1487 au Roi de France ; et, après avoir signé le traité du Verger (en Anjou), il fut du nombre des otages livrés par le duc jusqu'à l'entière exécution des conditions (Dom Morice, Histoire de Bretagne). Il mourut en 1496 et fut inhumé dans la collégiale de Tonquédec. 

En 1481, il avait tenu la montre générale de l'évêché de Tréguier à Lannion les 4 et 5 septembre. Son frère Rolland y figure au nombre des lances « homme d'armes et o lui page, lance, coustilleur et archer en brigandine ».

La famille de Coatmen qui portait de gueules à neuf annelets d'argent, et dont la devise était Item, item, de même, toujours de même, posséda la terre de Tonquédec jusqu'en 1496. Louis, fils de Jean II, étant mort sans enfants, sa soeur et son héritière Gillette de Coatmen, qui avait épousé en 1487 Jean VI d'Acigné, porta dans cette famille les terres de Coatmen et de Tonquédec. Jean VII d'Acigné, leur fils, lieutenant-général pour le Roi en Bretagne, mourut en 1539, laissant deux enfants : un fils, Jean VIII, dont la fille Judith épousa Charles de Cossé Brissac et lui porta la terre de Coatmen ; une fille, Claude d'Acigné, qui épousa Claude du Chastel, en 1525, et lui porta Tonquédec. La branche aînée de Coatmen s'était éteinte, avons-nous dit, en la personne de Louis, vicomte de Tonquédec et de Coatmen, époux de Françoise Péan de la Roche-Jagu, mort sans enfants. La branche cadette ne s'éteignit qu'en 1750 dans la personne d'Alexis René, marquis de Coatmen, gouverneur de Tréguier, maréchal de camp et commandant de Brest et de la Basse-Bretagne. Il eut deux filles, l'aînée fut mariée au marquis de Rougé, la seconde, au marquis de la Chalotais.

Claude du Chastel, fille de Claude du Chastel dont nous avons parlé plus haut et de Claude d'Acigné, épousa, en 1570, Charles de Gouyon, baron de la Moussaye. Avec le domaine de Tonquédec qu'elle apportait à son mari, elle donnait, par le château, un solide point d'appui aux royaux pendant la Ligue. Presque seul des châteaux du pays de Lannion, Tonquédec tenait pour le Roi. Il était considéré comme l'une des plus fortes positions de Bretagne et les Etats y tenaient garnison. De 1589 à 1597, tout le pays entre la rivière de Lannion et la rivière de Morlaix ne cessa d'être pillé, brûlé et rançonné par les ligueurs et les royaux. Les premiers occupaient les deux villes fortes du pays, Guingamp et Morlaix, mais les seconds occupaient les forteresses de Coatfrec et de Tonquédec. 

Vers 1589 ou 1590, 1e fameux Fontenelle étant sorti de Morlaix avec cinq cuirasses et sept arquebusiers seulement, fut pris devant le château de Guerrand et mené prisonnier à Tonquédec d'où il fut délivré, ayant, pour sa rançon, rendu le château de Coatfrec et touché deux mille écus pour ses fortifications. Le 19 février 1590, les habitants de Morlaix envoyèrent cent arquebusiers commandés par Kergaradec pour secourir les ligueurs qui assiégeaient Tonquédec (Voir Registres de la communauté de Morlaix, 19 et 21 février 1590). Cette même année, la garnison du château ayant appris que l'arrière-ban de Cornouailles, commandé par du Breignou, cadet de la maison de Ploeuc, était arrivé à Plestin (Plestin-les-Grèves) dans l'intention de rejoindre le duc de Mercœur à Saint-Brieuc, envoya deux cents hommes qui s'emparèrent du bourg, tombèrent sur l'arrière-ban, tuèrent beaucoup de monde et firent quelques prisonniers, au nombre desquels était du Breignou, qui fut conduit à Tonquédec et y mourut de ses blessures (Registre des délibérations de la communauté de Lannion). « Entre la lande de Trédrez et le bourg de Plestin, furent tués et massacrés par les souldarz de Coatfrec et de Tonquédec, le mardy, troisiesme jour de juillet l'an 1590, environ une vingtaine de personnes, entre aultres un Kerninon, deux Gargan et un Quemper. Le 7 juillet, même-année, furent tués par les susdits souldarz six personnes » (Registre des délibérations de la communauté de Lannion)

Guillaume du Halgouët, nommé évêque de Tréguier en 1593 et sacré l'année suivante, partisan du Roi pendant la Ligue, se réfugia au château de Tonquédec et y resta tout le temps de la guerre. En 1596 (Registre des délibérations de la communauté de Lannion), quelques jours après l'Ascension, des soldats de la garnison de Tonquédec vinrent courir la paroisse de Plufur (Ploefur) parce que les habitants ne voulaient pas payer la taille qu'ils leur avaient demandée.

Les Etats, avons-nous dit, entretenaient une garnison à Tonquédec. Le procès-verbal de la séance du 4 mars 1645 apprend quelle était en 1592 la force de la garnison. Le 4 mars 1645, Amaury (III) de Gouyon, seigneur de la Moussaye, comte et baron de Quintin (Procès-verbaux des Etats de Bretagne) « représente aux Etats que son ayeul Charles de Gouyon, seigneur de la Moussaye, aurait obtenu, au mois d'octobre 1592, une allocation de 2.262 livres pour l'entretien qu'il aurait fait pendant 18 mois au château de Tonquédec d'une garnison de 25 cuirasses et de 45 arquebusiers à cheval ». Une montre inédite nous donne les noms de ceux qui, en 1591, composaient la garnison.

Charles de la Moussaye était mort en 1593 après une longue captivité entre les mains des ennemis du Roi auxquels il paya 20.000 livres de rançon. De 1601 à 1615, quelques bandes de l'ancien parti de la Ligue ravagèrent le pays de Tréguier et troublèrent, dans sa jouissance de Tonquédec, son fils Claude de Gouyon. « Vers 1615 (Registres de la communauté de Lannion), le seigneur Keraël de Kergariou s'étant emparé de Tonquédec et mis hors d'ycelui quelques souldartz qui y étaient entrés contre la volonté de M. de la Moussaye, propriétaire dudit château, les habitants de Lannion furent reconnaissants des grands sacrifices qu'il avait faits pour se rendre maitre de ladite place, et au nombre des gentilshommes et autres qu'il y entretenait pour le service du Roi ». Le château, cette même année, venant à manquer de munitions, la communauté de ville de Lannion envoya un messager à M. de Sourdéac (gouverneur de Basse-Bretagne), à Brest, « afin d'avoir quelques poudres et munitions pour la conservation de Tonquédec qui était au service du Roi »

Par acte du 16 décembre 1636, Amaury de Gouyon, petit-fils de Charles de Gouyon et de Claude du Chastel, vendit la vicomté de Tonquédec à René Ier de Quengo, comte du Rochay. 

Amaury de Gouyon avait épousé Henriette Catherine de la Tour d'Auvergne, soeur de Turenne, et deux ans plus tard, en 1638, achetait la terre de Quintin. 

Originaires d'Angleterre, dit Guy le Borgne, les Quengo avaient possédé d'abord en Bretagne la terre de ce nom, en la commune de Saint-Samson, près de Rohan, puis celle du Rochay ; en Langast, par le mariage de Eon de Quengo avec Guillemette Le Provost, héritière du Rochay. Comme les Coatmen, ils avaient fourni de nombreux serviteurs aux ducs de Bretagne. 

Alain Ier de Quengo faisait partie des lances bretonnes qui servirent dans la guerre de Charles VI contre les Flamands et contribuèrent puissamment au gain de la bataille de Rosebecq, le 27 novembre 1382, où ils formaient l'avant-garde (Lobineau, Histoire de Bretagne, tome I, p. 447. – D. Morice, Preuves, tome II, p. 446) — Eon, son fils, était maréchal de salle de la duchesse de Bretagne, Jeanne de France, femme de Jean V, en 1420 (Dom Lobineau, Preuves, p. 271, 827, 972, 973 et 1067 – Dom Morice, tome II, Preuves, p. 1065, 1066, 1067 et 1438) ; l'un des témoins du testament d'Olivier de Clisson, fait à Josselin le 5 février 1406. — Guillaume, son fils, fut l'un des onze chevaliers bretons décorés de l'Ordre du Porc-Epic par Louis d'Orléans le 18 novembre 1440 (Dom Lobineau, Preuves, p. 271, 827, 972, 973 et 1067 – Dom Morice, tome II, Preuves, p. 1065, 1066, 1067 et 1438). — Guyon, fils de Guillaume, reçoit de la reine Anne la maintenue de qualité de fondateur de l'église de Langast, en 1511 (Registres de la Chancellerie de 1511 à 1512). Cette qualité, confirmée en 1555 par Jehan de Bretagne, comte de Penthièvre, donna lieu, au XVIIIème siècle, à une contestation terminée en 1762. Par lettres-patentes du 13 avril 1762 (Archives de famille, lettres-patentes en original), le duc de Penthièvre, Louis Jean Marie de Bourbon, abandonna des prétentions dont il reconnut le mal fondé et maintint le comte du Rochay dans ses droits et privilèges de fondateur.

Pendant les guerres de religion, les Quengo étaient au premier rang parmi les soldats catholiques. — Jean, dit le capitaine Quengo, commandant du ban et arrière-ban de l'évêché de Vannes, par lettres du 24 septembre 1553, se distingua en combattant les calvinistes dont il détruisit le temple à la Roche-Bernard (Dom Morice, Histoire, année 1568). — François, son fils, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, commandant une compagnie d'hommes d'armes sous les ordres du prince de Dombes, fut chargé par le duc de Mercœur, par commission datée du camp devant Rennes du 25 juin 1590, de la démolition des murs et château de Rochefort (Collection des Blancs-Manteaux, tome XVIII, Généalogie de la maison de Tonquédec), et par commission datée du camp devant la tour de Cesson, du 22 novembre 1593, de la démolition des murs et forteresse de Quintin (Collection des Blancs-Manteaux, tome XVIII, Généalogie de la maison de Tonquédec). Son fils aîné, Jean, devait, en 1628, être tué au siége da la Rochelle.

Les Quengo, comme les La Moussaye et précédemment les Coatmen, avaient payé de leur fortune leur participation aux luttes qui avaient troublé la Bretagne. En 1589, le château du Rochay fut pillé et brûlé par une compagnie de gens d'armes, les titres et archives dispersés et volés ; ainsi qu'il fut constaté par enquête d'office faite le 9 juin 1589, par les juges du duché de Penthièvre au siége de Moncontour (La Chenaye Desbois, art. Tonquédec et Réformation de 1669). 

La fin des guerres civiles allait écarter du château de Tonquédec les combats qui avaient si souvent ensanglanté ses murs, mais ce nom illustre allait être noblement porté sur un autre théâtre par ses nouveaux possesseurs.

René Ier de Quengo, comte du Rochay, chevalier de l'ordre de Saint-Michel en 1612, gouverneur des ville et château de Corlay, eut son fils aîné, François, tué au siège de Bergues, à l'âge de 24 ans, en montant le premier à l'assaut (La Chenaye Desbois, art. Tonquédec et Réformation de 1669). Il mourut en mai 1644. Louis de Rohan, prince de Guéménée, Hercule de Rohan, duc de Montbazon et Charles d'Albert, duc de Luynes furent du nombre des nominateurs de la tutelle de ses enfants, comme les plus proches parents (Acte du 27 août 1644 – Archives de famille).

René II, comte de Tonquédec, son fils, député en cour pour la noblesse aux Etats de Vitré en 1683, fut l'un des amis de Madame de Sévigné, l'un des héros des fameux. Etats de Vitré, cette grande braverie, comme le dit la spirituelle marquise dans sa pittoresque description, dont le nom revient souvent sous sa plume (Voir lettres des 12 août 1671, 17 novembre 1675, 6 août 1680, 18 mai 1689). Il perdit deux fils aux armées : l'un, René Guillaume, tué en Italie en 1694, l'autre, Hyacinthe Camille, tué en Flandre en 1700, dans le régiment des dragons de Bretagne. A sa mort, en 1703, les nominateurs de la tutelle furent : Henri de Lorraine, comte de Brionne, le prince de Rohan Soubise et Jean Gustave, sire de Rieux, proches parents des enfants (Archives de famille).

Par acte du 10 juin 1697, la terre du Rochay devint l'apanage de son fils aîné, Joseph. René III, fils d'un deuxième mariage, reçut la terre de Tonquédec, en rassiette de la dot de sa mère, Françoise Sylvie d'Espinay, et ses descendants l'ont conservée jusqu'à la Révolution. Son fils, Joseph Scholastique, après avoir servi sous le maréchal de Lowendal et assisté aux siéger de Lischinsauf, Hulst, Axel, Berg-op-Zoom, Lille, de 1746 à 1748, s'était retiré du service qu'il reprit lors de la descente des Anglais à Cancale, le 4 juin 1758. Il fut nommé brigadier (colonel) de la compagnie de gentilshommes volontaires accourus au secours de Saint-Malo (La Chesnaye Desbois, loco citato).

Séparée désormais de Tonquédec, la terre du Rochay fut érigée en marquisat sous le nom de Crenolle en 1779, en faveur de Anne Louis de Quengo, fils de Joseph II, attendu (voir Lettres-patentes d'érection) « ses qualités personnelles, ses services et ceux de ses ancêtres qui concourent également à lui faire mériter la distinction et le titre dont nous voulons l'honorer ».

Parmi les derniers Quengo qui ont combattu sur les champs de bataille de la monarchie, nous citerons encore ; le fils de Joseph Ier, tué à Trarbach en 1733. — Guy Auguste Ange, colonel des gendarmes de Flandre, blessé à Minden le 1er août 1759 ; mort le 11 du même mois. — Anne Louis, marquis de Crenolle, inspecteur d'infanterie en 1780, qui, dit-on, inspecta en cette qualité Bonaparte à Brienne, maréchal général des logis de l'armée des Princes (Histoire de l'armée de Condé par Th. Muret – Histoire de l'armée de Condé par le comte d'Ervillier), en 1792, et mentionné dans la correspondance du prince de Condé (Histoire des trois derniers princes de la maison de Condé par Crétineau-Joly, p. 44 et 50), lieutenant général en 1814 et grand'croix de Saint-Louis en 1816, mort en 1824. — Guy Auguste, son fils, major en second avant 1789, maréchal de camp d'infanterie en 1814, nommé lieutenant général après la campagne d'Espagne qu'il avait faite, comme volontaire dans l'armée de la Foi sous les ordres du baron de Eroles (Voir Certificat du baron de Eroles – Archives de famille), mort à Morlaix en 1829. C'est ce vieux soldat frappé par la Révolution dans sa fortune et ses affections les plus chères qui, aussi dévoué à la France qu'à la monarchie, écrivait le 29 janvier 1825 cette lettre magnifique de patriotisme et bien digne d'être conservée (Archives des Côtes-d'Armor, fonds Crenolle) : « Quelles que soient les indemnités qui me seront accordées, je serai satisfait, considérant cette loi, (de l'indemnité) encore plus dans l'intérêt de mon Roi, et par conséquent de ma patrie, que dans le mien ».

La famille de Quengo de Tonquédec, toujours existante à la fin du XIXème siècle, porte pour armes : d'or au lion de sable armé, lampasse et couronné de gueules et pour devise : Cominus et eminus, de loin comme de près.

L'obscurité qui règne sur les origines du château de Tonquédec plane aussi sur ses derniers jours. Faut-il dire, avec plusieurs auteurs, et comme nous l'avons écrit nous-même il y a quelques années, qu'il fut démantelé par Richelieu, faut-il attribuer au seul abandon ou, suivant d'autres à un incendie (nota : un grand nombre de monnaies et un lingot d'or qui fut vendu 300 fr. trouvés, vers 1824, à Tonquédec, semblerait accréditer cette opinion), l'état de ruines où il se trouve ? Après les combats dont il avait été le théâtre pendant la Ligue, rien ne semblait plus probable que le démantèlement sous Louis XIII ; mais s'il eut lieu, ce démantèlement ne fut que partiel, car, intact au moment de l'acquisition de René de Quengo le château est ainsi décrit dans l'aveu rendu au Roi le 23 avril 1682 (Archives des Côtes-d'Armor) : « Le château de ladite vicomté de Tonquédec, situé sur la paroisse dudit Tonquédec, sur la rivière du Leguer, avec ses tours et donjons, corps de logis, avec haute et basse cour, fermant à herse et pont-levis, cerné de fossés et douves, à cause duquel chasteau et chatellenie ledit seigneur vicomte de Tonquédec est fondé et en bonne possession d'avoir droit de guet sur les hommes et vassaux de ladite chatellenie, de toute ancienneté, fief, juridiction, haute, basse et moyenne justice patibulaire à quatre pots, droit de foi, hommage, etc. ». Par une transaction du 10 juin 1697 (Archives de famille) entre René de Quengo et son fils Joseph, nous voyons que le château était encore habitable à cette époque. En 1709, René III, comte de Tonquédec, s'était marié à Lamballe et s'y fixa. Ce serait donc à partir de cette époque que l'incendie, suivant quelques uns, le changement de moeurs et la diminution des fortunes commencèrent la décadence du château qui devait s'achever par l'abandon complet et la dévastation pendant la période révolutionnaire.

Bretagne : Histoire, Château

III

Tonquédec était une ancienne vicomté et châtellenie, avec haute, basse et moyenne justice, qui fournissait cinq chevaliers à l'ost du duc (Dom Morice, Preuves, tome I, p. 1115), autant que les barons de Vitré et Fougères ; elle relevait prochainement du duc. Ses seigneurs, au premier rang de la noblesse de Bretagne, étaient les premiers menants (nota : Menant, droit de menée, droit qu'a un seigneur d'avoir un jour pour se délivrer aux plaids avec tous ses sujets. Menée, convocation des vassaux pour la guerre ou pour le jugement des procès) en la juridiction de Lannion, et devaient au roi, de chefrente, vingt-cinq sous monnaie à chaque terme Saint-Michel, de moitié avec les seigneurs du Runefeau (ou Runefau ou Runfao). Ils avaient des cours dans six paroisses sur lesquelles s'étendaient les terres de la vicomté, Tonquédec, Ploubezre, Rospez, Louargat, Belle-Ile-en-Terre et Trégrom, et trois grandes barres ou juridictions principales, Coatmen, Tonquédec et La Roche-Derrien. Ils avaient une pêcherie de saumons sur la rivière du Guer, avec un privilège exclusif depuis Tonquédec jusqu'au pont Sainte-Anne à Lannion (Domaine de Lannion, vol. 3, folio 1841. Dénombrement du 15 décembre 1682 - Archives des Côtes-d'Armor - Aveux divers) et une sécherie de poissons en Pleumeur-Bodou et Trébeurden, du 1er mai au 14 septembre. Leurs vassaux devaient, dans cet intervalle, y apporter tous les congres et anguilles qu'ils pêchaient à peine de soixante sous et un denier d'amende par contravention. Le vicomte de Tonquédec avait le privilège de prendre le buffet dont s'était servi l'évêque de Tréguier, le jour de son entrée dans sa ville épiscopale ; il avait le droit d'apprécier en deniers les rentes à lui dues et de les évaluer douze deniers plus cher que le prix fixé par les trois marchés précédents de Lannion. Sa cour ou juridiction était tenue au lieu de Rubuzoas par le sénéchal et autres officiers, et ses plaids généraux quatre fois par an.

Indépendamment de tous ces droits, le vicomte de Tonquédec avait un sergent général féodé ou prévôt (officiers chargés de mettre en exécution les sentences, arrêts et jugements et de percevoir les rentes dues), lequel était franc et exempt de toute taille, droit de greffe civil et criminel (droit sur les jugements et actes), droit de sceau (le sceau sert à sceller les ordonnances, lettres-patentes, provisions de charges ou offices. En 1760, il y avait à Tonquédec deux notaires de la juridiction et comté) et de tabellionage, droit de lods et ventes (droit de ventes), rachats et sous-rachats (droit qui se payait au seigneur à la mutation d'un fief relevant de la seigneurie), droit de guet (droit que chaque habitant non noble ou ecclésiastique des châtellenies payait au seigneur châtelain au lieu de la garde ou gué que celui-ci pouvait exiger qu'ils fissent dans son château) sur les hommes de la châtellenie, de toute ancienneté, sauf le temps de guerre où, d'après un aveu de 1538, il ne pouvait l'exercer qu'avec la permission du roi. Il avait droit de marché le lundi et trois foires dans l'année, et, pour les hommes et sujets de la paroisse de Tonquédec, droit et privilège d'exemption de toutes les contributions qui se font pour la nourriture par étapes, garnisons et passage des gens de guerre par la ville de Lannion et autres villes ou lieux circonvoisins.

La vicomté avait conservé l'ancienne coutume des Gaulois Kimris, tirant son origine de la tribu ou clan, Kennedl. La Kennedl s'associait pour la culture des terres comme pour le service des armes. Elle formait un petit état ayant pour chef un pen Kennedl ou capitaine. Chaque membre du clan se considérait comme l'homme ou le parent du pen Kennedl qui devait accorder à tous une égale protection. Ceux qui construisaient des maisons au lieu de Rubuzoas, près du château, étaient exempts de toute taille et subside par privilège spécial.

En 1622, Amaury de Gouyon, seigneur de Tonquédec, avait transformé en convenants ou afféagé la plupart des anciens domaines, et par suite, considérablement diminué le domaine aggloméré qui, en 1697, était estimé d'un rapport de 3.300 livres. Le surplus du revenu du domaine se composait des rentes, convenants, fiefs, juridictions, etc., s'étendant sur soixante paroisses. Nous ne saurions entrer dans l'examen de tous ces revenus, dont l'énumération dans le dénombrement de 1682 ne comprend pas moins de 2315 articles. Nous en citerons seulement quelques-uns qui offrent de l'intérêt par leur originalité.

Le seigneur de Coatleven, en Trégrom, prévôt de Tonquédec, recevait des chefrentes en vertu desquelles il devait à la seigneurie, à chaque époque de Saint-Michel, une paire d'éperons dorés estimée vingt-cinq sous et une paire de gants blancs estimée seize sous (Aveu de 1691).

L'afféagiste de la lande de Tuluan ou Vuluan, contenant dix journaux, devait payer à la seigneurie de Tonquédec « par chacun an, de chefrente, une pezre (paire) de sonnettes appréciée à cinq sols, ou amande de quinze sols monnoye en cas de deffaut » (Aveu de 1691).

Pour le bois de Kermeur et le moulin à papier de Tonquédec avec quinze journaux de terre, il était payé à la Chandeleur soixante livres de rente et une rame de papier (Dénombrement de 1682).

Bretagne : Histoire, Château

IV

Grâce aux travaux récents d'historiens érudits et consciencieux, le jour se fait de plus en plus sur les rapports entre les seigneurs et leurs vassaux, et il n'est plus permis qu'à l'ignorance et à la mauvaise foi de parler encore des manants taillables et corvéables à merci. 

Nous trouvons dans les archives de Tonquédec des détails intéressants sur ces rapports.

Dans un registre du chapitre de Tréguier, à la date du 10 mars 1640, nous lisons : « Jehan Charlet gardant la somme de 86 livres, monnoies de certaines aulmosnes et dévotions prinz et receus des parczonniers d'une neff nommée la neff Sainct-Yves de Lantreguer durant le temps qu'elle marçoit et faisoit véages. De laquelle neff Monsieur Rollant, viconte de Quoitmen et de Tonquédec avait la VIIIème partie, Monsr Raoul de Plusquellec, sr de Beaulieu et de Brélidy avoit aultre VIIIème partie, Olivier Gélart, Jehan Ollivier et Guillaume Denys de la d. ville de Lantreguer, le quart et le d. Jehan Charlet, la moitié. Lesquels avoient donné baillé ladite somme de IIII XX VI l. à la d. confrairie pour achapter IIII l. de rente perpétuelle pour la dotation et sustentation, affin d'être participants eulx, leurs prédécesseurs et successeurs, ès prières d'icelle confrairie ». Curieux exemple d'armement entre ces marins de Tréguier et le vicomte de Tonquédec et dans lequel les intéressés prélèvent une part sur les bénéfices, à chaque voyage, en faveur d'oeuvres pies.

Les rentes dues pour les afféagements ou convenants se composent d'une certaine quantité de froment ou d'avoine et d'une poule quand la terre est tenue par des gens mariés ; mais il n'est dû qu'une poule l'an si la terre est tenue par une veuve. Tant le droit féodal comprenait que ce que l'on pouvait prélever sur le travail d'une famille entière, on ne le pouvait plus prendre sur le labeur d'une femme veuve et isolée !

Il est beaucoup question de l'instruction primaire à notre époque et rien de plus commun que de parler de l'ignorance des campagnes sous l'ancien régime ; le grand nombre de signatures figurant au bas des aveux ou afféagements des comtes du Rochay et de Tonquédec prouve combien l'instruction primaire était développée dans leurs seigneuries.

Pareillement, les lettres-patentes de janvier 1680, signées Louis (Archives de famille) et contre-signées Colbert, autorisant, sur la demande de René de Quengo, l'établissement de foires, marchés et halles à Langast, « à cause de l'importance du commerce de bestiaux et de toiles qui s'y fait », prouvent la part qu'ils prenaient à la prospérité et au développement du commerce et de l'industrie. Il nous a été donné à nous-même, il y a quelques années, de voir combien un souvenir reconnaissant leur avait été conservé dans cette paroisse.

Nous trouvons dans les registres de baptême de Saint-Brieuc, à la date du 3 octobre 1677, Charles Louis, fils de René de Quengo, comte de Tonquédec, baptisé par Mgr Fortin de la Hoguette, évêque de Saint-Brieuc, ayant pour parrain et marraine Louis Boucherat, commissaire du roi aux Etats de Bretagne, et la duchesse de Chaulnes. Dans les registres de Langast, du 26 octobre 1687, Charles Louis, fils des mêmes, ayant pour parrain et marraine le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, et la marquise de Querfilis. Mais dans ces mêmes registres de Langast, nous trouvons aussi à la date du 28 janvier 1718, Sylvie Louise Couppé des Essarts, petite-fille de René de Quengo, tenue pur les fonts du baptême « par honnorables personnes Julien Georgelin et Marguerite Lamandé, pauvres de ladite paroisse » au nom de Françoise Sylvie d'Espinay, comtesse de Tonquédec, et du marquis de la Boullaye. Exemple touchant d'humilité chrétienne qui rendait ainsi hommage à Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la personne des pauvres. Qui pourrait dire si ce n'est pas cette tradition d'amour pour les pauvres qui devait faire de la petite-fille d'Anne Louis de Quengo, marquis de Crenolle, la marquise de Barol, une des héroïnes de la charité au XIXème siècle dont le nom est en vénération à Turin (nota : La marquise de Barol, sa vie et ses pauvres par M. le Vicomte de Melun – Anne Marie Louise de Quengo, sa mère, née le 21 décembre 1765, avait épousé N. Colbert de Maulevrier).

Et, s'il nous était permis de soulever le voile qui recouvre l'intimité de la famille, quelle touchante union nous y trouverions et quel charme dans ces correspondances d'un autre temps. Que de larmes pour ceux qui tombent sur les champs de bataille et comme leur souvenir resta vivant au foyer domestique. Quel respect, mais quelle affection entre les cadets et les aînés, et comme ceux-ci embrassent, dans leur sollicitude, non-seulement leurs frères, mais tous ceux qui portent le nom de Quengo. — On se plaint que l'espoir de famille disparaisse et que la division pénètre partout. Mais la responsabilité doit en retomber sur ceux qui, guidés par leur seul intérêt, ne craignent pas de mettre en oubli ces vieilles traditions qui deviennent de jour en jour plus rares.

Bretagne : Histoire, Château

V

Le seigneur de Tonquédec était fondateur et seigneur prohibitif de l'église paroissiale. Pour être fondateur d'une église ou chapelle, il fallait avoir, non-seulement bâti l'édifice à ses frais, mais avoir fait don du terrain sur lequel il était élevé. Quant aux droits et prééminences, ils sont énumérés dans les lettres-patentes du comte de Toulouse du 31 août 1710, confirmant l'aveu de 1556, relatives à l'église de Langast : « Singulièrement la prière nominale qui lui sera donnée avec l'expression de seigneur fondateur, droit d'avoir enfeus, escabeaux, accoudoirs, armes et armoiries tant dans le chanceau de ladite église que dans la nef, même d'avoir auxd. chanceau et nef par le dedans litre armoyée des armes du­dit Sr et des alliances de sa maison... droit d'avoir dans le choeur et nef de lad. église, les écussons, armes et armoiries que ses prédécesseurs y ont fait mettre et qui y sont à présent, tant en pierres, litres, que peintures, de jouir des bancs qui y ont été placés et qu'il a dans le chœur et nef de lad. église, et par le dedans, tant à l'entour du choeur que de la nef, la litre et ceinture funèbre de ses armes, etc. ».

Le vicomte de Tonquédec était également fondateur et patron de l'église paroissiale de Trégrom et avait trois chapelles sur ses terres en cette paroisse, les chapelles de Saint-Fiacre, Saint-Thurien et du Christ. La paroisse de Tonquédec comptait sept chapelles. Au village et frairie de Rubuzoas, il y avait, une chapelle nommée Chapelle de Saint-Gildas , elle avait une fabrique qui était nommée par les officiers et juges de la seigneurie, et leur rendait compte des revenus. Au même lieu, une seconde chapelle dite Chapelle du Château qui existait en 1583, était en ruines en 1682. Au village et frairie de Kermeur se trouvait la chapelle de Notre-Dame de Tonquédec ; le vicomte de Tonquédec avait un fief sur le revenu du luminaire de la fabrique de cette chapelle ; au village ou frairie de Kergroachen se trouvait la chapelle de Loguivy ; les autres portaient le noms de Kerivoallan, Saint-David, Saint-Guénolé et Saint-Médard. Les confréries du Saint-Rosaire, de Saint-Yves et du Saint-Sacrement avaient été érigées dans l'église de Tonquédec et la chapelle de Notre-Dame de Keryvoallan.

L'église paroissiale de Tonquédec fut érigée en collégiale par Jean de Ploeuc, évêque de Tréguier, le 17 août 1447, à la demande de Rolland IV de Coatmen, vicomte de Tonquédec. Ce privilège fut autorisé par les papes Eugène IV, Martin IV, Nicolas V, et Jean de Bruc, évêque de Tréguier en 1452. 

D'après la fondation, la collégiale devait avoir huit chanoines, y compris le prévôt ou doyen, plus tard ce nombre fut réduit à cinq, y compris le prévôt qui exerçait les fonctions de recteur de la paroisse.

Les chanoines étaient présentés par le seigneur de Tonquédec, approuvés par le roi et l'évêque. D'après l'acte de fondation, les absents ne pouvaient prétendre à aucune distribution ni salaire. Le prévôt touchait 2.400 livres de revenu et chaque chanoine 800 ; ils étaient sujets à décimes au roi et quittes d'autres charges, rentes et chefrentes ; ils devaient au vicomte foi et hommage, rachat, chambellenage, etc. ; ils avaient des revenus dans diverses paroisses, notamment Langoat, Berhet, Lanvézéac, Mantallot, et un fief des régaires en Tonquédec.

Le 15 décembre 1682 (Archives des Côtes-d'Armor), Jean Henry, Sr. de Kerleau, prévôt et recteur de Tonquédec, fait le dénombrement, au nom des chanoines de la collégiale, des biens qu'elle possède. Ils consistent en « la maison presbytérale, l'église, la maison collégiale. Le prévôt et les, chanoines touchent environ 240 boisseaux froment, quatre dixmes et une portion de dixme en Plestin, Prat, Trébeurden et huit boisseaux froment dessus la dixme de Lézardrieux, dans la paroisse de Pleumeur-Gautier ; la cinquième, une des grandes dixmes de la paroisse de Pleubian sujette à rachat à la seigneurie de Guingamp non amorti. Les chanoines sont sujets à décime au roi et lui doivent hommage de fidélité ».

Pareille déclaration est renouvelée le 14 mars 1730 (Archives des Côtes-d'Armor) à MM. du bureau du diocèse de Tréguier en vue de l'assemblée générale du clergé de France. Le 18 octobre 1788 (Archives des Côtes-d'Armor) les chanoines de Tonquédec se réunirent pour complimenter le Parlement de Bretagne de l'énergie avec laquelle il défendait les droits de la province.

Le 31 mars 1789 (Archives des Côtes-d'Armor), ils se réunirent pour nommer un député à l'assemblée diocésaine pour le 2 avril, afin de concourir à la rédaction du cahier des doléances et procéder au nom de ladite collégiale à l'élection des députés qui seront envoyés aux Etats-Généraux.

Le 28 novembre 1790 (Archives des Côtes-d'Armor), « le décret de l'Assemblée Nationale touchant l'extinction des Chapitres et Offices canoniaux nous ayant été communiqué aujourd'hui par la municipalité de cette paroisse sur la réquisition du département et du district, nous déclarons, à notre plus grand regret, voir arriver ce fâcheux événement et être forcément contraints de nous y conformer ». Signé : Le Bricquir, cy devant chanoine, Bahic, cy devant chanoine, Riou, cy devant chanoine, Le Pennec, prêtre, cy devant chanoine.

Le 18 décembre 1790 (Archives des Côtes-d'Armor), Riou écrit au directoire du district de Pontrieux pour l'informer de l'envoi fait à l'Assemblée Nationale du relevé du revenu du chapitre. Il ajoute « que ce qu'il touche de rentes et de dixmes ne monte pas au taux du traitement fixé par les décrets de l'Assemblée ».

Les biens de la collégiale de Tonquédec furent vendus le 24 floréal an VII (13 mai 1799) (Archives des Côtes-d'Armor).

Bâtie par les Coatmen, dont on voit les armes au pignon, l'église de Tonquédec fut restaurée en 1773. Au-dessus de la porte d'entrée, refaite à cette époque, se voient les armes des Quengo, martelées pendant la Révolution. Sous le choeur de l'église se trouve un caveau destiné à la sépulture des seigneurs et où beaucoup d'entre eux sont ensevelis.

La maîtresse vitre, brisée par la foudre en 1847, est du XVème siècle. Cette admirable verrière, due à des artistes trécorrois, est partagée en six panneaux contenant chacun quatre sujets historiés et un compartiment rempli d'ornements d'architecture. Les principaux sujets sont : la résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, la Cène, le Jardin des Oliviers, la Flagellation, le Couronnement d'épines. Sur les panneaux inférieurs se voient saint Pierre, patron do l'église, avec saint Yves, sainte Marguerite et saint Christophe, puis Rolland IV de Coatmen et Jeanne du Plessix Angier, sa femme, et Jean II, leur fils, et Jeanne Dupont, sa femme, donateurs du vitrail. Ces seigneurs sont présentés par leurs patrons. 

Bretagne : Histoire, Château

VI

En présence de ces ruines qui ont résisté au temps et à la main encore plus destructive des hommes, l'imagination se laisse bercer par une romantique rêverie. L'ombre de la chevalerie lui apparaît avec ses paladins, ses fêtes et ses tournois ; elle entend le son du cor annonçant l'arrivée d'un chevalier et le pont-levis criant sur ses gonds en s'abaissant pour lui donner passage. Elle voit flotter sur les remparts la bannière des Coatmen annonçant un brillant tournoi. Ici on faisait la veille des armes, là était la chapelle dont les voûtes retentirent si souvent des paroles sacramentelles : « De par Dieu, Notre-Dame et saint Michel, je te fais chevalier ». D'un côté, la salle des ancêtres, où les images des aïeux, noircies par le temps, semblaient dire à leurs descendants : « Souviens-toi de qui tu es fils et ne forligne pas » ; de l'autre, la salle d'honneur où plus d'un ménestrel célébra, par ses chants, la beauté des dames, les brillants coups de lance et les exploits des chevaliers, où les preux parlèrent si souvent de faits d'armes, de joutes ou de tournois. Là, sans doute, le sire de Tonquédec entretint ses amis de son voyage d'outre-mer, et, quand il voulut partir et se mettre à la voie, comme le sire de Joinville, il envoya quérir quelque ministre du Seigneur pour se réconcilier avec Dieu et recevoir de ses mains le bourdon et l'écharpe ; car, dans ces temps, la foi régnait encore dans le coeur de ces chevaliers dont la devise était : E peb pend lealdet, en tout chemin loyauté. Et, lorsqu'il s'empartit, peut-être aussi, comme le sénéchal de Champagne, n'osa-t-il tourner la face vers Tonquédec « de peur d'avoir trop grand regret et que le coeur ne lui attendrît de ce qu'il laissait son bel chastel qu'il avait sans doute fort à coeur ».

Pour moi, en quittant ces ruines, vieux foyer domestique devenu étranger à ceux qui en portent le nom, je me sentis saisi d'une vive émotion, et si je tournai la tête, ce fut pour les saluer par ces paroles d'un poète moderne :

0 murs ! ô créneaux ! ô tourelles !

Remparts ! fossés aux ponts mouvants ! 

Lourds faisceaux de colonnes frêles  !

Fiers châteaux, modestes couvents !

Cloitres poudreux, salles antiques,

Où gémissaient les saints cantiques,

Où riaient les banquets joyeux !

Lieux où le coeur met ses chimères !

Eglises où priaient nos mères !

Tours où combattaient nos aïeux !...

Comme tous les vieux châteaux, celui de Tonquédec a aussi ses chroniques merveilleuses. On raconte qu'un lièvre d'une grandeur énorme, un lièvre tel qu'on n'en vit jamais, se promène souvent au milieu des ruines ; les chiens s'arrêtent à sa vue ; le plomb meurtrier ne saurait l'atteindre, et, si on le poursuit, il ne s'enfuit pas mais se retire lentement et disparaît tout d'un coup sans qu'on sache comment. On le voit surtout dans ces belles soirées où la lune vient, de sa lumière argentée, blanchir le sommet des tours et répandre sur ce romantique paysage un jour mystérieux.

Des kornandons ou nains, génies capricieux, habitent le château. Quelquefois aussi une dame blanche se promène sur la plus haute tour. Comme la Dame Blanche d'Avenel, avait-elle la mission de veiller sur le manoir? Fée bienheureuse, venait-elle combler de ses faveurs l'enfant nouveau-né, ou bien, sinistre messagère, à la veille d'un jour de deuil, voilait-elle la bannière des Tonquédec ? Elle n'entend plus les joyeux carillons ni les sons funèbres des trompettes. Ses nuits s'écoulent tristes et sombres au milieu de ces remparts qu'elle n'a pu préserver de la ruine, et, si parfois elle fait entendre un cri plaintif, l'écho seul lui répond.

Comme l'histoire et la chronique, le roman et la poésie devaient célébrer Tonquédec. M. Pitre Chevalier y place une scène émouvante de son roman Michel Colomb ; dans des vers bretons, des poètes ont chanté ses souvenirs et ses légendes.

Dans une pièce inédite dont nous publions un fragment et que nous devons à une bienveillante communication, l'auteur rend bien le sentiment mélancolique qu'inspirent ces ruines.

« ... Tout s'écroule ici-bas, tout passe dans ce monde

Et la terre est toujours en ruines féconde.

Voyageur inconnu, j'ai visité ces lieux,

J'ai lu sur ces débris la devise des preux.

Ah! tout a disparu, comme au vent des tempêtes

Et dans ce fier château l'on ne voit plus de fêtes ;

L'hiver, au coin du feu, le chant du ménestrel

Ne réjouira plus les hôtes du castel

Toujours sur le donjon voltige l'hirondelle,

Mais on ne veille plus au haut de la tourelle.

Devant les chevaliers le pont ne s'abat plus,

Et depuis bien longtemps ses ais se sont rompus.

On n'entend plus au loin le son de la trompette ;

On ne voit plus tourner la mobile girouette.

On dit que sur les tours, on voit souvent le soir

Un fantôme brillant, protecteur du manoir,

Et que de kornandons une troupe légère

Pendant les nuits d'été danse sur la bruyère... ».

Puisse la Dame Blanche de Tonquédec arrêter les ravages du temps et conserver les restes actuels pour rappeler aux générations à venir les combats dont ces murs furent les témoins et la vaillance et la loyauté de ces vieux chevaliers, sans peur et, sans reproche.   

Bretagne : Histoire, Château

Quelques vieilles légendes

Les Huguenots : Tonquédec, de même que tous les châteaux du moyen-âge, avait ses souterrains. L'un d'eux dont nous voyons l'amorce sous une des petites tours de la porte d'entrée, communiquait, croit-on, avec le château de Coatfrec (ou Coetfrec), bien que celui-ci soit à une distance de 6 kilomètres de l'autre côté de la rivière. Toujours est-il qu'il y a quelques quarante ans on pouvait descendre dans ce souterrain à peu près jusqu'au moulin que l'on voit du Château. Mais un violent courant d'air soufflait toujours les bougies que l'on voulait allumer pour s'éclairer. La chronique locale voulait que ce souterrain fut habité par les âmes en peine des huguenots morts dans le Château à différentes époques. Celles-ci, pour empêcher qu'on ne trouble leur solitude, soufflaient sur la lumière et l'éteignaient chaque fois que l'on tentait de pénétrer trop avant. Actuellement, sans doute, elles ont trouvé un moyen plus efficace encore, c'est d'obstruer l'entrée par quelques moellons bien placés. Aussi, pourquoi troubler des âmes qui accomplissent en ce lieu la pénitence qui leur est infligée ?

Le Lièvre : Toutes les fois que la lune perce les ombres de la nuit et projette sa lumière argentée au pied des tours du Château, un lièvre gigantesque sort on ne sait d'où et parcourt dans tous les sens ces ruines. Il marche lentement, comme s'il accomplissait une tâche imposée. Les chiens lancés à sa poursuite s'arrêtent effrayés ; le plomb ne l'atteint pas ; les gars sans peur de l'endroit ont essayé maintes fois de lui donner la chasse, mais chaque fois qu'ils croyaient le saisir, il disparaissait comme une ombre ! Si vous venez au clair de lune visiter les ruines et si vous n'avez pas la chance de rencontrer le lièvre, au moins aurez-vous la consolation d'un décor unique et féérique.

La robe coupée : Un jour, des jeunes gens réunis sur une éminence nommée Run ar Kuz (colline de la cachette) dansaient avec les jeunes filles de la contrée. La pluie étant venue les surprendre, toute cette jeunesse de danseurs et de danseuses se réfugia à la hâte dans l'intérieur du Château, et là les danses recommencèrent avec une ardeur nouvelle. Tout à coup une jeune fille jette des cris perçants ; on serait effrayé à moins : une main invisible la retenait par le pan de sa jupe ! Pauvre jeune fille ! heureusement, son danseur est un garçon rusé que rien n'étonne ni n'effraie. Il prend son couteau à la hâte, et coupe le pan de sa jupe : la jeune fille est délivrée. Mais il paraît que les esprits n'avaient voulu faire qu'une plaisanterie, car on entendit une foule de voix moqueuses, riant aux éclats.

Bretagne : Histoire, Château

NOTE A

Revue de 25 arquebusiers de la garnison du château de Tonquédec on 1591

Seigneurs de Bretagne

Rolle de la monstre et reveue faicte en armes au chasteau de Tonquédecq le vingt quatrième jour de may mil cinq cent quatre vingt onze, de la compaignie de vingt-cinq hommes de guerre, harquebusiers à cheval, conduicts et commandés par le capitaine Kergroas soubz la charge du sieur du Bos, commandant au dict chasteau pour le service du Roy, par Raoul Poulart, et Jehan Le Feuvre, contrôleurs et commissaires extraordinaires des guerres à ce commis et députés par Monseigneur le Prince de Dombes, gouverneur du Dauphiné, lieutenant général pour Sa Majesté en son armée et pays de Bretaigne, pour quatre mois de la présente année commencée le premier jour de janvier au dict an et finissant le vingt quatriesme jour de may, ansuivant. Iceluy rolle servant d'aquit à M. Estienne Regnault commissaire du Roy, et trésorier général de l'ext. des guerres : Lesquels vingt cinq hommes de guerre, harq. à cheval les noms et surnoms en suyvent.

Premièrement :

Jehan DE KERGROAS, capitaine. 

Anthoine NAU, sergent.

Arquebusiers à cheval : 

Pierre MENGUY

Jehan KERMAL

Jacques BARLEAU

Pierre DU VERGER 

Charles GOURGOUCHON 

Roch DUMESNIL

François LE GOP

François DE KERGRIST 

André AVRIL

Jacques GRENIÈRE

Jacques DE KERDERRIEN 

François BERTHELOT

François LOSCHERT

Guillaume LE DIVESAT

Jullien ROUSSEL

Briand ROUSSEL 

Jacques FRÉMISSON 

Jehan BONTÉ

Jacques LE MEUR 

Pierre PRIGENT 

Christophe DU COZQUER

François CARIO 

Gabriel JEHAN. 

                    Nombre : 25.

Nous, Jehan de Kergroas, sieur du dit lieu, capitaine de la compaignie de vingt cinq hommes de guerre, harquebusiers à cheval cy dessus entretenus pour le service du Roy en la garnison du chasteau de Tonquédecq, soubz la charge du sieur du Bos y commandant, Raoul Poulart et Jehan Le Fèvre, commissaire et contrôleur ext. des guerres, certifions à tous qui appartiendra ce qui en suit. Savoir. Nous capitaine avoir présenté en bataille et bon équipage en une place du dit chasteau la dite compaignie de vingt cinq hommes de guerre harque, à cheval estant comme dit est soubz ma charge aux susdicts sieurs Poulart et Le Fèvre pour en faire la monstre et reveue, et estre payés de quatre mois durant lesquels ils ont faict bon et fidèle service au Roy. Et nous dicts commissaire et contrôleur avons veu par la visite iceulx gens de guerre par forme de monstre et reveue ; lesquels avons trouvez sufisans, capables, bien armés, montés en bon estat et équipaige pour faire service à Sa Majesté desquels après avoir pris et receu le serment de fidélité en tel cas requis et acoutumé, avec injonction d'observer les ordonnances qu'ils ont dict bien entendre, leur avons faict payer, bailler et délivrer comptant en espèce de XXV pièces et quart d'escu par Me Estienne Regnault commissaire de Sa Majesté et trésorier général de l'extra. des guerres ou son commis en ceste armée de Bretaigne, la somme de cinq cent soixante escus sol pour livre payement, solde, et tous autres apointements durant quatre mois commencés et finissant comme dessus. A scavoir au dict sieur de Kergrou capitaine 16 escus 2 livres, à Anthoine Nau sergent, 8 escus 1 livre et à 23 des dicts harquebusiers à cheval 5 escus. 140 escus le tout, par moys, montant et revenant à la dicte première somme de 560 escus sol pour les dicts quatre mois sur laquelle tous pretz et avances préalablement faictz à la dicte compaignie déduictq et rabatuz, iceulx vingt cinq hommes de guerre harquebusiers à cheval, chacun particulièrement en son regard, se sont tenuz à contant et bien payez et en ont quitté et quittent les dicts sieurs trésorier Regnault, son commis et tous autres. En thesmoing de quoy et à leur requeste, avons signé ensemblement le présent rolle et à iceluy faict mettre le cachet des armes de nous commissaire audict chasteau de Tonquedecq, les jour et an que dessus. J. DE KERGROAS. Raoul POULART. LE FEVRE.

Bretagne : Histoire, Château

NOTE B

Liste complète des divers seigneurs de Tonquédec, de 1180 à 1789.

1180 : Gestin de Coatmen (ou Coëtmen). A noter que le premier seigneur de Tonquédec connu se nomme Prigent et marie sa fille, en 1180, à Geslin de Penthièvre, vicomte de Coatmen (ou Coëtmen).

1231 : Alain de Coëtmen.

1270 : Rolland Ier de Coëtmen.

1298 : Prigent de Coëtmen.

1320 : Guy ou Guyon de Coëtmen ; mort sans enfants, auquel succède son frère.

1330 : Rolland II de Coëtmen.

1351 : Jehan de Coëtmen.

1371-1438 : Rolland III de Coëtmen.

1438-1458 : Rolland IV de Coëtmen ; mort à la croisade contre les Turcs en 1458. Sa mort n'ayant été connue qu'en 1471, c'est seulement à partir de cette date que son fils prend le titre de vicomte de Tonquédec. Il fit ériger la Collégiale de Tonquédec en 1447.

1458-1496 : Jean II de Coëtmen. Inhumé dans l'église de Tonquédec. Son portrait se voit encore aujourd'hui dans la verrière dont il était le donateur.

1496 : Louis de Coëtmen meurt sans enfants laissant son héritage à sa soeur Gillette.

1496 : Gillette de Coëtmen qui épouse en 1487 Jean VI d'Acigné.

1520 : Jean VII d'Acigné.

1525 : Claude d'Acigné. Sa fille épouse Claude du Chastel et lui porte Tonquédec.

1570 : Claude du Chastel. Sa fille épouse Charles de Gouyon, baron de la Moussaye et lui apporte Tonquédec.

1593 : Claude Gouyon de la Moussaye, troisième fils du précédent.

1620-1636 : Amaury (ou Claude ?) Gouyon de la Moussaye vend la terre de Tonquédec à René Ier de Quengo, comte du Rochay, le 16 décembre 1636.

1636-1644 : René Ier de Quengo.

1644-1646 : François de Quengo, vicomte de Tonquédec.

1646-1697 : René II de Quengo comte de Tonquédec à la mort de son frère François.

1697-1749 : René III de Quengo.

1749-1787 : René IV de Quengo.

1787-1789 : René V André de Quengo.

Nota : la famille de Rougé, descendante de la famille Coëtmen, devient propriétaire du château à partir de 1880.

Voir aussi   Coetmen "Généalogie de la famille de Coëtmen

 

Gaultier de Kermoal

 © Copyright - Tous droits réservés.