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La Chapelle de Langroaz ou Langroas
** EN CLÉDEN-CAP-SIZUN **

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La chapelle de Langroaz (ou Langroas) ou de Sainte-Croix, dédiée à Notre-Dame des Sept-Douleurs, est située sur le bord de la route départementale de Pont-Croix à Cléden, à l'intersection du chemin vicinal appelé « Gariel an Iliz » (d'aucuns disent (« Gariel an Ifern »), conduisant au village de Brouzouloux.

Cette chapelle, de moyenne grandeur, affecte la forme d'une croix. Elle est entourée d'un cimetière planté d'ormes et de frênes et cerné d'un mur. [Note : Il était autrefois de tradition dans quelques chapelles du Cap-Sizun et, notamment à Saint-Tugen, que chaque fabricien devait planter un arbre dans le cimetière pour commémorer son année de Service].

L'extérieur n'offre rien de remarquable. Un petit clocher très simple en pierres de taille, accosté de quatre clochetons, surmonte l'extrémité Ouest. Sur sa base on lit : F. PERICHON. RR. 1752.

Deux autres inscriptions se remarquent à l'entour de la chapelle : au-dessus de la fenêtre du transept Sud : FAIT. ENTIEREMT. LAN. 1747.
MRE. A. DARCY. RR.

au-dessus d'une porte latérale murée dans le même transept :
J. BARBEOCH. FAB.
M. TRIVIDIC.
A. GUILLOU. 1747.

Au registre des comptes de la chapelle de Saint-They pour l'année 1643, nous lisons :

« Ce jour traiziesme de septembre 1643, a esté fait l'esçhange des cloches de la chapelle de Mr Sainct Tey et de la Vraye Croix, situées en la parroisse de Cléden-Cap-Sizun. La cloche qui estoit nouvellement construite et faicte pour la chapelle de M. Sainct Tey est randue à la chapelle de la Vraye Croix et la cloche qui estoit à la chapelle de la Vraye Croix est indue à la chapelle de Sainct Tey. D'auttant que la cloche qui estoit faicte pour la chapelle de Sainct Tey, est trouvée plus pesante et plus valoir que la cloche qui estoit à la chapelle de la Vraye Croix, du consent du Sr Recteur, seigr de Kerazan, et parroissiens soussignants, est dict d'accorder par la fab. de la chapelle de la Vraye Croix payer au fab. de la chapelle de Sainct Tey la somme de vingt-quatre livres ».

Le monument actuel aurait donc remplacé un autre ; jugé peut-être insuffisant ou tombé en ruines. Nous n'avons pu trouver aucun renseignement au sujet de l'ancienne chapelle.

Chapelle de Cléden-Cap-Sizun : chapelle de Langroaz ou Langroas (Bretagne).

INTÉRIEUR.

Pénétrons à l'intérieur par la grande porte Ouest, sous le clocher ; nous trouvons une sorte de vestibule séparé de la nef par une clôture, claire-voie, formée de balustres tournées, qui monte jusqu'au plancher de la tribune située au-dessus [Note : Jusque il y a quelques 30 années (vers 1870), paraît-il, la grande porte de la chapelle n'était jamais fermée. Tout passant pouvait entrer librement faire ses dévotions et déposer son offrande dans un tronc massif en bois, placé contre la balustrade. Certains mendiants prenaient même leur gîte de nuit dans le vestibule, sur un large banc de pierre formé par le rebord des soubassements].

Les parois intérieures des murs sont nues, recouvertes d'un enduit à la chaux semé de mouchetures de couleur.

Dans l'aile Nord est l'autel de Sainte-Anne qui n'a rien de bien intéressant. L'ancienne statue, entièrement vermoulue, se trouve actuellement (vers 1909) dans la sacristie. Elle est remplacée par une statue toute moderne. Le retable, avec ses deux colonnes torses feuillagées, est surmonté d'un panneau ayant en relief une tête d'ange.

Dans l'aile Sud se trouve un groupe curieux de personnages de grandeur presque naturelle. Il représenté Notre-Seigneur, à la physionomie triste et résignée, entouré des deux larrons. Aux deux extrémités, séparées par deux colonnes des trois premiers sujets, sont deux autres statues représentant, dit-on, Pilate et Hérode.

Au-dessous de ce groupe, une peinture assez expressive reproduit trois scènes de la Passion : au milieu Jésus portant sa croix entouré de soldats et de femmes, à droite Pilate se lavant les mains et à gauche la flagellation.

L'autel de Notre-Dame des Sept-Douleurs occupe le fond de l'abside qui est séparée de la nef par une balustrade en bois portant une inscription presqu'effacée. Nous n'avons pu déchiffrer que : F. BARBEOCH. FAB.

Cet autel est formé d'une table de granit recouverte sur les côtés de panneaux décorés de motifs polychromés. Le retable, en simple boiserie sans grande ornementation, est percé au centre d'une niche dans laquelle est placée la statue de la Sainte Vierge tenant sur ses genoux le corps inanimé de son fils. Ce retable est de 1757, date gravée à sa base.

Le transept est éclairé par deux fenêtres aux meneaux flamboyants ; de chaque côté du choeur sont deux autres petites ouvertures.

Il y a quelques années, on remarquait dans la sacristie plusieurs statues de petite dimension, en chêne, non peintes. Ces petits personnages avaient tous une main sur le côté de la tête et l'autre pendue au côté. Nous n'avons pu savoir ce qu'ils représentaient ni d'où ils provenaient.

 

SORT DE LA CHAPELLE & DE SON MOBILIER PENDANT LA RÉVOLUTION
[Note : Arch. Finistère. — District de Pont-Croix].

Sous la Révolution la chapelle de Langroaz fut vendue comme bien national.

L'acte d'inventaire, dressé le 9 février 1793 par Mathieu Thalamot notaire à Custren en Esquibien, et Joseph Guezno d'Audierne, nous donne l'indication des ornements de l'église à cette époque. Nous les détaillons ci-après :

2 devants d'autel, 12 nappes d'autel, 7 serviettes, 1 pavillon, 1 morceau d'indienne, 8 amicts, 1 cornette (sic), 2 aubes, 3 cordons, 8 purificatoires, 1 lavabo, 5 corporaux, 2 surplis, 1 chape de toutes couleurs, galons en or, 1 chasuble étole, manipule et voile, 1 ornement complet.

L'inventaire des matières d'or, d'argent et de cuivre, nous apprend qu'il s'y trouvait en outre : 1 calice, 1 lampe, 1 cloche, 1 clochette. Il n'est pas question de la croix d'or qui est pourtant mentionnée dans divers comptes de fabrique. La tradition prétend qu'elle fut cachée dans la chaussée d'un chemin aux environs du village de Brouzouloux. En 1775, il fut payé 70 livres à un orfèvre de Quimper pour la raccommoder.

La vente des objets mobiliers qui eut lieu le 29 Thermidor an 3 (juillet 1794), à huit heures du matin, à la criée (J. C... de Kerbelec, crieur) produisit la somme de 59 l. 10 sols. Parmi les objets vendus nous remarquons : 3 plats, 1 buffet, 2 confessionnaux, 1 pupitre, 2 fauteuils, la tribune, 3 chandeliers en bois, etc... La cloche de Langroaz avec les cloches des autres chapelles de Cléden, fut transportée aux magasins de Brest sur le brigantin « l'Espérance », de l'Ile Dieu.

Pour la descente et le transport de ces cloches jusqu'à Audierne, il fut payé 54 livres à Pierre C..., de Cléden. La chapelle, estimée 400 livres, fut adjugée à C..., de Brémel, en Cléden, pour la somme de 2050 livres.

Le 21 Messidor an 3, le Conseil général de Cléden fit une délibération tendant à obtenir les chapelles de Langroaz et de Saint-Tugdual pour l'exercice du culte. Mais le Directoire du District, dans sa séance du 27 Messidor même année, considérant que « la loi n'accorde à chaque commune que l'église parroissiale pour l'exercice de son culte, que d'ailleurs les dites chapelles étaient en vente, arrêta qu'il n'y avait pas lieu de donner suite à la dite demande ».

Lorsque la pacification fut faite, la chapelle fut rendue au culte et pourvue des objets nécessaires, grâce à la générosité des fidèles dont plusieurs rapportèrent un grand nombre d'anciens meubles vendus.

CULTE.

Le pardon de Langroaz se fait le dimanche qui suit le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge. Ce pardon, qui se faisait autrefois le jour même de la fête, attirait un grand nombre de pèlerins de tous les coins du Cap-Sizun et même de plus loin, à en juger par les recettes du fabricien. La chapelle recevait surtout en offrandes du lin, de la filasse, « pengodou lanvos », des coiffes, des bestiaux. En 1766, la vente des « coueffcs » (koefs) à Henry Trividic de Ménez-Groaz, rapporta la somme de 2 l. 15. Le plus ancien compte de fabrique celui de 1762, accuse une recette totale de 254 l. 7 s. et une dépense de 63 l. 3 s.

En 1836, dit M. Nicol, deux marins qui se croyaient sauvés d'un naufrage par l'intercession de la Sainte-Vierge, y vinrent en pèlerinage ; l'un, Guénolé Kerloc'h laissa en ex-voto à la chapelle une statuette de la Vierge ; l'autre, qui était commandant d'un navire de guerre et originaire de Brest, offrit en ex-voto un petit navire. [Note : Notice sur Cléden-Cap-Sizun, de MM. PEYRON et ABGRALL].

La veille de la fête, les jeunes filles des environs se font un devoir de nettoyer la chapelle et de faire la toilette de la Vierge. Autrefois on lui mettait une cornette « eur paléur », sorte de coiffe à la Reine Anne, que les nouvelles mariées et leurs demoiselles d'honneur portent encore les jours de mariage.

Aujourd'hui, vers 1909, on se contente de lui passer autour du cou un ruban violet auquel est suspendu une belle croix, de lui poser sur la poitrine un coeur en vermeil et de lui mettre à la main un bouquet fait de rubans multicolores. La Sainte Mère semble rajeunie et moins triste sous ces ornements qui lui sont offerts de si grand coeur !

Et les attifeuses, pour juger de l'effet produit, se reculant un peu, demandent naïvement : « Sellet laouennor'h eo kalz ar Verc'hez, c'hoarzin a ra ! » (Regardez, elle est beaucoup plus gaie, la Vierge, elle rit !).

LE CALVAIRE.

Le calvaire qui se trouve dans un coin du cimetière est assez remarquable. Sur une branche horizontale en granit, supportée par un fût de même pierre, sont trois groupes en Kersanton. Au milieu, le Christ en croix, ayant à ses pieds deux petits personnages aux figures grimaçantes, tenant chacun un calice. A chaque extrémité, taillées dans le même bloc et placées dos à dos sont, d'un côté deux statues de saintes et de l'autre côté une sainte et un saint ; ce dernier tient une clef, probablement Saint Tugen.

Les bras du Christ sont malheureusement mutilés et les deux pièces auxquelles ils étaient attachés, ont également disparu. Nous avons retrouvé dernièrement l'une d'elles dans la sacristie.

La branche horizontale de soutènement a remplacé une autre en Kersanton, qui se trouve actuellement dans la cour de Kéridiern-ar-maner, ferme voisine.

Cette ancienne pièce porte sur l'une de ses faces, les armes des Kéridiern « d'or à trois roses de gueules » et sur l'autre les mêmes armes en alliance. Nous n'avons pu déterminer cette alliance ; mais nous croyons que ce sont les armes de la famille Du Disquay qui sont : « écartelé de gueules et de sable à la croix d'argent, chargé en chef d'une hermine de sable, brochant les quatre quartiers ». Nous savons en effet que Charles de Kéridiern (dont nous reparlerons par ailleurs), épousa vers 1646, Constance Du Disquay, dame de Kervent en Plonéis. C'est sans doute vers cette époque qu'il faudrait reporter la construction du calvaire.

Le calvaire actuel fut érigé dans le cimetière de Langroas en 1778, du temps de Mre. A. Jannic recteur, par Yves Rozen maçon qui reçut pour ce travail et la réparation du mur du cimetière, 105 livres. Où se trouvait-il auparavant ? La tradition est absolument muette sur ce point. Il remplaça une croix de bois garnie d'un grand Christ qui se trouve encore dans la sacristie. Nous n'avons pas pu davantage savoir comment l'ancien support s'est trouvé transporté dans la cour de Kéridiern. Le monument était-il primitivement situé aux environs du manoir ? C'est bien possible : une parcelle voisine porte encore le nom de « Parc-ar-Groaz ».

En cette année 1778, d'importantes réparations furent également faites à la chapelle. Le fabricien mentionne une dépense de 154 livres en achat de « planches, plomb, étain, clous, cire, suif, résine, peinture d'huile, pierres, et en salaires d'ouvriers ».

Presque tous les ans, nous avons aussi remarqué en consultant les comptes de fabrique, qu'il fallait faire acquisition d'une nouvelle corde pour la cloche. Celle-ci devait donc carillonner joyeusement, et à tel point qu'une année, rapporte la tradition, elle fut arrachée du clocher et vint s'abattre parmi les pèlerins sans occasionner heureusement aucun accident.

LES FONTAINES.

L'une des fontaines est pratiquée dans le mur du cimetière ; l'autre est surmontée d'un édicule arrondi en pierres de taille.

Cette dernière est actuellement à demi enfouie et comblée de vase par suite d'une surélévation de la chaussée de la route.

Aucune de ces fontaines ne renferme de statue, fait assez rare au Cap-Sizun.

0n vidait et on nettoyait ces deux fontaines pour obtenir la guérison des rhumatismes.

Cette fonction était dernièrement remplie, par procuration, par une pauvre mendiante universellement connue dans tout le Cap-Sizun sous le nom de « Mari Koste'n Kent ».

On ne lui connaissait ni famille, ni demeure fixe. Sa seule occupation était de nettoyer toutes les fontaines du pays et de faire la toilette de leurs patrons. Pour une aumône elle se rendait dans tel ou tel endroit qu'on lui indiquait, vider la fontaine à l'intention de la personne qui l'avait secourue. Elle les connaissait bien ses chères fontaines et surtout leurs vertus. Elle les visitait souvent et je vous assure qu'elle en prenait soin ! Rien ne la courrouçait davantage que de voir les bestiaux se désaltérer de leur onde sacrée ; elle s'emportait et reprochait dûrement au pastour de n'avoir pas plus d'égard pour la source guérisseuse. Lorsquelle voyait une eau rouillée couler au fond d'un chemin creux, elle suppliait les gens d'alentour d'y élever une fontaine, parce que, disait-elle « cette eau n'était autre chose, que le sang de la Vierge ».

Un matin vers 1907, on la trouva morte sur les degrés de la croix de Primelin.

Nous nous sommes un peu écarté de notre sujet, mais il nous a paru intéressant de noter, en passant, cette figure de simpliste, dernière vestale du culte des fontaines, type qui devient de plus en plus rare dans notre Bretagne.

(Daniel BERNARD).

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