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CLÉDER EN 1795 DURANT L'ÉPOQUE RÉVOLUTIONNAIRE.

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Les Conventionnels Guermeur et Guezno, du Finistère, en mission dans l'Ouest, avaient ordonné, le 26 mars 1795, de libérer les prêtres insermentés, comme déjà le 24 février les assermentés (intrus) : c'était une conséquence du décret du 21 février, qui rétablissait le libre exercice des cultes. Le représentant Brue avait invité les prêtres à se présenter sans crainte aux autorités (9 mars) ; Guezno et Guermeur les obligèrent à désigner le lieu de leur domicile ; et le 12 avril ils firent mettre les églises à la disposition des fidèles qui voudraient les affermer.

Dans le District de Lesneven, les cinquante prêtres cachés ou libérés purent célébrer dans les églises ; les autres, rarement. Mais à Cléder, c'était dans un hangar que dès avant la persécution il avait fallu officier... MM. Marzin et Baron, inscrits comme déportés (à tort, nous le savons), déclarèrent vouloir se fixer à Cléder. Avaient-ils fait la promesse d'être soumis aux lois ?... Le District de Lesneven ne s'en inquiéta guère. A certaines invites il répondit bonnement que la loi permettait aux prêtres d'exercer le culte, moyennant la déclaration de soumission. Et il n'insista pas.

En fait l'exercice du culte fut assez libre (relativement!) jusqu'aux lois du 20 fructidor an III et 7 vendémiaire an IV (6 et 28 septembre 1795) dont la première interdit l'exercice du culte aux prêtres qui n'auraient pas fait acte de soumission, et dont la seconde imposa la formule suivante : « Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission et obéissance aux lois de la République ». Enfin, le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), la Convention expirante renouvela les lois terroristes de 1792 et 1793 : des prêtres, surtout âgés, furent de nouveau arrêtés, d'autres furent déportés, la plupart reprirent leur vie errante et cachée.

L'état paroissial de 1795 porte les traces de ces vicissitudes.

Sur un premier cahier, M. Marzin signe 119 baptêmes, dont 2 de Plouescat, — M. Le Roux « prêtre de Cléder », en signe 9, dont le premier est daté du 27 août. M. Marzin bénit 9 mariages dont 2 de Plouescat ; le dernier porte une mention toute nouvelle : « Les bans du présent mariage ont été publiés à Saint-Vougay (le jeune homme est de cette paroisse) les 9, 16 et 23 août, suivant un certificat de M. Kermarrec, recteur de Saint- Vougay ». Jusque-là tous les actes de mariage affirmaient la dispense des bans obtenue de « qui de droit ».

Le deuxième cahier, de format plus grand, commence par cette indication de M. Marzin :
« Le présent cahier... pour constater la célébration des cérémonies religieuses concernant les baptêmes, les mariages et les sépultures des fidèles catholiques de la paroisse de Cléder pour l'année 1795 ».

La première cérémonie inscrite est un baptême, du 7 septembre, déjà compté au cahier précédent. Suivent 3 mariages bénis par M. Marzin et 1 par M. Le Roux, les 4 étant de Cléder.

En outre, 7 enterrements : au premier, M. Joseph Le Roux (12 septembre), précise que c'est dans le cimitière, selon la vieille orthographe. M. Marzin fait 3 enterrements sur 7 ; mais le dernier n'est pas signé : c'est celui de Marie Cousquer « environ 8 ans », de Creac'hmorvan, « par le prêtre sous-signé », 13 novembre. L'année suivante, aucun enterrement religieux : la liberté est de nouveau supprimée, même pour les morts.

A ces deux cahiers s'ajoute une feuille volante où sont inscrits 20 baptêmes, d'une écriture fine et serrée : trois lignes par acte. Le nom du baptiseur n'est pas donné : une hypothèse, peut-être autorisée par une grande ressemblance d'écriture, permettrait de risquer le nom de Jean Postec, clerc tonsuré, libéré des prisons de Morlaix. En 1793, tantôt il avait écrit plusieurs actes tout entiers, tantôt il avait seulement signé ; une fois il avait été parrain (de Jean-Louis Trévidic, de Kertanguy, baptisé à domicile par M. Baron) ; une fois il avait lui-même baptisé Jean Peden, de Kerbrat, à qui les cérémonies furent suppléées quinze jours après ... Mais ce n'est qu'une hypothèse.

Il est certain que les deux derniers de ces vingt baptêmes furent conférés par M. Yves Laot, recteur d'Ouessant. Emprisonné aux Carmes de Brest du 16 juillet au 27 septembre 1791, caché depuis, il déclarera bientôt (1795) vouloir fixer son domicile à Kernilis. Au baptême de Paul Bodénès, il n'indique ni le village ni la date du sacrement ; mais il déclare l'enfant « né le premier ventôse an III, qui correspond à 1795 » : c'est le 19 février. Au baptême d'Yves Philip il ne mentionne pas les noms des parrain et marraine, il ne signe pas, et il date ainsi : « né le... novembre 1795 et baptisé le même jour » [Note : Le 26 janvier 1802, M. Yves Laot, recteur d'Ouessant, bénira à Kernilis, le mariage de J. Ruelen, de Guicquelleau, et Marie Guével, de Plouguerneau, avec autorisation et en présence du recteur M. de Rossiliau, de M. Tanguy, recteur de Guicquelleau et de M. Botorel, curé d'office de Plouguerneau. (Note de M. Mazéas, recteur de Kernilis)].

Ajoutons enfin que beaucoup d'enfants sont baptisés le jour ou le lendemain de leur naissance, tandis qu'en 1793 et 1794 plusieurs attendirent des semaines et des mois.

Peu de noms marquants paraissent aux registres 1795. Citons l'ancien maire Fr.-M. Grall, qui signe au mariage de Denis Postec, veuf de Jeanne Péden, avec Marie Cueff, de Cléder, le 28 mai 1795, — et un nom qui reviendra souvent : celui de Kersauzon.

Marie-Jeanne Kersauson, fille légitime d'écuyer Claude de Kersauson et de dame Marie Pinvidic Kersauzon son épouse, née le 11 mars 1795, fut baptisée le 14 du même mois par M. Marzin. Parrain et marraine : Jean Abhervé-Guéguen et Marie Le Duf, qui ne savent signer. (Domicile non indiqué).

Joseph-Marie Quiviger, de Leslaou, né et baptisé le 5 juin, a pour parrain honorable homme Joseph Marrec et pour marraine Anonyme Kersauson de Coetbizien, qui signe Anonime Kersauson de Coetbizien. (Sainte Anonyme figure au catalogue des saints, et une Anonyme de Plœuc, 14 ans, de Quimper, sera emprisonnée en janvier 1799 pour complicité de chouannage). En 1796, Marie-Jeanne Kersauson, fille mineure de feu écuyer Louis, seigneur de Languien, et de dame Marie Cadiou, de Plouescat, épouse à Cléder Jean Mesguen, de Plouescat. En 1798, M. Marzin baptise Marie-Yvonne Kersauson, fille d'écuyer Claude et de dame Marie Pinvidic ; parrain et marraine : Yves Pinvidic et « mademoiselle J.-M. Kersauson Keriaouen ». En 1800, c'est un fils, Jean-Marie-Claude, qui naît des mêmes à Lesvennoc ; le parrain et la marraine sont « le sieur J.-Fr. Kersauson » et « Marie Dupplissix, dame Le Ny », qui ne signent.

(René Cardaliaguet).

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