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LA PAROISSE DE CLÉDER SOUS LA RÉVOLUTION. |
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Cléder comptait parmi les 13 cures léonardes dites de première catégorie, ayant de 1.300 à 2.000 livres de revenus annuels : Plougar et Plouvorn, 1.375 livres ; Cléder, Guiclan, Sizun, Plouguerneau, Plouvien, 1.700 livres ; Ploudalmézeau, Ploudaniel, Ploudiry, Plougoulm, Plouzané, Taulé, 2.000 livres. (Le diocèse comprenait 87 paroisses). A la fin du XVIIIème siècle, ces chiffres augmentaient, par suite d'une plus-value des terres et biens-fonds. Mais les cures de 2.000 livres payaient 193 livres de « décimes » par an, les autres moins ; et toutes étaient soumises aux décimes extraordinaires et aux fouages.
Le revenu moyen des terres s'élevait à 20 livres par hectare ; celui des fermes sans les terres, comme celui d'une maison de campagne, à 60 livres ; les terres froides (un tiers du sol en Léon) ne donnaient que 4 livres à l'hectare ; mais les meilleures terres de Cléder allaient jusqu'à 55 livres de revenu. Il est certain que les chapelles et les chapellenies — fondations pieuses — étaient nombreuses, et que le peuple aimait et pratiquait assidûment la religion. Nous en avons un témoignage certain dans ce texte du Conseil municipal (15 juillet 1806) qui pourrait bien avoir été inspiré, sinon rédigé, par le « desservant », M. Laurent :
« Cette commune se trouve, par suite d'un temps malheureux, dans le dernier des besoins, pour ne pas dire dans le dernier des malheurs, qui est celui d'être privée d'une église ; c'est aujourd'huy le moment favorable de s'en procurer une, à défaut de laquelle un cri douloureux se ferait entendre au fond des cœurs d'un peuple au nombre de quatre mil âmes, distingué dans tous les temps par son attachement à la religion, plus distingué encore par la pureté de sa foi, par son courage et sa patience dans les tribulations... ».
Il ne faut pas voir dans cet éloge magnifique une vaine formule. Nous le verrons, Cléder a caché, secouru, fréquenté les « bons prêtres » pendant toute la Révolution. Or, chacun savait que le receleur du prêtre était passible de la déportation et de la confiscation depuis le 20 novembre 1793 et de la mort et de la confiscation depuis le 11 avril 1794. Chacun savait les exemples tout proches de Mme Le Guen, de Saint-Pol, condamnée à la déportation pour avoir caché M. Branellec ; de Goulven Gac, Guillaume Abautret et Alain Gourhant de Kerlouan, punis de même pour recel de MM. Habasque et Péton ; des septuagénaires François Gac et Gabriel Gourhant, condamnés à la réclusion pour le même crime ; de Marie Chapalain de Plouguin, Anne Le Saint de Plouénan, Julie et Perrine Le Coant de Morlaix, toutes condamnées à mort et guillotinées pour avoir caché MM. Jacob et Chapalain, MM. Le Gall et Corrigou, le Père Joseph de Roscoff, etc... Mais comme écrivait l'héroïque M. Henry, vicaire général de Léon, « s'élevant au-dessus de toute considération, du péril même de perdre la vie et la fortune des enfants, on les recherchait (les prêtres), on les conduisait, on les hébergeait, on les faisait jouir des bienfaits de la plus généreuse charité ».
Malgré sa pauvreté, la paroisse, en 1789, avait commencé une église neuve. L'ancienne était en fort mauvais état depuis 1770. On avait adossé au pignon est une sacristie, probablement pour l'empêcher de s'écrouler, tout en bouchant une grande partie du vitrail. Mais en 1786, il fallut se résoudre à reconstruire le tout.
L'ingénieur-architecte Robinet fournit les plans et devis : fort disgracieux. L'adjudication, en 1789, fit donner les travaux pour 65.000 francs. Et l'on dut s'en tenir là : en 1791, les murs ruineux étaient encore debout, les murs neufs s'élevaient à 5 ou 6 pieds quand la Terreur fit arrêter tout travail. Toutefois la tour de 1697 et la flèche de 1700 furent conservées, avec l'inscription : « Prigent, recteur de Cléder, Y. Moysan et Guillerm, curés.». Ce n'est qu'en 1830 que le projet aboutira enfin, nous dirons comment.
(René Cardaliaguet).
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