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CLEGUER |
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La commune de Cléguer ( Kleger) fait partie du canton de Pont-Scorff. Cléguer dépend de l'arrondissement de Lorient, du département du Morbihan (Bretagne). |
ETYMOLOGIE et HISTOIRE de CLEGUER
Cléguer vient du breton « Guérec » (territoire de Guéran). Guéran est originaire de Grande-Bretagne. Il suit saint Tugdual à Tréguier (Treguer) vers 526, fonde un monastère et meurt en 547.
Cléguer est un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Caudan. C'est au VIème siècle que les premiers Bretons simplantent sur le territoire de Cléguer.
Au Moyen Age, le territoire dépend de la seigneurie de Kéménet-Héboé (ou Quémenet-Héboi). Une église dédiée à saint Géran y est construite. Cléguer (Cléger) est mentionné vers 1120, dans un acte de donation de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé fondé au VIème siècle par saint Guthiern.
En 1260, Jean 1er Le Roux, duc de Bretagne, y fait construire le château de Tronchâteau. Le château qui est la propriété du Duc de Bretagne, Jean III, est donné par ce dernier à son fils bâtard, Jean, en 1334. La paroisse dépend de la châtellenie de Pont-Callec (ou Pontcallec).
En 1790, Cléguer est érigée en commune du canton de Pont-Scorff, du district d'Hennebont. Le premier Maire fût Pierre-Augustin Gardye de la Chapelle, chapelain des seigneurs de Meslien depuis 1782.
On trouve l'appellation Cléger en 1120.
Note : Cléguer, situé sur les bords du Scorff, est borné au nord par Plouay, à l'ouest par Arzano et Pontscorff, au sud par Caudan, et à l'est par Calan et Inzinzac. Sa superficie est de 3192 hectares, dont un bon tiers en culture, un tiers en landes, et le reste en prés, bois, ... En 1891, sa population est de 2267 habitants. Le bourg, situé sur le côté occidental du territoire, est à 3 kilomètres de Pontscorff, à 15 de Lorient et à 60 de Vannes. La période celtique est représentée dans ce pays par un dolmen ruiné, à l'est, au Deur-Hir, près de la route de Plouay à Hennebont, et par un menhir, situé au nord-est, près du village de Keranroué, puis par un petit cromlech, situé près de Locunolé, et enfin par un fragment de hache-marteau en diorite, trouvé dans une enceinte circulaire près de Kerousse. La période romaine est représentée par la voie qui va de Vannes vers Quimper, et qui semble passer au sud de Cléguer ; toutefois son tracé précis n'est pas encore exactement connu. Les émigrés bretons arrivèrent ici au VIème siècle, et y implantèrent leur langue et leurs usages. Tous ou presque tous les noms de villages sont bretons. Celui de Cléguer lui-même vient, suivant M. de Blois, du mot Cléguer, qui signifie, d'après lui, des rochers sortant de terre ; et, suivant d'autres, il vient du nom de saint Guérec, patron de la localité. Saint Guérec, Kirec ou Géran, originaire de la grande Bretagne, suivit saint Tugdual à Tréguier vers 526, fonda un monastère à Loc-Quirec, prêcha dans le Léon, et mourut auprès de Landerneau, le 17 février, vers l'an 547. L'érection de Cléguer en paroisse est nécessairement postérieure à cette date. Son nom se trouve écrit Cleger, vers 1120, dans un acte de donation faite à l'abbaye de Quimperlé, et Clequerec dans un acte d'échange fait en 1280 (Q. 100. — Pr. I, 1051). Au Xème siècle, Cléguer fit partie de la grande seigneurie de Kémenet-Héboé ; et quand celle-ci fut démembrée au commencement du XIIIème siècle, ce territoire passa à Olivier de Lanvaux, époux d'Adelice d'Hennebont ; mais en 1238, le duc Jean Ier le confisqua, pour punir la révolte du baron (Joseph-Marie Le Mené - 1891).
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PATRIMOINE de CLEGUER
l'église Saint-Gérand ou Saint-Géran (XI-XIIème siècle), reconstruite partiellement en 1888. Jadis de plan rectangulaire, l'église, orientée, a des bas-côtés et comprend cinq travées. Les trois premières arcades, qui forment la nef, sont en plein cintre et reposent sur des piliers carrés à simples tailloirs : elles peuvent remonter à la fin du XIIème siècle. Celles du choeur, plus récentes, en arc brisé, reposent sur des colonnes cylindriques à chapiteaux non décorés. Le choeur date du XIVème siècle. En 1888, on a construit une chapelle au Nord, qui forme comme un bras de transept. La tour date du XIXème siècle. La grande fenêtre ogivale datée de 1888 et éclairée par un vitrail représente l'apparition du Sacré-Coeur à Marie-Marguerite. Les vitraux et les mosaïques sont l'oeuvre du maître verrier Maumejean de Hendaye et datent de 1946. Le vitrail de Sainte Hélène (fille de Clohel, roi des Bretons), qui représente la découverte de la Sainte Croix par la mère de l'Empereur Constantin (épouse de sainte Hélène), est posé le 16 avril 1946 et remplace celui détruit durant la Seconde Guerre mondiale. L'église abrite une Piéta du XVème siècle, un groupe sculpté de la Sainte-Trinité (XVIIIème siècle) et les statues de Sainte-Hélène et de Saint-Gérand (fin XVIIIème siècle). La peinture, située au-dessus du tabernacle, est l'oeuvre de M. Stanisière ;
Nota 1 : L'église paroissiale, dédiée à saint Guérec ou Géran, est en partie romane. L'église n'avait pas de transept, mais en 1888 on a construit le côté nord du transept, et une grande fenêtre ogivale, avec un vitrail représentant l'apparition du Sacré-Coeur à la bienheureuse Marguerite-Marie. La nef est séparée des bas côtés par des arcs plein cintre, dont un à doubleau, portés sur des piliers carrés à simples tailloirs ; les derniers arcs, près du choeur, sont de style ogival et retombent sur des colonnes cylindriques, à chapiteaux et bases simples. Les registres de baptêmes remontent à l'an 1597. Le premier baptême inscrit est celui d'une fille du seigneur de Restraudan. Fut « compère le seigneur Don Jouan d'Aquila, corronel et commandant de l'armée espaignole en cette province de Bretaigne ». On y trouve qu'en 1613 des messes furent établies dans la chapelle de saint Yves et saint Louis, pour la confrérie du Saint-Sacrement. Les chapelles de Cléguer étaient : — 1. Saint-Guénolé, à Locunolé, près du bourg, détruite depuis longtemps. — 2. Saint-Etienne, à 3 kilomètres vers le nord. — 3. Saint-Guénael, à 1 kilomètre à l'est de la précédente. — 4. Saint-Nicolas, à 4 kilomètres vers le nord-est. — 5. Saint-Quio, près de Calan, sans trace de chapelle aujourd'hui. — 6. Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, au village du Bas-Pontscorff. C'est dans cette dernière chapelle qu'Eudon d'Hennebont fonda, le 14 juillet 1235, une chapellenie en l'honneur de Notre-Dame ou de Didreiz, et la dota largement. Parmi les biens compris dans cette dotation étaient les revenus du moulin Maria, au Bas-Pont-Scorff. Ce moulin existe encore sous le même nom. Il stipula qu'après sa mort, la libre collation en appartiendrait à l'évêque (Pr. I. 894) ; mais les ducs de Bretagne, malgré cette clause, s'emparèrent du droit de présentation, qui passa ensuite aux rois de France. Meslien a aussi une chapelle dédiée à saint Joseph. Dans un coin de cette chapelle, on a déposé une statue de pierre, haute de plus de 2 mètres, qui recouvrait autrefois une tombe élevée au milieu du choeur. Elle représente une femme, les mains jointes, la tête posée sur un coussin et entourée d'une sorte de bandeau, qui lui descend sur les épaules. La tradition locale l'appelle la Dame de Tronchâteau, et comme son costume se rapporte à l'époque où les ducs étaient propriétaires de cette forteresse, elle pourrait bien représenter un membre de la famille ducale (Bull. 1874, p. 133). Non loin de cette chapelle, se trouvait un petit établissement des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, mentionné dès 1160 dans une charte confirmative de Conan IV, sous le nom de Eleemosina de Cleker (Pr. I. 638). L'évêque de Vannes manifesta, en 1235, l'intention d'annexer les revenus de cette aumônerie à la chapellenie de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ; mais ce projet ne reçut point d'exécution. Aussi trouve-t-on, en 1540, dans un aveu au roi, « la chapelle et ospital de Pontscorff, o ses dépendances », parmi les biens des Chevaliers de Saint-Jean. Quelque temps après, cet établissement fut uni à la commanderie du Croisty, qui appartenait au même ordre. En 1794 et 1795, on vendit nationalement la chapelle de Saint-Jean, la maison dite l'hôpital, le jardin attenant, le pré de la commanderie et deux parcelles de terre. La chapelle, transformée en brasserie, se voit encore en 1891 dans la rue du Temple. Elle est de forme rectangulaire, avec une nef et deux bas côtés ; elle a trois travées d'architecture et des colonnes cylindriques. Il reste à l'est de larges fenêtres en plein cintre pour éclairer la nef et les bas côtés. Il y avait autrefois, sur le côté septentrional un grand portail avec un porche. Les frairies étaient celles du bourg, de Saint-Etienne, de Saint-Guénael, de Saint-Nicolas et du Bas-Pontscorff. Le recteur, nommé à l'alternative, damait partout à la 33ème gerbe ; en 1756, son revenu net était évalué à 1056 fr. Cléguer relevait du doyenné de Kémenet-Héboé ou des Bois, de la seigneurie de Pontcallec et de la sénéchaussée d'Hennebont. En 1790, il fut érigé en commune, du canton de Pontscorff, et du district d'Hennebont. En 1791, son recteur, Pierre Ordonneau, refusa le serment schismatique, et fut remplacé par un intrus. Cléguer passa, en 1800, dans l'arrondissement de Lorient, et fut maintenu, en 1801, dans le canton de Pontscorff : ce qui fut accepté par l'Eglise en 1802 (Joseph-Marie Le Mené - 1891).
Voir aussi "L'histoire de la paroisse de Cléguer et ses recteurs"
la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (XIIIème siècle), située au village du Bas-Pont-Scorf et remaniée au XIXème siècle. Cette chapelle existait déjà en 1235. L'édifice, de plan rectangulaire, a été remanié à diverses époques. Au chevet plat, elle possède des contreforts très élevés sur la façade. De l'époque romane, il reste les hauts contreforts du pignon occidental et une petite fenêtre très ébrasée, au Sud. Le choeur a été refait au XVIème siècle : il était éclairé par une grande fenêtre flamboyante aujourd'hui bouchée. La nef fut également remaniée au XVIème siècle. La larmier Sud porte un blason au milieu d'une inscription gothique, et d'autres traces d'inscriptions anciennes sont visibles sur le larmier Nord. Le clocheton carré, en pierre, au-dessus du pignon occidental, date de 1878. On y trouve un ex-voto en bois polychrome « le bateau de Saint-Pierre » et le gisant en pierre blanche (représentant une femme les mains jointes, la tête reposée sur un coussin, une aumônière à la ceinture) de la duchesse ou dame de Tronchâteau (XIIIème siècle). Il s'agirait, dit-on, de la mère de Pierre, seigneur de Tronchâteau vers 1275 ;
Nota 2 : Au moment où le Morbihan vient de perdre l’antique statue tumulaire de Blanche de Champagne, qui a existé pendant près de six siècles à l'Abbaye de la Joie d'Hennebont, dont cette duchesse de Bretagne fut la fondatrice, il semble opportun d’appeler l’attention des archéologues sur un antique débris de monument funéraire relégué depuis des années dans un angle obscur de la modeste et vieille chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, située au Bas-Pontscorff, en la commune de Cléguer. Il s’agit d’une statue de pierre représentant une femme, connue dans le pays sous le nom de la Dame de Tronchâteau : intéressant spécimen de l’art au Moyen-âge, qui n’a point échappé aux recherches remarquablement consciencieuses du savant M. Rosenzweig, qui en fait la description en ces termes dans son excellente et précieuse Statistique archéologique du Morbihan. « Dans un coin de la chapelle (Notre-Dame de Bonne-Nouvelle), on a déposé une statue de pierre, haute de plus de deux mètres. Elle couvrait, nous a-t-on dit, une tombe dans la chapelle des Templiers de Pontscorff. Elle représente une femme les mains jointes, la tête posée sur un coussin et entourée d’une sorte de bandeau qui lui descend sur les épaules ». M. Rosenzweig se tait sur le nom de Dame de Tronchâteau attribué par les habitants du lieu, traditionnellement, à la statue de la chapelle Notre-Dame du Bas-Pontscorff, et que nous avons fréquemment recueilli sur place ; d’un autre côté, on nous a constamment affirmé, sans pouvoir nous donner de détails, que de temps immémorial cette oeuvre funéraire avait existé dans la même chapelle. Quoi qu’il en soit, l’intéressante question d’origine de la pierre monumentale nous paraissait menacée d’un éternel silence, comme tant d’autres questions archéologiques, lorsqu’il y a quelques années, faisant en l’étude de Maître Duc, notaire à Port-Louis, des recherches pour notre Histoire de la fondation de Lorient, un heureux hasard nous mit sous la main l’acte authentique dont voici la copie : « Le quatorziesme jour de janvier 1671, après midi, devant nous notaires royaux héréditaires par la cour et siége royale d’Hennehond, a esté présent en personne vénérable et discret missire René Levesque, prestre chapellain de Nostre-Dame du Bas-Pontscorff, paroisse de Cléguer, evesché de Vennes, demeurant au Presbitaire et paroisse de Sainte-Croix, en la ville de Nantes, estant a present en ceste ville du Portlouis ; lequel sieur chapellain nous a dit et déclaré que du temps que les ducs de Bretagne possédoient la terre et seigneurie du Pontcallec, ils auroient fondé ladite chapellanye de Nostre-Dame, et pour la dotter, ils auroient donné leur fief et rantes du Bas-pontscorff, ensemble le four à ban et la moitié d’un moulin appelé aujourd’hui le Moulin-Maria et pescherie leur appartenant audit Baspontscorff. Pour laquelle chapelanie les Ducs ont eu tant d’attache, tant pour la grande dévotion qu’ils avoient à nostre Dame que parce qu’ils y ont des sépultures et enfeus comme il se voit par la tombe enlevée qui est au milieu du coeur et statue audessus de quelqu’un de la famille royalle ; que par l’échange qu’ils ont fait de la dite seigneurie de Pontcallec avec la terre et seigneurie de Plancouet le ...... ils se sont réservés la dite chapelanie et la présentation d’icelle ; néanmoins quelques particuliers veulent aujourd’hui s’arroger les prééminences et droits honorifiques en la dite chapelle de nostre Dame du Bas-pontscorff, et depuis les huit à neuf ans que le dit chapelain n’avoit esté, audit Pontscorff, il a veu dans un voyage qu’il y a fait, un grand banc neuf dans le coeur de ladite chapelle qu’on lui a dit avoir esté mis depuis les deux ans derniers par escuyer Bertrand de Guimarho de Kersalo, à laquelle innovation le dit sieur chapelain a d’autant plus d’intérest de s’oposer, que si les choses demeuroient ainsi sans faire cognoistre le principe, le dit sieur de Kersalo voudroit par la suite du temps au préjudice du roy, se dire seigneur patron de la dite chapelanie tout ainsi qu’il s’efforce contre toute justice, de s’arroger fief et jurisdiction et suitte de moulin audit Baspontscorff, par le moyen de plusieurs reventes et afféagemens, que lui, ses ancestres et auteurs auroient faits des maisons et héritages qu’ils auroient acquis audit fief du Baspontscorff et par des rantes constituées et hypothécaires qu’ils auroient sur plusieurs particuliers, qui, soit qu'ils possédassent leurs héritages ou qu’ils en auroient depuis acquis, les dits sieurs de Kersalo leurs en auroient fait fournir aveu et description, comme de rentes fontières ou chefrantes, le tout abusivement et au préjudice des droits du dit sieur chapelain qui seul peut prétendre fiefs et jurisdiction dudit Baspontscorff, à moins que ledit sieur de Kersalo ne voulut témérairement dire que le Duc et ses hommes proches n’eussent relevé de lui, parce qu’il sera toujours facile audit sieur chapelain de justifier que le Duc avait le fief, rantes, chefrantes et jurisdiction au Basponscorff par les antiens comptes des domaines et antiens roles des rantes qui luy estoient dues audit Baspontscorff qui sont en la Chambre des Comptes de ce pays. Partant le dit sieur chapelain proteste d’innovation, d’entreprise et d’usurpation sur ses droits tout ce qui a esté fait et sera fait par les dits sieurs de Kersalo, tant au sujet du banc qu’il a fait mettre en ladite chapelle de Nostre Dame où il n’en eurent et n’en prétendirent jamais, que des aveus qu’ils se seroient fait rendre et recognoissance de fief et subjection à moulin, puisqu’il est vray comme a esté dit que la dite chapelanie est une antienne fondation ducale, et qu’au roy seul appartient ladite chapelle, et que le Baspontscorff, en ce qui est en la paroisse de Cléguer n’a jamais relevé des dits sieurs de Kersalo n’y d’autres, que des ducs...... » (Hamonic, notaire). L’acte qui précède, doublement intéressant, puisque, outre ce qui concerne notre chapellenie du Bas-Pontscorff, il fournit un curieux exemple des procédés à l’aide desquels de nombreux possesseurs de petits fiefs ou de terres roturières s’efforcèrent d’étendre, grossir, inventer des droits honorifiques et féodaux : prétentions envahissantes, dont la Réforme du domaine de 1680 fit une immense et juste hécatombe. L’acte de 1671, disons-nous, résout la question de provenance de la statue qui fait l’objet de cette note ; son identité avec la statue qui, en 1671, recouvrait la tombe enlevée placée au milieu du choeur de la chapelle de Notre-Dame du Bas-Pontscorff est en effet évidente. Il faut donc écouter désormais la version qui attribue à cette pierre tumulaire une origine différente. Mais, relativement au nom de cette statue, conservé par la tradition locale, celui de Dame de Tronchâteau, cet acte de 1671 est complètement muet, nous dira-t-on. Ce silence n’est qu’apparent. Missire René Levesque confirme au contraire la tradition. Le nom de Tronchâteau n’est pas exprimé dans la déclaration du chapelain de Notre-Dame ; mais cette déclaration, conforme aux annales de notre histoire, vient justifier la tradition. Les annales de Bretagne, commentés par M. de la Borderie (Note : Voir Le Quémenet-Héboi et les seigneuries de la Rochemoisan, des fiefs de Léon et de Pontcallec, Revue de Bretagne et de Vendée ; années 1861 et 186), nous apprennent en effet que les ducs de Bretagne, à partir de Jean Le Roux jusqu’à Pierre II, ont possédé la châtellenie de Pontcallec, dont dépendit la paroisse de Cléguer avec la petite forteresse de Tronchâteau. Ce ne fut qu’en 1455 que le duc Pierre II consentit, en quelque sorte malgré lui, la cession de Tronchâteau à Hervé de Malestroit, déjà seigneur de Pontcallec depuis quinze ans, qui réclamait vainement, depuis ce temps, la possession de Tronchâteau comme dépendance de la châtellenie de Pontcallec, dont l’échange avec la terre de Plancouet avait été consentie, en 1440, à Perrette de l'Argentaie, par le duc de Bretagne. Et encore, en cédant Tronchâteau Pierre II fit-il une singulière réserve, celle du droit de présentation du titulaire de la chapellenie du Bas-Pontscorff en Cléguer, comme l’affirme le chapelain René Levesque, devant le notaire de Port-Louis. Comment expliquer une clause de si minime importance, si l’on n’admettait là raison d’affection et de piété alléguée par missire Levesque, en ces termes : « Pour laquelle chapelanie les Ducs ont eu tant d’attache, tant pour la grande dévotion qu’ils avoient à Nostre-Dame que parce qu’ils y ont des sépultures et enfeus comme il se voit par la tombe enlevée qui est au milieu du coeur et statue audessus de quelqu’un de la famille royalle... ». Missire Levesque fait erreur lorsqu’il attribue aux ducs de Bretagne la fondation de la chapellenie du Bas-Pontscorff. Cette création est antérieure de quelques années à leur possession de Pontcallec et de Cléguer. Ce fut le dernier seigneur du Quémenet-Héboi, Eudon ou Eon Picaut qui fonda ce petit établissement ecclésiastique, en 1235, en vue de faire prier Dieu pour son âme et celles de ses parents et de ses héritiers. Mais depuis le milieu du XIIIème siècle jusqu’en 1454, il est à peu près certain que Notre-Dame du Bas-Pontscorff n’a pas appartenu à d’autres seigneurs que ceux de Tronchâteau, châtellenie qui demeura pendant ces deux siècles entre les mains des ducs de Bretagne. Un moment ils s’en dessaisirent cependant : Jean III en apanagea son fils naturel, Jehan ou Jehannot ; mais il ne tarda pas à reprendre Tronchâteau des mains de ce dernier, à qui il donna en compensation la terre de Rosporden (1334). Comme on le voit, la tradition relative au personnage féminin que représente la statue du Bas-Pontscorff est admissible ; elle s’accorde avec l’acte de 1671, dont les déclarations sont justifiées par l’histoire. Nous possédons en cette vieille chapelle, qui conserve des traces d’architecture romane, une image en pierre d’une Dame de Tronchâteau, suivant la tradition ; de quelqu’un de la famille royalle de Bretagne, d’après l’acte de 1671 ; ce qui paraît identique, suivant l’histoire. Il resterait à déterminer le nom du personnage en question. Mais ce serait, il nous semble, exiger l’impossible. La famille ducale de Bretagne a habité le Quémenet-Héboi dont Pontcallec et Tronchâteau firent partie ; on ne peut en douter, puisque la duchesse Blanche de Champagne y mourut. Mais il n'existe, à notre connaissance, aucun détail, sur les habitants de ces deux anciennes résidences ducales. On peut supposer cependant que Pontcallec fut spécialement réservé par les Ducs, et que Tronchâteau fut la résidence de leurs fils : Pierre de Bretagne, fils de Jean Le Roux ; Arthur, fils de Jean II ; mais, on le répète, c’est purement conjectural. Si cette supposition se confirmait en ce qui concerne le duc Arthur, ne pourrait-on présumer que notre pierre tumulaire est Marie de Limoges, sa première femme, mère de Jean III , morte en 1294 ? Quoi qu’il en soit, et en attendant que le sous-sol de la chapelle de Notre-Dame du Bas-Pontscorff nous révèle le secret renfermé dans ses anciens tombeaux, il serait à souhaiter que la conservation de la pierre sculptée reléguée dans un coin de cette chapelle fut assurée : l’art et l’histoire nous paraissent intéressés à cette conservation (M. Jégou).
la chapelle Saint-Guenaël (XV-XVI-XVIIème siècle), située dans le village de Saint-Guenaël et restaurée en 1984. Le retable en bois polychrome qui date de 1620 ou fin XVIIème siècle, fut restauré en 1968. La clôture de choeur, en bois, date de la deuxième moitié du XVIIème siècle. L'édifice abrite les statues de Saint-Guénaël (XV-XVIème siècle), la Vierge couronnée à l'enfant (XVIIème siècle), Sainte Marguerite (XVIIème siècle) et Sainte Véronique (XVIIème siècle) ;
la chapelle Saint-Nicolas (XVIème siècle), reconstruite en 1894 et située dans le village de Keryard ou Keryar. Le clocher, touché par la foudre, est restauré en 1982. L'édifice possède une façade avec contreforts, et sous un oculus, se trouve une statue de saint Nicolas. A proximité de la chapelle se trouve une fontaine connue pour soigner les rhumatismes ;
la chapelle Saint-Etienne (vers 1600), située dans le village Saint-Etienne. Elle est de plan rectangulaire avec chevet plat éclairé par un fenêtrage. La façade porte un bas-relief représentant saint Etienne, un de ses bourreaux et St Paul (ou Saül). Les vitraux représentent le martyre de Saint-Etienne (du côté autel) et Saint-Roch ;
la croix rouge (XIIIème siècle), située route de Cléguer-Plouay. Selon une légende, le calvaire aurait été élevé sur l'emplacement où un seigneur de Tronchâteau aurait tranché la gorge d'une fille ayant refusé ses avances ;
le château de Meslien (1783-1789), édifié par Guy de Robecq à lemplacement dun édifice primitif qui dépend au XVIIème siècle de la châtellenie de Pont-Callec. A noter qu'un cadran solaire, situé au-dessus de l'entrée principale, porte la date de 1566. Siège de la seigneurie de Meslien ou Mélion, propriété successive des familles Le Pavec (de 1418 à 1632), Cléguennec (de 1632 à 1721), Robecq (de 1721 à 1799), Huon de Kermadec (de 1799 à 1893) et Huchet de Cintré (à partir de 1893). Propriété de Jehan Le Pavec en 1464. Le château possède une chapelle privée édifiée au XVII-XVIIIème siècle et dédiée à Saint-Joseph [Note : un mariage y fut célébré le 9 mars 1663] ;
le château de Keryard ;
l'ancien château de Tronchâteau. Siège d'une seigneurie qui possédait un droit de haute, moyenne et basse justice. La famille de Tronchâteau est mentionnée dès le XIIIème siècle : en 1272 et 1280, est mentionné Pierre de Tronchâteau. Le château devient la propriété du Duc de Bretagne, Jean III, qui le donne à son fils bâtard, Jean, en 1334. En 1455, le duc Pierre II le cède à Hervé de Malestroit. Il possédait des moulins et une chapelle privée. L'édifice est en ruine depuis plusieurs siècles. Une nouvelle demeure a été édifiée en 1812 à l'emplacement de l'ancien château ;
le four à pain (XVIIIème siècle) de Le Guern ;
la malterie (XIXème siècle), située à Bas-Pont-Scorff ;
les moulins à eau de Michaux, Kersalo, Keradenec, St Yves (1831), Tronchâteau ;
A signaler aussi :
le pont Saint-Jean (56 ans avant Jésus-Christ), situé à Bas-Pont-Scorff, témoignage du passage des Romains entre Dariotum (Vannes) et Aquilonia (Quimper) ;
la sépulture de Kerléverin ou Kervellerin (âge du bronze) ;
le menhir de Keranroué (IIème millénaire avant Jésus-Christ) ;
les trois tumulus de Kervellerin ;
Cléguer se trouve à proximité de deux voies romaines reliant Vannes à Quimper et Port-Louis à Carhaix ;
ANCIENNE NOBLESSE de CLEGUER
La principale seigneurie de Cléguer était celle de Tronchâteau (Vallée du Château), à 1 kilomètre au nord-ouest du bourg et près du Scorff. Elle avait donné son nom à une famille importante, et l'on trouve, en 1272 et 1280, la mention de Pierre de Tronchâteau (Pr. I. 1009, 1051). Le château passait pour une place très forte : il était défendu par des murs fort élevés et flanqué de grosses tours. En 1334, le duc Jean III le donna à son fils bâtard Jean, mais sentant bientôt combien cette place était importante, il la lui retira, pour lui donner d'autres terres. En 1455, le duc Pierre II finit par céder Tronchâteau à Hervé de Malestroit, seigneur de Pontcallec, qui le transmit à ses descendants. Les Papin de la Tévinière, puis les de Guer recueillirent cette succession ; ils y avaient haute, moyenne et basse justice. Lors de l'érection de la seigneurie de Pontcallec en Marquisat la juridiction de Tronchâteau fut absorbée par celle du marquisat de Pontcallec. Les audiences se tenaient à Plouay. Le château est depuis longtemps ruiné.
Les autres seigneuries de Cléguer étaient :
1. Le Cosquer-Quelen, aux Quelen, aux Lucas (vers 1500).
2. Keranstumo, à François Bourgeois.
3. Kergouic, à Jehan Bizien, puis à Julien Le Pavec en 1610 et à David de Cléguennec, seigneurs de Meslien (vers 1663).
4. Kerguindo, à la pointe sud, à Hervé de Chefdubois et Roger Ligouffin vers 1427, et Louis Lucas en 1536.
5. Kerleau, au sud, démembré de Kersalo, à Louis Lucas en 1536, puis aux Guymarho au XVIIème siècle, et aux Kerpaen.
6. Kersalo, au sud, aux Guymarho et aux Kerpaen. Moyenne et basse justice. Les audiences se tenaient au Bas-Pont-Scorff.
7. Meslien, vers le nord, près du Scorff, aux Pavec, puis aux Cléguennec, aux Robecq, et aux Huon de Kermadec.
8. Restraudran ou Restaudran, aux Lucas (à partir de 1448), puis aux Chefdubois au XVI-XVIIème siècle.
9. Saint-Quio, vers le nord-est. Aux Thomelin à partir de 1448, puis aux Lucas (Louis Lucas) en 1536.
10. Talhoet ou Talhouët, aux Chefdubois en 1400 et 1750. A noter qu'en 1597, Bertrand Chefdubois était qualifié de "représentant du seigneur Don Juan d'Aguila, colonel de l'armée espagnole en la province de Bretagne".
(de Joseph-Marie Le Mené).
A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 8 septembre 1464, on comptabilise la présence de 5 nobles de Cléguer :
Jehan LE PAVEC (40 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et d'une salade (casque) ;
Jehan LIGOUFFIN (30 livres de revenu) : défaillant ;
Les enfants Jehan KERROUAL (10 livres de revenu) : défaillants ;
Henry LUCAS (30 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et d'une salade (casque) ;
Artur THOMELIN (40 livres de revenu) : porteur d'une brigandine et d'une salade (casque) ;
A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 4 septembre 1481, on comptabilise la présence de 13 nobles de Cléguer :
Le seigneur de PONTQUELLEC (1000 livres de revenu) : défaillant ;
Jehan LIGOUFFIN (30 livres de revenu) : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
Jehan LE PAVEC (16 livres de revenu), remplacé par Nicolas Cadio : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
Artur GUEGUEN : comparaît en archer ;
Guillaume KERROUAL (40 livres de revenu) : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
Allain LUCAS (30 livres de revenu) : porteur d'une brigandine ;
Les héritiers Arthur THOMELIN (40 livres de revenu) : défaillants ;
Guillaume CHEFFDUBOIS (100 soulz) ;
Noel EUSENOU (7 livres de revenu) : défaillant ;
Yves LE CAMEL (100 soulz) : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
Henry LE TILLY : défaillant ;
Guillaume GAUDIN (10 livres de revenu) : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
Jehan LUCAS : défaillant ;
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