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Les confréries de Lannion au XVe siècle

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Templiers en Bretagne

Cette ville n’avait pas encore de quais ; ses rues n’étaient pas pavées, et le bras de mer qui s’étendait jusque sous Brélévenez formait un étang alors appelé l'Etang du château. Il recouvrait tout ce terrain, qu’on nommait aujourd’hui les Buttes, depuis la rampe de Brélévenez jusqu’à la rivière du Guer, Kerampont existait comme faubourg ; il était fief royal.

Templier en Bretagne

La famille de Lannion était alors à l’apogée de sa puissance, et brillait à la cour des ducs et des rois. Ollivier et Yves de Lannion, décorés tous deux par le duc d’Orléans de l’ordre du Porc-Epic, furent successivement amiraux de Bretagne. Yves fut aussi maître d’hôtel du duc de Bretagne. Jean II de Lannion, leur frère aîné, eut beaucoup de part à la faveur de Jean V, duc de Bretagne, qui le fit son chambellan et son maître d’hôtel ; il fut aussi gouverneur des villes de Guérande, de Croisic et de Dol. Il accompagna le duc à son malheureux voyage de Chantôcaux, où cet infortuné duc fut arrêté. Après la délivrance de celui-ci, il poursuivit les traîtres jusque dans le Hainant et s’empara d’Avesnes, dont il traita avec le duc de Bavière ; il avait épousé Hélène de Clisson, de la famille du célèbre connétable.

Vers le milieu du XVe siècle, les ouvriers de Lannion avaient suivi le mouvement général. Ils s’étaient réunis en corporations. Il eût été bien désirable, quoi qu’on en dise, que cette pratique se fût perpétuée jusqu’à notre époque, où l’ouvrier cherchant à s’isoler dans le travail par une fausse combinaison, perd par là les avantages qu’offrait l’association. En effet l’ouvrier pauvre et dénué de ressources y trouvait un allégement à sa misère, et des amis qui l’aidaient à soutenir sa famille, avantage dont ne jouit pas l’ouvrier travaillant isolément.

On sait aussi que ces corporations, imitant la pieuse libéralité de cette époque, contribuèrent puissamment à doter notre pays de ces mille chapelles que nous rencontrons sur le sol breton, pour ainsi dire à chaque village.

Les corporations étaient au nombre de six à Lannion ; c’étaient celles de Saint-Eloi, de Saint-Yves, de Saint-Sébastien, de Saint-Nicolas, du Saint Sacrement et du Rosaire ; elles étaient gouvernées par des abbés laïques, élus chaque année à la fête du patron de la corporation.

Celles de Saint-Eloi, de Saint-Yves, de Saint-Sébastien et du Rosaire ne sont connues que de nom ; on sait seulement qu’elles contribuèrent plus tard à embellir les autels du Baly.

La corporation du Saint-Sacrement était formée de tous les cordonniers et cordonnières des environs (1442). Elle était gouvernée par deux abbés, élus à Noël chaque année. L’original des règlements de cette société existe encore dans les archives de la fabrique du Baly ; il serait inutile de les reproduire tout au long ; nous omettons donc ici les passages insignifiants.

Il est dit dans cet arrêté que les cordonniers, réunis au siège de leur société avaient résolu que :   

« Nul frère ny nulle sœur ne pourront acheter nul cuyr pour faire leur mestier le Jeudi Saint, avant la messe, sous la peine de payer une livre d’amende à la fraierie.

Nul frère ny nulle sœur ne vendront soulier, ny aultre marchandise de leur mestier en la ville de Lannion, sur étal publique, au jour du Saint-Sacrement, sous la peine précédente.

Le jour de Saint-Sacrement, nul frère ny nulle sœur ne pourront sous peine d’une livre de cire d’amende, vendre et se dispenser d’aller aux offices entiers.

Aucun des frères ne pourront étaler, les jours de marché et de foire, avant neuf heures, sous peine d’une livre de cire d’amende et les délinquants ne feront ny réplique ny défense sous peine d’être parjures.

Tout épouseur devra avertir la frairie de son mariage et l’inviter aux noces. Le marié doit à la frairie, un pot de vin et un marc de char (chair, viande) ou de poisson, selon le temps. Celui qui se marie doit cinq sols à la fraierie, le premier jour de son mariage.

Chaque frère ou sœur devenant impotent ou malade, et n’ayant pas de moyens d’existence, recevra des frères chaque semaine six deniers, pour sa soutenance.

Chaque fois que les frères auront dispute ou procès ils devront se présenter devant leur abbé et non devant un aultre tribunal.

Tout frère ou sœur devra accompagner en terre son frère ou sa sœur décédé. »

La confrérie réglait aussi jusqu’à concurrence de quelle somme elle devait payer les dettes des membres débiteurs.

La confrérie de Saint-Nicolas, formée des marchands et mariniers de Lannion, c’est-à-dire des plus riches commerçants de cette ville, ne fut fondée que trente trois ans après celle du Saint-Sacrement (1475). Ici le pauvre avait donné l’exemple au riche. Elle était administrée par deux abbés élus chaque année à la fête de Saint-Nicolas, auxquels étaient adjoints un secrétaire ou sergent.

L’année 1481 fut une année marquante pour Lannion ; en effet, ce fut alors que se tint à Lannion « la montre générale des nobles anoblis et tenant fiefs nobles, sujets au service militaire pour l’évêché de Tréguier ». Le nombre des hommes qui se présentèrent fut de 1317.

En 1487, que se passait-il en France ? L’ambitieux duc d’Orléans, las de la surveillance de la dame de Beaujeu, tutrice du jeune roi, se sauvait en Bretagne auprès du duc, dont il convoitait la fille Anne, et que la dame de Beaujeu réservait à son pupille Charles VIII. Là le suivit la foule des seigneurs qu’avait mécontentés la régente. Le roi de France, les considérant comme des factieux, leur déclara la guerre, et envahit la Bretagne.

Or, comme ces seigneurs français, venus avec le duc d’Orléans, s’étaient saisis du gouvernement du duc de Bretagne François II, les seigneurs bretons, mus par un sentiment patriotique et jaloux de l’indépendance du pouvoir ducal, se joignirent aux troupes du roi de France pour expulser de Bretagne le duc d’Orléans et ses amis.

Le vicomte de Rohan, un des chefs de la ligue formée par les seigneurs bretons contre le duc d’Orléans, s’étant avancé dans le pays, et ayant trouvé sur son passage Lannion et Tréguier, attira ces deux villes dans son parti, et donna à la première, pour la mettre à l’abri des insultes des troupes françaises qui combattaient sous lui, les lettres de sauvegarde suivantes :

« Jehan, vicomte de Rohan et du Léon, comte de Poroët , de la Ganache et de Beauvoir-sur-Mer, à tous ceux qui les présentes lettres verront, salut. Savoir faisons que par ces présentes lettres, avons pris et mis, prenons et mettons, tous et chacun des habitants des villes et faubourgs de Lannion, lesquels se sont déclarés nos bons amis et sont délibérés en notre compagnie de mettre et chasser hors de ce pays et duché les estrangers qui sont environ la personne de monsieur le duc, qui ont été cause de la guerre qui a présent est encommencée audit pays, en notre protection, seureté et sauvegarde, en défendant et défendons à tous les gens de guerre et à autres à qui il appartiendra de non aller, ne se trouver ésdites ville et fauxbourgs de Lannion, ne prendre ne piller aucuns biens desdits bourgeois, manants et habitants d’icelle, ne leur mesfaire en façon quelconque, sur peine d’en être reprouchés et punis ainsi qu’il appartien ira ».

L’année suivante, au plus fort de la guerre, le vicomte de Rohan, en repassant par le même pays, crut devoir renouveler leur sauvegarde, à ses bonnes villes de Lannion et de Tréguier.

« Jehan, vicomte de Rohan, etc. Comme par ci-devant nous avons fait dire et remontrer aux nobles, bourgeois et manants des villes et fauxbourgs de Lantreguer (Tréguier) et Lannyon la chose pourquoi nous avons été meuz (obligés) de nous mettre sus en armes pour bien servir le duc garder son pays et duché et empêcher que auscuns estrangers ne nous mettent hors d’iceluy nous qui en sommes l’un des pots (poteaux, colonnes) et membres et qui y devons réclamer meilleur droit que ceux estrangers, ainsi que chacun sait et peut connaître : et soit ainsi ainsi que (et comme il est aussi que) lesdits nobles, bourgeois et manants desdites villes et fauxbourgs, avec les hommes estrangers et demeurant ez juridictions (dans les juridictions) d’icelles villes voyant et cognaissant que par le moyen desdits estrangers le pays pourrait écheoir en grand inconvénient (tomber en grand malheur) se sont joints à nous et sont délibérés de tenir notre party contre eux et les mettre hors et chasser de tout leur pouvoir dudit pays ; pour lesquelles considérations, à ce nous mouvant, avons pris et mis, prenons et mettons par ces présentes tous et chacun desdits nobles, bourgeois, manants et habitants desdits lieux de Lantréguer et Lannyon avec tous et chacun desdits hommes et estrangers demeurant ez dites juridictions et chacune des dites villes en notre protection, seureté et sauvegarde, en défendant et défendons à tous les gens de guerre de l’armée du Roy et aultres à qui de ce il pourra appartenir de non aller ne se trouver ez dites villes et fauxbourgs, ni ez paroisses voisines des juridictions d’icelles pour y prendre ne piller nuls ne aucuns des biens des nobles, bourgeois et manants, habitant et demeurant auxdits lieux, soit pour provisions de vivre que aultrement en façon quelconque, sur peine d’en être reprouchés et pugnis selon l’exigence du cas, et d’abondant (en outre) avons donné et donnons auxdits nobles, bourgeois et habitants des dits lieux sur bon et loyal sauf conduit, liberté d’aller venir et domainer (séjourner) partout en ce pays, duché et aux lieux où bon leur semblera en défendant pareillement auxdits gens de guerre de non mesfaire ne faire mesfaire en corps ne en biens en aucune manière ».

Au XVe siècle, le duc de Bretagne possédait à Lannion ce moulin encore aujourd’hui connu sous le nom de Moulin du Duc, et tous les autres terrains qui l’avoisinent, y compris le quartier Saint-Nicolas. Le pouvoir ducale avait encore en sa possession un autre moulin, près du château de Lannion, moulin qu’on nomme maintenant Moulin des Buttes. La duchesse Anne céda, en 1489, ce moulin à messire Rolland de Clisson.

Dans ce même temps la mérellerie des Templiers de Brélévenez avait été transportée, par suite de la confiscation des biens de l’ordre sous Philippe le Bel, hors de la ville dans le quartier Saint-Nicolas, à cause du grand nombre de lépreux. L’emplacement de l’ancienne mérellerie était revennue de droit au pouvoir ducal.

Une charte nous donne le nombre desladres recueillis et soignés dans la léproserie de St-Nicolas ; elle renfermait « six natifs-cacoux » en d’autres termes six lépreux-nés. Ce nom de Cacoux, employé pour désigner les lépreux, vient de ce que, avec les vrais lépreux on confondait les écorcheurs de bêtes mortes et les cordiers qui sous le nom de caquins, caqueux ou cacoux, formaient une classe à part et semblable à celle des Parias dans l’Inde.

On sait que les lépreux étaient enterrés dans un terrain à part ; le cimetière des lèpreux, à Lannion, était situé dans le faubourg de Kermaria.

Cette même année 1489, notre ville s’embellit encore de ce pont de Kermaria, qui, après quatre siècles d’existence, fait encore l’admiration des connaisseurs. En effet, qui ne reconnaîtrait que ces contreforts, en coupant l’eau doivent annihiler la force du courant, et que l’effort de ces voûtes ogivales est bien moins grand que l’effort de voûte à plein ceintre. En un mot, si ce pont le cède quelque peu, sous le rapport de l’élégance au pont de Sainte-Anne, il peut lui être comparé sans désavantage sous le rapport de la solidité.

Au commencement du XVIe siècle, la chapelle de Saint Aloy, église paroissiale de Lannion, tombait en ruines. Les Lannionnais, pleins de piété et de désintéressement, aidèrent de leurs bras et de leur bourse, à élever un nouveau temple, qui fut construit sur le même emplacement que celui qui venait de disparaître ; mais cette église fut, comme dit une charte de l’époque, avantagée en longueur et en largeur.

C’est en 1519 qu’il faut placer l’érection de la nouvelle église paroissiale, comme le prouve une inscription, en gothique saillante, qui se voit à droite du portail processionnel et sur laquelle on lit : CESTE TOUR FUT COMMENCEE L’AN MIL DXIX. TOUT POUR DIEU.

Ce n’est qu’en 1548 que fut terminée ce monument, non compris la tour.

A peine le Baly fut-il achevé que toutes les fraieries se disputèrent l’honneur de l’orner le plus généreusement et avec le plus de goût.

La fraierie du Saint-Sacrement, formée des cordonniers, entretint, à elle seule, dans un continuel état de décence l’autel du Saint Sacrement. Elle allait même jusqu’à pourvoir constamment cet autel de riches décorations, de splendides ornements en harmonie avec sa destination toute spéciale. Les dais attenant à cet autel, ses voiles, les parements, les custodes en argent et d’autres objets religieux furent les dons spontanés de cette fraierie, comme l’attestent les comptes des abbés. Ces dons semblent d’abord au-dessus des ressources pécuniaires d’une association de simples ouvriers. Mais on les comprendra, lorsqu’on saura que la plus sévère moralité était requise pour pouvoir entrer dans la confrérie.

Oui, la moralité fait vraiment des prodiges . Nous avons vu tout à l’heure des ouvriers entretenir un bel autel ; nous allons voir maintenant de simples commerçants, des maîtres de navires, des bourgeois de toutes conditions lutter de générosité, à l’aide des seules économies d’un commerce loyal et honnête, avec les hauts et puissants seigneurs de Lannion, et doter le Baly d’une des plus belles chapelles qu’il ait eues, celle de Saint-Nicolas. Cette chapelle, qui a été détruite vers le commencement du XIXe siècle, se trouvait à l’endroit où, pour en garder le souvenir, on a placé la statue de Saint-Nicolas et un tableau du même prélat. La fenêtre qui éclairait cet autel était une magnifique verrière représentant Saint-Nicolas auprès des cinq enfants traditionnels, au-dessus du prélat étaient les armes de Bretagne.

L’autel de cette chapelle de Saint-Nicolas ne consistait pendant le XVe siècle, comme du reste tous les autels de ce temps, qu’en un massif coffre de granit avec une sorte de rétable ; ce n’est que plus tard qu’il s’embellit de draperies et s’enrichit de nombreux joyaux d’or et d’argent.

Au milieu du XVIe siècle, la maison de Lannion était puissante et illustre. François de Lannion se renferma dans Metz (1552) avec le duc de Guize. Il reçut en 1554, l’ordre d’assembler la noblesse de Bretagne et de se mettre à la tête pour la défense des côtes bretonnes ; cette mission dit assez quel était le crédit et le mérite de celui à qui elle était confiée.

A cette même époque, les garnisons placées dans les villes fortifiées s’exerçaient au maniement des armes ; mais ces exercices n’avaient rien de commun avec ceux que pratiquent aujourd’hui nos soldats.

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