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CREHEN

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La commune de Créhen (pucenoire.gif (870 octets) Krehen) fait partie du canton de Plancoët. Créhen dépend de l'arrondissement de Dinan, du département des Côtes d'Armor (Bretagne).

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ETYMOLOGIE et HISTOIRE de CREHEN

Créhen vient du breton « ker » (village) et de Hen ou Ehen, nom d’un personnage.

Créhen est un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Ploubalay.L’église de Créhen (Cherehen), dédiée à saint Pierre, est mentionnée dès 1163 dans une bulle du pape Alexandre III. Il s'agit d'une possession de l'abbaye de Saint-Jacut, dont elle devient un prieuré. L'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois se voit également octroyer au XIIIème siècle, des biens au bourg de Créhen. Au XIIème siècle, existe aussi, près du gué de l'Arguenon, une sorte d'hospice destinée à accueillir les pèlerins.

Ville de Créhen (Bretagne).

Créhen (Querhen) est cité comme paroisse en 1271 dans une charte de l'abbaye de Saint-Jacut (Anc. év. IV, 178 et 286). La paroisse de Créhen appartient, sous l'Ancien Régime, au diocèse de Saint-Malo. L'ancienne paroisse de Créhen relevait du roi et dépendait de la subdélégation de Dinan. La cure était de 100 livres : l'abbé de Saint-Jacut présentait et l'évêque conférait de plein droit. Durant la Révolution, la paroisse de Créhen dépendait du doyenné de Plancoët.

Créhen élit sa première municipalité au début de 1790. Par arrêté du 20 juillet 1826, la commune de Créhen échange avec celle de Trégon deux fractions de territoire près du village de Bouillon.

La fondation de la seigneurie du Guildo est due à la maison de Dinan. Cette seigneurie, anciennement unie à celle de Montafilant ne semble pas, ainsi que le château, remonter au delà de la seconde moitié du XIIIème siècle. Le fief du Guildo est fondé en 1315 en faveur de Marie de Dinan-Montafilant lorsqu'elle épouse Jean de Beaumanoir. Marie de Dinan, fille de Geoffroy de Dinan-Montafilant et épouse de Jean II de Beaumanoir fait passer dans cette famille la terre du Guildo, dans la personne de son fils Jean III de Beaumanoir, l'illustre héros du combat des Trente. Jean III de Beaumanoir épouse Marguerite de Rohan, dont il a plusieurs enfants, entre autre Jeanne de Beaumanoir qui épouse son cousin Charles de Dinan (décédé en 1364). Ces derniers ont six enfants (Henri, Rolland, Robert, Bertrand, Jacques et Thomine). Henri de Dinan (décédé sans enfant en 1403), fils de Charles et de Jeanne de Beaumanoir succède à sa mère aux seigneuries de Montafilant, de Beaumanoir, de la Hardouinaye et du Guildo. Rolland de Dinan (décédé sans enfant en 1419), frère de Henri est son héritier. On trouve ensuite comme seigneur du Guildo, Robert de Dinan, baron de Châteaubriand, troisième fils de Charles et de Jeanne de Beaumanoir. Il épouse Jeanne de Châtillon, fille de Jean de Châtillon et de Marguerite de Clisson. Il meurt aussi sans enfant en 1430. Jacques de Dinan, cinquième enfant de Charles de Dinan et de Jeanne de Beaumanoir, hérite des biens de son frère Robert. Il épouse Catherine de Rohan dont il n'a qu'une fille Françoise de Dinan. L'héritière, Françoise de Dinan, dame de Montafilant, de Beaumanoir, de la Hardouinaye, du Guildo et de beaucoup d'autres lieux, est né à Dinan le 20 décembre 1436 et meurt le 3 janvier 1499 (elle est enterrée dans l'église des jacobins de Dinan). Promise au sire de Gavre, fils aîné du comte de Laval, la belle Françoise est enlevée à l'âge de 12 ans par le prince Gilles de Bretagne, frère du duc François et troisième fils du duc Jean VI. Après la mort de Gilles de Bretagne, Françoise de Dinan, malgré son désir de n'épouser que son premier fiancé, est forcée de donner sa main au père de celui-ci et elle épouse Guy XIV, comte de Laval. La seigneurie du Guildo, par suite de ce mariage passe dans la maison de Laval. Le duc de Bretagne François II, par son testament nomme, Françoise de Dinan, dame de Châteaubriand, du Guildo, etc ... gouvernante de sa fille Anne de Bretagne. François de Laval, deuxième fils de Guy XIV et de Françoise de Dinan, devient seigneur du Guildo à la mort de son père et épouse Françoise de Rieux. Jean de Laval, successeur de François, épouse Françoise de Foix et meurt sans enfant, en 1543. La succession de Jean de Laval échoit à Philippes de Montespédon, arrière petite-fille de Thomine de Dinan (dernière enfant de Charles de Dinan et de Jeanne de Beaumanoir). Philippes de Montespédon épouse Charles de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon et meurt sans enfant. La châtellenie du Guildo passe alors à Guy de Scépeaux, comte de Chemillé et baron de Mortagne. Vers 1579, Guy de Scépeaux échange la châtellenie du Guildo avec Jacques de Goyon, sire de Matignon, suivant acte déposé aux archives de Penthièvre, passé en la vicomté de Coutances, en date du 22 avril 1599, constatant que Jacques de Matignon, sieur du dit lieu et de Thorigny, et Guy Despeaux (pour de Scépeaux), comte de Chemilly et baron de Mortaing, ont fait l'échange suivant : "Le comte de Chemilly donne la châtellenie, terre et sieurye du Guildo lui provenant de la princesse de la Roche-sur-Yon, tenue mouvante au roi notre Sire, à cause de sa sénéchaussée et haute justice de Rennes, Dinan, Jugon et Lamballe. Le comte de Thorigny donne en échange le Perron, la Pierre et la Chesnaye, en Savoie, relevant de Thorigny". Ce Jacques de Goyon, né en l'an 1531 (ou en 1525), se rend célèbre par de beaux faits d'armes et épouse Françoise de Daillon. Il est fait maréchal de France par Henri III, en 1579, et gouverneur de la Guyenne en 1584. Il défait les huguenots à plusieurs reprises et se range du côté de Henri IV, au sacre duquel il remplit les fonctions de connétable. Il meurt en 1597. Jacques II de Goyon, sire de Matignon, a pour successeur son troisième fils Charles, sire de Matignon, né à Thorigny (Normandie) en 1564. Il est marié, en 1596, à Eléonore d'Orléans, fille du duc de Longueville. Charles de Goyon meurt à Thorigny, le 2 juin 1648. Par contrat, en date du 7 avril 1605, Charles de Goyon échange la châtellenie du Guildo, avec Jean II d'Avaugour, seigneur du Bois de la Motte, en Trigavou, qui lui cède en échange la seigneurie de Tréméreuc. Louis XIII érige le Bois-de-la-Motte en marquisat et la châtellenie du Guildo en baronnie par lettres-patentes datées du 16 juillet 1623. Guyonne de Montboucher (ou Mont-Boucher), nièce de Jean d'Avaugour et de Marguerite d'Entragues, fille de François de Montboucher, seigneur du Bordage, et de Bonaventure d'Avaugour, hérite, en 1654, de la baronnie du Guildo. Guyonne épouse, le 2 février 1633, Sébastien-René de Cahideuc, qui meurt, à Saint-Malo, le 27 mars 1670. Guyonne, elle-même, meurt à Rennes le 13 février 1688. François de Cahideuc, fils de Sébastien et de Guyonne, reçoit en héritage la baronnie du Guildo, lors de son mariage avec Guyonne de Langou-du-Bois, le 7 avril 1664. En 1712, la seigneurie du Guildo change de mains et appartient à Sébastien de Pontual qui, le 10 août 1750, cède sa propriété à son fils aîné Armand de Pontual. Armand de Pontual vend en 1752 sa terre et baronnie du Guildo à Mme veuve Picot de Beauchesne, dont le fils Michel Picot de Gallinée, la possède en 1776. En 1579, la juridiction de la châtellenie du Guildo s'étendait dans les paroisses de Créhen, Trégon, Ploubalay, Pleurtuit, Saint-Enoguet (Saint-Enogat) et Saint-Pôtan.

On rencontre les appellations suivantes : Eccl. S. Petri de Cherehen ou Cherchen (en 1163), Querhien (au XIIème siècle), Querhen (en 1232, en 1269, en 1273), Querhen, Crehen (en 1297), Kerhan (vers 1330), Crehen (en 1423, en 1440).

Ville de Créhen (Bretagne).

Note 1 : En 1786, le recteur Damar de Bois-Gilbert expose que, dans sa paroisse, plus de 340 habitants sont pauvres, manquent de pain et ont tout vendu (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1744). — Le 24 août 1790, le recteur de l'époque écrivait à son tour, mais en exagérant un peu au moins quant à l'église qui possédait certains revenus : « Les habitants de Crehen sont en général très pauvres, presque sans ressources dans leur indigence. L'église n'a ni cloche, ni revenu, ayant un extrême besoin de réparations pour la décence du culte » (Archives Côtes-d'Armor, série L., district de Dinan). Le cahier de doléances de Créhen pour les Etats généraux est un des plus intéressants à lire ; rédigé par deux braves paysans, F. Bonenfant et P. Lebreton, il exprime dans un style simple et naïf les vraies revendications du peuple des campagnes à cette époque, les voici : « nous nous trouvons gigulé par les dîmes qui se pran au douzième sur toute les levée blé, blenoier, avoienne, posmel, lin, chanvre, pois, fevre, vesce, levez par les dit saigneur et recteur et autre beneficier, même dans les gardent ; nous dezirerion quel seré prize au trante sixième (gerbe). Deuxiement, nous convienderion ausi que les dit saigneur pairont foige, vintieme, capitation, et fair la corvée à leur frait. Ausi les dit saigneur font ravagé par leur grand nombre de pigont les levée de la campanne. Il conviendré qu'il nant uce point ou de les ranfermé. Les dit saigneur ravage les levée par le grand nombre de chient de chasse, même quand ils sont pres à pailli. Il seré a propos quille ne chaserent que sur leur tesren » (30 mars 1789). (Reproduit d'après. Sée et Lesort, p. 272). Superficie. — 1.820 hectares. Population. — En 1778 : 50 naissances, 29 décès, 23 mariages (Archives d'Ille-et-Vilaine, C1416). — En 1795 : 30 naissances. 22 mariages, 24 décès. — En 1790 : 1.544 habitants, dont 239 hommes et 6 ecclésiastiques, sur lesquels 183 citoyens actifs, 296 femmes et filles et 820 personnes au-dessous de 18 ans. — En 1795 : 1.454 habitants. — En 1802 : 1.438. — En 1838 : 1.582. — En 1851 : 1.672. — En 1870 : 1.722. — En 1880 : 1.705. — En 1889 : 1708. — En 1913 : 1.507. — En 1922 : 1.250. Impôts. — Pour les chiffres antérieurs à 1789, se reporter à Sée et Lesort, p. 270. — En 1790, vingtièmes : 2.143 livres 17 sols ; capitation : 872 livres 3 sols ; fouages : 712 livres 5 sols. En 1802-1803, impôts fonciers 5.040 frs., impôts mobiliers 545 frs, plus un vicaire à rétribuer 300 frs. Administration. — En 1789, Créhen dépendait de la subdélégation d'intendance établie à Dinan. Il fut compris l'année suivante dans le district de ce nom et fit partie depuis lors, soit du canton, soit de l'administration municipale cantonale de Plancoët (abbé Auguste Lemasson).

Note 2 : La collégiale du Guildo est fondée vers 1410 par Charles de Dinan. En 1620, Jean d'Avaugour, seigneur du Bois-de-la-Motte, baron du Guildo, fonde une communauté de Carmes, qu'il installe dans la collégiale. Il obtient à cet effet des bulles du pape, des lettres patentes de Louis XIII et l'agrément de l'évêque de Saint-Malo, monseigneur le Gouverneur. Avant la Révolution de 1789, les Carmes du Guildo avaient le droit exclusif du passage de la rivière de l'Arguenon. Le combat du Guildo a lieu le 8-11 septembre 1758 : une centaine d'habitants des paroisses voisines, conduits par Rioust des Villes-Audrains, arrêtent au gué du Guildo une armée anglaise de 10 000 hommes, laissant aux régiments du duc d'Aiguillon le temps d'arriver sur les lieux. L'armée anglaise du général Blight était stationnée sur la rive de Créhen. En 1795, une vingtaine de chouans occupent le bourg de Créhen et y abattent l'arbre de la Liberté. En juin 1798, Robinault de Saint-Régent, dit Pierrot, envoyé du Comte d'Artois, débarque au port du Guildo. Au XIXème siècle, la maison mère de la communauté des religieuses de la Providence, fondée par l'abbé Homery, s'installe à Créhen, et l'hôpital Giblaine prend possession du manoir de La Hingandais.

Note 3 : la commune de Créhen est formée des villages : la Touche, la Menardais, la Pichardais, le Guildo, la Ville-Gesnouan, la Provotais, Bréjérac, le Villeu, la Ville-d'Est, la Ville-Morel, la Prioutais, le Perron, la Cotardais, la Chenelaye, Leumais, la Morinais, la Rigaudais, la Touche-à-la-Vache, la Chapelle, etc ...

Voir   Ville de Créhen (Bretagne) " Le cahier de doléances de Créhen en 1789 ".

Ville de Créhen (Bretagne).

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PATRIMOINE de CREHEN

l'église Saint-Pierre (XI-XIV-XIXème siècle). Fondée au XIème siècle, elle est mentionnée dans une bulle du pape Alexandre III en 1163. Elle dépend alors de l'abbaye de Saint-Jacut : dès 1163, l’église Saint-Pierre de Querhen est mentionnée parmi les prieurés-cures de Saint-Jacut . Pillée et endommagée par les Anglais en 1758, elle est reconstruite de 1817 à 1831 et restaurée au XXème siècle. Le portail, vestige de l'ancien édifice, date du XIème siècle. Dans le fond du choeur, une ogive du XIVème siècle a été dégagée. On y voit le gisant d’un chevalier datant du XVIIème siècle. " En forme de croix latine. L’ancienne église fut pillée par les Anglais lors de l’expédition de Saint-Cast ; et, le 29 novembre 1811, la commission départementale, créée à cet effet, la comprenait parmi les quinze églises à reconstruire. Les travaux de reconstruction et d’agrandissement durèrent de 1817 à 1831. La première de ces dates se trouve sur la porte principale ; celle de 1829 sur le pignon sud du transept, année où furent élevées les deux chapelles en ailes ; et celle de 1831 sur la sacristie. Les travaux de maçonnerie furent exécutés par François Fouré, entrepreneur à Plancoët, la charpente par Michel Puschet, de Créhen, et la couverture par Jean Peronne, également de Créhen. Mobilier : Statues anciennes de saint Pierre et de saint Eloi ; cadran solaire portant la date de 1782 et l’inscription : FAIT PAR MATHURIN FROTEL " (R. Couffon) ;

Eglise de Créhen (Bretagne).

Nota 1 : Renseignements ecclésiastiques. — Créhen, cure de l'ancien évêché de Saint-Malo, faisait partie de l'archidiaconé de Dinan et du doyenné de Poudouvre au siège de Saint-Enogat. Saint-Pierre est depuis fort longtemps patron de cette paroisse, que nous avons trouvée mentionnée pour la première fois l'an 1161 dans une lettre du pape Alexandre III, sous le titre de « S. Petri de Cherchen » (Anciens Evêchés de Bretagne, IV, p. 278). Dès cette lointaine époque, l'abbaye de Saint Jacut était largement possessionnée à Créhen. En 1789, elle présentait encore le recteur de cette paroisse. Lors de la Révolution, ce monastère jouissait toujours dans cette localité des deux tiers de la grande dîme de Créhen et du dîmereau de la Ville-Yrouet (Archives Côtes-d'Armor, série H, rentier de l'abbaye de Saint-Jacut). D'après un aveu rendu en 1678 par l'abbé Hercule de Francheville, celui-ci déclarait posséder alors au nom de son abbaye « la moitié de la dîme appelée les Quatre-Gentilshommes, les deux tiers de la dîme de la Ville-Yrouet et les deux tiers d'un tiers de la dîme de toute la paroisse » [Archives de Loire-Inférieure, B. 820. Note : En 1703, René Fouquet, l'un des aumôniers du Roi, abbé commendataire de Saint-Jacut, déclarant posséder à Créhen « les bailliages du Fros et des Tousches valant 54 sols 6 deniers et 50 boisseaux 9 godets de revenu annuel, une masse de moulin en ruine, 16 boisseaux de froment dus pour des obits, la moitié de la dîme dite des quatre gentilshommes, les deux tiers de la dîme de la Ville-Yrouet ; plus les deux tiers d'un tiers de toutes les dîmes de la paroisse ; lesquelles dîmes, exceptés quelques dîmereaux, sont tous les ans partagées en trois lots et mises au sort par billet » (Archives de Loire-Inférieure, B. 820)]. Quant au Pouillé de la Bastie, rédigé vers 1760, il se borne à signaler que les RR. PP. de Saint-Jacut sont à Créhen décimateurs pour les deux-tiers et que des seigneurs et le recteur se partagent l'autre tiers. En outre, les moines de Saint-Jacut fournissent un supplément au sieur recteur. Par ailleurs, Saint-Aubin-des-Bois en Plédéliac possédait 24 boisseaux de froment de rente annuelle sur le grand bailliage de Créhen. D'après le compte que rendit aux administrateurs du District de Dinan le recteur de Créhen à la date du 6 janvier 1791, le revenu de cette cure avait consisté l'année précédente en 60 boisseaux un quart de froment, 36 boisseaux d'avoine, 87 boisseaux de blé noir, 1 boisseau de paumelle (le tout mesure de Plancoët), 900 de lin, estimé tant bon que mauvais à 2 livres 5 sols le cent ; plus 30 livres versées par l'abbaye de Saint-Jacut à titre de supplément de portion, et 33 livres pour la valeur des pailles. Le recteur estimait à 96 livres ses débours pour les charrois et la nourriture des charretiers, des coureurs de dîmes et des métiviers. En possession de ces éléments, les administrateurs du District de Dinan estimèrent à 945 livres 5 sols brut, et à 845 livres net le revenu de la cure de Créhen pour l'année 1790. Un autre document, copié par nous sur des registres de l'enregistrement de Plancoët, naguère en la possession de feu Joseph Dubois, dénombrait les dîmereaux attribués au recteur pour sa subsistance, lesquels étaient ceux de la Touche, de la Ville-Yrouet, un neuvième dans la grande dîme de Créhen et les dîmes novables du Haut-Créhen, ces dernières affermées 23 livres par an. Nous connaissons aussi grâce à la même pièce les possessions foncières, de l'église de Créhen. Elles consistaient en deux courtils et les deux petits champs proche la Prioulais, louée 16 livres par an ; le clos Chonet, fondation, loué 9 livres, le clos Guérin, près la Villemorel, fondation, loué 20 livres ; la moitié du clos Chasteignier, près des Landes plates, fondation, loué 2 livres par an ; 16 sillons près la Villedé, fondation, loué 2 livres ; un champ non dénommé, loué 20 livres par an ; un champ derrière le presbytère, et la moitié du dîmereau de la Prevostaye, dont le revenu appartenait à la fabrique. Du reste, le Pouillé de Mgr de la Bastie signalait vers 1755 que l'église de Créhen possédait dès cette époque, environ 70 livres de revenu fixe, dont uns partie constituée par un dîmereau et notait que ses fondations auraient eu besoin d'être mises en règle. Ce fut la Révolution qui s'en chargea en les dispersant au feu des enchères. D'après les pièces conservées au sommier de la série Q aux Archives des Côtes-d'Armor, le clos Bellot ou Billot (fondation de services à Créhen), mesurant trois quarts de journal, fut acquis par le prêtre assermenté Félix Gouinguené pour 500 livres, le 23 mars 1792. — Le petit Douaire, contenant un demi-journal ; le grand Douaire, contenant un journal ; la pièce du Fumel contenant trois quarts de journal ; le courtil Fouéré, même contenance, fondations de Créhen, furent acquis par G. Bourget du Perron pour 1.075 livres le 23 mars 1792. La moitié midi du champ du Chasteignier contenant un journal fut achetée par Perrine Jan, veuve Jacques André, de la Tandourie, pour 400 livres, le 23, mars 1792. La pièce du Ronserel, fondation d'un obit, mesurant un journal et demi, fut acquise par Gilles Legoutté, de Créhen, qui en était locataire, pour 650 livres, le 23 mars 1792, mais celui-ci ayant été déclaré déchu de son acquisition, elle fut revendue à François-Marie Hannelais, de Plancoët, le 4 septembre 1812. A la date précitée, le clos Guérin, contenant trois journaux, fut vendu au dit Hannelais et Guillaume Nicolas, de Plancoët, pour 1.075 livres. Le petit champ de l'Obit, mesurant 60 l. fut acquis par Gilles Bertin, pour 360 livres, le 23 mars 1792. A cette même date, Guillaume Nicolas et François Hannelais, de Plancoët, achetèrent pour 190 livres, la pièce de la Ville-David et 20 cordes de terre dans le courtil des Obits, et pour 140 livres la pièce des Trouillerie, mesurant 50 cordes, ainsi qu'une parcelle de terre dans le pré de la Jehannais. Cependant toutes les propriétés de l'église de Créhen n'avaient pas été vendues et le Gouvernement consulaire restitua à la fabrique de cette paroisse deux pièces de terre, estimées 6 francs de revenu cadastral. Le Pouillé de la Bastie prétend que les Scott de la Touche à la Vache étaient, à la fin du XVIIIème siècle, seigneurs-fondateurs et prééminenciers dans l'église de Créhen. Selon le même document, cet édifice était « médiocre et non lambrissé ». Une visite épiscopale en 1769, le signale mal pourvu de chasubles, d'aubes, de nappes, de surplis et autres ornements nécessaires au service divin, en même temps qu'indigent de réparations. Un état du 4 octobre 1796 lui donne 50 pieds de long, « affermé alors pour le culte ». Un autre état du 10 novembre suivant, assure qu'il ne sert à rien. On a reconstruit cette église en 1817, 1829 et 1831. Elle porte le cachet de cette époque et suivant l'expression de M. G. de Mottay, on connaît le talent des architectes de ce temps-là ! On n'a conservé de l'édifice ancien que les statues de bois de saint Eloy et de saint Pierre ainsi qu'un vieux portail latéral roman assez intéressant, que l'on a eu grand soin de masquer sous une affreuse construction en maçonnerie. Indépendamment de l'église des Carmes du Guildo dont nous parlerons par la suite, Créhen ne possédait comme chapelle que celle de la Touche à la Vache., fondée en messes et affectée à l'usage des propriétaires de ce château. Plusieurs baptêmes et mariages y furent célébrés du temps des Scott. Des membres de cette famille y sont ensépultérés. Aujourd'hui, en 1926, cet édifice est dépavé et sert de grange au fermier de l'ancien manoir seigneurial. Selon le Pouillé de la Bastie, le presbytère de Crehen « n'était pas mal, mais fort éloigné de l'église ». On peut toujours lui faire le même reproche, car il n'a pas changé d'emplacement en 1926. Ce presbytère fut loué 50 livres à Raymond Casseaumajor, inspecteur ambulant des douanes, le 17 floréal an II. Un nouveau pour 6 ans fut conclu au profit de Jean Giblaine, le 1er vendémiaire an V. Le Pouillé de la Bastie ne signale à Créhen, ni confrérie, ni maître d'école. Il nous apprend que cette paroisse était unie pour les prédications des stations avec Ploubalay, Tregon, Lancieux et le Plessis-Balisson. Le projet de réorganisation paroissiale arrêté en 1792 par le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) de concert avec l'évêque constitutionnel Jacob, supprimait Créhen comme centre paroissial. Le 7 mai 1793, on obligea la municipalité de cette localité à livrer à Dinan une belle croix en argent doré pesant 7 marcs, 5 onces, 6 gros. Le 24 août 1794, on inventoria à Dinan, avant de l'envoyer à la Monnaie, les pièces d'orfèvrerie suivantes provenant de Créhen : un pied de ciboire et son couvercle ainsi qu'un ostensoir pesant 4 marcs, 5 onces, 5 gros et demi d'argent blanc ; un calice, sa patène, la coupe d'un ciboire et une lunule pesant 3 marcs, 1 once, 2 gros et demi d'argent doré. Nous n'avons retrouvé concernant la paroisse de Créhen aucun ancien compte des trésoriers, pas plus qu'aucun registre du général de la paroisse, mais nous possédons une délibération des municipaux de Créhen, assemblés le 30 thermidor an II dans le « Temple de la Raison » (sic) qui adjuge au bon révolutionnaire Jean Giblaine, pour la somme de 33 livres 10 sols, les pommes du cimetière de la dite localité, le tout signé : Bertin, maire ; Joseph Gautier et Hamoniaux, secrétaires.

Nota 2 : Clergé. - JEAN-BAPTISTE-FRANÇOIS MORVAN, recteur, naquit à Combourg, le 26 mars 1749, du mariage de Julien et d'Anne Boulanger, lesquels donnèrent encore le jour à un autre fils Julien-Anne, qui se fit aussi d'Eglise et se noya en rentrant en France à son retour d'exil. Jean-Baptiste Morvan fit son cours au collège de Dinan où nous le trouvons élève de quatrième en 1763. On le note au séminaire comme n'ayant point de voix mais un peu de chant et passant de bons examens théologiques. Il reçut la prêtrise le 18 septembre 1773 et obtint le 5 août 1780 la cinquième chapellenie de choeur de la cathédrale de Saint-Malo. Le 14 octobre 1788, l'abbé Morvan fut transféré à la cure de Créhen sur résignation en sa faveur par M. J.B. Damar de l'Etang, précédent recteur, qui s'en fut prieur-curé de Saint-Suliac. Il avait gouverné vingt-trois ans durant la paroisse de Créhen, ayant succédé le 30 janvier 1765 à M. Christophe Poulain, de la. Fosse-Davy. Comme recteur de Créhen : M. Morvan signa le 22 février 1789 un des cahiers de doléances que présentèrent ses ouailles avant les Etats Généraux de cette année (Sée et Lesort, III, p. 279). Ce prêtre qui avait su gagner la confiance de ses paroissiens, fut élu par eux premier maire de Créhen en 1790, ce qui ne l'empêcha pas de refuser serment à la Constitution Civile et de mettre ses fidèles en garde contre les novateurs. Aussi les électeurs « patriotes » du district de Dinan réclamèrent-ils sa déchéance comme réfractaire, le 4 octobre 1791 ; en réponse de quoi, les habitants de Créhen rédigèrent une adresse et l'expédièrent à l'Assemblée Nationale. Ils la suppliaient en termes touchants, de les autoriser à conserver leurs prêtres, le clergé jureur n'ayant point leur confiance. Mais cette pétition, si simple et si naturelle, eut le don d'énerver les révolutionnaires briochins qui n'admettaient pas qu'on pût penser autrement qu'eux. « Veuillez, écrivirent les administrateurs des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) aux députés de ce département à l'Assemblée Nationale, veuillez remettre cette pièce aux législateurs. Ils seront frappés des mouvements convulsifs que les prêtres réfractaires font naître et trouveront sûrement dans leur sagesse un moyen de prévenir les malheurs qui nous frappent » (Archives des Côtes-d'Armor, L 282, f° 23). Finalement, M. Morvan qui n'avait pas été remplacé faute de sujets et dont on avait décidé de supprimer la paroisse, fut dénoncé au Département par 20 citoyens actifs de Plancoët, bourgade voisine dont bon nombre d'habitants se distinguèrent alors par leur haine du clergé fidèle. Saisi de la dénonciation en question, le Directoire des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), conformément à son arrêté du 23 janvier 1792, ordonna le 17 juillet de cette année, d'appréhender et d'incarcérer au château de Dinan l'abbé Morvan et son vicaire, prétendant « qu'ils travaillent en tous sens les habitants de leur paroisse et des paroisses voisines, en les éloignant de l'obéissance aux lois en leur annonçant la contre-révolution comme très prochaine et les menaçant d'un anathème absolu s'ils assistaient aux messes des assermentés et s'ils communiquaient le moindrement avec eux » (Archives des Côtes-d'Armor, L 161, f° 79 et 80). En conséquence, on arrêta le 27 de ce même mois l'abbé Morvan qui fut aussitôt conduit au château de Dinan. Quant à son vicaire, il eut la chance de s'échapper quand on vint pour le saisir. Les habitants de Créhen voulurent aussitôt protester contre cet acte de violence que rien ne leur semblait légitimer, mais les administrateurs du district de Dinan vinrent à bout de les dissuader d'envoyer la pétition qu'ils avaient préparée. Le recteur de Créhen, à la suite de la loi du 26 août 1792, fut déporté d'office à Jersey le 18 septembre de cette année. Après avoir séjourné quelque temps dans cette île où Gofvry et Lefebvre d'Anneville signalent sa présence, M. Morvan passa en Angleterre où il demeura, croyons-nous, le reste de la Révolution. Durant ce temps, les « patriotes » faisaient vendre son modeste mobilier aux termes de la loi du 12 mars 1794 (22 ventôse an II). Il produisit 1.905 livres le 19 août de cette année, sur estimation de 775 livres. L'enquête de Boullé signale l'abbé Morvan vers 1802 comme revenu à Créhen depuis un an et « susceptible d'être nommé recteur de cette paroisse ou renvoyé à Rennes ? ». Mgr Caffarelli s'arrêta à la première de ces solutions. Réintégré dans ses anciennes fonctions le 16 janvier 1804, M. Morvan décéda recteur de Créhen le 13 janvier 1817, âgé de 68 ans. Sa tombe pieusement conservée, se voit encore, en 1926, près de la côtale Est du transept nord de l'église de Créhen. Une inscription élogieuse rappelle qu'il « fut le modèle de toutes les vertus ». On ne saurait dire mieux de ce bon prêtre. PIERRE-JULIEN DESOULABAILLE, vicaire, né au village de Tréguilhé en Corseul, le 10 juin 1758, du mariage de François et de Françoise Pigeon, fut ordonné prêtre à Saint-Méen le 18 décembre 1784 après avoir « admirablement subi » ses examens au Séminaire. Les notes supérieures qu'il reçut dans cette pieuse maison, lui valurent d'être nommé vicaire de Créhen, où l'on relève pour la première fois sa signature le 5 novembre 1788. Il fut élu officier municipal de cette paroisse en 1790. M. Desoulabaille connaissait trop bien sa théologie pour consentir à s'assermenter. Nous avons vu qu'il fut compris sur le même ordre d'arrestation que son recteur, mais qu'il parvint à s'échapper. Ce prêtre ne figure sur aucune liste d'ecclésiastiques exilés à nous connue, ce qui n'empêcha pas les révolutionnaires de l'inscrire sous le nom de « Soulabaille » sur la liste des émigrés. Quant à la municipalité de Créhen, elle déclarait le 2 nivôse an VIII (23 décembre 1799), qu'elle n'avait aucune nouvelle de son ex-vicaire depuis sa disparition advenue le 26 juillet 1792 (Archives des Côtes-d'Armor, Lm 5, 150). Nous nous trouvons malheureusement dans le même cas que ces derniers concernant le sort de l'abbé Desoulabaille. Aucune pièce n'a pu nous faire savoir le nom des ecclésiastiques qui exercèrent à Créhen le ministère caché au cours de la Révolution. L'enquête de Boullé nous apprend que le prêtre JEAN-JOACHIM GAUTIER, de Plumaugat, où il trouvera sa biographie, y remplit deux ans durant les fonctions du curé d'office avant le retour de l'abbé Morvan. En 1926, quatre prêtres encore vivants ont vu le jour à Créhen ; nous n'en connaissons qu'un seul originaire de cette paroisse à l'époque de la Révolution Française, c'était VICTOR-MARIE DE LESQUEN DE LA MÉNARDAIS, né à Créhen le 22 juin 1743 de Etienne-Victor et de Gabrielle-Louise Taillart. M. de Lesquen prit sa licence en droit, embrassa l'état ecclésiastique et vivait à Paris avec le titre de vicaire général de Cornouaille lorsque Mgr de Hercé data de Rennes le 23 novembre 1778 ses lettres pour la chantrerie de Dol, alors la première dignité du chapitre de cette cathédrale. Le 5 janvier de l'année suivante, Mgr de Dol y joignit des lettres de vicaire général. Quatre ans après sa nomination de vicaire général, l'abbé de Lesquen demanda à résigner ses bénéfices de Dol ; prétendant d'une part qu'ils étaient trop médiocres pour lui permettre de résider en cette ville (la chantrerie valait nette 1.479 livres en 1790) et d'autre part, qu'il avait dû contracter des dettes qu'il désirait acquitter. De plus, il croyait avoir gravement à se plaindre de l'abbé de Hercé, frère de l'évêque de Dol. Celui-ci de son côté, prétendait avoir contre l'abbé de Lesquen de justes sujets de blâmes. Aussi, après entente avec Mgr de Girac, évêque de Rennes, accorda-t-il à l'abbé de Lesquen la permission de résigner son bénéfice et l'évêque de Rennes lui donna en échange la cure de la Bazouge-du-Désert par permutation avec Alexandre Le Normant en date du 20 janvier 1784. C'était une des plus riches paroisses du diocèse de Rennes. Elle valait à son titulaire environ 6.5OO livres de revenu net. Il y conserva ses titres de vicaire général de Dol et de Quimper. L'excellent historiographe qu'est M. Guillotin de Corson écrit que le recteur de la Bazouge, traître à son Dieu comme à son Eglise, fit à la Constitution Civile le serment demandé et fut conservé dans ses fonctions. Le 10 août 1793, nous a fait savoir M. l'abbé Arsène Leray, il assistait à Louvigné les citoyens Paulmier et Laroches de Mellé et tous les trois, aux cris de « Vive la République », mettaient le feu à un bûcher commémoratif de l'anéantissement de la Royauté. Le 2 pluviôse an VII (27 janvier 1799), accompagné de la garnison et de la municipalité de Bazouge, il prêtait le serment de haine à la royauté prescrit par la loi du 5 fructidor an V. Nous ne savons quelle fut sa conduite lors de la grande déprétrisation du clergé constitutionnel au printemps de l'an II. Toujours est-il que dans la nuit du 24 au 25 brumaire an VII (16 novembre 1799), les chouans, sous la conduite de du Boisguy, ayant surpris le poste de la Bazouge, y saisirent le curé de Lesquen, qui y faisait la partie avec les gardes nationaux. Ils le traînèrent, en l'accablant d'invectives, jusque la ferme de la Basse-Melleraye en la commune de Villamée. On l'y laissa séjourner quelques heures et le prêtre prévaricateur escomptait même que M. du Boisguy lui aurait fait grâce, quand celui-ci pénétra dans la pièce où l'abbé de Lesquen était gardé : « Citoyen, debout », lui dit-il. Le malheureux jusqu'alors soutenu par l'espérance, tomba en défaillance. Deux chouans s'emparèrent de cette loque humaine et le fusillèrent dans le champ du Rocher. Du Boisguy chargea le fermier de creuser une tombe près d'un coudrier à l'ancien vicaire général de Dol et de Quimper. Th. Lemas, l'auteur très passionné de Un district breton pendant les guerres de l'Ouest, in-8°, Paris, 1894, raconte p. 320-322 la mort de ce peu recommandable ecclésiastique. Il ajoute que Mgr Claude de Lesquen, lequel était le propre neveu du défunt, mais n'avait pas suivi la même voie durant la Révolution, étant venu confirmer à Villamée, aurait dit au paysan qui avait inhumé l'abbé Victor de Lesquen : « Que tes mains soient bénies pour avoir ouvert et fermé la tombe d'un martyr », mais nous croyons plutôt, ainsi que nous l'a écrit M. l'abbé A. Leray, que Mgr de Lesquen, lors de sa première visite à la Bazouge, fit une tout autre allusion aux scandales qu'y avait donnés son oncle (qui cependant ne fut jamais accusé du côté des moeurs) : « Ce n'est pas mitre en tête, mais la corde au cou, aurait-il dit, que je devrais paraître ici pour réparer le mauvais exemple qu'y a donné un des miens ». Cf. sur de Lesquen : Guillaume de Corson : Pouillé de Rennes, etc., I, p. 464 et 494 ; IV, p. 120. — Charles Robert : Urbain de Hervé, in-8°, Paris, s. d., p. 106, 107, 108. — Vicomte de Pontbriand : Le Général de Boisguy, in-8°, Paris, s. d., p. 417, qui prétend que Boisguy n'était pas présent à la surprise de la Bazouge et n'a pas ordonné l'exécution de de Lesquen ; « Lemas, dit-il, en cela d'accord avec M. le Vicomte Le Bouteiller, Lemas n'appuyant sa version que sur une suite de transmissions orales bien sujettes à caution » [Note : L'abbé Victor-Marie de Lesquen déclara, le 4 ventôse an II (22 février 1794) devant la municipalité de la Bazouge, renoncer à ses fonctions et à toute espèce de culte. Le 23 avril suivant, il loua son presbytère et continua d'en occuper une partie, le reste étant habité par des soldats bleus. Enfin, il adhéra par lettre au synode schismatique tenu à Rennes par l'évêque Le Coz en août 1799]. LAURENT-JEAN-BAPTISTE DAMAR DE L'ETANG était né à Saint-Servan le 14 octobre 1733 de J.-B., sieur de l'Etang, officier au régiment de Limousin et de Laurence-Olive Breton ou Creton. Il se fit d'Eglise, fut ordonné prêtre en 1759 et pourvu de Créhen en 1765. Enfin le 3 juillet 1788, il fut nommé au prieuré-cure de Saint-Suliac dont le revenu estimé 1.300 livres était très supérieur à celui de Créhen. L'abbé Damar prononça le 4 février 1791 un serment à la Constitution qui exceptant formellement « les droits de l'Eglise », était nul et sans valeur. Le 20 mars suivant, il refusa de chanter le Te Deum à l'occasion de l'élection de Le Coz à l'évêché métropolitain d'Ille-et-Vilaine, mais le 14 juillet de cette année, il consentit à célébrer l'anniversaire de la fête de la Fédération à l'église de Saint-Suliac et demeura dans sa paroisse jusqu'à l'application de la loi du 26 août 1792. M. Damar se cacha alors, mais ne s'exila pas. En janvier 1793, nous a écrit l'abbé A. Leroy, il prêta le serment de Liberté-Égalité, ainsi que l'avait fait avant lui son frère Charles-Marie Damar, prieur de Saint-Aubin-des-Bois, en Plédéliac, dont l'histoire, durant la Révolution, serait bien curieuse à faire. Le 17 juin 1795, le recteur de Saint-Suliac se présenta pour se soumettre à la loi du 3 ventôse an III, « pourvu toutefois, dit-il, que l'on exigea rien de lui qui pût blesser sa conscience et les principes religieux ». Il s'engagea de plus, à porter ses paroissiens par ses paroles et sa conduite « à l'union et à la concorde ». M. Guillotin de Corson prétend que ce prêtre jouit une partie de la Révolution des pouvoirs de vicaire général que lui envoya Mgr de Pressigny. Toujours est-il qu'il fut désigné comme curé de l'importante paroisse de Saint-Servan le 16 juillet 1803. Il y mourut en fonctions chanoine honoraire le 11 octobre 1816, âgé de 83 ans. En 1808, d'accord avec son frère Guillaume Damar de l'Etang, colonel du Génie, il avait fait don au bureau de bienfaisance de Créhen d'un terrain vague estimé valoir environ 3.000 frs et c'est à ce titre, qui démontre bien que l'abbé Damar avait conservé pour son ancienne paroisse des sentiments affectueux, que nous faisons figurer ici sa biographie (abbé Auguste Lemasson).

les chapelles de la Communauté. La première chapelle, de plan carré, existe encore (vers 1935) au milieu du cimetière et fut bénite le 1er juillet 1856. La chapelle actuelle, de plan rectangulaire, comprend une nef de cinq travées et un choeur polygonal à cinq pans. Tout autour de l’édifice court un petit bas côté entre les contreforts percés d’un passage. Cet édifice a été construit sur les plans de M. Le Guerrannic par M. Corbel. La bénédiction de la première pierre eut lieu le 11 mai 1898, celle de la chapelle le 1er août 1899. Un troisième oratoire existe au milieu du premier étage dans la Maison de retraite des prêtres, dite Maison du Sacré-Coeur. Dû à M. Le Guerrannic, la bénédiction en eut lieu le 15 juin 1897 (R. Couffon) ;

l'ancienne église des Carmes du Guildo, détruite. Fondée par Charles de Dinan, sous le vocable de saint Julien l'Hospitalier, elle fut endommagée pendant la guerre de Succession et le pape accorda le 21 juin 1387 une bulle d’indulgences en faveur de sa reconstruction. L’inscription commémorant sa fondation a été transportée au château de Galinée en Saint-Pôtan. Elle fut ensuite sous le vocable de Notre-Dame (R. Couffon) ;

l'ancienne chapelle de la Touche à la Vache, désaffectée et servant de grange (vers 1935-1939) ;

le château ou manoir de la Pichardais (XVI-XVIIIème siècle), propriété de la famille Bernard de Courville (au XVIème siècle). Son colombier date du XIIème siècle. Dans la nuit du 9 au 10 janvier 1793, le marquis de la Rouërie passe la nuit au château de la Pichardais ;

les vestiges du château de la Touche-à-la-Vache (XIII-XIVème siècles). Propriété de Guyon La Vache en 1480. Le donjon carré, rendu plus fort aux quatre angles par des épaulements réguliers, date des XIIIème et XIVème siècles. Des douves remplies d'eau l'entouraient jadis. Ses ruines s'élèvent aujourd'hui au milieu d'un étang. On y remarque une belle porte gothique ;

Note 1 : - Le Château Féodal de la Touche. Non loin de la route de Plancoët à Languenan, à une demi-lieue de l'église de Notre-Dame de Nazareth, se dresse une colline assez élevée et couverte de bois, dominant une profonde vallée. Si l'on gravit le sentier rapide qui conduit au sommet de ce coteau, l'on se trouve en présence d'un spectacle inattendu : au milieu d'un petit étang qui n'assèche jamais, l'on aperçoit sortant de l'eau, les débris d'une grosse tour ou plutôt d'une massive construction carrée, affectant la forme d'un donjon. C'est l'ancien château de la Touche à la Vache, la seule construction de ce genre, nous dit M. Gaultier du Mottay, que l'on trouve dans les Côtes-du-Nord et probablement dans toute la Bretagne, où l'on bâtit rarement de ces tours carrées, que l'on rencontre beaucoup plus souvent dans les fortifications normandes. Selon cet archéologue, ce qui reste des murailles construites en grande partie en pierres taillées et qui atteignent encore de 10 à 12 mètres de hauteur, dans leur partie la mieux conservée, paraît appartenir aux débuts du XIIIème siècle et tient tout à la fois, de l'époque romane et de l'époque ogivale. D'après les mesures prises en 1856, par M. du Mottay, chacune des faces du donjon présente un développement d'environ neuf mètres. Les angles étaient fortifiés par quatre tourelles ou contreforts carrés de trois mètres de côté. Trois de ces angles seulement paraissent à l'extérieur, le quatrième se trouve engagé dans la tour principale. Plusieurs murs de refend partageaient l'édifice et les traces de crépissage à la chaux que l'on aperçoit encore sur les murailles intérieures, semblent indiquer que cette construction a servi de demeure jusqu'à une époque assez rapprochée de nous. L'on pourrait discuter sans doute si le château de la Touche à la Vache a jadis vraiment été une forteresse féodale dans toute l'acception de ce terme. En tout cas, nous avons quelque droit à employer le mot forteresse, car cette habitation fut très certainement autrefois un lieu fortifié. Au XIème et XIIème siècle en effet, le sol de notre pays était couvert de petits castels ou maisons fortes, qui se composaient souvent uniquement d'une tour ou d'un donjon et permettaient à leur possesseur de se mettre à l'abri d'un coup de main ou d'une surprise de l'ennemi ; le château de la Touche fut un de ces édifices. D'ailleurs quand nous parlons du château féodal de la Touche, nous voulons surtout par là le distinguer du manoir tout moderne qui l'avoisine et dont la construction doit remonter au XVIIIème siècle.

Note 2 : - La Maison des La Vache. C'est à l'ancienne famille des La Vache, propriétaire du fief et châtellenie de la Touche, que l'on doit l'érection du vieux castel qui garde encore leur nom. Le premier membre de cette famille dont nous parlent les vieilles chroniques est Guillaume La Vache qui prit part, en 1248, à la sixième croisade avec le duc Mauclerc de Bretagne (Armorial de Courcy). Vers la même époque, c'est-à-dire en 1233, 1269 et 1273, l'abbaye bénédictine de Saint-Jacut, traita avec les seigneurs de Rays, en Ploubalay, pour l'achat des dîmes de Créhen. L'on posa alors de part et d'autre des règles encore en usage au XVIIIème siècle. Il fut convenu que de ces dîmes l'on ferait trois parts, qui chaque année se tireraient au sort : le premier tiers allait aux religieux, qui en cédaient le tiers au recteur de Créhen ; le second allait au seigneur de la Touche de la Vache ; le dernier tiers revenait aux religieux et plus tard à l'abbé commendataire de Saint-Jacut (Note : Histoire du Royal Monastère de Saint-Jacut, composée par D. Noël Mars. Saint-Brieuc, F. Guyon éditeur, 1912). En 1272, nous trouvons un Geoffroy La Vache, chevalier, sénéchal du duc Jean Le Roux pour la ville de Ploërmel (Dom Morice, Preuves, Tome Ier, col. 1028). Comme les sénéchaux étaient alors au premier rang parmi les officiers de l'ordre judiciaire, cette charge nous donne idée de l'importance dont jouissait dès cette époque reculée la famille Le Vache. Un acte du monastère cistercien de Saint-Aubin-des-Bois, rapporté dans les Anciens Evêchés de Bretagne, tome III, p. 158, nous montre en 1280 Thomas La Vache, écuyer, faisant un accord avec l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, au sujet d'un achat d'une récolte, d'un enclos et d'un pré. Les armoiries des La Vache étaient alors « de gueules à une vache d'argent ». C'est également en 1280 que Thomas et Rolland La Vache firent donation à l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois de deux mines de six boisseaux de froment, mesure de Plancoët, sur leurs terres sises en Créhen, et cela à seule fin d'avoir part aux prières de cette abbaye. La mine de Poudouvre, mesure de Poudouvre, se composait alors de six boisseaux, et chaque boisseau, mesure Plancoët, pesait quarante-trois kilogrammes. (Annuaire des Côtes-du-Nord, année 1856). En 1297, une charte de Sainte-Aubin-des-Bois nous apprend que Geoffroy La Vache et Jehanne sa mère traitent avec les religieux de cette abbaye au sujet de terre sis en Créhen, et possédées par les nommés Grignart, Olivier Colas (?), Pierre Fouré et Geoffroy Dalidou. Le sceau de Geoffroy La Vache représentait alors une couronne surmontée d'un oiseau. (Anciens Evêchés, tome III, p. 195). En 1296, Pierre La Vache était maître d'artillerie à Melun. Il fut envoyé en Flandre en 1308 pour surveiller l'armement de plusieurs places fortes. Quelques années plus tard, nous le trouvons capitaine du château Gaillard, près de Rouen, où le roi Charles Le Bel faisait détenir son épouse prisonnière. On le voit ensuite occupé à passer en revue diverses garnisons de Normandie, de Touraine et du Poitou. En 1324, il était en Gascogne occupé à surveiller les préparatifs de la guerre qui allait éclater dans cette province avec les Anglais. Il arma divers châteaux de ce qui constituait l'artillerie à cette époque, c'est-à-dire de catapultes, dards, mangonneaux, autres engins de destruction en usage au milieu du Moyen-Age (Annuaire des Côtes-du-Nord, 1856. Etude de M. Gaultier de Mottay). En 1350, Raoul La Vache, écuyer et Denise sa femme, contestent à l'abbaye de Saint-Jacut, devant la cour de justice de Lamballe, la possession de la terre de la Ville-Juas, en Pluduno (Histoire du Royal Monastère de Saint-Jacut, p. 100). Dans la guerre de succession de Bretagne, les seigneurs de la Touche à l'exemple de la majorité de la noblesse bretonne, avaient embrassé le parti de Charles de Blois. Nous voyons en effet, le 13 juillet 1348, le roi d'Angleterre Edouard III accorder in sauf conduit à neuf ambassadeurs qui vont à Londres traiter le la délivrance de Charles de Blois. Or parmi ces ambassadeurs figure Thomas La Vache, chevalier (Dom. Morice, Preuves, Tome Ier, col. 1461). Ce Thomas La Vache guerroya ensuite dans la compagnie le Pierre de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, qui servait sous les ordres de l'illustre du Guesclin. Il périt en 1370 à la bataille de Pontvallain, où nous dit l'historien d'Argentré " …. et, de la part des Français, ne mourut homme de nom, fors Thomas La Vache, sieur de la Touche, breton, sage et vaillant chevalier, qui se mêla si avant parmi les Anglais qu'il ne put se retirer ". En 1351, Anastasie La Vache, demoiselle de la Touche, est mariée à Etienne des Nos, seigneur du Vaumeloizel, en Saint-Potan, archer (Note de feu M. l'abbé René Dubois). Une montre enregistrée à Caen le 1er octobre 1371, nous présente Jean La Vache écuyer, combattant sous les ordres du connétable du Guesclin pour expulser les Anglais de France (Morice I, col. 1658). En 1381, le 26 avril, Rolland et Olivier La Vache, écuyers, ratifient à Lamballe le traité de Guérande qui mit fin à la funeste guerre de succession de Bretagne (Lobineau, Preuves II, col. 618). En 1383, Guillaume La Vache bataille, probablement en qualité de chevalier bachelier, en Flandre et en Picardie, dans la compagnie de Jean de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye (Morice, II, col. 436). En 1392, Rolland La Vache, marié, croit-on, à une Coëtlogon fait assiette à Jeanne La Vache sa fille, des biens qu'il avait promis à Even le Sénéchal (Note : Peut-être cet Even était-il de la Vieuville-au-Sénéchal, en Trégon ?), son mari. (Pontbriand : Un ancien Armorial Breton, page 92). De 1413 à 1415, Bertrand et Rolland La Vache, écuyers, guerroient sous le commandement du duc de Bourbon, notamment aux siège de Soissons et de Compiègne (Morice, Preuves II, col. 904 et 908). Le 15 août et le 15 septembre 1415. Rolland La Vache, écuyer, parait à la montre d'Olivier de Mauny, tenue à Saint-Malo (Revue Historique de l'Ouest, 2ème année). Si les seigneurs de la Touche se battaient sans se lasser contre les ennemis de la grande comme de la petite patrie, ils étaient aussi parfois des voisins peu commodes. C'est ainsi que le 17 octobre 1409, Jean V, duc de Bretagne ordonne à son sénéchal de Rennes d'informer contre plusieurs seigneurs et hommes d'armes, parmi lesquels figurent Olivier La Vache [Note : En 1413, Olivier La Vache, fils de Rolland et frère de la dite Jane citée plus haut, avait pour armoiries : Un écusson en pointe chargé de 3 rencontres de Vaches, un casque, et, pour cimier : une comète à 7 rayons et pour supports : deux espèces d'hydres à une tête ailée. (Pontbriand : Ancien Armorial Breton. 1894, p. 92)], seigneur de la Touche et Rolland son frère, pour méfaits commis envers les terres et les gens de l'Abbaye de Saint Jacut. Ils sont prévenus entre autres « d'avoir couru et chassé ès dictes garennes de l'Abbaye, à tort et sans cause, ont prins des connilz d'icelles et de chacuns d'icelles ô chiens, lévriers, furetz et filets et les ont emportés... ont mis et boutté le feu es jaunays estant en la claus de la dicte garanne….. et accumulant maulx sur maulx, ont été en plusieurs manoirs et métairies... et ont prins, faict prendre et emporter pain, chair, beure, foin, avoynes et poulailles …. enfin par plusieurs fois, ont force et battu plusieurs des hommes et subjects de l'abbaye allant par notre grand chemin es faire de Montboan et de Matignon ». — En conséquence le duc ordonne « de saisir les coupables au corps et de les conduire en prison fermée, s'ils n'indemnisent pas l'abbaye et s'ils ne changent pas de conduite ». (Voir dans dom Morice. Preuves II, col. 828, le détail de cette charte très intéressante) (Note : Le chef de cette bande de seigneurs trop joyeux compagnons parait bien avoir été le seigneur du Guildo, et c'est à son château, tout près de Saint-Jacut, que l'on se réunissait pour organiser les parties sur l'abbaye et ailleurs. Un de leurs passe-temps préféré, dit-on, était, avec leurs trompes et cors de chasse, d'empêcher les moines de chanter leur office. C'est le souvenir de ces expéditions qui partaient du château du Guildo et de toutes les mauvaises farces auxquelles se livraient le châtelain du Guildo et ses compagnons, qui aurait donné cours au vieux dicton populaire : « Courir le Guilledou ») (note d'Auguste Lemasson).

les vestiges du château du Guildo (XIII-XIVème siècle). Il s'agit d'une des places fortes de Bretagne bâtie sur le bord même de l'Arguenon et baignée par la mer haute. C'est là qu'est arrêté le 26 juin 1446 l'infortuné Gilles de Bretagne, sur ordre de son frère le duc de Bretagne, François Ier. Le château commande complètement l'entrée de la Rivière. Sa construction a la forme d'un trapèze et ses deux côtés parallèles ont l'un 80 mètres de long, l'autre environ 70 mètres. Sa superficie, y compris la cour intérieure, est de 32 ares et 50 centiares, et les constructions occupent une superficie de 16 ares et 40 centiares. Ce château, baigné au Nord par la mer, était jadis protégé de ce même côté par des murailles de 36 mètres de hauteur sur 5 mètres de largeur. Des douves profondes l'environnaient de toutes parts. Il avait une cour d'armes de 93 pas de long, qui s'étendait au milieu de la forteresse, dans laquelle on ne pouvait pénétrer que par un pont-levis jeté sur les fossés. La façade du midi, côté de l'entrée, présente deux tours demi-cylindriques qui défendent le pont-levis. Dans l'angle de droite, et, reliée aux deux premières par une courtine de trois mètres d'épaisseur, est une troisième tour plus forte et plus élevée que celle du centre. L'angle gauche n'a plus que des ruines informes. Le côté Nord montre à ses deux angles deux fortes tours circulaires, réunies par des courtines, soutenues, vers le milieu, par un énorme contrefort carré. La tour du Nord-Ouest semble plus forte que l'autre, peut-elle servait-elle de donjon. Les courtines contenaient jadis les logements du seigneur. La partie Est renfermait les logements du personnel du château. Le côté Ouest est en état de dégradation. On n'y remarque plus que l'enceinte d'un vaste foyer dans lequel, dit la légende, on brûlait des chênes entiers, on rôtissait des boeufs entiers, et devant lequel, dit toujours la légende, le prince Gilles de Bretagne se chauffait à cheval. A l'angle du Sud-Ouest une tour a dû exister primitivement comme aux autres angles, et cette tour devait être reliée à celle du Nord-Ouest par une courtine. Cette tour du Sud-Ouest a disparu, et la courtine a été remplacée par un mur plein assez peu épais. L'aveu au roi de Jean Cahideuc, en 1680, mentionne formellement six grosses tours au château du Guildo. Le château fort du Guildo est pris et repris au XVIème siècle pendant les guerres de la Ligue. Le château du Guildo, défendu par une garnison de Mercoeur, est pris par les troupes royales de Henri IV en 1590. En 1597, le château du Guildo est assiégé par 2 000 hommes et pris pour le duc de Mercoeur par le capitaine de la Ligue Jean d'Avaugour de Saint-Laurent. Le château appartient à la famille de Dinan en 1400, à Gilles de Bretagne (qui le tenait de Françoise de Dinan) en 1446. Cette famille l'échange, en 1570, contre des seigneuries que Pierre, comte de Chemilly, possèdent près de Lisieux. Le château et la seigneurie sont acquis vers 1590 par Charles de Gouyon-Matignon et échangés le 8 avril 1605 contre la seigneurie de Trémereuc en faveur de Jean II d'Avaugour. En 1590, durant la Ligue, la garnison du château du Guildo est commandée par le sieur de Ray, lieutenant du duc de Mercoeur qui, à cette époque, est obligé de quitter la place. Mais, au mois de juin 1597, d'Avaugour-Saint-Laurent la reprend pour Mercoeur, à l'aide d'un corps de 2 000 hommes. En 1593, Saint-Malo se rend au roi. On peut supposer qu'à cette époque le château du Guildo a dû subir plusieurs sièges. Le château est démantelé en partie, en 1618, sous le règne de Louis XIII, et défense est faite, le 11 avril 1625, à Jean d'Avaugour, d'y faire aucune fortification. En 1665, la garnison du château du Guildo est composée de miliciens levés sur les paroisses de Créhen, Corseul, l'Abbaye, Quévert, Languenan, Bourseul, Plorec, l'Escouet, Plélan-le-Petit, Saint-Maudez et Tréméreuc. Les paroisses susdites devaient être approvisionnées de 175 mousquets de rechange, de 1 800 livres de poudre, 1 405 livres de plomb ou balles et de 945 mèches. Cette milice monte à 523 hommes, divisée en 20 escouades, et les noms de leurs commandants appartiennent à des familles biens connues dans le pays (voir nota 2). L'ensemble est acheté en 1752 par Picot de Gallinée. En 1793, un membre de la famille de Châteaubriand s'est tenu quelques temps caché dans les ruines du Guildo. Durant la Révolution française, la Société dite "Bande-Noire", achète le château du Guildo pour achever de le démolir, comme elle l'a fait pour tant d'autres monuments historiques. Elle en enlève les dalles des escaliers en spirales, ce qui reste des barbacanes et des machicoulis, les pierres d'encadrement des portes et des fenêtres. Beaucoup de maisons du Guildo et des environs ont été, dit-on, bâties avec des pierres arrachées au vieux château. Ce vandalisme prend fin grâce à M. Rioust de Largentaye qui achète les ruines en 1848. Ce château est encore surnommé le Guelido en 1256 (Anc. év. III, 127) et le Chastel du Guilledo en 1409 (Mor., Pr. II, 828). Depuis 1986, ce château est entretenu et valorisé par M. Paul Ladouce ;

Ville de Créhen (Bretagne).

Nota 3 : quelques historiens font remonter la construction du château du Guildo au Vème siècle. Ils prétendent que Conobre y donna asile à Chramne, fils révolté de Clotaire, et, pour appuyer cette opinion, rappellent qu'on a trouvé dans un tumulus qui avoisine Créhen des ossements calcinés et des charbons (on sait que Chramne fut brûlé vif avec sa femme et ses enfants).

Nota 4 : Etat-Major de la garnison du château du Guildo, en 1665 : De Cahideuc (capitaine), De Mauny (lieutenant), De la Ville-Robert (cornette), De la Herviais (maréchal-des-logis). - 1ère escouade : De la Saulois (brigadier), De la Ville-Rouet (lieutenant), De la Haute-Ville (maréchal). - 2ème escouade : De la Ville-Gueury (brigadier), De Brégerac (cornette), De la Broune-Blondeau (maréchal). - 3ème escouade : De la Ville-Nieu ou Ville-Menen (brigadier), De la Brunais (cornette), Du Tertre-Boixière (maréchal). - 4ème escouade : De la Brunais (capitaine), De la Ménardais (cornette), De la Provôtais (maréchal). - 5ème escouade : De la Duchais (capitaine), De la Ravillais (cornette), Du Clos-Hérisson (maréchal). - 6ème escouade : De la Brémaudière (capitaine), De la Ville-Gueury (cornette), Du Pont-Gérault (maréchal). - 7ème escouade : De la Vieuville (capitaine), Du Bervison (cornette), Des Ponts (maréchal). - 8ème escouade : Du Vaurouault (capitaine), De la Comté (cornette), De la Coulbart (maréchal). - 9ème escouade : De la Baussaie (capitaine), De la Motte (cornette), De la Maisonneuve (maréchal). - 10ème escouade : De la Forestière ou Foresterie (capitaine), Du Plessix-Madeuc (cornette), Du Domaine-Halna (maréchal). - 11ème escouade : De la Crémerais (capitaine), De la Ville-Hatte (cornette), Guérin (maréchal). - 12ème escouade : De la Metterie ou Mettrie (capitaine), Du Breil (cornette), Du Clos-Seriseau (maréchal). - 13ème escouade : De la Rivière (capitaine), De la Ville-Vieu ou Ville-Even (cornette), De Clermont (maréchal). - 14ème escouade : De la Caulnelaye (capitaine), De la Gatinais (cornette), Huet (maréchal). - 15ème escouade : Du Bois-Riou (capitaine), De l'Isle (cornette), Hamon (maréchal). - 16ème escouade : Du Fresne (capitaine), Crochon (cornette), De la Coudrais (maréchal). - 17ème escouade : De la Billardais (capitaine), De la Pâquerais (cornette), Le Ganet (maréchal). - 18ème escouade : De la Bouessière (capitaine), Du Bois-Roland (cornette), Mauduit (maréchal). - 19ème escouade : Du Vau-Fleury (capitaine), De la Motte (cornette), Maingart (maréchal). - 20ème escouade : Du Bois-Adam (capitaine), De l'Orgeril (cornette), De la Cour (maréchal).

Nota 5 : Aveu au roi par le sire de Cahideuc, pour la terre et baronnie du Guildo, le 1er février 1680 : "Le château et place forte du Guido consistant en six grosses tours, ceinture de murailles, deux corps de logis, l'un desquels et partie des dictes tours sont présentement ruyneux, douves, pont-levis, esprons sur lesquels il y a présentement deux petits jardins. - Item, le parc, garenne, coulombier, grêve, autrefois en étang, avec un moulin ruyneux. - Item, droit de coutume et trépas qui se lève au dict lieu du Guildo, à St-Jagu, à St-Cast, à Quatre-Vaux, à la Jeannais, et généralement sur toute la rivière d'Arguenon, depuis la Roche d'Arguenon, située en mer, par dela l'isle des Hébihens, jusqu'à une grosse pierre située dans la dicte rivière, près de la maison de l'Argentaye qui est la séparation de la coûtume du dict Guildo et celle de Plancoët. Entre les dites mettes, fins, endroits en environs autant que la mer peut en couvrir et découvrir, laquelle rivière d'Arguenon descend de Plancoët au dict port du Guildo et de là dans la mer, pour lequel devoir de coûtume entière appartient à la dicte seigneurie du Guildo, par chacun tonneau de vin, sel, fer, bled, drap et toute autre sorte de marchandise passante et encombrante, menés et emportée, par mer, au dict lieu et environs ; iceux déclarés 4 deniers par tonneaux. - Item, à la dicte seigneurie du Guildo, entre les mètes et limites ci-dessous déclarées, appartiennent les bris et pêches de mer de toutes choses y avanturées, avec les esturgeons, marchoux (marsouins), saulmons et tous poissons y trouvés et pris. - Item, appartient à la dicte seigneurie une isle vulgairement appelée les Ebihens, située, en mer, entre la dicte roche d'Arguenon et la dicte pierre de l'Argentaye ; et généralement tous rochers, iles, fonds, rives que la mer peut couvrir et découvrir entre les dictes mètes. - Item appartient à la dicte seigneurie la supériorité, fondation et couvent, maison, église, chapelle et autres choses dépendant de la maison conventuelle des pères Carmes, du dict lieu du Guildo ; dans laquelle église il y a enfeu et tombeau prohibitif, ceinture, lisière, écussons, en relief et plate peinture, chargés des armes des seigneurs du dict lieu du Guildo. - Item, appartient : supériorité aux paroisses de Créhen et de Trégon, auxquelles paroisses il y a écussons armoyés (sic), des armes des dicts seigneurs du Guildo aux lieux les plus éminents et généralement tous droits appartenant à un haut seigneur et haut justicier. - Item, appartient encore à la dicte seigneurie le droit de faire tenir un marché, chaque jour de mardy ; lequel n'est pas encore établi. Une foire qui se tient au dict Guildo, le lendemain de la Quasimodo. Devoir de guet. Droit d'apprécis sur les vins, cidres et autres breuvaiges vendus en détail et par le menu en icelle juridiction. Et défense de non les vendre à autre prix que celui ordonné par les dicts officiers d'appréciement. - Item, appartient encore à la seigneurie du Guildo : droits de rachat sur les terres suivantes en Créhen : 1° La terre et châtellenie de la Touche-à-la-Vache ; 2° La maison seigneuriale de Brégerac ; 3° La métairie de la Prévôtais ; La Vieuville-Morin, l'Augerais, la Pichardais, la Ménardais et la Ville-Yvonnet".

Nota 6 : " Sur les côtes du nord de la Bretagne, dans les parages de Saint-Malo, entre les rades ouvertes de Saint-Cast et de Saint-Briac, la mer s'avance dans les terres, et porte les eaux de l'Océan cinq lieues intérieures, jusqu'au petit port de Plancouët, qui reçoit des bâtimens de cinquante tonneaux. Lorsque l'on entre dans ce bras de mer, qui prend le nom de rivière du Guildo, l'on voit, sur la gauche, les ruines de l'antique abbaye de Saint-Jacut dont la fondation remonte au cinquième siècle. Plus loin, dans cette rivière, sur la même rive, vous apercevez les tours d'un ancien château qui domine la rivière ; c'est le Guildo. Cette position vers la mer était d'une facile défense, et devait procurer de grands avantages pour recevoir des secours, ou entretenir des communications avec les côtes de la Bretagne, de la Normandie, et même avec l'Angleterre, quand des intérêts communs le demandaient. Ce château, vu de près, rappelle. une forteresse cernée d'épaisses murailles flanquées de tours, et défendue par de larges et profonds fossés. On parvient dans l'intérieur par le côté où était placée la porte d'entrée, aujourd'hui démantelée, et presque méconnaissable. Le coup-d'œil qu'offre l'enceinte intérieure est celui du désordre. Le sol inégal est encombré par les déblais des bâtimens écroulés. Quelques restes de chambres basses se font encore apercevoir ; difficilement on peut y parvenir à travers les ronces et les épines, qui en défendent l'approche. Ce lieu infréquenté n'est plus que la demeure des animaux voraces, des reptiles et les oiseaux de nuit : c'est l'aspect de la destruction et de la mort. On n'a pu découvrir par qui et quand le Guildo a été bâti. On le croit très-ancien. Quelques-uns ont prétendit que, dans le sixième siècle, vers l'an 560, il appartenait à Conobore ou Comore, prince breton ; qu'il y donna asile à Chram, fils rebelle de Clotaire Ier, roi de France, qui s'était allié avec le prince breton dont on vient de parler. Abordé sur cette côte avec une flotte, il s'avança vers le territoire français ; ce qui attira sur lui une armée française commandée par son père. Selon cette version, une bataille eut lieu non loin de la côte ; Comore fut tué, Chram fait prisonnier et brûlé avec sa femme et deux de ses filles , dans un village , par ordre de son père [Note : Grégoire de Tours parle de la marche en Bretagne de Clotaire contre les Bretons ; mais il ne dit pas où la bataille a eu lieu. On lit dans la vie de Constantinien, qui habitait alors dans le Maine, qu’il vit passer Clotaire et lui prédit la victoire. Deric fait passer Clotaire par Dol. Des Fontaines, dans le Maine, qu’il vit passer Clotaire et lui prédit la victoire. Deric fait passer clotaire par Dol. Des Fontaines, dans son Histoire des ducs de Bretagne, indique la bataille entre Saint-Malo et Châteauneuf. Comme Chram était venu par mer, il a pu descendre dans le voisinage du Guildo]. Une observation faite dans la commune de CREHEN, près du bourg de ce nom, et dans un petit hameau, à la distance d'environ une lieue du Guildo, a fait reconnaître un ancien tombeau (un tumulus), dont une partie entamée offre à l'intérieur des débris d'ossemens calcinés et du charbon. Une merveilleuse tradition, conservée par les paysans du lieu, raconte que la nuit on voit sortir de cette butte une femme qui va laver son linge à un ruisseau du voisinage. Un fait plus certain, et qui attache à ces ruines de douloureux souvenirs, est d'apprendre que c'est là que commencèrent les horribles persécutions que le duc de Bretagne, François Ier, fit éprouver au plus jeune de ses frères, prince Gilles de Bretagne. Ce dernier vivait en mauvaise intelligence, il est vrai, avec son aîné, parce qu'il avait à se plaindre du partage qu'on lui avait donné. Mais le frère, souverain, abusant de son autorité, ou poussé par des ennemis du prince Gilles de Bretagne, conçut l'affreux dessein de perdre son jeune frère. Alors régnait en France Charles VII, qui tenait momentanément sa cour à Chinon, dans l'Anjou. Le duc Francois Ier, s'y rendit pour rendre hommage de son duché au roi ; ce qu'il fit selon la coutume de ses prédécesseurs. Il cita son frère au roi comme traître à la France et à la Bretagne, voulant, disait-il, faire entrer les Anglais en France. Charles écouta ces calomnies. Les deux souverains convinrent de faire arrêter le prince Gilles. Le duc de Bretagne, sans égard au sang, sans considération pour l'honneur de sa nation, souffrit que Charles VII le fit arrêter au château du Guildo. Voici de quelle manière le souvenir en a été gardé dans un écrit qui date du siècle suivant, et dont le langage se ressent de celui de l'événement : « Messire de Brezé o tout (avec) quatre cents lances, arrivèrent devant place du Guildo un dimanche, 26 juin de l’an 1446. En ce château était Monseigneur Gilles de Bretagne avec les dames, c'est à savoir madame sa femme, madame Catherine de Rohan, mère d'icelle, et plusieurs dames et damoiselles. L'arrivée de ces gens d'armes ne fit aucunes émotions sur l'esprit de ce prince, car il croyait recevoir des amis ; mais bientôt il s'aperçut du contraire, car ceux-ci prinrent au corps, assez lourdement, Monseigneur Gilles de Bretagne, le tirèrent hors de la place, et l'emmenèrent en la ville de Dinan, où était son frère ». A peine Brezé, alors sénéchal du Poitou, fut parti de Chinon, qu'Arthur de Bretagne, connétable de France, oncle du duc François Ier et du prince Gilles, s'adressa au roi, et lui représenta l'injustice qu'il venait de commettre. Le roi se repentit, et dit au connétable : « Beau cousin, pourvoyez-y ; autrement la chose ira mal ; le duc et les autres ont délibéré de le prendre ». Le connétable se rendit en toute hâte en Bretagne ; mais le prince était remis à la justice du duc, qui ne voulut point le relâcher. Cette même année 1446, au mois d'août, les États du pays furent convoqués à Redon. Le duc se porta accusateur de son frère, comme coupable de trahison envers son pays et la France, et pour cette félonie méritant la mort. Il se trouva à ces États des hommes vertueux et de courage qui défendirent le jeune prince. Un seigneur de Combourg entraîna l'assemblée en faveur de la victime. Il dit qu'il affirmait sur sa tête qu'il n'y avait pas céans un meilleur Breton que Gilles de Bretagne ; qu'il ne baillerait aucun consentement à sa mort, mais plutôt requerrait sa délivrance. Le prince y fut acquitté des chefs d'accusation, mais ne fut pas pour cela mis en liberté. L'irascible duc dit qu'il se réservait de l'accuser autrement. Gilles fut remis en prison à Châteaubriant, ensuite, pendant trois ans, conduit de prison en prison, jusqu'à ce que, renfermé dans un cachot à la Hardouinaie, il y reçut la mort de ses bourreaux. Aujourd'hui, aux pieds des murailles du Guildo, trois cent quatre-vingt-trois ans après l'événement que nous venons de raconter, lequel s'y passa au grand chagrin des habitans, qui vivaient en paix, nous nous rappelons encore qu'un siècle et dense plus tard (1790), les troupes d'Henri IV en chassèrent celles de la Ligue, puis en 1597, qu'un des chefs de la Sainte-Union, sous les ordres du duc de Mercœur, s'en empara de nouveau avec deux mille hommes. Alors on se servait communément de l'artillerie. Aussi a-t-on trouvé une pile de boulets dans une retraite au-dessus de la poterne. Un dernier souvenir est celui d'un proscrit qui, durant nos derniers troubles civils, de pénible mémoire, s'était fait une cache dans ces ruines ; c'était un Châteaubriant. Il les quitta, fut pris et fusillé à Paris. Celui dont l'esprit est enclin aux idées poétiques, sera inspiré à la vue de ces vieilles tours, et les sujets ne lui manqueront pas. Si c'est un peintre, un beau tableau se présentera à son imagination. Le prince Gilles vient de quitter le jeu de paume ; il reçoit cordialement le sire de Brezé, armé, et les dames, placées dans une galerie, sont  témoins de cette réception. Le pendant de ce tableau serait la désolation qu'entraina avec elle la trahison de Brezé et de ses hommes d'armes, en s'emparant du prince. C'est ainsi qu'en signalant nos vieux châteaux bretons trop négligés, il s'y rattachera un intérêt jusqu’à présent inconnu " (Maudet de Penhouët, 1829)

le manoir de Bréjerac ou Brégerac (XV-XVIIème siècle), propriété de la famille Leroy Bouetoux et La Motte Rouge. L'édifice est remanié du XVIIème au XIXème siècle ;

le manoir de La Hingandais (XVII-XXème siècle), restauré au XXème siècle. Propriété successive des familles Hingand, Lebreton, Lemaire et de l'abbé Giblaine. Ce dernier transforme l'édifice en un Hôpital. L'hôpital est agrandi aux XIXème et XXème siècles. Ce manoir possédait jadis une chapelle domestique, aujourd'hui détruite ;

les anciens manoirs de la Ménardais et de la Ville-Yvonnet, aujourd'hui disparus. Le manoir de la Ménardais appartenait à la famille de Lesquen, avant la Révolution, puis à la famille O'Murphy. Le manoir de la Ménardais possédait une chapelle domestique située jadis dans l'aile à l'Est du manoir ;

l'ancien couvent des Carmes ou manoir du Guildo (XVIIIème siècle), situé au port du Guildo. Ce couvent succède à une ancienne collégiale fondée par Robert de Dinan en 1420 : Au commencement du XVème siècle, Charles et Robert, vicomtes de Dinan et seigneurs du Guildo, fondèrent, près de leur château, une église à laquelle ils attachèrent une maison conventuelle et quelques revenus. Ils y appelèrent huit prêtres ou chapelains . Cette fondation est approuvée et autorisée par Robert de la Motte, évêque de Saint-Malo, le 24 octobre 1420. Durant plus de deux siècles, ce collège, comme l'appellent les anciens titres, avait subsisté paisiblement, lorsqu'un différend arrivé, en 1618, entre Jean d'Avaugour et les chapelains, décide ceux-ci à abandonner leur communauté pour faire place à des religieux Carmes que d'Avaugour se propose d'y établir. Il s'ensuit une transaction en date du 8 mars 1619 approuvée le 20 du même mois, par Guillaume Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo et par lettres-patentes du roi, en date du 4 avril 1621, vérifiées au parlement de Rennes, le 23 novembre suivant, et à la chambre des comptes de Nantes, le 13 février 1622 et le 20 février 1630. En 1620, les Carmes sont solennellement installés dans les bâtiments conventuels du Guildo. Pour perpétuer le souvenir de cette fondation, les religieux placèrent dans leur église, du côté de l'évangile, une large table de marbre noir surmontée des armes de l'écu des sieur et dame d'Avaugour. Au-dessus de cet écu aux armoiries, en partie étrangères à la Bretagne, était gravée l'inscription suivante : "Ceste église a été premièrement fondée par les seigneurs barons du Guildo et dotée par Charles et Robert de Dinan, barons du dict Guildo et de Chasteaubriand, l'an 1420. De grands et amples revenus affectés à leur chapellenies desservies par leurs chapelains prêtres, à la charge de faire prier pour tous les seigneurs du dict lieu et leurs successeurs et de célébrer quatre messes, par jour, à leur intention, l'une chantée, à haute voix, dans la dite église. Depuis longtemps, l'indifférence du siècle avait apporté la corruption des moeurs, et les guerres survenues en 1588, la ruine de cette esglise. Elle a été augmentée et réédifiée par haut et puissant seigneur Messire Jean d'Avaugour, marquis du Bois-de-la-Motte et baron du dict lieu du Guildo qui a établi en icelle les religieux réformés de l'ordre du Mont-Carmel, l'an 1620. Auxquels il a donné les jardins et vergers du monastère, leur a octroyé les rentes et revenus assignés, comme fondateur et représentateur des dites chapellenies, aux mêmes conditions imposées par les dicts de Dinan et aultres. Sont obligés les dicts religieux au jour du décès du dict seigneur marquis, de dire un service, avec veille des morts et durant l'octave, chacun jour, à la dicte église, une messe à basse voix ; et les dicts jours de l'octave et bout de l'an, un service avec vespres des morts. Durant la vie du dit seigneur, les jours de fête de Notre-Dame, dont la litanie de la Vierge à son intention....". Marguerite d'Entragues, seconde épouse du sire d'Avaugour, décède le 8 février 1651 et elle est enterrée dans l'église des Carmes. En 1679, le prieur se nomme Nicolas de Saint-Placide. Le 24 mars 1755, les pères Carmes du Guildo "octroyèrent à M. Guy-André-Bernard de Courville, écuyer, ancien officier d'infanterie, demeurant dans son manoir de La Pichardais, près Le Guildo, en Crèhen, le droit de placer un banc fermé à accoudoir et armoyé de ses armes, dans leur église conventuelle du Guildo" (ce droit fut accordé par le frère Maximin de Saint-Jacques, prieur, et les frères Joseph-Marie de Saint-Martin, Silvestre de Saint-Louis, Fortunat de Saint-Guy, Honoré de Saint-Henry). Le 9 juin 1757, sont cités le Révérend père Pierre Boiron, prieur des Carmes du Guildo, le père Césaire de Saint-Joseph et le père Urbain Lejoûteux. Une expédition anglaise (dont les chefs étaient le général Bligh et l'amiral Howe) passe au Guildo en 1758. En 1786, la communauté des pères Carmes du Guildo ne compte plus que trois membres : le révérend père dom Armand Sauvée, prieur, et les révérends pères dom Saint-Gratien Ménager et dom Georges Quénélan. Le père F. Piet de la Bellangerie est le dernier des prieurs. Les Carmes du Guildo abandonnent leur couvent, vers le milieu de l'année 1791. Ce couvent qui devient bien national à la Révolution, est vendu à madame de Chappedelaine qui le revend peu après. Il devient plus tard la propriété de M. Mannoury-la-Cour, maire de Créhen. L'église disparaît au début du XIXème siècle en étant vendue pour la pierre ;

Voir Ville de Créhen (Bretagne)   Le Couvent des Carmes du Guildo

9 moulins dont les moulins à eau de Taillefer, Riot, Launay, Rault et le moulin à vent de Meneguen ainsi que les deux moulins à vent de La Lande,…

Ville de Créhen (Bretagne).

A signaler aussi :

l'allée couverte de la Ville-Guénouhan ou Ville-Genouan (époque néolithique). Elle est composée de cinq ou six grands dolmens juxtaposés. Ces dolmens passent dans le pays pour des autels païens ou druidiques ;

la découverte de haches en bronze, non loin du bourg ;

l'ancien tumulus aujourd'hui détruit et situé jadis au lieu-dit la Motte ;

la présence d'une villa romaine à la Touche ;

la communauté des sœurs de la divine Providence (XIX-XXème siècle). Cette communauté est fondée le 20 octobre 1822 par l'abbé Guy Homery (1781-1861), recteur de Créhen ;

Ville de Créhen (Bretagne).

le pont du Guildo est inauguré le 25 mai 1864. Un nouveau pont est inauguré le 30 juin 1974 ;

Voir   Ville de Créhen (Bretagne) " Informations diverses sur la ville de Créhen ".

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ANCIENNE NOBLESSE de CREHEN

L'histoire médiévale de Créhen se confond avec celle des deux principales seigneuries, à savoir La Touche à La Vache et le château de Guildo, construit par les Dinan-Montafilant. La terre du Guildo est érigée en baronnie pour Jean d'Avaugour, seigneur de Saint-Laurent, le 6 juillet 1623.

Les terres nobles de Créhen étaient : la Touche-à-la-Vache qui possédait un droit de haute justice, le château de la Menardais, et les terres de Lambaudaie et de La Hingandais (ou Hingodais).

Note 6 : Etendue de la Châtellenie de la Touche au XVème siècle. En 1421, Olivier La Vache paraît comme chevalier bachelier, en compagnie de Jehan La Vache, écuyer ; tous deux faisaient alors partie les hommes placés sous le commandement de Pierre de Tournemine, seigneur banneret de la Hanaudaye (Dom Morice, Preuves II, col 1089). On appelait alors, chevaliers bacheliers, les seigneurs qui possédaient un fief de haute justice, dit fief de Haubert, allusion à l'obligation où étaient ceux qui jouissaient de ces sortes de fiefs, de suivre leur prince à la guerre en équipage de chevalier. Aussi cette appellation appliquée aux seigneurs de la Touche suffit-elle à nous faire connaître l'importance de cette seigneurie, de laquelle dépendaient outre les terres sises en Créhen, la terre dite « de Saint-Eloy de Landebia » comprenant environ 200 journaux de terre situés dans la paroisse du même nom, et « la seigneurie de Saint-Rieul » contenant environ 613 journaux de terre, c'est-à-dire la quasi totalité de la paroisse de Saint-Rieul. Ce dernier fief avait une origine ancienne, car un acte de 1297, reproduit au tome troisième des Anciens Evêchés de Bretagne, nous montre que, dès cette époque, la famille La Vache possédait la seigneurie de Saint-Rieul. D'ailleurs ces deux terres, Saint-Eloy de Landebia et Saint-Rieul, ne formaient autrefois qu'un seul et méme fief. Leurs propriétaires furent les mêmes jusqu'en 1586, et sur les titres les plus anciens, la seigneurie de Saint-Eloy de Landebia est toujours désignée sous le nom de seigneurie de la Touche à La Vache (Archives départementales des Côtes-d'Armor, E. 493). Les La Vache possédaient aussi des biens dans d'autres paroisses que Créhen, Saint-Rieul et Landebia, car en 1429, Olivier fit l'assiette de partage de sa soeur Jane à Sévignac et à Saint-Launeuc (Pontbriand. Encore un Ancien Armorial breton, page 39. Lafolye, Vannes 1894).

Note 7 : Les derniers membres de la famille La Vache. Olivier La Vache mourut en septembre 1422. Sa veuve Honorée du Bois lui survécut jusqu'en juillet 1431. Elle reçut en douaire des mains de Geoffroy Baluczon, receveur à Lamballe, le tiers des produits de la seigneurie. D'un aveu qu'elle rendit en novembre 1422, au nom de son fils Gilles La Vache, nous voyons que cette famille était en possession d'un droit de bouteillage à la foire de Saint-Eloy de Landebia qui tombe le 25 juin. « Le dit droit consistant à prendre deux pots par pipe de chaque liqueur que vendent les taverniers, le tout pouvant rapporter 30 livres par année » (Archives des Côtes-d'Armor, E 493). Ce même acte porte aussi mention de droits à peu près semblables dans la paroisse de Saint-Rieul, ainsi que des droits de haute justice et de patronage dans l'église de Landebia. Grâce à leur droit de patronage, les seigneurs de la Touche avaient les honneurs et prééminences à Landebia, lors de la messe paroissiale. Ils recevaient le pain bénit avant les autres fidèles ; de plus le recteur devait leur offrir l'eau bénite immédiatement après l'aspersion du clergé, prier pour eux nommément au prône chaque dimanche. Il devait encore les encenser les premiers lorsqu'ils assistaient à la grand'messe et aux vêpres. Enfin comme seigneurs patrons de l'église, les seigneurs de la Touche avaient à Landebia le premier rang à toutes les processions. Gilles La Vache, mineur à la mort de son père Olivier, eut pour tuteur Jehan La Vache, compagnon d'armes de celui-ci. Nous le trouvons faisant aveu (Note : Le 14 décembre 1457, Gilles La Vache obtint un répit d'hommage, mais nous ignorons à quel propos. – Morice, Preuves II, col. 1714) en 1437. Il épousa Marguerite Madeuc, de la famille des seigneurs du Guémadeuc. De leur union, nous connaissons deux descendants, un fils qui fut Guyon La Vache et une fille appelée Jacquette, laquelle se maria à Raoul du Plessis-Gautron, en Sévignac. Le 16 mars 1476, Marguerite Madeuc, dame de la Touche, est veuve et rend aveu au nom de ses enfants « pour droit d'assemblée le jour Saint-Eloy, droit de faire au bourg de Landebia le lendemain, droit de coutume, bouteillage, franchise, exécution et liberté, (sic) droit sur le beurre, échaudés et badies (cerises douces) qui se vendent les dits jour de fêtes » (Archives départementales des Côtes-d'Armor, E, 493).

Note 8 : Extinction de la branche aînée des La Vache. Guyon La Vache (Note : Guyon La Vache fit hommage le 5 mars 1495 pour une pièce de terre sise près du Plessis Balisson et contenant 17 journaux de terre) qui parut le 8 janvier 1489, à la montre de la noblesse tenue à Dinan, et fut invité dans la circonstance « à fournir des hommes d'armes, archiers et coustilleurs selon que sa richesse le montre », ne dut pas laisser d'héritier mâle. Nous voyons en effet Jeanne La Vache, sa fille selon les uns, sa soeur, selon les autres, propriétaire de la seigneurie de la Touche et faisant aveu en 1496 et en 1511 (Archives des Côtes-d'Armor, E, 493). Jeanne La Vache, dame d'honneur de la reine Anne de Bretagne, fut mariée deux fois : la première fois, nous dit Courcy, avec Jean de Québriac ; la seconde fois avec Jean Guibes, seigneur de Montfouché, capitaine de Rennes et vice-amiral de Bretagne. Nous nous demandons ici si Guillemette La Vache, qui, veuve du sire de Trémigon, épousa en 1480, Rolland du Breil de Rays (en Ploubalay) n'était point soeur de Jeanne La Vache ? En tout cas, l'honneur d'une telle union. — Rolland du Breil était président des parlements de Bordeaux et de Toulouse, — nous dit assez la réputation dont jouissait en Bretagne la maison des La Vache [Note : Nous ne noue sommes guère occupé jusqu'ici que de la généalogie en ligne directe de la famille La Vache. Mais elle comptait plusieurs branches cadettes. C'est ainsi que lors de la Réformation de 1440, Olivier La Vache demeurait à Plélan-le- Petit, à son hôtel du Miroüer. Il laissa un fils mort avant 1513, qui fut Pierre La Vache, sieur du Miroüer (Réformations de l'ancien diocèse de Saint-Malo, édition La Salle). Courcy dans son Armorial cite encore les La Vache comme ayant été seigneurs d'Ossé dans la paroisse d'Availles ; du Tertre en Saint-Aubin des Châteaux, et de la Touche en Saint-Vincent des Landes, diocèse de Nantes]. Nous ne savons non plus si Jeanne La Vache laissa des enfants de son mariage avec Jean Guibes, le neveu du fameux Landais, le favori du duc François II. Ce qu'il y a de certain, c'est que le 2 mars 1529, un Guion de La Motte, seigneur de la Touche à La Vache, paraît en qualité de procureur du sire de Montafilant, à l'assemblée de la noblesse de Bretagne, réunie aux fins d'aviser aux moyens de faire contribuer les gentilshommes au paiement de la rançon du roi François Ier, prisonnier en Espagne (Lobineau, II, col. 1599). Qu'était-ce que ce Guion de la Motte ? — Nous ne l'avons trouvé figurant sur aucun autre document ; mais peut-être pourrait-on l'identifier avec Guyon La Vache, père de Françoise La Vache que nous allons trouver tout à l'heure comme propriétaire de la terre et châtellenie de la Touche.

Note 9 : Les Plorec, seigneurs de la Touche. Nous voyons en effet le 16 octobre 1538 (Archives des Côtes-du-Nord, E, 493) Françoise La Vache, fille de Guyon et de Raoulette Ruffier faire aveu avec son mari Julien de Plorec, seigneur dudit lieu, du Bois-Bily et du Plessis-Plorec. En 1556 Françoise rendit aveu pour la terre de Saint-Rieul avec haute-justice en Saint-Rieul et Landebia (Archives des Côtes-du-Nord, E, 134). Le 28 décembre 1557, elle parut en qualité de dame de la Touche à la Vache à la montre des gentilshommes de l'évêché de Saint-Malo tenue à Dinan. (Morice, Preuves, col. 1207). Elle dut décéder avant 1559, car nous voyons sa fille faire aveu à cette date pour les propriétés maternelles. Avec elle s'éteignit la dernière descendante de la branche aînée des La Vache (Note : Nous ne savons comment concilier nos indications puisées aux archives des Côtes-d'Armor avec ceux qui font Julien de Plorec épouser en 1545 Catherine de Rosmadec — Julien de Plorec, selon M. de Carné, aurait été chevalier de Saint-Michel).

Note 10 : Les d'Acigné de Grandbois, seigneurs de la Touche. Claude de Plorec, fille et principale héritière de Julien de Plorec et de Françoise La Vache, épousa Louis d'Acigné, l'un des plus riches seigneurs de Bretagne, si nous en jugeons par ses titres de propriétés. Il s'intitulait en effet dans un aveu de 1577, sire de la Roche-Jagu, Grandbois, Troguindy, Lannoy, La Villemariou et Treleven, vicomte de Quemper-Guezennec et Pontrieu-Frinaudour (Archives des Côtes-d'Armor, E, 2845). D'Hozier cite aussi son nom parmi les chevaliers de Saint-Michel. La famille dont il descendait, figurait parmi les plus illustres. Nous trouvons ses premiers membres connus combattant dès le XIème siècle pour l'indépendance de la Bretagne. Vers la fin du XIVème siècle, un Pierre d'Acigné, compagnon d'armes du comte d'Anjou, fut grand sénéchal de Provence ; tandis qu'à la même époque, son frère Jean se couvrait de gloire à la bataille de Nicopolis. Les armoiries des d'Acigné étaient d'hermines à la fasce alésée de gueules, chargée de trois fleurs de lys d'or. Ils avaient pour devise ces trois mots : « Neque terrent monstra ». Malgré tout le renom des d'Acigné, leur passage à la Touche ne fut cependant pas heureux pour cette châtellenie. Mais n'anticipons pas l'ordre des événements. Le 22 juillet 1560 Louis d'Acigné et Claude de Plorec font aveu pour la partie de la seigneurie de !a Touche à la Vache qui relevait du Penthièvre. Ils mentionnent dans cette pièce qu'ils ont droit « de fourches patibulaires à trois pots ». Dans un autre aveu rendu en 1571, à cause de la juridiction de la châtellenie de la Touche, ancien fief, ils déclarent posséder une haute justice à quatre juges, ainsi qu'un droit de sergentise féodée. Quelques années auparavant, le 7 mars 1569, Claude de Plorec, dame la Touche, figure à Dinan sur le rôle de la noblesse établi par les soins des commissaires du roi, comme devant deux arquebusiers pour le service de sa Majesté (Morice, Preuves III, col. 1539). La châtelaine de la Touche mourut probablement dans les environs de 1580 et son mari l'avait déjà précédée dans la tombe, si l'on s'en tient à un aveu rendu en 1584, par leur fils et héritier principal Jean d'Acigné, pour les manoirs et métairies de la Grande Gibonnais, en T rév ron et du Pont-Ruffier, en le Hinglé (Archives de la Chambre des Comptes de Nantes, B, 1295). Les autres enfants de Louis d'Acigné et de Claude de Plorec furent : selon du Paz : Claude, dame de la Gibonnaye, qui se maria à François du Breil de Rays, Elisabeth, qui épousa Claude du Nevet et devint mère de Jacques, baron du Nevet, assassiné en 1616, par le seigneur du Guémadeuc, en Erquy, pour une question de préséance. Enfin la cadette prit pour époux le seigneur du Guébriand et mourut sans postérité. L'héritier principal de Louis d'Acigné, avons-nous dit, fut son fils Jean qui dans un acte du 8 juin 1583, s'intitulait seigneur de Grandbois en Landebaëron ; la Touche à la Vache ; le Gibonnaye ; Dommenesche, en Sion, évêché de Nantes ; le Plessis-Plorec en Erquy ; Plorec et Landebia (Note : En 1585 Jean d'Acigné rendit aveu pour les seigneuries du Plessis Plorec, et Saint Rieul - Archives des Côtes-d'Armor, E 147). Selon du Paz, il se maria à Jeanne du Bueil, (d'autres disent Anne du Breil). Toujours d'après cet auteur, il vivait encore en 1620. D'Hozier, dans ses notes sur les Chevaliers de Saint-Michel, l'appelle sire et marquis d'Acigné, comte de Grandbois, vicomte de Quimper, baron de Montejan, sire de la Rochejagu, etc., gentilhomme ordinaire à la chambre du Roi, capitaine de cinquante hommes d'armes et chevalier de l'ordre du Roi. Une transaction, conclue le 21 novembre 1599 entre lui et son beau-frère François du Breil de Rays, porte expressément que Jean d'Acigné demeure ordinairement à la Tousche à la Vache, paroisse de Créhen (Nos Chevaliers de Saint-Michel, Preuves, page 310). Son fils aîné Honorat d'Acigné épousa la fille du seigneur du Lezay (Laval-Lezay). On lui connaît encore une fille nommée Anne, mariée au seigneur de Kergoët et un fils appelé Jean que du Paz qualifie de seigneur de la Touche. Ce dernier s'allia avec Marguerite Fleuriot, dame de Carnavalet. Nous avons en mains un convenant du 7 juillet 1639, dans lequel ce Jean d'Acigné prend le titre de baron de la Touche. Il agissait alors en qualité de curateur d'un de ses fils qui portait comme lui le nom de Jean et était marié, quoiqu'il dut être fort âgé, à Jeanne du Dresnay, fille et héritière du seigneur de la Roche-Huon. Quelques années plus tard, en 1651, un autre convenant nous montre ce Jean d'Acigné et son épouse se faisant appeler seigneur et dame de Carnavalet. Enfin en 1656, Jeanne du Dresnay paraît seule sur les baux, ce qui semble indiquer que son mari était mort. Laissa-t-il des enfants, nous n'en savons rien : en tout cas, la Touche revint à son cousin germain, Honorat-Auguste d'Acigné, comte de la Roche-Jagu. Mais nous ne saurons affirmer que ce fut par héritage. Bien que la famille d'Acigné compta parmi l'une des premières de Bretagne, nous n'avons pu trouver en somme que peu de renseignements sur les seigneurs de la Touche au cours du XVIIème siècle. Ce qui a rendu, à ce point de vue, notre tâche difficile encore, c'est que la partie de la Touche à la Vache située dans la paroisse de Créhen relevait directement du roi ; aussi les Archives des Côtes-d'Armor ne contiennent-elles rien à son sujet. Nous avons relevé sur les registres paroissiaux de Saint-Pierre en Saint-Georges de Rennes : "Le 26 janvier 1636, noble et puissant Honorat d'Acigné, comte de Grandbois, de la paroisse de Cleffs (ou Clefs), évêché d'Angers, et marié en premières noces à Jacqueline de Laval, dame de Lezay, se remaria à Marguerite de Coëtnempren, déjà veuve de Guy de Keraldanet et de Charles de Sévigné. le même jour, son fils aîné Honorat-Auguste, comte de la Roche-Jagu se mariait à Renée de Keraldanet" (Note : le 10 novembre 1670, Honorat-Auguste d'Acigné, comte de Grandbois et de la Roche-Jagu, et autres chevaliers et le sieurs de Kernavalet, firent reconnaître leur noblesse comme d'ancienne extraction et chevalerie. Les tous chevaliers, demeurants en la ville de Paris, rue du Bac, place Saint-Sulpice, portaient d'Hermines à une fasce de gueule chargée de trois fleurs de lys d'or - Pontbriand, Un ancien Armorial breton). Veuf de cette dame, il épousa plus tard Marie Loz de Kergouanton, dont il n'eut pas d'enfant. A sa mort, il se retira à l'Oratoire ; il y mourut en 1673 (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1662).

Note 11 : Démembrement de la terre de la Touche. Honorat-Auguste d'Acigné continua le démembrement de la terre de la Touche à la Vache, déjà commencé en 1586, par son grand-père, lors de la cession de la seigneurie de Saint-Rieul. Le 20 décembre 1666, noble et puissant Honorat d'Acigné, chevalier, seigneur comte de Grandbois, en Landebaëron ; baron de la Rochejagu, en Ploëzal ; vicomte de Quemper, en Quemper-Guezennec, disant alors résider au château de la Touche à la Vache, passa contrat avec René Ier de Kergu (en Mégrit), chevalier, seigneur du Bois-Gerbault, en Ruca ; le Tertre des Nos et autres lieux, résidant au manoir du Tertre des Nos, en Planguenoual. Par cet acte, Honorat d'Acigné vendait à René de Kergu la terre de Saint-Eloy de Landebia, avec le droit de fondation et supériorité de l'Eglise, du cimetière et de l'hôpital de la paroisse de Landebia qui étaient attachés à la possession de ce fief, lequel cessa dès lors de porter le nom de la Touche à la Vache pour prendre celui de Saint-Eloy de Landebia (Archives des Côtes-d'Armor, E. 273). Le petit-fils de René Ier, René III de Kergu, époux de Jacquemine de la Motte, rendit aveu en 1693, à la princesse de Bourbon, duchesse de Penthièvre pour la terre de Landebia. Comme cette pièce, qui contient entre autre une très curieuse description de l'ancienne église de Landebia, ne fait que relater des droits dont avaient joui autrefois sur la terre de Landebia, les seigneurs de la Touche, nous allons résumer ici brièvement cet acte. René III déclare posséder sur la foire et assemblée de Saint-Eloy des droits dont nous avons déjà fait mention ailleurs. Il dit avoir aussi haute, basse et moyenne justice « et tout ferme droit et création de tous officiers pour justice exercer » ; « plaids généraux tenus sans assignation, le lendemain de la foire de M. Saint-Eloy, pour y faire les adjutages et bouteillages et autres exercices de juridiction ». Et de plus, continue le même aveu, le seigneur de Kergu comme successeur des seigneurs de la Touche, se déclare « fondateur et dotateur de l'église et chapelle de Landebia et posséder tant au choeur qu'en la nef, enfeu, tombeau, escabeau, ceinture et lizière (Note : Le droit de ceinture et lisière consistait à cette époque dans une bande noire que l'on faisait peindre sur tout le contours tant intérieur qu'extérieur d'une église, et sur laquelle de distance en distance, le seigneur faisait figurer ses armoiries) au dedans et au dehors, et tous autres droits honorifiques, prééminences et prérogatives, avec toute coercion sur ses hommes obligés au guet dans son château du Plessis Trehen, en cas d'hostilité ».

Note 12 : Les derniers d'Acigné, seigneurs de la Touche. Nous n'avons que peu de chose à dire sur les seigneurs de la Touche à la fin du XVIIème siècle. Les d'Acigné avaient délaissé complètement ce vieux manoir et se contentaient de percevoir les revenus de ce domaine, pour lequel ils avaient vraisemblablement passé un bail. Nous avons en effet trouvé un contrat dressé le 31 janvier 1673, entre Pierre Nicolaye, demeurant au château de la Touche à La Vache et Gilles Menard et Lejeune son beau-père, demeurants au manoir noble de la Cordonnais (ou Cordonnaye), en Trégon (Archives des Côtes-d'Armor, E, 273). Ce Pierre Nicolaye a tout l'air dans la circonstance d'être locataire du château ; aussi croyons-nous, n'est-ce pas aux d'Acigné qu'il faut attribuer le vaste manoir qui s'élève tout à côté du vieux castel féodal des La Vache et dont les constructions paraissent remonter aux débuts du XVIIIème siècle. D'ailleurs, si nous nous en tenons aux auteurs des Anciens Evêchés de Bretagne, les derniers d'Acigné n'habitaient plus dans cette province et, nous disent ces historiens, ce n'étaient pas précisément les bénédictions de la foule qui accompagnèrent la dernière épouse d'Honorat-Auguste d'Acigné, Marie Loz de Kergouanton, la dernière fois que cette châtelaine quitta le magnifique manoir de la Rochejagu (ou Roche-Jagu) pour regagner la capitale, traînée dans son superbe carrosse à six chevaux. Nous savons par un aveu de la Chambre des Comptes de Nantes, classé sous la côte B. 1662, que son mari Honorat-Auguste mourut en 1673, laissant toutes ses terres à sa fille Marie-Anne issue de son mariage avec Renée de Keraldanet. Un autre aveu de l'époque nous donne le détail des possessions de cette riche héritière ; nous les citons ici pour mémoire : c'étaient La Rochejagu (ou Roche-Jagu), Grandbois, la Ville-Marion, Botloy-Lezardré, Portrieu-Frinaudour, Quemper-Guezennec, Troguindy, La Touche à la Vache, Kerveniou et Kergariou. Malheureusement tout ce que nous savons de la Touche à la Vache à cette époque, c'est qu'alors cette châtellenie était soumise à un droit de rachat envers la baronnie du Guildo (Note : Archives Chambre des Comptes, B, 2206 et B, 2211, d'après des aveux rendue en 1680 et 1694, par les barons du Guildo). La nouvelle châtelaine épousa le propre frère de son père, Jean Léonard d'Acigné, seigneur de la Motte-Souzay, en Touraine, qui devint du chef de sa femme, comte de Grandbois et d'Acigné. Lors de la réforme de l'ordre de Saint-Michel, il eut le rare honneur de recevoir le collier de cet ordre, le 18 avril 1665, après avoir préalablement justifié de ses services et de sa noblesse, selon la teneur des récentes ordonnances royales. Jean Léonard mourut le 3 mai 1703, âgé de 86 ans. Malgré l'étroite parenté qui l'unissait à sa femme, nous doutons cependant que les deux époux vécussent en bonne intelligence, car des aveux de 1678 et de 1682 nous font savoir quo Marie d'Acigné était alors séparée de biens d'avec son mari. Une seule fille naquit de l'union du comte et de la comtesse d'Acigné. Ce fut Anne-Marguerite qui fut recherchée en mariage par Louis-Armand du Plessis, pair de France, prince de Mortagne, duc de Richelieu et de Fronsac et déjà veuf une première fois. Elle l'épousa le 30 juillet 1684, et cette union eut pour résultat de faire passer l'antique seigneurie des la Vache dans la maison qu'avait à jamais illustrée le grand Cardinal de Richelieu. Nous ne savons cependant si la duchesse de Richelieu vit la chose s'accomplir, car elle mourut jeune encore, le 19 août 1698. Malgré tout, la chose est possible, car la comtesse d'Acigné avait mis sa fille en possession anticipée de quelques-unes de ses terres. C'est ainsi qu'un aveu (Archives des Côtes-d'Armor, E, 1797) conservé aux Archives des Côtes-d'Armor nous montre la duchesse de Richelieu faisant hommage avec son mari pour la seigneurie de Grandbois, du vivant de sa mère, qui ne mourut, croyons-nous, que vers 1725 (Note : Archives des Côtes-d'Armor, E, 925 : Minu rendu pour le rachat de dame Marie-Anne d'Acigné par Pierre Jeffrezies, procurateur de Louis du Plessis de Richelieu et autres héritiers). Anne-Marguerite d'Acigné laissa quatre enfants, dont l'aîné Louis-Armand-François, le futur vainqueur de Mahon, devint célèbre autant par ses vices, que par son renom militaire. L'aînée des filles, Catherine-Armande épousa le marquis du Chatelet ; quant à ses sœurs Elisabeth et Marie-Gabrielle, elles se firent religieuses.

Note 13 : Les Scot seigneurs de la Touche. Un certain nombre d'actes conservés aux Archives des Côtes-d'Armor nous apprennent que le jeune duc de Richelieu ne tarda pas à se débarrasser par la vente, de plusieurs des seigneuries sises en terre bretonnante, dont la mort de sa grand'mère l'avait mis en possession. Bien que nous n'ayons, trouvé aucun document positif concernant ce sujet, nous pensons cependant que c'est aussi par acquêt qu'il faut expliquer le passage de la Touche aux mains de messire Jacques Scot de Balvery. Quant à la date de cette vente, nous croyons pouvoir la reculer au moins jusqu'après 1734. Nous trouvons en effet que le 3 mai de cette même année, écuyer Jacques Scot et Jacquemine Poulain, son épouse résidaient ensemble en la ville de Lamballe : or l'acte auquel nous faisons allusion ne semble nullement indiquer que la Touche fit alors partie de leurs domaines. Quoi qu'il en soit, M. Scot appartenait à une vieille famille écossaise passée depuis plus de deux cents ans au service de la France et dont l'un de ses membres M. Scot de Martinville (Note : Martinville, en Pluduno) devait se distinguer à la bataille de Saint-Cast, où il servait en qualité de volontaire. A l'occasion de cette mémorable affaire, nous trouvons la note suivante insérée par le recteur de Créhen, à la fin du registre des baptêmes et des mariages de cette année de cette paroisse : « M. Ruellan, homme d'affaire de M. Scot, seigneur de cette paroisse, et Joseph Gautier, maitre menuisier, postés sur la rive opposée du côté de Saint-Potan, et couverts par un petit mur de jardin, firent feu sur l'avant-garde de l'armée anglaise lorsqu'elle tenta le passage du Guildo et la firent reculer ». Le possesseur de la Touche s'appelait alors Messire André-Joseph Scot, époux de dame Anne du Pontavice. Il mourut le 9 janvier 1759 et fut inhumé dans la chapelle du château de la Touche. Quelques mois avant son décès, il s'intitule dans un acte notarié, seigneur fondateur de l'église paroissiale de Créhen, et vend en cette qualité à M. Victor de Lesquen de la Menardais, le droit de posséder dans l'église de Créhen, « un banc fermé, à dossié et accoudoüer, et armorié de ses armes, le tout pour une somme de quatre livres à payer annuellement au trésorier de la fabrique de Créhen ». (Notes de M. Dubois, ancien notaire de Plancoët). Le 7 janvier de cette même année 1758, un frère d'André Scot, messire François-Hyacinthe-Jean Scot, âgé de quarante-quatre ans, lieutenant du roi à Saint-Malo et autres lieux, chevalier de Saint-Louis, originaire de Lamballe, fils de Jacques Scot, seigneur de la Touche et de Jacquemine Poulain, fit baptiser à Saint-Malo, le premier-né de son mariage avec Louise Mousset (Registres paroissiaux de Saint-Malo, édition Paris-Jallobert). L'enfant reçut les prénoms de Malo-Pierre-François. Son parrain fut Pierre Le Breton de la Vieuville, maire de Saint-Malo, qui le nomma au nom de toute la ville ; les premiers personnages de la cité tinrent à signer au registre ; malheureusement l'enfant ne vécut pas et nous trouvons son acte de décès daté du 7 septembre 1761. Quant à son père, François-Hyacinthe Scot, il mourut âgé de soixante et un ans, le 27 septembre 1772. Ses armoiries, comme celles de sa famille étaient « d'or à trois têtes de lion, arrachées de gueules, deux et un, lampassées d'azur ».. André et François Scot ne furent pas les seuls enfants issus du mariage de Jacques Scot et de Jacquemine Poulain ; nous connaissons encore les noms de Claire Scot, qui le 10 février 1739, épousa Toussaint Gesril du Papeu, dans la chapelle du château de la Touche. Ce fut encore là, que le 13 octobre 1744, Anne Scot, sa sœur, épousa Pierre de Gouyon, originaire de Saint-Père et domicilié à Plévenon. Elle eut pour dot la métairie de la Martinais, en Corseul qui valait alors 400 livres de revenu. Elle mourut en 1806, âgée de quatre-vingt-dix ans et fut inhumée dans le cimetière de Nazareth (Note : Anne Scot parait avoir continué d'habiter soit le château de la Touche, soit l'hôtel que sa famille possédait à Plancoët. Chose singulière, sur les actes de baptêmes de ses enfants, son mari prend le titre de seigneur de la Touche). Enfin André Scot, assigna en dot à Catherine, une autre de ses soeurs, la métairie de Bellevue, en Pléven, qui était louée à cette époque 400 livres par an. Cette demoiselle épousa peu après, le 22 avril 1758, dans la chapelle du château de la Touche, Henri-Urbain de Gouyon, seigneur de Beaucorps. André Scot mourut en 1784 et ses biens demeurèrent indivis entre René-Paul-Marie Scot et son frère François.

Quelques actes d'état-civil se rattachant à la famille Scot :

- 1751. 11 janvier. — Baptême de Jean-Henri Gouyon, fils de Mre Laurent-Pierre Gouyon, chevalier, seigneur de la Touche ,et de dame Anne-Françoise Scot, demeurant à la Touche, paroisse de Corseul (?) évêché de Saint-Malo. Cet enfant baptisé par permission de M. le recteur de Plancoët, dans l'Eglise du dit lieu. Parrain : Mre Jean Gouyon, chevalier seigneur des Brians, et du Bois Laurent, marraine : dame Claire-Denise Scot, dame du Papeu.

- 1752. — Baptême d'Anne-Françoise Gouyon, fille des mêmes (décéda le 7 décembre 1806, rue de l'Abbaye, âgée de 55 ans). L'enfant née hier, à l'Abbaye, a été baptisée le 23 janvier 1752, dans l'église de Plancoët par le curé de l'Abbaye, avec permission du Prieur de Corseul, et du recteur de Plancoët. Parrain : Mre François Scot, de Gardisseul, capitaine au régiment de Royal Infanterie, chevalier de Saint-Louis. Marraine : Catherine Scot, épouse de Mre Henri-Urbain Gouyon, chevalier, seigneur de Beaufort. Signé J. Rathier, curé de l'Abbaye de Corseul.

- 1756. 8 juin. — Baptême de Jeanne-Louise Gouyon, fille de Laurent Pierre, sr de la Touche, administré par Christophe Poullain, recteur de Créhen. Parrain : Joseph du Quengo, chevalier seigneur, vicomte de Tonquédec. Marraine : Jeanne Bertho, dame de la Villefosse.

- 1757. 6 août. — Baptême de Reine Gouyon fille des mêmes précédents. Parrain : François Scot, seigneur chevalier de Saint-Louis, ancien capitaine au régiment de Royal Infanterie et commandant pour le Roi la ville et le château de Saint-Malo. Marraine : Apoline de Bedée, épouse de René-Augustin de Chateaubriand, sr. du dit nom. Signé Rembert, curé de Corseul. (Eglise Saint-Maur).

Note 14 : La Touche et la Révolution. Nous n'avons pas jusqu'ici trouvé de renseignements pouvant indiquer d'une façon certaine comment les Scot étaient entrés en possession de la Touche, mais nous savons du moins comment, durant la Révolution, ils furent sur le point de perdre ce beau domaine et de quelle manière il leur fut conservé. Jusqu'à ce moment, la châtellenie de la Touche demeura toujours en possession d'une haute justice qui s'exerçait au bourg de Créhen, (Ogée et Ruffelet). C'était même le sénéchal de la Touche, qui était chargé avant 1790 de parapher les registres de la paroisse de Créhen, en l'absence du sénéchal de Dinan. (Gautier du Mottay, Annuaires des Côtes-du-Nord, année 1856). En 1789, René-Paul-Marie Scot châtelain de La Touche à la Vache, s'associa à la manifestation de la noblesse de Bretagne qui refusa d'envoyer des députés aux Etats Généraux pour protester contre la violation des libertés et franchises de la Bretagne, puis il émigra en 1791 avec une partie des gentilshommes du pays. Aussi en vertu de la loi du 28 ventôse, an IV, la maison principale de la Touche, retenue, métairies et terres avec colombier et chapelle, l'avenue de la petite Lande, la Grande Avenue, le Mail et l'avenue des Grands Bois, la métairie de la Touche, celle de la Porte, le Moulin Rault et moulin Talva, la vallée Notre-Dame et la vallée sous Bois, furent-ils mis en vente comme appartenant aux sieurs René et François Scot. Le tout fut adjugé sur soumission, le 21 thermidor, an V1 (8 août 1798), pour la somme de 83750 livres, montant de l'estimation, à Marie-Anne Scot, épouse de Pierre Gouyon, et à Françoise-Joséphine-Théodose Apuril Kerloguen, veuve de René-Paul-Marie Scot et mère de Henry-Marie Scot encore mineur. Jean Pierre Carillet, de Plancoët, leur servit de procureur dans cette affaire (Archives des Côtes-d'Armor, série Q, travée 2, rayon 4, carton 6533). Mais déjà auparavant, le 22 septembre 1792, une vente de « comestibles » avait été faite Plancoët, au domicile des « Scot émigrés ». Cette opération rapporta 1361 livres au séquestre. Six jours après, le 28 septembre, une vente du même genre eut lieu au château de la Touche. Elle s'acheva le 29 septembre et produisit 433 livres (Notes de M. Dubois, ancien notaire de Plancoët).

La vente de la Touche à la Vache [vente par soumission le 21 thermidor, an 6 (8 août 1798)] : En vertu de la loi du 28 ventôse an 4, Jean-Pierre Carillet faisant pour Françoise-Joséphine-Théodose Apuril de Kerloguen, veuve de René-Paul-Marie Scot, tutrice de Henry-Marie Scot, son fils mineur, et comme procurateur de Marie-Anne Scot, femme Gouyon, est déclaré adjudicataire des biens ci-dessous dénommés. La maison, cours et déports de la Touche à la Vache, les trois jardins en dépendant, le colombier, la chapelle, l'avenue de la Petite Lande, la grande avenue, le Mail, l'avenue des Grands Bois. Les métairies de la retenue de la Roche de la Porte, le Moulin Rault, le Moulin Talva, la prairie du Grand Bois et celle de Taillefer, une pièce de terre près le Moulin Talva et la vallée Notre-Dame, les vallées sous Bois de la Ville Orieu, de la Tourelle, de sous le Domaine, du Vaubily, du Bois Pigeon, le clos de la Chenière, la vallée de Derrière, la vallée dom Gilles, et le bois du Coin. La métairie de la Ville-Orieu, à l'exception des pièces des Petites Planches, du Verger, des Mares an Boeuf et la grande pièce des Petits Bois. Ces biens appartenaient à la République aux termes de la loi du 12 février 1792. Ils étaient indivis entre la Nation aux droits de René et François Scot, émigrés et les citoyennes Henriette-Marie Scot et Anne Scot, républicoles et ils sont échus à la République aux fins d'arrêté de partage des 4 et 5 messidor dernier. Suit ensuite l'estimation des biens : "- pour le 1er objet : estimés les bâtiments (de revenu : 120 F ; et en capital : 2.160 F) ; estimés les jardins (de revenus : 54 F ; et en capital : 1.188 F) ; estimés les bois de futaye (en capital : 3. 000 F) – pour le 2ème objet : estimés les bâtiments et usines (de revenus : 596 F ; en capital : 10.620 F) ; estimés les terres (de revenus : 2.233 F ; et en capital 49.126 F) ; estimés les bois (en capital : 9.055 F) – pour le 3ème objet : estimés les bâtiments (de revenus : 25 F, et en capital : 450 F) ; estimés les terres (de revenus : 370 F 50 ; et en capital 8.151 F). Total : 83.750 F". La vente est donc faite pour la somme de 83.750 F (Série 19, Travée 2, rayon 4, cartons 65).

Note 15 : Les derniers propriétaires de la Touche. Françoise de Kerloguen, veuve du dernier seigneur de la Touche avant la Révolution, s'était mariée deux fois. De son premier mariage avec le comte de Quesnoy, naquit une fille, Françoise-Colombe qui épousa M. du Bouëxic de la Driennays, en Saint-Malo de Phily, d'une vieille famille parlementaire bretonne. De sa seconde union avec M. René-Paul Scot, baron de Balvery et seigneur de la Touche à la Vache, nous ne connaissons qu'un seul descendant, Henry Scot, qui devint officier de marine sous le premier Empire et mourut à l'hôpital de Cadix, en Espagne, âgé de vingt-trois ans, sans postérité. Par suite de son décès, sa soeur utérine hérita de la terre de la Touche et la fit passer dans la famille du Bouëxic. Depuis lors, la Touche a successivement appartenu à M. Georges, puis à M. Médéric du Bouëxic. Ce dernier vendit en 1862 ce beau domaine à M. Rioust de l'Argentaye. Il appartient ensuite au fils de ce dernier, M. Frédéric de l'Argentaye, ancien député des Côtes-d'Armor (notes d'Auguste Lemasson).

Les nobles de Créhen en 1472 : — Gilles Hingand, sr. de la Chesnais, et Michel Talvaz, par Massé-Plessis, archers en brigandine. — Jean de Taillefer, sr. de la Brunays, par Olivier, son fils... ; Bertrand de Lespinay, par Rolland, son fils, archer en brigandine ; Jean Le Restif, jusarmier en brigandine ; Charles Estienne, par Bertrand, son fils, archer en brigandine ; Guillaume La Choue, par Guillaume Le Forestier, archer en brigandine ; Pierre Saillard, Guillaume de Brenats (Brenan), Jeanne-Perrine Saudrais, Simon Le Roy, mineur, ces derniers non comparus. — Guyon La Vache, sr. de la Touche, a comparu en homme d'armes, armé à blanc, page o lance, avec Nicolas Cherbourg, son coustilleur, Jean La Vache et Truhand, pour archers (D'après Des Salles, Anciennes Réformations, évesché de Saint-Malo, p. 300 et 307).

Monstre des nobles et sujets aux armes de l'archidiaconé de Dinan …. tenu en la ville de Dinan, par Jehan, sire de Coesquen, grand maistre de l'ostel de Bretagne et Charles Duparc, capitaine de Dugon, le samedi 8 janvier 1479. « Jehan de Taillefer, par Rolland de Taillefer, son frère, 80 livres de revenu, jusarmier en brigandine ; Michel Talvaz, 80 livres de revenu, par Jean de Breseillac, en brigandine, injonction de pertuisane ; Gilles Hingant, 50 livres de revenu, archer en brigandine ; Charles Estienne, 40 livres de revenu, archer en brigandine ; Guil. La Choüe, 40 livres de revenu, par Guil. Le Forestier, archer en brigandine ; Bertrand de Lespinay, 40 livres de revenu, par Rolland, son fils, archer en brigandine ; Jacquet Le Breton, 15 livres de revenu, archer en brigandine ; Jehan Le Restif, 100 livres de revenu, archer en brigandine. Catherine de Launay, 20 livres de revenu ; Guyon Le Roy, 15 livres ; Jehan de Bienassis, 10 livres ; Jehanne Saudraye, 50 livres ; Perrine Sauldraye, 50 livres tous défaillants et leurs terres saisies ».

 

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 14 nobles de Créhen :

Jehan DE BIENASSIS (10 livres de revenu) : défaillant ;

Catherine DE LAUNAY (20 livres de revenu) : défaillant ;

Bertrand DE LESPINAY (15 livres de revenu) : porteur d’une brigandine ;

Jehan DE TAILLEFER de la Menardais (80 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît armé d’une jusarme ;

Charles ESTIENNE (15 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

Gilles HINGANT (50 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

Guillaume LA CHOUE (15 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

Guyon LA VACHE, sr de la Tousche (800 livres de revenu) : comparaît comme homme d’armes ;

Jacques LE BRETON (15 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

Jehan LE RESTIFF (5 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

Guyon LE ROY (15 livres de revenu) : défaillant ;

Perrine SAUDRAYE (2 livres de revenu) : défaillant ;

Jehanne SAULDRAYE (2 livres de revenu) : défaillant ;

Michel TALVAZ (80 livres de revenu) : porteur d’une brigandine et comparaît armé d’une pertuisane ;

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