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LE CROISIC,

Petite ville très agréable et fort commerçante, située au bord de la mer, distante à l'ouest de 15 lieues de Nantes.

Le Croisic fut envahi dans les premiers siècles, par une colonie de Saxons qui vinrent souvent insulter Nantes. En 513, Hoel, comte de Nantes, les combattit et les défit en plus d'une rencontre. Son fils Jean remporta aussi plusieurs victoires sur eux et sur leur chef Marchil Chillon. En 1355 et lors des troubles occasionnés par le jeune comte de Montfort et par Charles de Blois, qui se disputaient la Bretagne, Nicolas Bouchard, qui tenait le parti du comte de Montfort, fit fortifier le Croisic, y fit bâtir un château, et le défendit avec valeur contre les attaques de Charles de Blois.

En 1470, François II, dernier duc de Bretagne, y fit armer une flotte de 5 navires, sous le commandement de Guillaume Jouan et Thomas de Kevasret, prévôt des maréchaux. En 1483, le prince d'Orange qui tenait le parti du duc François II, contre le roi de France, ayant su qu'il y avait à craindre pour le duc, qui s'était retiré à Vannes, partit de Nantes par la Loire, aborda au Croisic où il avait fait armer trois vaisseaux ; les habitants du Croisic et de Guérande lui en fournirent plusieurs autres. Le prince d'Orange fort content de leur zèle s'embarqua, fit voile pour Vannes et ramena le duc, qui, après s'être rafraichi deux ou trois jours au Croisic, revint à Nantes.

L'an 1513 et après la réunion de la Bretagne à la France, il y eut quelque sujet de craindre pour les côtes de Bretagne de la part des anglais ; ils se montrèrent ; on arma à Brest, et c'est à la vue de la Bretagne que se donna ce terrible combat, où le vaisseau la Cordelière, monté par M. de Primoguet, et l'amiral anglais, nommé la Régente, sautèrent et périrent par les flammes. Les français et les bretons eurent tout l'avantage, et poursuivirent les ennnemis jusque sur leur côte, où ils descendirent et firent un riche butin. On fut redevable de cette victoire à quatre navires armés par les habitants du Croisic. Recourir à l'histoire de ce temps.

Lors des troubles de la Ligue, les habitants du Croisic tenant le parti du duc de Mercœur, quelques ministres de la religion prétendue réformée s'y étant établis y prêchoient publiquement. Le roi Henri IV, qui avoit à cœur de réduire peu à peu le pays Nantais, y envoya des troupes sous le commandement du capitaine la Tremblaie : il s'empara du Croisic, réduisit les habitants sous l'obéissance du roi et en fit démolir les murs, les fortifications et le château.

Cette ville a le droit de nommer et d'envoyer un député aux Etats de la province. C'est la patrie de M. Desforges-Maillard, connu par ses poésies et autres ouvrages d'esprit, et caché ci-devant sous le nom de Mlle Malcrais de la Vigne. Le Croisic doit aussi se glorifier d'avoir donné naissance au fameux M Bouguer, de l'Académie des sciences de Paris, de la Société royale de Londres, etc., ce savant si renommé par l'étendue de ses connaissances dans les mathématiques, le pilotage, la navigation, la mécanique, et par les voyages qu'il a faits, par ordre du roi, pour opérer des découvertes, étendre les sciences utiles, et par les divers ouvrages qu'il a mis au jour, qui son entre les mains de tout le monde, surtout des navignateurs, et que ces derniers appellent à juste titre leur Manuel.

La communauté de ville du Croisic nomme et donne des appointements à un maître de mathématiques, qui professe publiquement l'hydrographie, le pilotage et la navigation. Il se charge de pensionnaires.

Le Croisic contient une seule paroisse, un couvent de Capucins, un hôpital et une communauté de ville.

Recteur-curé, Cavaro. - Maire, Pontneuf. - Subdélégué, Benoît. - Sénéchal, N. - Procureur-fiscal, N. - Receveur des traites, Desforges-Maillard. - Contrôleur, Despinose. - Commissaire de la marine, Le Roi de Prévill.

(P. I. Brun, 1765. Bibliothèque annuelle et portative, à l'usage des citoyens de la ville, évêché et comté Nantois, de la Bretagne et autres provinces de France. Année 1765. Nantes, Pierre-Isaac Brun, imprimeur-libraire, à l'entrée de la Fosse, in-24 de 139 pages non compris la table des matières. Petit volume devenu fort rare).

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