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LA CHAPELLE DE SAINT-MANDE A LA CROIX-HELLEAN |
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La paroisse de la Croix-Helléan avait comme chapelle frairienne la chapelle de Saint-Mandé. Cette chapelle, bâtie en 1431 par Alain, vicomte de Rohan, et Jean de Quélen, a la forme d'un rectangle. Le porche est divisé en deux baies, et portait sur le trumeau un bénitier orné, qui est maintenant à l'intérieur de la chapelle, les sablières portant des écussons aux armes de Bretagne et de France, de Rohan et de Quélen du Broutay (« l'aigle éployée », comme à la Croix-Helléan). Son patron saint Mandé était fils, dit la chronique, d'un roi de la Grande Bretagne, et avait pour frères : saint Congard, saint Gravé, saint Perreux, saint Dolay, saint Gorgon, et saint Jacut.
Sous le maître autel de cette chapelle existait une fontaine, dans laquelle on plongeait les enfants nouveau-nés, en répétant sept fois les mots : « A la vie, à la mort ». On a dû, pour mettre fin à ce dangereux usage, combler cette fontaine. Mais une autre existe à quelque distance, et on y vient encore en pèlerinage.
Tous les murs de la chapelle ont été recouverts d'un épais et horrible badigeon, dans lequel sont noyés les écussons : M. le Recteur de la Croix-Helléan a promis de le faire enlever ; et nous a fait voir dans la sacristie un beau calice du XVIIème siècle.
Voici l'article que M. le comte de Laigue a consacré à la chapelle Saint-Mandé dans le Nouvelliste de Bretagne du 16 septembre 1909 :
Il n'y a pas un saint qui possède plus de chapelles en Bretagne que saint Mandé. On en trouve dans le pays gallo : à Peillac, à Questembert, à la Croix-Helléan, à Saint-Pôtan, — comme en pays bretonnant : à Ploubazlanec, à Quemper-Guézennec, à Sizun et à Nizon. Son nom est parvenu jusqu'à Paris où il est vénéré à Saint-Mandé, Ses statues se rencontrent un peu partout et on le représente en chasuble, tête rasée, un livre fermé à la main droite, une crosse à la main gauche. Il est invoqué pour la guérison des enflures aux articulations, contre la fièvre et les coliques, et pour que les enfants soient préservés des maladies causées par les vers. En Basse-Bretagne le drouk sant Vôdé n'est autre que l'enflure des genoux.
Généralement on ramasse de la terre devant ses statues pour se préserver du drouk sant Vôdé. On ramasse, dit M. l'abbé Abgrall, des pincées de terre ou de poussière prise devant son image ou dans l'enclos de sa chapelle, pour les appliquer sur les plaies en mémoire du sol de son île de Bréhat, à laquelle sa bénédiction avait donné la vertu de tuer tous les insectes venimeux. Dans le même ordre d'idées, M. Le Goffic (l'Ame bretonne, p. 70) ajoute que la terre de l'Enès Modez (l'île Maudé), à l'embouchure du Trieu, passe pour le meilleur antidote centre les morsures des bêtes venimeuses, et que cette même terre délayée avec de l'eau, du miel ou du sucre, est admistrée aux enfants comme vermifuge.
Mais c'est surtout à la Croix-Helléan, entre Ploërmel et Josselin, tout près du Chêne de Mi-Voie, où se livra le Combat des Trente, que le culte de saint Mandé est populaire. Tout près de son autel on voyait jadis sa fontaine : on avait coutume d'y plonger sept fois de suite les enfants nouveau-nés pour juger de leur bonne santé. Le clergé, pour empêcher cette pratique, fut obligé de boucher la fontaine. On continue à balayer la chapelle en l'honneur du saint, et les balais sont déposés dans un coin.
Saint Mandé, dit La Borderie, était certainement originaire d'Irlande, et, dit-on, fils d'un petit roi de ce pays ; on ne sait comment il passa en Armorique. Les hagiographes modernes font de lui un disciple de saint Tugdual, évêque de Tréguier, et, ce semble, avec raison : d'abord ils étaient contemporains (VIème siècle) vivant tous les deux sous les rois Childebert et Déroch ; puis on nous montre Mandé évangélisant les régions septentrionales de la petite Bretagne. Après ces ardentes prédications, Mandé voulut se reposer dans la vie contemplative et fonda un monastère à « Gueld-Enès » devenue « Enès-Modez », dont il reste encore une cellule.
On fête saint Mandé le 27 novembre.
Suivant la tradition, la chapelle de saint Mandé, en la Croix-Helléan, fut construite sur l'emplacement du cimetière des Bretons tués au Combat des Trente. Les Anglais furent, paraît-il, enterrés à côté du Chêne de Mi-Voie ; un champ porte encore le nom de « Cimetière des Anglais ». Elle est fort remarquable et n'était le badigeon dont on l'a gratifiée avec usure, elle pourrait passer pour l'un des plus beaux de nos sanctuaires bretons. Son portail Ouest notamment est très riche et très intéressant. Une crédence gothique (plus badigeonnée encore que le reste) porte un écusson devenu illisible, noyé qu'il est dans la chaux ; Rozensweig a cru y voir trois pommes de pin. Trois autres écussons se lisent encore sur les sablières : « 6 mâclés 3. 2. 1. » (Porhoët) ; un « semis d'hermines » (Bretagne) et des « fleurs de lis » (France).
Le pardon de Saint-Mandé, en la Croix-Helléan, est excessivement fréquenté : mais nous regrettons que la fête du saint ne se célèbre pas à la chapelle, le 27 novembre, en plus du jour du pardon.
Nous recommandons vivement aux touristes qui visiteront la chapelle Saint-Mandé, de poursuivre leur route, jusqu'à l'église de la Croix-Helléan. La visite vaut le voyage. On y remarque deux splendides pierres tombales du XIVème siècle dont l'auteur pourrait bien être le même que celui du mausolée de Philippe de Montauban. Ces deux pierres recouvrent les corps d'un seigneur du Broutay et de sa femme, et sont ornées de cinq écussons dont voici la description :
« Une aigle éployée à deux têtes (du Broutay) 3 croissants (de Kerbusso ?). Écartelé au 1° une aigle éployée (du Broutay) ; au 2° 3 croissants ; au 3° un arbre avec un sanglier passant ; au 4° 3 têtes d'oiseau arrachées. — Ecartelé : au 1° une aigle éployée (du Broutay) ; au 2° 3 croissants et en abyme une branche friutée à 3 fruits ; au 3° : un arbre avec un sanglier passant ; au 4° : une fasce accompagnée de 3 oiseaux. — Ecartelé au 1 : une aigle éployée (du Broutay) ; au 2 : frette au chef chargé de 2 trèfles (Picaud) ; au 3° un arbre avec un sanglier passant ; au 4° fasce avec lambel (peut-être Trégaranteuc) ».
Lors de la visite à la chapelle Saint-Mandé, on nous communiqua un curieux cantique en l'honneur de saint Mandé, cantique fort ancien, dont voici quelques vers :
Montfort et Richemont, princes de grand renom,
Ont bâti en Haut-Glac une dévote
chapelle
A Monsieur Saint Mandé, ami de Dieu fidèle.
Saint Mandé est
d'Irlande, fils d’un roi très puissant,
Du roi et de la reine c'est le dixième
enfant.
A quitté son pays pour venir en Bretagne
Afin d'y convertir la ville et
la campagne,
Et mourir saintement dans le pays breton.
Pèlerins, pélerins,
peuples de tout canton,
Venez à Saint-Mandé implorer sa clémence ;
Et d'être
soulagés vous avez l'assurance.
(Marquis de Bellevue).
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