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Jean-Etienne RIOU, prêtre guillotiné à Quimper
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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175. — Jean-Etienne Riou naquit à Dinéault, le 12 juin 1739, du mariage de Gabriel et de Jeanne Calvez, et fut baptisé le lendemain. Nous ignorons ses notes de Séminaire et les dates de ses ordinations, les registres de l’évêché de Quimper pour cette époque étant égarés depuis longtemps.

L’abbé Jean-Etienne Riou fut vicaire de sa paroisse natale de 1764 à 1773. Il y bénit le 11 juillet 1764, l’union de Yves Monté et de Marie Cornec. Le 17 février 1773, on trouve deux actes de mariage signés de sa main et de celle de F. Julien, prêtre délégué. De 1764 à la fin de 1773, bans et fiançailles, actes de baptême et de mariage, en grand nombre, sont signés J.-E. Riou, curé. Nous le retrouvons dès 1774, recteur de Lababan. Comme tel, en qualité d’électeur diocésain, il prit part à l’assemblée électorale qui siégea dans une des salles du séminaire de Quimper (hospice actuel), du 20 au 23 avril 1789. Il contribua, par son vote, à l’élection des députés du Bas-Clergé de Cornouaille aux Etats généraux.

176. — En 1791, il refusa nettement le serment à la Constitution civile, et n’accepta nulle accointance avec les prêtres jureurs. La tradition rapporte que Jean-Denys Riou, prêtre assermenté, frappa un soir d’hiver à la porte du presbytère de Lababan. De l’intérieur, le recteur demanda : « Qui est là ? »« Ton frère Denys », répondit le voyageur. — « Retires-toi, répartit Jean-Etienne, je n’ai plus de frère désormais ! ».

N'ayant pas été remplacé, faute de candidat, M. Riou continua son ministère public à Lababan jusqu’au 24 septembre 1792, date de sa dernière signature. Sans se préoccuper de la loi du 26 août 1792 qui le condamnait à l’exil, il se tint ensuite caché dans la paroisse et les environs, continuant à instruire et à soutenir dans la lutte engagée pour la Foi ses paroissiens fidèles. Le district de Pont-Croix, n’ayant pu lui donner un successeur, supprima la paroisse et l’annexa à celle de Plozévet, mais la municipalité de Lababan, fidèle à son recteur légitime, refusa de recevoir, le 24 février 1793, le vicaire intrus qu’on expédiait à son lieu et place.

Les mesures coercitives, prises le 3 mars suivant par le Directoire du district de Pont-Croix, demeurèrent inutiles. M. Riou, dénonçait-on, continuait de célébrer la messe le dimanche à la chapelle du Locq, en Lababan, et le 15 mai de cette année, le curé intrus de Landudec réclamait instamment son arrestation. Instruit par un enfant, à qui M. Riou faisait le catéchisme, de la retraite de celui-ci, l’assermenté réitérait sa requête le 12 mars 1794 et signalait les lieux où on aurait pu arrêter son heureux concurrent, le recteur réfractaire de Lababan, qui attirait vers lui tous les fidèles.

177. — Au reçu de ce dernier factum, on dépêcha des gendarmes de Pont-Croix qui saisirent au lieu de Kerbolic, chez le cultivateur Jean Gouletquer, M. Riou, recteur de Lababan et l’amenèrent, ainsi que son receleur, devant les administrateurs du district de Pont-Croix. Ceux-ci les firent transférer de suite à la prison de Quimper. Il rencontra dans celle-ci Mlle Victoire de Saint-Luc, dont la cause de béatification est aujourd’hui pendante en Cour de Rome.

Nous n’avons point l’interrogatoire d’identité, que dut subir, aux termes de la loi, le recteur de Lababan devant le Tribunal criminel du Finistère. L’héroïsme dont il avait fait preuve jusqu’alors, nous est un sûr garant de la fermeté de son attitude devant ses juges. Du reste, dans l’énoncé du jugement qui a été publié ailleurs, ses juges déclarent que des aveux positifs de M. Riou, il ressort qu’il n’a prêté aucun serment, qu’il ne s’est point déporté, mais que tout au contraire, il est resté caché dans le pays pour exercer ses fonctions curiales. C’était tout ce qu’exigeait la loi pour faire décerner contre lui la peine de mort. Elle fut prononcée en effet pour les motifs énumérés ci-dessus le 26 ventôse an II (16 mars 1794).

178. — Le lendemain, l’abbé Riou subit la peine capitale ainsi que l’établit son acte de décès qui a été publié ailleurs et les membres du district de Pont-Croix annonçaient joyeusement en ces termes le même jour l’arrestation et l’exécution du prêtre réfractaire au représentant du peuple Jean-Bon Saint-André : « Nous avons saisi le plus fanatique et le plus dangereux de nos prêtres réfractaires. Il a été guillotiné à Quimper et nous tirerons de cet exemple tout le parti qui nous sera possible ».

La mort de l’abbé Riou fit impression parmi le clergé insermenté finistérien ; plusieurs lettres écrites par des ecclésiastiques réfugiés en Espagne et que l’on a publiées, mentionnent son trépas. Elles affirment qu’à la lecture de sa sentence il aurait tenu ces paroles : « Depuis longtemps j'étais gêné pour trouver un logement, j’espère que le bon Dieu m'en donnera un bon pour l'éternité ». Elles racontent aussi qu’à l’heure de son exécution, il fit preuve d’autant de courage qu’à son interrogatoire, et mourut, après avoir pardonné sa mort à son exécuteur. La tradition veut que le serviteur de Dieu fut au supplice en chantant l’hymne des Martyrs « Sanctorum meritis. ».

D’autre part, on possède encore de Mlle Victoire de Saint-Luc qui trouva le moyen de se confesser à M. Riou quelques heures avant son exécution, une lettre dans laquelle on lit les lignes ci-dessous, qui nous découvrent l’état d’âme de M. Riou peu avant de subir son supplice. En voici un extrait :

« Nous nous animions ensemble ! Que j’aurais désiré que notre conversation put être longue ! C'est un vrai saint, un martyr de Jésus-Christ qui a été à la mort comme au triomphe, avec une tranquillité que donne l'héroïsme de la religion. A peine ses gardes pouvaient-ils le suivre tant il était pressé de se rendre à l’échafaud ». On conserve aussi le chapelet de M. Riou qu’il remit à cette pieuse personne avant de marcher à l’échafaud.

179. — La mémoire de ce bon pasteur est demeurée en vénération dans sa paroisse de Lababan où la population le regarde comme un martyr. Il y est l’objet, d’un culte privé et plusieurs personnes, l’ayant invoqué en particulier, assurent avoir obtenu des faveurs par son intercession. On conserve à la cure de cette paroisse des ampoules aux saintes huiles en argent portant son nom avec la date 1781.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon : Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), IV, p. 579. — Tresvaux du Fraval : Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), I, 533. — Tephany, Histoire de la persécution religieuse dans les diocèses de Quimper et Léon, op. cit. (1879), p. 381. — P. Pou- plart : Une martyre aux derniers jours de la Terreur : Victoire de Saint-Luc, Paris et Lille, 1882, in-12, p. 219-220, donne le texte de la lettre concernant M. Riou. — Peyron : Les prêtres morts pour la Foi, etc., op. cit. (1919), p. 14. — Peyron, Pondaven, Perennès, Le manuscrit de M. Boissière, op. cit. (1927), p. 127-128, 129, 132-133, 139, 161. — Istor Breiz ou Histoire populaire de la Bretagne, en breton et en français (1868), 4ème édit., Brest, p. 712. — Perennès, Les prêtres du diocèse de Quimper mis à mort pour la Foi ou déportés pendant la Révolution, in-8°, Brest ; imprim. Presse libérale, 1928, t. 1er.

(Archives du Finistère, série L, et dossiers du tribunal criminel de ce département).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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