Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE PRIEURÉ DE NOTRE-DAME DE DONGE, A DONGES

(possession de l'abbaye de Marmoutier)

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Donges"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le prieuré de Donge (ou Donges) fut fondé par Frioul, vicomte de Donge, sous l'épiscopat de Quiriaque, évêque de Nantes, de 1052 à 1078 ou 1079, et sous l'abbatiat de Barthélémi, qui gouverna Marmoutier de 1064 à 1084. Cette fondation se place donc entre 1064 et 1079.

Frioul donna aux moines de Marmoutier un terrain assez vaste, situé à Donge, près de son château, pour y construire un petit monastère (cellam), une église et un bourg. A ce premier don, il en joignit beaucoup d'autres, pour former la dotation du monastère, comme on le lit dans la notice de la fondation inventoriée ci-dessous, au n° 1 des titres de Donge. J'ai analysé cette pièce avec détail, parce que, outre les nombreux renseignemente topographiques qu'on y trouve, elle contient une suite de dispositions fort curieuses pour régler les rapports des moines et de leurs hommes avec le vicomte de Donge et ses officiers ; on peut y voir un bon type des créations de bourgs et de prieurés, faites dans notre province au XIème siècle par les moines, et en particulier par ceux de Marmoutier. Je renvoie donc à l'analyse de cette pièce.

Frioul continua jusqu'à sa mort de porter grand intérêt à son prieuré ; on le voit à chaque instant occupé de le défendre et d'apaiser à prix d'argent les réclamations élevées par divers personnages sur quelques-uns des biens concédés aux moines. Je me borne à renvoyer ci-dessous, aux n° 1, 2, 11. Il est vrai qu'il y avait entre les moines, et lui échange de services et de bons procédés : l'abbé Barthélémi s'était engagé à faire transporter à Donge, aux frais de l'abbaye, le corps du vicomte de Frioul, s'il mourait en Touraine, en Anjou, ou dans le comté nantais. (ci-dessous, n° 1), et le prieur de Sallertaine lui fournissait des barques pour faire venir à Donge de la chaux du Poitou (ci-dessous n° 7). Il y eut autour de Frioul comme une rivalité pour enrichir le petit monastère qu'il avait fondé. Constant ou Contance, qui, sous le nom de ministerialis, paraît avoir été le prévôt et le principal officier du vicomte de Donge, y donna des champs situés à Donge et promit même de se faire moine de Marmoutier, s'il en avait le congé de sa femme dans un certain délai (ci-dessous, nos 3, 4, 6). Tison, fils d'Artaud, exempta les choses appartenant aux religieux de Marmoutier du tonlieu qu'il avait en Loire aux environs de Donge (ci-dessous, n° 8) ; et Tangui, fils de Brient chevalier à la solde du vicomte, donna en mourant au prieuré une terre appelée la Verrière, en Saint-Viau, qui causa aux moines, sur la fin du XIème siècle, de longs procès, dont la relation est une des plus curieuses pièces concernant l'organisation sociale de nos contrées à cette époque antique (ci-dessous, n° 12).

Avant de mourir, Frioul prît soin de faire ratifier solennellement toutes ses donations par ses deux fils Rouaud et Geoffroi, le jour de la Saint-Urbain 1083, dans la cathédrale de Nantes, en présence du chapitre et de l'abbé de Marmoutier, Barthélémi, qui, malgré son grand âge, était alors venu visiter les possessions de son abbaye dans le comté Nantais (ci-dessous, n° 9).

Frioul mourut de 1083 à 1092 (voy. ci-dessous, n° 10). Ses successeurs semblent avoir assez constamment continué leur protection au prieuré. Aussi voit-on, au commencement du XIIème siècle, les énnemis de cette maison choisir pour l'attaquer le temps où Savari, vicomte de Donge, se trouvait dans la disgrâce de son souverain le duc Conan III, qui avait détruit son château et saisi sa terre (ci-dessous, n° 14). Sur la fin du XIIème siècle, Eon ou Eudon, aussi vicomte de Donge, et probablement petit-fils de Savari, donne encore au prieuré la dîme de ses moulins de Pêcherat (ci-dessous, n° 16).

Cet Eon n'était point connu jusqu'à présent, et M. Bizeul, qui a donné dans la Biographie bretonne une très-bonne notice sur les sires de Donge, n'en fait point mention. Il était probablement le fils et le successeur de Rouaud II de Donge, témoin en 1164 d'une donation faite par Eon ou Endon II, comte de Porhoet, au
prieuré de Saint-Martin de Josselin (D. Mor., Pr. I, 654). Eon de Donge eut de sa femme Mathilde deux fils, Rouaud et Eon et une fille, Emma. L’aîné Rouaud III de Donge , succéda à son père, étant encore en bas âge, puisque en 1209 Geoffroy, seigneur d'Ancenis, figure dans une de nos chartes comme garde ou baillistre (ballivus) de la terre du vicomte de Donge (ci-dessous, n° 17). Rouaud III fit accord en 1219 avec un de ses vassaux, Guillaume Anger (D. Mor., Pr. I, 841). Il paraît qu'il mourut sans héritier mâle, et que sa fille fut mariée dans la maison de Rochefort, au pays de Vannes, où elle porta la terre de Donge ; car, dès 1247, nous voyons Thibaud, seigneur de Rochefort et vicomte de Donge, confirmer une donation faite par un de ses vassaux à notre prieuré (ci-dessous n° 22 et D. Mor., Pr. I, 931). J'ai, cru devoir entrer dans ces détails, qui complètent la notice de M. Bizeul.

Les vicomtes de Donge de la maison de Rochefort ne montrèrent pas pour les moines autant de bienveillance que les seigneurs de la première maison de Donge. Vers la fin du XIIIème siècle, Guillaume de Rochefort, peut-être fils du Thibaud de 1247, prétendit avoir sur le prieuré, en vertu du titre de fondation, un certain droit de garde consistant à s'emparer du temporel à la mort de chaque prieur, pour en jouir jusqu'au moment où le successeur du défunt venait lui en demander l'investiture. Sous prétexte d'exercer cette prérogative, il mit, en 1274, le prieuré au pillage. Après mains dégâts, cet étrange gardien finit par renoncer pour toujours à son prétendu droit de garde (ci-dessous, n° 23) ; une seconde tentative pour le recouvrer, faite en 1330 par un autre Thibaud de Rochefort, peut-être fils de ce Guillaume, aboutit à une seconde renonciation (ci-dessous, n° 31). Il est sûr que la fondation du prieuré ne mentionne en aucune, façon ce prétendu droit de garde, et, que Guillaume de Rochefort colorait son usurpation par un mensonge. Mais on était dans le siècle où deux ducs de Bretagne (Pierre Mauclerc et Jean le Roux) avaient tenté de s'emparer, avec de pareilles violences, de la garde de l'évêché de Nantes ; et c'est une des lois de l'histoire que les petits se portent toujours de préférence à imiter les grands par leurs plus vilains côtés.

De 1330 à la fin du XVIème siècle, je ne connais rien sur l'histoire du prieuré. Suivant le livre des bénéfices de Marmoutier, rédigé, comme je l'ai déjà dit, en 1587, la cure de Donge et celle de Prinquiau dépendaient du prieuré de Notre-Darne de Donge, qui était chargé d'une redevance annuelle de 110 s. à la mense de l'abbaye, de 36 s. aux offices claustraux, et devait être habité par trois moines, le prieur compris (Cart. Maj. Mon. III, loc. cit.). Mais on peut croire qu'il ne s'y trouvait déjà plus de religieux ; car la lèpre de la commende s'était aussi attachée à ce petit bénéfice, et elle y produisit, dans les dernières années du XVIème siècle, un effet assez curieux.

Julien. Sauvage, prieur de Donge, étant venus à mourir en janvier 1593, il se trouva pour ce prieuré sans moines jusqu'à quatre prieurs. L'administrateur de la mense conventuelle de l'abbaye de Marmoutier y en nomma un, le légat du Saint-Siége un autre, le procureur ou vicaire de l'abbé commendataire de Marmoutier un troisime, et l’abbé commendataire, alors le cardinal de Joyeuse, un quatrième. Les deux premiers concurrents étaient des religieux ; les deux autres, des prêtres séculiers. Séculiers ni réguliers ne voulurent rien cédé. De là long conflit, chicane opiniâtre, procédure interminable, prises et reprises par les uns d’une possession toujours troublée par les autres, et réciproquement. Le prieur de l'abbé commendataire (il était du diocèse de Carcassonne, et s'appélait François de Donnadieu) allait l'emporter ; il avait déjà en main la démission d'un de ses adversaires, quand sa nomination à l'évêché d'Auxerre lui fit quitter la mêlée. Mais, à la place même de ce fugitif, l'abbé commendataire, jaloux d'user de tous les droits de sa commende, releva immédiatement (le 10 mars. 1600) un autre combattant, messire René Breslay, prêtre séculier du diocèse d'Angers. Ce dernier venu l’emporta, en vertu d'un arrêt du grand Conseil, qui forme un volume, du 28 septembre 1601 (ci-dessous, n° 33). Ce qui afflige dans ce résultat, c'est qu'il consacre le triomphe de la commende, malgré les efforts faits pour l'arrêter. Non seulement l'abbé commendataire a gain de cause, mais son candidat est séculier et tient en commende, en dépit des réguliers qu'on proposait pour tenir en règle.

La réforme de Saint Maur, quand elle fut introduite à Marmoutier, semble avoir tenté de rétablir à Donge la discipline monastique (ci-dessous, n° 34) ; mais sans grand succès, puisque, en 1736, le prieur titulaire, alors un certain abbé Fernex, obtint du comte de Clermont, abbé commendataire de Marmoutier, la permission d'abattre l'église priorale, qui était en mauvais état, et de construire en place une simple chapelle, pour trente à quarante personnes. Fernex alléguait, en cette circonstance, le petit revenu de son bénéfice, qui ne valait pas alors, nous dit-on, plus de 1,000 livres de rente au titulaire (ci-dessous, n° 35).

Il est sûr que dans les aveux du temporel, rendus au roi vers la fin du XVIIème siècle, on trouve à peine trace des biens dus aux libéralités du pieux fondateur et dissipés par l'avidité des commendataires. Après l'enclos ou pourpris du prieuré et sa garenne, on ne mentionne guère d'autre domaine qu'une métairie dans l'île de Run et un moulin à vent en celle de Terignac ; le reste se composait de rentes et des droits de haute justice dans le fief du prieuré, lequel s'étendait par endroits dans les trois paroisses de Donge, Montoir et Prinquiau.

Aujourd'hui la chapelle de Notre-Dame de Donge subsiste encore au bord de la Loire, où on la conserve pour servir de point de direction aux navires qui entrent dans le fleuve.

Le prieuré était sous le vocable de Notre-Dame, l'église paroissiale sous celui de Saint-Martin.

 

TITRES DU PRIEURÉ DE DONGE (ou DONGES).

Le fonds du prieuré de Donge comprend une seule liasse, composée des pièces dont l'analyse suit :

1.

1064-1079. — Pancarte contenant cinq notices, où se trouve relatée, comme suit, la fondation du prieuré de Donge.

Frioul (Frioldus), vicomte de Donge, donne aux moines de Marmoutier, avec l'approbation d'Hoël, comte de Nantes un terrain près de son château, pour y bâtir une église, un monastère (cellam) et un bourg.

Aux termes de cette concession, les coutumes et droits sur les marchandises vendues dans le bourg, et, la terre des moines appartiendront exclusivement à ceux-ci, sauf dans le cas où des marchands étrangers viendraient y trafiquer le jour du marché de Donge, qui se tenait le mercredi ; car ce jour-là, les coutumes sur les marchands étrangers, quelque part qu'ils trafiquent, appartiendront au vicomte. Au contraire, quelque part que les hommes des moines vendent ou achètent, les coutumes perçues sur eux reviendront toujours aux moines. Ceux-ci auront une foire dans leur bourg au jour de la Purification, et le vicomte, une autre dans le sien (ad castellum suum) à la Saint-Martin : les coutumes de ces deux foires se partageront par moitié entre le vicomte et les moines.

Les prix et les mesures des marchandises devront être les mêmes dans le bourg des moines que dans celui du vicomte ; il est permis cependant d'y vendre à meilleur marché, mais non pas plus cher.

Les hommes du vicomte ne pourront rien prendre dans le bourg des moines, sans payer ou donner un gage valable.

Quand les moines voudront vendre leurs propres denrées au port de Donge, le prévôt ou officier (ministerialis) du vicomte n'en pourra rien prendre, même en donnant gage, si ce n'est la volonté du prieur [Note : J'emploie ici ce mot, pour plus de clarté ; le texte porte monachus]. Mais si ces denrées appartiennent aux hommes des moines, le prieur fera fournir à l'officier ce qu'il demande, pourvu que celui-ci donne un gage valable, qui devra être racheté sous quinzaine.

Si l'on porte plainte contre quelque sujet des moines au vicomte ou à son officier, l'officier ou le vicomte se rendra dans le bourg des moines, et l'affaire sera jugée devant le prieur ; sans que les hommes des moines puissent jamais, pour quelque délit que ce soit, être jugés hors de leur bourg. De même ne pourront-ils être soumis par personne au ban ni à la corvée.

Mais les moines ne devront recevoir chez eux aucun des bourgeois du vicomte, sans le consentement de celui-ci, ni prendre en garde le bien d'aucun de ses hommes, quand ledit vicomte leur en aura fait défense.

Telles furent les conventions arrêtées pour garantir d'une part les droits du seigneur de Donge, de l'autre ceux des religieux et de leurs hommes.

Le vicomte Frioul donne en outre à Marmoutier la moitié du pré sis devant son château, tout le pré situé contre sa vigne, la dîme de cette vigne, l'eau et le moulin qui la touchent, la cure de Donge et celle de Montoir (capellaniam de Dongio et de Monstorio), les deux tiers de la dîme de deux de ses métairies, toute la dîme de ses juments ; le clos Raffrai et toutes ses coutumes, sauf le tiers de la dîme qui appartient au curé de Donge ; toute l'île de Terignac (Tiliniacum) avec toutes ses coutumes, sauf cinq sixièmes du terrage pris par les afféagistes (fevatis) et un tiers de la dîme qui revient au curé.

Au moulin Renaud, qui est sur l'étier de Méan (in Miando), Frioul donne aux moines la dîme de la moitié du droit de moute et la moitié de la pêche ; sur un autre moulin, construit par Main de Méan à la même écluse que le précédent, Frioul donne la dîme des deux tiers du droit de moute et les deux tiers de la pêche ; même droit sur un moulin sis in Brieno. Enfin, sur l'écluse ou barrage que le vicomte avait dans la Loire il donne la dîme de tous les revenus en argent et en poissons, hormis le septième que perçoit le gardien (ministerialis) de l'écluse.

Parmi les témoins [Note : J'ai cité ici et plus bas un certain nombre de témoins des actes du prieuré de Donge, afin de montrer la fréquence des noms bretons dans ce pays, au XIème siècle] je remarque, après Hoël, comte de Nantes, et sa femme Havoise, Excomarcus filius Rodaldi, Arscodius filius Soleni, Andronius Forfactus, Gobinus filius Guienochi, Ivanus capellanus Frioldi, Tanguido filius Arscodii, etc.

Frioul fit ratifier ces donations par l'évêque de Nantes Quiriaque, qui dispensa les moines de toute exaction, coutume ou subjetion (exactionem, consuetudinem vel subjectionem) envers lui ou ses successeurs, prœter paternam obœdientiam qua universi monachi episcopo suo obnoxii sunt. Plus tard, en allant à Rome, Frioul renouvela lui-même tous ces dons au chapitre de Marmoutier, et fut reçu au bénéfice des prières et bonnes œuvres de la communauté. Il ajouta aux libéralités précédentes la dîme du tiers de la pêche de l'étang dit Bellonium ; et quant, aux trois sous qu'il prenait pour droit de tonlieu sur les navires de Marmoutier passant en Loire, il s'en désista à condition qu'ils seraient payés au moine résidant à Donge, tant que ce prieuré serait trop pauvre pour que ledit moine pût vivre de ses seuls revenus. Il donna en outre aux moines la terre de Grun, avec plusieurs prés qui la touchaient.

Parmi les témoins de la donation faite par Frioul dans le chapitre de Marmoutier, on nomme, entre les hommes qui l'accompagnaient (de hominibus ejus) Juhel de la Roche (Juhalis de Rupe), Bori (Borricus), Grafion de Guérande (Grafionus de Guarranda), Normand Ganache de la Roche (Normannus Guasnachia de Rupe), Barbotin fils de Bernier le Nantais (Barbotinus filius Bernerii Nannetensis), Rivallon l'Angevin (Rivallonius Andecavensis), etc.

— La terre où fut construite l'église des moines était du fief d'Harscoet, fils de Douénerz [Note : Ce nom de Douénerz en latin Duinerdus, se trouve encore en Basse-Bretagne au XIIIème siècle], qui en contesta la propriété aux moines ; mais, le vicomte lui ayant donné 60 s., il se désista de ses prétentions. — On remarque ici parmi les témoins un certain Wasmath, un Donwal, un Omnis fils de Wedel, un Judicael filius Orwande, un Rio, etc.

— Il y avait dans l’île d'Her une terre appelée Servereth. Le vicomte Rouauld (Rodaldus), seigneur de Donge et père de Frioul, la donna avec la main d'une de ses sœurs, à un certain Lambert, qui fut tué ensuite par un chevalier nommé Harscoet (Arscuitus), fils de Richard ; et alors le vicomte Rouaud donna à ce meurtrier même la terre de Servereth. Frioul, fils de Renaud, ayant acheté cette terre dudit Harscoet, la rendit au fils de Lambert, qui s'appelait Foulque ; il avait, en échange, donné à Harscoet la terre dit fils de Goual (filii Goiwali), que tenait alors Rivallon Buren, et de plus une somme de 20 sous. Frioul racheta cette même terre de Foulque, à qui il donna, en place, le sainage de Mindin (cenagium Mendini), trois sous de rente à Trebaul (tres solidos in Trebaulo), et un poulain du croît de ses juments chaque année. Puis Frioul donna à Marmoutier ladite terre de Servereth.

Ce même vicomte acheta d'Aubert et d'Angelard le terrain situé entre le château de Donge et l'église de Notre-Dame dudit lieu, et il le donna encore à Marmoutier.

Ensuite Groel, fils d'Aufroi, et ses frères revendiquèrent contre les moines l’île de Terignac ; mais Frioul leur ayant donné la terre de Caradoc de Gaurechac et un pré qu'il avait en Montoir, toute l'île demeura aux moines sans conteste, à l'exception des écluses et des cinq sixièmes du terrage.

Sur l'autorisation et le conseil du vicomte, les moines achetèrent une seterée de terre qui touchait leur propre terre au-dessus de Rouan [Note : Malgré la ressemblance des noms, je ne crois pas qu'il s'agisse ici de la paroisse de Rouans, qui est au sud de la Loire] (super Rodanum). Un des témoins de cet achat fut Archembaud, fils de Glémarhoc (Archambaldus filius Clemarruch).

A tout ce qui a été relaté précédemment Harscoet et Mathias, frère du vicomte Frioul, donnèrent leur assentiment, en présence de Daniel du Pont (Daniele de Ponto), et pour cette concession ils eurent 60 s. d'Aubert, moine de Marmoutier.

Frioul permit encore aux moines de mettre en tout temps à paître dans son marais douze bœufs, outre leurs ânes, leurs, chevaux et leurs pourceaux.

— Du vivant de Frioul et à sa prière, Geoffroi, voyer de Guérande (Gaufridus Guerrandie viarius), délaissa en paix aux moines ce qu'il réclamait sur eux dans l'île de Terignac (in insula Tiriniaco) ; mais il retint son sixième du terrage de ladite île, que les moines durent lui payer, et ensuite à Moraud, à qui ledit Geoffroi donna en fief (in feuum) tout ce qu'il possédait dans la seigneurie de Donge. Cette concession de Geoffroi fut approuvée par Giquel du Pellerin (Judicalis de Peregrino), de qui ledit Geoffroi tenait tout ce qu'il avait dans la terre de Donge. Parmi les témoins, Deriannus, Evanus presbiter et Judicael ejusdem filius, etc.

— Prévoyant le cas où il mourrait dans le pays Nantais, l'Anjou ou la Touraine, sans que personne voulût se charger de faire rapporter son corps à Donge pour l'inhumer, Frioul pria l'abbé de Marmoutier de vouloir bien, en cette circonstance, le faire transporter lui-même. Ce que l'abbé Barthélémi et les anciens de l'abbaye (seniores) lui promirent. — Orig., ou peut-être cop. de la fin du XIème S., parch.

D. Morice a imprimé une bonne partie de cette pièce, Pr. I, 399 et 435.

Nota. Il y a deux doubles du même temps, qui ne reproduisent qu'une partie de la pièce analysée ci-dessus, et sont cotés sous les nos 1 bis et 1 ter.

2.

XIème S., même date environ que la précédente. — Notice. Harscoet (Arscodius), fils de Douénerz, réclamait le terrain sur lequel étaient assis, à Donge, le bourg et l'église de Marmoutier. Le vicomte Frioul lui ayant donné 60 sous, Harscoet se désista. Parmi les témoins, Frioldus vicecomes, Mahias frater ejus, Aldroen Forfait, Juhel, Aldroen filius Fredonis, Daniel filius Wani (ou Uvani), Rivallonus Gradeloni filius, Rivaldus. — Orig. parch.
Impr. D. Mor. Pr. I, 454.

3.

1064-1079. — Notice. Au temps de Quiriaque, évêque de Nantes (1052-1079), et de Frioul ou Fréon (ici Fredo vicecomes), vicomte de Donge, Constant (Constans), serviteur dudit vicomte, donna aux moines de Marmoutier un champ proche de leur couture (agrum eorum cullurœ proximum). Ayant appelé ses parents, savoir, sa femme, son fils, son gendre, et le seigneur de qui il tenait ce champ, il les pria de consentir à sa donation. Ce qu'ils firent en effet, sur l'interrogation du vicomte, à qui tous répondirent : Oui (responderunt simul : Etiam). Car Constant les avait indemnisés en argent ou en terres. Les témoins (testes) de ce consentement furent le vicomte Fréon ; Bernier, diacre; Uvan (Wanus), prêtre ; Rivelin et Païen, son fils. Quant aux autres, qui n'étaient qu'auditeurs (alios auditores dicimus), ce sont Mahias ; Uvan (Wanus), fils de Gerbaud ; Rivelin le Sueur (Rivelinum sutorem) ; Bili, fils de Fréon ; Fréon Ramerenc et son frère. Au bas de la feuille de parchemin, contre l'angle de droite, est écrit : « Ista notitia fuit ita dictata apud Dongiam. »Orig. parch.
Extr. D. Mor. Pr. I, 427.

4.

1064-1084. — Chirographe. Charte de Constantius, serviteur ou mieux, officier et prévôt (ministerialis) du vicomte Frioul : c'est l'instrument de la donation relatée dans la notice précédente ; mais la rédaction de la notice précéda celle de la charte, qui ne fut écrite qu'à Marmoutier, lorsque Constant alla y renouveler sa donation dans le chapitre des moines, en présence de l'abbé Barthélémi (1064-1084). Elle contient, outre ce don, une convention conclue entre les moines de Marmoutier et Constant, portant que si, dans le délai de cinq ans, la femme de ce dernier venait à mourir ou lui donnait congé de se faire moine, il serait reçu en cette qualité à Marmoutier. Si Constant lui-même venait à mourir, tous ses biens meubles (illam partem substantiœ meœ ques me contingit, dit Constant) appartiendraient aux moines, et celui d'entre-eux qui résiderait alors à Donge le ferait inhumer sous l'habit monastique. Il n'y a pas de témoins nommés. Le mot CYROGRAPHVM est, non en haut, mais au côté droit de la charte.
Orig. parch.

5.

XIème S., fin. — Cette pièce contient deux notices.

La première notice relate ce qui suit : Thibaud, prieur de Donge (Tehtbaldus monachus prior), acheta d'un nommé Gradlon, de l'île d'Her, un champ sis devant la maison de Geoffroi Riveren. Consentirent à cette vente Dérien ou Délien, seigneur supérieur de ce champ (Deliano primo domino), et les fils de Riveren, Geoffroi et Tual (Tualdo), qui le tenaient de Dérien, et qui apparemment l'avaient sous-inféodé à Gradlon. Témoins légitimes (testes legitimi hujus conventionis) : Frioldus vicecomes, et filius suus Roaldus, Rualenus filius Constantii, Pereneius pretor.

Deuxième notice : Pierre, fils de Syneldis, donne aux moines de Marmoutier une certaine lande durant le temps de douze semailles, c'est-à-dire de vingt-quatre ans (per duodecim sata, id est per spatium XXIIIIor annorum). Il donna, de plus, à Marmoutier, sa part des vignes qu'il possédait avec son frère (partem vinearum que se de fraternitate contingebat), à condition que les moines en jouiraient seulement après qu'ils auraient donné la sépulture à sa mère Syneldis. Les prétentions élevées sur les vignes par un certain Daniel Mars (Daniel Mahors) furent écartées, moyennant un paiement de 10 sous fait par Pierre au vicomte Frioul (Fridollo vicecomiti), apparemment pour le compte dudit Daniel Mars. Parmi les témoins : Friuldus vicecomes et Syneldi matre ipsorum Petri et Glahionis (al. Glaidonis) qui dabant, Tehtbaldo priore, Jarnigone, etc.Orig. parch.

6.

XIème S., fin. — Cette pièce contient trois notices.

Première notice : Aubert et Béranger, moines de Marmoutier, résidant à Donge (ecclesiœ et rebus de Dongio prepositi), achetèrent d'Evain, fils de Marquier, une pièce de terre appelée Paincordon (Paniscordunus), pour le prix de 15 sous, plus 6 deniers donnés au proche seigneur, Grafion, qui approuva et garantit la vente. Le premier des témoins, Morin, fils de Goreden, s'engagea, si les moines étaient évincés de Paincordon, à leur donner une quantité égale de sa propre terre ; parmi les autres témoins : Evano Longo, Rio, etc.

Deuxième notice : Les deux mêmes moines achetèrent, pour semblable prix de 15 sons, une autre pièce de terre d'une femme nommée Seinandis et de son fils Pierre. Glai (Glaius), frère aîné de Pierre, ayant reçu deux sous des moines, autorisa cette vente et garantit aux moines la tranquille jouissance de la terre vendue, sous sa propre responsabilité. Parmi les témoins et fidéjusseurs : Mainone carpentario, Herveo de Plexititio, Corbello, Engelardo carpentario, Toserico filin ejus.

Troisième notice : Un certain Constant (voy. ci-dessus, nos 4 et 5) ayant donné aux moines de Marmoutier un champ situé près de leur grange de Donge, il fut ensuite prouvé que ce champ appartenait à un nommé Gasion et non à Constant. Gasion, ayant reçut des moines 6 sous, et de Constant autant de terre, en un autre lieu, que le champ donné à Marmoutier en contenait, se désista de toute prétention sur ce champ. Les seigneurs supérieurs dudit champ (majores domini terrœ illius) ayant eu 2 sous des moines, ratifièrent la donation. Engelard, fils de Constant, donna ce champ en même temps que son père. C'est pourquoi le moine Aubert l'emmena à Marmoutier, où il fut reçu au bénéfice des prières de l'abbaye et renouvela en plein chapitre sa donation et celle de son père: Venit huc (i. e. Majus Monasterium) et ipse Constantius, et quid egerit vel quid nobiscum cunventionis habuerit docet cyrographum quod inter nos et ilium ab utrisque habetur inde conscriptum, preter alias etiam litteras de ipsa donatione jam factas. On reconnaît facilement ici sous le nom de cyrographum, la charte ci-dessus, n° 4, et sous celui de aliœ litterœ jam factœ la notice n° 3 ; et l'on voit bien clairement que cette notice avait été rédigée avant la charte. — Orig. parch.

7.

XIème S., fin. — Notice. Frioul (Friolus), vicomte de Donge, exempta de toute coutume de tonlieu le sel passant en Loire, que les moines de Marmoutier faisaient venir à leur abbaye ; parce que Foucaud (Fulcodius), prieur (prepositus) de Sallertaine, prieuré de Marmoutier, en Bas-Poitou, et son confrère Ainoul, s'engagèrent à lui fournir, pour transporter de la chaux, de Damum à Donge, un navire appartenant à Marmoutier. Rouaud et Geoffroi, fils de Frioul, consentirent cette exemption. — Orig. parch.
Impr. D. Mor. Pr. I, 454.

8.

XIème S. fin. — Notice. Tison, fils d'Artaud, donne à Marmoutier toutes les coutumes qu'il avait droit de lever sur le sel, les poissons et toutes les autres choses (de omnibus rebus) passant en Loire, qui appartenaient aux moines dudit Marmoutier. A ce don consentirent Oreguen, femme de Tison, et Artaud, leur fils. En retour de quoi Lambert, prieur de Donge (prior de Dongia), les reçut tous trois dans la fraternité spirituelle de l'abbaye de Marmoutier. La donation ayant été ensuite renouvelée aux mains de Guillaume, prieur de Marmoutier à Nantes (prior Majoris Monasterii apud Namnetum positus), celui-ci investit aussi de nouveau le donateur du bénéfice de cette fraternité. — Orig. parch.

9.

1088, le jour Saint-Urbain (25 mai), dans l'octave de l'Ascension. — Notice. Barthélémi, abbé de Marmoutier, étant venu à Nantes au moment où, le vicomte Frioul s'y trouvait aussi avec Geoffroi, son fils puîné, comme ils étaient dans le bas chœur (in inferiori choro) de Saint-Pierre de Nantes, Geoffroi, sur l'ordre de son père, consentit toutes les donations faites par celui-ci à Marmoutier.

Le même jour, dans le même lieu, en présence des mêmes témoins, un certain Coquin (Coquinus) se désista de la réclamation qu'il faisait sur l'église Sainte-Radegonde, et il dit devant tous : « Ego concedo Sancto Martino et monachis ejus quicquid pater meus habuit apud Sanctam Radegundem ». Païen, frère de Coquin, était là, qui témoigna de la première donation de Sainte-Radegonde faite aux moines par son père, par lui-même et ses propres frères, comme aussi du consentement prêté à cette donation par le chapitre. L'abbé Barthélémi donna à Coquin 20 sous, qu'il reçut ce jour même dans le haut chœur (in superiori choro), sous les yeux des chanoines.

Le lendemain, au point du jour, le vicomte Frioul avec son fils aîné, Rouaud, vint à Sainte-Radegonde, où demeurait l'abbé Barthélémi, et là, Rouaud consentit tous les dons faits par son père à Marmoutier. — Orig. parch.

10.

1092. — Notice. Frioul, vicomte de Donge, avait remis en dépôt aux moines de Marmoutier 21 livres en espèces et une écuelle d'argent (scutellam argenti), pesant 3 marcs, en stipulant que s'il entreprenait le voyage de Jérusalem, cet argent lui serait rendu ; que s'il mourait avant d'entreprendre ce voyage, le tout resterait aux moines. Frioul mort sans avoir fait ce pèlerinage, son fils Geoffroi réclama tout de même l'argent, et, après avoir fort tourmenté les moines à ce sujet, il se contenta enfin d'une somme de 312 sous, qu'il promit même de rendre aux moines, s'il vivait assez pour cela. Bernard était alors abbé de Marmoutier. — Orig. parch.

11.

XIème S., fin ; et XIIème S., de 1142 à 1147. — Cette pièce contient deux notices.

La première notice [Note : Cette notice ne doit pas être antérieure à 1092 puisqu'on y rencontre, parmi les témoins, le vicomte Geoffroi, fils et successeur du vicomte Frioul, lequel avait dû mourir peu avant 1092, comme cela ressort du n° 10 ci-dessus] relate ce qui suit : Parmi les dons de Frioul à Marmoutier, se trouvait l'île de Terignac (Tyrinniacum) ; cette île était d'abord possédée prochement par six individus qui la tenaient en fief (a sex tenentibus alias fevatis) ; Frioul en acquit d'eux la propriété : aux uns, il donna de l'argent ; aux autres, d'autre terre en échange ; de quelques-uns, il obtint une cession gratuite. Puis il donna l’île aux moines. Cette donation faite, plusieurs des cessionnaires vinrent revendiquer ce qu'ils y avaient jadis possédé, entre autres Geoffroi, voyer de Guérande, et Grohel, fils d'Aufroi d'Escoublac (Grohel filius Auffredi de Scoblaco). On a vu, dans la notice n° 1, comment ces réclamants se désistèrent ; toutefois, la présente notice ajoute de plus, touchant Grohel et ses frères, que les moines, pour obtenir de leur part un désistement définitif, furent obligés de leur payer 10 sous, outre ce que leur avait déjà donné Frioul. — Quelque temps après, un des anciens possesseurs, Jarnehen, fils de Treloen, vendit aux moines la sixième partie du terrage de Terignac, pour 60 sous et une mine de froment. Harscoet, de qui Jarnehen tenait ce terrage, et Ruandeline, femme d'Harscoet, ayant eu des moines 14 sous et une mine de froment, consentirent à la vente. Parmi les témoins on remarque Gaufridus vicecomes Daniel de Preuenquel (Prinquiau), Rivallonius filius Constancii, — Amis de Mean, Guer de Mean, — Grundinus Helias.

Deuxième notice : Sous l'épiscopat d’Itier, évêque de Nantes (1142-1147), Bérard, voyer de Guérande, fils de Geoffroi, voyer de Guérande, dont il a été question plus haut, renouvela et consentit la cession faite par son père de tout ce qu'il avait eu à Terignac, sauf son sixième du terrage. Itier, en récompense, l'investit de la fraternité spirituelle des moines de Marmoutier et lui donna le baiser de paix, et Bérard fit de sa main une croix sur la charte (elle y est en effet). Parmi les témoins, sont nommés l'évêque Itier ; Raoul, prieur de Donge ; Rouaud d'Ust (Roaldus de Hust) ; plusieurs chanoines de Guérande, etc. — Orig. parch.
Extr. D. Mor., Pr. I, 436.

12.

XIème S., fin, ou XIIème S., comm. — Notice. Du vivant de Frioul ou Fréour [Note : On l'appelle ici Fredorius, et ailleurs presque partout Frioldus, quelquefois Friolus et Fridolus ; mais la synonymie de ces quatre noms n'est point douteuse], vicomte de Donge, et de son fils Rauaud, un chevalier à leur solde (miles soldearius), Tangui, fils de Brient, étant sur le point de mourir, avait donné aux moines de Marmoutier résidant à Donge tout ce qu'il possédait dans la terre de la Verrière (Vitreria ; elle était, semble-t-il, située en Saint-Viau), du consentement de Grafion, proche seigneur de cette terre, et de Guigue (Guigo), seigneur sur Grafion. Des guerres survenues peu après dans le pays de Retz forcèrent les habitants à abandonner leurs terres. La tranquillité étant revenue, des terres recommencèrent d'être cultivées ; mais les moines ayant négligé de reprendre possession de leur terre de la Verrière, un certain Giquel Petit (Judicalis cognomento Petit) s'en empara et se mit à la cultiver. Enfin, dans le temps que Garsias ou Garsire, seigneur de Retz, s'en allait guerroyer en Espagne contre les infidèles, le prieur de Donge, appelé Martin, alla demander à Guigue de lui faire restituer ladite terre. Mais à cette nouvelle Normand, frère du donateur, Tangui, vint se plaindre au prieur de ce qu'il lui faisait injure en s'adressant à un autre qu'à lui pour se faire rendre justice, ajoutant que s'il voulait lui donner quelque récompense, il remettrait la terre entre ses mains. Le prieur lui promit de lui donner 3 sous. Alors, en présence de la foule rassemblée pour le marché de Donge (car c'était précisément un mercredi), Normand ayant, avec les formalités requises sous la garantie d'une caution, déclaré remettre aux moines la terre de la Verrière, comme son frère la leur avait donnée avant de mourir, reçut effectivement 3 sous du prieur.

Le lendemain, les moines, Normand avec eux, allèrent de Donge à Saint-Viau demander justice à Grafion et à Guigue de l'usurpation de Giquel Petit. Celui-ci comparut et répondit en niant absolument le droit des moines ; Normand déclara alors qu'il était prêt à le soutenir par duel judiciaire, pour lequel il donna gage et présenta ses cautions. Giquel avait accepté le duel ; mais, n'ayant pu trouver de cautions, il ne put y procéder et proposa un accord. Il reconnut d'abord le droit des moines, et ceux-ci, de leur côté, le laissèrent jouir de la terre comme métayer ; on régla que les moines lui donneraient deux bœufs, qu'il en mettrait deux de son côté, et que les quatre bœufs seraient communs ; que Giquel et les moines partageraient par moitié les fruits de la terre ; que si cette terre s'augmentait de quelque acquisition des moines, Giquel, en payant la moitié du prix de cette acquisition, jouirait aussi de l'accroissement ; enfin qu'il resterait, sur la terre tant qu'il respecterait le droit des moines.

L'affaire semblait terminée, et le prieur, en conséquence, envoya ses hommes, au temps des foins, pour faucher le pré de la Verrière. Mais ce même Normand qui avait soutenu les moines contre Giquel Petit, chassa leurs faucheurs du pré et y mit les siens. Les moines s'adressent alors à Grafion et à Guigue (qui est ici appelé Guigo de Monte Lu), donnent 10 sous à celui-ci et 5 à celui-là, les pressant de leur faire rendre justice. Effectivement, au jour assigné par Guigue, les moines d'une part, Normand de l'autre, comparaissent devant lui à Saint-Viau. Normand soutient que les moines ne doivent avoir dans le pré de la Verrière que deux journées de fauche (opus duorum falcatorum) et non le pré tout entier. Les moines répondent que la donation de Tangui comprend sans réserve tout ce qu'il possédait à la Verrière ; le tribunal, décide qu'ils fourniront un homme pour soutenir cette assertion par l'épreuve judiciaire du fer chaud. Les moines y consentent et en donnent leurs cautions ; mais alors Normand se refuse à les accepter, et quitte les plaids en menaçant. Cette retraite prouvant évidemment le bon droit des moines, la cour de Saint-Viau leur donne gain de cause, les autorise à mettre leurs faucheurs dans le pré et emporter le foin : ce qu'ils font. Normand, irrité, s'ingénie à leur faire du mal de mille façons.

Cela dura assez longtemps. Enfin, le sire de Retz (Garsire) étant venu à Saint-Viau, les moines lui firent leurs plaintes contre Normand. Garsire, instruit de toute l'affaire, reconnut que les moines avaient entièrement gagné leur procès, et cependant il leur conseilla, pour satisfaire Normand, de se soumettre à l'exécution de l'épreuve judiciaire qui n'avait pu s'accomplir précédemment. Ce qu'ils firent, Normand acceptant. Comme on ne disait point alors la messe au château de Pornic (où résidait Gaisire) et que les cérémonies préparatoires de l'épreuve judiciaire ne s'y pouvaient par conséquent accomplir, on fut forcé de prendre un délai. Au jour dit, les moines arrivèrent avec leur homme, qui, la main enveloppée et scellée, attendait sans crainte le moment de l'épreuve. Le fer chauffait déjà, quand, sur les instances répétées des principaux seigneurs alors présents à Pornic, les moines consentent à une transaction. Ils accordent à Normand d'avoir dans le pré en question trois journées de fauche (opus trium falcatorum), sans que cela puisse lui attribuer en aucun cas aucun droit sur les hommes ou sur le bétail des moines ; seulement, quand le moment de la fauche sera venu, Normand et les moines mettront six faucheurs dans la meilleure herbe du pré ; puis le foin étant fané et amulonné (siccatum et coadunatum) se partagera également entre Normand et les moines ; ceux-ci feront les parts. Normand et un sien beau-frère (sororgius), qui était avec lui, eurent aussi 22 s. 10 d. une fois donnés ; et ainsi finit le procès.

J'ai dû me borner aux principaux traits de ce curieux récit, et négliger les détails ; crainte de longueur. Pour ne pas interrompre la suite des faits, je n'ai cité non plus aucun des témoins ou juges, qui, à Donge, à Saint-Viau et à Pornic, figurèrent comme acteurs ou spectateurs dans ce long débat ; toutefois, il y a quelques noms que je ne puis omettre, et, entre autres, ceux qui indiquent des possesseurs de petits fiefs, dont la situation est encore reconnaissable : tels sont Jarnogon de Saint-Viau (Jarnogonius de S. Vitali), Raoul de Corsept (Radulfus de Corsuito), Evain de Paimbœuf (Evanus de Penbo), Aubin de Fai (Albinus de Fai), Geoffroi de Clisson (Gausfridus de Clizone), Porchet de Touvoie (Porchetus de Tolveia), Foucaud de Daone, Gautier de Rasleria ; je noterai encore Daniel Loiseau (Daniel cognomento Avis), Abraham l'arbalétrier (arbalistarius), Pierre Ganache (Gasnachia) ; et enfin l'on doit, en bonne justice, une mention à Evain Morin (Evanus Moren), qui devait supporter, pour la cause des moines, l'épreuve du fer chaud. — Orig. parch.
Impr. D. Morice, Pr. I, 477-480.

13.

1106. — Notice. Lorsque Guillaume, abbé de Marmoutier, vint à Donge, en 1106, pour la première fois depuis son avénement à l'abbatiat, un moine du lieu, nommé Evain, déclara devant lui la donation de tous ses biens, qu'il avait faite à Marmoutier dès le temps de l'abbé Barthélémi. Ce qu'ayant appris, un clerc de Donge, appelé Guillaume, fils du prêtre Gradlon, réclama,comme lui appartenant, les droits sacerdotaux qu'Evain possédait en l'église de Saint-Martin de Donge. L'abbé, à qui il demandait justice, mit un jour pour prononcer ; et, ce jour venu, ledit Guillaume fit défaut. On le fit alors assigner à comparaître : faute de quoi Evain, qui avait non-seulement maintenu son droit, mais encore revendiqué sur Guillaume lui-même tout ce que celui-ci tenait injustement dans l'église de Donge, allait gagner son procès sur ce double chef. Ce qui eut lieu effectivement, Guillaume n'ayant rien répondu, et même ayant, semble-t-il, acquiescé à ce jugement, puisqu'on trouve son nom parmi les témoins de cette notice. Cette pièce est opisthographe, c'est-à- dire que les dernières lignes en sont écrites au dos du parchemin. — Orig. parch.

14.

XIIème S., comm. — Notice. Conan III, duc de Bretagne, ayant détruit le château de Donge et privé de son héritage Savari vicomte du lieu, plusieurs personnages, entre autres Thomas de Gaurechac, Hemeri, son parent, et Giquel, fils de Tangui, profitèrent de ces conjonctures pour maltraiter les moines de Marmoutier établis à Donge et revendiquer contre eux l'île de Terignac, qu'ils dévastèrent. Mais un an après, grâce, à l'intervention d'Androuin (Androenus) et de Bernard d'Escoublac, doyens de l'Eglise de Nantes, ces ennemis du prieuré de Donge, venant à résipiscence, se réconcilièrent avec les moines et abandonnèrent toutes leurs prétentions sur l'île de Terignac, sauf toutefois la part du terrage qu'ils y percevaient et qu'ils continuèrent de se réserver. Les moines, en reconnaissance, les reçurent dans leur fraternité spirituelle. Orig. parch.
Impr. D. Morice, Pr. I, 427.

15.

1170-1184. — Chirographe. Charte de Robert, évêque de Nantes, où il règle les droits des moines de Donge dans les églises de Donge et de Montoir (in ecclesia Dangie et Monstorii). Il leur donne les portions que le prêtre Olivier y prenait, mais avec une retenue à l'entier pour Guillaume Faruel, à sa vie durant, de tous les droits et oblations funéraires, excepté les offrandes du lendemain de la Toussaints, dont les moines prendront le quart. L'évêque décide, en outre, qu'à l'avenir le curé aura les offrandes des baptêmes, de la visite des malades et le pain de la purification des femmes, qu'elles présentent au relever de leurs couches. Il accorde aux moines le cierge qui était offert dans cette cérémonie, ou sa valeur en argent (candela purificationis vel nummata candele), le quart de l'honoraire des confessions, et la moitié de l'offrande de la messe, pourvu que cette offrande fût de deux deniers aulnoins, sans quoi le curé seul y avait droit. Cette charte est partie sur les mots ROBERTUS NANNETIC. EPISCOPUS. — Orig. parch. était sc.
Impr. D. Morice, Pr. I, 568 ; cf. Travers, Hist. de Nantes, I, 294-295.

16.

XIIème S., fin. — Charte d'Eon ou Eudon, vicomte de Donge, où, du consentement de sa femme Mathilde, de ses fils Rouaud et Eudon et de sa fille Emma, il donne au prieuré de Donge la dîme de ses moulins de Pêcherat : Pierre Legeard (Petro Legardi) étant alors prieur de Donge. — Orig. parch. était sc. ; détérioré par l'humidité.

17.

1209, avril. — Chirographe. Charte dé Geoffroi, seigneur d'Ancenis et baillistre (ballivus) de la terre du vicomte de Donge, notifiant les conventions arrêtées entre Guillaume de Mareil (Willelmus de Maroil) et Prieur Jorzac, touchant le futur mariage du fils de celui-ci avec la fille de celui-là. Guillaume donne en mariage à son futur gendre tout ce qu'il a au fief dudit Prieur de Jorzac à Savenai, au Maz et à Nigrelo (apud Savenai, apud Maz et apud Nigrelo), plus tout le fief de la mère dudit Guillaume, le champ Clos (campum Clausum), le champ Dogres, toute sa dîme de Mareil, et deux seterées de terre en la Gorantonère ; s'obligeant, s'il ne peut lui livrer ces deux seterées, à lui en donner deux autres à Mareil même. En retour, Prieur de Jorzac donna audit Guillaume 50 livres en argent, pour l'acquitter de ses dettes envers les Juifs. Si le mariage projeté ne peut s'exécuter, Prieur gardera, en acquit des 50 livres, les terres et dîmes susdites, avec interdiction toutefois de les transporter au prêtre Rouaud ou à Guillaume Harscoet. Daniel Hoysel se fait plége de l'accomplissement de toutes ces conventions, sauf le mariage ; Geoffroi d'Ancenis, de toutes sans exception ; et il scelle la charte. — Orig. parch., était sc.

18.

1232, la veille de la Saint-André (29 novembre). — Charte d'Henri, évêque de Nantes, et de son chapitre, contenant l'accord conclu entre les moines de Marmoutier et ledit évêque touchant les droits de visite ou de procuration que ce dernier réclamait des huit prieurés de cette abbaye ci-dessous dénommés. Il est réglé que pour satisfaire à ces droits, chaque année, les prieurés de Liré et de Châteauceaux (Chetiauceaus) paieront ensemble 4 l. ; Donge, 70 s. ; Sainte-Croix de Nantes et Pontchâteau, chacun 40 s. ; Machecoul, 30 s. ; Varade et le Pellerin, chacun 20 s. — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux, l'un de l'évêque et l'autre du chapitre de Nantes.

19.

1234 v. s., le lundi après Lœtare Jerusalem (19 mars 1235). — Charte en forme de notice contenant quittance pleine et entière donnée au prieur de Donge et à ses cautions par deux Juifs, Creisson et Bonostru, de Guérande. Ladite quittance fut donnée en présence de Guillaume de Derval, de Main son frère, de Bonabe de Rougé et de plusieurs autres ; l'acte scellé des sceaux de Triscant, alors sénéchal des Juifs, et de deux personnages de cette nation, Jacques de Nantes et Haranc de Segré : Geoffroi étant alors prieur de Donge. — Au dos, dix lignes d'écriture en caractères hébraïques, qui sont apparemment la même quittance exprimée en hébreu. — Orig. était sc., sur simples queues de 3 sc. en cire verte, dont il ne reste plus que deux fragments, où l'on voit sur l'un, qui était probablement celui du sénéchal, la moitié, d'une rose ou fleur à six lobes ; — sur l'autre (celui de Jacques de Nantes), la partie supérieure d'une lame de poignard. Impr. D. Morice, Pr. I, 884.

20.

1237, d'écembre. — Charte de Geoffroi de Méan, où, du consentement de sa femme, Pavée, et de son fils, Guillaume, il donne à Marmoutier le sixième du terrage qu'il était en possession de percevoir dans l'île de Terignac : stipulant toutefois que sa mère jouirait, à sa vie durant, d'un tiers de ce sixième, qui faisait partie de son douaire, et que , si quelqu'un des héritiers dudit Geoffroi voulait, à l'avenir, reprendre ce sixième, il paierait à Marmoutier, en compensation, une somme de 15 livres. — Orig. parch. était sc.
Impr. D. Morice, Pr. I, 906.

21.

1241, le jour de la Toussaints (1er novembre). — Charte de Geoffroi Le Pelous (G. Pilosi), chevalier. Désirant être admis à la fraternité spirituelle de l'abbaye de Marmoutier, il donne au prieuré de Donge un pré dit le grand pré de Quamer, pour l'entretien d'un moine qui sera chargé de dire la messe à l'autel récemment fait construire en l'église N.-D. de Donge par .ledit G. Le Pelous. Toutefois, Mehence (Mehencia), fille du donateur et religieuse de Fontevraud, conservera sur ce pré, sa vie durant, une rente de 60 s., qui lui sera servie chaque année par les moines dans l'octave de Pâques. Orig. parch. était. sc.
Impr. D. Morice, Pr. I, 919.

22.

1247. — Charte de Thibaud, seigneur de Rochefort et vicomte de Donge. Il confirme le don du grand pré de Quamer (ici écrit Camer) fait au prieuré de Donge par Geoffroi Le Pelous, comme porte la charte qui vient d'être analysée sous le numéro précédent. — Orig. parch. était sc.
Impr. D. Morice, Pr. I, 931.

23.

1274, le mercredi avant le synode de la Saint-Luc [Note : La Saint-Luc, qui est le 18 novembre, tombait cette année-là un jeudi]. — Charte de Guillaume de Rochefort, vicomte de Donge, au sujet des différends mus entre lui et Raoul de Montfort, prieur de Donge. Suivant la plainte de ce dernier, le vicomte s'était violemment introduit dans le prieuré et saisi des biens y existants ; il avait dissipé ou consommé les blés, vins, bestiaux, et en général toutes les provisions conservées dans le monastère pour l'entretien des moines ; il avait interdit aux habitants de Donge de vendre auxdits moines aucune denrée, ce qui avait contraint ceux-ci d'abandonner le prieuré et même le bourg de Donge, pour n'y pas mourir de faim : il avait fait rompre le sacraire de l'église du prieuré, contenant les divines espèces (troncum ecclesie sive arcam in qua reponebatur Eucharistia), les reliquaires, les vases sacrés, les ornements sacerdotaux et les coffres qui se trouvaient dans le dortoir ; il avait violemment maltraité l'un des moines, et, pour tout dire, causé en définitive au prieuré un dommage évalué à 200 marcs [Note : On taillait alors environ 3 livres dans le marc d'argent ; et la livre d'alors, au pouvoir de l’argent, vaudrait environ 100 francs de nos jours. Ainsi, le dommage s'élevait à 60,000 francs]. Guillaume de Rochefort ne niait aucun de ces faits, mais il prétendait les justifier. Il soutenait que ses prédécesseurs vicomtes de Donge, lors de la fondation du prieuré, s'étaient réservé sur cette maison un droit de garde, lequel consistait, sitôt après la mari d'un prieur, à saisir le temporel du prieuré, à percevoir les revenus, consommer les provisions, et à conserver cette possession jusqu'au moment où le moine nommé pour succéder au prieur défunt, viendrait demander au vicomte de Donge l'investiture de son prieuré. Suivant Guillaume de Rochefort, ce prétendu droit de garde légitimait tous les excès dont se plaignait le nouveau prieur, Raoul de Montfort. Toutefois, « pour le bien de la paix, » ledit Guillaume renonce à perpétuité à son prétendu droit de garde. — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux, celui de l'évêque de Nantes (Guillaume de Vern) et celui de Guillaume de Rochefort.

23 bis.

1274, le mercredi avant le synode de la Saint-Luc. — C'est un double de la charte qui vient d'être analysée sous le n° 23. — Orig. parch. était sc.

24.

1281, le samedi après la fête de Saint-Pierre-aux-Liens (2 août). — Charte de Pierre, archidiacre de la Mée [Note : La Mée (Media) était l'un des deux archidiaconés de l'ancien diocèse de Nantes ; il comprenait les doyennés de la Roche-Bernard et de Châteaubriant, c'est-à-dire toute la partie du diocèse située entre l'Erdre, la Loire, la mer, la Vilaine et la limite des anciens évêchés de Rennes, et d'Angers], notifiant que Olivier Coliete a donné au prieuré de Donge (monachis in ecclesia Beate Marie de Dongia Deo servientibus) ce qui suit, savoir un bois appelé le Vigneu (ou peut-être le Vignon, car les deux dernières lettres du mot sont douteuses) ; une certaine quantité de terre labourable sous l'enclos de ce bois ; le rocher situé au-dessus de ce bois et une autre quantité de terre labourable entre ce rocher et l'hébergement de Daniel Coymes : le tout en la paroisse de Prinquiau, au fief du prieur de Donge. — Orig. parch. était sc. du sc. de l'archidiacre, dont il ne reste qu'un fragment.
Extr. D. Mor., Pr. I, 1060.

25.

1283, le jeudi après l'Assomption (19 août). — Charte de Durand, évêque de Nantes. Il déclare que l'hospitalité bienveillante et l'honorable réception à lui faite par son ami Herbert, prieur de N.-D. de Donge (prior prioratus Sancte Marie de Dongia), ne peut acquérir nul droit aux évêques de Nantes ni porter nul préjudice aux priviléges dudit prieuré. — 0rig. parch. était sc.

26.

1284, le vendredi avant la Nativité de saint Jean-Baptiste (23 juin). — Charte de Durand, évêque de Nantes, où il déclare prendre Pierre Le Moine, archidiacre de Tours, pour arbitre du différend mû entre lui, évêque, et l'abbé de Marmoutier. L'évêque de Nantes prétendait que, quand il allait visiter les églises paroissiales de Prinquiau (Prengqueau), du Pellerin et de Varade, les prieurs de Varade, du Pellerin et de Donge, qui avaient une part des dîmes de ces trois paroisses, devaient contribuer aux frais de la réception épiscopale en fournissant aux curés une valeur en denrées équivalente à la somme qu'ils payaient précédemment en argent pour droit de procuration. L'abbé s'y refusait, soutenant qu'il ne devait rien qu'une redevance en argent (comme cela avait été effectivement réglé en 1232 par Henri, évêque de Nantes ; voyez ci-dessus le n° 18). Tel était ce différend, qui passa successivement par trois arbitrages au moins, sans que l'on en connaisse encore l'issue définitive. La présente charte et les quatre suivantes s'y rapportent. — Orig. parch. était sc.

27.

1287, le mercre-di après la Saint-Pierre (2 juillet). — Charte de Durand, évêque de Nantes, qui déclare prendre pour arbitre du différend mentionné au n° 26, Guillaume (de la Rochetangui), évêque de Rennes. Si l'archidiacre de Tours, Pierre Le Moine, avait échoué dans la tâche d'accorder les deux parties, l'arbitrage déféré à l'évêque de Rennes n'eut pas un meilleur succès, comme on le verra tout à l'heure. — Orig. parch. était sc. de 2 sceaux, celui de l'évêque et celui du chapitre de Nantes.

Nota. Le prieuré de Donge est nommé ici prioratus de Dongiis : c'est le seul exemple ancien que je connaisse du nom de Donge écrit avec la marque du pluriel. Partout ailleurs on trouve Dongium ou Dongia, et même Dangium ou Dangia.

28.

1289. v. s., le vendredi après Invocavit me (24 février 1290). — Charte de Durand, évêque de Nantes, qui déclare prendre pour arbitres du différend mentionné ci-dessus au n° 26, Geoffroi de Fontevraud (de Fonte Ebrardi), doyen de Tours ; Jean d'Aubigné, sous-doyen de Saint-Martin de Tours ; Robert de Clinchamp (de Clincampo), doyen du Mans. — Orig. parch. était sc.

29.

1290. Mémoire présenté par l'évêque de Nantes aux trois arbitres dénommés dans le n° 28, pour appuyer ses prétentions contre l'abbé de Marmoutier. Il allègue, entre autres choses, que le concile de Lyon (de l'an 1274 ) ayant interdit de payer les procurations épiscopales en argent et prescrit de les fournir en nature, seulement lorsque l'évêque ferait en personne la visite de ses églises, il s'ensuit en bonne justice que les prieurés de Donge, le Pellerin et Varade, qui étaient tenus précédemment à payer une certaine somme pour droit de procuration, doivent maintenant fournir l'équivalent de cette somme en nature et en denrées, quand l'évêque fait sa visite. — Orig. parch. gâté par l'humidité, était sc.

30.

XIIIème S, fin. — L'écriture de cette pièce est presque entièrement effacée par l'humidité ; c'était une addition de l'évêque de Nantes au mémoire précédent, mentionné sous le n° 29 ; autant du moins qu'on en peut juger par la première ligne, où je crois déchiffrer : Hec sunt additamenta episcopi Nannetensis ad rationes ejusdem jam premissas contra priores....Orig. parch. ne paraît pas avoir été sc.

31.

1330, le lundi après la Nativité de la Vierge (10 septembre). — Charte de Thibaud de Rochefort, vicomte de Donge, et de Guillaume son fils aîné, seigneur d'Assérac. A la mort de Guillaume Le Comte, prieur de Donge, les officiers du vicomte de Donge avaient saisi le temporel du prieuré, en vertu du prétendu droit de garde dont il a déjà été question ci-dessus, au n° 23. Geoffroi de Lamballe, donné pour successeur à Guillaume Le Comte, se plaignit en conséquence de cette infraction à l'accord conclu en 1274 avec Guillaume de Rochefort, alors vicomte de Donge, qui avait renoncé à perpétuité à ce prétendu droit. Sur quoi Thibaud de Rochefort et son fils aîné, le seigneur d'Assérac, déclarent non avenu ce que leurs gens ont fait en cette occurrence, et affirment vouloir s'en tenir fidèlement à l'exécution de l'accord de 1274. En latin. — Orig. parch. sc. sur cordelettes de soie rouge, de deux sceaux en cire jaune, de forme circulaire et de petite dimension. Le premier, qui est celui de Thibaud de Rochefort, porte un écu chargé d'un vairé plain, qui est Rochefort ; la légende très-fruste ne se peut lire. Le second a également un écu qui porte aussi de Rochefort avec le premier canton chargé d'un lion ; pour légende : S. G. DE RVPE FORTI DNI DACERAC. C'est le sceau de Guillaume, fils aîné de Thibaud.

32.

1439, 7 avril. — Par la cour de Nantes, Jean du Tertre, « prieur
de Saint-Martin de Donges, baille à perpétuité à Jean Perrinot, sous la charge d'une rente annuelle de 30 s. 6 d., payable aux termes de Saint-Martin et de Touzsains, une certaine quantité de terre en trois pieces, appartenant audit prieur, estans ou clox nommé le Vergier au prieur de Donges ; »
cette quantité de terre contenant environ 4 boisselées et touchant d'une part « le chemin par où l'en vet du bourc de Donges au clox de Magoair, » etc. — Orig. parch. était sc.

33.

1601, 28 septembre. — Arrêt du grand Conseil, qui maintient messire René Brelay, prêtre du diocèse d'Angers, en la possession du prieuré de Notre-Dame de Donge. — Cop. coll. en pap. du 6 janvier 1603.

34.

1649, 4 avril. — Sentence du présidial de Nantes qui condamne le fermier du prieur commendataire de Donge à payer la pension du prieur claustral du même lieu, à raison de 20 écus par quartier, plus 30 livres pour frais de son voyage à se rendre au chapitre de Marmoutier. — Grosse orig. pap.

35.

1736, 5 mai et 3 septembre. — « Résultat pour la reconstruction de l'église du prieuré de Donge ». Sous ce titre sont trois pièces ensemble :

1° 1736, 5-12 mai. Procès-verbal, par Guibert, charpentier de Nantes, du mauvais état de la charpente de l'église de N.-D. de Donge, concluant qu'il est nécessaire de refaire ladite charpente. Ensemble, le devis estimatif de cette reconstruction, porté à 2,000 livres, au plus bas prix. — Copie certifiée conforme, pap.

2° Requête de l'abbé Fernex , prieur titulaire de Donge, adressée à S. A. S. le comte de Clermont, abbé commendataire de Marmoutier, afin d'obtenir de S. A. l'autorisation d'abattre l'église de N.-D. de Donge pour construire en place une chapelle moins étendue, ou d'abattre l'église de la nef actuelle en conservant seulement le chœur, qui servira de chapelle. — Minute orig. pap.

3° 1736, 3 septembre. — Résultat du conseil de l'abbé commendataire de Marmoutier autorisant le prieur titulaire à faire démolir l'église alors existante, à charge de construire en place une chapelle pouvant contenir trente ou quarante personnes. — Cop. pap.

36.

1767, 8 mai et 12 octobre. — Deux lettres datées de Crespi en Valois, signées J.-M. Rolland, procureur de Saint-Arnoul, adressées, la première au prieur claustral, la seconde au feudiste de Marmoutier. Ledit Rolland prie le feudiste de Marmoutier de vouloir bien lui copier et envoyer les titres de son abbaye où il serait question de quelque individu du nom de Coliette, et cela pour obliger « un fort honnête homme (de Crespi), nommé Colliette, qui serait charmé de rassembler plusieurs titres de famille dont il a besoin » pour ses recherches, recherches qui d'ailleurs ne devaient nullement inquiéter les moines de Mamoutier, « parce que l'on ne les fait que pour sçavoir l'origine des Colliette et pour faire une généalogie ». Il demande en particulier copie de la donation faite en 1281 au prieuré de Donge par un certain Olivier Coliette, et dont l'acte a été analysé ci-dessus au N° 24. — Orig. pap.

(M. A. de la Borderie).

© Copyright - Tous droits réservés.