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LES DUCHESSES DE BRETAGNE

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Vannes fut la résidence préférée des premiers ducs de la maison de Montfort ; et la ville a gardé ce lointain souvenir. La cathédrale est longée sur la droite par une rue dite de Saint-Guenaël. Vers le milieu de cette rue, presque en face de la porte latérale de l’église, dite par tradition porte des ducs, s’ouvre une rue allant vers la rue des Vierges. Cette rue a été pendant des siècles nommée rue des Trois Duchesses. Mais l’usage des plaques indicatives des noms de rues n’a été introduit en Bretagne qu’au milieu du XVIIIème siècle [Note : Cet usage ancien en Italie a été introduit à Paris en 1728. A Quimper, on a mis des plaques au coin des rues et numéroté les maisons, en 1766] : ainsi s’expliquent les variantes qu’a subies le nom de la vieille rue. Des actes officiels du XVIIIème siècle l’appellent rue des Duchesses ; et sur un plan de la ville daté de 1785 nous pouvons lire : rue de la Duchesse. Mais à ces noms, un plan postérieur de vingt-trois années (1808) substitue le nom de rue de la Bienfaisance.

Entre ces deux dates (1785-1808) le nom de la rue devait fatalement changer. Pendant quelques années, tout nom de villes, de places ou de rues rappelant un souvenir de l’ancien régime, « du régime barbare », selon l’expression souvent employée, ou bien un souvenir religieux, devait être remplacé [Note : A ce propos, je me permets de signaler l'Index des noms révolutionnaires des communes de France : un curieux opuscule. Poitiers, Bray et Roy, imprimeurs].

Le nom de rue des Trois Duchesses, des Duchesses, ou de la Duchesse, avait un titre particulier à l'exclusion.

Comme d’autres, le mot Duchesse était exclu de la langue française [Note : « La dénomination de Château, donnée autrefois aux maisons de quelques particuliers, demeure irrévocablement supprimée ». Décret des 13-17 pluviôse an II (1er-5 février 1794). Duvergier, VII, p. 28]. Du moins n’était-il plus permis de l'écrire même dans un acte privé. Comment n’aurait-il pas offusqué, affligé les yeux sur une plaque au coin d’une rue ? 

Mais à quelle date précise ce changement de nom s’est-il fait ? Par quelle autorité a-t-il été ordonné, directoire du département, municipalité, comité révolutionnaire, commissaires de la Convention venant « régénérer » la ville ? Enfin, en quels termes l’arrêté ordonnant le changement fut-il conçu ? C’est ce que nous ne pouvons dire [Note : Les registres de la municipalité de Vannes ne se retrouvent plus entre 1790 et 1800. La même lacune existe en beaucoup de communes... et pour la même cause].

On n’en peut douter : l’ancien et vrai nom de la rue est rue des Trois Duchesses. Ces trois duchesses sont les trois douairières vivant en Bretagne dans la seconde moitié du XVème siècle : Isabeau d'Ecosse, veuve de François Ier, en 1450 ; Françoise d'Amboise, veuve de Pierre II, en 1457 ; Catherine de Luxembourg, veuve d'Arthur III, en 1458.

Françoise d'Amboise est encore aujourd’hui vénérée, bien plus, aimée par les Bretons qui voient en elle ce que voyaient leurs pères : la vertu et la charité sur le trône. Mais les deux autres sont peu connues. Il nous a paru qu’il était permis de rechercher les titres qu’elles ont eus à ce souvenir populaire.

Autre question : Toutes les trois étaient veuves en 1459 ; on a écrit que « cette année et années suivantes elles habitaient en même temps à Vannes ». [Note : Annuaire du Morbihan, par M. Lallemand, 1853, p. 158 en note, et 1858, p. 278] ; on a dit qu’elles demeuraient toutes trois dans la rue dite pour cette raison des Trois Duchesses ; et on montre, comme nous verrons, dans cette rue, une maison (ou la place d’une maison) qui appartint à l’une d’elles.

Nous aurons donc à rechercher si elles ont habité à Vannes et à quelle époque, et si elles ont habité la rue dont le nom gardait encore leur mémoire après trois siècles révolus.

Duchesses de Bretagne Voir Isabeau d'Ecosse, duchesse de Bretagne

Duchesses de Bretagne Voir Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne

Duchesses de Bretagne Voir Catherine de Luxembourg, duchesse de Bretagne

Conclusion.

La duchesse Isabeau d'Ecosse, veuve de François Ier, a vécu à Vannes, quand elle y eut acquis la maison signalée rue de la Bienfaisance, c’est-à-dire de 1485 environ à sa mort.

La duchesse Françoise, veuve de Pierre II, a vécu à Vannes, de 1460 à 1477, mais non dans la rue de la Bienfaisance.

La duchesse Catherine de Luxembourg, veuve d'Arthur III, ne parait pas avoir habité à Vannes.

Dira-t-on : Mais pourquoi Vannes l’a-t-elle unie dans le même souvenir que les deux duchesses habitantes de la ville ?

La duchesse Catherine avait un titre spécial à ce modeste honneur : elle fut l’épouse dévouée du connétable de Richemont dans lequel Vannes voit le plus glorieux de ses fils.

La ville de Vannes s’est honorée, lorsque consacrant une statue au connétable de Richemont, elle lui a rendu une tardive justice. Mais un autre acte de justice ou, si l’on veut, une réparation, c'eût été d’enlever à la rue le nom abstrait de la Bienfaisance et de lui rendre son vieux nom de rue des Trois Duchesses. Ce souvenir est bien dû aux trois nobles femmes qui méritèrent l’amour des Bretons, qui aimèrent la Bretagne, qui voulurent y mourir, et qui n’y ont même pas obtenu le repos de la tombe.

Le tombeau d'Isabeau d'Ecosse a été détruit et ses restes sont perdus. En 1792, les religieuses des Couëts furent expulsées. Le 15 janvier 1793, le district de Nantes fit faire inventaire des meubles du couvent. Le tombeau de Françoise d'Amboise fut brisé et ouvert ; mais, au lieu du cercueil en argent doré qu’on espérait y trouver, il n’y avait qu’un cercueil en plomb. Le plomb « pouvant servir à faire des balles », le cercueil fut vidé, et les restes qu’il contenait jetés dehors. La dernière prieure, Mme de la Roussière, survint ; elle obtint et recueillit la tête et quelques ossements.

En 1792, la Nation vendit l’église des Chartreux pour être démolie et le mausolée en marbre blanc d'Arthur III « pour faire de la chaux ». Le tombeau fut vidé et a disparu. Les ossements de Catherine de Luxembourg ont été perdus ; ceux d'Arthur III furent volés par une main pieuse. Le tombeau de François II aux Carmes, destiné comme l’autre à faire de la chaux, a été épargné. Quand il a été rétabli, en 1817, dans la cathédrale, les restes d'Arthur III y ont été déposés (extraits des notes de J. Trévédy).

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