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Les émigrations des Bretons insulaires en Armorique (Bretagne)

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évêché de Rennes

Les émigrations des Bretons insulaires en Armorique 

et 

particulièrement sur les Côtes nantaises.

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émigrations des bretons insulaires

 

LES EMIGRATIONS DES BRETONS INSULAIRES

émigration des bretons insulaires

Ce n'est pas seulement en érigeant des statues que les cités honorent les grandes figures de l'histoire ou leurs enfants célèbres. Elles en rappellent aussi le souvenir en donnant leurs noms aux places et aux voies publiques. Or, au centre du quartier dit des Ponts, Nantes possède une rue Conan Mériadec. Quel est ce Conan Mériadec dont nos édiles ont voulu saluer la mémoire ? Ce ne fut rien moins, d'après une légende longtemps accréditée que le fondateur et le premier roi de notre Bretagne, la petite Bretagne que nous habitons. Bien mince hommage, direz-vous, rendu à une aussi haute figure. Sans doute les proportions de la rue en question et sa situation excentrique ne sont-elles guère en harmonie avec le personnage et le rôle important qu'on lui prête ; néanmoins le but principal a été atteint, le nom de Conan pour la masse, n'est pas tombé dans l'oubli et est prononcé chaque jour dans la grande ville qui abrita pendant des siècles les Ducs de Bretagne, ses successeurs. 

Ce Conan Mériadec nous est présenté comme ayant vécu à la fin du IVème siècle de notre ère. 

A cette époque la domination romaine s'étendait non seulement sur la Gaule, mais encore sur la plus grande partie de l'Ile de Bretagne. Les Romains possédaient toute l'Angleterre actuelle et une partie de l'Ecosse. A la limite de leurs conquêtes ils avaient édifié le mur d'Antonin sur la langue de terre prise entre les golfes de Forth et de Greenock, et plus bas le mur de Sévère qui s'étageait sur toute la largeur de l'île depuis le Golfe de Solvay jusqu'à l'embouchure du Teyne, près de Newcastle. 

Un certain Maxime usurpa alors la dignité impériale en se faisant proclamer par les légions de l'île de Bretagne. Cela ne suffisait pas à ses ambitions. Il traversa la Manche et vint en Gaule à la tête d'une armée importante composée de légionnaires romains et de nombreuses cohortes recrutées parmi les populations bretonnes. Maxime se rendit maître d'une grande partie de la Gaule et de l'Espagne, et donna ensuite toute la péninsule armoricaine à Conan Mériadec, chef des troupes bretonnes, et que celles-ci avaient conquise, en lui conférant le titre de roi. 

Ces événements qui dateraient de 383 devaient être suivis cinq ans plus tard de la chute de Maxime, vaincu par Théodose le Grand, et par le rétablissement de l'autorité de Rome partout où elle avait été ébranlée. Il y aurait eu cependant une exception pour la petite Bretagne dont Conan était le souverain ; et à la mort de celui-ci survenue suivant certains de nos chroniqueurs en 421 sa couronne fut transmise à ses héritiers qui successivement eurent noms Salomon, Gradlon, Audren, Guérech, Eusèbe, Budic, Hoël, Conao, Judval, etc... et dont devait descendre plus tard la grande et puissante famille des Rohan. Il est en effet, un fait certain, c'est que brusquement notre péninsule jusqu'alors désignée toujours sous le nom d'Armorique, prend dans tous les textes postérieurs à la fin du siècle celui de Bretagne, réservé jusque-là à la Grande Ile. Il parait donc très admissible qu'après la défaite de l'usurpateur Maxime, la Bretagne Armoricaine n'ait pas fait retour à l'empire romain et se soit maintenue indépendante. 

Je sais bien que certains auteurs ont nié l'arrivée de Bretons en Armorique et, prétendu que nos Bretons actuels ne sont autres que les descendants des Gaulois qui l'habitaient à l'époque romaine. 

Un savant archéologue nantais qui fut une des gloires de notre Société et un des fondateurs en 1853 de la Revue des Provinces de l'Ouest, s'est fait le défenseur de ce système. Il était originaire de Blain et s'appelait Bizeul. 

M. Bizeul s'appuie sur les nombreux vestiges d'antiquités romaines pour qualifier de déplorable erreur le système qui enseigne rétablissement de nombreux Bretons dans une Armorique qu'il prétend avoir toujours été très peuplée. 

Une autre gloire de la Société Archéologique de Nantes et aussi une des plus grandes de la science historique française à la fin du XIXème siècle, M. de la Borderie, fondateur avec Bizeul de la Revue des Provinces de l'Ouest a mis à néant la thèse de ce dernier. Je n'entrerai pas dans le détail des arguments mais je me bornerai à constater avec M. de la Borderie que le changement de nom de la péninsule n'est pas expliqué par M. Bizeul et que les antiquités romaines trouvées en Armorique ne peuvent être datées postérieurement à 306. Preuve évidente qu'après cette date il s'est passé sur nos grèves et dans nos landes des événements importants. 

Quand au cours des temps, un pays change de nom, quand il prend celui d'un pays voisin qui garde cependant le sien, la chose ne peut s'expliquer que par l'établissement d'habitants venant de ce dernier sur le territoire du premier. Par conséquent la réalité d'un débarquement breton en Armorique ne peut être contesté, et du reste ce point d'histoire ne l'est plus. Nos plus anciens historiens l'enseignent. C'est Gildas (VIème siècle), Bède (VIIIème siècle), L'Historia Britonum de Nennuis (IXème siècle), puis L'Historia Regum Britonnioe de Geoffroy de Monmouth (XIIème siècle). Le Baud, d'Argentré, Alain Bouchard et tous nos bénédictins bretons depuis dom Lobineau jusqu'à D. Morice, en passant par dom Le Gallois, D. Brient, D. Taillandier.

J'ai dit que ce débarquement n'avait été qu'un épisode de l'usurpation de Maxime et de sa campagne en Gaule, à la suite de laquelle Conan Mériadec et ses Bretons s'étaient fixés sur le territoire Armoricain. Telle est l'opinion de Geoffroy de Monmouth inspiré lui-même par l'Historia Britonum de Nennius, et suivi par Le Baud, d'Argentré, Bouchard, Albert Le Grand, D. Morice. Tous ces chroniqueurs ont relié au grand chef les noms épars des princes bretons révélés par les textes pour établir une généalogie des rois de Bretagne. Malheureusement leurs listes ainsi dressées ne concordent pas entre elles. Pourquoi ? Pour la raison bien simple qu'à partir du Vème siècle la Bretagne me formait plus une unité politique et était divisée en cinq principautés indépendantes. Comme le fait remarquer Le Jean dans son ouvrage « La Bretagne et ses historiens » éditée à Nantes en 1850 et couronnée par la Société Académique de cette ville : « Le Grand écueil des historiens c'est de concilier leurs nombreuses listes de monarques bretons avec leur système opiniâtre d'unité bretonne qui est leur fil conducteur ». La critique historique qui fit tant de progrès à la fin du XIXème siècle a remis les choses au point. S'appuyant sur les plus anciens textes de notre histoire, les écrits les plus sincères et les documents les plus sérieux, elle a fixé définitivement la façon dont eu lieu l'établissement des Bretons en Armorique. 

La mise au point en est due au regretté M. de la Borderie, mort membre de l'Institut qui ouvrit un cours libre d'histoire de Bretagne à la Faculté des Lettres de Rennes, grâce à l'initiative de son doyen, et à ce savant doyen M. Loth, plus tard professeur au collège de France. 

Devant les rigueurs de la science, la superbe épopée du roi Conan ne devait pas survivre à l'écroulement de sa dynastie fantaisiste. Bien plus, l'existence même du conquérant fut mise en doute faute de preuves. Gildas qui vivait au VIème siècle n'en parle pas, à Bède qui écrivait au VIIIème il est inconnu. Son nom n'apparaît que bien plus tard dans des récits apocryphes recueillis par Nennius au Xème et commentés au XIème siècle par Geoffroy de Monmouth. 

Du reste dès le commencement du XVIIIème siècle D. Lobineau sacrifiait Conan sans ambages. Son livre parut en 1707 sous les auspices des Etats. de Bretagne qui l'avaient encouragé. La famille de Rohan ne pardonna pas au savant moine le sacrifice de leur descendance directe du premier roi de Bretagne. Le malheureux écrivain fut relégué à l'abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer et il fut empêché de continuer son oeuvre. Les princes de Guémené et de Rohan allèrent jusqu'à demander aux Etats de Bretagne de proscrire l'histoire qu'ils avaient favorisée. 

Ceux qui vinrent ensuite se gardèrent bien de suivre les traces de Lobineau. Ils s'inspirèrent plutôt de D. Morice qui peu d'années après remettait en honneur les hauts faits du légendaire Conan. L'auteur s'appuyait sur un travail dû à un certain abbé Gallet dont le manuscrit original était la propriété du cardinal de Rohan. Ceci se passe de commentaires. 

Avec Conan disparaît l'explication du maintien d'un royaume de Bretagne après la chute de Maxime. Force nous est d'en rechercher une autre au changement de nom de l'Armorique. Il a suffi de consulter nos premiers chroniqueurs Bède et Gildas et aussi Grégoire de Tours, pour constater que leur système est d'accord avec celui de dom Lobineau qui avait donc puisé aux bonnes sources. 

Les Bretons vinrent bien de l'île de Bretagne en Armorique, mais ils n'abordèrent pas sur nos rivages en conquérants et leurs émigrations n'eurent pas lieu d'après un plan d'ensemble. 

A cette époque, l'île de Bretagne était dévastée par les pirates Germains : Angles et Saxons. A ceux-ci s'étaient joints les populations celtiques du Nord et de l'Irlande qui n'avaient pas été subjuguées par Rome : les Pictes et les Scots. Les Romains après avoir laissé une empreinte de leur civilisation sur des populations méridionales de l'île abandonnèrent celles-ci sous le coup des difficultés intérieures de l'empire. Les Bretons revinrent alors à leurs coutumes nationales, ne tardèrent pas à être bientôt en butte aux attaques de leur voisins les Pictes et les Scots. En vain implorèrent-ils le secours de leurs anciens maîtres ; ceux-ci ne bougèrent pas. Aux Pictes et aux Scots se joignirent les Saxons arrivés de Germanie. Les malheureux Bretons furent pris entre deux feux. Les Saxons et les Angles ne tardèrent pas à devenir les maîtres du pays et établirent en Grande Bretagne de nombreux royaumes dont les plus importants sont ceux de Kent, Sussex, Wessex, Essex, Northumbrie, Estanglie. 

Durant deux siècles, les indigènes résistèrent aux envahisseurs, mais dès les premières années de la lutte nombre d'entre eux prirent la mer et se laissant aller au gré des flots abordèrent sur des rivages hospitaliers où ils devaient demeurer. Ceux qui restèrent furent assimilés par les vainqueurs qui leur imposèrent leur langue. La langue celtique ne survécut dans la partie méridionale de l'Ile de Bretagne que dans les centres où les vaincus se maintinrent plus denses en Cornouaille, et au pays de Galles. Ceux qui fuyaient au contraire devaient apporter leur idiome dans les régions où ils bâtiraient leurs nouveaux foyer.

Les Bretons étaient chrétiens. Leur pays avait été évangélisé à la fin du IIème siècle et ils avaient reçu plus récemment la mission de St Germain d'Auxerre et de Saint Loup. C'est pourquoi Gildas écrivait : « ils se rendirent aux pays d'outre-mer avec de grands gémissements, et sous leurs voiles gonflées ; en place de la chanson des rameurs, ils psalmodiaient ces paroles de David : Vous nous avez livrés, seigneur, comme des agneaux à la boucherie, vous nous avez dispersés parmi les nations »

Ces barques pour la plupart se dirigèrent vers l'Armorique, il y en eut qui firent voile vers des rivages plus lointains. Certaines abordèrent en Irlande où pourtant les Pictes encore païens n'étaient guère hospitaliers aux Bretons ; d'autres s'aventurant au large arrivèrent sur les côtes d'Espagne. Ceux-ci formèrent en Galice une petite colonie qui survécut jusqu'à la fin du IXème siècle. Les Conciles de Lugo et de Tolède mentionnent des évêques et des évêchés bretons au VIIème siècle. Vers l'an 900 existait encore le Siège breton de Britonia. 

Revenant aux émigrants réfugiés en Armorique, on constate, comme nous l'avons dit, que leurs expéditions ne sont pas régies par un plan d'ensemble. L'individualisme celtique est rebelle à ces sortes de choses. Elles s'étendent sur deux siècles, les deux siècles pendant lesquels, les Bretons sont aux prises avec les barbares. Les uns débarquent sur les côtes de la Manche, les autres abordent sur les rivages de l'Atlantique. Tantôt ce sont des familles, des tribus qui viennent chercher asile sur le continent, tantôt ce sont des moines, abbé en tête qui y viennent édifier leurs temples et leurs cellules. Par suite les établissements bretons revêtent soit la forme d'établissements patriarcaux, soit la forme d'établissements monacaires. Peu à peu ces agglomérations se groupent, donnent naissance à des petits royaumes ou principautés, car l'unité armoricaine bretonne, n'a pris corps que bien longtemps après, au IXème siècle. C'est une conquête pacifique, et longue, qui assimile les populations indigènes au fur et à mesure, combien différente de l'occupation à main armée consécutive aux expéditions de Maxime, prêtée au fabuleux Conan et à ses troupes. 

Avant d'entrer dans les détails de cette pénétration, il est bon de connaître l'état de l'Armorique au commencement du Vème siècle. La civilisation romaine avait profondément pénétré en Gaule et les nombreux vestiges gallo-romains trouvés en Armorique prouvent que cette contrée avait connu sous la domination des César, une certaine splendeur. Mais dès le début du Vème siècle l'empire romain s'effrite. Nous savons que les légions quittent l'Ile de Bretagne ; sur le continent les territoires les plus éloignées du centre de d'empire voient partir une partie de leurs garnisons. Aussi, dès l'an 409, les Armoricains s'étaient affranchis du joug impérial. S'ils purent de la sorte éviter de lourdes charges fiscales ils devinrent, en revanche la proie des invasions barbares et de continuelles expéditions de la part des Romains qui tentèrent à maintes reprises de dominer à nouveau ceux qu'ils considéraient comme des rebelles. 

Le territoire était occupé par cinq peuplades, les mêmes que César soumit 56 ans avant notre ère. Les frontières des régions qu'elles habitaient correspondaient approximativement aux limites de nos cinq départements bretons actuels. Le territoire des Namnètes était à peu de chose près celui de la Loire-Inférieure dans sa partie Nord. La Loire le séparait de celui des Pictons (peuple du Poitou) établis sur la rive gauche, dans nos pays de Clisson, de Retz et d'Herbauges. 

Le territoire des Vénètes répondait au Morbihan, celui des Osismes au Finistère, celui des Curiosolites aux Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes d'Armor), celui des Redons à l'Ille-et-Vilaine. 

Dans l'Ouest régnait le paganisme druidique qui avait eu un regain de vie à la suite du départ des Romains ; la partie orientale était chrétienne. Rennes et Nantes possédaient des évêchés déjà anciens et un siège épiscopal avait été depuis peu établi à Vannes. 

Suivant de la Borderie qui s'appuie sur un texte de Procope, au Vème siècle l'Armorique était la contrée la plus déserte de la Gaule ; la population aurait été réduite au tiers ou au quart de la population normale. Il y a, je croie, exagération. Certes les exactions des barbares, la tyrannie fiscale de Rome avaient profondément ravagé le pays ; et il est fort probable que les habitants s'ils n'étaient pas peu nombreux, devaient être très épuisés. Quand les Bretons arrivèrent ils se trouvèrent dans un pays ruiné, en face de terres désertées pour échapper au fisc. L'Archéologie nous confirme dans cette opinion puisqu'à compter de 306, les monuments datés sont en nombre rare. Comme conséquence la population devait être peu dense, car il n'apparaît pas qu'elle ait opposé une résistance aux nouveaux venus. Très appauvrie numériquement et physiquement par la guerre et la misère, elle n'était peut-être pas éloignée de retourner à l'état primitif. 

La configuration physique de la péninsule était aussi de nature à faciliter l'absorption des anciens habitants par les Bretons. 

Au centre s'élevait une immense forêt, la forêt de Brocéliande que l'imagination populaire a peuplée de tout un monde de fées et de korrigans. Elle s'étendait depuis l'endroit où se trouve aujourd'hui la ville de Montfort jusqu'à la ville actuelle de Rostrenen, et se prolongeait en pointe vers l'Ouest. Les futaies y étaient entrecoupées de vagues landes, et les bois n'y abritaient que de rares bûcherons. 

Les rivages au contraire et la partie champêtre qui les reliaient à la forêt étaient habités. 

Les émigrations commencées vers 460 se prolongèrent pendant 150 ans. D'une façon continue, par petites ou grandes bandes, elles jetèrent les exilés sur des côtes à demi désertiques. Ceux-ci s'avançaient vers l'intérieur peu à peu, faisant taches d'huile. Peut-être les habitants essayaient-ils de fuir, mais ils étaient promptement arrêtés par les lisières de la forêt. Alors à la longue ils se laissèrent absorber par les nouveaux arrivants. Dans les âges suivants on pénétra dans les bois complètement déserts et la jonction s'opéra. L'Armorique fut vite bretonnisée à l'Ouest. 

A l'Est au contraire, il n'y avait pas de forêt centrale. Les Bretons débarqués se heurtèrent vraisemblablement aux pays des Redons et des Namnètes, à une résistance. Aussi dans ces régions, voyons-nous, lors des émigrations une simple bretonisation des côtes s'étendant très peu en profondeur sur le littoral de la Manche et se réduisant à une bande de terrain aux environs de la Vilaine et de la Loire.

Cette grande forêt de Brocéliande dont noue retrouvons aujourd'hui les vestiges dans la forêt de Paimpont fut appelée dans la suite le Porhoët ou Poutrocoët (pays d'au delà des bois). Le Porhoët eut ses comtes qui résidèrent à Josselin, et forma à l'époque médiévale une division administrative. Par contre, il n'y eut jamais de diocèse de Porhoët, les évêchés de Quimper, de Saint-Brieuc, de Vannes et de Rennes mordirent son territoire au fur et à mesure que se fit le défrichement. 

Nous savons que les émigrés fondèrent des colonies patriarcales et monacales. Examinons comment se formèrent les unes et les autres. Les bandes arrivaient sous la direction d'un chef dont l'autorité se circonscrivait aux limites du territoire où elles s'installaient. Chaque bande forma ainsi une petite agglomération complètement autonome, qui prit le nom de plou. Comme des prêtres ou moines accompagnaient généralement la peuplade, le plou donna naissance à la paroisse. C'est ainsi que plus de 150 villages bretons ont un nom commençant par le mot plou auquel est accolé la plupart du temps, le nom du chef, son fondateur. D. Morice, dans sa vie de St Guennolé raconte l'établissement d'un plou dans la baie de Saint-Brieuc, sous la conduite de Fracan. L'endroit où eut lieu cet établissement au bord du Gouët est devenu Ploufragan, aujourd'hui une des plus importantes communes du département des Côtes-d'Armor. 

A côté des plous communautés patriarcales à la fois civiles et  religieuses, nous rencontrons des communautés purement religieuses, monacales, appelées Lan. Des monastères entiers, abbé en tête émigraient, ils étalent suivis de leurs amis, de leurs clients, de leurs serviteurs. Arrivés dans leur nouvelle patrie, ils choisissaient les endroits les plus déserts, construisaient des cellules, une chapelle, et défrichaient les terres avoisinantes. Parfois, c'étaient simplement quelques anachorètes qui ne tardaient pas à réunir autour d'eux une clientèle, mais souvent c'étaient de forts groupements ecclésiastiques. Il ne faut pas du reste se représenter ces fondations comme celles qui fleurirent en France au Moyen-Age. Nul doute que les monastères créés en Armorique ne fussent semblables aux monastères de Grande Bretagne que leurs hôtes avaient abandonnés. Saint Samson, Saint Pol Aurélien qui devaient plus tard passer dans notre presqu'île, avaient mené la vie monocale dans les îles Britanniques. Or, nous savons que dans les monastères de Cambrie, le nombre des religieux se chiffrait par centaines, le célèbre monastère de Bangor en comptait même 2.000. 

La tradition veut que ces moines étaient vêtus de peau de bête ; et, ceci est une certitude, ils portaient une tonsure spéciale dite tonsure celtique qui ne disparut chez les Bretons qu'au IXème siècle. D'après les descriptions données par les textes il n'est pas très facile de se faire une idée exacte de cette tonsure. D. Gougaud retient deux opinions. Suivant l'une, la partie antérieure de la tête en avant d'une ligne allant d'une oreille à l'autre était rasée et en arrière la chevelure était abondante. D'après l'autre, les cheveux étaient longs par derrière, et sur la partie frontale on conservait une couronne de cheveux. 

Vraisemblablement cette tonsure est d'origine insulaire. Les druides d'Islande portaient une tonsure et il est probable que les prêtres de la Nouvelle religion l'adoptèrent par tradition. 

Nombre de communes bretonnes ont un nom commençant par Lan. A leur origine s'est trouvé un monastère autour duquel la population s'est agglomérée. 

Les Plous et les Lans formèrent d'abord des noyaux complètement indépendants les uns des autres ; mais bientôt leur nombre croissant sans cesse, dans l'intérêt de la sécurité générale. ils furent contraints de se grouper et de former des associations plus vastes sous la direction d'un chef. Ainsi naquirent de bonne heure de petits royaumes ou de petites principautés. Dès le commencement du VIème siècle on comptait :  La Domnonée. — Le Léon. — La Cornouaille (avec le Poher). — Le Bro-Weroc. 

Il est à remarquer que ces principautés ne cadraient nullement avec les divisions des peuplades gauloises, ce qui est une preuve de l'assimilation rapide de la race autochtone à celle des émigrants, et de l'importance de l'afflux breton.

Prenons chacun de ces royaumes, pour suivre brièvement les progrès de la pénétration.  

 

1° LA DOMNONEE 

La Domnonée n'étendait sur le rivage de la Manche depuis l'embouchure de la rivière de Morlaix jusqu'au Couësnon. Elle embrassait le territoire qui formait avant la révolution les évêchés de Dol, Saint-Malo, Saint-Brieuc et Tréguier. 

Je crois cette délimitation donnée par La Borderie un peu trop rigoureuse. Si le Couësnon durant des siècles a servi de frontière à la Normandie et à la Bretagne, il n'est pas du tout prouvé que des Bretons au début ne se soient pas installés plus à l'Est des anciennes limites de la province. Les noms de Saint-Hilaire-du-Harcouët dans la Manche et de Landivy, dans la Mayenne, deux localités très voisines de la Bretagne, indiquent qu'à une époque inconnue, mais sans doute à l'origine, les Bretons ont dépassé la ligne que je viens de citer. 

Les premiers pionniers dont l'histoine a conservé le nom, furent en Domnonée tout d'abord Fracan petit chef de la Bretagne insulaire ; on signale encore Riwal, Conotec et Conan. 

Contemporain de ces personnages était Brioc ou Saint Brieuc qui après avoir jeté les bases d'un monastère sur le Jaudi, en édifia un autre entre le Gouet et le Gouédic, à l'endroit où s'élève maintenant la ville qui porte son nom, avec l'aide pour le premier de Riwal, et de Conan pour le second. 

Brieuc était un abbé-évêque comme on en rencontrait tant dans l'Eglise celtique. C'était un évêque sans diocèse, mais qui exerçait son ministère dans les limites des principautés où il avait fondé des établissements. La tradition le considère comme le premier évêque de Saint-Brieuc. C'est une erreur ; car s'il possédait le caractère épiscopal il n'avait pas de diocèse ; le diocèse de Saint-Brieuc n'existait pas encore. Saint-Brieuc avait été devancé en Domnonée par Saint Budoc auquel nous devons dans cette région, la fondation du premier monastère. Ce moine posa les bases de son couvent dans l'archipel de Bréhat exactement à l'île Larré actuellement Lauret qui assèche à toutes les marées basses et découvre les vestiges de ces antiques constructions. Il eut comme disciple le célèbre Guennolé qui devait plus tard remplir un rôle important dans la colonisation et l'évangélisation de la Cornouaille. 

Jusqu'ici nous nous trouvons en face de plous indépendants et avec le VIème siècle nous assistons à l'éclosion du royaume de Domnonée. Les plous se multiplièrent à la suite d'une très importante émigration venue de la Domnonée insulaire fuyant devant les Saxons vainqueurs. La Domnonée insulaire était située dans la presqu'Ile Sud-Est de la Grande Bretagne qui s'étend entre la Manche et le Canal de Bristol. Les émigrants étaient conduits par leur chef d'outre-mer et c'est sous son autorité que la région se centralisa, et prit le nom de la contrée qu'avalent quittée les nouveaux venus. Ce prince s'appelait Riwal, mais n'avait rien de commun avec le Riwal qui aida Saint-Brieuc à édifier son second lan. 

Les historiens nous donnent comme successeurs de Riwal au VIème siècle Derock, Riathan et Jonas ; ils nous signalent aussi la présence en Domnonée de Samson, Malo, Tudual qui revêtus de la dignité épiscopale passent pour avoir été les fondateurs des évêchés de Dol, Saint-Malo et Tréguier. 

Tugdual n'était point évêque quand il débarqua sur le continent. C'est à la demande du roi Childebert qu'il reçut l'onction épiscopale. Ceci nous montre que les rois Francs, n'avaient pas abandonné théoriquement leurs droits sur des régions dont ils se prétendaient toujours les maîtres. Si en fait, leur puissance ne s'y exerçaient plus, il est fort probable que tout au moins sur certaines parties, ils avaient conservé ce que l'on appelle de nos jours, un droit de regard. 

Tugdual, fondateur du monastère de Tréguier, en Domnonée, n'avait pas touché terre sur les rives Domnonéennes, mais sur les côtes de Léon, et ceci nous amène naturellement à parler du royaume de ce nom. 

2° LE LEON 

Le Léon, comme aussi tout le Finistère actuel, était occupé avant les invasions bretonnes par les Osismes. Tugdual aborda au pays d'Ach, côte sauvage s'il en fut, et y fonda avant de continuer sa route vers la Domnonée le monastère de Lanpabu. 

Comme en Domnonée on ne rencontre une organisation politique en Léon qu'au VIème siècle. Aux temps des premières émigrations, les pions et les lans sont isolés, avec des chefs comme Romelius père de Saint Guenaël et Tudual. Le premier qui ait régné sur tout le pays est Withur. En 530 nous le voyons recevoir Pol Aurélien qui, avec une grosse troupe de moines et de laïques, débarque dans ses états à l'Ile d'Ouessant. Il l'accueillit dans sa résidence de de Batz et le chargea de l'organisation religieuse de la contrée. Saint-Pol Aurélien devint le premier évêque de Léon qui avait approximativement les limites de l'ancien évêché qui subsista jusqu'au XVIIIème siècle. 

Le gros des émigrants qui passèrent en Léon paraît être originaire de la Cambrie, pays situé entre le pays de Galles et le golfe de Solway. 

 

3° LA CORNOUAILLE 

La plus grande partie du territoire Osismien vit naître le royaume ou la principauté de Cornouaille. Elle tira son nom d'une très importante émigration venue sous la conduite de Grallon, des bords de la Saverne dans la Cornouaille anglaise. 

Riwelen Marchiou, Riwelen Murmarchiou y avaient auparavant établi des plous, mais Grallon fut le premier roi du pays. Pendant son règne il vit arriver sur ses terres un moine nommé Guennolé. Il était fils du chef du premier plou de Domnonée Fracan et avait été disciple de Budoc, le saint de Bréhat. Il fit de lui son confident et l'aida à élever dans la presqu'Ile de Crozon la célèbre abbaye de Landévennec. C'est sous Grallon que la légende place la destruction de la ville d'Is. Is ville de débauche et de plaisir avait attiré la colère céleste qui commanda aux flots de l'Océan de la submerger. Le vieux roi fuyait éperdu emmenant en croupe sur son cheval, Ahès sa fille bien-aimée. Il rencontra Guennolé qui lui ordonna de sacrifier la belle créature pour arrêter le courroux divin. Grallon obéit et abandonna son enfant aux eaux en furie. La tempête cessa  aussitôt, mais Is demeura engloutie sous les flots ; et, depuis, un chant admirable et ensorceleur sort des ondes et malheur aux marins égarés dans ces parages qui voient sortir des eaux la sirène divinement belle dont la bouche entonne la mélodie. C'est Ahès qui expie ses crimes et exhale ses plaintes. La poétique légende fait l'objet d'un des plus beaux chapitres du maître Anatole Le Braz dans con livre au « pays des pardons » et a inspiré une des toiles les plus célèbres du peintre nantais Evariste Luminais, propriété actuelle du musée de Quimper. 

Gradlon fonda un évêché à Corisopitum (Quimper) dont saint Corentin devint le premier titulaire. Un Corisopit existait dans l'Ile de Bretagne, c'est donc pour rappeler leur ancienne patrie que les Bretons ont baptisé du même nom une cité de la terre hospitalière. Cependant la Corisopit insulaire n'était pas située en Cornouailles, mais au sud du mur de Sévère, où une cohorte romaine formée de Cornouaillais avait longtemps tenu garnison. 

Les successeurs de Gradlon au VIème siècle se sont appelés Budic, Meliau, Melar. 

Budic régnant, un chef du nom de Comorre enleva à la dynastie de Grallon le nord de la Cornouaille et fixa son siège à Kerahès, l'antique Vorganium. Telle est l'origine du Comté de Poher qui subsista pendant des siècles, comme division territoriale distincte, mais demeura toujours rattaché à l'évêché de Quimper. 

 

4° LE BRO-WEROC ou VANNETAIS 

J'arrive à la dernière des principautés bretonnes, celle qui nous retiendra le plus longtemps, car elle intéresse particulièrement nous autres Nantais. 

En 470, on rencontre dans le Berri une petite armée bretonne commandée par un nommé Riothime. Certains ont voulu voir dans Riothime le premier chef Breton émigré ayant abordé sur les côtes de l'Ellé à la Vilaine puis à la Loire, littoral du Bro-Weroc. 

Etant donné le mystère qui plane sur le personnage et sur son rôle militaire dans la Gaule centrale, je n'insiste pas. 

Dans les autres régions de l'Armorique, les Bretons n'ont rencontré aucune autorité solidement établie. Dans le Vannetais, la situation change. Les Gallo-Francs étaient plus nombreux ; le voisinage n'était plus tout au moins à l'Est avec une forêt inextricable, mais avec des pays cultivés et riches. La ville de Vannes avait une existence animée ; bien mieux elle possédait un évêque gallo-romain St Patern. 

Des luttes continuelles eurent lieu entre les Bretons et les Francs. Si la domination bretonne fut indiscutée dans la partie orientale, il n'en fut pas de même dans le secteur occidental, où la ville de Vannes fut prise et reprise plusieurs fois et où l'histoire relate des ravages répétés des Bretons dans le pays Nantais. 

Chose curieuse, si les autorités civiles se combattirent, par contre les autorités religieuses firent bon ménage. Le clergé breton accepta l'autorité épiscopale de Patern que les Bretons adoptèrent comme un des sept saints de Bretagne. Le premier évêque du siège breton de Vannes fut un gallo-frank ! Malgré cela, il apparaît que les insulaires étaient bien les maîtres des côtes. 

Le premier fondateur de plou dans la contrée fut Coradoc. Sa résidence devait être Vannes. Vint ensuite à la tête d'une émigration importante partie de la Valentia province romaine d'entre les deux murs, Weroch qui centralisa tous les plous de la région et donna son nom au pays. Bro-Weroch : pays de Weroc. M. de la Borderie ne croit pas que son autorité se soit exercée au sud plus bas que la presqu'île de Rhuys. Sur ce territoire deux saints Bretons débarquèrent. D'abord Saint Cado sur la lagune d'Etel, puis le célèbre Gildas, né en Bretagne qui séjourna d'abord en Irlande et vint fonder la grande abbaye de Rhuys. 

Il ressort qu'au milieu des émigrations le littoral du Bro-Weroc s'arrêtait dans sa partie Sud à la Vilaine, le reste des côtes jusqu'à la Loire demeurant aux Gallo-Francs. Cependant toute cette bordure a gardé jusqu'à nos jours un caractère très breton, la langue celtique n'y est pas encore complètement morte ; et on s'explique mal que les émigrants n'aient pas essayé de descendre jusqu'à la Loire. 

On a dit qu'à la suite des opérations de Nomenoë, la langue bretonne avait pénétré jusqu'à Donges, et que par conséquent la bretonisation de la presqu'Ile Guérandaise daterait du IXème siècle. 

Deux siècles plus tard, le Breton avait disparu du pays gallo et s'était seulement maintenu dans la presqu'île, alors qu'il avait perdu du terrain dans l'Est de la Domnonée, pourtant bretonne dès les premiers jours. 

La cause d'une telle résistance de l'idiome celtique ne réside-t-elle pas dans ce fait que la population Guérandaise était très anciennement bretonne et voire même contemporaine des émigrations ? 

La chose n'est pas impossible quand sous le règne de Nominoë (donc avant la conquête du pays gallo) on constate l'existence à Guérande d'un noyau breton suffisamment compacte pour rejeter la suprématie de l'évêque de Nantes Actard et se donner un évêque en la personne du vannetais Gislard que plus tard après la prise de notre ville, Nominoë devait installer sur le siège de Saint-Clair. 

Il est vrai, peut-on dire, après les émigrations une conquête lente a eu lieu. On s'en est tenu longtemps à cette opinion. Pour M. Quilgars, un guérandais d'origine, l'arrivée des Bretons dans le pays de Guérande est contemporaine des émigrations. Celles-ci, commencées à la fin du Vème siècle, ont duré plus de 150 ans et l'auteur croit pouvoir établir qu'à la fin du IXème siècle, les Bretons étaient maîtres du rivage jusqu'à la Loire. 

Il est probable que les émigrants appelés sans doute par quelques colonies des leurs perdues dans la masse gallo-romaine franchirent de bonne heure la limite des états de Waroch. En 570, M. Quilgars, s'appuyant sur l'autorité de M. Loth, fait passer la Vilaine à Waroch II, petit fils de Waroch Ier, et il ajoute que ce prince s'empara de toute la région comprise entre son embouchure et celle de la Loire. Cette date est-elle rigoureusement exacte ou simplement approximative? M. de la Borderie fait monter Waroch II sur le trône en 577 seulement ! ! ! 

Les Bretons de Waroch pillèrent le pays Nantais, et l'évêque de Nantes, Félix, pour mettre fin à ces exactions se rendit auprès du chef breton qui résidait à Quériaca. Mais, dit M. Quilgars, cette intervention était motivée par une autre cause. La région guérandaise était alors revendiquée par les évêques de Nantes et de Vannes. Les textes semblent indiquer que ce pays était de fait sous la domination des évêques de Vannes. Félix voulait obtenir que Waroch remit sous sa juridiction le Wen-Ran, et en venant solliciter la protection du comte breton, il reconnaissait en somme ses conquêtes (témoignage de Grégoire de Tours). 

La grande objection que l'on peut faire à M Quilgars repose sur une question de date. En mettant les choses au pire, la bretonisation du pays de Guérande daterait de la fin des émigrations, au lieu du milieu. Elle en a peut-être été le dernier acte. 

On oppose ainsi M. Quilgars au grand maître ; mais il faut bien remarquer que jamais de la Borderie n'a envisagé la question. Il se borne dans ses notions élémentaires extraites de l'annuaire historique et archéologique de Bretagne à constater, qu'au IXème siècle la presqu'île guérandaise était peuplée d'une véritable inondation bretonne ; dans le deuxième volume de l'Histoire de Bretagne il parle incidemment de colonies bretonnes établies au delà de la Vilaine. C'est tout. 

Si l'on considère que M. Quilgars admet presqu'intégralement les théories de son illustre devancier sur les émigrations, il est évident qu'il ne fait que les compléter. Son système justifie la conquête de Nominoë au IXème siècle, conquête qui devait annexer à la Bretagne, le pays de Rennes et tout le pays de Nantes. A cette date les Bretons occupaient tout le littoral de la Péninsule à la Loire. Maîtres de l'Ouest, grâce à la forêt centrale des Bretons voyaient les Domnonéens du Nord, séparés des Vannetais du Sud par les Gallo-Francs. Tout le plan militaire de Nominoë consiste dans le resserrement des branches du compas pour imposer à nos ancêtres gallos la nationalité bretonne. 

J'ai fini : Les émigrations bretonnes forment un sujet très vaste qui dépasse de beaucoup le cadre d'une simple causerie. Obligé de sacrifier au temps, j'ai dû laisser de côté les multiples anecdotes nourries de détails pittoresques où le merveilleux côtoie sans cesse la réalité historique. Toute matière de Bretagne est imprégnée de poésie, et celle-là, je vous l'assure, ne le cède en rien à d'autres. Un auteur ne l'appelle-t-il pas la légende dorée de la Bretagne. Vous n'en avez guère pu juger par l'exposé sèchement didactique que je vous ai présenté. Malgré tout l'attrait qui s'attache à l'évocation des légendes j'ai préféré donner en un raccourci aussi exact que possible l'idée générale de l'important événement qui ouvre l'histoire bretonne de notre province.

(Etienne Poirier - 1921)

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