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LE CHATEAU DU BORDAGE A ERCE-PRES-LIFFRE

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Un haut lieu du protestantisme en Bretagne : Le Château du Bordage en Ercé près Liffré.

Cette propriété, appartenant à Madame Baudry qui ne l'habite avec son gendre que l'été, est actuellement fermée. Elle a conservé d'importants vestiges des fossés et des fortifications qui l'entouraient. Le manoir moderne, fortement restauré au XIXème siècle, n'a conservé que peu de choses de l'ancien corps de logis. Ce château a fait l'objet, à la fin du XIXème siècle, d'une étude approfondie de M. Sebillot, le folkloriste bien connu, qui y séjourna longtemps à cette époque : il y fit effectuer des fouilles et se livra à des recensions dans les anciens registres d'Ercé. Les lignes qui suivent sont extraites de sa monographie.

Le premier château, auquel appartenaient le donjon et ses annexes — aujourd'hui disparus — s'élevait au Sud et à l'Est; Sebillot nous dit en avoir découvert les fondations en 1892, ainsi que celles d'une ancienne courtine se dirigeant vers le Nord. La petite tour à l'orient, où était un pont-levis, remonte peut-être à cette première époque. Nous ignorons la date de la construction de cette première galerie, non plus que celle du portail dit « la voûte », encore visible du côté gauche qui a été réincorporé dans les bâtiments actuels. Le procès-verbal de 1656 n'en fait pas mention. Les sondes opérées à la fin du XIXème siècle firent découvrir de ce côté, un peu en dehors de cette galerie les vestiges d'un mur de 1,90 m, et du côté Sud les parements d'une tour ronde d'une épaisseur de 2 m donnant sur les fossés. La Tour aux Chiens à l'Ouest, la seule qui soit encore debout, bien qu'en partie ruinée, avait encore en 1843 sa plateforme : elle comprenait au rez-de-chaussée une salle basse voûtée en pierres, encore visible aujourd'hui avec sa cheminée. Le plan dessiné par M. Sébillot n'est qu'une reconstitution hypothétique. Lorsqu'elle fut complétée à la fin du XVème siècle, l'enceinte qui embrassait près d'un hectare non compris le jardin, était baignée au moins de deux côtés par la rivière, les deux autres côtés clos aussi par des murs dont les brèches paraissent avoir été équipées pour abriter une artillerie de siège. L'aveu de 1656 ne fait pas mention de la tour Sud qui peut avoir été rasée dès avant le milieu du XVIIème siècle, si on en juge par la date des quelques pièces de monnaie qu'on y a trouvées.

Ercé-près-Liffré : (Bretagne) : Plan du château du Bordage.

Cette forteresse est inséparable de la famille des Montbourcher qui la fit édifier. D'après un sceau de 1357, cette ancienne maison bretonne portait pour armes « D'or à trois channes ou marmites de gueules » avec la devise « Assez d'amis quand elles sont pleines ». Geoffroy de Montbourcher, qualifié de chevalier en 1265 accompagna le duc Jean Le Roux à la croisade. Cette famille était alors possessionnée en Vignoc. En 1313, cependant, nous voyons René de Montbourcher, alors garde des sceaux du duc Arthur II, acquérir divers héritages en la paroisse d'Ercé entre autres le manoir et terres nobles de l'Estourbeillonaye, berceau de la famille de l'Estourbeillon. L'année précédente, il s'était fait reconnaître d'importants droits d'usage sur les forêts de Rennes et de Liffré (1312). Pendant les guerres de Succession, Jehan, Guillaume, Auffroy et Louis servent dans les rangs de l'armée de Charles de Blois. Guillaume fait partie de l'ambassade envoyée en Angleterre réclamer la libération de l'infortuné prince. Auffroy témoigne dans l'enquête pour sa canonisation. Regnault combat aux côtés de Bertrand Du Guesclin en Bretagne contre les Anglais (siège de Rennes) puis en Espagne. Lorsqu'après la fuite de Jean IV en Angleterre, le roi Charles V cherche à mettre la main sur la Bretagne, Alain Bertrand et Simon de Montbourcher sont au nombre des seigneurs qui s'unissent pour rappeler le duc (1379). En 1404 Simon fait partie de la maison du duc en qualité d'écuyer. C'était un conseiller très écouté, partisan d'un rapprochement avec Clisson et les Français. En 1425, Bertrand de Montbourcher n'en prend pas moins la défense du duc contre les Penthièvre, après Chantoceaux et c'est lui qui est chargé de l'armement des communes dans le pays de Rennes. En 1434 il est capitaine de Saint Aubin du Cormier, chambellan du duc, et qualifié du chef de sa femme N. de Blossac et de Brécé, grand écuyer héréditaire du duché. En 1532, René de Montbourcher est premier pannetier de la reine Claude d Bretagne, Gouverneur de Rennes, et c'est lui qui s'emploie à la réception du nouveau duc et dauphin de France François III.

Château du Bordage à Ercé-près-Liffré (Bretagne).

Le pasteur Vaurigaud nous apprend dans ses Mémoires qu'en 1559, Jeanne de Malestroit, dame du Bordage, trouvait un tel plaisir aux prédications du huguenot Dugravier, qu'elle envoyait à Rennes tous les quinze jours sa haquenée pour qu'il s'arrêtât à Ercé à l'aller ou au retour de son voyage à Vitré. Le célèbre pasteur devait trouver refuge au Bordage lorsque, chassé de Rennes, après l'échec de la conjuration d'Amboise, il vint demander asile à René de Montbourcher. Nous voyons R. Duplessis Bordage, enseigne de Fr. d'Acigné accompagner D'Andelot qui se rend secourir La Rochelle (1567). On rencontre assez souvent les noms des Montbourcher du Bordage sur les registres protestants de Vitré et de Rennes (Cleunay) publiés par M. Paris-Jallobert et plus rarement dans ceux de la paroisse catholique d'Ercé. Protestants et royalistes, les seigneurs du Bordage sont, au moment des guerres de la Ligue au premier rang des adversaires du duc de Mercœur. En 1589, nous voyons le sieur du Bordage introduire quelques soldats et gentilhommes dans Vitré, alors assiégé par Talhouët, lieutenant du duc de Mercœur. Le siège en fut bientôt levé. René de Montbourcher dut toutefois se livrer à d'assez graves exactions sur les maisons de la ville car il eut une prise de corps assez vive avec le gouvernement de Rennes, M. de Montborot, qui finalement confia la surveillance de cette ville à Montmartin. Entre temps, le Bordage dégarni de troupes avait été pris et mis à sac par les Ligueurs qui ne l'évacuèrent que le 23 août 1589 après une sévère destruction, dont Pichart se fait l'écho dans son journal. Soucieux de parer à un nouveau coup de mains des ligueurs, René de Montbourcher obtint du prince de Dombes le droit de faire fondre deux canons et autant de fauconnaux pour assurer la mise en défense de son château, puis l'envoi d'une garnison de cinquante hommes, garnison qui sera relayée en 1592 par une autre de 33 hommes. René de Montbourcher s'éteignait le 23 janvier 1593, empoisonné, nous rapporte Pichart, par sa femme, dont il avait tiré vengeance publique l'année précédente à Rennes, en raison de son inconduite. Son successeur, en dépit des exactions dont il se rendit coupable, sur les habitants de Romazy, exactions, qui lui valurent des poursuites de la Cour de Rennes, n'en continua pas moins à tenir garnison au Bordage avec la permission d'Henry IV (1597). Nous retrouvons encore la présence d'un Montbourcher à l'assemblée protestante de Pouzin en 1621. Les membres de cette famille persistent toutefois à siéger aux Etats de Bretagne. En 1656, la terre et seigneurie du Bordage était érigée en marquisat et rendit aveu au Roi. Le 28 août 1662, René de Montbourcher était avec François d'Argouges premier Président du Parlement de Bretagne chargé d'informer sur les infractions faites à l'édit de Nantes dans la province. Son fils René se distingue aux côtés de Turenne dans les campagnes de Hollande et d'Allemagne. Brigadier de cavalerie, il sert dans toutes les campagnes de Louis XIV. C'est un officier brillant dont les états de service nous ont été conservés. Il avait épousé Elizabeth de Gouyon, fille du marquis de la Moussaye et zélée huguenote. L'union avait été célébrée dans le temple de ce château le 15 septembre 1669. Lors de la révocation de l'Edit de Nantes, les deux époux, gravement compromis n'hésitèrent pas à trouver le salut dans l'exil. Arrêté près de Tournai, le marquis fut conduit prisonnier à Lille où de guerre lasse et, en dehors de sa femme, il consentit à abjurer. Son fils unique qui s'était résigné, lui aussi, à embrasser le catholicisme, reçut à cette condition un brevet de maréchal de camp et se distingua au siège de Philippsburg (Allemagne) où il fut tué le 18 octobre 1688. René Amaury, le dernier descendant mâle de cette lignée obtint, lui aussi, un régiment. Saint Simon dit de lui qu'il était « bien fait, avec bien de l'esprit, aimant la bonne compagnie et encore plus la liberté, le jeu par dessus tout.... » ajoutant qu'il avait « passé sa vie sans se marier, avait peu servi et était peu paru à la Cour ». Sa soeur Henriette de Montbourcher s'était mariée à François, Comte de Coigny, maître de camp du Royal-Etranger (1670-1759). C'est lui qui battit les Impériaux à Parme, puis à Guastalla (1754). Il hérita du Bordage. Son petit-fils occupa des charges importantes à la Cour de Louis XV. De retour de l'émigration où il commandait la maison militaire du Roi, il fut en 1818 nommé maréchal de France et gouverneur des Invalides. Il ne vint que rarement au Bordage qu'il vendit en 1788 au Marquis de Montbourcher de la Magnanne pour la somme de 450 000 Livres. Le règlement de cette importante vente n'était pas encore complètement opéré lorsqu'il fut contraint d'émigrer. Le Directoire du Département nomma Gilles Guyot pour opérer le partage des terres de René de Montbourcher après la confiscation. Après la pacification le Bordage ne revint pas à ce dernier lors de son retour à La Magnanne. Il fut acquis patrimonialement par les héritiers de M. Guyot. C'était d'ardents républicains. Ils restaurèrent le manoir à l'abandon depuis plus d'un siècle. Les descendants d'Yves Guyot, le ministre des Travaux Publics (1889-1892) l'ami de Sébillot, l'ont transmis aux propriétaires actuels (les Baudry en 1979).

(Association Bretonne).

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