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L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE ET LE CLERGÉ DE ERCÉ-PRÈS-LIFFRÉ

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Ercé près Gahard faisait jadis partie des vingt-quatre paroisses que renfermait le doyenné-archidiaconé de Rennes. La paroisse fait maintenant partie du doyenné de Liffré et de l'archidiaconé de Rennes.

L'ancienne église d'Ercé qui avait été bâtie avant 1465, époque à laquelle on y fit d'importants travaux, a été démolie en 1847. Elle était, m'ont dit d'anciens habitants qui l'ont vue debout, un peu plus petite que celle qui a été construite sur le même emplacement, son orientation était différente, et elle n'avait rien de monumental. Quelques fragments en subsistent encore : ce sont une porte latérale au nord, en plein cintre, à laquelle on accède par une marche formée d'une pierre tombale, ornée d'une double croix, assez fruste, et un cadran solaire en ardoise, placé sur le côté sud, près du clocher. Il est gravé au trait, et porte avec la date de 1643, le Monogramme MB (Montbourcher ?).

Quelques fragments se voient aussi aux environs : un ancien baptistère monolithe, une pierre de taille sculptée d'ornements dans le style de la Renaissance, qui forme le dessus d'un escalier près de la maison Lefas, en provient peut-être.

L'inventaire dressé en 1656, lors de l'érection du Bordage en marquisat, constate que l'église portait sur son pourtour extérieur les armes des seigneurs du Bordage. Ceux-ci y avaient leur banc et leur enfeu, qui sont souvent mentionnés dans les registres de l'ancienne paroisse. En 1664 l'église d'Ercé renfermait des autels dédiés à Notre-Dame, saint Sébastien et saint Fiacre. Les armoiries du seigneur d'Ercé furent posées dans la partie nommée : la Chapelle-Neuve ou de Notre-Dame en 1651. (L'abbé Guillotin de Corson).

Lorsqu'on démolit l'ancienne église en 1847, on trouva l'enfeu de la famille de Montbourcher, les châsses en plomb furent vendues par la municipalité. (Note de M. Allys ancien recteur d'Ercé).

Deux témoins oculaires ont donné à M. l'abbé Sarlange qui me les communique, les renseignements qui suivent. Ce sont J. M. Coudrin, âgé de quatre vingts ans et J. Fresnel, ancien forgeron. Celui-ci ouvrit les deux cercueils de plomb et voici ce qu'il se rappelle. Un ouvriers, en creusant les fondations, mit à découvert, devant l'autel de la Vierge, une pierre tombale sur laquelle étaient sculptées des armoiries ; à plusieurs pieds sous le sol apparut une châsse de plomb. Fresnel l'ouvrit avec précaution, en présence de plusieurs personnes, et on y trouva le squelette d'une femme, son crâne, des ossements petits et gros (sic); mais rien autre chose. Les témoins admirèrent la belle et longue chevelure de la défunte, qui était parfaitement conservée. Plusieurs jours après, les terrassiers firent une nouvelle découverte devant la sacristie : c'était une châsse en plomb qui renfermait le squelette d'un homme. Les restes contenus dans les deux cercueils furent transportés au cimetière neuf. Il n'y avait aucune épitaphe sur ces tombes, affirment les deux témoins cités, et aucun objet dans les chasses. A Ercé tout le monde disait que c'étaient les tombes des Montbourcher, et c'était aussi l'opinion de M. le recteur Allys, qui l'a consignée sur ses notes.

Les descendants des Mentbourcher intentèrent au maire et à la fabrique un procès pour violation de sépulture, profanation des cendres de leurs aieux, vente de cercueils. L'affaire fut jugée à Rennes, et les descendants des Montbourcher, furent déboutés. Fresnel figura au procès comme témoin.

La nouvelle église d'Ercé, commencée en 1847, a été terminée en 1849. C'est un édifice en plein cintre composé de trois petites nefs, d'un transept et d'une abside. Elle est orientée ouest-est ; l'orientation de l'ancienne était régulière. On y conserve un joli calice en argent repoussé portant cette inscription : Ce presant calice a esté donné en la paroisse de saint Jean d'Ercé par Michel Le Monnier et Julienne Gandon, sa compagne, 1653.

Si l'église actuelle n'est pas à citer pour son architecture, elle est au moins très convenable, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, qui est d’une propreté minutieuse. Le chœur et les chapelles latérales sont ornés avec plus de goût que les églises rurales ordinaires.

On voit dans le chœur deux tableaux : l’un qui représente le baptême de Jésus-Christ, l'autre sainte Véronique tendant le voile ; ce dernier est signé : Duparc in. 1741. Ils ne sont pas sans mérite. la tête de sainte Véronique entre autres a été traitée dans le goût du milieu du XVIIIème siècle par un artiste qui assurément savait son métier ; il en est de même de plusieurs morceaux du baptême, dont quelques parties ont eu à souffrir de retouches inhabiles. Il n'existe pas de document relatant le nom du donateur ; l'église d'Ercé étant sous l'invocation de saint Jean, il est tout naturel d'y trouver un tableau représentant le précurseur ; la présence de sainte Véronique s'explique moins, et il est assez probable que c'était le prénom de la personne qui l'a donné.

Le maître-autel, assez beau spécimen de la sculpture sur bois néo-gothique à la mode vers 1840, est un peu grand pour le chœur de l'église ; il n'a pas du reste été fait pour une église de village, c'était le maître-autel de saint Melaine de Rennes.

Il y a deux bannières, l'une moderne, l'autre brochée d'or, antérieure à la Révolution, avec la figure de Saint-Jean-Baptiste.

Quelques statues sont anciennes ; elles ont été repeintes. Le pavé est formé d'assez belles dalles ; on n'y voit aucun tombeau antérieur à ce siècle.

Le cimetière était autour de l'église ; il a été désaffecté vers 1840. A l'ouest de l'église, au pied d'un arbre, est la tombe d'une personne dont on n'a pu dire le nom, elle est connue sous celui de « la sainte de Chasné » ; elle mourut au siècle dernier après avoir supporté avec une patience angélique les mauvais traitements de son mari. On y vient en pèlerinage.

Du temps d'Eberard, abbé de Marmoutier de 1015 à 1032, Alain, vicomte de Bretagne, donna aux religieux de Marmoutier pour contribuer au rétablissement du prieuré de Gahard le tiers de l'église d'Ercé avec autant de terre qu'en peut labourer une charrue en un jour et les cens et les dîmes lui appartenant. Cette donation fut approuvée par Guérin, évêque de Rennes ; mais pour des raisons inconnues, Gahard ne conserva qu'un droit de dîme en Ercé, tandis que son église divisée en deux portions, appartenait, moitié à l'évêque de Rennes, moitié à quatre frères, nommés : Fulbert, Normant, Hervé, et Lisvret, fils d'un Breton appelé Liswaret sous le duc Conan ; ces derniers vendirent leur moitié à l'abbaye de Saint-Florent pour 6 livres de deniers manceaux. (Abbé Guillotin de Corson, Pouillé historique, etc.).

Un titre de 1230 cité par Ogée donne la transaction qui intervint entre le bénéficiaire et le recteur. La part afférente au prieur de Gahard est ainsi réglée : Undecim minas siliginis ad mensuram de Gahardo minus deletus ; quamlibet minam valentem duodecim denarios.

Le bénéfice d'Ercé près Gahard payait une taxe de 7 liv. Le prieur de Gahard dîmait sur la paroisse de Saint-Jean-d'Ercé 22 charges de seigle et 20 sols.

On croit qu'à l'origine l'abbé de Saint-Florent avait uni l'église d'Ercé à son prieuré de Saint-Jean-sur-Couasnon.

Plus tard, l'évêque de Rennes et le trésorier de sa cathédrale se partagent alternativement la présentation du recteur d'Ercé, ce qui se continue jusqu'en 1790. (Com. de M. l'abbé Sarlange, d'après les notes laissées par ses prédécesseurs).

Les actes de 1570 à 1610, conservés à la mairie d'Ercé, ont été signés ou rédigés par les prêtres dont les noms suivent : D. Marc Bossinays, D. Michel Chevallier, D. Julian Joliff, D. M. Gardon, D. Artur Parlebas, D. Jean Martineau, D. Arthur Thebaut, D. Pierre Dory, D. Jean Joliff, D. François Beausse, D. Urban Ygnat.

En 1610, on relève la signature de quatre prêtres : D. Ygnat, D. Julian Mauger, D. Pierre Thebauld, D. Gervais Aubrée.

De 1610 à 1642, les prêtres signataires des registres sont : D. Pierre Thebauld, D. Jean Martineau, D. Julian Mauger, D. Julian Blanchard (1630), D. Michel Monnayer, D. Briand, D. Horuays (1642).

Voici, par ordre chronologique, les noms de quelques-uns des prêtres qui ont signé aux registres après 1674 : Brettier, 1674 ; Giron, recteur, 1680 ; Jarret, recteur, 1681 ; Germain Huchet, recteur, 1683 ; Benard, recteur, 1688 ; Delourme, curé, 1696 ; Parcheminier, curé, 1699 ; G. Picquet, prêtre, 1699 ; Chevillard, 1701 ; Laudormy, curé, 1724 ; Gautrays, recteur, 1739 (mort le 12 octobre 1782, à l'âge de 79 ans) ; Saudray, recteur, 1783.

Les registres constatent 171 inhumations dans l'église de 1643 à 1793 :

1643 à 1673 : 52 ; Moyenne annuelle 1.4
1674 à 1703 : 30 ; Moyenne annuelle 1
1704 à 1733 : 38 ; Moyenne annuelle 1.2
1734 à 1763 : 52 ; Moyenne annuelle 1.7
1764 à 1793 : 9 ; Moyenne annuelle 0.3

En 1657, est le chiffre le plus élevé de la série (10) ; de 1769 à 1791 (date de la dernière inhumation) il n'y eut que trois inhumations, dont une d'un prêtre.

Baptêmes des Cloches, Erections de Croix, Dons.

— Le 4ème jour de juin 1641, la petite cloche d’Ercé fut nommée et luy donâ son nom Me (René ?) Cordier sieur de la Boucherye ; assisté par maraine d'honorable femme Jeanne Pregran ?

Elle fut payée en partie par le parrain et la marraine, et pour le reste par les paroissiens. Elle avait été fondue à Gahard où les fondeurs avaient apporté leurs fourneaux ; c'étaient les mêmes qui avaient fondu auparavant la grosse cloche d'Ercé (Reg. de 1608 à 1667 f° 31).

— Audict jour 15 juin 1607 fut ben.... (bénie la croix) du hault Chemin elle a esté donnée par Pierre Le Ray….. Pierre Cullerot et... Guiot.

— Le troisième jour de juillet mil six cent quatre-vingt-un, moy, qui soussigne, recteur de Mezieres par commission de monsieur le grand vicaire et official de Rennes, ay fait la bénédiction de la grosse cloche de l’église d'Ercé nouvellement fondue, assisté du clergé de ladite église et en présence du peuple et a esté nommée Urbaine par missire Urbain Bretier prestre et sous-curé de ladite église et paroisse, et a esté maraine honorable femme Giltette Beauce femme d'honorable homme Vincent d'Artois ce qu'attestent (Signé) Julian Daniel, sr de Mezieres, Michel Blanchard, prestre indigne, Urbain Brettier prestre curé, J. Bourne ?, prestre de Gosné, Jamoyas, Buffé.

— Le 5 novembre 1737 fut baptisée la grosse cloche d'Ercé : elle eut pour parrain honorable homme François Ferron et pour marraine honorable femme Anne Dauphin, tous deux de la paroisse d'Ercé, qui déclarèrent ne savoir signer.

— Le 24 mai 1731 Me Julien Guyot procureur et notaire en la juridiction du Bordage et damoiselle Françoise Pichot son épouse ont donné une chasuble en damas blanc pour servir à l’église d'Ercé.

— Le trante du mois de janvier mil sept cent trente-quatre commença dans cette paraisse d'Ercé une mission des Reverends pères capucins qui finit le 22 du mois de fevrier. Le R. P. Charle de Janzé en étoit le prefet etoyent avec lui les R. P. Avunge (?) de Rennes ; Paul-Marie Elzear Iliums (?) de Rennes. Honoré de Rennes, Siméon de Rennes, Jean-Francois de St-Malo, pour lors recteur m. franc. Cheuillard de Rennes, curés m. Jacques vaultier du diocèse d’Avranches, me Pierre Crespet de Gahard ; laditte mission a esté donnée par Mr. G. Malo sieur du Clairay.

Actes de décès des prêtres.

— Vénérable pr. Hilarion Horuaye prieur claustral du prieuré de Combourg, frère de mre Estienne Horvaye pbr recteur de st-Jean d'Ercé deceda en la foy Cat. A. et R le premier jour de decembre 1651 et son corps fut inhumé le 2 jour du mois soubs le Tombeau des prieurs devant l’hostel de N.-Dame en l’Eglise du prieuré.

— Frère Guenolé Horvaye, religieux benedictin, deceda le dixième Juin 1662 à St-Sauveur de Redon.

— Messire Michel Monnayer pbre aagé de plus de soixante et douze ans mourut au village de l'Annay, paroisse d'Ercé pres Gosné la nuict avant minuict entre le septieme et le huictieme jours du mois de Apvril de l'année mile six cent soixente et douze, lequel fut ensepulturé en l’église dudict Ercé proche la chaire ou lon fait le prosne, lequel enterrement fut faict par M. le recteur de Chasné présent Mre Etienne Horuais, recteur d'Ercé, Michel et ? Briand et Bouïn et Brottier pbr et Jolif, diacre ; de plus fut fait aux p... de Barthelemy Monnayer frère et de Idan (?) Ory son nepveu qui ne signent et de sa niepce et de plusieurs autres tant de sexe masculin que de feminin ; iceluy enterrement fut faict par missire Pierre Guibert, recteur de Saint-Sulpice qui officia et prescha à la postcommun... signé F. Brottie (?) pbr.

— Entre le dixième et onxiesme jour du mois d'octobre l'an 1681 v : et d : missire Jean Vallée prbr Mourut en ce bourg d’Ercé chez Me Mathurin Milet, et l'onziesme jour son corps fut porté à Mezieres sa paroisse pour estre inhumé en l'église de laditte paroisse.

— Monsieur Jarret en son vivant recteur d'Ercé mourut à Chasteau Giron le 15 May (1631) de l’an susdit et fut enterré au cimetière de Bais. (Brie) sa paroisse le 16.

— Ventrable et discret missire Gervais Huchet bachelier en theologie de la sacree faculté de Sorbone et recteur de la paroisse de sainct Jan d’Ercé près Gosné, âgé de quarante-trois ans ou environ, mourut environ la Minuit dentre le second et le troisième jour d'avril mil six cent quatre-vingt-sept et fut inhumé en l'église dudit ercé proche la balustre le quatrieme dudit mois, assisté pendant sa maladie par missire pierre Cullerot et missire Urbain Brettier prestre, de la meme paroisse presents venerable et discret missire Julien Daniel recteur de Mezieres, venerable et discret missire Jacques Crespel recteur de Gahard, venerable et discret missire Julien Ticzon recteur de Chasné venerable et discret missire Michel Le Mée, recteur de Gosné, plusieurs autres tant prestres que taïques, entre lesquels ont signé (suivent les signatures).

— Venerable et discret missire Urbain Brettier, presbtre de cette paroisse âgé de cinquante-trois ans ou environ mourut le dix bruitieme en sa maison proche cette églisé et fut inhumé le vingtieme d'octobre mil six cent quatre-vingt-sept au cimetiere suivant sa volonté sous une pierre (vis) avis le grand autel, assisté dans sa maladie, etc.

— Missire Pierre Cullerot, prestre de ceste paroisse, agé d'environ 47 ans, mourut au village du Haut-Chemin, et fut enterré le 1er de may 1688 dans l'église dudit Ercé, près la chaire, comme il l’avoit désiré.

— Missire Louis Benard pre mort au presbytere d'Ercé, agé de 34 ans fut enterré le 29 mai 1696 dans l'église proche les pierres tombales du Bordage.

— Denys Benard en son vivant recteur de cette paroisse fut enterré le 31 déc. 1699 dans le haut de l'église proche la balustrade du côté de l'Épistre.

Les registres pendant le dix-huitième siècle ne font pas mention de décès de prêtres à Ercé.

— Le 13 décembre 1793. Julien-Jean Pichot, curé constitutionnel, natif de Saint-Hilaire des Landes, âgé de 44 ans, meurt au presbytère d'Ercé.

Le presbytère a, dans la salle à manger et dans la chambre à coucher qui est au-dessus, des cheminées en bois avec des sculptures de la seconde moitié du siècle dernier, bien traitées. La coque, plusieurs fois remaniée, est probablement plus ancienne, sans que rien paraisse antérieur à 1700.

Il existe encore à Ercé un certain nombre de croix ; quatre seulement sont anciennes et présentent quelque intérêt. Au haut de la Rabine au Coq se dresse une croix de granit, haute de trois mètres environ. Elle était autrefois placée près du pont d’Ercé, où elle était encore en 1844, à l’intersection de l'avenue du Bordage et de la route de Gahard. Elle est à huit pans et porte à l'extrémité de chacun des bras un écusson très fruste. A la naissance des bras se trouve une sorte d'écusson renversé. La croix du Champ Thébault est de la même forme ; longtemps gisante sur le sol, elle a été rétablie ; mais l'espèce de niche en forme d'écusson renversé, ou d'ogive qui avait dû servir à placer un crucifix fixé par des clous au fût, a été mis sens dessus dessous. La croix du cimetière, de forme analogue aux deux autres, porte la trace de trois clous qui ont dû servir à attacher un christ en croix. Une autre croix en pierre plus ancienne se trouve, mais brisée en plusieurs morceaux, près de Bonnaire, an point culminant de la commune. La pierre qui supportait le croisillon est ornée d'une statuette grossièrement sculptée.

Il est fait mention, en 1694, de la Croix au Liepvre, nom qui suppose une légende ; l'ancienne n'existe plus.

Liste des recteurs d'Ercé.

Geoffroy Gaufridus, rector ecclesie de Erceio (1224).

Jacques de Quincé, licencié ès-lois, semi-prébendé de la cathédrale de Rennes, y fonda son anniversaire ; mort en mai 1411.
Urbain Ygnac (1605).

Julien Mauger résigna, puis mourut vers 1639.

Pierre Bidault succéda au précédent et prit possession le 20 septembre 1639 ; Il résigna le 29 janvier 1642 en faveur du suivant, avec réserve de 200 livres de pension.

Etienne Horvais, prêtre de Saint-Malo, et précédemment recteur de Trégon, fut pourvu malgré les prétentions de Louis Blanchet.
Maurice Louvoyer? 1676 résigna en faveur du suivant.

Jacques Giron, fit au roi le 19 avril 1680 la déclaration de son presbytère.
Julien Jarret, natif de Brie et fils de Julien et de Jeanne Jan, dit sa première messe à Brie le 2 octobre 1667 ; pourvu de la cure d'Ercé, il la résigna au bout de peu de temps et vint mourir à Châteaugiron le 15 mai 1681.

Gervais Huchet, bachelier en théologie, succéda au précédent; pourvu en 1681, il fonda par testament un anniversaire en son église en 1687.

Denis Besnard, recteur en 1690, et en 1698 enregistrer ses armoiries : de gueules au château d'argent sommé de trois tours de même, maçonnés de sable. Il mourut en 1700.

Francois Chevillard, prêtre du diocèse fut, pourvu le 5 mai 1700, mourut en 1734.

Jean Gaultray, prêtre du diocèse, fut nommé le 25 mars 1734 ; mourut en 1782.

N. Lendormy, 1777.

Jean-François Saudrais, natif de Gosné, fut pourvu le 12 novembre 1782 et jeté en prison en 1793 ; il devint en 1803 recteur de Mécé et mourut en 1808.

Pierre Legorre (1803-1813).

Jean-Alain Bachellot (1813-1815).

N. Leroux (1816).
Jean-Alain Bachelot (1816-1817).

Joseph Tostivint (1817-1823).

Jean-Julien Legenre (1823-1827).

Charles-Louis Moral (1827-1844).

Marie-François-Pascal Allys (1844-1851).

Noël Gaspais (1853-1855).

Guillaume Maillard (1855), mort en 1874.

François Allaire (1874-1894), mort en 1894.

Henri Sarlange (1894), recteur actuel.

 

ÉGLISE PROTESTANTE DU BORDAGE.

L'établissement du protestantisme au Bordage et aux environs semble devoir être placé un peu avant 1550. A l'entrée de l'année 1559, époque de la conjuration d'Amboise, l’église de Rennes avait trois annexes, le Bordage, le Magnanne et la Corbonnais. Il fut arrêté qu'on y ferait la cène alternativement, et, dès le 10 janvier, on la célébra au Bordage. Dix-huit personnes y participèrent, entre autres Mlle de Basoche et sa famille, M. et Mme de Chasné avec sa famille [Note : Vaurigaud, Essai sur l’histoire des églises réformées en Bretagne, t. I. p. 33]. A partir de cette date les historiens qui se sont occupés du protestantisme en Bretagne constatent assez fréquemment l'existence d'un noyau protestant qui, avant de disparaître, un siècle et demi plus tard, subit diverses vicissitudes.

En 1563, le synode tenu le 28 février à la Roche-Bernard donna pour pasteur à l'église d'Ercé, sous la direction du consistoire de Rennes, Jacques de Roullée, déjà ancien et proposant de cette église. Ercé dépendait du Bordage, et en 1563 eut une église en s'adjoignant jusqu'en 1585 l'église seigneuriale du Bordage. Jacques de Roullée quitta Ercé l'année de massacre (1572) et n'y revint qu'en 1581. Dans l'intervalle, des pasteurs voisins avaient visité cette église. Jacques de Roullée s'enfuit de nouveau aux îles normandes et ne revint plus en Bretagne ; il vivait encore en 1597. L'église cessa d'exister, du moins comme église d'Ercé ; elle se soutint encore un siècle sous le nom d'église du Bordages [Note : Vaurigaud, I, 119, 122].

Jean Colladon, ministre du Bordage, eut de Marguerite Deynier, une fille nommé Débora, baptisée à Vitré le 1er décembre 1577 ; il fut ensuite ministre en Anjou. chez M. de Villiers.

Au synode de Vitré, l'église seigneuriale du Bordage n'était pas représentée (1567) : l'assemblée écrivit à M. du Bordage, pour le prier d'employer son influence au rétablissement de cette église en faisant revenir M. Roullée ; elle chargea Berni, pasteur de Vitré, de s'y rendre de temps en temps. En octobre 1580, il y eut trace de rétablissement du culte à Ercé, par un baptême, administré à Vitré par Jacques de Roullée, pasteur d’Ercé.

Au synode de Josselin (1583), l’église d'Ercé et quelques autres ne furent pas représentées parce qu'elles ne furent pas averties à temps. En ce qui concerne Ercé le synode décida qu'encore que Mme de Saint-Gilles persévérât dans sa révolte avec endurcissement, on supercéderait pour les censures de rigueur de la discipline et que la prochaine classe de Rennes y pourvoirait même en l'absence du pasteur d'Ercé. La même année J. de Roulée représenta Ercé au colloque de Vitré.

Au XVIIème siècle l'église du Bordage semble avoir fonctionné parfois assez irrégulièrement ; elle ne figure pas sur la liste générale des pasteurs et des églises de Bretagne dressée en 1626 au synode de Castres, non plus que sur celle du synode d'Alençon (1635), ni sur la situation dressée en 1660. Il y eut certainement des intermittences, car en 1667, 1674, 1677, on relève à Cleusné des mariages de personnes d’Ercé, en 1671 un baptême, en 1678 deux décès.

Le dernier pasteur du Bordage fut Abraham Dumoutier, dont on rencontre le nom en 1669, et qui abjura en novembre 1685 [Note : Le fonds da Consistoire de Rennes avait une constitution de rente de cinq cents livres sur le marquis du Bordage, qui ne les payait pas exactement vers 1685 (Vaurigaud t. III, p. 66). Un mémoire, cité par Vaurigaud, parle sans autres détails de la maison dont les ministre du Bordage ont joui (III, 81). Suivant la tradition cette maison était celle de l'Aubressonnière ou les bâtiments qui serient actuellement de maison au fermier de l'Oriolais].

Il est probable qu'il avait, avant le milieu de cette année, cessé d'exercer son ministère au Bordage ; car on trouve sur les registres de Cleusné quatre baptêmes : 17 mars Marguerite Perrin ; 9 juin, Débora Delacourt : 1er août, René Hardy, Elisabeth de la Roche, et le 6 février le mariage de Jacques Bourdon, qui abjurèrent à Ercé à la fin de l’année [Note : Registres de Cleuzné, Vaugirard, I, 251, II, 150, 194, 279, 291, Paris-Jallobert].

Bien que l'an donne encore par fois aux habitants d'Ercé le sobriquet de « Huguenots », les protestants n'y furent jamais bien nombreux, et ne s’élevèrent pas au dixième de la populaiton totale ; si l'on ne tenait compte que de ceux qui appartenaient à des familles du pays, il faudrait réduire ce chiffre de plus de moitié.

Les registres tenue par les ministres du Bordage ont été perdue, suivant toute vraisemblance : ils ne sont pas aux Archives départementales, et M. l'abbé Pâris-Jallobert n'en a trouvé aucune trace dans ses recherches sur les protestants en Ille-et-Vilaine. Les seuls documents inédits qui concernent cette petite église figurent sur les registres conservés à la mairie d’Ercé. De 1682 à 1686 les abjurations qui y sont constatées s'élèvent au chiffre de 67 ; sur ce nombre 45 (21 hommes et 24 femmes) sont originaires d'Ercé ou y font leur résidence habituelle ; les autres abjurants habitaient des paroisses voisines. Si l'on ajoute à ces 45 personnes les enfants dont l'abjuration n'est pas relatée, on arrive à un chiffre de 80 environ ; en y joignant ceux qui, d'après le réquisitoire de l'avocat général au Parlement en 1701, n'avaient point abjuré, on peut penser qu'il y avait au moment de la révocation de l'édit de Nantes une centaine de réformés à Ercé.

Au point de vue de l'état social, plusieurs protestants appartiennent à la petite noblese, d'autres sont des officiers du marquisat ou des médecins, quelques-uns sont marchands ou exercent des métiers manuels ; il n'y a que très peu de laboureurs. Ce n'est que tout à fait exceptionnellement qu'on relève des noms appartenant à d'anciennes familles du pays, ou à des familles qu habitent encore Ercé. En réalité le protestantisme n'avait pas eu beaucoup de prise sur la population rurale et indigène ; c'était en quelque sorte une colonie qui se rattachait au château, et restait cironscrite aux catégories de personnes citées plus haut.

Voici, relevée sur les registres d'Ercé, la copie des actes d'abjuration. J'ai tâché aussi, ainsi qu'on le verra dans les notes, de savoir ce qu'étaient devenus les protestants d’Ercé. Il est probable que plusieurs quittèrent le pays, car je n'ai retrouvé sur les actes de décès de 1683 à 1730 qu'un très petit nombre de leurs noms.

J'ai constaté que la grande majorité signe son abjuration, souvent avec une bonne écriture, à une époque où les signatures des habitants catholiques sont assez rares, et parfois à peine lisibles.

ABJURATIONS.

1. — « Anne Gaultier aage d'environ dix huict ans quattre moys, fille de Guillaume Gaultier catholique et de Marie Bourdon [Note : Les registres de Vitré font mention d’une Marie Bourdon, fille de Jacques et de Roberde Royer, née en 1621, et d'une autre Marie, nés en 1629, fille d'Isaac et de Magdelaine Merouse. Cette famille était était l’une des plus nombreuses des cantons de Vitré, de Cleusné et du Bordage, parmi les protestants] de la religion prétendue Reformée ou de Calvin a ce trente uniesme may de l'an 1682 publiquement ahjuré la Religion pretendué Reformée ou de Calvin en l'église de Sainct-Jan d'Ercé après les vespree entre les mains de Missire Gervais Huchet, bachelier en la faculté de Paris et recteur de ladite église. Le tout fait par ladite Gaultier en pleine et libre volonté suivant la premission aux recteurs de recevoir son abjuration pour embrasser la religion catholique apostolique et romaine qu'elle a déclaré vouloir embrasser aux prestances d'un grand concoure de peuple et principalement de ses freres Elie Gaultier et Urbain Gaultier qui ne signent et plusieurs autres qui ont signé et a signé pour ladite Anne Gaultier damoiselle Janne Huchet.

(Signé) Gervais Huchet, recteur d'Ercé qui a reçu son abjuration et donne l'absolution de son heresie ; Urbain Brettier prestre, curé d’Ercé, P. Cullerot pbre, Janne Huchet, Ju. des Brousses, Julien Richer à la place ? de Urbain Gaultier pour Elie Gautier ; P. Joulaud, Michel Huchet, Michel Lecompte ».

II. — « Je soussigné recteur de la paroisse de Saint-Jean d'Ercé certifie avoir reçu la déclaration de labjuration de l’heresie de Calvin faite aux mains du R. pere Recteur de la compaignie de Jesus suivant lordre luy donné par monsieur le grand vicaire de Rennes, par monsieur Jan de Beaulieu et demoiselle Henriette du Bosquays [Note : On a pu voir que leur fille fut tenue sur les fonds, en 1693, par Henriette de Montbourcher. « Demoyselle Henriette du Bosquais de de Néraunay, âgée d'environ 80 ans est décédée le 22 septembre 1737.... et fut inhumée le lendemain dans l'église proche le banc de M. le Marquis » (Reg. d'Ercé ). Jean de Beaulieu appartenait à une famille dont le nom se retrouve plusieurs fois dans l'histoire du protestantisme en Bretagne. César de Beaulieu, pasteur à Quintin, eut un fils Henry, né le 18 octobre 1676, et présenté au baptême par Isaac Gouyquet de Saint-Eloi et par haute et puissante demoiselle Henriette de Montbourcher du Bordage. Il y eut un autre sieur de Beaulieu, procureur au Parlement et ancien du Consistoire de Rennes qui fut déterré en 1563, et dont le cadavre fut traîné par les rues ; en 1555 le sieur du Cleray son beau-frère, avait aussi été déterré, et avait subi les mêmes outrage. ; Jacques de Beaulieu, aussi ancien du consistoire de Rennes fut député par la Bretagne au synode national de Tonneins 1614. (Vaurigaud, t. II p. LXXII., t. I, p. 66. Ogée t, p. 204, d'aprés Crevain)], sieur et dame de neronay de ma paroisse, comme il appert par la susd. déclaration envoyée ? par le Reverend pere Recteur en date du dixiesme octobre mil six cent quatre vingt cinq ou le susd. pere Recteur appeté Vincent Partevaux, les sieur de Beaulieu et du Bosquays, Jacques Jean, Baudouard prêtres ont signé aussi le vingt neufuieme jour d’octobre 1685, (f. 10 r°) ».

III. — « Nous Vincent Partevaux [Note : Le P. Partevaux était en 1680, recteur du collège d'Orléans ; il mourut à Morlaix le 30 juin 1687] Recteur du college de la Comp. de Jesus a Rennes Scavoir faisons qu'en execution de la commission a nous donnée par Monseigr. l'Illustrissime eveque de Rennes Jean Baptiste de Beaumanoir, nous avons receu l'abjuration de l’heresie de Calvin et la profession de la foi catholique apostolique et romaine de Julien Cotar [Note : Julien était vraisemblablement le fils de Julien Costard, baptisé à Vitré le 24 mars 1802 fils de Me Pierre Costard de Marcillé-Robert et de Françoise Trebor. Le même registre de l'église de Vitré, constate la mort le 27 septembre 1632 d'André Costard, originaire de Suisse], Jean Hardel, Julienne Thebau, tous demeurans dans la paroisse de St-Jean d’Ercé, à scavoir lesdits Jean Hardel et femme dite la Perelle au village de L'aubriais, et ledit Cotar au village de L’Epine, tous approchant de lage de 30 à 40 ans, et leur avons donné l’absolution de l’excommunication aux presences des soubsignés fait ce trentieme novembre mil six cent quatre vingt cinq (signé), Gervais Huchet, resteur d’Ercé, Hardel, Ju. Cottard (bonne signature) signature de femme peu lisible, Vincent Partevaux ».

IV. — Même protocole (f. 10 V°) « Louis Robert agé de quarante ans, Elizabeth Lemoine [Note : Les registres de Vitré font mention d'une Elisabeth Lemoine baptisée le 12 octobre 1689] sa femme, de Jean, Marie-Jacqueline, Catherine Louys, Judith leurs enfants, depuis la St-Michel (illis) venu ? D’habitude en la paroisse de Saint-Jean d’Ercé, du diocèse de Coutance, item de Lizabeth née du mesme diocèse et de mesme paroisse de Vay [Note : Vay, paroisse près de Blain], proche le bourg de Gaure, item de Jean Gauly, demeurant en la paroisse de Mezières au diocese de Rennes, signé, Gervais Huchet L. Robert (bonnes signatares) ; Janhaod ? T. Brittier Vincent Partevaux : fait et arresté le second jour de décembre l’an 1685 ».

V. (f. 11, r° même protocole). « Isaac Cornu sieur de la Fontaine Judith Burulle sa compaigne, Jacqs Boudon (Bourdon) le jeune sieur de la Fontenelle [Note : Isaac Cornu, sieur de la Fontaine, nouveau converti âgé de plus de quatre vingts ans mourut en sa maison du bas Bourg le vingt-sixième et fut inhumé dans le Cimetiers le vingt-septieme avril mil six cent quatre-vingt-sept ; s’étant acquitté du devoir pascal, (Registres d'Ercé 1687). « Il y a deux Jacques Bourdon, On trouve dans les registres de Cleusné l'acte de mariage de Jacques Bourdon, âgé de 25 ans, originaire de la Vacquerie en Normandie, et de Marie Rivière 6 février, 1685 ; si on a mal lu son âge (25 au lieu de 33), il pourrait être le même que celui qui abjura le 3 décembre de cette meme année, et dont voici l’acte de déces copié après sur le registre d'Ercé : « Jacques Bourdon, sieur de la Fontenelle, nouveau converti âgé d'environ trente-six ans, nottaire et procureur de la Jurisdiction du bordage mourut au Rocher prioul en cette paroisse de sainct-Jean d'Ercé après avoir esté assisté en sa dernière maladie et receu tous ses sacrements de moy soubsigné recteur le 23° febvrier 1687 ». On rencontre dans les registres d'Ercé d'autres mentions de cette famille. — Louis Bourdon se marie le 4 août 1705 ; en 1706, il était pref... du marquisat. — Louis Bourdon, sieur de la Fontenelle, se marie 16 février 1719. — 10 mars 1724, mort de Louis Bourdon. — En 1757, mariage de René Bourdon. — En 1757, mariage de René Bourdon. — Louis Bourdon, fils de Jean, se marie en 1756. — Jean Bourdon meurt en 1748. Me Jean Bourdon, sieur de la Fontenelle, se marie le 4 octobre 1728. Marguerite Bourdon, le de Philippe Huchet habitait la paroisse de La Brulatte au Maine en 1835 ; une Marguerite Bourdon avait été baptisée à Terchent (Cf. A. Joubert, Hist. de l’église réformée de Laval sur leur conversion) a le 9 novembre 1674, une fille Gabrielle priésentée à Vitré le 25 (Registre de Vitré). Une troisième Marguerite Bourdon meurt à la Fontenelle en 1766 à l’âge de 66 ans] et Marie Debora Godier sa compagne, Daniel Bourdon, Marie Gascon sa compaigne, Jacques Boudon leur fils, Louis Godier, sieur de la Maisonneufves Marie Bourdon, sa compaigne, Elie Godier, sieur de Laubressonnières [Note : Pierre Godier, marchand épousa le 25 mai 1649 à Cleusné Henriette Bourdon. Marie Debora Godier mourut à sa maison du Rocher en 1706, Elie Godier, sieur de l'Aubressonnière, procureur fiscal du Bordage, était marié à Anne Nouail, il fut en 1668 parrain de Charlotte Nouail (peu lisible) il perdit à Vitré une fille Marie Godier, âgée de 5 ans. (Reg. de Vitré). Elie Godier est qualifié de noble homme dans l'acte de décès de sa fille Gillette, 21 mai 1692, qui est enterrée dans l’église. Damoiselle Jeanne Godier âgée d'environ 38 ans, meurt le 5 septembre 1692 et est inhumée dans l’église. Elizabeth Godier, mariée à maistre Day, sieur de la Grandmaison (acte de baptême du 7 juillet 1697) ; Marie Godier y signe comme témoin. La signature de Débora Godier figure sur un assez grand nombre d'actes de baptêmes ; elle mourut an 1706] Jean Villalar … qui ne signe et Judith Braux sa niepce femme de Pierre ou Jean (peu lisible) Villalar [Note : « Pierre Vilalar, veuf, cordonnier de sa vocation, âgé d’environ soixante ans, nouvellement converti meurt près du bourg le 23 avril 1626 » (Reg. d'Ercé). Pierre Villalard, fils de feu Pierre et de Julienne Melesse ; originaires de Ducey, avait épousé le 7 juin 1648 Renée Pelletier à Cleusné (Registres de Cleusné). Pierre Villalard, journalier, mari de N... Brault, de Pleine-Fougères, domicilié depuis peu de mois à Curoy, embrasse le catholicisme le 13 décembre 1685, âgé de 38 ans (Cleusné)] demeurant en la paroisse de pleine Foulgère, diocese de Dol, Jean Le Compte, sieur de la Pommerais et Anne Chalopin sa compagne [Note : Demoiselle Anne Chalopin, originaire de Baugé, avait épousé à Cleusné le 22 juillet 1683, Jean Le Comte d'Alençon, fils de Michel et de Marguerite Avenant (Registre de Cleusné)], Philippe de la Roche [Note : Philippe de la Roche avait épousé Renée Gaultier, dont il eut une fille Elizabeth baptisée dans le temple de Cleusné le 1er août 1685 ; à la même date fut baptisé à Cleusné René fils de Jean Hardy et de Jeanne Gautier, domiciliés au Bordage] qui ne signe, de la paroisse de Mezieres, Isaac Perin [Note : Les registres de Cleusné font mention à la date du 17 mars 1685 du baptême, de Marguerite, née le 15, et fille d'Isaac Perrin et de Perrine Grivel], Anne Laille, dame de la Buodais, Maguerite Godier, Debora Godier, Marie Godier ses filles, Marie des Brosses [Note : Marie Desbrosses, fille de Jacques Desbrosses, époux de Jeanne Jugault, mort le 21 juillet 1670, à l'âge de 70 ans, et enterré au cimetière de Cleusné, avait épousé le 29 mai 1650 Jacques Bourdon. (Registres de Cleusné)], compaigne de Me Jacques Bourdon l’aîné, lequel ne peut venir à… à cause de son incommodité de jambe le tout assisté en l'église de Saint-Jan d’Ercé le 2 jour de décembre mil six cent quatre-vingt.

Signé : Issac Cornu, Louis Godier, E. Godier, Marie des broses (sic), , Bourdon, Marie Bourdon, Bordon, Jean Le Conte, Pommeres, Anne Chalopin, Marie devora Godier, A C. Anne Lailler, Marguerite Godier, Débora Godier, Marie Godier, Gervais Huchet, Vincent Partenaux ».

VI. — « Marguerite Brinques (on Deinques) de le paroisse de Saint-Jean-Baptiste d'Ercé le 3 décembre 1685 [Note : Le registre de Vitré fait mention d'une Marguerite d’Ingues, fille de Jean Dingues, écossais, baptisée le 22 juin 1619]. (Signé Marguerite Bainques, T. Brittier, Ras ? sénéchal du Bordage).

VII. — F° N. v°, « Vincent Partevaux », etc. (sic). — Le mesme jour troisieme de decembre de cette année 1685 ont abjuré devant nous comme cy-dessus Daniel Godier sieur de la Taudeys , m. Jean de Lacour [Note : Jean La Cour est qualifié maistre chirugien, demeurant au lieu de l’Aubressonnière dans l'acte de baptême de sa fille Françoise-Renée le 23 novembre 1687 (Registres d’Ercé). Sur les registres de Cleusné, on relève le décès d'Anne Delacourt, fille de feu Jean et de Françoise Nolier, en 1680, âgée de 23 ans, et sur les mêmes registres le 3 juin 1684 le baptême de Debora Delacourt] et Renée Le Cors, Me Jacques Onfry [Note : Onfry était maître chirugien ; il autopsia en 1687 une visille femme qu'on supposait avoir succombé à une tentative criminelle (Registres d’Ercé)], Marie aussi sa sœur David Haudroite de Partou paroisse de Mouesamp [Note : Il y a une paroisse de Mouezan, prés de Parthenay (Deux-Sèvres)] Catherine Bonniau |Note : En 1665, on trouve le nom de Bonnieu à Liffré (égli. prot.) et à Vitré en 1664 et 1866 de Bonnean on Bonniau] sa femme et Catherine Olitraa ? de sa femme, Susanne. Lenitr ? Marthe Thibau Marguerite Bourdon, Jeanne Brittier, femme de David Vionays Janne Le Compte, Françoise sa sœur, Jacques Roussel, David Roussel fille et fils de la susd. [Note : Etienne Rouxel de Saint-Denis-le-Gast (Coutances) épousa au temple de Cleusné le 6 novembre 1667 Françoise Lesor ou Lescor, fille de Thomas venu de Gavray dans le canton du Bordage ; Françoise et Marie, mariée à Jacques Blanchet, le 6 août 1674, puis à Nicolas Deschamps le 24 janvier 1876, à Cleusné, morte le 8 avril 1678, pouvait être née à Ercé (Registres de Cleusné). Jean Roussel nouveau converti âgé d'environ dix ans, meurt au village de l'Épinne le 7 octobre 1689 (Registres d'Ercé)], Françoise Le Serux ?

(Signé) Codier, J. Lacour, J. Onfris, Marthe Thibault, Renée Le Corre, Ginguené.... présent à ce que dessus, Thomas present a l'abjuration, Gervais Huchet, recteur d'Ercé, Vincent Parteuaux, T. Brossier pbre. ».

VIII. — « Item du mesme jour ont fait abjuration et profession de la foy catholique apostolique et romaine comme dessus par devant les denommes cy apres Janne Bireille ? femme de M. Onfry, Renée Gaultier, femme à Philippe La Roche, Janne Gaultier, femme de Jean Gardy demeurant en la paroisse de Mezières qui tous ne signent. (Signé). Gervais Huchet recteur d'Ercé présent ».

IX. — (F° 12R°) « Nous, etc. Jeanne Le Seur, femme de Richard Nalou Vay ? paroisse de Vair, diocèse de Coutance, le 23 décembre 1685. (Signé (Vincent Partevaux, Paul Day par ladite Le Sur, Th. Brittier, preste ».

(F° 12V°) — « Item le lendemain Perinne Haudroy de diocese de Lusson, paroisse de Mouezan, ayant environ dix-huit sus fist son abjuration comme dessus de l'autre part es mains du R. p. Partevaux Le 4 décembre mil six cent quatre-vingt-cing en la paroisse de Saint-Jan d'Ercé. (Signé) Gervais Huchet recteur d'Ercé Vincent Partevaux » [Note : Plusieurs abjurations sont libellées par le recteur Huchet ou le R. P. Parteveaux].

X. — « Item receu l'abjuration de l’heresie de Calvin et la profession de la foy etc. de Jacquet Bourdon le père le 29 decembre 1685 en la paroisse de Saint-Jean d'Ercé proche Gahards (Signé) Bourdon, Vincent Partevaux, Gervais Hochet, recteur ».

XII. — « Item receu etc... de Catherine Gaudier en la paroisse et eglise de saint Jean-Baptiste d'Ercé prez Gahars le 1er janvier 1686 en presence de M. le recteur et de Monsr. Bretier prêtre (Signé) Vincent Partenaux, Gervais Huchet R, T. Brettier pb. ».

XIII. — « Item recue l’abjuration etc. de Stienne Rouxel qui a signé en la paroisse de St-Jean d'Ercé près Gahard le second jour de janvier 1686, en présence de M. le recteur dudit Ercé et de monsr Bretier prêtre (signé) Rouxel ».

XIV. — « Nous etc.. de Abraham du Mouthier [Note : Ministre du Bordage en 1689 (Registres de Cleusné)] cy devant ministre du Bordage en la paroisse de Saint-Jean d'Ercé le 25 nouembre 1685, fait à Hercé proche Gahards le 2 janvier 1686 (signé) Vincent Partevaux. Item.... de Marguerite Avenant compagne de Abraham de Mouthier et de Renée du Mouthier le 29 décembre 1685 en la paroisse de Saint-Jean d’Ercé proche Gahard (signé) Vincent Partevaux, A. du Moutier, M. Avenant, Renée du moustier, Gervais Huchet ».

XV. — « Nous etc., scavoir faisant que .... [Note : M. Daniel Cornu est parrain le 26 avril, 1727, se marie en 1728 ; il meurt le 15 décembre 1747, à l’âge de 75 ans]. Anna Cornu a fait abjuration... le sixiesme de febvrier 1686 en présence des soussignées, (signé) Vincent Partevaux, Gervais Huchet. Jan Tessier, du moutier ».

XVI (1705). — « Nous François Cheuillard, Rr de la paroisse de Saint-Jean d'Ercé près Guahard, scavoir faisons que Marguerite Costar fille de Jullien Costa [Note : Son père avait abjuré en 1685. Marie Costard, fille de Julien épouse Pierre Thé 30 octobre 1705. Marguerite Costard signe à un baptême en 1727 ; elle mourut à la Champagnais le 18 avril 1741] et de Sussanne Lovitte a fait abjuration de l’heresie de Calvin et profession de la foy catholique apostolique et romaine en notre ditte eglise d'Ercé le vingt cinquieme avril mil sept cent cinq au retour de nostre procession et au commencement de nostre grande messe en présence des soussignants Julien Costard, J. Chevilliard Rr d'Ercé ».

Liste alphabétique des abjurants.

25 déc. 1685. Avenant (Marguerite) épouse de du Moutier pasteur.
10 oct. 1685. Beaulieu (Jean de).
10 oct. 1685. Bosquays (Henriette du) épouse de Jean de Beaulieu.
3 déc. 1685. Bonnian (Catherine) femme David Handroite,
3 déc. 1685. Beinques (Marguerite).
3 déc. 1685. Bireille (Jeanne) femme de M. Onfry.
29 déc. 1685. Bourdon, (Jacques père).
2 déc. 1685. Bourdon, le jeune.
2 déc. 1685. Bourdon, (Jacques), fils de Daniel.
2 déc. 1685. Bourdon Daniel.
3 déc. 1685. Bourdon, (Marguerite).
2 déc. 1685. Bourdon, (Marie), épouse de Louis Godier.
3 déc. 1685. Brittier (Jeanne), épouse de David Vionnest
2 déc. 1685. Braux (Judith), femme de Pierre Villar (Pleine Fougère).
2 déc. 1685. Burulle (Judith), femme Cornu.
2 déc. 1685. Chalopin (Anne), épouse de Lecompte sieur de la Pommerais, un Michel Chalopin est refugié à Londres en 1687, (plusieurs réfugiés à Londres portent le nom de Cornu).
2 déc. 1685. Cornu (Isaac).
6 fév. 1686. Cornu (Anna).
25 avril 1705. Costar (Marguerite).
30 nov. 1685. Cotar (Julien).
2 déc. 1685. Desbrosses (Marie), femme de Bourdon l’aîné.
2 déc. 1685. Gascon (Marie), femme de Daniel Bourdon.
3 déc. 1685. Gaultier (Renée), fille de Philippe La Roche Mézières.
3 déc. 1685. Gaultier (Jeanne), femme de Jean Gardy.
31 mai 1682. Gaultier (Anne) 18 ans.
1 janv. 1686. Gaudier (Catherine).
2 déc. 1685. Ganly (Jean) Mezières.
3 déc. 1685. Godier (Daniel), sieur de la Taudais.
2 déc. 1685. Godier (Marie Debora) épouse de Jacques Bourdon.
2 déc. 1685. Godier (Louis).
2 déc. 1685. Godier (Marguerite).
2 déc. 1685. Godier Debora (Marie).
2 déc. 1685. Godier (Elie sieur de l’Aubussonnière
Godier (Marguerite)
30 nov. 1685. Hardel (Jean).
3 déc. 1685. Haudroite (David), Moussé ?
4 déc. 1685. Haudroy (Peerrine), Luçon.
3 déc. 1685. Lacour (de la, Me-Jean).
2 déc. 1685. Laillé (Anne) dame de la Buodais.
3 déc. 1685. Lecomte (Jeanne).
3 déc. 1685. Lecompte (François).
2 déc. 1685. Lecomte (Jean), sieur de la Pommerais
3 déc. 1685. Le Corre (Renée), épouse de Jean Delacour.
2 déc. 1685. Lemoine (Elisabeth), femme de Louis Robert
3 déc. 1685. Lenitre? (Susanne).
3 déc. 1685. Leseur (Françoise).
23 déc. 1685. Leseur (Jeanne), femme Richard N… Coutances.
2 déc. 1685. Leseur Lisabeth, de la paroisse de Vay, Coutances.
2 janv. 1686. Moutier (Abraham du).
29 déc. 1685. Moutier (Renée).
3 déc. 1685. Onfry (Jacques).
3 déc. 1685. Onfry (Marie).
2 déc. 1685. Perin (Issac).
2 déc. 1685. Robert (Louis), diocèse de Coutances, ses enfants Jeanne
Marie-Jacq ; Catherine ; Louis ; Judith.
2 déc. 1685. Roche (Philippe de la) Mézières.
3 déc. 1685. Rouxel (Jacques).
3 déc. 1685. (David).
2 janv. 1686. (Etienne)
30 nov. 1685. Thébaut (Julienne), femme de Jean Hardel
3 déc. 1685. (Marthe).
2 déc. 1685. Villalart (Jean).

En 1700, d'après un Mémoire envoyé par. M. de Nointel au marquis de Torcy, il y avait 25 nouveaux convertis à Ercé et 15 à Gahard (Vaurigaud, t. III. p. 173).

Les abjurations faites à Ercé en 1685 s'élevaient à 66, sur lesquelles 9 seulement sont désignées comme étant celles de personnes n'habitant pas la paroisse, soit 55 ; je n'ai relevé sur les registres de 1685 à 1700 que quatre décès de nouveaux convertis (dont un enfant de dix ans non porté aux abjurations) ; il y aurait eu 27 personnes à quitter Ercé, — et au cas où partie des nouveaux convertis, soit 15, serait allée à Gahard ou aurait été de cette commune, il y aurait eu 12 personnes à quitter le pays.

Ces abjurations, dans lesquelles les dragons jouèrent peut-être un rôle plus décisif que l'éloquence du R. P. Partevaux, ne semblent pas toutes avoir été bien sincères ; il paraîtrait aussi, d'après la pièce suivante, que tous les protestants d'Ercé n'avaient pas abjuré.

Le jeudy dixiesme mars 1701, l’advocat general du roy entre en la Cour a remontré qu'il y a dans la paroisse d'Ercé quantité de religionnaires, tant de ceux qui n'ont point fait d'abjuration que de deux qui, l’ayant faite sont retombez dans leur premiere heresie et en font des exercices par des assemblées clandestines, et très pernicieuses, avec des insultes sur les plus augustes et redoutables misteres de la vraye religion, dont une femme huguenote ayant encore recemment donné publiquement des marques en reffusant avec insolance et opiniâtreté de saluer l'adorable sacrement de l'autel et temerairement et par esprît d'heresie insultant au curé du dit Ercé qui l'exhortait à faire là dessus son debvoir, lequel curé en ayant porté sa plainte devant le Seneschal de Saint-Aubin qui est juge des lieux il a informé et decreté d'adjournement personnel ladite femme, ce qui n’est pas remplir les intentions de S. M. marquées par les déclarations qui veulent une sévérité exemplaire là-dessus, et l’affaire est même demeurée sans suite et tout à fait abandonnée ; à ces causes, a ledit advocat general du roy requis qu'il soit ordonné aux juges royaux de Saint-Aubin de continuer d'informer desdites assemblées, à cette fin de publier des monitoires dans les paroisses d’Ercé et de Guéhard [Gahard] et autres lieux où besoin sera, et de procéder suivant les rigueur des déclarations du roy jusques à sentence definitive inclusivement nonobstant opposition, appellations et prises à partye, et qu’il soit enjoint à son substitut dudit Saint-Aubin de les promouvoir, et des diligences qu'ils en auront fait d'en certifier la Cour au mois à peine d'en répondre en leurs propos et privés noms (Archives du greffe de Rennes. Archives du Parlement. VAURIGAUD, III, 187-188).

Il est probable que cette fois les mesures de rigueur furent efficaces, et que les protestants, qui pouvaient regretter leur ancien culte, ne se signalèrent par aucun acte public. Comme on ne relève sur les registres qu'une seule abjuration postérieure à 1701, celle de 1705, il y a lieu de penser que ceux qui n'avaient pas abjuré quittèrent Ercé. A partir de cette date, je n'ai relevé aucun fait se rattachant au protestantisme, et je n'ai pas entendu dire qu'il y ait eu dans ce siècle un seul protestant à Ercé.

Le cimetière des Huguenots.

L'ancienne édition d'Ogée faisait mention en ces termes du cimetière des protestants du Bordage :

« Auprès du château sont des vestiges d'un ancien temple que les habitants du pays appellent le Cimetière des Huguenots et environ trente pierres tombales sur lesquelles sont gravés en caractères gothiques les noms de ceux qui y sont inhumés. Ce sont des pierres de taille et d'ardoise ». Les fouilles que j'ai fait faire en 1892 ne m'ont révélé aucun vestige de ce temple, qui n'est pas mentionné dans le procès-verbal précédant la vente nationale du Bordage, où il est parlé des pierres tombales. Il est probable que celles-ci furent transportées au cimetière près de l’église ; je n’en ai trouvé aucune au bourg, et personnes n’a pu me dire ce qu’elles étaient devenues. Il est vraisemblable qu’elles protaient en effet des signes aristocratiques, un assez grand nombre des protestants d’Ercé appartenant à la petite noblesse, et les seigneurs du Bordage ayant été, suivant toute vraisemblance, enterrés dans ce cimetière. Son établissement devait remonter aux premières années du XVIIème siècle ; les seigneur du Bordage avait probablemente agi comme plusieurs de ses coreligionnaires. L’enregistrement du décés de César de la Vieuville nous dit que ce seigneur fut inhumé au cimetière qu’il avait fait préparer pour la sépulture de ceux de sa religion en sa maison de la Vieuville (13 décembre 1636).

Aimé Joulaud, âgé aujourd'hui de 75 ans, m'a dit que lors qu'il était domestique au Bordage, la charrue mit au jour aux environs du cimetière une plaque d'ardoise parfaitement polie, qui fut emportée au Bordage par M. Antonin Guyot, auquel les laboureurs l'avaient montrée. Elle avait un peu moins d'un mètre sur 40 à 50 centimètres de large ; M. Guyot dit à ses ouvriers que l'inscription qu'on voyait dessus était en latin, assez difficile à lire. On ne sait ce qu'elle est devenue. Il leur raconta que précédemment il avait trouvé dans le même champ une grande plaque de marbre, très bien conservée, et portant une inscription.

Il est probable que ces plaques ne faisaient pas partie de celles dont la commune d'Ercé avait revendiqué la propriété, parce qu'elles portaient des emblèmes aristocratiques.

Le 26 août 1892, après deux jours de fouilles faites dans l'angle nord-ouest du champ de la Vigne, indiqué par l'état dressé en 1792 comme étant le cimetière aux Huguenots, mes ouvriers découvrirent vers dix heures du matin le rebord d'un cercueil en plomb, à 45 centimètres au-dessous du sol labouré, et à 60 centimètres des fondations d'un mur mis au jour la veille, qui formait la clôture du cimetière à l’ouest ; sur un des côtés on recontrait une sorte de murette qui avait pu servir à poser une pierre tombale. Le cercueil mesurait 1 mètre 97 sur 58 à la tête, et 30 aux pieds. Il était orienté ouest-este, et le couvercle était en forme de toits, comme celui des bières en sapin de Paris ; il rappelait surtout celles encore en usage en Haute-Bretagne; à partir de quelques centimètres, le poids des terres ou toute autre cause avait aplati le couvercle, qui, au lieu d’être saillant, était rentrant. Les soudures étaient à peu près intactes ; mais il a été facile de l'ouvrir. Il ne contenait ancune trace d'ossements ou de vêtements ; le fond de la bière, assez humide, était encore garni d'une planche de chême à demi pourrie, mais très épaisse.

L'après-midi, à soixante centimètres environ du précédent, mais à une profondeur de 85 centimètres, on trouva un autre cercueil en plomb : le premier était trapézoidale avec des forms nettement angulaires aux extrémités ; le second au contraire avait une sorte de figure de barque, long de 1 mètre 85 ; il avait été aussi en forme de toit peu saillante mais au milieu, il était aplati, et faisait un creux de quelques centimètres plus profond que le rebord ; les soudures étaient intactes, et le plomb entier, sauf deux trous peu importants ; près de la tête, se trouvait un cœur, en plomb, d'une forme élégante, le bas très allongé, qui n'en était séparé que par un centimètre ; il avait dû être placé dans la bière de bois de sapin qui avait contenu le cercueil de plomb, et dont plusieurs planches étaient encore assez bien conservées [Note : Au XVIème siècle un cercueil de bois dans un cercueil de plomb ; au XVIIème les corps sont renfermés dans un cercueil de plomb couvert d'un cercueil de bois. Rapport de D, Poirier sur les sépultures de Saint-Denis : Intermédiaire, 20 octobre 93. J'avais demandé dans l'Intermédiaire si le cœur placé en dehors du cercueil était celui du personnage contenu dans le cercueil ; dans le numéro du 30 mars 1894, on trouve relatés la découverte dans le chœur de l'église de Blacqueville (Seine-Inférieure) de plusieurs cercueils en plomb parfaitement clos et contenant des corps : à l'extérieur et au-dessus de la tête se trouvaient des cœurs en plomb, dont l'un portait une date 1633 et des initiales. Les corps avaient été embaumés et cette opération avait nécessité l'enlèvement des entrailles, qui avaient reçu une sépulture quelconque. Quant au cœur, muni d'une enveloppe particulière, on le déposait sur le corps auquel il avait appartenu. Le corps trouvé au cimetière des Huguenots avec un cœur à la tête n'avait probablement pas été embaumé, mais on avait scié le crâne, et peut-être l'avait-on ouvert, le cœur avait alors été placé à part. La date 1633 relevés ci-dessus est assez voisine de celle de la mort de René III de Montbourcher, mort à Nantes en 1647] ; sur les côtés de l'endroit où il a été découvert, il y avait aussi des murs qui vraisemblablement avaient supporté une pierre tombale.

J’ai fait transporter ce cercueil au Bordage, où il a été ouvert avec soin : il contenait de la terre grasse et un squelette à peu près entier, mais dont les ossements, tres humides, étaient d’une fragillité telle que le doigt s’y enfoncait ; la partie la mieux conservée était la machoire inférieure et le masque ; le crâne avait été scié à un centimètre et demi au-dessus de l’arcade sourcilière ; sur une partie adhéraient des cheveux assez courts, couverts d’une sorte de substance blanchâtre, sur laquelle passait une cordelette. Les os de la colonne vertébrale et ceux du bassin étaient en très mauvais état, de même que les côtes ; les gros os des bras et des jambes étaient mieux conservés, quoique aucun d'eux ne fut parfaitement intact. Quelques fragments d'étoffes se trouvaient à côté du cadavre, et plusieurs morceaux de toile assez grosse, dont l'un formait un double pli. Des cordelettes étaient collées au couvercle, comme si elles avaient retenu quelque étoffe, ou ficelé le cadavre.

Lors de la découverte du cœur, un des ouvriers l'avait involontairement frappé d'un coup de pioche qui avait pratiqué une ouverture la partie supérieure. Lorsque je le retirai, il sortit par là un liquide que je crus être de l'eau ; peu après, je le fis laver à la rivière, étant loin de me douter que sous ce cœur de plomb était encore à peu près intact le viscère qui y avait été placé deux siècles au moins auparavant. Ce n'eùt qu'au bout de quinze jours que le plomb fut descellé, et qu'ou y trouva le cœur assez desséché, qui fut mis dans l'alcool ; il semble plus gros qu'un cœur ordinaire [Note : Les registres de l'église protestante de Vitré relatent que le cœur de Philippe du Matz, sieur de Montmartin, assassiné au camp devant Ayre (Artois) le 17 juin 1641, fut apporté à Vitré, et inhumé le 3 juillet avec les siens au cimetière. (Reg. de Vitré)].

Le reste du cimetière n'a fourni aucun ossement, aucun bijou, aucun métal, sauf un très grand nombre de gros clous rouillés, qui avaient servi à clore les bières ; quelques unes de celles-ci avaient arqué leur empreinte sur le sol : au-dessus se trouvait une terre humide et graisseuse, épaisse de dix centimètres, et qui était très reconnaissable dans la coupe du terrain ; quelques fosses ont pu être vidées par les ouvriers, et leur forme était très facile à suivre. Les inhumations avaient été faites à des profondeurs variables, les cercueils les plus profonds se trouvant à 1 mètre 50 du sol actuel ; mais le plus généralement la couche de terre n'était que de 80 centimètres. Il y a eu en certains endroits des inhumations successives.

Les murs dont les fondations ont été retrouvées avaient 21 mètres de long sur les faces nord et sud, 12 mètres 90 sur celles de l'est et de l'ouest, le cimetière occupait une étendue d'environ 2 ares 70 centiares 90 ; vers le milieu du mur nord on rencontra deux murettes perpendiculaires à ce mur, longues de 1 mètre 50 environ, et écartées de pareille distance : une fouille pratiquée au milieu n'amena aucune découverte, pas même celle de la couche de terre noire et grasse qui caractérise les inhumations faites en ce terrain. En résumé ce cimetière paraît avoir reçu de 120 à 150 cadavres.

Une hache en diorite, cassée anciennement, a été trouvée peu de distance d'un mur. Dans le même champ de la Vigne, à 50 mètres environ du mur sud du cimetière, ou rencontrait en abondance des débris de briques rouges, dont une partie avec des rebords à crochet ; les fouilles mirent au jour un terrain rougeâtre qui paraissait avoir été brûlé, et un espace de 2 mètres 50 sur 2.25 qui était bordé de briques plates ; entre elles étaient des espèces de tuiles en mauvais état, qui ressemblaient à celles d’un four en ruines ; un autre espace à la suite de celui-ci, et à la même hauteur, long de 2 mètres 30 sur un côté, de 1 m, 50 sur le côté parallèle, et sw 1 mètre 40 au bout, présentait des tuiles de même nature, assez en désordre, au-dessous duquel la terre était rouge et brûlée à 30 ou 40 centimètres d’épaisseur. Les fouilles n’ont fait découvrir aucun objet de nature à indiquer la date ou la destination de cet emplacement.

(Paul Sébillot).

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