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L'ANCIEN EVECHE DE BRITONIA 

en GALICE - ESPAGNE

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L'histoire de la Bretagne insulaire nous apprend que du IVème au VIIème siècle environ, les habitants de cette île, se voyant refoulés vers la mer ou les montagnes, d'abord par les Pictes et les Scots, plus tard par les Angles et les Saxons, abandonnèrent le sol natal à diverses reprises, quelquefois même par troupes nombreuses, pour aller demander un abri hospitalier à la terre étrangère, et y fonder des colonies.

La plus importante de ces colonies est, sans contredit, celle qui eut pour objectif l'Armorique et lui a donné un nom nouveau, une langue et des institutions en partie nouvelles ; mais elle ne fut pas la seule. Il y en eut un grand nombre d'autres en Gaule, en Belgique, en Germanie, en Italie, en Espagne et peut être ailleurs. Nous en avons pour garants les traditions locales ainsi que les noms de Cap-Breton, la Bretonnerie en France, Brittenbourg en Hollande, Bretten en Souabe, Bretena en Lombardie, Britinorium dans les Romagnes, et autres du même genre qui ont été donnés à diverses localités plus ou moins importantes, et qui paraissent des plus significatifs.

L'Espagne en particulier dut offrir un asile hospitalier à un certain nombre d'exilés bretons ; car les localités portant des noms analogues aux précédents y sont plus nombreuses que dans aucun autre pays, la France naturellement exceptée. Nous en avons recueilli jusqu'à six (et beaucoup sans doute nous ont échappé) qui se trouvent échelonnées sur tout le littoral de la Péninsule Ibérique, ce sont : 1° Bretona près de Mondonédo ; 2° et 3° Breton de Arriba et Breton de Abajo prés de La Corogne ; 4° et 5° Breto et Bretonisco près de Zamora ; 6° Bretun dans la province de Soria.

La plus connue de toutes ces colonies bretonnes d'Espagne, et la seule peut être qui ait joué un rôle dans l'histoire, c'est Bretona ou Britonia en Galice, près de Mondonédo. Celle-ci a eu l'honneur de jouir pendant deux ou trois siècles au moins du titre de cité épiscopale.

Pour répondre à un voeu qui fut formulé au Congrès de l'année dernière à Lannion, et en des termes empreints d'une telle bienveillance pour moi que je ne pouvais manquer d'y faire droit, je me suis mis à rechercher les origines de ce siège épiscopal ; j'ai essayé d'en reconstruire sommairement les Annales.

Mes efforts sont loin d'avoir obtenu un plein résultat. J'envoie néanmoins tel quel ce fruit de mes travaux. Daignent les membres du Congrès de Saint-Malo l'agréer comme un faible gage de ma bonne volonté, du vif désir que j'ai de contribuer en quelque chose à éclairer d'une nouvelle lumière l'Histoire et l'Hagiographie de notre province de Bretagne.

Après ce préambule rendu un peu long par les circonstances, je vais entrer en matière et consacrer mes premières pages à rechercher les vraies origines de Britonia et de son évêché.

 

§ 1. — Origines de Britonia et de son Evêché.

Le dernier historien de Mondonédo, M. Ramon Sanjurgo y Pardo (Voir Historia de los obispos de Mondonédo. Lugo, 1854,2 vol. in-8°), a prétendu récemment après quelques écrivains sans critique du XVIIème siècle, que Britonia remontait aux premiers temps de la domination romaine en Espagne, et qu'elle avait été fondée en l'honneur de Brutus. Il a prétendu également que l'érection de cet évêché remontait aux temps apostoliques, que son premier évêque était cousin de saint Jacques-le-Majeur et avait dû être du nombre des 72 disciples de Notre Seigneur. Mais il y a longtemps que la critique sérieuse avait fait bonne justice de pareilles assertions, qui ne sont que conjecturales, et ne reposent absolument sur aucun document ancien (Florès : Espana Sagrada, t. XVIII, p. 11 et suiv.).

La vérité est que le nom de Britonia ne se trouve ni dans Strabon, ni dans Ptolémée, ni dans Pline, ni dans aucun géographe ancien. Il est également absent de la Notice des Provinces et des Cités de l'Empire, document qui appartient au plus tard à la première moitié du Vème siècle, et dont on connaît l'importance sans égale au point de vue qui nous occupe. Joignez à cela qu'on n'a jamais découvert, sur l'emplacement de Britonia, ni thermes, ni aqueduc, ni villa, en un mot aucune antiquité remontant indubitablement à l'époque romaine.

Et cependant on sait positivement que l'enceinte de cette ville embrassait deux lieues et plus de pourtour et qu'elle était fermée de remparts et d'un double fossé (Florès : Espana Sagrada, t. XVIII, p. 7 et 8) : ce qui dénote manifestement une cité beaucoup plus importante que la plupart de celles qui sont mentionnées par Strabon et les autres géographes de la même époque. Il paraît donc bien établi que Britonia ne doit sa fondation ni aux anciens Ibères, ni aux Romains ; que cette fondation doit être postérieure à l'ère chrétienne.

De là à conclure qu'elle est l'essore des Bretons insulaires, il n'y a qu'un pas, si je ne me trompe. Car toute autre hypothèse semblerait de prime abord inadmissible, étant donnée l'identité des noms. Mais je dois avouer aussi que je n'ai découvert aucun texte de chronique relatant cette fondation en quelque sorte ex professo. Je puis néanmoins apporter comme confirmation, sinon comme preuve directe, deux documents où la colonisation bretonne dont il s'agit se trouve heureusement signalée en termes qui, à mon avis, ne laissent place à aucun doute.

Le premier est une sorte de charte-notice relatant l'érection en Galice d'une nouvelle métropole et de nouveaux évêchés au temps du roi suève Théodomir (560-570). On y lit : « Ad sedem Britannorum (spectabunt) Ecclesiae, quae sunt intra Brittones una cum monasterio Maximi, ut quae in Asturiis sunt » (Florès : Espana Sagrada, t. IV, p. 131). Ce qui peut se traduire : « L'évêché de Britonia ou des Bretons se composera des églises du pays occupé par les Bretons, du monastère de l'abbé Maxime, et des églises qui sont dans les Asturies ».

Le second document, auquel j'en réfère, est attribué au roi Wamba ; c'est une sorte de délimitation des provinces et des évêchés de l'Espagne vers le milieu du VIIIème siècle. En voici le texte latin « Britonacensis ecclesia teneat ecclesias, quae in vicino sunt intro Britones, una cum monasterio Maximi usque ad flumen Ove » (Florèz : Espana Sagrada, t. IV, p. 135).

En français : « Que l'église ou évêché de Britonia possède les églises qui sont dans son voisinage, c'est-à-dire, dans le pays occupé par les Bretons, avec le monastère de Maxime, et jusqu'au fleuve Ove » [Note : La rivière Ove est un petit cours d'eau sans grande importance, qui délimite les provinces de Lugo et d'Oviédo].

On voit par la teneur de ce double document, que les églises occupées par les Bretons formaient de beaucoup la partie principale du diocèse de Britonia. On en conclura facilement que la colonie bretonne qui s'était établie dans ces parages, devait être nombreuse. Rien donc d'étonnant que le chef-lieu de cette colonie eût reçu le nom significatif de Britonia.

Maintenant, quand a pu être fondée cette colonie bretonne ? Est-ce au IVème siècle, au Vème et même plus tard ? Ici j'avoue ma complète incompétence. Les documents anciens ne m'ont point livré leurs secrets à cet égard. Tout ce qu'ils m'ont appris c'est que vers 560, Britonia, le chef-lieu de la colonie, avait acquis assez d'importance pour posséder un siège épiscopal.

Quelques auteurs s'appuyant sur la mention du monastère de Maxime, dont il vient d'être question, se sont imaginés qu'il s'agissait là de l'Empereur Maxime, qui jouait un si grand rôle dans la fabuleuse légende de Conan Mériadec, aujourd'hui si démodée. Selon eux, il y aurait là une preuve que Britonia a eu pour fondateur un corps détaché de l'ancienne armée bretonne de cet empereur Maxime (Voir Revue des questions historiques, t. XX, p. 201).

Rien de moins fondé qu'une pareille opinion. Le nom de Maxime, donné à un monastère, rappelle évidemment celui qui a été le fondateur et le premier abbé de cette abbaye. Or, Maxime, l'histoire est là pour l'attester, n'est jamais passé personnellement en Espagne, il n'a jamais été moine, il a trouvé la mort en Italie, sur un champ de bataille. Enfin, si quelques uns de ses anciens compagnons de guerre ont passé les Pyrénées, ce n'a point été pour aller fonder un monastère en Galice, et y embrasser la vie monastique.

L'opinion en question est donc tout à fait insoutenable. Il paraît bien plus probable que les Bretons insulaires ont dû fonder la Colonie de Britonia dans la seconde moitié du VIème siècle (460-500), c'est-à-dire, à l'époque où leur pays était envahi de toutes parts par les Angles et les Saxons, et où tant d'autres de leurs compatriotes venaient demander un abri hospitalier à notre Armorique.

La question des origines de Britonia et de son évêché étant ainsi tant bien que mal éclaircie, je vais essayer maintenant de recomposer les Annales de ce même évêché. Mais ici mon rôle devra se borner simplement à relever la liste des personnages qui en ont été successivement titulaires, car les documents anciens relatifs à Britonia ne nous apprennent pas autre chose.

 

 

§ 2. — Série des évêques de Britonia.

MAILOC. — Le premier évêque connu de Britonia porta un nom essentiellement breton, et qui à lui seul, tout autre indice manquant, pourrait suffire à déterminer sa nationalité.

Mailoc, ou mieux HAILOCH, Heloch, l'aspirée H ayant fait place à la forte M, en traversant l'Océan, est un nom qui n'a pas d'analogue dans la liste des évêques d'Espagne.

Il assistait au second concile de Braga en 572, et signa MAILOC, Britanorum ecclesiae episcopus (Mansi-Colati : Concilia, etc., t. VI, p. 581).

 

METOPIUS. — Il assistait au IVème concile de Tolède tenu vers 633, et signa : MET0PIUS, Britannensis ecclesiae episcopus (Mansi-Colati : Concilia, etc., t. VI, p. 1474).

 

SONA ou SONNA ou SONANIUS. — Il a assisté à plusieurs conciles tenus dans la même ville (645-660), et signe : SONA, Britannensis ecclesiae indignus episcopus (Mansi-Colati : Concilia, etc., t. VI, p. 1598 et t. VII, p. 425).

Note personnelle : certains auteurs mentionnent un dénommé SUSA qui aurait participé au huitième Concile de Tolède (Toledo) en 653. Il s'agit peut-être de SONA ?

 

BELA. — Il fut l'un des pères du célèbre concile de Braga, tenu en 675 (Mansi-Colati : Concilia, etc., t. VII, p. 584).

Survint peu après, au commencement du VIIIème siècle, l'invasion arabe, véritable torrent dévastateur, qui couvrit la péninsule ibérique de sang et de ruines. Britonia n'échappa pas à ce désastre, elle fin prise et saccagée par les ennemis du nom chrétien, et ne fut plus pendant bon nombre d'années qu'un désert, une solitude : « Sedes Britoniensis ab Ismahelitis destructa et inhabitabilis facta est, » disait le roi Alphonse II dans un diplôme de l'année 830 (Florèz, t. XVIII, p. 21).

On croit cependant que le titre épiscopal continua d'exister pendant encore un siècle et peut être davantage. 

Car de fait, THEODESINDUS, évêque de Britonia, assista à la consécration de l'Eglise de Compostelle (v. 871) et au concile d'Oviédo (v. 872) (Mansi-Colati : Concilia, etc., t. XI, p. 239 et suivantes) au moins comme titulaire d'un ancien siège épiscopal.

Seulement, s'il est constant que le roi Alphonse II (830) avait fondé le siège d'Oviédo pour tenir lieu et place de celui de Britonia, détruit par les Maures, il est encore mieux prouvé que cette ordonnance royale ne reçut qu'une demi exécution, tandis que celle qui transféra à Mondonédo (v. 867) les deux sièges épiscopaux réunis de Dume et de Braga, obtint pleine et entière exécution (Florèz, t. XVIII, p. 48 et suivantes). Or, Mondonédo était une cité naissante, bâtie aux portes mêmes (2 lieues) de l'ancienne Britonia. C'est elle qui lui succédait en quelque sorte directement : elle rendait inutile et à peu près impossible la coexistence de deux sièges épiscopaux aussi rapprochés. On comprend dès lors que Théodésindus ait été le dernier titulaire de Britonia. Après lui ce titre épiscopal disparaît pour toujours.

Le nom de Britonia n'a pas semblablement disparu de la carte de l'Espagne. Il reste attaché au bourg ou pueblo de Bretona, aliàs Sancta Maria de Bretona. Située au midi de Mondonédo, sur les pentes de la montagne où prend sa source le Mino, l'un des principaux fleuves du Portugal, cette localité continue à occuper tout l'emplacement de l'ancienne cité de Britonia, soit un pourtour de plus de deux lieues ; mais les habitations ne s'élèvent qu'au chiffre de 200 feux, avec un total d'environ 1.100 âmes (Madoz : Diccionario geografico, t. IV, p. 438).

C'est dire assez que les demeures habitées sont fort espacées, et qu'il y aurait place pour une population décuple peut-être, si le sol y était plus fertile et l'industrie plus en honneur.

On ignore à quelle époque ce hameau à pu sortir des ruines qu'y avaient amoncelées les Sarrasins, mais depuis cette restauration, il n'est jamais arrivé à jouer un rôle dans l'histoire.

C'est pourquoi j'arrête ici cet essai sur les origines et les vicissitudes de l'ancien évêché espagnol de Britonia, en regrettant vivement de n'avoir pas été plus heureux dans mes recherches (R.P. Dom Plaine, O. S. B., 1885).

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