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NOTICE SUR ANSELME DE CHANTEMERLE, ÉVÊQUE DE RENNES

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 Dom Morice, après Albert-le-Grand et d'Argentré, a résumé en quelques lignes les fastes du pontificat de cet illustre évêque de Rennes ; l'abbé Tresvaux l'a fidèlement reproduit. Ces auteurs se sont bornés, à peu de chose près, à traduire l'épitaphe, curieuse du reste, gravée sur le marbre du tombeau où reposait le prélat. Je ne la répéterai pas ici : elle est très connue. Je ferai seulement usage de quelques documents inédits, à l'aide desquels il est possible de compléter ce qui a été publié sur Anselme de Chantemerle, et d'y ajouter quelques détails intéressants.

Cet évêque occupa le siège de Rennes de 1389 à 1427. Presque tous les documents contemporains écrivent son nom « Ancel de Chantemelle ».

Un ancien catalogue latin des évêques de Rennes, rédigé par l'ordre d'un de ses successeurs, Aymar Hennequin, en 1584, et que j'ai déjà eu occasion de citer dans ce recueil, donne sur ce prélat quelques renseignements qui n'ont été qu'incomplètement reproduits jusqu'à ce jour.

Je traduis le passage concernant Anselme de Chantemerle : « Originaire de l'Amiénois, dit l'auteur, illustre, libéral et magnifique, Anselme fut chéri de ses suzerains les ducs de Bretagne, et surtout d'Artur, connétable de France, et qui devint plus tard duc de Bretagne. Cet évêque légua, par son testament, à chaque paroisse de son diocèse, un calice d'argent de la valeur de vingt livres. Il jouit dans sa province d'une grande autorité ; on voit aujourd'hui dans l'église cathédrale son tombeau en marbre avec une épitaphe qui rapporte que Martin V, le vrai pape, le décora du Pallium. Il fit encore une foule de legs à ses successeurs dans l'épiscopat : enfin, il institua dans son église une fête solennelle pour célébrer le jour de la Présentation de la sainte Vierge. Il mourut vers l'an 1427 ».

Cette date approximative est précisée par un autre document inédit. Dans le Livre des Usages de l'Église de Rennes, à la date du 31 août, on lit la mention suivante : « Ce jour estoit dimanche, et à onze heures de nuyt, en lan que len disoit 1427, trespassa Monsieur Ancel de Chantemelle qui a esté evesque de Rennes par trante et ouyt ans, venue la feste de Toussaint. Lequel estoit de moult noble lignée, et a esté moult pacient et moult gentile en son regne. Et à son enterrement fut le duc de Bretaigne, moult grand nombre de evesques et de abbés et aussi de barons, chevaliers et escuiers. Dieu l'absolle ! ».

Ce n'est pas le seul hommage rendu par le chapitre de Rennes à la précieuse mémoire de son évêque vénéré. Il existe dans un registre des fondations faites en l'église Cathédrale, et conservé aux archives départementales, la copie d'un acte rédigé en 1422 par maître Jehan de Beaumont, le même qui « compila et fist fere », selon son dire, en 1415, le Livre des Usages de l'Église de Rennes.

Dans cette pièce, signée à chaque page du nom de ce même chanoine, qui paraît avoir été le secrétaire de messire Anselme, on trouve un résumé et une description succincte des principales donations et fondations faites en faveur de son église par « Reverend Pére en Dieu messire Ancel de Chantemelle ».

Les sentiments de reconnaissance et de naïve admiration du pieux chanoine pour son évêque s'y traduisent en chaudes expressions : « Glorificetur Deus qui dedit potestatem talem hominibus ! » s'écrie en commençant Jehan de Beaumont ; puis s'adressant à tous ceux qui « verront et orront » c'est-à-dire, entendront, « ces presentes escritures : »« Plaise vous sçavoir, ajoute le digne chanoine, et ouir aucune partie des grans faicts, des grandes grâces, des dons et augmentations que Très réverend Père en Dieu et Seigneur Monsour Ancel de Chantemelle par la grâce divine évêque de Rennes, issu de très noble et honorable lignée fondée de grant puissance et noblesse, a faits en son eglise de Rennes, etc. ».

Le fidèle secrétaire passe successivement en revue les libéralités du généreux prélat et en fait ressortir l'importance. — C'est d'abord un « Messel » pour servir au chœur ; puis un « Sacraire » dont la description donnerait à penser qu'il s'agit d'une suspension telle que l'usage les admettait alors : « Celui très reverend seigneur regardant que sur son grant autier de son église de Rennes y avoit un petit Tabernacle de bois ancien où l'on gardoit Corpus Domini, et que à le monter et descendre, il estoit en aventure de cheoir par pièces ; pour ce de sa bonne devocion, il a donné et ordonné un Sacraire honorable de fin argent veiré d'or [Note : « veiré d’or » c’est-à-dire, doré par parties, par bandes, ou décoré d’ornements en or] où honorablement est gardé le corps de Jesus Christ ».

Vient ensuite une croix d'argent qu'il a fait « faire et édifier à Paris, avec le baston, finement dorée à relicques, à trois bastons, o vis d'argent et veiré d'or, o l'assiette des armes dudit très révérend Seigneur... valant six vingt francs d'or... ».

Le choeur de son église, poursuit le naïf et exact narrateur, « estoit si obscur, par les anciennes vitres qui y estoient, qu'il y convenoit avoir veüe de feu comme à chascune heure du jour ». C'est-à-dire que pour y voir clair dans ce choeur, il fallait y allumer de la lumière même en plein jour. En conséquence, messire Anselme fit « faire mettre et asseoir à ses grands coustz, deux grandes vitres au hault du choeur, l'une à dextre et l'autre à senestre, paintes à l'imaige de la Présentation ».

C'est au même pontife qu'est dû le premier établissement d'orgues dans sa cathédrale : « Comme il veit qu'ès autres eglises cathédrales de Bretagne et ailleurs y eust orgues pour l'honneur du service de Dieu, et il n'en y eust nulles en son eglise de Rennes, il a donné et baillé pluseurs sommes d'or et d'argent pour faire faire et édifier celles orgues qui y sont a present... ». Ces orgues du XVème siècle durèrent jusqu'au milieu du XVIIème, comme nous avons eu occasion de le dire ailleurs.

Après avoir enregistré le don de chandeliers et d'un bénitier d'argent, Maître Jean de Beaumont ajoute : « Celuy très révérend seigneur voiant que le choeur de son eglise de Rennes estoit dès oncques despourvu d'oeuvres de bois et de tredos sur les hauts siéges de celui choeur, qui n'estoit pas honneste chouse ;... par son devis et ordonnance la cherpenterie de minuiserie et de tredos qui y sont a clervoies et à ouvrages et à pinacles y furent et sont faits et ediffiez, comme l'on peut veoir ». Ces élégants dossiers et dais des stalles du choeur durent disparaître plus tard pour céder la place à une nouvelle décoration dans le goût de la renaissance, exécutée par les ordres d'un sire d'Epinay, en 1520.

Nous passerons le détail des nombreuses fondations de messes et d'obits établies par la piété du vénérable évêque, et soigneusement enregistrées par son ponctuel secrétaire, notamment l'office solennel et annuel de la fête de la Présentation ; la fondation d'une chapellenie de Saint-Gicquel et de Saint-Yves, et la restauration complète de la chapelle dédiée à saint Gicquel ou Judicaël, qu'il fit peindre en entier « moult finement et honnestement ».

Nous indiquerons seulement les importantes constructions que le même prélat fit élever à ses manoirs de Rennes et de Bruz, l'édification par ses soins d'une chapelle en l'honneur de la Vierge Marie au bout méridional du pont établi de neuf sur la Seiche, près de son manoir ; la reconstruction de ses manoirs de la Lande et de Rannée.

Et nous transcrirons la conclusion du travail de Jean de Beaumont, qui peut compléter la biographie du vénérable Anselme de Chantemerle. « Celuy, très révérend Seigneur et Père en Dieu a vécu et regné evesque de Rennes, par la grâce de Dieu, le temps de trente trois ans, venu le temps de la Toussainct, cet an present 1422, tousjours en la grande et familière amour des Ducs de Bretaigne, comme de Monseigneur le Duc de present et de son feu père que Dieu perdoint, aussi de Madame de Bretagne, fille du Roy de France et des frères de Mgr. le Duc, lesquels familièrement et par plusieurs fois l'ont esté voir à son manoir de Bruz, là où il demeure plus continuellement, y couché, séjourné et repousé, luy parlé, et demandé ses advis touchant le gouvernement de Bretagne. Plus celuy très reverend seigneur fut chancelier de Bretagne ou temps que homme de bonne mémoire Philippe le bon Duc de Bourgogne fut garde de Mgr. le Duc de present, auquel temps la bonne vertu de justice regna au bien et à l'honneur de toute Bretagne certainement. Il est à rameutevoir pour vérité certaine qu'ou temps desdites trente et trois ans que celuy seigneur a regné, jusques ici, entre luy et ses frères du Chapitre de Rennes a esté certainement gardé et tenue charité, amour et patience tellement qu'oncques en celuy temps il n'y eust entr'eux une seule petite contrariété ny parole déplaisante. Outre ce, il a esté et est tres chèrement aimé et honoré des barons, chevaliers, escuyers, bourgeois et habitans des villes de son évesché, et de tout le peuple, généralement... par ce, l'on peut véritablement resumer et dire le commencement de cestes escritures où il est escrit : Glorificetur Deus qui dedit potestatens talem hominibus ! Celuy Dieu soit glorifié qui telle puissance et volonté a donné à celuy très révérend seigneur, et le vueille aimer et Paradis luy donner. Amen ».

La famille de Chantemerle ou Chantemesle comptait parmi les plus illustres de la noblesse de Picardie : elle portait pour armes : « d'azur à la bande d'argent chargée de trois coquilles de gueules ».

Le mausolée ou tombeau, avec effigie en marbre blanc, de l'évêque Anselme occupa le point central de la petite chapelle de Saint-Yves et Saint-Gicquel, sous l'horloge de la cathédrale, jusqu'en 1638 ; au mois de juin de cette année, il fut transferé, par les soins du Chapitre et, conformément à l'ordonnance de Mgr. Pierre Cornullier, évêque de Rennes, dans une chapelle du rond-point, derrière le choeur, dite de Villeboult, du nom du chanoine qui l'avait fondée au XVIème siècle. C'est là qu'on retrouva ce monument lors de la démolition de la Cathédrale, en 1756. Malheureusement aucun débris n'en subsiste plus, du moins que nous sachions. (P. D. V.).

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