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LA FAMILLE CORNULIER DU BOISMAQUEAU.

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BRANCHE DU BOISMAQUEAU DEVENUE BRANCHE AINÉE EN 1738.

X. — Jean-Baptiste DE CORNULIER, chevalier, seigneur de la Haye, de la Pérochère ; du Boismaqueau et de la Sionnière, en Teillé ; de Bourmont et Clermont, en Pannecé ; de la Rigaudière et la Gillière, en Mésanger ; de Saint-Père et Saint-Ouën, en Mouzeil ; de la Motte, en Trans ; de la Poëze, au Loroux-Bottereau ; du Boisbenoît, en Vallet, etc. ; second fils de Pierre IV de Cornulier, baron de Châteaufremont, et de Marie des Houmeaux, naquit à Nantes le 29 juin 1638, et fut nommé par Jean de Cornulier, seigneur de Lucinière. Il était enseigne aux gardes du Roi en 1661, y fut reçu sous-lieutenant le 11 janvier 1662, et capitaine-lieutenant en 1664. Quittant alors l'épée pour la robe, il fut reçu conseiller au Parlement de Bretagne le 24 octobre 1664. Du Parlement, il passa à la Chambre des Comptes, où il fut pourvu d'un office de président par lettres du 14 février 1675, et reçu et installé le 30 mars de la même année. L'enquête faite pour sa réception dans cette dernière charge porte : « qu'il a servi le Roi avec zèle et affection pendant dix ans au régiment de ses gardes, et qu'il a aussi exercé pendant dix ans sa charge de conseiller au Parlement avec intégrité et l'approbation de toutes les personnes de mérite ; qu'il s'est acquis dans ces diverses fonctions l'estime de toutes les personnes de qualité  ».

Le 26 mars 1678, il fut nommé commissaire pour la réformation des domaines du Roi en Bretagne ; puis, en 1685, conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé. Quoiqu'il eût résigné sa charge de président aux Comptes à son fils aîné, dès 1691, il continua encore, d'après l'ordre du Roi, à en remplir les fonctions pendant sept ans : « à raison, disent les lettres patentes, de la capacité et de la longue expérience qu'il s'est acquise dans sa charge, qu'il a exercée pendant seize années avec toute l'intégrité et affection possibles, nous avons jugé, tant pour lui témoigner la satisfaction que nous avons de ses services que pour l'obliger à nous les continuer encore avec le même zèle, de lui accorder la permission d'exercer ladite charge, nonobstant la résignation qu'il en a faite au profit de son fils, et lui avons accordé d'en continuer l'exercice et les fonctions pendant sept années, à compter de la réception de ce dernier ».

Jean-Baptiste de Cornulier n'avait joui qu'à titre provisoire des terres de la Haye et de la Pérochère ; son partage de juveigneur fut définitivement réglé par son contrat de mariage, en 1664 ; il reçut alors, le château, terres et seigneuries du Boismaqueau, avec les fiefs et juridictions de Bourmont et de Clermont, et, en outre, la charge de conseiller au Parlement, qui valait à elle seule cent cinquante mille livres. En 1687, il acquit la juridiction de la Motte, en la paroisse de Trans, à laquelle son fils réunit le domaine en 1711. Par acte du 18 mars 1710, il se démit de tous ses biens en faveur de ses enfants, que leur aîné partagea en 1712, ne se réservant que l'usufruit de ses biens de Varades et celui de la terre de la Sionnière, avec ses meubles et sa vaisselle d'argent en toute propriété. Il fonda, par acte du 15 janvier 1711, les prières des Quarante-Heures dans l'église paroissiale de Saint-Pierre de Varades, et mourut dans la maison de ce bourg, où il s'était retiré, le 20 septembre 1713.

Jean-Baptiste de Cornulier avait épousé à Nantes, par contrat du 30 janvier 1664, Jeanne DE ROGUES DE LA POËZE, née à Varades le 19 novembre 1647, morte à Nantes le 18 mai 1709, fille unique de feu Damien de Rogues, écuyer, seigneur de la Poëze, en la paroisse du Loroux-Bottereau, et de Guillemette Cosnier, dame du Boisbenoît, en celle de Vallet. De ce mariage vinrent onze enfants qui suivent.

1° Claude II de Cornulier, qui suit.

2° Pierre-Marie de Cornulier, né à Nantes le 7 mars 1669, nommé à Sainte-Luce le 28 avril suivant, mort jeune.

3° Autre Claude de Cornulier, né à Nantes le 4 mai 1678, mort à Teillé le 7 septembre suivant.

4° Autre Claude de Cornulier, né au Boismaqueau le 2 octobre 1685, dit successivement l'abbé du Boismaqueau, l'abbé de Cornulier, et, depuis 1723, le chevalier de Cornulier ; seigneur du Boisbenoît en 1718, prieur de la Madeleine d'Iff, dans la paroisse du Gâvre, fit ses preuves pour l'ordre de Saint-Lazare et du Mont-Carmel, où il fut reçu chevalier en 1723. Il vivait encore en 1731.

5° Marie de Cornulier, née à Nantes en 1670, nommée à Teillé le 24 août 1670.

6° Marie-Anne de Cornulier, née au Boismaqueau le 9 septembre 1671, religieuse aux Ursulines de Nantes.

7° Pélagie de Cornulier, née à Nantes le 31 décembre 1676, mariée dans la chapelle du Boismaqueau, le 9 juillet 1692, à Toussaint Henry, seigneur de la Plesse, dont elle n'eut qu'un fils unique, reçu conseiller au Parlement de Bretagne en 1718, lequel ne laissa lui-même qu'une fille, morte sans postérité en 1731.

8° Julie de Cornulier, née à Nantes le 14 septembre 1679, mariée dans la chapelle du Boismaqueau, le 16 juillet 1697, à Paul Le Feuvre, seigneur de la Brulaire, dans la paroisse de Gesté, en Anjou, conseiller au Parlement de Bretagne, fils de défunt Charles Le Feuvre et de dame Hippolyte de Chevigné. Elle eut en partage la terre de la Poëze, et mourut à Nantes le 17 août 1735, et fut inhumée à Sainte-Badégonde. Elle laissa deux garçons et deux filles.

9° Thérèse de Cornulier, née à Nantes le 1er mars 1681, morte à Teillé le 20 du même mois.

10° Prudence-Renée de Cornulier, née à Nantes le 27 mai 1682, morte dans la même ville le 25 décembre 1697, et inhumée à Sainte-Radégonde.

11° Eulalie de Cornulier, née à Nantes le 26 janvier 1690 morte à sa terre du Boisbenoît le 16 novembre 1715, et inhumée dans l'église de Vallet. Sans alliance.

 

XI. — Claude DE CORNULIER, IIème du nom, chevalier, seigneur du Boismaqueau, de la Sionnière, de la Poëze, de Bourmont, Clermont, Saint-Père, Saint-Ouën, la Motte ; de la Guillebaudière, en Haute-Goulaine, etc., naquit à Nantes le 1er janvier 1666, et fut nommé à Teillé le 30 août 1667. Il fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique, et était pourvu, dès 1679, du prieuré de la Madeleine d'Iff, qui passa à son frère cadet du même nom quand il renonça à cette vocation ; et tenait encore, en 1695, l'aumônerie du Loroux-Bottereau. Il fut pourvu de l'office de président en la Chambre des Comptes de Bretagne, en survivance de son père, par lettres du 11 août 1691, « étant bien informé, dit le Roi, des grands et signalés services que nous ont rendus ses père et ayeul ; et reçu et installé dans ledit office par arrêt du 14 septembre suivant. Puis il fut nommé conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé.

Il entra à la Chambre avec des dispenses de quatorze ans d'âge et de dix ans de service ainsi motivées : « Estimant qu'il est très-juste de mettre en particulière recommandation les anciennes familles qui ont produit successivement, depuis des siècles entiers, des personnes qui se sont rendues recommandables et placées hors du commun des hommes, tant par leurs vertus que par leurs services et actions importantes ; bien informé que tous les prédécesseurs du sieur Claude de Cornulier se sont toujours fait distinguer par leur fidélité et affection à notre service, etc. ». — Et quand, en 1726, il fit la résignation de son office en faveur de son fils, le Roi ne l'accepta qu'à la condition qu'il en retiendrait la survivance. « La connaissance particulière, dit-il, que s'est acquise le sieur de Cornulier père, des droits de notre couronne et de nos domaines et finances dans l'exercice de sa charge, nous ayant fait souhaiter qu'il continuât de la remplir et de nous y rendre les mêmes services qu'il a jusqu'ici rendus à l'exemple de ses ayeul et père, nous n'avons donné notre agrément à son fils pour la charge de président qu'à la condition de retenue de service ; en sorte que, sans nous priver et le public de l'avantage et de l'utilité qu'on doit retirer des lumières, de l'expérience et de la capacité que s'est acquises le sieur de Cornulier père, nous lui marquerons notre estime et la satisfaction que méritent ses longs services et ceux de ses ancêtres, et nous marquerons de même à son fils notre confiance et le désir que nous avons, en le voyant succéder à la charge de son père, de le voir aussi succéder aux vertus et à la probité qui le distinguent ».

Claude de Cornulier mourut à Nantes le 3 avril 1740, et fut inhumé dans l'église de Sainte-Radégonde. Il avait épousé dans la même ville, le 2 juin 1697, Anne-Marie DOUARD DE VILLEPORT, née à la Guillebaudière, en Haute-Goulaine, le 30 juillet 1675, et morte à Nantes le 28 février 1747. Elle était fille aînée et principale héritière de défunt Jean-Baptiste Douard, chevalier, seigneur de Villeport, de la Drouétière, en Saint-Herblon ; du Grador, du Hesqueno, du Coëtdigo, du Hencoët, aux paroisses de Saint-Patern, de Saint-Avé, de Plaudren et de Questembert, en l'évêché de Vannes ; du Bodel, etc. ; premier chambellan du duc d'Orléans, maréchal de bataille des camps et armées du Roi, son lieutenant en l'île et citadelle de Belle-Isle-en-Mer et îles adjacentes, gouverneur de Malestroit ; et de Marie Gouyon, douairière du Gué, dame du Plessis et de la Guillebaudière. Jean-Baptiste Douard était veuf en premières noces, de Gabrielle Botherel de Quintin, dont il n'eut pas d'enfants, et sa seconde femme était aussi veuve en premières noces et sans enfants de Germain-François Foucher, chevalier, seigneur baron du Gué, en la paroisse de Sainte-Flaive, en Poitou. De ce second mariage ne vinrent que deux filles, madame de Cornulier, aînée, et Thérèse Douard, religieuse à l'abbaye des Couëts, près de Nantes. Claude de Cornulier et sa femme vendirent la terre de la Drouétière en 1718, et leurs terres de l'évêché de Vannes en 1719. Leurs enfants furent :

1° Anonyme de Cornulier, mort à la Guillebaudière le 19 janvier 1700.

2° Toussaint de Cornulier, qui suit.

3° Jean-Baptiste-Toussaint DE CORNULIER, né en 1709, seigneur de la Sionnière, en Teillé, et de l'Esnaudière, en Rezé ; était mousquetaire de la 1ère compagnie en 1743, chevalier de Saint-Louis en 1745 ; reçut son partage de puîné le 2 avril 1746 ; assista aux Etats assemblés à Nantes le 1er octobre 1764, et mourut le 19 janvier 1793. Il avait épousé à Nantes, le 7 août 1747, Anne-Marie COSNIER DE LA BOTHINIÈRE, née le 29 septembre 1709, morte à Nantes le 1er avril 1764, et inhumée dans la collégiale de Notre-Dame. Elle était veuve en premières noces de René Cochon de Morepas, reçu secrétaire du Roi en 1722, seigneur de Cordemais, de Vigneux et de la Haye-Mahéas, en Saint-Etienne-de-Montluc ; conseiller au conseil souverain du Cap-Français , dans l'île de Saint-Domingue ; et fille de Gilles Cosnier, écuyer, seigneur de la Bothinière , en Saffré, et de Marie-Marguerite Cosnier de la Grand'Haye, sa cousine germaine. Elle n'avait qu'un frère, qui mourut sans postérité en 1798. De ce mariage vinrent un fils et une fille, qui suivent.

A. Jean-Pierre de Cornulier, chevalier, né à Nantes le 31 janvier 1750, mousquetaire de la 1ère Compagnie le 31 mars 1764, sous-lieutenant au régiment de Royal-Pologne, cavalerie, le 17 août 1774, capitaine au même régiment le 12 juillet 1781 ; réformé le 1er mai 1788 ; chevalier de Saint-Louis ; émigra à Naples, puis à Palerme pendant la Révolution ; rentra en France en 1802, fut nommé lieutenant-colonel honoraire à la Restauration, et mourut à Paris le 7 décembre 1825. Sans alliance.

B. Marie-Anne-Sainte de Cornulier, née à Nantes le 29 mai 1748, mariée dans la même ville, le 7 mai 1776, à Louis-Anne du Tressay, chevalier, seigneur de la Sicaudais, en Arthon ; de la Jarie, la Bunière, etc. ; fils de Pierre-Louis-Anne du Tressay et de dame Hippolyte-Hyacinthe de Tinguy. Elle est morte, sans laisser de postérité, au château de la Jarie, dans la paroisse du Clion, le 30 octobre 1780.

4° Jeanne de Cornulier, née en 1698, mariée dans la chapelle du Boismaqueau, le 11 mars 1720, à Jean-Pierre Charbonneau, chevalier, seigneur de l'Etang, de Mouzeil, etc., fils de défunt Pierre Charbonneau et d'Yvonne Baudouin. Elle mourut à Nantes le 3 avril 1772, et fut inhumée à Sainte-Radégonde. Elle laissa deux fils et une fille.

5° Anne de Cornulier, morte à Nantes le 14 février 1704, âgée de deux jours.

 

XII. — Toussaint DE CORNULIER, chevalier, seigneur du Boismaqueau ; de la Motte, en la paroisse de Trans ; de la Guillebaudière, en Haute-Goulaine ; baron de Quintin-en-Vannes, en 1763, etc., naquit à Nantes le 2 juillet 1705, et fut reçu président en la Chambre des Comptes de Bretagne le 4 septembre 1726, avec des lettres qui le dispensaient de l'âge requis et de tout service antérieur, mais à la condition que son père retiendrait la survivance de sa charge et en continuerait les fonctions ; « en sorte, portent les lettres du 27 août 1726, que la grâce que nous avons faite aux sieurs de Cornulier père et fils, comme une distinction que méritent les longs services et le fidèle attachement de leur famille, nous conservera l'avantage et l'utilité qu'on doit attendre de la consommation que s'est acquise le sieur de Cornulier père, et mettra son fils en état de se former aux devoirs et aux fonctions de ladite charge, pour la remplir un jour avec le zèle et la probité qui distinguent son père et qui ont de même distingué leurs ancêtres dans les différentes charges dont ils ont été revêtus ». — Par autres lettres du 20 juin 1733, il lui fut permis, « sur les témoignages avantageux rendus au Roi de son application et capacité, et vu l'expérience qu'il s'était acquise depuis sept ans, de présider en la Chambre des Comptes, bien qu'il n'eût pas encore atteint l'âge fixé de quarante ans ». - Après son mariage, et en vue de succéder à la charge de son beau-père, il quitta la Chambre des Comptes pour entrer au Parlement, où il fut pourvu, le 3 février 1736, de l'office de président en la Chambre des Enquêtes ; puis nommé, le 12 septembre 1738, à la place de Charles-René de Cornulier, son beau-père, président à mortier au Parlement de Bretagne et conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé. Le 9 décembre 1739, il rendit aveu au Roi, au nom de sa femme, pour le marquisat de Châteaufremont, le comté de Vair et la baronnie de Montrelais ; en 1770, il vendit la terre de la Guillebaudière, en Haute-Goulaine, et céda à la ville de Rennes, moyennant le prix de 120.000 livres, pour y établir l'intendance, l'hôtel de Cornulier, sur la Motte, qui passait pour un des plus somptueux de la ville, et qui est la préfecture actuelle.

Toussaint de Cornulier mourut à Paris le 10 avril 1778. Il avait épousé, dans la chapelle du château de Vair, le 19 juillet 1735, Marie-Angélique-Sainte DE CORNULIER, sa cousine, héritière principale de la branche aînée, tombée en quenouille, et qui fit sa fortune. Elle le rendit père de neuf enfants, savoir :

1° Toussaint-Charles-François de Cornulier, qui suit.

2° Jean-Toussaint de Cornulier, né au château de Vair le 29 février 1744, fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique et présenté à la tonsure avant d'avoir atteint sa septième année ; plus tard, son goût le porta à préférer le parti des armes ; ses parents concilièrent cette vocation avec leurs projets en l'envoyant à Malte. Il fut reçu chevalier de justice dans l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en 1763, et prononça ses voeux en 1769, avec la promesse du généralat des galères ; mais il ne put obtenir, en raison de son âge, que le commandement de la galère magistrale qu'il tint en 1772 et 1773, époque à laquelle il navigua, et se lia d'amitié avec le fameux bailli de Suffren. Au retour de ses caravanes, il fut pourvu de la commanderie de la Roche-Ville-Dieu, en Poitou, et mourut à Poitiers le 14 février 1794.

Le grand-maître Pinto s'était engagé vis-à-vis du duc de Choiseul, en 1768 et avant l'émission de ses voeux, à lui conférer la commanderie du prieuré de Champagne ou celle du prieuré d'Aquitaine, à son choix ; mais ce grand-maître étant venu à mourir sur les entrefaites, son successeur, le bailli Ximénès, le punit de ce qu'il avait donné sa voix à un Breton, son compétiteur au magistère, en lui donnant une des plus mauvaises commanderies de l'ordre. Dès avant la Révolution, le commandeur de Cornulier s'était fait une existence fort misérable ; prodigue à l'excès, il avait contracté de grosses dettes à Malte ; sa famille, qui lui avait fourni les moyens raisonnables de tenir galère, à raison de 20.000 livres par an, refusa de payer l'excédant. Il prétendit l'y contraindre par les voies de droit, et une rupture s'en suivit. En 1777, ses créanciers firent séquestrer sa commanderie, et il fut réduit à une portion congrue de 800 livres.

3° Joseph-Elisabeth, chevalier de Cornulier, né à Rennes le 28 juin 1745, seigneur de la Touche de Nozay, après son frère aîné, fut nommé capitaine au régiment de dragons de Montecler le 5 mai 1772, et mourut au mois de juillet 1776. Il avait épousé Louise-Reine-Jeanne de Kervenozaël, fille unique de Laurent-Guillaume de Kervenozaël, chevalier, seigneur de Kerambriz, chef de sa maison, et de Louise-Joséphine-Reine de Boutouillic. Elle était alors veuve en premières noces de Jean-Louis Baillon de Servon, conseiller d'Etat, intendant de Lyon ; et elle se remaria en troisièmes noces, dès 1777, avec Joseph-Marie-Nicolas, vicomte du Dresnay. Elle n'eut pas d'enfants des deux derniers lits, mais elle avait eu du premier une fille, qui fut mariée en 1779 à M. le Fèvre d'Ormesson, président à mortier au Parlement de Paris.

4° Marie-Angélique-Renée de Cornulier, née au château de Vair le 22 avril 1737, mariée à Rennes, le 26 février 1756, à Charles-Marie-François-Jean-Célestin du Merdy, marquis de Catuélan, en la paroisse de Trédaniel, près Saint-Brieuc, premier président du Parlement de Bretagne ; fils de Charles-Pierre-Félicien du Merdy, chevalier, marquis de Catuélan, président aux enqûêtes du même Parlement, et de Marie-Jeanne-Jacquette Senant. Elle est morte à Moncontour le 3 juin. 1824, laissant un fils marié à mademoiselle Bareau de Girac, et une fille mariée à M. du Boispéan.

5° Pauline-Pélagie de Cornulier, née à Vair le 24 août 1741, entrée en religion, le 7 mai 1758, au couvent de la Visitation du Colombier, à Rennes ; se retira pendant la Terreur au château de la Grève, dans le Perche ; puis, quand la sécurité fut rétablie, vint habiter le château de Vair, où elle est morte le 10 octobre 1816. Elle y demeurait dans une aile isolée, gardant une clôture absolue, ne sortant jamais et ne recevant personne autre qu'une soeur converse qu'elle avait près d'elle pour son service.

6° Rose-Anne de Cornulier, née le 11 novembre 1746, mariée à Rennes, le 26 novembre 1765, à Jacques-Célestin-Jean-François-Marie du Merdy, comte de Catuélan, seigneur de la Cour-de-Bouée, près de Savenay, frère cadet du premier président du Parlement. Elle est morte à Paris, sans-postérité, le 17 janvier 1798.

7° Marie-Anne-Charlotte de Cornulier, née à Vair le 2 novembre 1747, nommée à Anetz le 9 août 1751, mariée, le 10 février 1773, à Anne-Joseph de Lanloup, seigneur de Lanloup, près de Saint-Brieuc, fils de Gabriel-Vincent de Lanloup et d'Anne-Josèphe de la Boëssière. Elle mourut le 2 mai 1775, ne laissant qu'une fille, mariée en 1789 au comte de Bellingant, colonel, aide-de-camp du prince de Condé dans l'émigration, laquelle recueillit dans son partage la terre de la Touche, en Nozay.

8° Pauline-Jeanne de Cornulier, née en 1749, mariée dans la chapelle de Vair, le 20 février 1771, à Daniel-Henri-Louis-Philippe-Auguste Le Mallier, chevalier, comte de Chassonville, officier au régiment de Royal-Pologne, cavalerie ; fils de Jean-Charles-Louis Le Mallier, comte de Chassonville, et de Thérèse-Eugénie-Françoise-Geneviève du Moulin, dame du Brossay. Elle est morte au château du Plessis-Hudlor, près de Plélan, le 1er avril 1840, laissant un fils mort sans alliance, et quatre filles : mesdames du Bot, de Cornulier de la Caraterie, de Montfort et de la Boëssière.

Madame de Chassonville eut dans son partage le château et le parc d'Elven ; c'était tout ce qu'il y avait de domaine foncier, et c'est tout ce qui restait, après les lois abolitives de la féodalité, du magnifique comté de Largouët et des baronnies adjacentes de Lanvaux et de Quintin-sous-Vannes. Cette abolition, sans rachat, fut une grande iniquité, en Bretagne surtout, ou les juridictions particulières avaient un caractère plus essentiellement patrimonial encore que dans le reste de la France. En fait, il n'y eut de supprimé que les prérogatives honorifiques et les rentes bien minces dites féodales, devenues insignifiantes en elles-mêmes par suite de l'avilissement successif de l'argent, et qui ne servaient plus guère qu'à marquer la supériorité du fief qui les recevait, car tout ce qui constituait les droits utiles et importants fut transporté, avec aggravation des charges, au gouvernement, qui les perçoit encore vers 1863 par les contributions indirectes et surtout par l'enregistrement. Ce ne fut donc, en définitive, qu'une odieuse confiscation, colorée d'une apparence de bien public, et celle-là n'a été tempérée par aucune indemnité. Les propriétés de ce genre étaient les plus recherchées ; à revenu égal, elles étaient prisées à un denier bien supérieur aux simples domaines, et elles constituaient toute la fortune de beaucoup de familles. Si les revenus féodaux étaient variables en raison des casuels, leur rentrée du moins était facile et bien assurée ; leur grand inconvénient provenait de la confusion qui s'était mise dans les fiefs par le laps du temps ; il en résultait de fréquents et interminables procès entre les seigneurs voisins pour déterminer leurs mouvances. Comme simplification de la propriété foncière, le rachat des droits féodaux était d'ailleurs devenu une mesure très-désirable.

9° Marie-Emilie de Cornulier, née le 2 juillet 1753, mariée à Vair, le 4 juin 1776, à Charles-Jean-Baptiste Morel, chevalier, marquis de la Motte , en la paroisse de Gennes, conseiller au Parlement de Bretagne ; fils de Charles-Auguste-François-Annibal Morel de la Motte et de Anne-Esther Martin de la Baluère. De ce mariage ne vint qu'une fille, mariée à M. de Martel, laquelle n'a laissé elle-même que deux filles : mesdames de Caradeuc et Guérin de la Grasserie.

 

XIII. — Toussaint-Charles-François, marquis DE CORNULIER, seigneur de la Rivaudière, en la paroisse de Chevaigné, près de Rennes ; de la Vrillière, en la Chapelle-Basse-Mer ; de la Ville-Basse, près de Tréguier ; de Châteaugal, en Landelleau, près de Carhaix ; des Clairaux, de Bonne-Denrée, paroisse de la Chapelle-Chaussée, près de Montfort, etc. ; mourut avant sa mère et ne survécut qu'un an à son père, en sorte qu'il ne fut jamais en possession des principales seigneuries de sa famille. Cependant, il avait eu en dot la terre de la Touche, en Nozay, retirée par sa mère ; il en portait le nom, et c'est là qu'il habita immédiatement après son mariage. Il naquit au château de Vair le 2 février 1740, et entra d'abord au service militaire en qualité de cornette au régiment de dragons de Marboeuf, le 16 août 1758, et fut nommé capitaine au régiment de dragons de Chabrillan le 1er décembre 1762. Le 21 avril de la même année, il avait été pourvu de l'office de conseiller au Parlement de Bretagne ; mais il n'en continua pas moins son service au régiment, malgré cette dernière charge, tellement qu'en 1774 on ignorait généralement qu'il en fût revêtu. Son inclination particulière ne le portait pas vers la magistrature, et on ne l'avait fait recevoir au Parlement, à l'âge de vingt-deux ans, que pour le mettre en mesure de recueillir un jour la charge de président à mortier qu'on tenait à maintenir héréditairement dans la famille. Il en fut pourvu par lettres du 2 août 1775, ainsi motivées : « La connaissance que le feu Roi, notre ayeul, de glorieuse mémoire, avait eue du zèle et de l'attachement du sieur Toussaint de Cornulier dans les charges de président qu'il avait remplies tant à la Chambre des Comptes de Nantes qu'aux enquêtes de notre Cour de Parlement de Bretagne, le détermina à le revêtir, en 1738, d'un office de président à mortier à la même cour. Satisfait de son affection au bien public et voulant lui en témoigner sa bienveillance, il donna, en 1762, au sieur Toussaint-Charles-Francois de Cornulier, son fils, l'agrément d'un office de conseiller en la même cour, persuadé qu'à l'exemple de ses ancêtres, et spécialement du sieur de Cornulier, son père, il ne laisserait rien à désirer dans l'exercice dudit office. Ce zèle héréditaire s'étant toujours manifesté, nous engage aujourd'hui à accepter la démission de l'office de président à mortier qu'a faite le sieur de Cornulier père, et à en accorder l'agrément à son fils, dans la confiance où nous sommes que des services aussi longs et aussi distingués ne nous laisseront rien à désirer sur les devoirs d'un office de cette importance ».

Dans la querelle des Parlements avec le ministère, il prit chaudement le parti de sa compagnie, se démit avec la plupart de ses collègues, et adressa au président de Kerambourg, qui l'avait remplacé dans la cour des Ifs ou de Maupeou, une mordante satire en trente articles, et qui eut alors un grand succès ; elle est intitulée : Le grand et sublime cérémonial du mortier de Bretagne, donné par M. le P. de Cornulier à M. le P. de Kerambourg à son avénement.

Toussaint-Charles-François de Cornulier avait conservé sous la toge les habitudes dissipées du capitaine de dragons ; elles abrégèrent ses jours ; il mourut au château de Vair le 10 décembre 1779, et fut inhumé dans la chapelle de la Sainte-Vierge de l'église d'Anetz. Il avait épousé à Rennes, le 17 juin 1766, Marie-Félix-Pauline HAY DES NÉTUMIÈRES, née en 1752, fille aînée de feu Charles-Marie-Félix Hay, chevalier, comte des Nétumières, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment du Roi, infanterie, et de Jeanne-Marguerite Hay des Nétumières, héritière principale des Hay, seigneurs de Châteaugal et de Tizé. Marie-Félix-Pauline Hay n'avait que deux soeurs cadettes : l'une, mariée à M. de Lorgeril, officier de la marine, dont elle a laissé postérité ; l'autre, morte religieuse à la Visitation de Rennes, dont l'abbé Carron a écrit la vie comme un parfait modèle d'édification. Elle mourut elle-même au château de la Rivaudière, le 3 mai 1781, laissant trois enfants, savoir :

1° Toussaint-François-Joseph de Cornulier, qui suit.

2° Marie-Pauline-Sainte de Cornulier, née à Rennes le 23 février 1769, nommée à Nozay le 29 septembre 1771, mariée à Rennes, le 18 juin 1787, à Mathurin-Louis-Anne-Bertrand de Saint-Pern, président à mortier au Parlement de Bretagne, fils de Jean-François-Bertrand de Saint-Pern, seigneur de la Tour, et de Marie-Eulalie Salomon de Derval. Elle mourut au château de Saint-Pern le 18 septembre 1788, laissant deux fils : Jean-Louis-Marie-Bertrand, comte de Saint-Pern, marié en 1815 avec Marie-Camille-Albertine de Cornulier, sa cousine germaine, comme on le dira au degré suivant ; et Joseph-Marie-Thérèse de Saint-Pern, lieutenant-colonel de cavalerie, marié avec Elisabeth Magon de la Lande.

3° Marie-Félicité-Camille de Cornulier, née le 9 novembre 1777, mourut sans alliance, le 30 juillet 1792, dans l'île de Jersey, où elle était émigrée.

 

XIV. — Toussaint-François-Joseph DE CORNULIER, marquis de Châteaufremont, comte de Largouët et de Vair, baron de Montrelais, de Lanvaux et de Quintin-en-Vannes, etc., naquit à Rennes le 6 juin 1771, et épousa à Paris, le 28 avril 1788, Amélie-Laurence-Marie-Céleste DE SAINT-PERN-LIGOUYER, née à Rennes le 8 février 1773, morte à Nantes le 28 janvier 1858, fille de Bertrand-Auguste ; marquis de Saint-Pern, seigneur de la Bryère, et de Françoise-Marie-Jeanne Magon de la Balue.

Le marquis de Cornulier était encore enfant lorsqu'il perdit ses père et mère ; il fut placé au collége de Rennes avec un gouverneur et un domestique, et confié aux soins de M. de Lucinière, chez qui il passait ses jours de congé à Rennes et le temps de ses vacances à Lucinière : de sorte que les enfants de celui-ci le considéraient plutôt comme un frère que comme un parent éloigné. Il n'avait que dix-sept ans lorsqu'il se maria, sa petite femme n'en avait que quinze. Au commencement de la Révolution, il entra dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, mais il n'y resta, que peu de temps, ayant émigré bientôt après. Il servait dans l'armée des princes, lorsque, tourmenté du désir de revoir sa jeune famille qui ne l'avait pas suivi, il rentra en France au plus fort de la Terreur. Cette imprudence lui coûta la vie. Condamné à mort, il tomba sous la hache révolutionnaire à Paris, le 19 juillet 1794, à l'âge de vingt-trois ans. Sa femme, condamnée à mort comme lui, fut conduite près de la guillotine, et là, son mari la pressa de déclarer qu'elle était grosse, ce qu'elle fit avec répugnance ; elle aurait préféré ne pas survivre à son mari qui allait périr dans le même moment ; mais l'idée de ses enfants ralluma en elle l'amour de la vie ; ils étaient si jeunes, si destitués, si seuls sur la terre ! Elle fit donc cette déclaration et fut jetée à coups de pieds hors de la charrette qui conduisait son mari et ses autres parents à l'échafaud. Ramenée par les gendarmes à la Conciergerie, sa femme de chambre conçut le projet de la sauver ; elle parcourut toutes les sections de Paris et parvint à intéresser en sa faveur M. Le Picard, mort sous la Restauration conseiller à la Cour de Cassation ; non-seulement il fit sortir de prison la marquise de Cornulier, mais il fit encore lever le séquestre mis sur ses biens ; enfin, il n'est sorte de services qu'il ne lui rendit. De son côté, madame de Cornulier ne tarda pas à trouver l'occasion de s'acquitter envers lui en payant la dette de la reconnaissance.. Dans ces temps affreux, où chaque citoyen ne pouvait compter sur un jour d'existence, M. Le Picard, devenu odieux aux bonnets rouges, allait monter à l'échafaud lui-même, lorsque madame de Cornulier, à force d'argent et d'adresse, détourna la tempête et parvint à le sauver. A la Restauration, elle le fit nommer secrétaire-général de la chancellerie. Le marquis de Cornulier fut père de cinq enfants, savoir :

1° Toussaint-Jean-Hippolyte de Cornulier, qui suit.

2° Marie-Camille-Albertine de Cornulier, née à Paris le 19 juillet 1791, mariée à Nantes, le 2 février 1815, à Jean-Louis-Marie-Bertrand, comte de Saint-Pern, son cousin germain, fils de Mathurin-Louis-Anne-Bertrand de Saint-Pern de la Tour et de Marie-Pauline-Sainte de Cornulier, mentionnée au degré précédent. Elle en a trois fils et trois filles.

3° Marie-Pauline-Fortunée de Cornulier, née à Paris le 25 juillet 1792, mariée à Nantes, le 17 mai 1817, à Louis, marquis de Monti, officier aux gardes-du-corps du Roi, chevalier de Saint-Louis, fils de Louis-Claude-René de Monti et de Flore-Victoire le Roux des Ridellières de Commequiers. Elle est morte à Nantes, sans postérité, le 29 avril 1857.

4° Marie-Ernestine de Cornulier, née à Paris le 5 juin 1793, morte le lendemain.

5° Marie-Cornélie de Cornulier, née à Paris le 15 juin 1794, morte le lendemain.

 

XV. — Toussaint-Jean-Hippolyte, marquis DE CORNULIER, né à Paris le 25 août 1789, fut nommé chef de la troisième cohorte de la légion de la garde nationale de la Loire-Inférieure le 31 août 1813, chef d'escadron le 16 septembre 1814, chevau-léger de la garde du Roi le 23 du même mois ; fut attaché à l'état-major du duc de Bourbon dans la Vendée au 20 mars 1815, puis suivit le Roi à Gand, sous le commandement du duc de Berry ; fut nommé chef d'escadron au régiment de dragons de la Manche le 22 novembre 1815 ; chevalier de la Légion-d'Honneur le 25 avril 1821 ; fit la campagne d'Espagne en 1823, et y fut nommé, pour son intrépidité, chevalier de Saint-Louis sur le champ de bataille, le 23 juillet. Passé chef d'escadron aux chasseurs de la garde royale le 14 octobre 1823, il fut promu lieutenant-colonel au 16ème régiment de chasseurs à cheval le 29 octobre 1828. Mais un jour vint où les principes qui avaient mené une partie de sa famille sur l'échafaud de 1793 lui firent un devoir de briser son épée en face d'une Révolution qui chassait les princes qu'il avait servis ; il n'hésita pas et fut réputé démissionnaire, le 22 août, par suite de son refus de serment au gouvernement de 1830.

Encore jeune, doué d'une santé de fer, riche, entouré de relations brillantes, ayant déjà largement payé sa dette à son pays, tout semblait convier le marquis de Cornulier à jouir paisiblement de sa belle position sociale, à mener une de ces existences molles et agréables, mais futiles, qui sont le terme des aspirations vulgaires. Il n'eut pas un moment la pensée de se livrer à cette égoïste oisiveté ; dévoré d'une prodigieuse activité de corps et d'esprit, sa riche organisation ne comprenait pas le repos, et sa conscience se révoltait à l'idée de devenir un homme inutile. Son ambition ne consistait pas à faire parler de lui ; d'une modestie extrême, il évitait soigneusement de se mettre en évidence ; les services cachés étaient ceux qu'il rendait le plus volontiers. Il ne se proposait pas davantage d'augmenter par des spéculations une fortune déjà bien supérieure à la simplicité de ses goûts ; en maintes circonstances on l'a vu sacrifier ses intérêts particuliers au bien public ; on peut même dire qu'il subordonnait à l'intérêt général l'avenir de ses propres enfants, en créant incessamment des établissements utiles sans doute, mais destinés à devenir d'une administration bien difficile après lui. C'est ainsi que, s'oubliant lui-même et moins préoccupé des siens que des populations qu'il avait adoptées, le marquis de Cornulier fut par excellence un grand citoyen, un véritable et sincère patriote.

Rentré, en 1831, à son château de Vair, il y essaya d'abord l'industrie des betteraves à sucre et celle de la chaufournerie sur une grande échelle, les considérant comme les deux éléments principaux d'amélioration pour la culture locale ; mais là, l'agriculture était déjà trop perfectionnée pour lui ; son esprit entreprenant n'y trouvait pas assez à créer ; il lui fallait un théâtre plus vaste, où il eût tout à faire.

Frappé des progrès qu'avait réalisés, dans le département des Landes, l'habile administration du baron d'Haussez, il voulut continuer la même oeuvre. De concert avec quelques-uns de ses parents, il acquit ce qui restait de l'ancien duché d'Albret, comprenant encore plus de douze mille hectares, dans la partie de la France la plus arriérée et qui passait pour la plus ingrate ; il alla se fixer à Mont-de-Marsan pour diriger cette immense exploitation, et bientôt il couvrit de vastes établissements agricoles et d'usines importantes de toutes sortes les parties les plus déshéritées des départements des Landes, de Lot-et-Garonne et des Basses-Pyrénées, imprimant partout et à toutes choses une impulsion salutaire, donnant la vie et l'aisance là où l'on ne connaissait avant lui que la solitude et la misère. Pour nous borner à la ville de Mont-de-Marsan, qu'il avait, au péril de sa fortune, sauvée de la disette en 1846, il la dota d'une minoterie modèle, de moulins à huile, de bains publics, d'une scierie hydraulique, d'importants établissements métallurgiques ; il y créa une vaste culture maraîchère, et allait y établir une distribution d'eau sur tous les points, quand la mort le surprit.

Le seul usage qu'il fit de sa fortune, c'était pour le travail ; il aimait mieux avoir tous les jours mille ouvriers à sa solde que de se donner le moindre luxe, la moindre jouissance : heureux et pleinement satisfait quand il avait procuré à de nombreuses familles leur pain quotidien. Sa santé, il l'usait à voyager par tous les temps, à visiter ses nombreux ateliers, à encourager ses travailleurs. Dans les distinctions civiles qui étaient venues chercher sa modestie, il ne voyait qu'une raison de plus de se dévouer aux intérêts publics, une excitation nouvelle à créer toujours, sans trève ni repos, une dette qu'il devait payer à la société par de nouveaux efforts de générosité et d'abnégation.

Le marquis de Cornulier s'acquit ainsi une considération et une popularité immenses dans ces contrées qu'il avait vivifiées ; son affabilité, la bonté de son coeur, la simplicité et la franchise de ses manières, le rendaient cher à ces populations qui ne le voyaient jamais user de sa supériorité que pour réaliser le bien de son pays d'adoption et de ses habitants.

Mais ce qui surtout relevait son caractère, c'était son empressement à aller au-devant de l'infortune et à honorer par le travail toutes les misères qui s'abritaient derrière lui. Il était la Providence du pays : tous ceux qui pouvaient travailler trouvaient, suivant leur âge, leurs forces et leur aptitude, de l'occupation dans ses nombreux établissements, et sa charité n'avait point de bornes pour ceux qui étaient incapables de gagner ; type de bienfaisance, on le nommait l'Ami des Pauvres.

La mort qui frappa subitement le marquis de Cornulier à Mont-de-Marsan, le 17 juillet 1862, fut un coup de foudre pour tout le pays, tant il y avait d'existences qui tenaient à la sienne. Ses funérailles présentèrent tous les caractères d'une manifestation et d'un deuil publics ; les sentiments de considération, d'estime et de gratitude dont la population tout entière était pénétrée furent exprimés sur sa tombe dans des discours prononcés par le préfet des Landes, par le maire de la ville et par le directeur de ses usines.

Le marquis de Cornulier avait épousé à Paris, le 22 juin 1824, Marie-Charlotte-Hermine DE SESMAISONS, née en 1806, fille de Claude-Louis-Gabriel-Donatien, comte de Sesmaisons, maréchal de camp, commandeur de la Légion-d'Honneur, pair de France, et d'Anne-Charlotte-Françoise Dambray, fille du chancelier de France et petite-fille du chancelier de Barentin. De ce mariage sont issus :

1° Charles-Joseph-Gontran de Cornulier, qui suit.

2° Isabelle de Cornulier, née le 3 janvier 1827, morte au château de Vair au mois d'octobre 1833.

3° Donatienne-Marguerite-Marie de Cornulier, née le 27 février 1828, mariée à Mont-de-Marsan, le 7 juin 1844, à Augustin-Raoul, marquis de Mauléon, fils d'Amable-Lambert-Charles-Joseph-François-Julien, marquis de Mauléon, et d'Aglaé-Françoise-Rosalie Barrin de la Galissonnière. Elle en a trois filles.

4° Marie-Camille-Hermine de Cornulier, née à Mont-de-Marsan le 8 juillet 1838, mariée dans la même ville, le 11 février 1857, à Joseph-Victor, comte de Lonjon, fils de Clément-François-Louis-Joseph, comte de Lonjon, ancien officier aux gardes-du-corps du Roi, et de Marie-Léonide Brocque. Elle en a deux filles.

 

XVI. — Charles-Joseph-Gontran, marquis DE CORNULIER, né à Paris le 18 octobre 1825, a épousé au château de Fontaine-Henri, près de Caen, le 1er juin 1847, Ernestine-Elisabeth LE DOULCET DE MÉRÉ, fille de Louis-Charles-Marie-Edmond Le Doulcet, vicomte de Méré, ancien lieutenant au 3ème régiment des chasseurs à cheval de la garde royale, et de Henriette-Hedwige Gillet de la Renommière, dont il a :

1° Jean-Henri-Marie de Cornulier, né à Caen le 5 février 1849.

2° Henri-Marie-Edmond-Toussaint de Cornulier, né à Caen le 18 décembre 1849.

5° Marie-Madeleine-Aglaé-Joséphine de Cornulier, née à Caen le 21 juillet 1851.

(E. de Cornulier-Lucinière).

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