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LA FAMILLE CORNULIER DE MECE.

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BRANCHE DE MECÉ DEVENUE BRANCHE AINÉE DE CORNULIER.

I. — Grégoire DE CORNILLÉ, qui paraît être arrière-petit-fils de Pierre de Cornillé, qui ratifia les priviléges de Saint-Aubin-du-Cormier en 1225, épousa Alisette DE COCHINY. A raison de son nom de Grégoire et de celui de sa femme, on suppose que son père se serait fixé dans le comté de Cazerte, où il serait né lui-même vers la fin du XIIIème siècle, et qu'il s'y serait marié. Cette hypothèse n'a rien que de très-vraisemblable quand on se rappelle que Guy VII, sire de Laval et de Vitré, était aussi comte de Cazerte, dans la terre de Labour, près de Naples, où il fut mandé, à cause dudit comté, par Charles d'Anjou, roi de Sicile ; qu'il se rendit à cet appel en 1275, avec grand nombre de ses sujets, et qu'il resta dans son comté de Cazerte jusqu'en 1284.

 

II. — Bernard de Girard, seigneur du Haillan, historiographe de France et généalogiste des ordres du Roi en 1595, mort en 1610, raconte que : « Grégoire DE CORNILLÉ, fils d'autre Grégoire de Cornillé et d'Alisette de Cochiny, fut un très-grand et habile chasseur, talent qui lui fit acquérir l'estime et l'inclination particulière du duc de Bretagne Jean IV, lequel voulut, sur ce qu'il avait amassé une grande quantité de bois et d'andouillers de cerfs, par la prise continuelle qu'il faisait de ces animaux, qu'il prît, au lieu de son nom de CORNILLÉ, celui de CORNULIER, avec des armes parlantes, au lieu de ses armes anciennes, qui étaient : d'argent à trois corneilles de sable, et portât, au lieu : d'azur au rencontre de cerf d'or ; et, pour lui témoigner son estime, lui permit d'ajouter entre ses branches une hermine d'argent ; ce qui fut vers l'an 1381 : dont sortit Guillaume de Cornulier ».

Ce récit de du Haillan est tout-à-fait conforme à l'esprit du temps ; les idées de fixité que nous attachons aujourd'hui aux noms et aux armoiries n'étaient pas encore bien arrêtées au XIVème siècle : il était loisible à chacun d'en changer à sa volonté et sans aucune solennité. Ce qu'on appréciait par dessus tout, c'étaient des armes parlantes ; celles qui en même temps caractérisaient la personne étaient réputées parfaites ; or rien ne pouvait mieux convenir qu'un rencontre de cerf au forestier et veneur des baronnies de Laval et de Vitré.

Par ses goûts et par ses charges, du Haillan était en position d'être bien renseigné sur le fait qu'il rapporte ; et, quoiqu'il ne fût pas originaire de la Bretagne, il avait acquis une connaissance toute spéciale des familles bretonnes durant une mission qu'il avait remplie à Nantes en 1567, et où il était commissionné du Roi pour visiter les archives de la Chambre des Comptes et de la Maison de ville et pour en retirer les pièces qui intéressaient la Couronne.

 

III. — Guillaume DE CORNILLÉ ou DE CORNULIER, Ier du nom, seigneur de la Dauphinais, en la paroisse de Romagné, près de Fougères, et de la Jarnouse, en la paroisse de Mecé, où il est nommé DE CORNILLÉ à la réformation de 1427, et DE CORNULIER à celle de 1429 ; fut, après son père, maître des eaux et forêts des baronnies de Laval et de Vitré, de 1385 à 1396, puis maître de l'hôtel ou sénéchal du comte de Laval. Il mourut en 1435.

Guillaume Ier de Cornulier avait épousé, vers 1415, Honorée DE MONTBOURCHER, de la branche aînée de cette maison, fille de Bertrand, sire de Montbourcher et du Pinel, et de Roberte de Courceriers. Elle était petite-fille de Laval, et c'est en considération de cette alliance que Guillaume de Cornulier fut gratifié de l'office de maître de l'hôtel du comte devenu son cousin. Il fut père de :

1° Guillaume II de Cornillé ou de Cornulier, qui suit.

2° Perrine de Cornillé ou de Cornulier, dame de Montchevron, dans la paroisse de Saint-Jean-sur-Coisnon, en 1453. Elle fut mariée dans la maison des Le Prévost, seigneurs de Saint-Marc, en la paroisse de Saint-Marc-sur-Coisnon, où elle porta la terre de Montchevron-Cornillé, depuis nommée simplement Cornillé.

 

IV. — Guillaume DE CORNILLÉ OU DE CORNULIER, IIème du nom, seigneur de la Dauphinais, après son père, et de Villepie, dans la paroisse d'Izé, perdit tous ses biens par une cause qui ne nous est pas connue, mais qui tient probablement à ce que son père, peu riche par lui-même, avait épousé une femme qui, comme huitième cadette, ne devait pas l'être davantage, bien que tenant par la naissance à tout ce qu'il y avait de plus considérable, ce qui les plaçait dans une position qu'ils ne purent soutenir sans grever leur patrimoine et sacrifier l'avenir de leurs enfants. Dès 1478, ses terres de la Dauphinais et de Villepie étaient tombées en la possession de Jean de Lescoët, maître des eaux et forêts de Saint-Aubin-du-Cormier, maître de l'artillerie et capitaine général des francs-archers de Bretagne. Guillaume II épousa une femme nommée JEANNE [Note : Si la femme de Guillaume II de Cornulier n'est pas désignée autrement, il n'y a pas lieu de s'en étonner, car Nicolas Catherinot a justement remarqué en l'un de ses opuscules (Tombeau généalogique, p. 58) que, « en ce siècle, 1400, et longtemps auparavant, les femmes mariées perdaient leur nom de famille et se retranchaient à leur seul nom de baptême ». Ce Dernier nom était même omis fréquemment, comme nous en trouvons un exemple contemporain, et dans le pays même, par l'extrait suivant des registres de la paroisse de Jans, à la date du 18 avril 1509 : « Baptisatus fuit Bertrandus Paris, filius nobilis viri Francisci Paris, dominus temporalis du Chastenay, et ejus uxoris », sans autre désignation], qui était veuve de lui en 1498, et demeurait alors dans la ville de Châteaubriant. De ce mariage vinrent :

1° Pierre de Cornulier, qui suit.

2° René DE CORNULIER, premier secrétaire de François de Laval, mort à Châteaubriant au mois de juin 1546, épousa Mathurine RONCERAY, dont il eut :

A. Jean de Cornulier, mort à Châteaubriant le 4 mars 1610, ne paraît pas avoir été marié.

B. Etiennette de Cornulier, mariée à Jean Bouschet, avec lequel elle vivait en 1560, et dont elle a laissé postérité.

C. Marie de Cornulier, morte à Châteaubriant le 15 juillet 1573, sans alliance.

D. Antoinette de Cornulier, non mariée, enterrée dans la chapelle de Saint-Nicolas de Châteaubriant le 29 octobre 1586.

E. Guillemette de Cornulier, dont on ignore le sort.

 

V. — Noble écuyer Pierre DE CORNULIER, Ier du nom, filleul de l'évêque Pierre de Laval, seigneur de la Haudelinière, dans la paroisse de Nort, était, en 1487, capitaine des arquebusiers à cheval de François de Laval, baron de Châteaubriant, sous les ordres duquel il fit la guerre de 1488, de la Bretagne contre la France. C'est à lui que s'arrêtent les preuves faites à la réformation de 1668. Il épousa, vers 1490, Marie DE CONCORET, d'une famille qui tirait son nom de la paroisse de Concoret, entre Ploërmel et Montfort-la-Canne, et dans laquelle le comte de Laval possédait le château de Comper, une des plus fortes places de la Bretagne, à la garnison duquel son père et lui avaient sans doute appartenu. De ce mariage ne vint qu'un fils unique :

 

VI. — Noble écuyer Pierre DE CORNULIER, IIème du nom, seigneur de la Haudelinière, succéda à son père dans la charge de capitaine des arquebusiers à cheval du sire de Châteaubriant, qui était alors Jean de Laval. Il suivit ce seigneur dans les guerres d'Italie sous François Ier, et fut récompensé de ses services par les lettres de don qui suivent.

« Jehan, sire de Châteaubriant, de Montafilant, de Candé, Derval et Malestroit, comte de Plorhan, gouverneur et lieutenant-général pour le Roi en Bretagne, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut ; savoir faisons que en faveur, reconnaissance et rémunération des bons et agréables services que noble écuyer Pierre Cornulier nous a ci-devant faits en la charge de capitaine de nos arquebusiers à cheval, y continue de jour en autre, et espérons fera de bien en mieux à l'avenir, à icelui pour ces causes et autres bonnes et justes considérations à ce nous mouvant, même pour ce que très-bien nous plaît, avons donné et octroyé et par ces présentes donnons et octroyons tout le droit et devoir de deshérence à nous appartenant, échu et advenu sous nos fiefs, juridiction et seigneurie de Châteaubriant par le décès du feu sieur François de Carné, en son vivant capitaine dudit lieu, à quelque valeur et estimation qu'il se puisse monter, tant meubles, maisons, héritages que autres choses, pour en jouir et user par ledit Cornulier, ses hoirs, successeurs et ayant de lui cause à jamais et perpétuellement par héritage, en payant les rentes et devoirs sur ce dûs et accoutumés ; et mandons à nos officiers dudit Châteaubriant, et à chacun d'eux en son regard et comme à lui appartiendra, mettre et induire de par nous ledit sieur Cornulier en possession réelle et actuelle desdites choses, tant meubles que héritages, faire lever et ôter les sceaux mis et apposés sur lesdits meubles toutes et quantes fois que ledit Cornulier les en réquerra, et du tout d'icelle deshérence le faire et laisser jouir pleinement, paisiblement et entièrement, sans lui faire ni souffrir être fait aucun trouble ni empêchement ; au contraire, lequel si fut mis ou donné était, justement et sans délai l'ôter et mettre en pleine et entière délivrance, car tel est notre plaisir. Donné à Châteaubriant le 10 août 1533. Signé Jehan DE LAVAL ; et plus bas : par monseigneur et de son commandement, signé : Cronfil et Savage, et scellé ».

Pierre II de Cornulier resta au service de Jean de Laval jusqu'à la mort de ce seigneur, arrivée en 1543, et passa alors à celui de son parent et successeur au gouvernement de la Bretagne, Jean de Brosse, dit de Bretagne, comte de Penthièvre et duc d'Etampes. Les registres de la chancellerie de Bretagne mentionnent, à la date du 19 janvier 1536, une évocation en sa faveur contre Gilles du Tiercent. Il mourut en 1554, et avait été marié deux fois : en premières noces avec Louise DES VAULX, de la maison de Lévaré, près d'Ernée, au Maine ; et, en secondes noces, par contrat du 5 février 1525, avec Jeanne LE ROYER, fille aînée de noble homme Hervé Le Royer et de Louise de Brye de la Juyère. Ses enfants furent :

Du PREMIER LIT :

1° Jeanne de Cornulier, morte sans postérité.

Du DEUXIÈME LIT :

2° Pierre III de Cornulier, qui suit.

3° Michel de Cornulier, né à Châteaubriant le 2 juillet 1531, mort jeune.

4° Michelle de Cornulier, partagée noblement par son frère le 10 juillet 1555, fut mariée à Jean Baril, écuyer, dont elle n'eut qu'une fille, Thommie Baril, mariée, en 1573, à Raoul Charette, seigneur de l'Etang, prévôt de Nantes, père de Jean Charette, seigneur d'Ardennes, grand prévôt de Bretagne.

 

VII. — Noble écuyer Pierre DE CORNULIER, IIIème du nom, seigneur de la Pénicière, dans la paroisse de la Bernardière, près de Clisson, en 1560 ; de la Touche, la Rivière, la Croix-Merhan, Beaujonnet, la Haye-Poil-de-Grue et Rozabonnet, en Nozay, en 1563 ; de la Haye, en Sainte-Luce, près de Nantes, en 1567 ; de la Bourdinière et de la Motte-Grimaud ou Plessis-Grimaud, en Puceul, en 1580 ; de Lucinière et de Fayau, en Nort, en 1585 ; vicomte de Rezé, près de Nantes, en 1560, etc. Secrétaire particulier du Roi et de la Reine et premier secrétaire du duc d'Etampes, gouverneur de Bretagne, et de son successeur, Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues, dit le Chevalier-sans-Peur, colonel-général de l'infanterie française ; entra à dix-sept ans au service du premier de ces lieutenants-généraux et y resta jusqu'à la mort du second, arrivée en 1569. Il fit sous leurs ordres les guerres de Picardie et autres, en 1552 et 1553, et fut gratifié pour ses services d'une pension de 200 livres sur les Etats de Bretagne, ainsi qu'on le voit par les états des officiers militaires et nobles pensionnaires de ladite province des années 1560 et 1571.

En 1555 et 1557, il fut pourvu de l'office de receveur des fouages, impôts et revenus de la gendarmerie des évêchés de Saint-Brieuc et de Cornouaille ; mais il faisait gérer ces recettes par des fondés de pouvoir et continuait à exercer personnellement ses fonctions auprès du gouverneur de la province. René du Cambout, seigneur dudit lieu, le cautionna pour la première de ces recettes, et Jean du Perrier, puîné des comtes de Quintin, pour la seconde.

Le 20 novembre 1565, le juge de la cour de Clisson décerne acte à noble homme Pierre de Cornulier, vicomte de Rezé, seigneur de la Touche et de la Pénicière, pensionnaire du Roi en Bretagne, receveur de Cornouaille, de ce qu'il est venu exprès en cette ville pour rendre foi et hommage à cause de la terre de la Pénicière, par lui acquise ; et, attendu l'absence du seigneur de ladite cour, lui donne terme et répit.

Par acte du 17 avril 1575, Claude du Matz, seigneur de la Rivière d'Abbaretz, lui céda le patronage de la Chapelle de Saint-Michel, en l'église de Nozay, qui avait été fondée, en 1437, par Jeanne du Moulin, dame de la Croix-Merhan et de la Touche, dont il était l'héritier.

Pierre de Cornulier fut reçu maître des comptes à Nantes, le 30 septembre 1568, et pourvu deux ans plus tard, le 10 octobre 1570, de l'office de trésorier de France et général des finances, tant ordinaires qu'extraordinaires, en Bretagne.

En 1565, le roi Charles IX lui fit remise, « en consideration des bons et agréables services qu'il lui avait rendus et à ses prédécesseurs ainsi qu'à ses cousins, le duc d'Étampes et le vicomte de Martigues, de ceux qu'il fait encore et espère qu'il continuera, de tous les droits qui lui étaient dus pour raison de son acquisition de la vicomté de Rezé ». En 1575, son successeur lui fit don de 671 écus, tant en « considération de ses longs services que pour lui aider à supporter les frais et dépenses de plusieurs commissions qui lui ont été adressées pour ses affaires et service, et d'autres qu'il lui a longtemps auparavant et depuis faites en tant d'autres sortes qu'il en a tout contentement ». Enfin, en 1577, Henri III, « regrettait que l'urgente nécessité de ses affaires ne lui permît pas, comme il l'eût bien désiré, de récompenser selon leur mérite les longs et recommandables services que son amé et féal le sieur de la Touche-Cornulier avait faits à ses prédécesseurs rois, père et frère, et à lui, tant en son état de trésorier de France qu'en plusieurs autres importantes charges et commissions ès quelles il avait été employé ».

Par lettres du 7 août 1585, Madeleine de Savoie, duchesse douairière de Montmorency, lui fit aussi remise des lods et ventes qui lui étaient dus pour raison de son acquisition de la terre et seigneurie de Lucinière, sous sa châtellenie de Nozay.

Pierre de Cornulier fut encore pourvu d'une commission pour faire travailler aux fortifications de la ville de Nantes, de 1572 à 1578. Il avait été élu maire de cette ville en 1569 et le fut deux ans. Il assista, en qualité de commissaire du roi, aux Etats assemblés à Vannes en 1582, et à ceux qui furent assemblés à Nantes en 1585. Il mourut à Nantes le 27 mars 1588 et fut enterré dans l'église de Sainte-Radégonde de cette ville, où sa veuve fonda, par acte du 8 mai 1588, une messe par semaine et une chapelle prohibitive avec enfeu pour sa famille, ainsi que son mari l'avait prescrit par son testament. Ses funérailles furent faites par le chapitre de la cathédrale, distinction qu'il n'accordait, d'après ses statuts, qu'aux personnes de grande qualité.

Pierre III de Cornulier avait cru devoir réunir à ses armes celles de sa femme, qui était la dernière de son nom. Elle portait : d'azur à trois mailles d'argent ; il ajouta ces trois mailles en pointe de son écusson, 2 et 1 ; c'est ainsi qu'elles figurent sur son cachet particulier et sur les sceaux de ses juridictions. Ces mailles étaient de petites pièces de monnaie portant l'empreinte d'une croix pattée, et c'est à tort que Le Livre doré de l'Hôtel-de-Ville de Nantes les a confondues avec des bezants. Cette addition ne fut pas adoptée par ses enfants ; ils reprirent leur ancien blason dans sa pureté primitive.

Les témoins entendus dans l'enquête faite en 1593, pour l'ordination de son fils, déposent « qu'il était extrêmement aimé, estimé et apprécié du duc d'Étampes ; que le vicomte de Martigues ne l'avait pas en moindre affection et estime que son oncle ; que tous les deux le consultaient habituellement, non-seulement pour leurs affaires particulières, mais encore pour les grandes et importantes affaires de leur gouvernement, car il était des mieux entendus dans l'administration des affaires d'État et des finances, tenu pour personnage de valeur et de mérite, recherché et employé en toutes occasions importantes. Qu'il était très-versé et expérimenté dans sa charge de général des finances, et qu'il la remplit heureusement et avec honneur jusqu'à sa mort. Que depuis l'an 1582, où le duc de Mercoeur prit le gouvernement de la Bretagne, il fut constamment appelé dans ses conseils et consulté sur toutes les affaires les plus importantes qui survenaient. Que ce prince et son illustre épouse. fille du vicomte de Martigues, le tenaient en grand honneur et estime et lui rendaient ce témoignage insigne d'être l'un des meilleurs, des plus fidèles et des plus vertueux conseillers d'État qu'ils eussent connu. Que dans ses fonctions de premier secrétaire des gouverneurs de Bretagne, comme dans les autres charges et emplois qu'il a maniés pour le service des rois très-chrétiens de bonne mémoire : Henri II, François II, Charles IX et Henri III, ledit défunt Cornulier s'acquit une telle réputation de piété, de probité et de fidélité, qu'il était en grande estime et considération parmi tous les gens de bien, et réputé et tenu pour homme d'honneur des plus dignes, de droite et parfaite conscience, non-seulement en cette province de Bretagne, mais encore par tout le royaume. Qu'il a constamment demeuré en la ville de Nantes depuis l'époque de son mariage ; que sa femme et lui y étaient connus notoirement, ainsi que dans les environs, comme gens de bonne race, des meilleures et des plus anciennes familles du pays ; vivant honorés et respectés de tous ».

Pierre III de Cornulier épousa à Nantes, par contrat du 6 juin 1563, Claude DE COMAILLE, fille aînée et principale héritière de noble écuyer Toussaint de Comaille, seigneur de Saint-Melaine, contrôleur général de la marine du Ponant, ancien premier secrétaire de l'amiral d'Annebaud, ministre tout puissant et d'une rare intégrité, sous François Ier, et gouverneur du Piémont, au service duquel il était resté pendant vingt-cinq ans, et de Perrine Vivien, dame de la Touche, en Nozay, et du Boisraguenet, en la paroisse d'Orvault. Cette Perrine Vivien avait été mariée en premières noces avec Pierre Piraud, secrétaire intime de Jean de Laval, baron de Châteaubriant et gouverneur de Bretagne, au service duquel il était resté pendant plus de quatorze ans. Il en avait reçu en récompense, par lettres des plus flatteuses, datées de Chantilly le 19 novembre 1538, le don de la terre de Taillecol, dans la paroisse de Rougé, que ce seigneur venait de recevoir en paiement de René du Rouvre. Perrine Vivien n'avait pas eu d'enfants de Pierre Piraud, et la terre de la Touche était un acquêt de leur communauté.

Claude de Comaille, femme de grand mérite, honneur et religion, disent les témoins entendus dans l'enquête de 1593, rendit aveu à la seigneurie de Clisson, en 1592, pour la terre de la Pénicière, et acquit de Jean du Fresche, en 1593, la terre et seigneurie de Toulan, en Nozay, qu'elle réunit à laTouche. Par acte du 5 mars 1599, elle investit son fils aîné de la succession noble et avantageuse de son père et de la sienne propre, avec prière de partager ses puînés de son vivant. Elle mourut à Nantes, comme son mari, et fut inhumée près de lui dans le caveau de Sainte-Radégonde, le 27 avril 1601 ; ce fut également le chapitre de la cathédrale qui fit ses funérailles. Elle n'avait qu'une soeur cadette, Gillette de Comaille, à laquelle son mari avait donné partage noble, en 1567, dans les successions de leurs père et mère, et qui fut mariée à Robert Thévin, seigneur de la Durbellière, en Anjou, conseiller au Parlement de Bretagne, puis président aux enquêtes du Parlement de Paris. De ce mariage vinrent deux fils, François et Guillaume Thévin. Ce dernier, conseiller au Parlement de Bretagne, ne laissa que deux filles mariées, l'une au baron de Cicé, conseiller au même Parlement, et l'autre à Jacques Huteau, seigneur des Burons, président en la Chambre des Comptes de Nantes. François Thévin, l'aîné, maître des requêtes, laissa un fils et deux filles, savoir : Denis Thévin, comte de Montreveau, vicomte de Sorges, marié successivement avec Madeleine de Beauveau et avec Isabeau de Clermont-Tonnerre, dont il ne laissa pas de postérité ; Denise Thévin, femme d'Alphonse-Henri de Montluc, marquis de Balagny, fils du maréchal prince souverain de Cambray ; et Renée Thévin, mariée, en 1633, à Charles de la Rochefoucauld-Fonsèques, marquis de Montendre.

Pierre III de Cornulier laissa de Claude de Comaille trois fils et quatre filles, qui suivent :

1° Claude de Cornulier, aîné, dont l'article suit.

2° Jean de Cornulier, auteur de la BRANCHE DES SEIGNEURS DE LUCINIÈRE, sur laquelle nous reviendrons.

3° Pierre de Cornulier, né à Nantes en 1575, fut, dit l'enquête de 1593, nourri avec ses frères dans la maison paternelle et élevé libéralement et honorablement dans l'amour et la crainte de Dieu et la pratique de ses saints commandements, sous l'obéissance de la religion catholique, apostolique et romaine, dont leurs auteurs leur donnaient eux-mêmes l'exemple. Il fut, dès son enfance, destiné par son père à l'état ecclésiastique, et, depuis sa mort, sa mère ne négligea rien pour le confirmer dans cette vocation. On l'appliqua de bonne heure à l'étude, et il y profita si bien qu'à l'âge de 18 ans il avait déjà acquis le grade de licencié en droit civil et canon. Ce fut alors que, pour obéir à la volonté de son père, aux désirs de sa mère et à sa propre inclination, il se présenta pour entrer dans les ordres sacrés, et fut immédiatement pourvu du Doyenné de la cathédrale de Nantes et du Prieuré de Saint-Jacques de Pirmil, par la résignation que lui en fit Tristan Guillemier. Il fut reçu conseiller clerc au Parlement de Bretagne le 17 septembre 1597 ; nommé abbé commendataire de Sainte-Croix-de-Guingamp, en 1598 ; de Saint-Méen-de-Gaël, en 1604, où il fonda un bel hôpital pour les malades attaqués de l'espèce de galle nommée mal de Saint-Méen ; et de Blanche-Couronne, près de Savenay, en 1612. Fut nommé commissaire des Etats près la Chambre des Comptes de Bretagne, en 1613. Assista, comme député du clergé de Bretagne, aux Etats-Généraux assemblés à Paris, du 13 octobre 1614 au 23 février 1615, fut nommé, en 1617, évêque de Tréguier et conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé, et assista, au mois de décembre de la même année, à l'assemblée des Notables tenue à Rouen. Fut transféré de l'évêché de Tréguier à celui de Rennes, au mois de mars 1619 ; prêta serment entre les mains du Roi, dans l'église de Saint-Julien de Tours, le 9 septembre suivant, et fit, dans le même mois, son entrée solennelle dans sa nouvelle cathédrale. Il protégea, d'une manière toute particulière, l'établissement de l'ordre de la Visitation dans son diocèse, par suite de la haute opinion qu'il avait conçue de sa fondatrice. Ayant rencontré par hasard Mme de Chantal à Aix, en Provence, en 1636, il fut tellement touché de la seule vue de la bienheureuse, qu'il se mit à genoux et lui demanda sa bénédiction ; mais cette humble mère se prit à trembler, les larmes lui vinrent aux yeux, et elle demeura interdite sans pouvoir dire un mot. Dès lors l'évêque, ravi de ce qu'il voyait, résolut de faire le voyage de Savoie, « afin, disait-il, de jouir à souhait, une bonne fois en ma vie, des salutaires discours de cette sainte. ». Il fonda lui-même, en 1622, le monastère et l'église des pères Minimes, sur la Lice, à Rennes, avec tombe et enfeu pour sa famille, dans leur église ; puis, en 1637, une chapelle prohibitive, en la cathédrale de Saint-Pierre de Rennes, avec enfeu, tombe et banc pour lui et ses successeurs aînés de sa famille.

Pierre de Cornulier présida les Etats assemblés à Rennes, en 1621, et ceux qui furent assemblés à Nantes, en 1636. Assisté des cardinaux de Retz et de la Valette, il harangua, au nom du clergé de France, le roi Louis XIII, à Bordeaux, le 18 octobre 1621. Rien de plus noble et de plus sage que les vues exposées dans sa harangue, dit l'économiste Véron de Forbonnais ; ses énergiques remontrances sur les menées coupables des Calvinistes, firent le plus grand honneur à l'éloquent prélat, ajoutent Le Long et Fontette dans leur Bibliothèque historique de la France. Louis XIII, la Reinemère et Monsieur ayant fait en personne l'ouverture des Etats assemblés à Nantes, le 11 juillet 1626, les Etats désignèrent Pierre de Cornulier pour remercier le Roi. Il fit encore au maréchal de Thémines, gouverneur de Bretagne, lors de son entrée solennelle à Rennes, le 21 avril 1627, une harangue qui, dit le Mercure français de l'époque, fut admirée pour son éloquence. En 1637, il fut député par les Etats, pour le clergé, vers Louis XIII, près duquel il jouissait d'un grand crédit aussi bien que près du cardinal de Richelieu qui le consultait volontiers. C'était un des hommes les plus instruits de son temps, et le père Louis Jacob, carme, dans son Traité des plus belles Bibliothèques, cite celle que Pierre de Cornulier avait rassemblée à grands frais et avec beaucoup de soins. Il publia, en 1638, sous le nom des Etats, un écrit qui a pour titre : Raisons des Etats de Bretagne pour justifier que l'Indult du Parlement de Paris ne doit avoir lieu en ladite Province, in-8°, et qui est cité avec éloges par le jurisconsulte breton Michel Sauvageau.

Pierre de Cornulier contribua généreusement à l'édifice de sa cathédrale et assista en digne pasteur son peuple affligé de la contagion durant dix ans, visitant assidûment les malades et administrant lui-même la sainte communion aux pestiférés. Il donna libéralement pour le voeu que le corps de ville fit à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, et officiait à la procession faite le 8 septembre 1634, à la suite de laquelle la contagion cessa miraculeusement. Fort entier sur les droits de son siége, il eut à ce sujet plusieurs différends avec le Parlement et avec la Communauté de ville, qui refusèrent à cette occasion de marcher en corps à ses processions ; mais il apportait la même fermeté en tout ce qui était juste, et il ne fallut rien moins que son énergie pour faire réformer, en 1627, la puissante mais fort peu édifiante abbaye de Saint-Melaine de Rennes. Prélat véritablement homme de bien, d'une vie pénitente et austère, d'une grande pureté de moeurs et d'un détachement digne d'être proposé pour modèle ; il mourut âgé de 64 ans, après vingt-deux ans d'épiscopat, le 22 juillet 1639, à son manoir des Croix, depuis nommé les Troix Croix, dans la paroisse de Saint-Martin, près de Rennes et fut inhumé dans la chapelle qu'il avait fondée dans sa cathédrale. Son portrait a été gravé par Lasne, in-4°.

4° Charlotte de Cornulier, mariée le 26 mai 1594 à René Champion, baron de Cicé, en la paroisse, de Brutz, près de Rennes, chevalier de l'ordre du Roi, fils de Georges Champion, seigneur des Croix, en la paroisse de la Chapelle-des-Fougerets, et de Bertranne de la Chapelle de la Rochegiffart. De ce mariage ne vint qu'un fils unique, Charles Champion, baron de Cicé, conseiller au Parlement de Bretagne, qui épousa Judith Thévin, cousine-germaine de Charlotte de Cornulier, sa mère. Leur postérité s'est perpétuée jusqu'à nos jours.

5° Marie de Cornulier, mariée en 1594 à Jacques de Launay, seigneur dudit lieu et de Saint-Germain, conseiller d'Etat et président à mortier au Parlement de Bretagne. Elle mourut à Nantes, sans postérité, le 24 avril 1600, et fut inhumée dans l'église de Sainte-Radégonde ; ce fut le chapitre de la cathédrale qui fit ses obsèques

 6° Anne de Cornulier, mariée à Nantes, par contrat du 21 janvier 1604, à Guillaume de la Noue, comte de Vair, seigneur de Crazelles, Crenolles, etc., conseiller au Parlement de Bretagne, intendant de la Reine, chancelier de la duchesse d'Orléans ; fils de Charles de la Noue, seigneur de Grigné-le-Brisay, en Touraine, de Vaubreton, etc., aussi conseiller au Parlement de Bretagne, maître des requêtes de l'hôtel et chancelier du duc d'Anjou, frère de Henri III, et de Marie de la Barre de la Beausseraye. De ce mariage vinrent deux fils et deux filles, savoir : Henri de la Noue, conseiller au Parlement de Bretagne, auteur des seigneurs de Bogar, dans l'évêché de Saint-Brieuc, qui subsistent encore ; Charles de la Noue, conseiller d'Etat, auteur des comtes de Vieux-Pont, qui ont donné plusieurs officiers généraux à l'armée ; Hélène de la Noue, femme de Jean de Saint-Pern, seigneur du Lattay ; et Eléonore de la Noue, mariée à M. de Maudet.

7° Philippe de Cornulier, religieuse de l'ordre de Saint-Benoît, fut la dernière prieure du prieuré de Saint-Malo-de-Teillay, ou de Teillay-aux-Nonnains, dans la paroisse d'Ercé-en-la-Mée. Elle se rendit à la clôture en 1620.

 

VIII. — Claude DE CORNULIER, Ier du nom, seigneur des Croix, en la paroisse de Saint-Martin-lès-Rennes, de la Haye, des Gravelles, en la paroisse de Saint-Onen, de Lohingat, paroisse de Guer, de la Grande-Guerche, de la Touche, etc., naquit à Nantes, en 1568, fut nommé trésorier de France et général des finances en Bretagne, par lettres du 20 mars 1588, et en prêta le serment entre les mains du chancelier de France le surlendemain. Il assista en qualité de commissaire du Roi aux Etats assemblés à Rennes en 1590 et en 1593. Donna partage noble à ses puînés dans les successions paternelle et maternelle par acte passé à Nantes, le 20 février 1601, et les partagea de nouveau, en 1639, comme héritier principal et noble de messire Pierre de Cornulier, évêque de Rennes, son frère. Il fut reçu maire de Nantes, suivant la volonté du Roi, le 13 juillet 1605 et demeura en exercice jusqu'en 1607 ; c'est lui qui fit construire la belle galerie à arcades qui forme la façade principale de l'Hôtel-de-Ville. En 1620, il fit bâtir le choeur de l'église paroissiale de Sainte-Luce, près de Nantes, et, à cette occasion, le chapitre de la cathédrale, qui avait la seigneurie de la paroisse, lui permit d'y mettre ses armes aux vitraux et ailleurs, pourvu que ce fût au-dessous de celles du chapitre. Déjà, en 1601, il avait fait construire dans cette église une chapelle privative pour y mettre son banc et terminer ainsi des difficultés que les chanoines avaient élevées à ce sujet dès 1587. Il fut pensionné du Roi, le 17 février 1630, après quarante-six ans de services. Reçu conseiller d'honneur en la Chambre des Comptes de Bretagne, le 30 mai 1634, puis conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé.

Par lettres patentes, données à Paris le 9 février 1611, signées du Roi, la reine-régente sa mère présente, et enregistrées au Parlement de Bretagne le 11 octobre 1611, les terres, fiefs et seigneuries de la Touche, Toulan, la Rivière, la Croix-Merhan, Rozabonnet et Procé, dans la paroisse de Nozay, furent unis et érigés en titre de châtellenie, sous le nom de la Touche, « en récompense des bons et agréables services, dit le Roi, que notre cher et bien amé Claude de Cornulier, notre conseiller, trésorier de France et général de nos finances en notre pays et duché de Bretagne, a rendus au feu Roi, notre très-honoré seigneur et père que Dieu absolve, en plusieurs occasions importantes à son service et au bien de ses affaires ; espérant aussi qu'avec non moindre affection et fidélité, il continuera de bien en mieux sesdits services à l'avenir, et voulant non-seulement les reconnaître en sa personne, mais aussi faire passer jusqu'à sa postérité le témoignage du contentement que nous en avons par l'accroissement et augmentation des titres et qualités des terres qui lui appartiennent, etc. ».

Ce titre de châtellenie fut encore reconnu à la Touche par le prince de Condé, seigneur supérieur, suivant sentence arbitrale du 17 mai 1634, et depuis lors cette terre ne fut plus connue dans les actes que sous le nom de la Touche-Cornulier, pour la distinguer des autres terres du même nom.

Par brevet, en date du 2 février 1605, le connétable Henri de Montmorency avait octroyé à Claude de Cornulier la permission de mettre un banc prohibitif dans l'église paroissiale de Nozay, au choeur, du côté de l'épître, près de la chapelle Sainte-Anne ; à la charge de tenir ledit banc de lui à foi, hommage et rachat fixé à un écu d'or à chaque mutation du seigneur de la Touche. Cette concession lui fut confirmée par lettres du prince de Condé du 22 septembre 1630, et, le 26 septembre 1633, Claude de Cornulier fit dresser, par le sénéchal de Nozay, un procès-verbal de sa prise de possession.

Claude de Cornulier ne fut pas un homme moins éminent que son père et que ses frères. Nommé général des finances de Bretagne à l'âge de vingt ans, la Chambre des Comptes refusa de vérifier sa nomination à cause de sa jeunesse ; mais François Myron, son co-général, qui avait été aussi le collègue de son père, et, par suite, à même de juger son mérite et sa maturité précoce, n'hésita pas à déclarer à la Chambre qu'il prenait sous sa responsabilité personnelle la gestion de son jeune associé. En conséquence, les lettres de dispense d'âge pour cette charge, qui lui avaient été accordées en considération des longs et recommandables services de son père, furent enregistrées à la Chambre des Comptes le 27 mai 1588, avec cette restriction qu'il ne pourrait faire aucune expédition, sans l'assentiment de son co-général, jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge compétent. Impatient de cette entrave, Claude de Cornulier s'adressa au Roi qui, par lettres du 8 février 1592, le dispensa de l'obligation que la Chambre lui avait imposée : « Sur ce qu'il s'est si bien comporté et a acquis l'expérience et capacité suffisante pour pouvoir seul bien et fidèlement exercer sa charge, ainsi qu'il nous l'a fait paraître en notre Conseil, où il a rendu preuve et raison de tous les principaux points de ladite charge, dont nous sommes trouvés grandement satisfaits ; ce qu'il vous avait autrefois offert faire connaître par l'examen auquel vous n'auriez aucunement voulu entendre, vous arrêtant au bas-âge qu'il avait lors de sa réception, duquel toutefois nous l'avions dispensé .... A ces causes, par l'avis de notre Conseil, voulons qu'il entre immédiatement dans le plein exercice de sa charge ».

Il n'avait encore que 22 ans lorsque le Roi le nomma son commissaire près des Etats de Bretagne, mission toujours difficile et singulièrement délicate dans les temps de troubles où l'on était alors. Pendant sa longue carrière, il ne démentit jamais la bonne opinion qu'il avait fait concevoir de lui à son début. Imposé comme premier magistrat à la ville de Nantes, qui avait le droit d'élire son maire, il sut, malgré l'agitation des esprits, se concilier l'assentiment général. Dans les lettres d'honneur qu'il lui accorda en 1634, après la résignation de sa charge, le Roi dit que, « désirant reconnaître les bons et fidèles services rendus au feu Roi, à lui-même et au public, en plusieurs occasions et durant quarante-six ans, par son amé et féal Claude Cornulier, seigneur de la Touche, il ne veut pas se priver de sa longue expérience et de la connaissance qu'il a acquise de son office, ni qu'après avoir consumé la plus grande partie de sa vie il soit exclu des marques d'honneur dont il avait tenu à qualifier un homme de mérite qui l'avait par si longtemps, si dignement et si fidèlement servi ; en conséquence, lui permet, par grâce spéciale, de se nommer, le reste de ses jours, trésorier général de France en Bretagne, nonobstant la résignation qu'il a faite de sondit office ; lui accorde entrée, séance et voix délibérative en la Chambre des Comptes, chaque fois qu'il voudra s'y rendre ; et lui conserve la jouissance des honneurs, prééminences, immunités et priviléges de son ancienne charge, comme au temps où il l'exerçait ».

Zélé catholique, mais opposé à la Ligue, il fut renfermé pendant dix mois, en 1589, dans le château de Nantes, par ordre du Duc de Mercoeur qui, désespérant de se l'attacher, finit par lui permettre de se retirer à Rennes, qui était sous l'obéissance du Roi, pour y continuer l'exercice de sa charge. Sa résistance ne lui aliéna même pas ce prince, car, par lettres du 8 mars 1590, il décharge sa mère de la caution qu'elle lui avait donnée pour obtenir l'élargissement de son fils et de l'obligation qu'elle avait contractée de le représenter lorsqu'il lui plairait le mander ; la tenant pour quitte sans qu'elle puisse être aucunement en peine ni recherchée. Par autres lettres de 1594, il ordonne de lui payer une somme considérable qui lui restait due. Enfin, le conseil souverain de la Ligue, séant à Nantes, ayant ordonné, en 1589, de raser le château de Lucinière aux dépens de Claude de Comaille, qui en était propriétaire, cette dame eut recours à la Duchesse de Mercoeur et obtint que cette résolution serait modifiée : on se borna à démanteler la place ; le château ne fut point abattu et quelques soldats y furent placés en garnison pour le défendre.

Le 8 juin 1615, Claude de Cornulier avait obtenu de l'évêque et du chapitre l'autorisation de fonder, pour lui et pour toute sa postérité, dans la chapelle de Saint-Clair de la cathédrale de Nantes, un anniversaire solennel, d'y avoir un enfeu prohibitif à tous autres et d'y faire élever un tombeau dans l'épaisseur de la muraille ; ce qui fut accordé en considération des bienfaits dont lui et les siens avaient obligé cette église. C'est là qu'il fut inhumé, le 15 novembre 1645. Il était mort le 11, et le chapitre décida que dorénavant l'anniversaire qu'il avait fondé, et qui se célébrait le 9 octobre, serait reporté au 10 novembre.

A cette époque, les chapelles de Saint-Clair et de Saint-Félix étaient dans le choeur même de la cathédrale ; mais, en 1733, ces deux chapelles furent supprimées pour agrandir le sanctuaire, et l'autel de Saint-Clair réédifié dans le transept méridional, contre le mur de la sacristie. A l'occasion de ce déplacement, le chapitre décida que, pour se conformer autant que possible à l'acte de fondation du 29 juillet 1615, le mausolée de Claude de Cornulier serait placé dans le mur de l'ancienne chapelle de Saint-Clair, immédiatement au-dessus de l'enfeu, et le plus près que faire se pourrait de l'entrée du choeur, avec les armoiries de la même façon qu'elles étaient auparavant. Depuis que ces changements ont été opérés, et même depuis l'année 1700, il ne paraît pas qu'aucun membre de la famille du fondateur ait été inhumé dans l'enfeu de Saint-Clair. De nos jours, l'autel de Saint-Clair a encore subi un nouveau déplacement ; il a été rétabli dans la première chapelle du bas-côté du midi.

Claude de Cornulier épousa à Rennes, par contrat du 6 décembre 1601, Judith FLEURIOT, dame, de l'Etang, dans les paroisses de Plouasne et de Saint-Pern, et du Roudourou, en Plouizy, près de Guingamp, fille de feu Pierre Fleuriot, doyen des conseillers au Parlement de Bretagne, et de Jeanne Loysel, de la maison des marquis de Brie et de Chambière. Judith Fleuriot fut mariée par l'autorité de son oncle, Jean Fleuriot, abbé de Bégar, et resta seule héritière de la branche des Fleuriot du Roudourou à la mort de son frère unique, décédé sans postérité, Claude de Cornulier et sa femme partagèrent leurs enfants de leur vivant (ce que la coutume de Bretagne ne permettait qu'aux personnes de condition noble et avantageuse), par acte passé à Nantes le 30 juillet 1644 ; tous les deux moururent dans cette ville l'année suivante. Ils eurent au moins quatorze enfants, à savoir :

1° Pierre IV de Cornulier, qui suit.

2° Claude de Cornulier, né à Nantes le 6 juillet 1615.

3° Hercule de Cornulier, nommé à Nantes, le 12 février 1617, par Hercule de Rohan, duc de Montbazon, gouverneur, du comté nantais.

4° Charles de Cornulier, auteur de la BRANCHE DES SEIGNEURS DE LA CARATERIE, rapportée plus loin.

5° Louise de Cornulier, née à Nantes le 6 juillet 1605.

6° Claude de Cornulier, née à Nantes, le 11 novembre 1606, mariée dans la même ville, le 14 août 1620, à Gabriel, marquis de Goulaine, baron du Faouët, vicomte de Saint-Nazaire, seigneur du Pallet, du Loroux-Bottereau, etc., chef de sa maison, chevalier de l'ordre du Roi, fils de Gabriel de Goulaine, commandant pour la Ligue en Anjou, Poitou et partie de la Bretagne, et de Françoise de Bretagne, fille d'Odet de Bretagne, comte de Vertus et de Goëllo, baron d'Avaugour et d'Ingrandes, premier baron de Bretagne. Claude de Cornulier mourut à Nantes, le 21 août 1674, et fut inhumée à Haute-Goulaine ; elle laissait cinq enfants : Louis, comte de Goulaine, qui se fit jésuite en 1654 ; Marie et Charlotte de Goulaine, religieuses Ursulines à Nantes ; Yolande de Goulaine, mariée à Claude, marquis du Chastel et de la Garnache, comte de Beauvoir-sur-Mer, seigneur de Mesle, Châteaugal, Glomel, etc., mort sans postérité, dernier de cette illustre maison de Bretagne ; et Anne de Goulaine, restée, en 1705, seule héritière de la branche aînée de sa maison, mariée à Sébastien de Rosmadec, marquis du Plessis-Josso.

7° Autre Louise de Cornulier, née à Nantes le 8 décembre 1611, fut mariée deux fois. Elle épousa en premières noces, à Nantes, par contrat du 14 août 1627, Damien du Bois, chevalier, seigneur de la Ferronnière, de Beauchesne, au Loroux-Bottereau, etc., fils aîné, héritier principal et noble de Louis du Bois, descendant de Geoffroy du Bois, l'un des chevaliers les plus renommés du combat des Trente, et de Françoise Le Gay. Elle n'en eut pas d'enfants, et épousa en secondes noces, au château de la Haye, en Sainte-Luce, par contrat du 25 juin 1635, Nicolas Foucault, conseiller au Grand-Conseil, fils de défunt Claude Foucault, conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé, doyen de la Cour des Aides de Paris, et de Madeleine Aubry. De ce second lit vinrent deux enfants : Claude Foucault, seigneur de Basjou, conseiller au Parlement de Paris, et Louise Foucault, mariée à Thierry Sevin, seigneur de Miramion, conseiller au Grand-Conseil.

8° Marguerite de Cornulier, née à Nantes le 5 janvier 1613.

9° Charlotte de Cornulier, née à Nantes le 3 septembre 1618, mariée dans la même ville, le 27 novembre 1635, à Pierre-René Charette, seigneur de la Bretonnière, de Montebert, la Guidoire, etc., conseiller d'Etat et sénéchal de Nantes, fils de René Charette, aussi sénéchal de Nantes, et d'Anne Martin. Charlotte de Cornulier mourut à Nantes, le 12 novembre 1669, laissant deux enfants : Simonne Charette, mariée, en 1664, à Julien de Saligné, baron de La Chèze, en Poitou ; et Jacques Charette, seigneur de la Bretonnière, premier président de la Chambre des Comptes de Bretagne, dont le fils, Gilles Charette, conseiller au Parlement, laissa pour unique héritière Marie-Madeleine-Elisabeth Charette de Montebert, qui fut mariée trois fois : 1° Avec Louis de Sérent, marquis de Kerfily, dont elle eut le duc de Sérent, père des duchesses de Damas-Crux et de Narbonne-Pelet ; 2° avec Henri-François de Bretagne, comte de Vertus et de Goëllo, baron d'Avaugour, mort en 1746, dernier de son nom ; 3° avec Anne-Léon de Montmorency, premier baron de France, chef de sa maison, dont elle n'eut pas d'enfants.

10° Judith de Cornulier, née à Nantes le 29 septembre 1619.

11° Gabrielle de Cornulier, née à Nantes le 25 mars 1621, religieuse au premier monastère de la Visitation de Rennes.

12° Marie de Cornulier, religieuse ursuline, à Rennes.

13° Anne-Thérèse de Cornulier, religieuse au premier monastère de la Visitation, à Rennes.

14° Marie-Thérèse de Cornulier, aussi religieuse au premier monastère de la Visitation de Rennes, femme d'une haute vertu et d'un rare mérite, sujet accompli, disent les Mémoires de l'Ordre. Elle fut élue, en 1651, supérieure de la Maison de Vannes, qu'elle fit réédifier ; élue supérieure du second monastère de Rennes en 1657 et réélue en 1666 ; elle fut enlevée à cette Maison, dite du Colombier, en 1667, pour gouverner la Maison-mère à laquelle elle appartenait ; enfin elle gouverna de nouveau la Maison de Vannes de 1670 à 1676. Elle a écrit l'Abrégé de la Vie de la Mère du Houx, née Pinczon, morte en 1677, surnommée l'Epouse de la Croix, femme admirable qu'elle a peinte, dit un auteur, de si vives couleurs, qu'on ne peut lire ce petit ouvrage sans admiration.

De tous ces enfants, il ne restait plus, en 1644, que Pierre et Charles, avec les filles mariées et celles qui étaient entrées, en religion. Ils vivaient encore au nombre de sept en 1668.

 

IX. — Pierre DE CORNULIER, IVème du nom, chevalier, seigneur de la Touche, de la Haye, du Roudourou, de l'Etang, de la Ville-Basse, en la paroisse de Pouldouran, près de Tréguier ; de Bourmont et Clermont, en Pannecé ; de Saint-Ouën et Saint-Père, en Mouzeil ; du Boismaqueau, en Teillé  ; baron de Châteaufremont, dans la paroisse de la Rouxière, en 1637, etc., naquit à Nantes le 8 juillet 1607, fut reçu conseiller au Parlement de Bretagne le 15 mai 1630, nommé président à mortier au même Parlement le 11 juillet 1639, et reçu dans ledit office par arrêt du 2 janvier 1640, « voulant, dit le Roi dans ses lettres de provision, remplir les charges de considération de personnes de probité, capacité, expérience au fait de judicature, dont la fidélité et affection à notre service nous soient connues, comme elles le sont en la personne de notre amé et féal conseiller en notre cour de Parlement de Bretagne, Me Pierre Cornulier, nous en ayant donné dès preuves en l'exercice de sondit office de conseiller et autres emplois qu'il a eus pour notre service, lui avons donné et octroyé l'office de notre conseiller président en notre cour de Parlement de Bretagne que tenait et exerçait Me Yves Rocquel, sieur du Bourblanc, etc. ».

Il fut gratifié, le 26 août 1640, d'une pension de 1.200 livres, et nommé, le 22 juillet 1647, conseiller ordinaire du Roi en ses conseils d'Etat et privé. Par lettres du mois de juin 1655, il obtint l'établissement de deux foires par an dans sa seigneurie de Châteaufremont. En 1646, il vendit au procureur-général de la Bédoyère la terre et seigneurie des Croix, près de Rennes, et recueillit la même année la succession de Jean Fleuriot, son oncle, dans laquelle il donna partage noble à ses puînés, en 1649 et 1650. Hors de son semestre, Pierre de Cornulier habitait ordinairement sa terre de la Touche, en Nozay, que son père lui avait définitivement abandonnée en 1641.

Le 28 septembre 1642, le prince de Condé étant en sa ville de Nozay, il fut admis à lui rendre hommage en personne pour sa châtellenie de la Touche et ses juridictions de Toullan, la Rivière, Rozabonnet et Procé, y annexées.

Depuis la mort de son père, il résidait de préférence au château de la Haye, en Sainte-Luce, et c'est là qu'il mourut, dans l'exercice de sa charge de président à mortier, le 13 décembre 1656. Son corps, transporté à Nantes, y fut, suivant sa volonté, inhumé dans son enfeu de la chapelle Saint-Clair, dans l'église cathédrale. Son fils aîné lui succéda l'année suivante dans son office au Parlement, et ses lettres de provision portent : « qu'il y est appelé pour aucunement reconnaître les grands, signalés et recommandables services rendus par son père, durant vingt-cinq ans, tant en ses charges de conseiller et de président à mortier, qu'en plusieurs autres emplois et commissions importantes au service, du Roi, dont il s'est dignement et fidèlement acquitté. ».

Pierre IV de Cornulier épousa à Rennes, par contrat du 17 Juin 1632, Marie DES HOUMEAUX, fille unique de messire Claude des Houmeaux, chevalier, seigneur de la Pérochère et de la Renouardière, en la paroisse de la Poitevinière, en Anjou ; du Boismaqueau, de Châteaufremont, Beaumont, Bourmont, Clermont, la Gillière, etc., au comté nantais ; chevalier de l'ordre du Roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, et de Françoise Raoul, de la maison de la Guibourgère, en Teillé. Cette famille des Houmeaux, originaire du comté nantais, était transplantée en Anjou depuis le XIVème siècle ; Claude était resté tout jeune sous la curatelle de René du Bouchet, seigneur de la Haye de Torcé, chevalier de l'ordre du Roi, que sa mère, Anne Chenu, avait épousé en secondes noces. Françoise Raoul, sa femme, était fille de Guillaume Raoul, président de la Chambre des Comptes de Bretagne en 1598, et soeur de Jacques Raoul, sénéchal et maire de Nantes, chef du conseil de César duc de Vendôme, conseiller d'Etat et au Parlement de Bretagne, puis évêque de Saintes et de La Rochelle.

Marie des Houmeaux fonda, par acte du 19 février 1680, deux messes par semaine dans la chapelle du château de la Touche, et mourut à Nantes, le 11 septembre de la même année, à l'âge de 63 ans ; son corps fut conduit processionnellement le lendemain, par les chanoines de Saint-Pierre, pour être inhumé dans leur église cathédrale, près de celui de son mari. Ses enfants furent :

1° Claude II de Cornulier, qui suit.

2° Pierre de Cornulier, dit l'abbé de Cornulier, né à Rennes, le 11 novembre 1634, seigneur de la Pérochère, conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé, prieur de la Madeleine d'Iff, en la paroisse du Gâvre, et du Loroux-Bottereau ; fut pourvu, le 22 mai 1661, de l'office de maître, de l'oratoire de S. A. R. Monsieur, Duc d'Orléans, frère unique du Roi. Il reçut, le 8 août 1664, pour son partage définitif de juveigneur, la terre de la Renouardière, à viage seulement, selon l'assise au comte Geoffroy. Il mourut à Nantes, le 5 mai 1673, et fut inhumé dans la cathédrale de Saint-Pierre, dans l'enfeu de Saint-Clair.

3° Jean-Baptiste de Cornulier, auteur de la BRANCHE DES SEIGNEURS DU BOISMAQUEAU, devenue l'aînée, par l'extinction de celle-ci, en 1738, et rapportée ci-après.

4° Jacques de Cornulier, écuyer, reçut son partage en 1658, puis entra en religion dans l'ordre de Saint-Benoit, à Saint-Melaine de Rennes, où il vivait en 1668.

5° Martin de Cornulier, né à Rennes le 20 janvier 1644, mort jeune.

6° Marie-Henriette-Constance de Cornulier, née à Rennes le 10 novembre 1635, entrée en religion, en 1652, chez les Visitandines du Colombier, de la même ville, y est morte, le 7 février 1705.

La vie de cette pauvre fille ne fut qu'un long martyre ; d'une grande douceur, d'une timidité extrême, élevée par sa mère avec beaucoup de sévérité, elle la craignait par dessus tout. Destinée par elle à l'état religieux, elle fit tout ce qu'elle voulut, malgré les répugnances qu'elle y sentait. Elle entra en son essai sans parler de ses peines à personne, prit l'habit et fit profession de même, sans qu'on s'aperçût de la violence qu'elle se faisait ; elle était du reste remplie de bonnes qualités pour servir la religion si elle en avait eu la vocation. Quelques années après sa profession, les violences continuelles qu'elle était obligée de se faire, altérèrent profondément sa santé et la firent tomber dans de grandes infirmités. Elle perdit la voix dès l'âge de 25 ans, son esprit s'aigrit, et son naturel un peu fier et hautain ne fut plus contenu par sa timidité. Elle estimait l'ordre, n'allait au parloir que pour sa famille qu'elle aimait passionnément, avait un profond respect pour toutes les choses saintes, mais une crainte excessive à l'approche des Sacrements ; ses moindres fautes lui paraissaient des crimes irrémissibles ; elle avait des frayeurs terribles de la mort, et croyait voir à toute heure un Dieu irrité prêt à l'abîmer dans les enfers. C'est à elle, que le P. Surin, célèbre jésuite, exorciste des possédés de Loudun, adresse plusieurs de ses lettres qui ont été publiées, et tout leur objet est de la rassurer contre les troubles de sa conscience. Sur la fin de sa vie, elle fut affligée de la cataracte et souffrit d'horribles maux ; enfin elle succomba âgée de 69 ans, professe de 53, après avoir passé ses jours dans de continuelles souffrances de corps et d'esprit.

7° Judith de Cornulier, née à Rennes le 1er mars 1637.

8° Louise de Cornulier reçut son partage en 1658, puis entra en religion chez les Hospitalières de Rennes, où elle vivait en 1668.

9° Charlotte de Cornulier, née à Rennes le 20 janvier 1642.

 

X. — Claude DE CORNULIER, IIème du nom, chevalier, seigneur de la Touche, de la Haye, du Roudourou, de la Villebasse, de la Renouardière, de Maumusson, en 1695 ; comte de Vair, en 1664 (magnifique terre et grande seigneurie comprenant cinq hautes justices, et d'où relevaient seize juridictions, s'étendant principalement dans les paroisses d'Anetz et de Saint-Herblon) ; marquis de Châteaufremont, en 1683, etc., naquit au château de la Touche, le 12 juin 1633, fut nommé conseiller au Grand-Conseil, le 12 décembre 1655 et reçu le 11 février suivant. Pourvu de l'office de président à mortier au Parlement de Bretagne, le 10 septembre 1657, « pour l'entière et parfaite confiance, dit le Roi, que nous avons en la personne de notre amé et féal conseiller en notre Grand Conseil, messire Claude de Cornulier, de ses sens, suffisance, loyauté, prud'homie et grande expérience au fait de la justice, nous avons audit Cornulier, donné et octroyé l'office de président en notre cour de Parlement de Bretagne, que tient et exerce encore à présent, Claude de Marbeuf, seigneur, baron de Blazon, etc. ». Claude de Cornulier fut encore nommé conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé, le 1er mai 1662. Il mourut à son château de Vair, le 29 mai 1700 ; ses entrailles furent inhumées dans la chapelle du château, et son corps, transporté à Nantes, reçut la sépulture dans la chapelle de Saint-Clair de l'église cathédrale, où la branche aînée de sa famille avait un enfeu particulier.

Famille Cornulier : château de Vair (Bretagne).

Par lettres patentes du 20 janvier 1668, le Roi établit au Parlement de Bretagne une chambre spéciale et temporaire, pour la vérification générale de la noblesse de cette province. Afin d'arriver à une recherche à peu près complète, le procureur-général se fit remettre, par tous les notaires du pays, un état des personnes qui, depuis dix ans, avaient pris des qualifications nobles dans les actes passés en leurs études, et il assigna tous ces individus à justifier de leurs prétentions devant la nouvelle chambre qui ouvrit le 26 septembre de la même année. Ce fut un procès que toutes les personnes se disant nobles eurent à soutenir ; il n'y eut pas d'exception, et la notoriété la mieux établie ne fut comptée pour rien quand elle n'était pas appuyée sur des titres positifs : aussi arriva-t-il que plusieurs familles fort anciennes, mais prises au dépourvu, succombèrent devant la chambre de la réformation et furent obligées de se faire réhabiliter par des arrêts postérieurs.

Dès le 2 octobre 1668, Claude de Cornulier et ses collatéraux produisirent leurs titres, justifiant que le gouvernement noble était établi sans interruption dans leur famille, depuis Pierre de Cornulier et Marie de Concoret, sa femme, vivants en 1490. C'était beaucoup plus que n'en demandaient les commissaires, la possession paisible de l'état de noblesse pendant cent ans établissant une prescription suffisante, et s'ils remontèrent leurs preuves au XVème siècle, ce fut pour justifier de l'ancienne extraction exigée en Bretagne dans certains cas exceptionnels. Sur le vu de ces titres, au nombre de cent quatre pièces, et conformément aux conclusions du procureur-général, la Chambre, par arrêt du 17 novembre 1668, faisant droit sur l'instance, « déclara MM. de Cornulier, nobles et issus d'ancienne extraction noble, et comme tels, leur permit de prendre la qualité de chevaliers ; les maintint au droit d'avoir armes et écussons timbrés appartenant à leur qualité, et dans la jouissance de tous droits, franchises, exemptions, prééminences et priviléges attribués aux nobles de cette province ; ordonne que leurs noms seront employés au rôle et catalogue des nobles de la sénéchaussée de Nantes ».

En 1668, les traditions de famille étaient encore assez présentes pour faciliter à Claude de Cornulier la recherche de titres supplémentaires qui lui auraient permis de remonter sa filiation beaucoup plus haut qu'il ne le fit ; mais il ne voyait pas l'utilité de cette perquisition. La grande réformation ne fut considérée que comme une mesure toute fiscale, et elle n'avait pas en effet d'autre caractère ; on obéit donc à l'ordre donné aux moindres frais possible, en se bornant à produire les titres qu'on avait sous la main quand ils suffisaient à la preuve exigée. Plus tard, ces idées se modifièrent ; un arrêt de maintenue fut considéré comme un monument de famille, et l'on s'appliqua à lui donner toute la perfection dont il était susceptible ; l'on ne recula plus devant les frais qu'exigeait la recherche des degrés surabondants au point de vue légal, mais qu'on appréciait déjà sous le rapport historique y et qui devinrent même, sous Louis XV, une condition des présentations à la cour. Il est regrettable qu'on n'ait pas jugé ainsi dès le principe, à une époque où les archives publiques et particulières étaient encore intactes, et où les souvenirs pouvaient guider sûrement dans les recherches à entreprendre.

C'est en reconnaissance des services de Claude de Cornulier et de ceux de ses ancêtres que la baronnie de Châteaufremont fut érigée en marquisat par lettres patentes du mois de septembre 1683, enregistrées au Parlement de Bretagne le 7 décembre 1685 et à la Chambre des Comptes le 17 septembre 1694. Elles sont ainsi motivées : « Les Rois nos prédécesseurs ont toujours estimé que le véritable moyen d'exciter leurs sujets à la vertu était de distinguer par des marques d'honneur ceux qui, portés d'un véritable zèle, se sont élevés au-dessus du commun par les services qu'ils ont rendus à l'État, et, non contents de les leur accorder en leurs personnes, ils ont voulu même attribuer des titres de dignité à leurs terres et seigneuries, ce qu'ils ont reconnu être d'une très-grande utilité pour exciter chacun à se rendre digne de pareille grâce ; en quoi voulant les imiter, mettant en considération la longue suite de services qui nous ont été rendus et à l'État, tant par notre amé et féal Claude de Cornulier, chevalier, seigneur de Châteaufremont, Vair et autres lieux, président à mortier en notre Parlement de Bretagne, et pour ceux que nous espérons qu'il nous rendra que ceux rendus par ses prédécesseurs, notamment par Pierre de Cornulier, seigneur de Châteaufremont et de la Haye, son père, en la même charge de président à mortier qu'il a possédée très-longtemps, où il nous a servi à l'imitation de ses ancêtres qui ont rempli depuis plusieurs siècles des charges considérables, tant dans la robe que dans l'épée, et se sont rendus recommandables dans les siècles passés, ayant été honorés par nos prédécesseurs de charges et emplois importants ; voulant donner audit sieur de Cornulier des marques de l'estime que nous faisons de sa personne et le maintenir dans l'état où sa famille est, depuis longtemps par un nouveau titre d'honneur qui passe à sa postérité, etc. ».

Claude II de Cornulier acquit, en 1686, pour le compte de son fils, la, baronnie de Montrelais, s'étendant dans les paroisses de Montrelais, la Chapelle, Varades et Ingrande, au comté nantais. Il se maria deux fois : en premières noces, à Paris, par contrat du 10 novembre 1658 , avec Marie-Madeleine GUYET DE LA SOURDIERE, morte au château de la Touche, en couches de son fils, et inhumée, le 19 novembre 1660, dans la chapelle de Saint-Clair de la cathédrale de Nantes. Elle était fille de feu Germain Guyet, chevalier, seigneur de la Sourdière, conseiller et maître-d'hôtel ordinaire du Roi, et de Françoise le Tanneur. Il épousa en secondes noces, à Rennes, par contrat du 30 avril 1663, mariage bénit le 3 mai suivant dans la paroisse de Cesson, Renée HAY, fille de Paul Hay, chevalier, seigneur des Nétumières, près de Vitré, conseiller au Parlement de Bretagne, et de Renée le Corvaisier.

Marie-Madeleine Guyet resta héritière unique, bien que son père eût laissé des enfants de deux lits. Du premier, elle avait un demi-frère, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, et deux demi-soeurs, aussi religieuses à Paris, l'une dominicaine, supérieure des Filles de Saint-Thomas, l'autre visitandine, à Chaillot. Du second lit, elle n'avait qu'un frère, François Guyet, d'abord commissaire général des Suisses, puis lieutenant des gardes-du-corps, mort des blessures qu'il reçut au service et sans alliance. Cette famille Guyet est originaire d'Anjou, et c'est dans cette province qu'est située la terre de la Sourdière, dont le nom a servi à distinguer l'une de ses branches. C'est aussi l'hôtel qu'elle possédait à Paris qui a donné son nom à la rue de la Sourdière.

Quant à Renée Hay, elle fit, de concert avec son mari, plusieurs fondations pieuses : en 1675, la maison des Pénitentes ou Religieuses de Sainte-Madeleine, à Nantes ; en 1686, des messes dans la chapelle du château de la Haye ; et en 1687, la chapelle du château de Vair, qu'elle fit réédifier en entier. A la mort de son mari, restant veuve sans enfants, elle se consacra entièrement à Dieu, et se retira dans la maison des Filles Pénitentes qu'elle avait fondée à Nantes ; elle y mourut le 27 août 1718, et c'est dans leur chapelle qu'elle choisit sa sépulture.

Les enfants de Claude II de Cornulier furent :

DU PREMIER LIT :

1° Toussaint de Cornulier, resté enfant unique, qui suit.

2° Marie-Madeleine de Cornulier, morte en bas âge.

DU DEUXIÈME LIT :

3° Pierre-Paul-Marie de Cornulier, né en 1664, mort à Vair, le 27 août 1670, et inhumé dans la chapelle du château.

4° François-Joseph de Cornulier, né à Rennes le 21 octobre 1673, mort dans la même ville le 2 octobre 1674, et inhumé dans l'église de Saint-Aubin.

5° Françoise-Pélagie de Cornulier, née à Rennes le 17 août 1666, morte en bas âge.

6° Jeanne-Thérèse de Cornulier, née à Rennes et morte dans la même ville, à l'âge d'un mois, le 30 mai 1668, et inhumée à Saint-Aubin.

7° Yolande de Cornulier, née à Nantes le 4 novembre 1669, morte à Vair le 23 du même mois.

 

XI. — Toussaint DE CORNULIER, chevalier, seigneur de la Haye, de la Touche, etc., baron de Montrelais, en 1686, comte de Largouët et de Vair, baron de Lanvaux, en la paroisse de Grandchamp ; marquis de Châteaufremont ; naquit au château de la Touche le 1er novembre 1660, fut reçu conseiller au Parlement de Bretagne le 10 juillet 1682, et pourvu, le 19 novembre 1688, de l'office de président à mortier au même Parlement, en survivance de son père, charge dans laquelle il fut reçu et installé le 7 juin 1695. Il fut encore nommé conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé, et mourut à Rennes le 7 novembre 1727. Il fut inhumé dans l'église des Pères Minimes de cette ville, dont la maison avait été fondée par l'évêque Pierre de Cornulier.

Dans ses lettres de provision de 1688, le Roi dit : « Etant bien informé des grands et recommandables services que nous ont rendus les père et ayeul de nôtre amé et féal conseiller en notre cour de Parlement de Bretagne, le sieur Toussaint de Cornulier, nous avons estimé devoir prendre une entière confiance en sa prud'hommie, capacité, loyauté et affection particulière qu'il a pour le bien de notre service, et pour ces causes lui avons donné et octroyé l'état et office de notre conseiller président à mortier en notre cour de Parlement de Bretagne, que tient et exerce son père ». En 1690, le Roi établit, en sa faveur, des foires et marchés au bourg d'Elven, près de Vannes, chef-lieu de son comté de Largouët, une des plus belles seigneuries de toute la Bretagne, décorée d'une magnifique forteresse féodale, marque certaine qu'elle avait appartenu à de puissants seigneurs, fondés jadis dans tous les droits de la guerre, et d'un parc de cent quatrevingt-dix hectares. Largouët était, en effet, un ancien comté donné en partage, dès l'an 907, à Derrien, fils d'Alain le Grand, comte de Vannes, puis duc de Bretagne. C'est sans doute à cette origine souveraine qu'il devait le rare privilége d'être inféodé du droit de punir par le feu, attribut privatif des anciens comtes et hauts barons de la province. De la tour d'’Elven relevaient deux anciennes bannières ou baronnies, Molac et Loyon, et de nombreux fiefs de haubert. En 1294, Largouët devait quatre chevaliers de service à l'ost du Duc, comme Montfort et Gaël réunis, et alors que Lohéac, Rochefort, Ancenis, la Roche-Rernard et Pont-l'Abbé n'en devaient chacun que trois. Cette, seigneurie avait trois hautes justices à quatre piliers, l'une à Elven, l'autre près du bourg de Trédion, et la troisième à Carnac ; des sergenteries féodées pour la cueillette de ses rentes ; une maîtrise des eaux et forêts à l'instar de celles du Roi, et une Chambre des Comptes. Sa juridiction comprenait les trois quarts des sénéchaussées de Vannes et d'Auray, où elle avait droit de menée et d'y tenir le premier rang ; elle s'étendait sur vingt-huit grandes paroisses, dans un territoire de plus de douze lieues de diamètre, entre Carnac et l'Ile-aux-Moines au sud, et Saint-Jean-de-Brévelay au nord, comme de Saulniac à l'est, jusqu'à Mendon à l'ouest. Aussi, bien que ce territoire fût compact, avait-elle, pour l'usage de ses vassaux, deux siéges d'audiences différents, l'un à Vannes et l'autre à Auray. Toutes ces prérogatives furent établies contradictoirement avec les Etats de la province, au sujet du tarif des vacations des officiers de Largouët, qui étaient attaqués, et il intervint sur le différend un arrêt du Parlement de Bretagne, le 27 mars 1749, qui reconnut Largouët comme seigneurie de premier ordre et ancienne juveigneurie du comté de Vannes.

Famille Cornulier : château d'Elven (Bretagne).

Lanvaux était le coeur même de l'ancienne haute baronnie de Lanvaux, tel que le duc Jean IV l'avait donné, en 1385, aux chapelains de la collégiale de Saint-Michel, qu'il avait fondée sur le champ où s'était donnée la célèbre bataille d'Auray, au succès de laquelle il devait son duché. Cette baronnie ne comprenait que la seule paroisse de Grandchamp ; mais la dignité du fief ne se mesurait pas toujours sur son étendue, témoin Malestroit, qui, lors de son érection en haute baronnie, en 1451, ne comprenait également que la seule paroisse de son nom, une des moindres de Bretagne, et alors encore sans ville close ni rien d'important.

Toussaint de Cornulier rendit aveu au Roi, en la Chambre des Comptes de Nantes, le 15 juillet 1694, pour son comté de Largouët, et le 25 février 1698 pour sa baronnie de Lanvaux.

Par lettres du 8 juin 1700, le Roi lui fit don du rachat de toutes les terres de sa mouvance sises en Bretagne, échu à Sa Majesté par le décès de son père ; et, par autres lettres patentes du mois de mai 1701, il incorpora à son marquisat de Châteaufremont les terres, fiefs et haute justice de la Motte-Maumusson, « en considération des grands et signalés services rendus à l'État par son père, et de ceux qu'il rend lui-même dans sa charge ».

Le P. Godefroy, dans son panégyrique du Parlement de Bretagne, prononcé en latin au collége des Jésuites de Rennes, en 1704, dit, en parlant de Toussaint de Cornulier, que, « semblable à ses ayeux, ses vertus sont au-dessus de tout éloge, et que l'on ne pourrait, sans lui faire injure, le comparer à qui que ce fut ».

Le 5 octobre 1708, Toussaint de Cornulier donna partage noble à Guillaume de la Noue, conseiller au Parlement de Bretagne, son beau-frère, qui avait épousé défunte Françoise de Trémerreuc, soeur puînée de sa seconde femme. Le 6 mars 1713, il rendit aveu au Roi pour ses marquisat de Châteaufremont, comté de Vair et baronnie de Montrelais, au comté nantais. En 1718, il vendit la terre de la Haye, en Sainte-Luce.

Toussaint de Cornulier fut marié trois fois. Il épousa en premières noces, par contrat passé à Rennes le 9 août 1681, mariage bénit à Chanteloup, près de Rennes, le 11 du même mois, Françoise DENIAU OU DE NYAU, fille aînée de François Deniau, chevalier, seigneur de Chanteloup, le Val, la Norouelle, Ossai, le Châtellier, la Morinière, etc. ; doyen des conseillers de grand'chambre au Parlement de Bretagne, et de Mathurine le Sérazin. Elle reçut en dot deux cent mille livres en espèces, et mourut en couches à Rennes, le 16 août 1682, et fut inhumée dans l'église des Minimes de cette ville. Il épousa en secondes noces, par contrat passé à Rennes le 7 septembre 1689, Anne-Louise DE TRÉMERREUC, fille aînée, héritière principale et noble de feu Louis de Trémerreuc, chevalier, seigneur de la Chesnaye, la Herviais, Beaulieu, Launay-Gouyon, etc., dans les paroisses de Matignon, Langrolais, Pleurtuit, Corseul, Saint-Germain-de-la-Mer, Saint-Potan et Pléboulle ; comte de Largouët et baron de Lanvaux, président des enquêtes au Parlement de Bretagne, et de Guyonne Goret, sa première femme. Mademoiselle de Trémerreuc, une des plus riches héritières de la province, était douée, pour l'esprit et pour la personne, des agréments les plus aimables et les plus brillants. Elle mourût étant encore fort jeûne, le 28 mars 1702, après une longue suite d'infirmités, détrompée du monde et dans une vive douleur de l'avoir aimé. Enfin, Toussaint de Cornulier épousa en troisièmes noces, le 28 décembre 1718, à Liré, en Anjou, Jeanne-Marie-Rose-Françoise DE BOISLÈVE, dame propriétaire des seigneuries de la Hamelinière et de Landemont, en Anjou, veuve en premières noces de François de la Bourdonnaye, seigneur de la Turmellière, Liré, Drain, Saint-Laurent-des-Autels, la Bretesche, etc., en Anjou, conseiller d'Etat et président à mortier au Parlement de Bretagne ; fille de François de Boislève, comte de Chamballan, seigneur de la Minière et du Rouvre, dans la paroisse de Rougé, conseiller au Parlement de Bretagne, et de Anne-Françoise Huby, dame de Kerguyo, en Kervignac, près d'Hennebont.

Toussaint de Cornulier eut de ses trois femmes les enfants qui suivent :

DU PREMIER LIT :

1° Elisabeth de Cornulier, née à Rennes le 7 août 1682, fut nommée par la duchesse de Chaulnes. Elle fut mariée, en 1702, à Jean-Paul Hay, chevalier, baron des Nétumières, seigneur de Tizé, le Fiémorble, Noyal, etc., conseiller au Parlement dé Bretagne, fils de Paul Hay et de Françoise de Bréhan. Elle eut en dot la terre de la Touche, en Nozay, qu'elle vendit en 1718, pour acheter du marquis de Simiane la terre des Rochers, près de Vitré ; mais François de Montmorency, époux d'Emilie-Félicité de Cornulier, s'en fit adjuger le retrait féodal. Elisabeth de Cornulier mourut en 1747, laissant deux fils : Charles-Paul Hay, l'aîné, auteur des marquis des Nétumières ; et Charles-Marie-Félix, père de Marie-Félix-Pauline Hay des Nétumières, qui fut mariée, en 1766, à Toussaint-Charles-François, marquis de Cornulier, comme on le dira plus loin.

DU DEUXIÈME LIT :

2° Charles-René de Cornulier, qui suit.

3° Marie-Louise de Cornulier, née à Rennes le 28 novembre 1690, religieuse au couvent de la Trinité de la même ville avant 1723.

4° Marie-Constance de Cornulier, née en 1691, entrée en religion chez les Visitandines du Colombier, à Rennes, en 1708 ; elle y est morte le 8 janvier 1730. Toutes les inclinations de Marie-Constance, son caractère et son humeur, ne paraissaient respirer que pour le monde, elle n'avait que de l'éloignement et même de l'opposition pour la vie religieuse. Naturellement douce, mais aimant l'indépendance, elle appréciait de bonne heure le rang qu'elle pourrait tenir un jour dans le monde et les avantages que sa famille lui préparait ; elle les goûtait en esprit par avance, et rien ne la charmait davantage que les idées de richesse et de plaisir qu'elle se formait pour l'avenir. Elevée au second couvent de la Visitation de Rennes, le séjour de cette maison lui devint peu à peu à charge, et elle n'y rentrait de bonne grâce, après les sorties de six mois que son père lui faisait faire tous les ans, que par respect pour lui et pour Marie-Henriette-Constance de Cornulier, sa grand'tante, qu'elle aimait tendrement. Cet effort lui coûta surtout extrêmement à sa rentrée de 1704, après avoir passé plusieurs mois au beau château de Vair, maison splendide et opulente de son père. Sur les entrefaites, mourut sa vénérable grand'tante, et cette mort fit sur elle un tel effet, qu'elle sentit presque subitement son coeur tout changé. Elle avait alors quatorze ans ; elle demanda la permission d'entrer au noviciat, mais la prudence autant que la tendresse du président, son père, lui firent rejeter bien loin cette proposition. Il retira même sa chère fille pendant quelque temps chez lui, et quand-elle obtint de revenir passer quelques mois au couvent, il prescrivit aux religieuses une grande circonspection à son égard, faisant écarter d'auprès d'elle les personnes qu'il soupçonnait d'avoir part à ses désirs pour la religion. Vers la fin de l'été de 1706, le président de Cornulier fit faire à sa fille divers voyages de plaisir, entre autres celui de Saumur, où elle visita la célèbre église de Notre-Dame-des-Ardilliers ; ce fut dans ce sanctuaire que mademoiselle de Cornulier se consacra de nouveau et irrévocablement à Dieu. Ses instances auprès de son père furent si vives, qu'il consentit enfin à son retour au couvent au mois de novembre de la même année, et elle y entra pour toujours. Le sacrifice de cette fille coûtait infiniment au président de Cornulier ; il l'aimait avec une tendresse de préférence ; il lui destinait de grands biens, lui avait donné toute sa confiance et n'avait pour elle rien de caché ; aussi la seule soumission aux ordres du ciel et la déférence de ce père vraiment chrétien à la vocation de sa fille, le firent consentir à son engagement en religion. Il l'aima encore davantage depuis ; il respectait sa vertu et ne l'appelait que sa chère Séraphique.

5° Emilie-Félicité de Cornulier, née le 22 mars 1695, nommée à Rennes, le 7 mars 1697, dame de la Touche de Nozay, fut mariée à Rennes, par contrat du 29 juin 1718, à François de Montmorency, chevalier, seigneur de la Rivière d'Abbaretz, de Monjonnet, la Vrillière, etc., chevalier de Saint-Louis, colonel du régiment de son nom, puis de celui de Bresse, brigadier des armées du Roi, dit le Comte, puis le marquis de Montmorency, fils de Louis de Montmorency, de la branche d'Aumont, et de Marie Guillaudeuc. Il mourut à la Touche en 1748. Emilie-Félicité de Cornulier mourut aussi au château de la Touche le 25 novembre 1721, et fut inhumée dans l'église de Nozay, sous le banc seigneurial de la maison de la Touche. Elle ne laissa qu'un fils, mort six mois après elle, et une fille, Marie-Anne-Claude de Montmorency, mariée en 1733 à Louis-Alexandre-Xavier le Sénéchal, marquis de Carcado, lieutenant-général des armées du Roi, chef de sa maison. La marquise de Carcado ayant encore vendu la Touche, en 1766, Toussaint de Cornulier s'en fit adjuger la prémesse lignagère l'année suivante.

Du TROISIÈME LIT :

6° Anne-Renée-Rose de Cornulier, née en 1720, mariée le 8 mars 1747 à Louis-Marie-Joseph Le Gall, seigneur de Cunfiou, en la paroisse d'Inguiniel, comte de Ménoray, en Loc-Malo, près de Guémené-sur-Scorff, conseiller au Parlement de Bretagne, fils de Guillaume Le Gall, conseiller au même Parlement, et de Marguerite-Renée Bernard des Greffins. Elle reçut son partage définitif le 22 février 1749, et mourut sans postérité. Son mari épousa en secondes noces mademoiselle Fabrony, et mourut lui-même sans enfants en 1780.

 

XII. — Charles-René DE CORNULIER, chevalier, seigneur de la Tronchaye, de Launay, de la Touche, en Trévé, de Glévilly, de Lézonnet, etc., marquis de Châteaufremont, comte de Largouët et de Vair, baron de Montrelais et de Lanvaux, naquit à Rennes le 16 août 1692, et fut nommé par le duc de Chaulnes, gouverneur de la Bretagne ; fut émancipé par sentence du présidial de Rennes du 4 décembre 1710, et mis sous la curatelle de Jean-Baptiste de Cornulier, seigneur de Lorière, conseiller au Parlement. Il fut pourvu d'un office de conseiller au Parlement de Bretagne le 6 février 1715, et reçu président à mortier au même Parlement le 4 décembre 1727, puis nommé conseiller du Roi en ses conseils d'Etat et privé. Ses lettres de président à mortier portent : « qu'en succédant à ses bisayeul, ayeul et père dans ladite charge qu'ils ont successivement exercée, il succède de même au zèle qui les a distingués dans la magistrature et dont il a jusqu'à présent donné des preuves qui font espérer qu'il ne laissera rien à désirer pour l'administration de la justice ».

Le 30 octobre 1715, il rendit aveu au Roi pour son comté de Largouët et pour sa baronnie de Lanvaux, à lui échus par la succession de sa mère ; transigea, en 1725, avec le baron de Molac, alors propriétaire de la baronnie de Quintin-en-Vannes, au sujet des mouvances de leurs fiefs respectifs ; et fonda, conformément aux prescriptions du testament de sa mère, par acte du 7 juillet 1733, au bourg de Saint-Herblon, près de son château de Vair, une communauté de religieuses dites Soeurs-Blanches, succursale des Filles du Saint-Esprit établies à Plérin l'année précédente, et destinées à l'instruction des petites filles et au soulagement des malades pauvres ; cette Maison a eu le rare bonheur de rester habitée par les religieuses au plus fort même du règne de la Terreur. Il mourut à Rennes le 9 avril 1738, et fut inhumé le lendemain dans l'église des Pères Minimes, dont il était fondateur ; son corps y fut conduit par le clergé de Saint-Jean, assisté de toutes les paroisses et communautés de la ville.

Charles-René de Cornulier avait épousé à Rennes, par contrat du 2 janvier 1717, mariage bénit dans l'église de Loyat le 12 du même mois, Marie-Anne DE LA TRONCHAYE, fille unique de Pierre-Joseph de la Tronchaye, chevalier, seigneur de Lézonnet, la Tronchaye, etc., et de Péronnelle-Angélique de la Villéon. Mademoiselle de la Tronchaye, née dans la paroisse de Trévé le 3 mai 1701, mourut à Rennes le 15 avril 1767, et fut inhumée dans l'église des Pères Minimes de cette ville. Elle lui apporta en mariage les terres et seigneuries de la Tronchaye, la Ville-Harcourt, la Touche-Launay et du Tertre, en la paroisse de Prénessaye ; de la Touche, Rétéac, le Moustouer et la Ville-aux-Veneurs, en la paroisse de Trévé ; de la Morouais, la Haye, la Ville-Robert et Kerguestin, en la paroisse de Plémet ; de Glévilly et la Ville-Aubert, en Campénéac ; de Lézonnet, en Loyat, etc. C'était une femme parfaitement aimable et d'une grande piété, dit la marquise de Poilley dans sa correspondance, et l'on peut d'autant mieux accepter cet éloge qu'elle était alors en procès avec elle. Elle n'eut que quatre filles qui suivent :

1° Marie-Angélique-Sainte de Cornulier, née au château de Lézonnet au mois d'octobre 1717 et baptisée dans l'église de Loyat le 2 janvier suivant, marquise de Châteaufremont, comtesse de Largouët et de Vair, baronne de Montrelais et de Lanvaux, dame de la Rochepallière, la Touche, etc., était, d'après la coutume, héritière des deux tiers des biens de sa branche, et appelée ainsi à recueillir, à la mort de ses père et mère, pour sa part d'aînée, une fortune qui était estimée alors à plus de cent cinquante mille livres de rente en biens fonds. C'était le plus riche parti de toute la Bretagne, où son père avait une position exceptionnelle, jouissant d'une considération immense et d'un crédit égal à celui du gouverneur ou de l'intendant de la province. On comprend qu'avec de tels avantages elle fut très-recherchée ; mais elle repoussa toutes les demandes, ayant pris la résolution de ne donner sa main qu'à l'un de ses parents de son nom. Elle se fit renseigner sur l'état des différentes branches de sa famille, et son choix se fixa sur son cousin le plus proche, qui n'eut garde de refuser une fortune aussi inespérée. C'est ainsi qu'elle épousa au château de Vair, le 19 juillet 1735, Toussaint de Cornulier, seigneur du Boismaqueau. Il est digne de remarque que cette riche héritière ne fut dotée que de sept mille, livres de rente ; à cette époque, les parents encore jeunes n'avaient pas l'habitude de se dessaisir en faveur de leurs enfants ; mais aussi, par compensation, il n'était pas rare, quand ils avaient atteint un âge avancé, de les voir se dépouiller complétement pour eux et se retirer tout-à-fait du monde avec des revenus modiques pour ne plus penser qu'à leur salut.

Madame de Cornulier de Cornulier administrait sagement sa grande fortune. En 1755, elle retira féodalement la terre de Lescouët, en Elven, relevant de son comté de Largouët ; et, en 1784, par prémesse lignagère, la baronnie de Montrelais et la terre de Glévilly, que la marquise du Dresnay venait de vendre. En 1787, elle acquit la seigneurie de Boismourand, dans le faubourg de Saint-Patern de Vannes. Elle fonda, en 1782 et 1783, des missions, des rentes et des hospices pour secourir ses vassaux les plus nécessiteux dans les paroisses de la Rouxière, de Prénessaye et d'Elven. Dès 1780, elle s'était démise de tous ses biens en faveur de ses enfants et petits-enfants, ne retenant que le château de Vair et le pourpris avec vingt mille livres de pension ; et, en 1783, elle se retira même tout-à-fait au couvent des Ursulines d'Ancenis, où elle comptait finir ses jours, lorsque la suppression des maisons religieuses vint déranger ses projets. Au commencement de la Révolution, elle émigra en Suisse ; mais elle rentra en France bientôt après, et mourut à Versailles le 31 décembre 1793.

2° Marie-Anne-Josèphe de Cornulier, née au château de Lézonnet le 27 février 1719, baptisée à Loyat le 28 juillet suivant, morte jeune.

3° Françoise-Elisabeth de Cornulier, dame de Montrelais, de Glévilly et de Lézonnet, née au château de Lézonnet le 15 décembre 1721, nommée à Anetz le 29 mars 1728, épousa au château de Lézonnet, le 7 avril 1740, Joseph-Michel-René, comte du Dresnay, seigneur de Kerlaudy, Lohennec, etc., chevalier de Saint-Louis, gouverneur des villes de Saint-Pol-de-Léon et de Roscoff, fils de Joseph-Marie du Dresnay et de Marie-Gabrielle-Thérèse le Jar. Elle mourut le 18 décembre 1741, laissant un fils unique, le marquis du Dresnay, maréchal-de-camp , colonel d'un régiment de son nom pendant l'émigration, mort à Londres en 1798 , et qui avait épousé, en 1766, mademoiselle du Coëtlosquet, dont il a laissé cinq enfants.

4° Jeanne-Charlotte-Hyéronyme de Cornulier, dame de la Tronchaye, née à Rennes le 1er juillet 1725, épousa Pierre-Placide-Célestin de Saint-Pern, chevalier, seigneur du Lattay. Elle reçut son partage définitif le 4 mars 1749, vendit, en 1773, la terre de la Tronchaye au comte de Beaumanoir, et mourut sans postérité. Son mari épousa en secondes noces mademoiselle de la Bourdonnaye de Liré. (E. de Cornulier-Lucinière).

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