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Maurice DE TRESIGUIDY naquit probablement au manoir de ce nom, dans la paroisse de Pleyben, sous la seigneurie de Châteaulin ; on ne connaît pas le nom de son père, pas plus que celui de sa mère ; la date de sa naissance peut se placer entre 1320 et 1325.

Il y a toute apparence qu'il accompagna du Guesclin pendant sa dernière campagne et qu'il assista à la mort du Connétable.

Le testament de Maurice de Tresiguidy apprend qu'il fit un voyage à Jérusalem ; fut-ce un pèlerinage ou une expédition partielle contre les mécréants ? Nul ne le sait.

Il revint de ce voyage, et fut nommé capitaine et gouverneur de la ville de Paris, charge qui jusque-là s'était confondue avec celle de prévôt. Voici le texte du brevet de nomination :

« Charles, par la grâce de Dieu roi de France, à tous ceux qui ces lettres verront, salut. — Savoir faisons que nous ayant regard à la nécessité et besoin qui sont à présent de pourvoir à la sécurité et bien public de notre bonne ville de Paris, pour le notoire empeschement de notre prevost d'icelle.

Confiant du sens, vaillance, discrétion et diligence de notre amé et féal chevalier et conseiller, Morice de Treziguidy, icelui avons ordonné, fait, commis et establi, et par la teneur de ces présentes faisons, establissons, commettons et ordonnons capitaine de nostre dicte ville, à icelui office et toutes choses qui y appartiennent, faire et exercer aux profits et emolumens accoutumes et appartenais au dict office, tout comme il nous plaira.

Et comme nous avons entendu que plusieurs excès, crimes et maléfices ont esté commis et perpétrés en nostre dicte ville depuis l'empeschement du dict prevost, au dict Morice de Treziguidy avons ordonné et octroyé, ordonnons et octroyons par ces mesmes lettres, plein pouvoir, auctorité de enquérir et faire enquérir diligemment les excès, crimes, maléfices dessus dicts, et tous autres qui seraient commis et perpétrés dans nostre dicte ville et vicomte d'icelle par quelque manière que ce soit, et ceux qu'il trouvera estre coupables de ce prendre ou faire prendre et mettre en nostre chastelet de Paris ou ailleurs en nos autres prisons, pour y estre punis par le lieutenant de nostre dit prevost.

S'y donnons en mandement à nostre amé et féal chevalier que le dict Morice de Treziguidy, lequel a fait en nostre présence le serment accoustumé, mettre ou faire mettre en possession et saisine du dict office et des droicts, profits, emolumens dessus dicts, et à nos amés et féaux les prevost, eschevins, bourgeois et habitans de nostre dicte ville et vicomte d'icelle, à tous autres à qui il appartiendra, que au dict capitaine en faisant et exerçant les choses dessus dictes et les circonstances d'icelles obéissent et entendent diligemment et lui donnent conseil et aide si mestier (besoin) en a et requis en sont, en tesmoing de ce nous avons mis nostre scel à ces présentes.

Donné à Senlis le XI de février, l'an de grâce 1380 et le premier de nostre règne ».

Au dos est écrit : lectae fuerunt praesentes litterae et publicatae in camera parlamenti die XlX februarii anno Domini 1380, publiées en jugement du chastelet de Paris le lundi 19 février 1380.

Par lettres du 22 février 1380, 1.200 livres de gages furent assignées à Maurice de Tresiguidy. Il conserva longtemps sa haute situation, ce qui prouve ses qualités remarquables ; on le voit en 1387 donner quittance de ses gages de Capitaine de la Ville de Paris.

Ses services lui méritèrent encore d'autres distinctions ; il devint Conseiller et Chambellan du Roi ; par lettres royales du 18 septembre 1390, il reçut une gratification de 200 francs d'or ; enfin, vers 1395, Charles VI lui fit don de la terre d'Anneville, en Normandie.

Il mourut à Paris, presque sûrement en 1402, et fut, suivant son désir, inhumé dans l'église Saint-Yves de la rue Saint-Jacques, où précédemment il avait fondé une chapelle en l'honneur de saint Maurice son patron.

Maurice de Tresiguidy avait dicté son testament le 30 août 1399, et cet acte révèle des détails de famille du plus vif intérêt et indique chez son auteur une générosité presque exagérée, tant ses enfants sont délaissés.

Selon Courcy, notre héros aurait épousé Jeanne de Ploësquellec ; c'est une erreur ; tant dans une quittance de 1330 que dans son testament, il prénomme sa femme Geneviève, et rien ne signale deux alliances. Ils eurent sûrement un fils, mort jeune, probablement deux ; sûrement deux filles, mariées, l'une à Monseigneur Tercelet de Sainte-Beuve, — l'autre à Guillaume de Hermonville.

J'ai cité un Tresiguidy, gentilhomme de la Chambre sous Louis XIV et écuyer de la Petite-Ecurie du Roi. Voici ce qu'écrit M. de Penguern à son sujet :

« En Bretagne, où la loi salique n'existait pas, les filles aînées héritières principales et nobles apportaient leur droit d'aînesse en quenouille. Les Kerlech en profitèrent pour relever le nom de Tresiguidy, dont ils, tenaient les apanages de deux côtés :
1° par les Rosmadec, filiation de la branche aînée des Tresiguidy ;
2° par les du Rusquec, ramage des Tresiguidy, dont l'héritière principale et noble fut épousée, en 1600, par un Kerlech. C'est ce relèvement du nom qui a fait dire à Guy Le Borgne : le surnom de Kerlech est aussi dans la famille de Tresiguidy... Donc, tombée en quenouille, la branche aînée des Tresiguidy a été relevée de nom et d'armes par les Kerlech, et la terre de Tresiguidy érigée en baronnie au XVIIème siècle, et c'est un Kerlech de Tresiguidy qui était sous Louis XIV gentilhomme de la Chambre ».

Je termine ces notes en reproduisant les articles consacrés par POL DE COURCY aux du Rusquec et aux Penguern.

RUSQUEC (DU) (ramage de Tresiguidy), seigneur dudit lieu. Réformations et montres de 1426 à 1562. D'azur au chef d'or chargé de trois pommes de pin de gueules. Fondu en 1600 dans Kerlec'h.

PENGUERN (DE) (ramage de Tresiguidy), seigneur dudit lieu et du Parc, de Kermeno, de Kercarn, de Kerrec, de l'Isle, de Roc'huel, du Fao. Ancienne extraction réformation 1669, neuf générations ; réformations et montres de 1426 à 1562. D'or à trois pommes de pin de gueules la pointe en haut, qui est Tresiguidy, une fleur de lys du même en abîme. Devise : Doué da quenta (Dieu d'abord).