Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

HISTOIRE DE LA VILLE DE FOUGERES

  Retour page d'accueil      Retour page "Fougères"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La ville de Fougères sous les rois de France.

Les rois François Ier et François II, touchés des malheurs qu'avait éprouvés la ville de Fougères, assiégée et prise deux fois dans un demi-siècle, affranchirent ses habitants de tout devoir pendant leurs règnes. Déjà la reine Anne, par lettres-patentes du 22 juillet 1498, les avait exemptés pour dix années de tous fouages, impôts, traites et subsides mis et à mettre. Ces privilèges leur furent confirmés plus tard par Henri II et Charles IX, qui limitèrent d'abord à un certain nombre d'années le temps durant lequel ils devaient en jouir ; mais les habitants de Fougères ayant constamment soutenu le parti du roi et de la religion pendant les guerres civiles, ayant même rétabli leurs fortifications, fourni des soldats au roi, et entretenu, à leurs frais, une garnison pour défendre la ville contre ceux de la religion prétendue réformée, Charles IX, sensible à un dévouement qui n'avait reculé devant aucun sacrifice, rendit perpétuels et irrévocables les privilèges qui ne leur avaient été accordés que pour un temps, sans que les habitants de Fougères fussent tenus à autre chose qu'à en demander le renouvellement au commencement de chaque règne. (Lettres-patentes de 1565 et 1569).

En 1558, on abattit l'ancienne Saunerie, qui occupait l'emplacement actuel de la place Royale, et l'on traça une rue pour joindre la porte Roger à la rue de la Pinterie. Ce qui resta de l'emplacement de cette halle fut afféagé à divers particuliers, qui y bâtirent des maisons, avec le privilège exclusif de jouir de la vente du sel.

En 1559, le 6 du mois de janvier, une nouvelle pancarte réglant les droits dus au seigneur pour coutume, hallage et étalage, fut arrêtée par le sénéchal de Fougères.

En 1562 et 1563, la ville de Fougères fut désolée par la peste. Le nombre des malades fut si considérable qu'on imposa une taxe extraordinaire sur tous les bénéfices de la baronnie, pour les nécessités de l'hôpital.

Une ordonnance faite en la juridiction pour le prix des grains, à la requête de l'administrateur de l'hôpital, déclare qu'une somme de 600 livres est nécessaire par semaine pour donner un seul repas par jour aux pauvres qui sont soignés dans le Lazaret (1565). Le calvinisme fit fort peu de progrès à Fougères et dans les environs. Les prétendus réformés n'y furent jamais assez nombreux pour y avoir un temple ou même un ministre ; cependant ils ne laissèrent pas d'y éveiller l'attention du gouvernement, et le duc d'Etampes, gouverneur de Bretagne, crut devoir donner des ordres au lieutenant de la compagnie qui était à Fougères, pour qu'il veillât à ce que la tranquillité n'y fût pas troublée.

Les premières lettres de création de notaires royaux à Fougères furent données au mois de décembre 1567.

Leur nombre, fixé d'abord à quatre, fut porté à huit au mois d'octobre 1570, par suite de création de quatre autres notaires pour la baronnie.

Les États de Bretagne furent indiqués à Fougères en 1578 ; ils devaient ouvrir le 15 octobre. Plusieurs membres des trois ordres s'y rendirent avec M. de la Hunaudaye, qui tint la place du premier commissaire du roi ; mais ils se séparèrent quelques jours après, sur l'avis qui leur fut donné que M. le duc de Montpensier, par une déclaration dont ils n'avaient pas eu connaissance, avait changé l'époque et le lieu des Etats.

Ils se tinrent à Rennes, et n'ouvrirent que le 22 décembre.

Le duc de Mercoeur, qui s'était déclaré chef de la Ligue en Bretagne, ayant réussi à faire reconnaître son autorité dans la ville de Rennes, songea à s'assurer de Fougères.  Il se présenta devant la ville le 22 mars 1589, et n'eut pas de peine à s'en faire ouvrir les portes. Les habitants, qui s'étaient toujours montrés très-attachés aux anciennes doctrines, ne pouvaient en effet accueillir que favorablement un prince qui s'en proclamait le défenseur.

Le lieutenant du marquis de La Roche [Note : Le marquis de La Roche, gouverneur de Fougères, était tombé entre les mains des gens du duc de Mercoeur, auprès de Sablé, et détenu au château de Nantes, où il demeura sept ans prisonnier. Le marquis de La Roche se nommait Troïlus de Mescouette et était un gentilhomme de Basse-Bretagne : il fit ériger sa terre de La Roche en marquisat par l'entremise de la reine, Catherine de Médicis, dont il avait été page, et dont il avait gagné les bonnes grâces], qui commandait en son absence, sembla vouloir se défendre dans le château et faire quelque résistance ; mais cédant bientôt aux sollicitations de Mercoeur, et séduit par ses offres, il le lui livra, avec tous les effets qui appartenaient au gouverneur, moyennant une somme de 1.500 écus, qui lui fut comptée sur-le-champ.

Mercoeur attachait beaucoup d'importance à la possession de Fougères et il fondait de grandes espérances sur les ressources qu'il tirerait de cette ville, pour le siège de Vitré qu'il méditait. Il ne négligea donc aucun des moyens qui pouvaient lui assurer la soumission des habitants et mettre la place à l'abri d'un coup de main.

Il y établit une très-forte garnison, y réunit des approvisionnements considérables, fit travailler sans relâche au rétablissement de ses fortifications, et resta lui-même à surveiller l'exécution des travaux jusqu'au 4 avril, que la nouvelle du soulèvement de Rennes le fit partir en toute hâte.

Le Parlement, qui était entré dans des voies de rigueur contre le duc et ses adhérents, rendit arrêts sur arrêts pour faire rentrer Fougères sous l'obéissance du roi. Non seulement il ordonna la saisie de tous les biens des rebelles ; mais encore il enjoignit au capitaine Le Gréal, qui commandait à Fougères, de remettre la place entre les mains de celui qui serait nommé par M. de La Hunaudaye, lieutenant-général du roi en Bretagne, et mettant en quelque sorte le pays hors la loi, il transféra la juridiction royale de Fougères à la prévôté de Rennes.

Le duc, de son côté, usa de représailles en faisant saisir tous les biens de ceux qui étaient contraires à la Sainte Union catholique ; et, comme il avait la force pour soutenir son autorité, ses ordres furent exécutés à la lettre dans la terre de Fougères, tandis que les arrêts du Parlement ne servirent qu'à montrer combien sont faibles les organes de la justice en présence d'une armée rebelle.

Après un court séjour à Nantes et devant Vitré, dont il fut forcé de lever le siège, le duc de Mercoeur revint à Fougères. Ce fut dans cette ville qu'il apprit la mort de Henri III, tombé sous le poignard d'un assassin. Persuadé que cet événement imprévu allait faire prendre aux affaires une tournure favorable à ses projets, il dépêcha en toute hâte le sénéchal de Fougères à Rennes, pour y porter cette nouvelle, dans l'espérance qu'elle y occasionnerait un soulèvement en sa faveur ; mais elle n'y produisit aucun effet, et le Parlement, regardant le sénéchal comme un factieux, le fit arrêter, instruisit son procès, le condamna à être pendu et le fit exécuter le soir même de son arrivée.

Le prince de Dombes, après avoir ramené sous l'obéissance du roi les paroisses des environs de Vitré, qui avaient arboré le drapeau de la Ligue, prit la route de Fougères avec son armée et deux pièces de canon ; mais il ne fit aucune entreprise contre la place, et se retira après avoir lancé quelques boulets à la garnison, qui lui riposta vigoureusement. Cependant ses gens se répandirent dans les campagnes, et remportèrent quelques avantages sur les troupes du duc : ils s'emparèrent même de l'abbaye de Rillé, la pillèrent, et brûlèrent ou emportèrent ses archives.

Pendant toute la durée de la guerre, Mercoeur fit de fréquents voyages à Fougères, et y résida même souvent. Il en avait fait sa principale place d'armes, et il employa utilement en plusieurs circonstances la garnison qu'il y avait établie, notamment au siège du Blavet (1590), où elle lui rendit de grands services.

Peu de temps après, le duc de Montpensier, après avoir enlevé Châtillon aux rebelles, résolut d'attaquer Fougères. La consternation fut grande dans la ville ; car personne n'y doutait qu'il ne l'emportât, s'il se présentait ; mais la maladie qui décimait son armée, et particulièrement les Anglais, qui en faisaient partie, le forcèrent d'ajourner son entreprise.

Pendant qu'il se reposait à Saint-Aubin-du-Cormier, les Anglais, auxquels il avait permis d'aller se rafraîchir en Normandie, prenaient la route du Maine, sous la conduite du major Oinefil. Arrivés près d'Ambrières, ils rencontrèrent la garnison de Fougères, commandée par Bois-Dauphin, qui les attaqua et les défit entièrement.

La Chesnaye Vaulouet, que Mercoeur avait nommé gouverneur de Fougères, fut blessé d'un coup d'arquebuse dans cette rencontre, et mourut, l'année suivante, des suites de cette blessure.

Mercoeur nomma à sa place le marquis de Belle-Ile, fils du maréchal de Retz. — Le nouveau gouverneur, qui désirait ardemment faire sa paix avec le roi, crut que le meilleur moyen d'assurer sa réconciliation était de lui livrer Fougères et le Mont Saint-Michel, dont Mercoeur lui avait promis le gouvernement, s'il parvenait à en chasser Kermartin, qu'il soupçonnait d'attachement à la cause royale.

La tête remplie de ce projet, il se rendit le 11 janvier 1596, avec ses capitaines, au Ferré, où se trouvaient les sieurs de Canisy, de la Fresnaye et plusieurs autres seigneurs du parti du roi, avec lesquels il entra en pourparlers ; mais ils ne purent s'entendre. Le gouverneur désappointé s'empressa de revenir à Fougères, et y ayant rassemblé toutes les troupes qui étaient cantonnées dans les environs, il se jeta sur la Normandie et s'avança jusqu'à Tinchebray, mettant tout à feu et à sang sur son passage.

Il n'avait pas renoncé pour cela à son entreprise sur le Mont Saint-Michel. Étant rentré à Fougères, il quitta une seconde fois cette ville, le 22 mai, et arriva le lendemain matin au Mont, où on l'introduisit sans difficulté avec six des siens. Mais, à peine y fut-il entré, que le caporal qui était de garde ferma la porte : le marquis, irrité, se retourna aussitôt et lui ordonna fièrement d'ouvrir ; mais, sur le refus que fit celui-ci, il lui passa son épée au travers du corps. Les soldats de la garde, indignés de cet attentat, se précipitèrent sur le marquis et le massacrèrent avec les six hommes qui l'avaient accompagné. — Le reste de sa troupe, qui se montait à cinq cents hommes, reprit en toute hâte le chemin de Fougères.

Cette ville resta au pouvoir du duc de Mercoeur jusqu'au traité d'Angers (23 mars 1598), qui mit fin à la guerre civile en Bretagne.

Peu de temps après, Henri IV confirma aux habitants de Fougères les privilèges qui leur avaient été accordés par ses prédécesseurs.

Ceux-ci profitèrent du rétablissement de la paix, pour réparer leurs murailles : le roi lui-même vint à leur aide, en leur accordant à cet effet la permission de lever six deniers sur chaque pot de vin et trois deniers sur chaque pot de cidre qui seraient débités, tant dans la ville que dans la châtellenie de Fougères. (Lettres-patentes du 13 août 1602).

1616. — Les renseignements nous manquent sur les événements dont la ville de Fougères fut le théâtre pendant la minorité du roi Louis XIII. Il paraît que la plus grande partie des gentilshommes du pays embrassèrent le parti des princes : ils parvinrent à gagner le sire de Guémadeuc, qui feignit de se laisser surprendre, et leur livra le château, dont il était gouverneur.

Le Parlement, tout dévoué aux intérêts de la cour, fit défense à tous gentilshommes et gens de guerre de s'assembler, pour porter aide et secours à ceux qui détenaient le château contre la volonté du roi ; mais nous ignorons quel fut le résultat de cette défense, s'il fut repris par les troupes royales, ou si seulement il leur fut rendu à la paix qui fut faite la même année.

Le Parlement de Bretagne exerça des poursuites contre le gouverneur et ses complices, auxquels on reprochait encore l'assassinat d'un sieur de Nevet et celui du sénéchal de Châtillon ; mais un arrêt du Conseil attribua la connaissance de cette affaire au Parlement de Paris, qui déclara Thomas de Guémadeuc coupable du crime de félonie, le condamna à être écartelé, et le fit exécuter en place de Grève.

Le 27 octobre 1624, les États donnèrent leur consentement aux habitants de Fougères, pour la continuation d'un devoir de 5 livres par pipe de vin vendue en détail, et de 50 sous par pipe de cidre également vendue en détail dans la ville.

Il n'y avait pas encore de droit sur les boissons logées chez les habitants.

Le consentement des États fut renouvelé le 20 août 1630, le 18 août 1701 et le 2 septembre 1713.

La contagion qui, de 1626 à 1640, exerça des ravages si désastreux dans toute la province, n'épargna pas la ville de Fougères : ce fut principalement dans le cours de l'année 1635 qu'elle y sévit d'une manière plus terrible. S'il faut s'en rapporter à une ancienne tradition, le nombre des pestiférés fut tel que les prêtres ne pouvaient suffire à leur administrer les secours de leur saint ministère ; et l'on étendit le drap mortuaire sur les églises de la ville en signe de deuil.

Les habitants de Fougères, décimés par la contagion, s'adressèrent à Dieu avec toute la ferveur de la piété surexcitée par la crainte qu'inspirait le fléau. Les prières publiques, les voeux, les processions, tout fut mis en œuvre pour apaiser la colère du ciel. On montre encore en 1846, au hameau de la Placardière, en Beaucé, la grande croix de la paroisse qui y fut portée processionnellement et laissée là en ex-voto, comme une borne que la main de la religion imposait à la contagion et qu'elle ne devait pas franchir.

C'est à cette occasion que prit naissance la confrérie de Sainte-Anne et de Saint-Roch, établie dans l'église de Saint-Léonard, et qui subsiste encore en 1846 [Note : Voir, pour ce qui concerne cette société, l'histoire de la Chapelle miraculeuse de sainte Anne de la Bosserie, par M. l'abbé Badiche. Déjà un grand nombre de confréries existaient à cette époque à Fougères, et plusieurs autres prirent naissance dans le courant du XVIIème siècle. Les premières étaient celles de saint Jean, qui remontait au commencement du XVème siècle, fondée par les maîtres teinturiers ; de saint Come et de saint Damien, par les médecins, les chirurgiens et les apothicaires ; de saint Crépin et de saint Crépinien, par les maîtres cordonniers (1575) ; de la sainte Trinité, par les maîtres tailleurs (1580) ; de saint Jacques et de saint Philippe, par les maîtres tanneurs ; de la Transfiguration de Notre Seigneur, par les maîtres tisserands (1607), etc. Les secondes furent celles de sainte Anne, fondée par les maîtres menuisiers (1645) ; de saint Yves, par les officiers de la juridiction royale (1657), de saint Barthélémy, des Agonisants, du saint Sacrement, etc.].

Les Etats de Bretagne, convoqués à Fougères pour l'année 1653, se tinrent dans l'église de Saint-Léonard, sous la présidence de M. de la Motte-Houdancourt, évêque de Rennes. Ils ouvrirent le 20 octobre, et furent clos le 6 décembre.

Le clergé y fut représenté par trois évêques, cinq abbés et les députés des chapitres.

L'ordre de la noblesse, qui ne comptait à l'ouverture que cent quatre-vingt-dix-neuf gentilshommes, en comptait plus de trois cents à la dernière séance [Note : Elle offrit cette particularité remarquable, que les gentilshommes s'engagèrent par serment à ne pas avoir recours au duel pour vider leurs querelles particulières]. Il fut présidé par M. de la Trémouille (Trémoille). Enfin le Tiers fut représenté par trente-huit députés, et présidé par Eustache de Lys, sénéchal de Rennes. Le don gratuit, les affaires relatives au commerce et à l'amirauté, le rachat des Bretons détenus par les puissances barbaresques, les postes, les fouages et les impôts, furent les principales matières sur lesquelles se porta l'attention des Etats dans cette session.

Avant de se séparer, ils votèrent une somme de 120 livres, à titre de dommages-intérêts, pour le fermier des halles, qui les leur avait abandonnées pour remiser leurs voitures et carrosses et loger leurs chevaux.

En 1680, le Collège fut transféré de Rillé à Saint-Yves, qui avait été afféagé, deux ans auparavant, moyennant 16 deniers de rente censive et féodale et 4 deniers de fermage.

L'abbé de Rillé fut dès lors débouté du droit de nommer le principal et les régents du Collège.

En 1685, le fermier du domaine ayant démontré que le privilège qu'avaient les afféagistes de l'ancienne Saunerie de vendre du sel dans leurs boutiques favorisait le faux saunage, obtint une sentence qui obligea ceux-ci de vendre le sel dans la halle à blé, qui était fermée la nuit ; mais, par respect pour le droit qu'ils avaient acquis par leur afféagement, il fut ordonné qu'ils ne paieraient que 40 sous par place, seulement pour frais de couverture.

Dans le courant du XVIIIème siècle, la ville de Fougères fut désolée par six incendies qui détruisirent presque entièrement sa partie haute.

Le premier, en 1710, consuma la plus grande partie de l'ancienne Saunerie, où avaient été construites les boutiques à sel, et plusieurs maisons voisines de la porte Roger.

La communauté se pourvut au Conseil, et demanda l'autorisation de disposer de l'emplacement de sept des maisons incendiées pour établir une place.

Le roi accorda l'autorisation demandée, à charge de rembourser les propriétaires du fonds, et de payer à son trésor une rente annuelle de 16 livres, qui lui était due sur la Saunerie.

Le second, dans la nuit du 16 mai 1734, détruisit les halles aux toiles et à la viande, ainsi que plusieurs maisons voisines.

Les Etats accordèrent aux incendiés qui continuèrent de résider dans la ville l'exemption de la capitation pendant deux années, et ils renouvelèrent ensuite cette exemption pour les quatre années suivantes.

Le troisième, dans la nuit du 11 septembre 1751, consuma un grand nombre de maisons dans les rues de la Pinterie, du Bourg-Neuf et de l'Aumaillerie. Le roi fit aux incendiés la remise de la capitation pendant dix années.

Le quatrième, en 1762, consuma les maisons de la rue des Trois-Rois (J.-J. Rousseau) et une partie de celles des rues du Temple et de l'Aumaillerie [Note : Ce fut à la suite de ce sinistre que la communauté songea à faire l'acquisition de deux pompes à incendie et du matériel nécessaire pour leur service, consistant en cent vingt sceaux, vingt-quatre haches, douze grappins, etc. Le tout coûta 3.097 livres. Elles arrivèrent à Fougères le 5 août 1764 ; mais on fut encore deux années sans songer à l'organisation d'une compagnie de pompiers, pour les servir. Ce fut aussi à cette époque que l'on se mit en devoir de faire venir les eaux de la forêt dans la ville. En 1772, la ville fut autorisée à faire un emprunt de 12.000 livres pour cet objet, et l'année suivante les travaux furent entièrement terminés]. Les Etats accordèrent encore une indemnité considérable aux incendiés.

Enfin, le 22 septembre et le 4 octobre 1788, deux nouveaux sinistres éclatèrent, le premier au côté occidental de la Grande-Rue, à l'entrée de la rue de l'Horloge ; le second à l'entrée du faubourg Roger.

Ces désastres ont beaucoup contribué à l'embellissement de la ville de Fougères, en lui donnant l'occasion d'élargir ses rues, qui, de la porte Saint-Léonard à la porte Saint-Sulpice, dans une longueur d'environ 1.000 mètres, étaient fort étroites, bordées qu'elles étaient par des porches et des maisons en encorbellement, dont quelques-unes existent encore dans la rue du Temple et dans le bas de la rue de la Pinterie.

Indépendamment de ces sinistres, l'autorité prit des mesures pour l'élargissement des rues, et en 1758, un arrêt du Conseil ordonna la suppression de tous les porches de la Pinterie, depuis l'impasse de la prison jusqu'au château ; mais cet arrêt resta dix ans sans être exécuté, et il fallut une ordonnance du duc d'Aiguillon et de l'intendant pour forcer les propriétaires à les démolir.

La ville, du reste, leur donna l'exemple en faisant démolir le porche du Collège.

L'année suivante, les Etats leur accordèrent une indemnité de 600 livres.

(1766).— Le grain étant fort cher à Fougères, et les ouvriers manquant de travail, la communauté résolut de faire aplanir l'Eperon par des ateliers de charité, et de le convertir en place d'armes ; elle vota une somme de 600 livres à cet effet [Note : Deux nouvelles sommes de 600 livres en 1767, et une autre de 1.500 en 1770, furent encore affectées à ce travail]. Mais il se trouvait, entre l'Eperon et la porte Saint-Léonard, un terrain vague qui appartenait au duc de Penthièvre, et qui devenait nécessaire à la ville pour l'exécution de son projet : le prince consentit à lui en faire la cession, à la charge par elle de payer une rente annuelle pour la conservation du domaine du roi, engagé à Son Altesse. Le receveur du domaine, à Fougères, montra des prétentions exorbitantes ; alors la communauté s'adressa directement au Conseil du roi, par l'entremise de M. Leroux, avocat, et obtint l'homologation de l'afféagement consenti, moyennant une rente annuelle et censive de 20 sous.

(1767).— Etablissement de deux commissaires de police nommés par la communauté.

(1769). — On rétablit le Collège, qui était fermé depuis 1745. Dès 1725, il avait été sur le point de tomber, et il ne s'était soutenu que par les efforts de la société de Sainte-Anne et de Saint-Roch, qui était venue à son secours. Cette société, qui ne l'avait abandonné que lorsqu'il ne lui avait plus été possible de frayer à sa dépense, fit encore cette fois de nouveaux sacrifices : elle s'imposa une somme annuelle de 300 livres, qui, jointe à la même somme donnée par la communauté, et à une rente de 186 livres, dont celle-ci avait reçu le capital, forma un total de 786 livres. Ce fut au moyen de cette faible ressource que le collège fut remis en exercice. On discuta longtemps si la direction en serait confiée à des prêtres séculiers ou aux récollets, qui la sollicitaient, et l'on finit par s'arrêter aux premiers. Mais toutes ces avances n'aboutirent à rien : l'oeuvre de la communauté était morte-née, et dès 1774, c'est-à-dire cinq ans après son rétablissement, le collège était encore fermé pour ne plus s'ouvrir qu'après la révolution [Note : Le principal ne recevait de la ville que 186 livres, sur lesquelles il avait encore à payer 6 livres aux chapelains de Saint-Léonard, pour deux obits fondés par mesdemoiselles Du Coudray, en cette paroisse. Le plus ancien des trois régents, qui tenaient le collège, était de droit principal. Celui-ci avait voix délibérative à la communauté de ville et au bureau des pauvres, et le droit d'assistance, comme les officiers des paroisses de Saint-Léonard et de Saint-Sulpice, aux enterrements et services. Chaque régent, outre ses 186 livres d'appointements, recevait 20 sous par mois de chaque élève qui étudiait sous lui, excepté des pauvres, qui avaient l'instruction gratuite. Une autre rétribution de 5 sous par an était également imposée aux élèves pour le balayage des classes].

(1775). — Le marché des bestiaux, qui tenait dans l'intérieur de la ville, dans la rue qui de là porte le nom de l'Aumaillerie, fut transféré sur la Douve, où il se tient encore en 1846.

(1779). — Le 22 juillet, un ouragan épouvantable passa sur la ville de Fougères : sa violence fut telle que la tête d'un ormeau fut portée du cimetière sur le toit de l'hôtel-de-ville : elle l'enfonça entièrement et endommagea même le plafond de l'étage inférieur.

La communauté fit alors supprimer, par économie, un donjon qui se trouvait annexé à l'hôtel-de-ville, du côté du cimetière, elle fit seulement replacer dans le mur de côtière l'écusson aux armes de la ville, dont il était décoré.

(1780). — Elle fit encore une tentative inutile pour relever son collège, en le plaçant sous la protection et la direction immédiate de l'évêque de Rennes, et en créant une rente de 300 livres pour les régents. Il fut également question de le transférer de Saint-Yves à la maison de retraite ; mais ce dernier projet n'eut pas de suite, et la protection de l'évêque de Rennes fut impuissante à relever un établissement auquel tout avenir semblait fermé.

(1781). — Un dépôt d'artillerie fut établi à Fougères, et y resta trois ans. L'école du canon avait lieu dans la prairie remplacée en 1846 par la chaussée du Chemin-Neuf et les jardins au-dessous du rempart.

(1785). — On commença les travaux pour l'exécution de la nouvelle route de Rennes, et l'on jeta les fondations du pont de la Couarde, entre le rocher et le château. La première pierre fut posée avec un grand cérémonial ; une plaque commémorative en cuivre fut placée sur la clef de la tête en aval, et le pont nommé Pont-de-Bertrand, en l'honneur de monseigneur Bertrand de Molleville, intendant [Note : Voici cette inscription tout entière : Du règne de Louis XVI, le Bienfaisant, la liberté protégée, la servitude abolie ; Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, gouverneur de la province de Bretagne ; Armand-Marc, comte de Montmorin, commandant en chef de la même province ; Antoine-François de Bertrand de Molleville, chevalier, seigneur de Montesquiou, etc., maître des requêtes et commissaire départi par Sa Majesté ; La première pierre de ce pont fut posée le 25 juillet de l'an de grâce 1786, Au nom de M. l'intendant de Bretagne, en présence de M. l'abbé de la Biochaye, abbé commandataire de l'abbaye de Bon-Repos, et de M. le chevalier de Talhouët, commissaires des États de Bretagne, par MM. Le Mercier, maire de la communauté de la ville de Fougères et commissaire des États, Pichon de Vaulevier, Poirier de la Gautrais, Le Bouc de la Bouteillière, échevins, commissaires nommés par la communauté de Fougères. Le sieur Piou, ingénieur des États de Bretagne ; Les sieurs Morel et Leroux, entrepreneurs du pont].

1788. — L'arrestation des députés que l'ordre de la noblesse avait envoyés à Versailles pour réclamer contre l'enregistrement des arrêtés par voie d'autorité, causa une grande sensation à Fougères. La communauté, informée que la commission intermédiaire des Etats avait envoyé de nouveaux députés pour solliciter leur élargissement, s'empressa de lui adresser des félicitations sur sa conduite, et déclara en même temps qu'elle adhérait à toutes les démarches qu'elle pourrait faire dans le but d'obtenir la liberté des prisonniers.

Quelques jours après, elle adhéra à la nomination de MM. l'abbé Le Maître et Tréhu de Monthierry, que la communauté de Rennes avait délégués pour s'unir aux députés de la noblesse, du clergé et des autres villes de la province ; elle les autorisa à signer en son nom tous les mémoires qui seraient faits par les trois ordres, et leur donna les mêmes pouvoirs que ceux qui leur avaient été conférés par la communauté de Rennes.

Les députés se rendant à Paris, passèrent à Fougères le 4 août. Ils y furent accueillis avec l'empressement le plus honorable : un grand nombre d'habitants se portèrent au devant d'eux ; et, à leur descente de voiture, un des échevins, M. Pichon do Vaulevier, les complimenta au nom de la communauté, et leur exprima les voeux qu'elle formait pour le succès de leur mission.

Le 15 septembre, la communauté, ayant choisi M. Le Mercier, maire de la ville, pour la représenter aux Etats de la province, de longues discussions s'engagèrent sur l'ensemble des demandes que le député serait chargé de présenter. On nomma des commissaires pour la rédaction d'un cahier ; mais ils ne purent s'entendre. Enfin, le 5 décembre, la communauté arrêta définitivement que son représentant aurait à demander l'augmentation dans le nombre des députés du tiers, une formation de cet ordre plus régulière et qui lui donnât plus de consistance, l'admission du clergé inférieur en nombre égal à celui des évêques, des abbés et des députés des chapitres, l'abolition de la corvée en nature remplacée par un impôt ou une taxe sur les trois ordres, la répartition des fouages sur toutes les propriétés, etc.

M. Le Mercier se rendit à Rennes, porteur de ces instructions, qui étaient, du reste, conformes à celles qu'avaient données à leurs représentants les communautés des autres villes de la province. Le 27 décembre, il souscrivit aux différents voeux émis par les députés du tiers ; mais le lendemain, il s'unit à quelques-uns de ses collègues, et soutint le vote par ordre et non par tête en matière d'impôt.

Aussitôt que la communauté eut connaissance de cette espèce de rétractation, elle le révoqua de ses fonctions, et nomma par acclamation, à sa place, M. Lemoine de la Giraudais, auquel elle adjoignit plus tard MM. Bochin et Biard de la Gilaudais, comme députés, et M. Pichon de Vaulevier comme agrégé.

1789. — La réunion des trois ordres, dans la séance du 27 juin, excita beaucoup d'enthousiasme à Fougères. Les corps constitués se rendirent à l'église de Saint-Léonard, où il fut chanté un Te Deum, qui fut suivi d'un feu de joie et accompagné de salves d'artillerie.

Le 21 juillet, une députation des gentilshommes de la ville se présenta à l'assemblée de la communauté, et déclara qu'ils étaient étrangers de fait et d'intention aux malheureux événements dont la ville de Rennes avait été le théâtre le 26 et le 27 janvier, et que le voeu de leur coeur était la réunion parfaite de tous les citoyens. Sur la demande de la communauté, elle déclara même qu'ils regardaient comme indignes du nom de citoyens les auteurs de ces scènes sanglantes.

La communauté accueillit cette déclaration, qui fut insérée sur ses registres et signée de tous les gentilshommes ; mais trois jours après, elle reçut une communication de la communauté de Rennes, qui lui reprochait la faiblesse de sa conduite, protestant que son intention formelle et définitive était d'exclure tous les gentilshommes du serment patriotique, et l'engageait à imiter son exemple. Elle annula alors sa première délibération, arrêta qu'elle se conformerait en tout aux mesures prises par la communauté de Rennes, et nomma, en conséquence, des commissaires chargés d'entretenir une correspondance suivie avec elle.

Pendant ce temps-là, la ville était fortement agitée par la fermentation des esprits préoccupés, non seulement de la grandeur des événements politiques, mais encore de l'inquiétude d'une famine que faisait craindre la disette et la cherté des grains. Des troubles éclatèrent à plusieurs reprises, et le détachement des dragons d'Orléans, qui tenait garnison dans la ville, ayant reçu l'ordre de partir, la communauté envoya deux députés à Rennes, pour obtenir du commandant l'autorisation de le conserver.

La communauté de Rennes détacha de suite une compagnie de cent hommes de la milice nationale, qu'elle envoya à Fougères pour porter secours aux habitants, et elle chargea en même temps huit députés, à la tête desquels était M. de la Motte-Fablet, maire de Rennes, de faire une enquête sur les événements dont la ville avait été le théâtre, et de rétablir la paix et l'union entre les citoyens.

Le lendemain de son arrivée (5 août), M. de la Motte-Fablet réunit la communauté dans l'église de Saint-Léonard, et reçut le serment patriotique des officiers municipaux et d'un grand nombre d'habitants. Il prononça, ainsi que M. Ponsard, l'un de ses collègues, un discours approprié à la circonstance, dans lequel ce dernier surtout essaya d'animer le zèle de l'administration, en rejetant les désordres passés sur son insouciance. Les troubles n'en continuèrent pas moins, et quelques jours après, le corps municipal, jugeant la juridiction ordinaire insuffisante, s'attribua l'exercice de la police.

Le 27 août, la communauté donna son adhésion à la nomination de M. de Lafayette, comme lieutenant-général des gardes nationales du royaume, et le 11 septembre elle se prononça contre le veto que l'Assemblée proposait d'accorder au roi.

Comme on le voit, les événements de Paris avaient leur retentissement jusque dans les murs de notre ville. Chaque coup porté au trône y rencontrait un écho qui était une manifestation non équivoque de la disposition générale des esprits.

1792. — La conspiration de la Rouërie produisit une grande agitation à Fougères : les principaux habitants s'enrôlèrent sous la bannière du chef royaliste, avec le jeune Aimé Picquet du Bois-Guy, qui était à leur tête.

Le 19 mars 1793, 4.000 paysans, insurgés contre la Convention, attaquèrent Fougères ; mais ils furent bientôt repoussés par la garnison, soutenue par la garde nationale.

Le 4 novembre, l'armée vendéenne, après avoir battu le général Brière, qui avait voulu l'arrêter dans sa marche, s'empara de Fougères. Trois cents Vendéens y étaient détenus dans les prisons, et attendaient avec résignation l'exécution du jugement qui les condamnait à la peine de mort. Le premier soin des généraux Talmont et Leforestier, à leur entrée dans la ville, fut de les rendre à la liberté. Exaspérés par les souffrances qu'ils avaient endurées pendant leur captivité, et ne respirant que vengeance, ils se précipitèrent, comme des furieux, dans toutes les maisons, en arrachèrent avec violence tous les soldats qui, après la déroute de l'armée, étaient allés y chercher une retraite, et massacrèrent impitoyablement tout ce qui se présenta sous l'habit militaire.

L'armée vendéenne resta à Fougères pendant trois jours, qui se passèrent en conseils et en délibérations sur le plan de campagne à suivre. Enfin elle en partit le 8 novembre et prit la route de Dol.

Les républicains, maîtres de la ville, usèrent de terribles représailles. « Des soldats indisciplinés, écrivait le médecin Gainou à son ami Robespierre, se sont portés dans les hôpitaux, y ont égorgé les blessés des brigands dans leurs lits : plusieurs femmes des brigands y étaient malades ; ils les ont violées et les ont égorgées après ! ».

L'armée vendéenne, après avoir abandonné le siège de Granville, repassa à Fougères le 26 novembre.

Le 19 décembre, le général Beaufort, commandant l'armée des côtes de Cherbourg, arriva à Fougères avec six mille hommes et dix pièces d'artillerie.

Il venait se mettre à la disposition de Jean Bon Saint-André, qui l'y avait devancé de quelques jours. La ville fut déclarée en état de siège et y resta pendant cinq ans.

Ici doit s'arrêter notre travail sur la ville de Fougères. Les événements dont elle a été le théâtre depuis cette époque jusqu'à nos jours appartiennent à l'histoire contemporaine, et notre intention n'est pas de nous hasarder sur le terrain brûlant où leur récit nous obligerait de nous placer (L. Maupillé et A. Bertin, 1846).

 © Copyright - Tous droits réservés.