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LA CHAPELLE SAINT-TREMEUR DE GUERLESQUIN |
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SON HISTOIRE, SA LEGENDE.
Depuis des temps immémoriaux, autour d’une des principales sources du Yar, le site a été consacré au culte. Nos ancêtres Celtes y ont vécu et leurs Druides y pratiquaient leur religion. La Christianisation s’est ici comme dans bien d’autres lieux développée par la superposition d’un culte chrétien sur un site cultuel païen.
La légende dit qu’aux premiers temps une vieille sorcière pour affirmer son territoire voulut l’entourer d’un mur. Il lui fut accordé toute une nuit, jusqu’au matin au chant du coq. Elle oeuvra si bien qu’elle construisit le mur et partit à Menez Meur pour chercher la Grande Pierre qui devait lui servir de porte. Elle portait sa pierre quand, arrivée à Kerellou, elle entendit le chant du coq. De colère, elle jeta violemment sa pierre qui pénétra le sol. Ainsi, le menhir de Menez Meur fut érigé... La légende fait donc remonter les vestiges du mur de pierres sèches de l’enclos de sept hectares que l’on peut encore voir autour de Saint Trémeur au temps des mégalithes.
Plus tard vinrent les Celtes, les Gaulois, les Romains puis à partir des Vème et VIème siècles des moines venus d'Irlande et de Grande-Bretagne, à leur tête Gildas, Modez, christianisent l'Armorique.
L'Armorique était alors divisée en plusieurs royaumes dont l’un qui couvrait une vaste région (dont la nôtre) s’appelait la Domnomée. Au VIème siècle, le roi Conomor, tyran sanguinaire régnait sur la Domnomée, tandis qu’à l’est le roi Waroc’k régnait sur le Vannetais. Conomor à qui l’Esprit du Mal avait prédit que l’un de ses fils l’assassinerait, tuait lui-même ses femmes puis ses enfants dès leur naissance. Il avait déjà tué quatre femmes et leurs enfants quand il voulut épouser Tréfine fille du roi Waroc’k. Tréphine comme Waroc’k étaient opposés à ce mariage. Saint Gildas le Sage, ami de Waroc’k, intervint en faveur de Conomor qu’il espérait repenti. Hélas, il n’en était rien. Lorsque Tréfine, prête à mettre son enfant au monde, voulu se réfugier auprès de Gildas qui habitait un ermitage dans la forêt, Conomor la rejoignit. Laissée pour morte par son terrible époux, elle fût sauvée par Gildas, qui devint le parrain du nouveau né et le nomma Gildas le Petit. Elevé saintement par Gildas le Sage, Gildas le Petit devint un homme vigoureux et pris le nom de Trec’h Meur (le Grand Vainqueur). Comme le voulait les moeurs de l’époque, les seigneurs s’affrontaient périodiquement en de sanglantes joutes. Au cours de l’une de ces joutes, à laquelle participaient Conomor et Trech Meur, parmi d’autres combattants, Conomor reconnu en Trech Meur son fils par sa ressemblance avec sa mère Tréphine. Fou de rage de le retrouver vivant, il réussit, par traîtrise, à le décapiter.
Ainsi, Trech Meur ou Trémeur est-il représenté tenant sa tête dans les mains, sur son coeur.
Dès le VIème siècle, un petit groupe de moines a peut-être établi un ermitage sur le site de Saint Trémeur.
Les fouilles de 1995 et de 1997 ont mis à jour de nombreux vestiges dont le style permet une datation. Les pierres les plus anciennes : des tronçons de colonnes quadrilobées de style roman datent une première construction du XIIème siècle. Quelle fût-elle ? Peut-être un oratoire ou une chapelle... les pierres ne suffisent pas pour plus de précision. La construction se trouvait légèrement plus à l’ouest que la chapelle actuelle. Ces tronçons de colonne sont émouvants. Ce sont les traces matérielles du premier lieu de culte à Saint Trémeur.
On retrouve dans d’autres pierres sculptées, colonnettes et fenêtres, les signes tangibles d’oratoire ou de chapelle du XIIIème siècle. Son implantation était presque celle de la chapelle d’aujourd’hui, y compris les fontaines : elle était située un peu plus à l’ouest. Les fondations de cette chapelle du XIIIème siècle ont été retrouvées et dégagées à la suite de recherches archéologiques. Le niveau du Choeur, plus bas, exprime « la descente pour se ressourcer ». Certaines pierres des baies anciennes retrouvées au cours des fouilles sont scellées dans le retour de l’escalier descendant aux fontaines.
Cette chapelle était en ruine dans la première moitié du XVIème siècle, lorsqu’elle fût reconstruite avec une certaine opulence. De nouvelles baies furent taillées, et les pierres de parement réutilisées. Mis à part le pignon en façade Ouest, toute la chapelle date de cette reconstruction, même la baie Sud reconstruite en 1996 ; ses pierres ont en effet été retrouvées dans le mur au même endroit.
Figuraient au centre du gâble les armes du seigneur, prééminencier de la chapelle. La seigneurie de Guerlesquin appartenait aux ROHAN par le mariage de l’unique héritière Françoise de PENHOET avec Pierre de ROHAN en 1475 et reste dans cette famille jusqu’au 25 juin 1578.
A la base du gâble, deux monstres à crinières de lions « rugissants cherchant qui dévorer » selon le verset du psaume sont le sujet de prédilection des tailleurs de pierres. Dans une dualité chère au symbolisme, le lion devient le fidèle défenseur des écus nobiliaires.
Au XVIIème siècle, la chapelle bénéficie de nouveaux aménagements : transformation de l’autel et rajout de deux petits autels latéraux perpendiculaires aux murs nord et sud dont les socles furent découverts en 1997 enfouis dans le sol.
Au XVIIIème siècle, la chapelle à nouveau en ruine est rebâtie. Mais pour cette quatrième reconstruction, le clergé et la Fabrique paraissent avoir perdu leur aisance financière : la fenêtre Sud est simplement supprimée, le sol est comblé pour n’avoir qu’un seul niveau. La chapelle devient donc beaucoup plus modeste.
Les ruines de la chapelle Saint Trémeur n’ont pas été vendues à la Révolution, mais l’ont été par la commune en 1910 à un Pasteur Méthodiste, M. COAT. Celui-ci désirait sauver les ruines et se battit de nombreuses années pour ne pas avoir à en emporter les pierres comme l’entendait la Municipalité qui lui avait donné un délai d’un an pour ce faire, considérant que le terrain restait sa propriété. Il dut abandonner le combat. Ainsi, la commune resta-t-elle propriétaire par défaut de l’assiette de la chapelle et des ruines.
Le culte y est célébré jusqu’en 1859.
Avant la Révolution, on y chantait les vêpres le dimanche de Pâques et le pardon avait lieu le jour de l’Ascension.
Son abandon faillit lui être fatal.
Les Guerlesquinais qui peuvent avoir la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale se souviennent qu’auprès des ruines de la chapelle se cachait dans ce site tourmenté, aride et difficile d’accès le maquis et la demeure de Fantig et de Victor « Sant Treuveur » qui possédait le dernier boeuf de labour de Guerlesquin ...
Et vint la Renaissance de la chapelle.
Malgré le temps, les Guerres de Successions, de la Ligue, la Révolution, l’abandon, en 1995 la chapelle Saint Trémeur renaît.
Les travaux se termineront en 1997.
Le pardon s’y déroule le 1er dimanche de Mai depuis 1996.
LA VISITE.
Il y a quelques années encore, qui se serait douté qu’au-delà du rude plateau de Kerniou, au fond d’une vallée inapprochable tant la végétation sauvage avait repris ses droits, se cachait un ancien lieu de vie et de prière, façonné par nos ancêtres et oublié déjà d’un très grand nombre...
La chapelle elle-même n’était plus qu’un amas de ruines que laissaient à peine deviner les broussailles. Difficile à imaginer deux ans plus tard...
Dès le chemin de la chapelle les roches dont le nom de légende « Gwele ar Sant » (lit du Saint) puis le petit calvaire sur le chemin de procession indiquent l’approche d’un site religieux.
Si la croix du calvaire est récente, le socle, retrouvé en cet endroit est très ancien. C’était ici qu’autrefois on entrait dans l’enclos muré de plusieurs hectares, encore intact aujourd’hui, limitant le domaine trévial des moines du XIIIème siècle.
La chapelle elle-même dans le fond du vallon rassemble tous les charmes de nos chapelles bretonnes. On ne passe pas à Saint Trémeur. Il faut y venir, c’est un but en soi.
La chapelle, de style Gothique flamboyant tardif, est de plan rectangulaire, basé sur le nombre d’or. Son originalité tient beaucoup à la profonde dénivellation de sa construction : bâtie sur un versant, le pignon du chevet a les pieds dans l’eau d’une des principales sources du Yar. Le niveau du Choeur, plus bas, exprime « la descente pour se ressourcer ».
Le pignon Ouest surmonté d’un clocheton comprend la porte d’entrée principale à arcade cintrée dont la pierre centrale porte la date de la rénovation - 1996 -, surmontée d’une baie également cintrée.
La cloche porte la date de 1845. Elle a été offerte par l’association Breiz Santel.
Au Sud, un oculus, une porte cintrée et une superbe baie de style Gothique flamboyant tardif avec son gâble à crochets et ses monstres à crinière de lions. Cette baie a été reconstituée d’après les vestiges retrouvés dans le mur à cet endroit. A l’origine, les armes des ROHAN devaient figurer au centre du gâble car la présence des monstres à crinières de lions indique la défense d’écus nobiliaires.
Or, à l’époque de la reconstruction de la chapelle du XVIème siècle, la seigneurie de Guerlesquin appartenait aux ROHAN par le mariage de l’unique héritière Françoise de PENHOET avec Pierre de ROHAN en 1475 et est restée dans cette famille jusqu’au 25 juin 1578.
Dans l’escalier qui descend aux fontaines sont remontés les vestiges datant des anciennes constructions du XIIIème siècle retrouvés lors des fouilles de 1995 et 1997 : au droit du mur, une tête de monstre à la langue toute déployée et les restes des fenêtres non réutilisables de la chapelle actuelle (XVIème siècle). Au retour du mur dans la descente, les fenêtres de la chapelle du XIIIème siècle.
Au niveau du sol, la fontaine Sud, puis au pied du chevet la grande Fontaine, au gâble surmonté d’une croix, sur laquelle veillent deux chiens sauvages.
A l’intérieur de la grande fontaine, deux bancs de pierres, permettaient aux pèlerins de se reposer. Devant la fontaine, se trouvaient trois bassins représentant la Trinité ; ne subsistent aujourd’hui que deux.
L’eau de Saint Trémeur guérit les maux de tête. Il peut être utile d’en emporter.
Au-dessus de la fontaine, la Grande Baie du chevet, de style Gothique flamboyant tardif s’élance au centre du pignon à crochets terminé par la croix chrétienne.
Pénétrant dans la chapelle par la porte Ouest, nous avons du haut de l’escalier une vue d’ensemble sur l’intérieur où joue la lumière des vitraux.
Le sol avec ses différents niveaux donne l’impression de « descendre pour se ressourcer ».
Le sol d’origine de la chapelle du XVIème siècle a été retrouvé en 1997, révélant la base d’un autel de la même époque. La rehausse de cet autel sur un plateau, ainsi que le rajout des deux autels latéraux datent du XVIIème siècle, voilà pourquoi il y a une crédence aménagée tardivement sous l’oculus. Les fouilles ont permis de mettre à jour les fondations du XIIIème siècle, réutilisées comme bancs muraux à l’intérieur côté Sud. Le tout était enterré depuis le nivellement du sol lors de la reconstruction partielle du XVIIIème.
A droite de l’autel une crédence aménagée de style Renaissance. Au XVIème siècle, les styles flamboyants tardifs et Renaissance se côtoyaient sans faire opposition : la forme reste encore ancienne, mais la décoration est nouvelle.
L’autel de bois comme les stalles ont été restaurées pour prendre place à Saint Trémeur. Elles viennent d’autres chapelles...
De chaque côté de l’autel, on trouve les statues de Saint Trémeur tenant sa tête dans ses mains. La plus grande est une copie récente de l’ancienne statue actuellement exposée au Musée Départemental Breton de Quimper.
Les statues de Sainte Tréphine et Saint Gildas le Sage ont été récemment créées. Dans la fontaine du chevet, se trouvera Saint Trémeur.
La charpente est aussi une oeuvre d’art et le témoin du savoir-faire de nos artisans. Elle affecte la forme d’une carène renversée coupée par les épaisses poutres qui rythment les volumes intérieurs du vaisseau.
Ces poutres ont leurs extrémités avalées dans des gueules de monstres qui les mordent à belles dents, d’où le nom de poutres à engoulant. Issus des légendes de saints bretons, les dragons sont le symbole de l'Antique Bête maîtrisée par l’épieu planté en pleine gueule pour l’empêcher de nuire.
Les sablières à la base de la charpente courent sur les murs Sud, Ouest et Nord. Elles se lisent à partir de l'Est et illustrent le Cheminement mystique de l'Humanité : le soleil se lève, c’est la naissance. Le Sud et l'Ouest symbolisent la vie, puis le déclin et le Nord, la mort. Mais tout est cyclique : le Jugement annonce la fin de la mort et la renaissance. Retour à l'Est : chaque fin est un nouveau début.
A l'Est, aux angles de la charpente, les anges de la Résurrection embouchent leurs trompettes.
Les vitraux ont été réalisés par l'atelier Charles Robert sous la direction de Léo Goas. Le maître verrier traduit ainsi son objectif : « employer un langage très graphique afin d’apporter la vie dans les vitraux. Il s’agit de restituer l'Energie du passé que l’on sent subsister à travers les pierres de la chapelle ». La lecture des vitraux se fait de gauche à droite, de bas en haut.
La grande baie : la vie et le martyr de Saint Trémeur.
Dans le remplage : voûte céleste avec dans le haut la comète Hale Bopp et sur les côtés deux angelots qui veillent sur Saint Trémeur.
La baie Sud : la légende et l’histoire de la chapelle.
Dans le remplage : la Résurrection de la chapelle avec les symboles représentant les métiers du verrier, du maçon et tailleur de pierres et du menuisier.
La baie Ouest : Sainte Anne et Sainte Marie : Santez Ana, Mamm Goz ar Vretoned (Sainte Anne, vieille mère des Bretons).
Oculus : entrelacs celtiques représentant le Triskell.
Divers.
Remarque : Les photos, réalisées par Roger Frey, sont la propriété du site infobretagne.com.
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