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HISTOIRE DE L'EGLISE DE GUIMILIAU

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L'église de Guimiliau est placée sous l'invocation de saint Miliau, prince de Cornouaille du VIème siècle.

Un édifice de la fin du moyen âge et de la première moitié du XVIème siècle, dont il reste au moins le clocher-porche occidental, y a subi au XVIIème siècle une suite d'agrandissements analogues à ceux que nous montrent les comptes de Saint-Thégonnec, par l'addition d'un porche méridional, l’élargissement successif des bas-côtés et le recul du chevet.

Eglise de Guimiliau (Bretagne).

Des inscriptions nous aident à dater ces transformations. Seulement, nous n'en connaissons que le dernier état et, en l'absence d'archives, il nous est impossible de reconstituer l'état primitif et les étapes intermédiaires, sans doute assez nombreuses, d'une église non voûtée dont les éléments de construction sont indépendants.

Le porche, qui porte les dates de 1606 à 1617, n'est pas emboîté dans le bas-côté sud comme le clocher-porche qui fut commencé à Saint-Thégonnec en 1599. Il semble donc que les paroissiens de Guimiliau, instruits par la faute de leurs voisins, avaient pris la peine, d'élargir le bas-côté avant d'y accoler un porche. Cette campagne aurait été suivie d'un remaniement du bas-côté nord, où l'on lit la date de 1633 ; puis il faut signaler des retouches à la muraille du bas-côté sud, dont un pignon montre le millésime de 1642. La construction du transept et du chevet se placent vers 1664 et celle de la sacristie, accolée dans l'angle sud-est, en 1683.

Les contreforts du nord ont été refaits vers 1867.

Eglise de Guimiliau (Bretagne).

Intérieur. — L’église, spacieuse, mais fort basse, a été construite sans plan d'ensemble par des maçons peu expérimentés. La nef, flanquée au nord d'un bas-côté simple et au sud de doubles collatéraux [Note : La nef et le bas-côté nord mesurent chacun largeur 6m 30. Le bas-côté sud, 8m 90. L'église a 38 mètres dans sa plus grande longueur intérieure], se relie à un faux transept sans saillie et à une abside à cinq pans dont la partie droite est assez courte pour qu'un contrefort suffise à la dissimuler extérieurement, de sorte que trois pans seulement apparaissent au dehors.

Il y a si peu de correspondance entre les grandes arcades brisées qui séparent la nef des bas-côtés qu'il est impossible de parler de travées. La série méridionale commence par une demi-arcade réduite à une seule branche arc-boutée sur le clocher et compte ainsi cinq arcades et demie. La série opposée en compte six, beaucoup plus régulières [Note : Ouverture des arcades du sud : 1m 90 ; 3m 25 ; 4m 30 ; 4m 13 ; 3m 27 ; 4m 75. Ouverture des arcades du nord : 3m 45 ; 3m 41 ; 3m 42 ; 3m 91 ; 3m 55 ; 3m 86]. Le niveau des clefs varie avec l'ouverture que des différences de tracé ne rachètent pas toujours. La dernière arcade sud est en anse de panier.

La variation du nord au sud des profils à pénétration et du diamètre des piles indique d'ailleurs deux campagnes distinctes, mais dont la date est difficile à préciser, à cause de la durée des traditions flamboyantes en Bretagne. Dans les arcades du nord, une voussure intérieure torique et munie d'un filet saillant s'ajoute à la double voussure en cavet des arcades sud. J'ai rappelé, à propos de Saint-Jean-du-Doigt et de Lampaul, pourquoi les profils ne sont pas des éléments de date. Ils peuvent aussi bien appartenir à la fin du XVème siècle qu'au XVIème ou même au XVIIème siècle, car le transept de Sizun est de 1638-1643.

La plupart des bases se réduisent à un chanfrein. Mais l'une au sud et quelques autres au nord présentent à peu près les mêmes moulures flamboyantes : c'est une arête dont le biseau supérieur est plus ou moins creusé en congé et dont l'autre rejoint, par une contre-courbe, le talon inférieur dérivé du socle, comme au soubassement du bas-côté nord de Saint-Thégonnec (1640).

Les profils ne nous donnent donc aucune indication certaine. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les arcades du nord sont mieux construites, plus régulières, et que la pile d'un arc-diaphragme de, même profil, ajout dans le bas-côté sud, possède une base classique qui dénoterait une époque avancée. On peut les croire les dernières en date et postérieures au clocher du XVIème siècle, avec lequel elles se raccordent bien. Au contraire, à voir, de l'autre côté, l'étrange demi-arcade qu'il contrebute, on serait tenté de chercher dans la série méridionale un reste de l'église antérieure. Mais un double arc-diaphragme du bas-côté sud, que j'ai cité plus haut et qui paraît bien avoir été monté après coup, présente une maladresse du même ordre. L'arcade relancée du côté de la muraille extérieure est entière ; mais l'autre est réduite d'un quart et bute, avant la moitié de la retombée, sur l'écoinçon que sépare la cinquième et la sixième travée. Nous pouvons être, dans les deux cas, en présence d'une gaucherie exceptionnelle.

On ne doit donc rien affirmer. Il est possible que les arcades sud d'un édifice flamboyant aient été conservées par économie après l'adjonction, vers le milieu du XVIème siècle, du clocher occidental. Puis les arcades nord auraient été refaites, soit au XVIème siècle après le clocher, soit plus tard encore, au commencement du XVIIème, après le porche méridional et lors de l'élargissement du bas-côté nord (1633).

Il est possible aussi, que ces mêmes arcades sud soient seulement contemporaines d'un élargissement du bas-côté entre la construction du clocher occidental et celle du porche méridional.

La nef ne s'éclaire que par de petites lucarnes percées dans le toit, entre les combles transversaux des bas-côtés, aussi élevés que le vaisseau central. Les derniers piliers sont barlongs pour épauler les arcades interrompues au faux transept.

La muraille du bas-côté nord, datée par une inscription extérieure (1633), est percée de trois fenêtres inégalement, espacées, mais pareilles, et de deux portes, dont l'une est condamnée. Le profil des fenêtres en tiers-point comprend deux doucines séparées par une arête. Les remplages à deux meneaux dessinent dans le tympan trois soufflets sans redents. Un oculus s'ouvre dans la muraille occidentale.

Le bas-côté sud est double et fermé à l'est par un arc-diaphragme, dont la pile et les deux arcades sont semblables à celles qui le séparent de la nef. Entre les deux dernières travées se place un second diaphragme dont j’ai parlé ci-dessus : le profil est celui des arcades nord ; mais l'ouverture de l'arc extérieur étant supérieure à la demi-largeur du collatéral, le pilier, dont la base pseudo-classique est moulurée de deux tores, n'est pas au milieu, et l'arc intérieur n'a pu se loger en entier entre le support et la muraille de la nef.

En face de la quatrième et de la deuxième arcade une colonne cylindrique, qui soulage la portée considérable des poutres, remplit à moins de frais le même office que les diaphragmes.

Il est évident qu'il y a dans le bas-côté, doublé de bonne heure, au moins deux campagnes, effectuées avant et après le porche, dont la dernière comprend probablement la réfection de la muraille (1642). Encore est-il prudent de n'appliquer cette date qu'aux fenêtres voisines de l'inscription, à l'est du porche, inégales en dimensions, mais de même profil que les baies du nord.

La fenêtre percée au fond du bas-côté, à l'ouest du potiche, est beaucoup plus haute, son appui est baissé, son profil, en arête abattue, est différent. Cette baie peut avoir été agrandie avec son pignon, à la fin du XVIIème siècle, pour éclairer le nouveau baldaquin en bois sculpté des fonts baptismaux. Le remplage se compose de soufflets sans redents portés sur deux meneaux.

Entre les deux fenêtres placées l'est du porche, une porte s'ouvre dans la muraille sur une courte vis d'escalier qui menait à une tribune seigneuriale aujourd'hui détruite.

Le faux transept, sans saillie, et le chœur appartiennent, comme nous le verrons du dehors, à la même campagne (vers 1664), caractérisée par la décoration des gâbles, la mouluration du soubassement, la liaison des assises et le profil en cavet des fenêtres. Toutefois, la baie du mur de fond du croisillon nord diffère des autres par le trace moins aigu et le profil en doucine. Le mur du chevet, de ce faux croisillon est aveugle, tandis que l'autre, allongé par le doublement du bas-côté sud, est éclairé par deux petites fenêtres, à l’est, et par la baie du fond.

Au delà d'une partie droite, trois pans ajourés donnent, du jour au chœur. La baie d'axe a trois meneaux, les autres deux seulement. Toutes ces fenêtres sont brisées et recoupées par des remplages à soufflets sans redents. Les petites ouvertures au fond du croisillon sud n'ont qu'un meneau.

L'église entière — sauf le porche méridional — est couverte en charpente et lambrissée. Le lambris de la nef est un berceau en chaînette, celui du bas-côté nord est un berceau surbaissé. Dans le bas-côté sud, quatre berceaux dissimulent les charpentes des toits transversaux qui aboutissent aux pignons des trois fenêtres et au porche.

Ces combles sont montés, les uns sur les arcs-diaphragmes, les autres sur des poutres dont une colonne divise la portée, comme on l'a vu plus baut. Des entraits engoulés jouent le rôle d'étrésillons.

Les sablières des deux collatéraux sont ornées de sculptures grossières de type courant : masques humains, animaux, fleurs stylisées, etc. Des anges porte-écu sont taillés dans les blochets. La rencontre des berceaux du transept et de la nef fait une sorte de voûte d'arêtes, et le lambris de l'abside porte sur quatre branches d’aisseliers qui rayonnent, autour d'une clef.

Extérieur. — La façade occidentale présente, à droite et à gauche du petit clocher-porche du XVIème siècle, les traces d'agrandissement, des bas-côtés. La moulure en talon du soubassement, qui se prolonge à droite seulement, prouve que le bas-côté nord, terminé par un pignon, a été entièrement refait. Du côté sud, les décrochements d'assises rendent sensible l'allongement de la façade en mur goutterot du premier toit transversal. Un reste de rampants à crochets frisés de l'ancienne église est enchâssé dans les parties hautes.

Entre les deux contreforts du clocher, une porte étroite en anse de panier, dont le boudin à filet saillant est flanqué de deux gorges, donne accès au porche ouest. Le cordon en accolade, à crochets frisés, pinacles et fleuron, repose sur des pilastres ornés de losanges en creux. A droite et à gauche, des angelots portent des phylactères.

Le clocher rectangulaire paraît un peu plus ancien que celui de Saint-Thégonnec (1563). Il est serré entre deux contreforts qui soulagent, au sommet de la tour du rez-de-chaussée, l'encorbellement de la plate-forme. Trois assises, décorées de feuillages sculptés, sur les faces est et ouest, ont la même fonction. La cage en retraite est courte, réduite à deux arcades et reçoit la flèche octogone logée entre ses quatre gâbles, aigus et rétrécis sur les petits côtés du rectangle. Les arêtes de la flèche et les rampants sont ornés de crochets. Une tourelle d'escalier monte sur le flanc méridional jusqu'à la plate-forme. Des pinacles la chargent aux angles de la balustrade à soufflets sans redents.

Ce type de clocher dérive aussi du clocher normand par l'intermédiaire du Kreisker. En effet, ce célèbre édifice, dont la tour carrée à plate-forme unique contient à la fois le soubassement et la cage, a donné naissance à une série de clochers à cage en retraite et double plateforme [Note : Comme La Roche-Maurice, Lampaul-Guimiliau, Gouesnou, le Juch, Braspartz, Saint-Houardon de Landerneau, Ploumoguer (1753), etc.] dont le petit clocher de Guimiliau est une forme simplifiée et indéfiniment répétée [Note : Guerlesquin, Plonéis, Saint-Thégonnec, Sainte-Anne-la-Palud, Guimaëc, l'Hôpital-Camfront, Locquénolé, Pleyber-Christ, Kernascleden, Plouezoch, Ploujean, Plogonnec, etc., etc. Ce type comporte lui-même des variétés. La tourelle latérale de Guimiliau, Guerlesquin, Saint-Thégonnec, Saint-Michel-en-Grève (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor), Ploujean, l'Ile Callot (Carantec), Plouezoch, etc., ne se renrontre pas partout. Elle peut aussi se détacher comme à Pleyben, Pluguffan, Cleden-Poher, Plogonnec, et même se doubler d'une tourelle symétrique, détachée comme à Kerdevot, à Penmarch (clocher central), Kerity, etc., ou non détachée comme Saint-Quay (Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor), etc.]. La plate-forme inférieure subsiste seule. Elle disparaît même dans certains clochers d'églises du type le plus modeste [Note : Kerlaz, Saint-Theleau de Plogonnec, la Forêt-Fouesnant, et de clochers à tourelles doubles (Tronoën, Sainte-Anne de Fouesnant)].

L'élévation latérale nord est plus simple que celle du midi. Le toit du bas-côté, parallèle à celui de la nef, s'appuie sur un mur goutterot dépourvu de gâbles. Les contreforts, à peine moulurés, ont été construits, vers 1867, pour épauler le mur, ébranlé par la suppression des entraits de la charpente.

Le contrefort oblique de l'angle nord-ouest, avec son double étage chargé d'un de ces petits édicules que nous avons vus à Sizun et à Lampaul et qui se répètent à chaque amortissement de l'église, a été seul construit en même temps que le mur nord et le pignon ouest, dont il épaule la liaison.

Entre les deux premières fenêtres à partir de l'ouest, et au-dessus d'une porte en plein cintre condamnée, on lit : HÆEC : PORTA DOMINI : IVSTI : INTRABVNT : IN : EAM : 1633.

Une autre porte surbaissée sous un fronton courbe et brisé, dont la frise présente une inscription, s’ouvre entre la deuxième et la troisième fenêtre.

L'élévation latérale sud, toute différente, est couronnée par la suite des pignons des toits transversaux du bas-côté, répartis l'un à l'ouest du porche et trois autres à l'est, y compris le pignon du faux croisillon. Les anciens crochets gothiques des rampants sont remplacés par des motifs à triple volute et les fleurons des pointes par les mêmes lanternons qui chargent les contreforts, à cheval sur les gargouilles. Des cartouches sont encastrés dans les pignons au-dessus des fenêtres.

Des niches, dont le dais affecte la forme d'un dôme, monté sur un petit tambour semi-circulaire, habillent les faces des contreforts en s'appuyant sur une corniche moulurée. Une porte en plein cintre sous un fronton porté par deux pilastres ioniques s'ouvre dans le pignon placé à droite du porche. On lit à côté la date de 1642.

Dans la série des porches bretons, celui de Guimiliau, qui porte les dates de 1606, 1611 et 1617, se classe avec Landerneau (1604), Tremaouezan (1623), Bodilis (1631), Gouesnou (1642), Ploudiry (1665), Plabennec (1674), et même avec les clochers-porches de Pleyben (1588-1591) et Saint-Thégonnec (1599-1626). Ce qui les caractérise, c'est une porte en plein cintre à plusieurs voussures et double ébrasement. L'archivolte intérieure, décorée d'entrelacs retombe sur deux colonnes doriques cannelées dont les joints sont dissimulés par des bagues saillantes, selon l'invention de Philibert Delorme (1568), rapidement vulgarisée en Bretagne. Un modillon antique, placé verticalement, fait saillie à la clef. Un portique classique sert d'encadrement entre des contreforts d'angle habillés de niches. Le fronton et les détails varient. En général, les voussures sont monlurées, mais Guimiliau et Ploudiry, quoique n'étant pas les plus anciens, ont perpétué la tradition gothique des statuettes à dais sculptées dans les voussures.

Le portique corinthien à fronton triangulaire porte dans la frise de l'entablement le début d'une inscription que l'on trouve entière à Gouesnou :

O : QVAM : METVENDVS :
EST : LOCVS : ISTE :
VERE : NON : EST : HIC : AL
IVD : NISI : DOMVS : DEI :

Un autre entablement souligne le gâble du pignon, dont les rampants sont décorés de postes détachés en guise de crochets, et dont la pointe est couronnée par un lanternon un peu plus soigné que les autres. Un fronton courbe sur colonnes ioniques abrite, au milieu du tympan, la statue du patron de la paroisse, saint Miliau. Çà et là, des mascarons et, de part et d'autre, deux gargouilles fantastiques d'un grand caractère, comme il est rare d'en noter au XVIIème siècle, font avec l'ensemble de l'ornementation classique une curieuse dissonance.

Les contreforts obliqués d'angle, chargés de lanternons à piliers cannelés, sont divisés en trois étages par des stylobates. Le soubasseinent et l'étage supérieur sont refouillés comme des panneaux de boiserie. L'étage intermédiaire reçoit les niches à colonnettes et les dais en forme de lanterne. Celles du contrefort ouest abritent aujourd'hui un saint moine et un saint évêque ; celles du contrefort ouest, un saint pape et saint Sébastien.

Les scènes des trois voussures continues se lisent, comme dans les vitraux du moyen âge, en commencant par le bas et généralement en sautant alternativement d’un piédroit à l’autre. Elles sont prises à l'Ancien et au Nouveau Testament, de petits dais abritant la plupart des personnages. A l'histoire d'Adam et d'Eve, de Caïn et d'Abel, de Noë, succèdent l'Annonciation, la Visitation avec la date 1611, le cycle de la Nativité, la Circoncision et la Fuite en Égypte. Au-dessus, des anges encensent ou pontent les instruments de la Passion, à côté de saint François et de saint Laurent. La date 1617 est inscrite près de la clef. Le porche, voûté d'ogives à clef pendante, est décoré, comme à Ploudiry, dans un style plus avancé qu'à Landerneau et Bodilis, dont les voussures extérieures, en revanche, n'ont plus de personnages. Sur les parois latérales, une corniche à modillons porte les statues des apôtres. Les dais à pans, dôme et colonnettes qui les surmontent reposent sur des colonnes ioniques cannelées, avec interposition d'un tambour dont le bord est découpé de mouchettes et de soufflets sans redents.

Sous la corniche, des masques espacés font saillie sur une frise ornée de tresses, de rosaces? etc. On a voulu voir dans l'un d'entre eux la figure féminine de la coquetterie, à cause d'un paon ? qui l'accompagne.

Quelques scènes singulières figurent aussi dans cette frise. L'une, à l'ouest, n'est pas encore expliquée : un personnage, peut-être le Père Éternel, lève les mains en présence d'un homme aux vêtements couverts d'hermines, d'une sorte de démon, d'une femme tenant un chapelet et d'un estropié. Plus loin, on croit voir la création de la femme, sortant du flanc de l'homme, devant l'assemblée des animaux de la création ; la date de 1606 fait suite.

Du côté droit, le Baptème dans le Jourdain est médiocrement interprété. Le soubassement des flancs est orné de pilastres et de panneaux moulurés.

Dans le mur de fond, deux portes en plein cintre, avec alternance de claveaux saillants et une clef recourbée en modillon, s'ouvrent sous un portique. Deux colonnes ioniques, cannelées, à bagues, supportent l'entablement, ainsi que le dais du bénitier adossé au trumeau, à l'aide d'un chapiteau identique.

Le fronton courbe repose sur deux figures engaînées et coiffées de la volute ionique, encadrant une statue très raide du Christ, probablement datant du XVIIème siècle, quoique vêtu de la robe à longs plis de l'époque romane. M. l'abbé Abgrall en a signalé de semblables à Landivisiau, Landerneau, Bodilis, Braspartz, Plomodiern, Loc-Mélard. Celle de Pleyben est datée de 1654.

Entre la cuve godronnée du bénitier et le dais, où s'entassent les éléments de la décoration classique, un ange sculpté dans le trumeau offre l'eau bénite avec des gonpillons, comme à Landerneau et à La Martyre.

La statuaire est restée très médiocre. Au dehors, les flancs du porche présentent une suite de pilastres qui ne paraissent pas avoir été taillés de la même main et ne se raccordent pas parfaitement avec la façade. Les matériaux employés sont d'ailleurs différents, car les granits à grain fin sont préférables pour les sculptures, malgré leur dureté.

L'abside à trois pans — les deux autres étant réduits à l'épaisseur d'un contrefort — compte parmi les exemples que j'ai cités à propos de Sizun. On lit la date de 1664 sur un de ses clochetons. Un feston de petites volutes adossées tient la place des anciens crochets sur les rampants des gâbles de l'abside comme sur ceux des faux croisillons, où deux gâbles s'élèvent, l'un sur le mur de fond, l'autre sur une corniche à modillons au chevet.

Le même type de lanternon à plan carré fait l'office de fleuron et les contreforts d'angle répètent ceux, de l'élévation méridionale, moins les niches, remplacées par des refouillements imitant des panneaux de boiserie.

Une sacristie, construite en 1683, comme en témoigne une inscription, communique par un couloir droit avec l’angle sud-est du transept. C'est une application assez heureuse du plan quadrilobé. Une coupole recouvre le carré, central et les quatre hémicycles sont voûtés en cul-de-four. Des contreforts se logent à la rencontre des lobes. Nous retrouverons cette idée à Pleyben sous une ornementation du XVIIIème beaucoup plus riche.

 

Mobilier. — La baie d'axe de l'abside a conservé des restes de vitraux, œuvre médiocre du XVIIème siècle representant la Passion.

A part le maître-autel, qui est moderne, les autels font bonne figure dans la riche collection de retables du XVIIème siècle que présentent les églises de la région. La composition en est connue. On notera seulement quelques datails d'iconographie locale : ainsi au retable de saint Joseph, dans le croisillon sud, saint Hervé l'aveugle, guidé par un enfant et suivi par son loup, et saint Yves entre le riche et le pauvre, figures déjà rencontrées à Lampaul. Les panneaux sculptés du petit rétable de saint Miliau représentent Dieu apparaissant au saint en prière ; sa mère lui faisant distribuer du pain aux pauvres ; les riches moissons de son règne prospère ; enfin, dans les quatre compartiments inférieurs, sa mort violente sous les coups de son frère Rivod.

Au-dessus du retable du Rosaire, dans le croisillon nord se place un exemple tardif de la Passion du Père groupe conçu à l'imitation des Vierges de Pitié.

Un bénitier du bas-côté sud porte la date de 1683.

La chaire en bois sculpté, datée de 1677, un peu raide de lignes, mais richement ornée, réunit les figures de David, de Moïse et des quatre évangélistes encadrés par des Sibylles et des Vertus.

Le baldaquin des fonts baptismaux, qui est peut-être le meilleur morceau de sculpture sur bois de Basse-Bretagne, présente des dispositions identiques, mais plus perfectionnées, que celles du baldaquin de Lampaul (1650). Un entablement à huit pans et à ressauts dans les angles repose sur huit colonnes torses à pampres et chapiteaux corinthiens dont une balustrade tournée unit les piédestaux. Seize statues décorent le tambour octogone qui repose sur la corniche. Enfin, le dôme supérieur est tronqué par un double lanternon abritant le groupe du Baptême du Sauveur, et un ange aux ailes déployées couronne l'amortissement.

Eglise de Guimiliau (Bretagne).

La cuve de granit, ornée de moulures et accompagnée de son déversoir, est datée de 1675.

La tribune des orgues appartient sensiblement à la même époque. Les panneaux sculptés encadrent un triomphe, le roi David et sainte Cécile.

Le buffet est du type éperon que j'ai déjà signalé, rehaussé par des figurines d'angelots assis sur le rebord du petit jeu.

Enfin, il faut signaler deux bannières brochées, dont l'une, datée de 1658, a été restaurée en 1819. On y voit le Crucifiement, saint Miliau, Notre-Dame du Rosaire et le Saint-Sacrement.

 

Porte monumentale du cimetière. — Cette entrée, que n'a rien de comparable avec celle du cimetière de Saint-Thégonnec, ne mérite qu'une mention. La corniche de l'arcade en plein cintre, sous un fronton courbe muni crenroulements sur les flancs, a reçu deux cavaliers qui proviennent probablement du calvaire.

 

Calvaire. — On sait l'importance des grands calvaires bretons, type de monument relativement peu répandu en dehors de la Bretagne et de la région de Carcassonne. Celui de Guimiliau (1581-1588) est l'un des plus anciens. Celui de Tronoën, très fruste, n'est pas daté. Plougonven est de 1554. Guimiliau vient tout de suite après, précédant Plougastel-Daoulas (1602-1604), Saint-Thégonnec (1610), Pleyben (vers 1650), etc.

La croix est encore unique, comme à Plougonven. Mais la foule des statues entassées sur le massif a déjà pris une importance énorme, qui réduit la scène principale de la Crucifixion à un rôle presque accessoire. Plougastel-Daoulas et Pleyben, où l'on retrouve les contreforts et arcades, se sont beaucoup inspirés de Guimiliau. Palustre voit même à Plougastel-Daoulas le même artiste en progrès. Malgré ses défauts, ce calvaire est un des plus curieux. Un massif central octogone est épaulé par quatre contreforts sur ses pans non orientés, et les arcades basses qui les traversent permettent de faire le tour du soubassement. Dans l'un des contreforts, on a creusé un escalier conduisant à la plate-forme. Le pan occidental encadre un petit autel, comme il n'est pas rare d'en rencontrer par exemple à Saint-Thégonnec et à Cléden-Poher, surmonté de la statue de saint Pol de Léon, dans un portique dorique : on lit la frise : A : D : GLORIAM : DOMINI : 1581 : CRUX : EGO : FACTA : FUI :

Sous la corniche supérieure du massif, qui est de niveau avec celle de l'entablement du portique, l'artiste a groupé un premier registre de scènes dont les statuettes reposent sur une autre corniche, et qui fait tout le tour du monument en épousant les formes des contreforts.

Calvaire de Guimiliau (Bretagne).

Le second groupe de figurines contourne de la même facon la tablette supérieure.

Face à l'occident, la croix Sauveur, montée sur un fût écoté, muni d'un bras transversal qui porte les statues de la Vierge et de saint Jean, adossées à celles de saint Pierre et de saint Yves, domine ainsi le récit vivant et imagé de sa vie et de sa passion. Les quatre évangélistes qui l'ont rapportée figurent sur la face extérieure des quatre contreforts. Ils écrivent dans un livre placé sur un pupitre, accompagnés de leurs attributs ordinaires, mais la forme spéciale de l'encrier mérite d'être remarquée. C'est un tube-écritoire s'ouvrant par le milieu, destiné contenir l'encre, la plume et le papier. La tension du cordonnet qui relie les deux parties lorsqu'elles pendent à la ceinture en maintient la fermeture. Ici, le tube est représenté ouvert, accroché dans la bouche des animaux symboliques.

Calvaire de Guimiliau (Bretagne).

Quant aux autres personnages, dont le costume, les armes, les instruments de musique, sont, comme au moyen âge, ceux que l'artiste a sous les yeux tous les jours, ils représentent les scènes suivantes :

L'Annonciation ; la Visitation ; la Nativité et l'Adoration des bergers ; l'Adoration des mages, avec la date de 1588 ; La Présentation au temple ; la Fuite en Égypte ; le Baptême dans le Jourdain ; l'Entrée à Jérusalem ; la dernière Cène ; le Lavement des pieds ; le Jardin des Oliviers ; la Trahison de Judas ; saint Pierre coupant l'oreille de Malchus ; la Flagellation ; le Christ à la colonne ; le Couronnement d’épines ; deux scènes des outrages ; la Condamnation, Pilate se lavant les mains ; le Portement de croix ; le cortège pittoreséque et nombreux introduit dans l'iconographie depuis le XVème siècle par l'influence des mystères ; Véronique et le voile de la Sainte-Face ; la Crucifixion qui se dresse au centre du monument ; la Descente de Jésus-Christ aux enfers, et légende locale de Catherine Collet (Catherine perdue), servante de mœurs libres, qui, ayant caché sa faute en concession, est précipitée par les démons dans les flammes éternelles : dans le même groupe, on remarque Adam et Éve annonçant leur délivrance ; la Descente de croix ; la Mise au tombeau ; la Résurrection.

 

Chapelle-ossuaire. — La chapelle-ossuaire, ou, comme on disait, le reliquaire, n'a pas la valeur de celui de Saint-Thégonnec, qu'il précède de quelques années ; une inscription dans le tympan du front courbe et dans la frise de la porte donne la date : l'an 1648. Memento mori.

Ossuaire de Guimiliau (Bretagne).

C'est un petit édifice rectangulaire, non orienté, à chevet plat et aveugle, à contreforts d'angle obliques chargés du lanternon habituel. La muraille latérale, qui fait face au cimetière, est seule ornée : un ordre unique de six colonnes cannelées à chapiteaux ionicipes encadre la porte et quatre baies étroites en plein cintre.

Celle qui touche au côté droit de la porte contient une petite chaire extérieure en pierre, comme on en voit à Plougasnou, Plougrescant, Pleubian et dans les églises de Vitré, Guérande, et, hors de Bretagne, à l'église de Saint-Lô, au cloître de Saint-Dié et l'Hôtel-Dieu de Beaune, sans compter quelques édifices étrangers énumérés par M. Enlart.

 

Ossuaire. — Cette chapelle n'a peut-ètre jamais recu d'ossements, faisant double emploi avec un petit ossuaire en appentis, collé par deux côtes sur l'église, dans l’angle ouest du porche méridional. Six colonnes lisses, supportant l'architrave et le toit, ferment les deux autres et reposent sur un soubassement dans lequel on a réemployé quelques bas-reliefs en granit de Kersanton, représentant un saint François d'Assise et diverses scènes de sa vie et de la Passion du Christ. Deux bénitiers font saillie au dehors.

La construction de ce petit édifice, se placerait logiquement, entre celle du porche et celle de la chapelle funéraire.

(Par M. le Vicomte Alfred de la Barre de Nanteuil).

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