|
Bienvenue ! |
Assemblée électorale lors de l'élaboration du cahier de doléances de la municipalité de Guingamp |
Retour page d'accueil Retour Ville de Guingamp
GROUPE DE GUINGAMP. (Municipalité, Saint-Sauveur, Sainte-Croix et La Trinité de Guingamp, Saint-Michel-de-Plouisy). Au cahier de la municipalité de Guingamp (31 mars) et aux cahiers de Saint-Sauveur (29 mars), de Sainte-Croix et de La Trinité (31 mars), nous avons joint le cahier de Saint-Michel-de-Plouisy (30 mars), qui est presque identique à celui de La Trinité. Les cahiers de Saint-Sauveur et de Sainte-Croix présentent de nombreuses analogies, portant sur les idées, plutôt que sur la forme. Les assemblées dont émanent ces divers cahiers ont d'ailleurs été présidées par des personnages différents.
VILLE DE GUINGAMP MUNICIPALITÉ DE GUINGAMP.
Subdélégation de Guingamp. — Département des Côtes-du-Nord, chef-lieu d'arrondissement.
POPULATION. — En 1778, 3.444 hab. : 675 hommes ; 931 femmes ; 1.423 enfants ; 28 commis ; 389 domestiques (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 3982) ; — en 1793, 4.520 habitants (D. TEMPIER, Rapport... au Préfet,
dans le volume du Conseil général des Côtes-du-Nord, session d'août 1891, 3ème partie, p. 161).
CAPITATION. — Total en 1778, 6.920 l. ; 718 articles, dont 216 de 1 l. ; 91, de 1 l. 10 s. ; 79, de 2 l. 10 s. ; 55, de 3 l., et les autres cotes supérieures à 3 l (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 3982).
— Rôle de 1788 (Ibid., C 4116) : 731 articles ; total, 6.839 l. 11 s. 3 d., se décomposant ainsi : capitation, 4.712 l. 19 s. 11 d. ; milice, 628 l. 6 s. 9 d. ; casernement, 1.279 l. 4 s. 7 d. ; frais de milice, 19 l.
VINGTIÈMES. — En 1788, 4.645 l. 16 s. 6 d.
VINGTIÈMES D'INDUSTRIE. — En 1788, 473 l. (Ibid., C 4599).
OGÉE. — A 5 lieues 1/2 de Tréguier ; à 28 lieues de Rennes. — 5.000 habitants, répartis entre les quatre paroisses de Notre-Dame, la Trinité, Sainte-Croix et Saint-Sauveur. — Il s'y tient trois marchés par semaine.
PROCÈS-VERBAL (confondu avec le cahier). — Assemblée électorale, le 31 mars 1789, à une heure de l'après-midi, en l'hôtel de ville, sous la présidence de Me. Le Normant de Kergré (voir note 1), maire (42,17 ; 2 domestiques, 3 : exempt de casernement) ; en présence de Festou de la Ville-Blanche (voir note 2), procureur du roi de la communauté (77 ; 2 servantes, 3) ; Guyomar de Kerninon (voir note 3), contrôleur (29,2 ; 1 servante, 1,10 ; exempt de casernement) ; Limon du Timeur (voir note 4), ancien maire (80, 16,9 ; 2 domestiques, 3 : exempt de casernement) ; Douaren, l'aîné [négociant (73,3)] ; Loysel (voir note 5) [marchand (30,10)] ; Jourdan (voir note 6), doyen des avocats ; Berré de Bringolo, greffier. Les autres officiers municipaux sont absents.
« Se sont présentés et réunis les députés des diverses classes de citoyens », munis de leurs procurations : Juges de la sénéchaussée et prévôté : Pastol de Keramelin (voir note 7), alloué (24) ; Vistorte de Boisléon (voir note 8), lieutenant [subdélégué] (19,8 ; 1 secrétaire, 3 ; 1 servante, 1,10 ; exempt de casernement) ; ils déclarent réserver, d'ailleurs, « leurs prétentions de présider et autres droits ». — Avocats et postulants : Huchet (voir note 9) ; Mériel, « sous toutes protestations de ce qui pourrait se faire et entreprendre par MM. les municipaux et la communauté de Guingamp ». — Procureurs, greffiers, huissiers ducaux, notaires royaux et ducaux, priseurs, sergents royaux et ducaux : Homo (voir note 10) (48 ; 1 clerc, 3 ; 2 domestiques, 3) ; Le Bihan (voir note 11) (19 ; 1 clerc, 3 ; 1 servante, 1,10), procureurs, élus députés le 30 mars. — « De la même classe s'est présenté M. Le Roy de Kerderrien (voir note 12), lequel a présenté une procuration prise en la même assemblée du 30 courant, qui nomme MM. Le Roy de Kerderrien et Margeot de Kervauguéry pour députés ». — De la même classe aussi, se sont présentés MM. Hello (voir note 13) (12 ; 1 servante, 1,10) et Penven [procureur fiscal du Palacret] (33,7, 10 ; 1 clerc, 3 ; 2 domestiques 3 ; exempt de casernement), notaires élus aussi députés dans l'assemblée du 30 mars. — Alors, MM. Homo et Le Bihan, procureurs, déclarent qu'ils ne doivent point être incorporés avec les autres corporations, qu'ils doivent avoir des députés particuliers. Même prétention de la part des notaires, qui « protestent contre le règlement par classe fait par les officiers municipaux ». — M. Mériel appuie ces réclamations et déclare que la municipalité aurait du avertir séparément chacune des corporations, ayant une existence légale, et les inviter à élire des députés particuliers ; ces réflexions, ajoutent-ils, ne peuvent s'étendre aux officiers priseurs, « qui ne forment point un corps séparé ». — La communauté, après avoir ouï le procureur du Roi, « considérant que, de la classe dont est question, MM. Homo et Le Bihan réunissent le nombre de 5 voix, que MM. Hello et Penven ne réunissent que le nombre de 5 voix, et MM. Le Roy de Kerderrien et Kervauguéry-Margeot que le nombre de 4 voix, a décidé et arrêté provisoirement, sans néanmoins préjudicier en aucune manière aux prétentions et distinctions qu'ils pourraient réclamer à la suite », que Homo et Le Bihan seront seuls admis à voter. — Procureurs, greffiers, notaires, huissiers, sergents seigneuriaux : Le Tiec, l'aîné ; Guergin (4). — Médecins : Hodouin ; Ansquer (voir note 14) — Chirurgiens, apothicaires, ingénieurs, orfèvres, horlogers, sculpteurs, peintres, musiciens, maîtres à danser, instituteurs, maîtres en l'art d'écrire et autres exerçant les arts libéraux : Anfray (voir note 15) ; Gourville (voir note 16). — Me. Huchet, avocat, ayant mandat de M. Dépasse, lieutenant du premier chirurgien du Roi en cette ville (37 ; 2 domestiques, 3), réclame, en son nom, l'exécution du règlement du 24 janvier 1789, proteste « contre la réunion faite de sa communauté à d'autres corporations ». La communauté décide provisoirement qu'il n'y a pas lieu de donner suite à la réclamation de Dépasse. — Négociants, financiers, et employés aux fermes du Roi et de la province : Chauvel-Desportes ; Mazurié (15). — Marchands tenant boutique ouverte : Kerbriand (voir note 17) ; Boivin le jeune (3). — Boulangers, jardiniers, hôteliers, cabaretiers, traiteurs, meuniers, fourniers : Bernard Thomas, boulanger (4 ; 1 servante, 1, 10), porteur d'un cahier de plaintes et doléances, en date du 29 mars. — Bouchers, charcutiers, poissonniers : François Le Cornec. — Tanneurs, corroyeurs, cordonniers, selliers : Jacques Mével, tanneur (12). — Perruquiers, tapissiers, tailleurs et tisserands : Jacques Michel. — Maréchaux, serruriers, taillandiers, ferblanquiers, vitriers, couteliers, éperonniers, chaudronniers, cloutiers : François Loyson, coutelier (6 ; 2 compagnons, 3). — Charpentiers, menuisiers, tourneurs, maçons et couvreurs : Yves Souvestre. — Loueurs de chevaux, bûcherons, manœuvres et autres journaliers : Christophe Corre, loueur de chevaux (4). — Notables habitants qui n'exercent aucune profession : Monnac ( 34 ; 1 servante, 1, 10) ; Homo de Kerverret.
On procède ensuite à l'élection des députée. M. Huchet observe, pour l'ordre des avocats, « qu'il est convenable que MM. les officiers municipaux ne votent dans l'assemblée qu'au nombre de deux voix, et non individuellement et par tête ». La municipalité, d'après les conclusions du procureur du Roi, déclare renoncer à l'honneur de la députation, mais décide que chacun de ses membres aura voix délibérative pour la rédaction du cahier de doléances et pour la nomination des 6 députés. « La communauté a au surplus décerné acte de la remise qu'a fait M. le maire d'un cahier de charges et doléances des jardiniers de la ville ». Election des 6 députés : MM. Le Boüetté, avocat (24 voix) (voir note 18) ; Huchet, avocat (24 voix) ; Kerbriand (23 voix) ; Ansquer (22 voix) ; Mazurié (20 voix) ; Desportes-Chauvel (11 voix). — Desportes, Brunot, avocat (45 l. ; 1 clerc, 3 ; 1 servante, 1, 10) et de Kergré, maire, avaient obtenu chacun 11 voix ; M. de Kergré, « votant en prépondérance », et ayant porté sa voix sur Desportes, celui-ci a été élu.
On élit 6 commissaires pour la rédaction du cahier : Lenormant de Kergré, maire ; de Boisléon, juge prévôt ; Le Boüetté et Huchet, avocats ; Ansquer, médecin ; Kerbriand, marchand.
L'assemblée se réunit de nouveau, le 3 avril, pour prendre connaissance du cahier, l'examiner et le discuter.
Notes :
(1) Joseph Le Normant de Kergré, procureur fiscal du duché de Penthièvre, avocat en Parlement, était né le 28 mai 1744. Il avait succédé, en 1784, à Limon du Timeur comme maire de Guingamp et, malgré sa résistance, ses pouvoirs lui avaient été renouvelés en 1786 et en 1788. Il était membre de la Commission diocésaine des Etats de Bretagne pour l'évêché de Tréguier, mais son codéputé aux Etats, de notaire Le Boüetté, l'en fit exclure comme officier seigneurial (Procès-verbal des séances du Tiers..., p. 23). Pour défendre son droit, Le Normant fit observer que, les offices du duché de Penthièvre étant héréditaires, inamovibles et à finance, laissaient toute leur indépendance et toute leur liberté à leurs possesseurs, et que ceux-ci n'étaient donc pas atteints par l'exclusion qu'avait prononcée le Tiers. Cette manière de voir était d'ailleurs celle de la municipalité de Guingamp, qui confirma, le 29 décembre 1788, les pouvoirs qu'elle avait donnés à son maire pour la représenter aux Etats : « MM. les Juges de Guingamp étant héréditaires, avec une finance beaucoup plus considérable que quantité d'autres officiers royaux. Ils ne doivent pas être exclus de la députation aux Etats, et d'ailleurs y aurait-il un nouveau règlement à faire, il ne pourrait, comme les lois, avoir d'effet rétroactif... » (Arch. commun. de Guingamp. BB 15, fol. 71). A l'assemblée du Tiers, Le Normant proposa la suppression des appointements des Commissaires des Etats et l'affectation des fonds rendus ainsi libres à l'acquit des frais d'impression que les municipalités s'imposaient depuis quelque temps ; cette proposition fut rejetée. Dans son Compte rendu de la municipalité de Guingamp, Le Boüetté l'accuse d'avoir donné son vote à des exclus lors de l'élection aux diverses commissions des Etats, d'avoir violé les Instructions qu'il avait reçues des habitants de Guingamp en s'associant aux vingt-trois députés qui se prononcèrent, le 27 décembre 1788, en faveur du vote par ordre (B. POCQUET, Origines de la Révolution en Bretagne, t. II, p. 146), de n'avoir pas consulté les corporations de la ville, mais de s'être borné à interpeller ceux de leurs membres qui se trouvaient à la séance de la communauté de ville du 14 novembre, au lieu d'engager « les corps et communes à s'assembler et à se concerter par des délibérations réfléchies », comme avaient voulu le faire les diverses municipalités de la province. Sous l'inspiration de Le Boüetté et de Kerbriand, un parti d'opposition se forma, et, le 4 janvier 1789, cinquante-sept habitants de Guingamp déposèrent un mémoire contre lui à la municipalité (Arch, commun. de Guingamp. BB 15, fol. 72), ce mémoire ne parait pas avoir beaucoup ému le corps de ville, qui prit, ce même jour, une délibération assez conforme, dans son ensemble, à celles qu'il avait prises au mois de novembre précédent. Le Normant, qui était à Rennes depuis le début de décembre pour la tenue des Etats et les assemblées du Tiers, rentra à Guingamp à la fin de l'hiver, et, le 17 mars, il prononça devant la municipalité un long discours justificatif, qui nous éclaire singulièrement sur les discussions auxquelles on se livra dans les réunions de l'ordre du Tiers, à Rennes, pendant les mois de décembre et de janvier (Arch. commun. de Guingamp, BB 15, fol. 76 v°-86). Il en ressort avec évidence que les députés de Nantes et « le parti Cottin » militaient en faveur des idées les plus avancées et des mesures les plus radicales, tandis que Le Normant de Kergré, à la tête du parti modéré, préconisait des solutions plus accommodantes. Favorable au doublement du Tiers, il voulait cependant que cette mesure ne fût appliquée qu'avec le consentement des deux autres ordres et l'approbation du Roi ; respectueux de la légalité, il n'entendait pas que le Tiers refusât le vote des subsides demandés par le pouvoir ; fidèle à la constitution bretonne, il demeurait partisan du vote par ordre aux Etats de la province. L'ordre du Tiers ayant adopté les principes qu'avait combattus Le Normant, celui-ci ne refusa cependant pas de signer les arrêtés des 22-27 décembre, pour dégager sa responsabilité vis-à-vis de ses commettants, il voulut signer également la déclaration de réserve que lui a reprochée Le Boüette. En rendant compte de sa conduite au milieu de ces circonstances difficiles, il montre que sa politique a toujours consisté à chercher un terrain de conciliation entre les intérêts du Tiers, ceux du pouvoir royal et ceux des ordres privilégiés, et il s'attache à prouver que, si l'on avait suivi ses conseils, le Tiers aurait obtenu des avantages plus marqués. Le Boüetté ne se tint pas pour battu et répondit au discours de Le Normant par son Compte rendu à la municipalité de Guingamp. Le principat résultat de toute cette campagne semble avoir été l'exclusion de Le Normant de Kergré, qui, si nous en croyons le Compte rendu, avait posé sa candidature à la députation pour les Etats généraux ; on s'explique alors d'autant mieux son amertume quand, le 6 juillet 1789, il exprime le regret de ce « que plus de 200.000 habitants du duché de Penthièvre n'ont directement aucuns représentants aux Etats généraux » (Arch. commun. de Guingamp. BB 15, fol. 99 v°). — Electeur aux assemblées primaires, il fut secrétaire de l'assemblée électorale des 25-28 mai 1790, membre du Conseil général du département et, à la fin de l'année, commissaire du Roi près le tribunal du district de Guingamp. Au mois de juin, il avait été envoyé à Rennes avec Delaizire pour recevoir les comptes de la Commission intermédiaire et prendre possession de ceux de ses papiers qui devaient revenir à l'administration départementale des Côtes-du-Nord (L. DUBREUIL, La Révolution dans le département des Côtes-du-Nord. p. 178, n. 2, et renseignements communiqués par cet érudit). Pendant la Convention, il fut tenu à l'écart de toute fonction publique. Aux élections du 9 décembre 1792, pour la nomination d'un maire de Guingamp, il obtint seulement 72 voix, tandis que son concurrent Boulon était élu par 265 voix (Ibid., p. 18, n. 1). Après avoir été quelque temps détenu comme suspect sous la Terreur, il présida l'assemblée électorale de l'an IV et fut élu président de la nouvelle administration centrale du département, qui entra en fonctions en brumaire (Ibid., p. 183, n. 1). Il fut réélu, avec ses collègues, en germinal an V. Toujours imbu d'idées très modérées, il encourut de la part des hommes plus avancés le reproche d' « inertie » ; on l'accusait notamment d'avoir, dans les ventes des biens nationaux, montré trop de complaisance pour les parents d'émigrés ; on comprend donc qu'à la suite des événements de fructidor, il ait été destitué, par un arrêté du Directoire exécutif en date du 25 fructidor an V (11 septembre 1797), en même temps que l'administration qu'il présidait (Ibid., p. 178; voy. d'ailleurs tout le chapitre intitulé Le coup d’Etat du 18 fructidor, pp. 177-235, et du même auteur, La Vente des biens nationaux dans les Côtes-du-Nord, pp. 261 et sqq.). Le Consulat a fait de lui un commissaire prés le tribunal de 1er instance de Guingamp ; il était alors veuf et père de sept enfants, et il possédait une fortune de 60.000 francs (DUBREUIL, La Révolution..., p. 178, n. 2, et p. 274). - En 1800, il faisait partie de la loge maçonnique de Saint-Brieuc, La Vertu triomphante (AUGUSTIN HAMON. Contributions à l'histoire de la Franc-Maçonnerie : La Franc-Maçonnerie en Bretagne et particulièrement dans les Côtes-du-Nord aux XVIIIème siècle et XIXème siècles, dans la revue L'Acacia, numéro de juin-juillet 1911, t. XVII. P. 455).
(2) Festou de la Villeblanche, qui descendait sans doute d'un receveur de la capitation à Guingamp en 1720 (KERVILER, Bio-bibilographie bretonne, t. XIV, p. 5), était déjà procureur du Roi en 1786 (Arch. commun. de Guingamp, BB 15, Registre des Délibérations de la Communauté de ville de Guingamp, 1786-1789, passim). Au début de 1789, il était à la tête du parti qui accusa Le Normant de Kergré d'avoir trahi les intérêts du Tiers aux derniers Etats de la province ; comme procureur du Roi, il présenta à l'assemblée municipale, le 4 janvier, la requête de 57 habitants tendant à enjoindre à son représentant aux Etats de se conformer à la décision générale du Tiers (Ibid., fol. 72). — Le 20 octobre 1790, il fut élu 3ème suppléant au tribunal de district de Guingamp ; puis il devint administrateur du district de Guingamp ; en l'an VIII, il fut nommé membre du Conseil général des Côtes-du-Nord (Léon DUBREUIL. La Révolution dans le département des Côtes-du-Nord, p. 278). Il acquit d'assez nombreux domaines congéables, notamment à Plouagat et à Lanrodec. (La plupart de ces renseignements nous ont été fournis par M. L. DUBREUIL).
(3) Pierre-Marie-Augustin Guyomar de Kerninon, né le 19 septembre 1757, fils de noble homme Rolland Guyomar, sieur de Kerninon ; il exerçait la profession de marchand de drap. Le 28 janvier 1789, il fut député par la Communauté de ville pour assister aux séances du Tiers à l'hôtel de ville de Rennes (Arch. commun. de Guingamp, BB 15, fol. 75 v°) — En 1790, quand Ansquer, le successeur de Le Normant de Kergré, donna sa démission, il fut élu maire de Guingamp. En 1792, il fut élu député à la Convention et, comme son ami Thomas Paine [Note : Thomas Paine, né le 29 janvier 1737 à Thetford en Grande-Bretagne et mort le 8 juin 1809 à New York aux États-Unis. Il a exercé une grande influence sur les acteurs de la Révolution française : il est élu député à l’assemblée nationale en 1792. Considéré par les Montagnards comme un allié des Girondins, il est progressivement mis à l’écart, notamment par Robespierre, puis emprisonné en décembre 1793], vota pour la détention de Louis XVI. En l'an IV, il fut maintenu député aux Cinq Cents, puis, en l'an VI, il fut élu à l'assemblée des Anciens, dont il fit partie jusqu'au Consulat. Pendant le Directoire, il représenta, avec Couppé, Goudelin et Vistorte, la fraction avancée de la représentation des Côtes-du-Nord et se montra très hostile à l'administration départementale de Le Normant de Kergré (Léon DUBREUIL. La Révolution dans les Côtes-du-Nord, pp. 189 et sqq.). En l'an VIII, il devint membre du Conseil général des Côtes-du-Nord (Ibid., p. 277). Il mourut le 10 octobre 1826. Il avait épousé Matharine Leuduger-Fortmorel. En l'an XI. Il avait cinq enfants et sa fortune était évaluée à 70.000 l. de capital. (La plupart de ces renseignements nous ont été fournis par M. Léon DUBREUIL).
(4) Yves Limon du Timeur, avocat à la Cour, fils de Toussaint Limon du Timeur, doyen des maires de Guingamp, avait eu (4 octobre 1758) le titre de procureur fiscal du duché de Penthièvre et le garda jusqu'en 1784. Il avait été maire de la ville de Guingamp, peu de temps après son mariage avec Marie-Anne Corret, la sœur du célèbre La Tour-d'Auvergne (le mariage fut célébré en 1761). En mars 1794, Limon du Timeur fut incarcéré comme suspect et ses biens furent séquestrés. Il mourut à l'âge de 70 ans, le 31 janvier 1810 (J. TREVEDY, La famille de la Tour-d'Auvergne-Corret et la Famille Limon du Timeur, 42 et suiv. [Extrait du Bulletin de la Soc. Archéologique du Finistère, année 1908]).
(5) Loysel était administrateur de l'Hôtel-Dieu, au moins depuis 1788. Le 6 février 1788, il fut nommé par la municipalité membre du corps de ville, et cette élection fut approuvée par le duc de Penthièvre (Arch. commun. de Guingamp. Reg. des Délibérations, BB 15, fol. 44 v° et 48 v°).
(6) Jourdan était entré au corps de ville le 4 janvier 1789, comme doyen des avocats, en remplacement de Jouraud de Querès (Ibid., fol. 73 et 86).
(7) Pastol de Keramelin fut élu, le 20 octobre 1790, second Juge au tribunal de district de Guingamp (Renseignement fourni par M. Léon DUBREUIL).
(8) Vistorte de Boisléon (Antoine-Marie-Noël-Julien), né à Trégonneau le 25 septembre 1758, juge à Guingamp : il avait été nommé subdélégué de l'Intendant peu après la mort de Le Mat, survenue au mois de mars 1787 (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 6). En 1790, il fut élu membre du Directoire du district de Guingamp. Il accepta par dévouement la place d'accusateur public près le tribunal du district, place dont personne ne voulait. En 1792, il devint procureur-syndic du district et resta en fonction jusqu'à la disparition des districts. En l'an IV, il fut élu député aux Cinq Cents et le resta jusqu'en l'an VII ; il joua un assez grand rôle comme membre de la fraction avancée de la députation des Côtes-du-Nord et attaqua vigoureusement l'administration de Le Normant de Kergré, comme le prouve sa lettre au ministre du 11 janvier 1796 (L. DUBREUIL. op. cit., pp. 196-198). En l'an VIII, il demanda sans succés au Premier Consul la sous-préfecture de Guingamp. En l'an XI, il devint président du tribunal de première instance de Guingamp, à ce moment, il était marié, avait six enfants et sa fortune était évaluée à 20.000 l. de capital (Ibid., pp. 189 et sqq.. 234, 267. 274 ; et renseignements fournis par ce même auteur), En 1800, il devint député au Corps Législatif (Liste générale des députés des Côtes-du-Nord depuis 1789 jusqu'en 1854, dans l'Annuaire malouin et dinannais, 1854, p. 109). En 1813, il était vénérable de la loge l'Etoile des Maçons de Guingamp (Calendrier maçonnique indicatif des assemblées ordinaires du G... O... de France pour l'an de la V... L.. 5913 ; Paris, imp. Poullet [nous avons examiné l'exemplaire de cet ouvrage qui appartient à M. Huet, avocat à la Cour d'appel de Rennes, et qu'il a présenté à la Société archéologique d'Ille- et-Vilaine dans sa séance du 12 décembre 1911] ; cf. aussi A. HAMON, op. cit., p. 464). Il est mort à Guingamp le 17 décembre 1842 (ROBINET, ROBERT et LE CHAPLAIN, Dictionnaire ... de la Révolution, t. II, p. 826).
(9) René-Yves-Marie Huchet, avocat, fut élu procureur-syndic du district de Guingamp en 1790. C'est lui qui fut le principal rédacteur de la Pétition des administrateurs du district de Guingamp en faveur de l'abolition du domaine congéable (du 28 août 1790), publiée par SAGNAC et CARON, Les Comités des droits féodaux et de Législation..., pp. 470 et sqq. La pétition, qui était un vigoureux réquisitoire contre ce mode de tenure, fut adressée à toutes les communes des Côtes-du-Nord soumises à l’usement ; toutes y adhérèrent avec enthousiasme. Dans le parti adverse se trouvait Baudouin de Maisonblanche, qui se prononçait pour le maintien du domaine congéable. Voy. Léon DUBREUIL, op. cit., pp. 76 et sqq.
(10) Yves Homo l’aîné était procureur de la cour ducale ; il devint membre du premier Directoire du district de Guingamp. (Renseignements fournis par L. DUBREUIL).
(11) Jacques Le Bihan fut membre de la première municipalité de Guingamp ; en 1793, il devint administrateur du département; après le coup d'état de fructidor, il fut désigné comme membre de l'administration départementale, le 25 fructidor an V (L. DUBREUIL. op. cit., p. 179, et renseignements qu'il nous a fournis directement).
(12) Leroy de Kerderrien était administrateur des biens de l'Hôtel-Dieu (Arch. commun. de Guingamp, BB 15, fol. 15 v°).
(13) Charles Hello, né le 24 septembre 1759 à Guingamp ; notaire royal, archiviste feudiste et régisseur de plusieurs seigneuries. En 1789, il fut élu lieutenant de la garde nationale à sa première formation ; en 1790, il devint procureur de la commune de Guingamp, et, en 1791, administrateur du district de Guingamp. De 1792 à 1794. Il fut administrateur du Directoire du département. En l'an III, il opta pour la place de notaire à Guingamp, qui était incompatible avec la fonction d'administrateur ; mais le représentant Corbel, en mission dans les Côtes-du-Nord, le nomma procureur de la commune de Guingamp ; la même année, Hello fut élu officier municipal. En nivôse an IV, il devint commissaire du Directoire exécutif prés l'administration municipale du canton de Guingamp et il le resta jusqu'en germinal an VII. A ce moment, il devint député au Conseil des Cinq Cents jusqu'au coup d'Etat de brumaire. En l'an VIII, Il avait demandé une préfecture, déclarant qu'il avait de lourdes charges (12 personnes à nourrir), puis, devenu plus modeste, la sous-préfecture de Guingamp. Mais Le Boüetté, agent municipal du canton rural de Guingamp, fit campagne contre Hello et écrivit à Lucien Bonaparte, le 18 mai 1800, une longue lettre dans laquelle il attaquait avec une extrême violence l'ancien député aux Cinq Cents. Hello dut se contenter d'une place de conseiller de préfecture. En pluviôse an X (février 1802), il devint juge de paix du canton de Guingamp. En l'an XI, une note fournie au ministère de l'Intérieur disait qu'il était marié, qu'il avait quatre enfants et que son capital s'élevait à 30.000 l. Il mourut en 1826. Son fils, Charles Hello, devait devenir procureur général du Roi à la Cour de Rennes, puis membre de la Cour de Cassation (Léon DUBREUIL, La Révolution dans les Côtes-du-Nord, pp. 265 et sqq., et renseignements fournis par l'auteur). En 1800, il était membre de la loge maçonnique La Vertu triomphante, de Saint-Brieuc ; il en faisait encore partie en 1804 (Augustin HAMON, op. cit., loc. cit., pp. 455 et 457).
(14) En 1790, Ansquer fut élu maire de Guingamp, puis membre du Directoire de district. En l'an VIII, il devint membre du Conseil d'arrondissement de Guingamp.
(15) Anfray, ingénieur des ponts et chaussées des Etats de Bretagne ; en 1761, il était employé au département de Guingamp et recevait un traitement de 1.500 l. ; puis il devint ingénieur examinateur à Saint-Brieuc. De nombreux documents le concernant ou émanant de lui se trouvent dans la série C des Arch. d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor (KERVILER, op. cit., t. I, p. 178). A l'époque de la Révolution, il fit beaucoup d'expertises pour la vente des biens nationaux ; il soumissionna, pour lui et ses consorts, l'abbaye de Bégard, qui devait échoir à Le Boutteux du Mousseaux (L. DUBREUIL, La vente des biens nationaux dans les Côtes-du-Nord, pp. 33 et 126).
(16) Gourville était, avant la Révolution, inspecteur général des Devoirs (Renseignement donné par M. L. DUBREUIL).
(17) Kerbriand a été chargé de porter à Rennes la délibération du 4 janvier 1789, délibération qui avait été prise par l'assemblée de la municipalité et de la commune de Guingamp : il a donc participé à l'assemblée du Tiers de Rennes de janvier. A Rennes, il semble avoir fait de l'opposition au maire de Guingamp, Le Normant de Kergré ; dans son discours du 17 mars à la municipalité (Voy. Arch. commun. de Guingamp, BB 15, fol. 80 v°), Le Norment montre que Kerbriand était, avec Le Boüette, le chef du parti avancé, des 57 qui dénonçaient l'attitude du corps de ville. Elu député de Guingamp à l'assemblée de la sénéchaussée, il fut, à la suite de la démission de Glézen et de Lanjuinais, désigné, avec Huard, pour faire partie du bureau chargé de présider à l'élection des députés aux Etats Généraux.
(18) Le notaire Le Boüetté était capité 30 l. — Bien qu'il ne fit pas partie de la communauté de ville, il avait été désigné par elle, le 28 janvier 1789, avec le contrôleur Guyomar de Kerninon, « pour assister et délibérer aux séances qui seront tenues à l'Hôtel de Ville de Rennes pour aviser à ce qui peut être le plus utile au Tiers Etat » ; ils avalent reçu pour charge « d'adhérer à tout ce qui a été arrêté par le Tiers Etat à l'assemblée conclue audit Hôtel de Ville le 27 décembre dernier, à l'exception néanmoins de l'article qui défend au Tiers Etat de délibérer sur les demandes du Roi avant que les Etats aient entendu les réclamations du Tiers... » , et la communauté leur enjoignait de se concerter avec le député-maire, Le Normant de Kergré, sur tout ce qui peut être le plus utile à l'intérêt du Tiers et au maintien de l'union et de la considération entre les ordres des Etats... » (Arch. commun. de Guingamp. BB 15, foi. 75 v°). Quelques Jours plus tôt, le 15 Janvier, Le Boüetté avait fait exclure de la Commission diocésaine de Tréguier le maire de Guingamp, Le Normant de Kergré, en raison de sa qualité d'officier seigneurial ; il ne cessa d'ailleurs de mener une vive campagne contre ce maire, et c'est assurément lui qui provoqua la protestation des 57 habitants de Guingamp qui accusèrent Le Normant de modérantisme. Quand le maire eut, dans son discours du 17 mars, répondu à cette requête, Le Boüetté répliqua, dans un Compte rendu à la municipalité de Guingamp (impr., s. I. n. d., 22 p. in-8°, à la bibliothèque du château de la Hamonais), dans lequel il renouvelait contre le maire l'accusation d'avoir trahi, aux assemblées du Tiers à Rennes, la confiance de ses mandants. Lors de l'assemblée du 31 mars pour la rédaction du cahier de la ville et l'élection de ses députés à l'assemblée de la sénéchaussée, nous le voyons protester contre la réunion des notaires en une même classe avec les procureurs (Voy. plus loin, La Protestation des Notaires). Il importe d'ailleurs de remarquer que Le Boüetté, exclu de l'assemblée électorale, fut cependant élu le premier des six députés de la ville, alors que Le Normant de Kergré fut battu. A l'assemblée de la sénéchaussée, il fit partie de la commission chargée de rédiger le cahier général et d'élaborer un règlement pour la réduction à deux cents du nombre des représentants du Tiers. En 1793, il est désigné par la municipalité de Guingamp, avec Boulon, pour s'entendre avec le district et la municipalité de Morlaix en vue d'obtenir que ce dernier district soit réuni au département des Côtes-du-Nord et que Guingamp devienne le chef-lieu de ce département (L. DUBREUIL, La Révolution dans le département des Côtes-du-Nord, p. 18). L'an VIII le trouva agent municipal du canton rural de Guingamp ; à cette époque, il menait campagne contre la candidature de Hello aux fonctions de sous-préfet de ce lieu. Il vivait encore en 1825, époque où Hipp. du Garzspern (peut-être l'ancien membre noble de la municipalité de Guingamp) lui adressait d'assez vives invectives dans une des pièces de son recueil poétique Le Jour d'étrennes, reproduite par M. L. DUBREUIL (op. cit., pp. 285-286).
Voir " Cahier de doléances de la municipalité de Guingamp ".
Voir " Délibérations de la communauté de Guingamp en 1788-1789 ".
(H. E. Sée).
© Copyright - Tous droits réservés.